112ème Salon des Artistes Orléanais

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ceux que je propose ici, l'eau, l'air et le corps, ceux qui ont toujours été mon fil rouge; tout est en fait lié à cette histoire de temps qui file; en vérité, il me faudrait deux ou trois vies pour réaliser mes envies, mais c'est un crève-cœur d'abandonner des directions dont je sais que je ne pourrai pas atteindre la destination. » Gélis, celui qui aime la lumière perlée du Val-de-Loire ainsi que celle de la Méditerranée, à savoir surtout celle de la Grèce de la Crète « à couper au couteau et qui m'a bouffé plus de vingt ans après avoir mis deux ans pour commencer à la comprendre », ne peint que très peu la Loire près de laquelle il est né. Pourquoi ? Parce qu'il en aime surtout le lit de sable, lui-même onde liquide et partie dégagée du fleuve comme une plage océane à marée basse.

"ÊTRE PARFOIS DÉSEMPARÉ PAR LA BEAUTÉ QUE JE DÉCOUVRE"

© AO-BG Mars 2019

S'il convient qu'il est toujours audacieux d'aller exposer dans un grand salon, Gélis s'y élance volontiers : « Ce sont pratiquement les seuls moments où l'on peut se rencontrer entre artistes ; ces expositions donne lieu à des échanges constructifs, permettent confronter nos argumentaires et surtout de parler d'art ; comme je suis un épicurien, j'adore cela et toutes les discussions, sonores ou intimes, sont sur la table ;

certaines fois, je suis totalement saisi par le travail d'un confrère et je me dis que je n'aurais jamais pu en faire autant ; je trouve que ce qu'il a peint est tellement beau, tant côté thème qu'option picturale, que je peux rester pendant huit jours les pattes coupées sans pouvoir toucher mes pinceaux. » Celui qui est entre autres merveilleusement fasciné par Bonnard et qui s'est aussi fait réaliser la réplique à l'identique de la palette Beaux-Arts de Monet que l'on ne trouve plus dans le commerce, aime aussi s'ouvrir et succomber à d'autres expressions qui le troublent : « Francis Bacon m'a bluffé, c'est vraiment de la peinture, j'aime sa façon de tortiller les corps et les visages de même que ses grands silences autour de présences tourmentées ; j'aime aussi Marc Rothko, sa belle peinture formaliste avec un minimalisme d'une grande densité, son raffinement dans les passages et sa magnifique texture de la couleur ; et puis il y a aussi bien entendu Zao Wou Ki ; j'aime ses rapports entre surfaces et concentration, ses lumières et, avec lui aussi, la spatialité de grands silences. » Derniers mots de l'artiste : « Au sein de ma création, il y a toujours une œuvre qui me tient à cœur et que je ne peux me résoudre à vendre. Un nu par exemple. C'est simplement parce-que je l'aime. Peut-être fautil voir là une déclaration d'amour à une toile que je ne pourrais tromper. »

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