Jean-Marie Boisdefeu - La Controverse Sur L' Extermination Des Juifs Par Les Allemands -- Clan9 e&r

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8 • D' autre part, aucun des participants n' a été poursuivi après la guerre pour sa participation à cette monstruosité (sauf Stuckart, auquel on avait d' autres reproches à faire, et encore ne fut-il condamné qu' à une peine couvrant la préventive et aussitôt remis en liberté et Schöngarth, qui fut pendu mais également pour d' autres motifs). C' est dire si la Justice allemande, qui n' a pas toujours été très regardante (elle ne l' est toujours pas) sur la qualité des preuves qui lui étaient soumises, a bien dû convenir que cette réunion n' avait pas été un signal donné à l' extermination. La présentation de Wannsee comme lieu où a été décidé et programmé le génocide, vient d' ailleurs d' être qualifiée d'« histoire inepte » par une sommité de l' exterminationnisme, Yehuda Bauer du Yad Vashem : à l' occasion de la célébration du 50ème anniversaire de Wannsee, Bauer a en effet déclaré : « Le public répète encore, jour après jour, l'histoire inepte qui veut que ce soit à Wannsee que l'extermination des juifs ait été décidée. Wannsee n'était qu'une étape dans le déroulement du processus du meurtre de masse ». Kurt Patzold de l' Université Humbold de Berlin a tenu des propos semblables dans la revue semi-officielle Das Parlament du 3/1/1992. Benoît Majerus du CEGES (Bruxelles) aussi : « Ce n’est pas non plus à la conférence de Wannsee que l’extermination des Juifs a été décidée (…). » [3] En France, George Bensoussan également : « La 'conférence' de Wannsee du 20 janvier 1942 (qui n'a pas 'décidé' de la 'Solution finale' comme on le lit souvent), n'a pas créé une structure particulière destinée à planifier l'assassinat de masse. » [4] Jean-Claude Pressac, qui est -était, devrait-on dire maintenant- devenu la coqueluche de beaucoup d' exterminationnistes, dit (en 1993) de cette conférence : « Si une action de 'refoulement' des juifs vers l'Est fut bien prévue avec l'évocation d'une élimination 'naturelle' par le travail, personne ne parla de liquidation industrielle ». [5] En fait, il semble bien que Wannsee ne fut le siège que d' une simple réunion d' information : Heydrich avait été chargé de régler la question juive en Europe et il avait donc invité diverses administrations confrontées à ce problème pour le leur faire savoir ; à tant qu' à faire, Heydrich avait fait part de ses projets et avait consenti à écouter les doléances et remarques de ses invités. La concertation n' avait pas été plus loin. [6] On continuerait donc à nous tromper en nous présentant Wannsee comme le siège d' une conférence au cours de laquelle fut concertée l' extermination des juifs et le compte rendu de cette réunion comme une preuve de l' extermination des juifs dans des usines de mort. D' autres documents sont présentés, eux, comme des preuves de l' existence des chambres à gaz. Pressac en a fait l' inventaire et nous en reparlerons abondamment plus loin. Nous aurons aussi l' occasion de citer de très nombreux autres documents.

[3] Cahiers d'Histoire du Temps Présent, n° 9, novembre 2001, p. 353 [4] « Auschwitz en héritage ? D'un bon usage de la mémoire », Les Petits Libres, Paris, 1998, p. 94. Pas encore bien habitué à cette révision, Bensoussan écrit toutefois un peu plus loin, en page 165 : « La brève réunion de Wannsee discute des modalités de l''extermination'. » [5] Nous nous référerons souvent à Jean-Claude Pressac du fait du volume et de l' importance de la documentation qu' il a publiée, de l' originalité des thèses qu' il a exposées et du succès extraordinaire qu' il a obtenu auprès des historiens lors de la publication de ses différents livres à savoir : • « Auschwitz : technique and operation of the gas chambers», The Beate Klarsfeld Foundation, 1989 • « Les crématoires d'Auschwitz. La machinerie du meurtre de masse », Editions du CNRS, 1993 • « Die Krematorien im Auschwitz - Die technik des Massenmorden », Piper, 1994. Jean-Claude Pressac est le seul chercheur exterminationniste digne d' être lu car il est le seul (après Georges Wellers, il est vrai) à s' être penché sérieusement sur les éléments matériels de cette affaire. Les autres intervenants exterminationnistes sont plutôt de simples propagandistes. [6] On notera que le plus enragé des antisémites nazis, Goebbels, n’avait même pas envoyé de délégué et cela, bien qu’il y ait été invité.


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