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Carnet de voyage ARCEA en Egypte, Jordanie et Syrie, Octobre 2006 Mardi 10 octobre 2006, Saclay, dès 8 heures, sur le parking de l’Orme des Merisier, Francis trouve confirmation qu’aucun des 18 participants n’a renoncé à ce périple dans trois pays « limitrophes des zones de conflit d’Israël, de la Palestine, du Liban, et d’Irak », sachant que l’incursion d’une journée initialement prévue au Liban à Baalbek à partir de Damas a due être supprimée. Les embarras routiers et autoroutiers de « Paris » ou plutôt de sa banlieue Sud et périphérique pour rejoindre Roissy en car nous font préfigurer ceux du CAIRE. Ils permettent d’initier plus facilement que dans l’avion les contacts entre les habitués des voyages ARCEA, les nouveaux, ceux qui souhaitent visiter voire revisiter l’Egypte des pharaons, mais tous partagent la même motivation de découvrir après la vallée du Nil les principaux témoignages offerts par le périple traversant le Sinaï, la Jordanie, et la Syrie moins fréquentée.
Première partie : Egypte - Vallée du Nil et Sinaï Arrivée au Caire by night à 18 h. 30: il fait déjà nuit, mais la température est encore de 31° faisant contraste avec le brouillard matinal de la région parisienne. Nous sommes accueillis par le sourire de notre guide Hanan, qui nous accompagnera pendant le périple d’Egypte en s’occupant de toutes les tracasseries logistiques et administratives et dont la compétence nous fera découvrir ou mieux comprendre les témoignages des monuments anciens. C’est le mois de Ramadan, Hanan est musulmane pratiquante, et pendant le tour avec discrétion et gentillesse elle nous donnera (à moi en tout cas) plusieurs clefs pour comprendre les rites et les coutumes de cette civilisation. Pour l’heure, c’est la fête du soir après le jeûne de la journée, et le long du trajet vers l’hôtel, plusieurs maisons sont décorées par des guirlandes d’ampoules colorées, les nombreux minarets sont éclairés en vert. Nous recherchons la fraîcheur dans les jardins à l’hôtel Oasis, qui comme son nom l’indique est organisé comme une oasis avec les chambres disséminées dans une palmeraie entre piscine et fontaines agrémentées d’hibiscus et de bougainvillées en fleurs. Autour de la piscine, fuyant la chaleur moite de la ville, de nombreux cairotes se relaxent en fumant le narguilé, activité partagée par quelques femmes décemment voilées. Dommage de ne pas pouvoir profiter plus longtemps de cette oasis, mais le lendemain nous partons de bonne heure sans bien encore réaliser que nous garderons souvent cette « excellente » habitude tout le long du voyage.
Alexandrie Notre périple va commencer par la visite de la ville qui fut la dernière capitale de la période pharaonique avant que l’Egypte ne devienne une province romaine et qui vit la naissance et les persécutions des premières communautés chrétiennes. La route directe qu’emprunte le car traverse le désert occidental ou l’état cherche à favoriser l’implantation de la population : résidences secondaires, fermettes, industries, etc. On voit beaucoup
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de murs d’enceinte avec portail et des édifices d’aspect inachevé, bien qu’ habités : de fait les travaux avancent tant que il y a des fonds et les maisons peuvent rester longtemps avec leur terrasse hérissée de ferraillages à nu, car parait il, les impôts ne seraient pas exigibles tant que les constructions seraient inachevées. Nous rencontrons des palmeraies avec leurs grappes de dattes orangées et des champs d’oliviers et, à l’approche d’Alexandrie, des rizières et autres cultures vertes. Entrés dans la ville, nous traversons des quartiers populaires et d’autres plus résidentiels : certains vieux immeubles décorés du début du XX siècle témoignent du passé cosmopolite de la deuxième ville d’Egypte, mais l’impression d’ensemble est un grand besoin d’un bon ravalement. Beaucoup sont les chantiers de travaux publics qui rendent la circulation encore plus chaotique : heureusement nous sommes escortés par la police touristique qui, pour notre bien, en ville ne quitte pas notre car d’une semelle et arrête même la circulation aux descentes devant les ruines. Nous visiterons quelques restes de la période romaine dont le seul théâtre subsistant en Egypte, mais la majorité des anciens édifices a été détruite par des séismes ou autres bombardements, les matériaux ont été réutilisés et la ville nouvelle recouvre l’ancienne. Restent les catacombes et tout ce qui a été englouti par la mer, dont le fameux phare, et que les différentes campagnes de fouilles remontent peu à peu à la surface : rendez vous pour cela sous la verrière du Grand Palais à Paris. Dans la foule multicolore des rues on remarque une grande majorité de femmes voilées ou a minima la tête couverte du foulard, même si les étudiantes et les plus jeunes portent de façon bien apparente des jeans parfois bien moulants, en particulier dans le quartier universitaire ou à l’intérieurs de la nouvelle bibliothèque ultramoderne. Nous mangeons du délicieux poisson frais en bord de mer et notre hôtel c’est le mythique Hôtel Cecil (en fait réaménagé par Sofitel) dont le magnifique ascenseur en fer forgé nous ramène à une autre époque, fréquentée par des célébrités du début du vingtième siècle. En période de Ramadan la tombée de la nuit marque le début de la fête : des tréteaux sont dressés à même les rues et on prépare les banquets populaires, en général offerts par les employeurs à leur personnel, ou les promeneurs sont souvent invités (Par prudence nous avons toutefois décliné les invitations). La fête dure tard dans la nuit, mais nous avons de la route à faire le lendemain et il n’y a pas trop le temps de flâner en goûtant à l’atmosphère de la ville : dommage !
Le Caire: Un beau ciel lumineux accompagne le retour vers le Caire, mais avant de plonger dans la civilisation pharaonique nous allons faire un détour dans la vallée de Wadi Natroum où les premières communautés chrétiennes d’Alexandrie, les coptes, se sont réfugiés en fuyant les persécutions et ont fondé des monastères qui sont à la fois des forteresses et des exploitations agricoles assez importantes pour subvenir aux besoins des moines. La route poussiéreuse traverse des villages avec les maisonnettes un peu délabrées (et toujours inachevées), les petites échoppes, le marché avec ses étals à même le sol et partout la foule qui envahie la chaussée. Les monastères sont des havres de paix et de silences avec leurs chapelles souvent ornées de fresques, les reliques conservées dans des espèces de rouleaux en plastique et des décorations en bois chargées de symboles religieux. Le prêtre qui nous guide, avec sa longue robe et son bonnet noirs, nous chante une mélopée copte et nous répondons en chantant le Nôtre Père : nous nous quittons très fraternellement. Le Caire nous accueille avec les silhouettes des Pyramides dans la brume du crépuscule ; il fait une chaleur accablante et l’Hotel Hilton en bord du Nil a bien une piscine, mais le service est déjà fini
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pour cause de fête de Ramadan et seule Monique et Jean Marie osent se changer hors cabine en se cachant parmi les tables du bar. Guy veut se promener à pied au bord du Nil et entraîne Marilisa dans l’expérience traumatisante de traverser bien trois fois une grande artère avec la circulation d’un jeudi soir de Ramadan : il faut se lancer et arrêter le trafic avec sa seule détermination car les feux ne servent à rien ; la police touristique pourrait être utile, mais justement à ce moment elle n’est pas là. Le lendemain, sur le plateau de Guizeh, les pyramides nous apparaissent imposantes dans la fraîcheur de l’aurore. Le site est grandiose à la limite de la ville d’une part et du désert d’autre part ; mais ce désert se remplit bien vite de cars de touristes et d’une espèce envahissante et omniprésente dans tout le voyage : les vendeurs de souvenirs et d’autres bouteilles d’eau pour qui nous sommes des proies faciles en matière de marchandage. Temples, Sphinx, Barque Solaire, nous avons l’impression de nous promener dans les pages d’un livre d’histoire que nous survolons à nouveau lors de la demi journée consacrée à la visite du Musée National Egyptien d’une extrême richesse. Il nous faut résister à la chaleur (pas de clim), aux grouillements et à la cacophonie internationale formés par la foule compacte des groupes qui vous bousculent et forment écran devant les vitrines. Notre guide Hanan a du mérite : elle a dû s’époumoner pendant la visite parmi tous les autres groupes vociférants alors qu’elle respecte le jeune et ne va pas boire avant la tombée de la nuit.
Abu-Simbel ou « le jour le plus long » : Nous quittons allègrement l’hôtel à 2h30 du matin vers l’aéroport du CAIRE sans craindre les encombrements routiers, avec notre panier du petit déjeuner, pour arriver de bon matin à l’escale d’Assouan puis sur le site d’Abu Simbel ou se trouvent les deux temples sauvés des eaux par l’Unesco de Ramsès II et de Nefertari, la préférée parmi sa vingtaine d’épouses. Le petit avion survole le désert dont le soleil levant éclaire les crêtes des dunes et le ruban vert du Nil pour atterrir au bord du lac Nasser : autour du lac il y a des falaises et des formations rocheuses qui font penser à des icebergs (allez savoir pourquoi ?). L’extérieur des temples est grandiose avec les gigantesques statues, comme on s’y attendait d’après les illustrations, et nombreux reportages qui ont contribué à la célébrité du site mais l’intérieur avec ses statues et colonnes, couverts de fresques et bas ou haut reliefs est véritablement époustouflant et, dépasse toute attente. Il n’y a pas un pan de mur ou de colonne sans décoration et la technique du haut relief (en saillie) utilisée à l’intérieur pour capter la lumière est très suggestive. Les motifs, les statues et les colonnes présentent une sorte de symétrie gauche –droite par rapport à l’axe central du temple et l’impression depuis l’entrée est une sorte de double allée de personnages ou colonnes qui nous accueillent. L’histoire de ces monuments donne à méditer : construits par un des plus grands pharaons du Nouvel Empire, douze siècles avant notre ère, habités par les réfugiés chrétiens pendant la période romaine, recouverts de sable pendant des longs siècles, redécouverts au XIX siècles – il en reste des graffiti-, menacés par les besoins en énergie et les grands barrages du XX siècles, sauvés des eaux bloc par bloc par l’Unesco qui a même reconstitué autour une colline artificielle et maintenant envahis par des vagues successives de touristes grouillants. Combien de siècles vont-ils résister à cette déferlante ?
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Le petit avion nous ramène à Assouan avec sa digue barrage qui a permis l’électrification de chaque village d’Egypte et la régulation de l’irrigation. En contrepartie, ce barrage a privé de limon toutes les terres en aval et forcé le recours intensif aux engrais chimiques, sans compter le problème humain lié aux nombreux nubiens qui ont été obligés à l’abandon des terres de leurs ancêtres. Le « Steam Ship Sudan », bateau de charme de l’ancien roi Fouad, nous accueille pour la croisière sur le Nil : musique, serviettes rafraîchissantes, jus de tamarindo, nous nous sentons aussi comme des dignitaires de la cour. Le bateau tout en bois, d’une vingtaine de cabines, est un petit bijou du début du XX siècle avec mobilier et roue à aube d’époque -pour les croisières, un deuxième moteur a doublé celui à vapeur dont les pistons sifflent toujours-. Le personnel, également en tenue coloniale, est attentif à nous servir à notre moindre besoin, sans pour autant oublier, comme sur tout bateau, de dépoussiérer les bois et à astiquer les cuivres et les laitons, y compris. ceux des lits. Le soleil a juste passé son zénith, il fait très chaud car nous sommes au point le plus au sud du circuit ; Pas question de faire la sieste, notre programme au fil de l’eau prévoit la visite de l’’île d’Agilkia ou se trouvent les temples de Philae, aussi sauvés des eaux avec le concours de l’UNESCO. En chemin les plus courageux grimperons sous un soleil de plomb dans une carrière du célèbre granit rose de la région pour contempler le plus grand obélisque connu à ce jour mais brisé lors de sa découpe sur site. Dans la barque qui nous conduit vers l’île nous pouvons admirer- et acheter- les petits bijoux en métal et pierres sombres des artisans nubiens qui ont été recasés dans les alentours après la construction du barrage ; sur l’île nous faisons notre pèlerinage au temple d’Isis, Hanan nous faisant remarquer les différences de style qui marquent les constructions des époques hellénistiques et romano byzantine où les chrétiens ont transformé les temples en églises. Enfin nous regagnons notre hôtel flottant ou dans les chambres une « surprise » nous attend : chaque soir un « personnage » différent, ingénieusement fabriqué par le valet de chambre avec des serviettes et quelques accessoires personnels et artistiquement disposé dans un fauteuil ou sur le lit, va nous accueillir. Cela vaut une séance de relax après les fatigues de la journée ! Après un bon repas de poisson en plein air sur le pont du bateau, la douceur du soir invite à la flânerie. Marilisa et Guy se promènent à pied au bord de l’eau jusqu’au souk qui est célèbre depuis l’antiquité car Assouan est une porte entre l’Afrique noire et le Nord du pays. En effet des étals d’épices des toutes les couleurs – en particulier un bleu intense, peut être de l’indigo- côtoient des cascades de fruits secs et frais. Partout des montagnes vermillon de fleurs d’hibiscus séchées pour le karkadé (infusion) mais aussi, tourisme moderne oblige, des étals de tee-shirts. L’animation et la fête sont à leur comble, comme toutes les nuits de Ramadan, mais une sage prémonition nous fait rentrer sur le bateau : dix minutes plus tard l’Assouan se déplaçait de son point d’ancrage pour laisser la place à un gros bateau.
Au fil du Nil « Les Voyageurs » comme Hanan nous appelle toujours- lézardent au soleil ou lisent à l’ombre, tandis que le bateau glisse sur l’eau. Les rivages sont verdoyants de palmiers et de cultures de canne à sucre ; dans les champs des ânes, des vaches, parfois des moutons et quelques ouvriers agricoles avec leur longue robe bleu. Sur l’eau des ibis, parfois des pêcheurs et des îlots fleuris comme des jardins. En toile de fond les montagnes jaunes ocre marquent la limite du désert. Parfois un petit village apparaît, avec ses maisons basses et rectangulaires en pisé, parfois des toits en torchis ou les devantures peintes en blanc ou en vert : somme toute elle ont un aspect moins délabré que les maisons en béton des villes. Partout pointent les minarets et les poteaux des lignes électriques.
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Il ne s’agit pas d’oisiveté totale ; la croisière est entrecoupée de visites : Kom Ombo, Edfu et à la fin Karnak et Louksor. Qui a oublié la « course » en calèche à Edfu où les cochers exigeaient un bon pourboire ?… sans oublier celui du cheval ! Que dire de tous ces temples que beaucoup connaissaient déjà, mais que d’autres –les rédacteurs en font partie- visitent pour la première fois ? Tout est immense : les dimensions, les statues des rois qui ont fait construire et des dieux auxquels ils sont dédiés, les colonnes de la salle hypostyle de Karnac et … les foules des touristes. Grâce au sable du désert qui a préservé les monuments pendant des siècles, les bas et hauts reliefs qui avec les hiéroglyphes recouvrent tous les pans des murs et des colonnes sont époustouflants, les chapiteaux rappellent les palmiers, les traces de peintures sur les plafonds sont des ciels étoilés. Sur un mur est représenté le calendrier avec les mois lunaires de trente jours : les jours sont décomptés par un système décadaire et portent la description de l’œuvre de chaque jour. Sur un autre mur, figure la description de tous les instruments de la médecine et la bonne méthode pour les accouchements. Dans une salle on trouve les « archives » avec des recettes médicamenteuses employant des herbes qui n’existent plus. Dans le grand complexe de Karnac et de Louksor, les différents pharaons –et même la pharaonneont ajouté chacun leur empreinte : qui une chapelle, qui une salle hypostyle, qui un pylône, qui une statue ; si il y avait un manque de place, on entassait dans une crypte les offrandes sacrées de précédents et on ajoutait ses propres monuments votifs. Au fil des siècles les coptes ont transformé certains temples en églises, parfois une mosquée c’est glissée dans l’enceinte sacrée, mais l’ensemble reste bien « pharaonique » et bien mis en valeur par les modernes lumières artificielles comme en témoigne le spectacle « son et lumière »: Certains ont trouvé la partie audio quelque peu grandiloquente comme en témoigne l’assoupissement de la rédactrice de ces lignes pourtant confortablement installée lors de cette soirée tiède sur les gradins face à l’étang sacré de Karnak.. Evidemment, derrière chaque monument, la cohorte des vendeurs de souvenirs est aux aguets : au fil des jours » »les Voyageurs » arborent leur tee shirts égyptiens, alors que Jeannine et Marilisa marchandent sans résultat tangible avec les vendeurs de nappes dans l’objectif de rapporter un souvenir à la famille restée en France. Chaque retour sur le bateau est une parenthèse de détente et de fraîcheur ; nous sommes toujours accueillis par une boisson fraîche et des serviettes tièdes et humides sans compter les « surprises » et personne n’oubliera le coucher du soleil sur le pont alors que assis sur des coussins autour d’une grande natte nous dégustons un thé à l’égyptienne servi avec des crêpes, des gâteaux et des fruits. La vallée des Rois Le départ est fixé à l’aube -désormais nous en avons l’habitude- pour profiter de la fraîche. Nous traversons le Nil vers le rivage ouest et la cité des morts alors que dans les brumes matinales des étranges oiseaux se balancent dans le ciel ; ce sont des montgolfières qui survolent la vallée du Nil pour une vision aérienne des monuments : une bonne idée pour le prochain voyage. Nous arrivons bientôt aux pieds des falaises désertiques, découpées par des vallons ou les tombes ont été creusées. Le paysage est minéral, des sentes serpentent sur les collines arides et partout la police touristique a mis des sentinelles : nous sommes dans la région ou il y a eu un attentat et il n’est pas question de sortir des sentiers tracés (du coup les vendeurs de souvenirs sont tenus à distance). En
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visitant le temple d’Hatchepsout nous pouvons deviner les miradors en haut de la falaise et nous nous sentons très, très protégés. Nous avons maintenant l’habitude de hauts et bas reliefs, mais dans les tombes nous serons aussi époustouflés par les peintures murales qui couvrent les roches trop dures à sculpter. Les couleurs, bien conservées, sont très belles et les détails minutieux : nous essayons de ne pas les contaminer avec notre présence trop envahissante-la guide reste à l’extérieur-. Vallée des Rois, vallée des Reines, le soleil est haut dans le ciel quand nous revenons vers la cité des vivants, mais il nous reste la visite de Denderah avant de nous envoler pour le Sinai. Nous sommes en « zone à risques » et le voyage à Denderah se fait en convoi : départ à heure fixe et nombreux check points le long du trajet. Mais le parcours est plaisant, car l’heure est plus douce, et le site de Denderah moins fréquenté par les hordes habituelles de touristes. La visite du temple d’Hathor se conclut par la vue magnifique depuis la terrasse où nous sommes montés comme le faisaient les anciens prêtres. Autour du temple un groupe de bambins veut nous vendre des babioles pour « one iouro », mais nous avons rendez vous à Louksor avec une fabrique de papyrus et une bijouterie recommandée par Hanan et il ne faut pas rater l’avion. Enfin, chargés de souvenirs, nous nous envolons pour le Sinaï, dernière étape du voyage en Egypte.
Le Sinaï et le Monastère Sainte Catherine Comme dans le tour de France, « les Voyageurs » ont droit à une journée de repos à mi-parcours. C’est chose faite à Sharm el Cheik dans le cadre luxuriant de l’Hôtel Sheraton. Il n’était pas nécessaire pour cette courte étape de pratiquer la plongée, car un masque et un tuba suffisent pour admirer sur des profondeurs de 0,5 à 3 mètres les poissons multicolores et les gorgones de la mer Rouge en palmant le long de la barrière de corail à une vingtaine de mètres du rivage. Pour ceux qui ne veulent pas se baigner-les chauds et froids entre le car et les hôtel climatisés et le soleil brûlant de l’extérieur ont déjà fait des victimes sans compter les cas de « tourista » -, restent les promenades en bord de mer, les visites des recoins de jardin exotique, la pose photo souvenir en compagnie d’un dromadaire, ou quelques places au bar aménagé pour des consommateurs les pieds dans l’eau, à défaut de lèche vitrine dans les boutiques de l’hôtel. La journée passe très vite. Le lendemain tout le monde se lève à l’aube pour admirer le lever du soleil magnifique sur l’Arabie Saoudite et le golfe d’Aquaba, et nous voila gaillardement partis de bonne heure pour les montagnes et le désert du Sinaï. C’est le royaume des bédouins dont nous rencontrons quelques campements parfois en dur pas loin d’une école. Le gros problème est l’existence de points d’eau, certaines tribus vivent dans les oasis au milieu des montagnes alors que nous traversons un paysage totalement minéral. Les montagnes ocre ont des veines rouges ou noires ou vertes, des formes sculptées par le vent, à un détour de la route apparaissent des dunes, près de quelques buissons nous apercevons des dromadaires en liberté. Nous sommes en terre biblique et pendant quelques jours nous marcherons sur le chemin supposé des hébreux en fuite d’Egypte vers Israël, à commencer par le Monastère de Sainte Catherine. Ce Monastère forteresse, toujours habité par une vingtaine de moines gréco- orthodoxes, est adossé au Mont Horeb où Moïse aurait reçu les tables de la Loi. A signaler dans l’enceinte du monastère le « descendant du buisson ardent » par lequel Dieu se révéla à Moïse. Nous entrons par la petite porte dans les hautes murailles pour voir rapidement l’église et une petite partie du Monastère car les moines semblent se défendre des touristes, mais les icônes de la galerie sont
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magnifiques et le site est superbe. Les « gardiens » des lieux sont maintenant les bédouins dont les dromadaires attendent patiemment au pied des murailles les « pèlerins » qui voudraient faire une partie de l’ascension du Mont Horeb en monture. A 1500 mètres l’air est plus tonique mais aucun de nous a le courage de monter les 3750 marches qui partent derrière le Monastère pour gravir la montagne ni même de suivre la piste des dromadaires moins abrupte ; nous nous contentons d’un tour dans le verger des moines et d’un verre sous la tonnelle d’une auberge. Notre hôtel, à la lisière du désert et face à la chaîne des montagnes, est formé par des « tentes » de pierre à l’allure monacale en parfaite harmonie avec les lieux. Le soir, sur la terrasse du restaurant nous faisons une petite fête pour notre guide égyptienne Hanan qui, après nous avoir conduits et « maternés » a travers la terre des pharaons, nous quittera demain. Le retour en car vers le golfe d’Aquaba en direction de Noueba, port d’embarquement pour la seconde partie du voyage en Jordanie puis Syrie, permet d’admirer aussi le fabuleux désert montagneux du Sinaï ; nous croisons encore des bédouins et, régulièrement, les check points de la police qui veille soigneusement sur les précieux touristes.
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Seconde partie du voyage : Jordanie et Syrie A Noueiba, port égyptien d’embarquement pour Aqaba, notre guide égyptienne nous quitte pour retrouver les siens, et nous confie au représentant de Voyageur du Monde (VDM) chargé d’assurer toutes les formalités de douane et de franchissement de frontière. Nous voila dans un premier temps mêlés aux longues files d’Egyptiens qui seuls ou parfois en famille (les femmes sont sérieusement voilées) partent en Arabie en quête de travail. Toutes formalités accomplies par VDM, une file prioritaire pour touristes encadrés s’ouvre enfin à nous et nous fait by-passer les files d’attente grouillantes des locaux auprès de qui nous nous sentons obligés de nous excuser par des « Désolés » ou « Sorry » , lesquels nous répondent avec un sourire fataliste « Welcome » . Nous aurons malgré tout droit aussi au chemin de croix du passage des douanes comme à chaque franchissement de frontière. La traversée n’est pas longue, mais le soleil se couche déjà à notre arrivée en Jordanie. Nous sommes accueillis par notre jeune guide jordanien, qui nous conduira à la découverte des vestiges nabatéens et romano – byzantins, mais aussi, pendant les trajets en car, nous parlera avec humour des coutumes locales à travers les tribulations d’un futur marié -récit autobiographique- et avec fierté de son jeune pays qui est arrivé à s’émanciper et à se frayer une place fragile sur la scène internationale tout en ménageant les susceptibilités des ses puissants et ombrageux voisins. Il fait vite nuit et nous voyons peu d’Aqaba, l’unique et moderne port de Jordanie sur l’étroit front maritime de l’ordre de 30 km de largeur comprimé entre l’étroite bande côtière Israélienne d’Eilat et l’Arabie Saoudite, et filons en pleine obscurité sur la route du désert jusqu’au prochain hébergement à l’entrée du site nabatéen de Petra: Petra Les Voyageurs sont un peu soucieux au départ de la visite tant attendue ; on leur a prévu des kilomètres à parcourir sous le soleil, sans possibilité de raccourci au retour, avec en prime une montée de 45 min de marches ! De fait le soleil est parfois caché par les nuages- les premiers depuis la France-, le sol est souple et le paysage tellement féerique que on oublie le reste. D’ailleurs chevaux, calèches, dromadaires ou ânes -selon la partie du trajet- sont prêts pour secourir les touristes fatigués et nous devons souvent raser les parois du Siq, l’étroit défilé d’entrée au site, pour laisser passer les calèches au trot. Tombeaux, théâtre, temples, mosaïques, la capitale des Nabatéens bâtie dans le grès rouge aux veines bariolées ne cesse de montrer des nouveaux trésors, car les fouilles sont loin d’être terminées. Les colonnes et les statues qui ornent les entrées des tombeaux sont creusées dans la roche, mais à l’intérieur certains plafonds ou murs semblent sculptés alors que leur décor est entièrement naturel – visite particulièrement conseillée, les toilettes troglodytes face au théâtre. Partout on trouve des tentes bédouines et leurs étals de bijoux artisanaux, de compositions en sable coloré ou des pierres bariolées ; ces tribus Bédouines habitaient les lieux, mais, tourisme oblige, ont été relogés à quelque kilomètres et ont droit à l’exploitation des lieux comme compensation. Après un excellent repas « bédouin » au fond le la vaste vallée de la ville basse, les plus courageux du groupe partent à la conquête d’El Deir, les autres visiterons d’autres endroits moins escarpés. L’étroit chemin monte en lacets à l’intérieur d’une gorge sculpté par l’érosion, parfois des enfants conduisant des ânes dévalent à toute vitesse pour récupérer d’autres touristes
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à monter, mais nous résistons aux sollicitations. En montant la vue se dégage sur la vallée et les falaises rocheuses creusées de tombeaux et nous arrivons sans trop de peine sur le plateau et les crêtes où se dresse le « Monastère », autre merveille colossale creusée dans le grès Le soir tout le groupe, fatigué mais enchanté de son circuit, se retrouve à l’hôtel pour un repos bien mérité.
Le Mont Nebo et La mer Morte Nous remontons vers le nord grosso modo sur les pas des anciens hébreux. En route nous pourrons admirer un des plus typiques témoignages de l’époque byzantine : les mosaïques et en particulier une carte de la Palestine du VI siècle à Madaba avec des détails géographiques étonnants et une symbolique un peu naïve mais très vivante. En ville nous retrouvons le trafic et les embouteillages que nous avions (presque) oublié depuis Le Caire, mais enfin nous continuons jusqu’au Mont Nebo où Moïse aurait été enterré. D’autres mosaïques nous y attendent. L’esplanade domine la vallée du Jourdain et s’il n’y avait pas eu la brume de chaleur nous aurions pu contempler la terre promise comme Moïse avant de mourir. Un tableau d’orientation nous indique les noms des localités que l’on retrouve si souvent dans les journaux, mais nous pouvons entrevoir seulement l’oasis de Jéricho. Du Mont Nébo la route plonge de 1250 m. vers la dépression de la mer Morte, nous retrouvons la chaleur étouffante, mais la baignade nous attend. L’expérience est saisissante, car il faut se laisser aller sans crispation pour flotter sur le dos en position quasiment assise, sans se renverser, compte tenu des appréhensions de certains qui craignent l’attaque des muqueuses et des yeux par la forte salinité. Monique, la plus experte, place les plus hésitants dans la bonne position et tout le monde se retrouve à flotter assis avec les pieds et le tête hors de l’eau. Jean Marie se couvre de boue et en badigeonne tout le monde , car, en cette période où la mode est à la thalassothérapie, il parait que celle de la mer Morte est une des meilleures – comme l’atteste d’ailleurs un Institut de soins sur les lieux-. Nous arrivons, vers le soir à Amman, la ville blanche devenue la métropole «champignon » aux 19 collines, qui compte environ 2 millions d’âmes sur les 6 millions d’habitants de la Jordanie ; Elle était également connue sous le nom de Philadelphie, du temps de la décapole (fédération des villes hellénistiques des actuelles Syrie et Jordanie, au premier siècle avant JC). Nous visitons brièvement en car les nouveaux quartiers résidentiels sur les hauteurs, faisons un tour rapide du centre en contrebas et plus populaire, passons devant le théâtre romain et le palais présidentiel pour arriver enfin à notre hôtel sur une des sept collines les plus centrales: les règles d’urbanisme imposent une devanture de pierre et surtout de terminer les chantiers si bien que l’aspect de la ville est bien plus harmonieux que celui du Caire. Faisant suite aux
mosaïques byzantines, et à la courte étape à « Philadelphie », une journée
complète sera consacrée aux sites romano-hellènistiques de Jerash (Jordanie) puis de Bosra (en Syrie près de la frontière jordanienne) judicieusement placés sur la route de Damas
Sur la route de Damas, Jerash a succédé à Antioche en période hellénistique et a connu un essor monumental sous Hadrien et les Antonins : nous nous promenons sur l’ancien dallage du Cardo Maximum, l’ancienne route principale, longue de 800 m et bordée de colonnes, nous « voyons » bouger les colonnes du temple d’Artémis – c’est le vent ou une illusion collective ?-, nous écoutons une fanfare locale jouer
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de la cornemuse dans le beau théâtre de Domitien- le souvenir de la période anglaise est un bon prétexte pour obtenir l’obole des touristes-. Il faut aussi préciser que Jordanie et Syrie sont des immenses champs de fouilles commencées il y a moins d’un siècle et inachevées. Même les guides découvrent parfois lors d’une nouvelle visite des objets ou monuments encore enterrés quelques mois auparavant et on peut seulement deviner les richesses qui restent encore à mettre à jour.
SYRIE La prochaine visite est Bosra, en Syrie. Nous faisons nos adieux au guide jordanien et n’échappons pas à la longue attente administrative à la frontière : pourtant il n’y a pas de queue et tous nos papiers sont en règle. Le car peut enfin repartir et roule à travers un caniveau sanitaire pour laver nos pneus de toute possible trace de grippe aviaire. Notre guide syrien nous attend au-delà de la frontière : il est plus âgé que les autres et très précis et posé dans ces propos, signe évident d’une grande sagesse; nous découvrirons au cours du voyage l’étendue de la culture de ce professeur d’université en littérature et français exerçant le métier de guide en « free lance » auprès des voyagistes culturels pour des raisons économiques. Il s’intéresse à l’histoire en général et à celle des religions en particulier et tentera de nous expliquer les singularités ou d’éventuels points communs des divers différents courants de pensée des communautés musulmanes et chrétiennes. Soucieux de nous faire goûter à plusieurs facettes de la civilisation syrienne, il n’hésitera pas à nous lire des poèmes ou à acheter au marché des spécialités typiques pour nous les faire goûter. D’ailleurs, lors des visites, nous mangerons toujours des spécialités syriaco-libanaises, dans des restaurants typiques à commencer par celui de Bosra. Bosra, résume bien la caractéristique de la Syrie, carrefour de plusieurs civilisations qui se sont succédées ou croisées et en tout cas superposées sur son sol : Nabatéens, Romains, Byzantins , Arabes, Croisés, Ottomans… Le monument romain le plus impressionnant est le théâtre, transformé en citadelle par les musulmans, remblayé, et par la bien conservé. Des fouilles récentes l’ont « découvert » - comme d’ailleurs des thermes, des églises et des petites mosquées- et nous pouvons l’admirer dans son intégrité. Bosra est construite dans le basalte et, le crépuscule aidant, nous gardons un souvenir un peu sombre des vestiges, seules les colonnes blanches du théâtre tranchent sur l’austère mur de scène. La visite du site archéologique et de ses divers emprunts au cours des siècles, nous amène en outre sans transition particulière à parcourir le village actuel qui fait partie intégrante de cet ensemble, ne serait ce que par la nature des matériaux de construction. A Damas nous logeons au Cham Palace, en plein centre ville, et nous en profitons pour prendre un bain de foule locale, dans l’animation euphorique du soir de Ramadan. On ne remarque pas en Syrie de présence ostentatoire de police en uniforme sur les lieux touristiques comme ce fut le cas en Egypte, sachant qu’une surveillance policière peut fort bien revêtir des formes plus discrètes. Bien que l’état Syrien soit laïc, la population semble suivre les coutumes islamiques à 90%, Ramadan et voile compris. Toutefois Damas est pour le moment une ville étape que nous visiterons au retour du périple par le nord et l’est du Pays.
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Les témoignages de la présence chrétienne Nous remontons vers le nord en longeant la chaîne de montagnes qui nous sépare du Liban – à éviter pour cause de guerre- et à Maaloula, le village bleu accroché à la falaise, dans la chapelle du très ancien monastère de Saint Serge ; nous avons l’occasion d’entendre le Notre Père récité en araméen, la langue du Christ, tout en admirant la magnifique iconostase. Cet îlot catholique est aussi un centre de pèlerinage et, en descendant à pied par l’étroit défilé de Sainte Thècle- ouvert miraculeusement pour lui permettre de fuir ses persécuteurs -sur la place du village nous rencontrons des hordes d’écoliers chantants, venus vénérer la source sacrée de la Sainte. En effet la fin du Ramadan est suivie par trois jours de fête et les enfants sont en vacances ; nous rencontrerons par ailleurs lors des visites beaucoup de familles syriennes et un peu moins de touristes occidentaux. Des témoignages d’un autre ordre sont les forteresses aménagées par les francs à l’époque des croisades ; nous en avons visité deux des plus célèbres : le « Krack des Chevaliers » et le château de Saône. Les deux étaient des citadelles ou les moines soldats devaient maintenir la position ou préparer des assauts et menaient une vie de garnison sans confort – la première chose que les musulmans y ont construit après les avoir conquis ont été des hammams-. Le château de Saône a été conquis par Saladin, le Krack , réputé imprenable i résista à Saladin, mais fût enlevé par ruse après deux siècles de luttes. Les forteresses sont impressionnantes et révèlent une foule de détails sur la vie militaire de l’époque, mais notre guide nous conseille de lire des livres sur le point de vue des Arabes concernant les croisades, qui n’ont certes pas laissé un bon souvenir dans la population. D’autres témoignages, bien plus pacifiques, se trouvent dans le massif Calcaire près de la Turquie. Nous avons visité un des plus fameux : le site de San Siméon, l’ascète qui s’infligea toutes sortes de mortifications corporelles et à la fin, pour échapper aux pèlerins qui accourraient le voir, se fit dresser une colonne de plus en plus haute – 18 m à la fin – en haut de laquelle il vécut pendant 36 ans dans le dénouement le plus total -mais en profitant d’un panorama sublime – et du haut de laquelle il accordait des audiences aux pèlerins. De la colonne ne reste plus que le socle, mais nous avons pu admirer les absides, les colonnes et les arcades décorées avec raffinement de la basilique à quatre bras construite après sa mort au V siècle pour vénérer sa mémoire. Les ruines sont romantiques avec leurs pierres rosées au milieu de cyprès, pistachiers et oliviers. De la terrasse de la basilique nous admirons le paysage paisible du massif maintenant planté d’oliviers selon le programme de reboisement du gouvernement. La route vers Alep traverse un paysage calcaire : pierre blanc grise, terre rouge et plantations d’oliviers. Notre guide nous indique au loin des villages désertés : peste, manque d’eau et donc disparition des cultures, leur abandon reste un mystère.
Ougarit « Le berceau de l’écriture et de l’alphabet » Parmi les divers sites anciens de Syrie où la recherche et les fouilles archéologiques sont très actives, comme Ebla ou Mari sur l’Euphrate, nous avons pu consacrer une demi journée à la visite du site d’Ougarit proche de la mer et de la frontière turque. La visite de ce site étendu, dont les fouilles n’ont pas à ce jour dégagé de ruines spectaculaires, révèle toutefois l’existence d’une civilisation florissante dont l’apogée se situe entre le quatorzième et treizième siècle avant JC en relation avec l’empire hittite, le monde créto-mycénien, l’Egypte d’Akhenaton, et la Mésopotamie. Ougarit est en particulier célèbre pour la découverte par des archéologues français de nombreuses tablettes d’argile (plus de 17 000) portant des inscriptions de nature administrative, juridique, diplomatique, comptable, religieuse, laissant supposer une démarche d’archivage.
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Les écritures cunéiformes de cette époque révèlent une innovation technique remarquable à caractère alphabétique remplaçant les systèmes syllabiques (Akkad) ou idéographique alors en usage, faisant appel à une trentaine de caractères, permettant de noter des sons individuels. Cette forme alphabétique, bientôt reprise, modifiée et diffusée par l’alphabet phénicien, puis grec serait ainsi, de proche en proche, à l’origine de l’alphabet occidental moderne. D’où la notion de berceau de l’écriture et de l’alphabet.
Alep La capitale du Nord est une ville qui se veut moderne et tournée vers l’Occident. D’ailleurs nous traversons des quartiers avec des belles et blanches maisons en pierre avec des balcons ou terrasses ornés de balustrades avec des colonnettes ou en fer forgé. La vieille ville est toutefois restée bien arabe et la visite va nous conduire dans les petites ruelles avec leurs magasins à devanture en bois – bien restaurées-. Nous allons manger dans une ancienne demeure transformée en restaurant : la façade ornée d’objets hétéroclites, le patio, les différentes salles, tout est typique et la nourriture très bonne – mention spéciale pour un plat de riz avec des gros morceaux d’aubergines et du mouton à l’estouffade, le tout assaisonné de sauce yaourt - : nous retiendrons l’adresse : Sissi. Au centre de la vieille ville la citadelle arabe, construite pour résister aux croisés avec son aérienne rampe d’accès et ses murailles, reste un chef d’œuvre d’art militaire médiéval –tout de même elle a été enlevée par les Mongols- : du sommet la vue sur la « ville grise » est magnifique. De la nous allons visiter notre première mosquée de ce voyage en pays musulman : les femmes du groupe se sont préparées avec des vêtements bien couvrants et un foulard pour la tête, mais cela ne suffit pas et nous voila affublées de longues pèlerines grises avec capuchons et les chaussures à la main. A l’intérieur l’impression est d‘un grand espace tranquille et un peu vide : quelques fidèles prient, d’autres lisent le Coran, dans une tribune séparée des femmes se reposent sur les tapis du sol entourées de leur enfants. Près de la mosquée il y a le « souk », fameux dans toute la Syrie pour son animation et ses produits, dont les multiples ruelles sont imbriquées dans des anciens caravansérails et dont nous attendions tant la visite. Désillusion ! C’est la grande fête de la fin de Ramadan, tout est fermé à part quelques boutiques de savon et les omniprésentes boutiques d’écharpes, les allées sont désespéramment vides. Le guide nous fait bien ouvrir deux minuscules bijouteries pour ne pas nous laisser sur notre faim et nous en profitons dans la mesure du possible, mais ça manque d’ambiance et nous comptons nous refaire à Damas. - Rappelons pour d’éventuels frustrés, que des compléments de savons d’ALEP, et de petits objets d’artisanat Syrien peuvent être achetés, le dimanche, au marché de Gif/Yvette -.
Vers le « far east » Surprise : pour la première fois nous nous réveillons sous la pluie ! Parés de k-way et de parapluies nous quittons Alep vers le sud pour rejoindre les steppes de l’est en passant par la vallée de l’Oronte. La route que nous empruntons a vu passer au fil des siècles nomades et caravaniers chargés d’épices, légions romaines, pèlerins et croisés en route pour Jérusalem, musulmans en route pour la Mecque sans compter les invasions mameloukes, mongoles ou turques. Tous ont laissé leur empreinte en réutilisant parfois les matériaux employés par les précédents. Dans une terre tellement chargée d’histoire et de vestiges il est impossible de tout voir. Nous avons échantillonné au passage les caravansérails de Ma’arat-an-Nu’man et d’ Apaméa, transformés en musées de la mosaïque, où sont exposées d’immenses dalles de sol et panneaux de mosaïques provenant de fouilles des villas ou églises avoisinantes. Nous avons parcouru le cardo maximum
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d’Apaméa. Il s’agit de la rue principale, longue de presque deux kilomètres et encore pavée, de l’ancienne ville romaine : les colonnes qui la bordent tout du long et qui se détachaient contre le ciel plombé avec leur silhouette de palmiers de pierre formaient un spectacle saisissant. Le soleil était de retour à Hama, la ville de tradition islamique bâtie sur l’Oronte. Les familles se promenaient dans les jardins au bord du fleuve et admiraient comme nous les norias en bois – en action pour cette fête de fin de Ramadan- dont les grandes roues pendant des siècles ont alimenté un aqueduc destiné à l’irrigation. Notre guide nous a fait goûter des pâtisseries particulières de la ville : une sorte de canelloni blancs farcis, on dirait, avec du fromage blanc et pâte d’amande qui fondent dans la bouche.
Palmyre L’hôtel Cham de la « cité des dattes » nous accueille avec son magnifique Hall amplifié par un jeu de miroirs. Il est bâti dans la fameuse palmeraie de la ville, mais la pluie décourage toute promenade et c’est à l’intérieur que nous faisons une petite fête d’adieu à notre guide et que nous en profitons pour remercier aussi Francis et Micheline qui nous ont concocté un si beau voyage. Le lendemain nous partons pour la visite de la « reine du désert » sous un ciel de Normandie : nous devons récupérer le gardien et son monumental trousseau de clés qui vont nous ouvrir les tombeaux de la nécropole avant l’arrivée des hordes touristiques. Nous escaladerons les tombeaux tours et nous descendrons dans les tombeaux hypostyles pour admirer la richesse de décoration des sarcophages privés ou parfois collectifs, car les moins riches pouvaient louer une sépulture dans un coin du tombeau d’un hobereau. Nous revenons ensuite dans les vestiges de la cité des vivants. Le site est grandiose, car Palmyre était le point de passage obligé des caravanes qui empruntaient la route du désert entre l’orient et la méditerranée, avait accédé au rang de ville romaine et avait même supplanté Petra à partir du II siècle de notre ère. Le temple du dieu suprême Bel garde le souvenir des sacrifices ; on voit encore les rampes d’accès pour les animaux offerts par les fidèles, l’autel sacrificiel et la salle où se déroulaient les repas rituels –auxquels seuls les prêtres participaient-. Le temple de Baal Shamîn, seigneur des cieux et des pluies fertilisantes est le point de départ de la grande colonnade de huit cent mètres qui longe la voie traversant toute la ville ancienne – décidemment on pourra dire que les longues séries de colonnes sont un des symboles de la Syrie-. Devant le mur de scène du théâtre romain notre guide nous lit la lettre que Zénobie, la dernière reine de Palmyre échangea avec l’empereur Aurélien. Zénobie était très belle, parlait plusieurs langues, s’entourait de poètes et philosophes, mais savait se conduire en guerrier sur les champs de bataille et osa braver la puissance de l’empire romain. L’empereur en était fasciné - parait il-, mais cela ne l’a pas empêché de la traîner à Rome captive et de mettre fin à l’indépendance de Palmyre. Dans la petite ville moderne, le repas de midi est agréable avec une vue superbe sur la palmeraie autour d’un plat typique d’agneau accompagné de riz mélangé à du blé et accompagné de yaourt. Naturellement le restaurant vend aussi des souvenirs et Jeannine -pressée de se débarrasser des dernières livres- achète un tapis. Le même est vendu dans la rue 4 fois moins cher : Jeannine en achète un autre pour faire baisser la moyenne. Des grappes de dattes de la nouvelle récolte pendent dans les petites échoppes : une fête pour les yeux et le palais, nous sommes nombreux à en acheter. Une bande étroite de désert nous sépare de la frontière irakienne, mais tous comptes faits nous optons pour le chemin de retour vers Damas qui traverse une zone plus ou moins aride alors qu’autrefois avant la déforestation attribuée aux turcs, une gigantesque palmeraie s’étendait de Damas à Palmyre ; en guise d’exotisme, nous ferons plutôt une halte à mi-chemin au « Bagdad café ».
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L’intérieur est un concentré de toute forme d’artisanat syrien, sans oublier l’ambiance typique d’un poste avancé dans le « far east » : Francis se laisse séduire et prend en photo une grosse araignée …en plastique. Entre temps le ciel s’est éclairci et le coucher de soleil sur le désert avec tous les dégradées de violet est féerique.
Damas Le dernier jour est entièrement dédié à la capitale syrienne, probablement la plus ancienne ville du monde, pour savourer l’atmosphère particulière de cette ville qui a traversé tant de siècles avant le retour en occident. Nous commençons par le très riche Musée National d’Archéologie qui nous fait un peu revivre les précédentes journées du voyage à travers l’exposition d’objets provenant des diverses fouilles, avec une mention spéciale pour le minuscule abécédaire en pierre ou est gravé l’alphabet d’Ougarit. Nous visitons ensuite – les femmes toujours affublées des longues pèlerines à capuchon obligatoires –la fameuse mosquée des Omeyyades qui à la construction devait rivaliser avec les plus grandes basiliques chrétiennes. L’intérieur, vaste et lumineux, est comme d’habitude très sobre : seul le grand mihrab et le minbar (chaire) sont décorés. La cour avec ses arcades élégantes, où subsiste une partie de la décoration de mosaïques à fond or, sa fontaine pour les ablutions et ses trois minarets –dont le minaret de Jésus ?!- est une véritable place publique et lieu de vie ; il pleuvine et il n’y a pas grande affluence. A la sortie de la mosquée nous pénétrons dans les souks couverts : le ramadan est bien fini et toutes les boutiques sont enfin ouvertes ! Nous n’avons pas assez d’yeux pour « voir » toutes les marchandises dans les milliers de petites échoppes qui s’ouvrent de part et d’autre. Nous avançons sous un ciel étoilé car les voûtes métalliques des allées sont percées de trous minuscules éclairés par la lumière extérieure et nous sommes un peu bousculés par la foule bigarrée qui nous entoure. Notre guide fait de son mieux pour nous convoyer en essaim serré le long de l’allée principale et finit pour nous canaliser vers un magasin un peu généraliste qui vend des objets certes de bonne qualité -dont les fameux tissus en soie- mais typiquement réservés aux touristes. Nous en profitons, certes, mais en fait il nous manque le temps de flâner, chacun à son rythme et dans les boutiques de son choix : dommage ! Mais c’est peut être mieux pour le porte feuille. Pour nous faire une idée du cadre de vie raffiné de l’aristocratie damascène nous visitons le Palais Azem, ancienne demeure d’un gouverneur de Damas à l’époque ottomane, maintenant transformé en Musée des arts et traditions populaires. C’est une sorte de musée Grévin avec des scènes de la vie quotidienne au XVIII siècle et toute sorte d’objet d’artisanat à commencer par des énormes plateaux en métal ciselé qui servaient de tables et qui ornent l’entrée du musée. Comme d’habitude on est frappé par le contraste entre la sobriété de l’architecture extérieure et la richesse de la décoration intérieure –il parait que le pacha Azem avait même dépouillé les autres demeures de la ville pour que la sienne soit la plus belle- : sur les murs de la cour on retrouve la décoration alternant des bandes horizontales de pierre noire sur des pierres claires ou ocre, les intérieurs sont décorés de marbre, de bois peint, de stucs et les nombreuses fontaines avaient aussi la fonction de climatiseurs. De petits groupes de syriens, toutes femmes voilées, visitent au même temps que nous et peuvent constater que la substance de la condition féminine n’a pas beaucoup changé. A la sortie du palais notre guide nous emmène à travers les souks à fruits confits et le long de la rue principale de la vieille ville, l’ancienne « via recta », avec ses magasins –parfois microscopiquesd’artisanat ou d’antiquités où nous avons juste le temps de jeter un coup d’œil en passant. La rue est bordée de vieilles demeures avec des balcons ouvragés, maintenant plutôt décatis et un impressionnant entrelacs de fils électriques s’étale entres les maisons au dessus de nos têtes :
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notre « voie de Damas » nous conduit à la chapelle de Saint Ananie, le disciple qui retrouva Saül de Tarse « aveuglé par la Révélation » dans une maison de la « voie recta », le dessilla et le baptisa. C’est dans la petite crypte du Ier siècle que notre pèlerinage damascène va se terminer. Mais Damas nous réserve un autre souvenir spectaculaire : celui des milles lumières de la ville et des collines environnantes contemplées depuis le restaurant tournant –le seul en Syrie- du dernier étage de l’hôtel Cham ou nous a été servi le dîner d’adieu.
Lundi 30 octobre, Plateau de Saclay, 14 heures : La boucle est bouclée. On sacrifie une dernière fois au rite de chargement des bagages, cette foisci dans le coffre des voitures qui nous ont attendu pendant 3 semaines. Point n’est besoin de compter les piécettes aux bagagistes des hôtels ou pour accéder aux toilettes publiques : on garde quand même le fond de bouteille d’eau minérale avant de se réhabituer à consommer l’eau du robinet. Nous sommes surpris de ne pas voir accourir des vendeurs de souvenirs et de cartes postales … ; Avant de se quitter, rendez-vous est alors pris pour le restaurant de la Bènerie à Gometz la Ville, rendez vous traditionnel pour la journée voyage, diaporama et vidéo organisée par l’ARCEA et prévue en mars 2007 ; ce sera ainsi une occasion conviviale offerte aux uns et aux autres pour clarifier leurs souvenirs, replonger dans les guides, retravailler leur mémoire concernant environ 5000 ans d’histoire et bénéficier des talents de « professionnels » ARCEA de la vidéo et du diaporama. Un grand Merci à Francis, l’organisateur ARCEA et cinéaste accompli de ce périple réussi avec le concours de Voyageurs du Monde.
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