Raymond Drouhard de la MARE, le poète aux multiples facettes

Page 47

Nos bœufs Ils allaient lentement de leurs pas pesants Fiers mais soumis aux paroles de l’Homme Ce vieux singe qui, devenu si savant, Les fit d’aurochs libres des bêtes de somme. Ils tiraient, soufflant, sous le joug faisant front Retournant les champs où fut pris un bon grain De longs jours mais sans leur faire l’affront D’une méridienne en peau de chagrin. Joli, Bouquet, étaient leurs noms dits ou criés Que soulignait, hélas, le coup d’aiguillon Plus des jurons jugeant Dieu sans pitié Donnant de «paysan» l’autre définition. Ainsi depuis Cérès, le brabant excepté, Nos labours étaient ceux de l’Antiquité. Un essaim de mouches s’activait autour d’eux Tapissant leurs yeux, s’abreuvant des larmes Et de gros taons sanguinaires et belliqueux Etaient craints par eux comme une arme. Mais un jonc au ventre en guise de lame, Rite de notre Saintonge Profonde, Ils devaient aller faucher à leur grand dam Le reste des prés de tout le monde... D’autres, plus Petits, avaient comme châtiment La fourmilière au coin du champ! Alors comme faisait Jean de La Fontaine Les boeufs «buffant» j’assistais à l’enfouissement Ou, trouvant un passage dans la « paleine », J’ y glissais un collet subrepticement Car d’un lièvre pendant l’Occupation On assurait la ficelle pour la moisson Ou le fumeur doublait sa ration! Du système D nous tirions nos leçons Puis on tournait... le palonnier glissait... ...l’enclenchement ...cahin-caha...tout repartait Ouvrant, fermant une énième « rège », Surprenant les mulots que le chien attrapait Un florilège de poèmes

49


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.