Hobb,Robin-[Assassin Royal-11]Le dragon des glaces(Fool's Fate)(2003).OCR.French.ebook.AlexandriZ

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ancien édifice de Wuisling ; l’épaisse enceinte qui entourait ses terrains et son jardin constituait sa première ligne de défense, et, s’il fallait néanmoins battre en retraite devant un envahisseur, les combattants pouvaient se retrancher dans la maison proprement dite, dont les marques d’incendie sur ses murs de pierre et ses poutres indiquaient qu’elle avait même résisté au feu. Aucune ouverture ne perçait le rez-de-chaussée, d’étroites meurtrières apparaissaient au premier étage, et seul le second possédait de vraies fenêtres, munies toutefois de solides volets capables d’affronter n’importe quels projectiles. Pourtant il ne s’agissait pas d’un château tel que nous le concevons ; aucun espace n’y était prévu pour abriter des moutons, voire un village entier, pas plus que pour entreposer de grandes réserves de vivres. Le bâtiment avait pour but de supporter l’assaut de pirates venus avec la marée et repartis avec elle plutôt que de soutenir un long siège. En cela aussi, les Outrîliens différaient de nous et de notre façon de penser. A la porte de l’enceinte, deux jeunes hommes qui arboraient l’emblème du narval nous saluèrent de la tête et nous firent signe d’entrer. Passé la muraille, des coquillages broyés se mêlaient au gravier de la route et lui conféraient une opalescence scintillante. L’entrée de la maison maternelle, au battant grand ouvert et décoré de narvals sculptés, permettait à trois hommes de la franchir de front. A l’intérieur régnait une profonde pénombre trouée par l’éclat de torches allumées ; on eût cru pénétrer dans une caverne. Nous nous arrêtâmes sur le seuil pour laisser nos yeux s’adapter au manque de lumière. Dans l’air flottaient les odeurs d’une longue occupation humaine : arômes de nourriture, de ragoûts, de viandes fumées, de vin renversé, effluences de peaux salées et de gens en groupe. Le résultat aurait pu être nauséabond mais, au contraire, il évoquait la douceur du foyer, la sécurité, la famille. Par la porte, on pénétrait directement dans une grande salle dont seuls des piliers cloisonnaient le volume. Les trois âtres servaient à préparer la cuisine, du beurre frais jonchait le pavage du sol, des bancs et des étagères s’appuyaient aux murs ; les bancs les plus bas étaient larges, et les couvertures de peau - 246 -


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