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Numéro 191

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“L’enjeu pour chaque pays et même chaque designer est de trouver et prouver son originalité et qu’elle soit légitime.” Jean-Paul Bath, directeur général du VIA (Valorisation de l’Innovation dans l’Ameublement), Paris.

Réflexions sur le design marocain par NEZHA KANDOUSSI

Dossier SpéCIAL cinq Témoignages Jean-Paul Bath, Fred Hernandez, Driss Kettani, Karim Hamdi, Rajaâ bel Mehrez

CHronique de mourad HAMAYET

© Photo Colombe Clier

“J’aimerais bien faire la fête, m’amuser comme avant, mais je panique quand je suis au milieu de gens.” Yves Saint-Laurent


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Du culte du beau au culte de la laideur. par Abdellatif BOUZOUBAA

L

’art aspire et brigue le contact immédiat, sans quoi il est réduit a du sens et non à l’exaltation des sens. La pensée elle, s’accommode de tout les moyens pour peu qu’elle accède à l’intelligible. Les tentatives de rationalisation du beau, en revanche, butent toujours sur un substrat de subjectivité. Les critiques d’art affirment dans cette optique, que le beau relève d’une expérience sui generis, irréductible aux catégories de la raison et de la morale , fussent-elles armées des concepts les plus affutés. Reste l’intuition et la fascination pour une saisie fusionnelle avec l’art considéré, non plus comme objet de l’expérience, mais comme un délire somnambulique ou sujet et objet convolent en justes noces pour le meilleur et le pire. Pourtant, c’est le pire qui souvent l’emporte. Le miracle fugace de l’intuition artistique se dissipe comme une fumée opioïde et renvois l’amateur du beau, pour paraphraser Rimbaud, à la « réalité rugueuse à étreindre ». C’est, malheureusement, de cette fugacité que se saisissent les contempteurs de la créativité pour la reléguer au rang du futile, du superfétatoire, voire de l’immoralité. Pourtant, dès le XIXe siècle, Eugène Delacroix affirmait que le tableau, à l’instar de la musique donnait à voir ou à entendre, c’est selon, des masses de couleurs ou de formes qui dialoguent avec la perception de l’observateur selon la distance qu’il

choisit pour admirer la toile. L’illusion d’optique, on le voit avec Delacroix et les « modernes » est revendiquée, car elle est au cœur de l’expérience esthétique et cette illusion justement ne doit rien ni au vrai, ni au bien. L’artiste au Maroc, étant donné le manque à gagner dans la formation artistique, voit souvent son œuvre stigmatisée à cause d’un contresens endémique. On refuse d’admettre que l’art a depuis longtemps entériné son divorce d’avec les catégories de la morale. Du coup, le crime de l’artiste au Maroc est instruit sans autres formes de procès et le chef d’accusation est toujours prêt : c’est que l’artiste qu’il soit peintre, comédien ou metteur en scène ou même rappeur, fait fi du bien et de la morale. Il est dommage et navrant que n’importe quel quidam qui s’improvise critique d’art sur internet et les réseaux sociaux tienne le même langage à l’égard de l’art qu’une certaine élite qui se gargarise de morale pour mettre au ban de la société l’artiste, alors que sous d’autres cieux, l’art s’est départi d’un rigorisme moral à la noix et s’exprime en toute liberté sur la place publique. L’art n’est pas susceptible d’une définition univoque et encore moins d’une aliénation à des codes moraux ou catégories philosophiques éculés. Si l’on a en vue la créativité et l’éducation artistique d’une nation, il


© Abdellatif BOUZOUBAA

est grand temps de secouer les préjugés qui prévalent dans notre société. Pour faire simple, la représentation artistique n’est pas normative et ne prétend pas l’être. Elle est entre autres, l’expression d’une sensibilité qui prend forme au contact du réel. L’artiste est souverain et libre dans ses moyens et l’objet qu’il choisit comme matière première de sa création. Il n’est pas comptable face à la société, et encore moins à une autorité susceptible de le brider ou de l’asservir à ses propres fins.

pas la volonté délibérée de s’aveugler face à l’art, mais un certain confort dans l’hypocrisie érigée en rempart contre la science et l’art à la fois, parce qu’ils sont jugés subversifs dès lors qu’ils perturbent nos préjugés esthétiques et éthiques.

Sur un autre plan, Ce qui semble faire obstacle à notre émergence sur le plan scientifique et artistique, c’est une doxa qui s’ignore et perpétue l’ignorance. Une opinion Transversale à l’œuvre artistique la question publique dénuée de la moindre culture du beau n’est pas l’apanage ni d’une culture, artistique a tôt fait de sanctifier le culte du ni d’une société et encore moins d’un Etat. laid. Observable et tangible dans nos rues le déballage de la laideur est indigne d’une Que penser d’un jeune marocain qui feint civilisation qui a excellé dans tout les arts de fermer les yeux pour ne pas voir une et toutes les sciences. De la calligraphie à représentation d’Aphrodite, car elle offense l’algèbre en passant par l’art du jardin et ses convictions morales ? Que penser l’architecture. encore sur un autre registre d’un jeune qui, dans un cours des sciences de la vie A qui imputer une telle décadence ? et de la terre, s’offusque qu’on évoque L’expérience de l’art nous fait-elle tellement devant lui Australopithèque ou l’homme de défaut que les moralistes ont annihilé toute élan créateur et toute aspiration à Cro-Magnon sous prétexte qu’ils sont trop comprendre l’art ou du moins à le savourer ? « poilus » pour être des hominidés ? Et que penser encore d’un jeune qui s’indigne dans L’expérience de l’art est édifiante en soi. Il un cours sur l’humanisme, du David de Michel Angelo, même s’il est imberbe -sauf suffit de libérer justement cet ’élan créateur au niveau du pubis ? dans les consciences et les mœurs pour espérer retrouver la place qui nous est due La raison pour laquelle le mauvais goût dans l’Histoire de l’Art. trône dans nos rues et nos écoles, ce n’est ©culturetoute.com



Numéro 191 du 16 décembre 2016 directeur publication Ahmad Bouzoubaa www.culturetoute.com

SOMMAIRE

actu 22 Cinéma, Othmane Achakra président du jury du Festival international du film documentaire de Khouribga 22 Edition, 34 auteurs marocains invités au salon du livre de Paris

en une 08 Design, Réflexions sur le design marocain par Nezha KANDOUSSI

08

#culturetoute

20 Chronique, “Vous appelez cela la fête ?” par Mourad HAMAYET

magazine 26 Digital, NADA benouhoud, interview exclusive 30 Cinéma, Ahlam ZAIMI, interview exclusive 04 Chronique, de Abdellatif BOUZOUBAA “Du culte du beau au culte de la laideur.”

26 30

34 Humour, Othmane BENKIRANE, interview exclusive

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DOSSIER SPéCIAL design par Nezha Kandoussi

fondatrice de DEZIN-IN.COM sourceur en art et design contemporain international, Intervenante chez Crèapôle, écoe d’arts appliqués, PARIS.

Réflexions sur le design marocain PAR NEZHA KANDOUSSI

Qu’entend-on par design exactement ? Dans le contexte francophone, quand le non spécialiste parle de design, il fait surtout référence à une ambiance, à un art de vivre dont l’esthétisme serait épuré, désencombré, minimaliste et qui inviterait au bien-être. L’idée qui prédomine est plus esthétique que fonctionnelle. Bien que l’on imagine que les deux se rejoignent, l’objet n’est que rarement mentionné. Or, le design tourne surtout autour de la notion d’objet et de fonction. De plus, un objet « beau », plaisant, moderne et de forme utile. Comme le disait Steve Jobs : «Le design ce n’est pas seulement l’apparence et le ressenti. C’est comment cela fonctionne ». La définition grand public du design se rapproche cependant de l’état d’esprit de Walter Gropius dans lequel il a fondé le Bauhaus en 8 culturetoute.com 16.12.2016

1919 en Allemagne. Son initiative était effectivement motivée par la volonté de créer et de produire des environnements de vie, en dehors du bâti. D’ailleurs, le designer est ce profil entre l’ingénieur et l’artiste (à moins qu’il ne soit ingénieur ET artiste). C’est le créateur, visionnaire qui conçoit un objet soit pour répondre à un besoin soit pour résoudre un problème et qui, en même temps, pense le processus, de l’idée à l’objet, au produit et aux outils pour le réaliser: les matériaux, les formes, le processus de fabrication, l’industrialisation, la commercialisation. Rendre le compliqué simple, ce que le designer français Ora-ïto. C’est cette « simplexité » dont parle designer français Ora-ïto qui fait écho à une citation d’Antoine de Saint-Exupéry :’la perfection, ce n’est pas quand il n’y a rien


© photo DR

Ora-ïto, designer à ajouter, mais quand il n’y plus rien à retrancher. » Tout un programme ! Le Maroc et la culture de l’objet Dans le contexte marocain, l’art de vivre, le bien-être, l’objet et le matériau sont des notions qui sont ancrées dans la culture depuis des siècles et qui ont fait le tour du monde. La créativité marocaine n’est plus à démontrer. Qui n’a jamais eu un pincement au cœur en voyant un objet traditionnel, mille fois utilisé dans le quotidien des Marocains, repris par une grande enseigne internationale, stylisé et vendu à prix d’or ? Et de penser : « Quel dommage que ce ne soit pas du « made in Morocco » ! » La culture marocaine de l’objet est intimement liée à l’artisanat et au travail de l’artisan, figure emblématique des arrière-boutiques des vieilles villes. C’est plus qu’une tradition, c’est une identité qui s’est façonnée au cours des siècles, mais c’est aussi le résultat d’une volonté politique, qui au début du siècle dernier avait lancé la machine afin de sauvegarder de ce patrimoine si riche. Aujourd’hui, le Maroc est ce pays qui tranche dans un

“la perfection, ce n’est pas quand il n’y a rien à ajouter, mais quand il n’y plus rien à retrancher.” Antoine de Saint-Exupéry

monde uniformisé, où le visiteur vient faire une pause, las du monde uniformisé. De Shanghai à New York, c’est le règne des standards et le visiteur vient y faire une pause. Alors pourquoi le design ? Parce que le design est un indicateur de développement économique d’un pays. Que ce soit la recherche pure comme dans le cadre du mouvement Bauhaus en Allemagne dans les années 20 ou dans les Etats-Unis post-1929, la question était économique, initiée et encouragée par le développement industriel. Il fallait créer des objets fonctionnels qui soient beaux pour plaire à la grande consommation et aux classes moyennes naissantes. Le design au Maroc doit se développer, parce que le marché a besoin de se renouveler, l’économie a besoin de nouveaux vecteurs de croissance, l’artisanat de jouer un nouveau rôle. Le design, c’est l’avenir, c’est le secteur qui permet de superposer et de faire fusionner toutes les sciences, les arts et les techniques. ©culturetoute.com 16.12.2016 culturetoute.com 9


DOSSIER SPéCIAL design par Nezha Kandoussi

cinq Témoignages

Le design marocain vu par Jean-Paul Bath Jean-Paul Bath, directeur général du VIA (Valorisation de l’Innovation dans l’Ameublement), Paris. Le design souffre mondialement d’une grande uniformité tant dans les conceptions que dans la fabrication. L’enjeu pour chaque pays et même chaque designer est de trouver et prouver son originalité et qu’elle soit légitime. Les designers marocains doivent éviter les écueils consistant à copier les tendances internationales mais aussi à rester trop anecdotique dans l’utilisation des codes locaux (formes ou matériaux ou artisanat). Cela passe par un décryptage intelligent de l’ADN marocain (artisanat, matériaux, usages, couleurs…) qu’il faut réinterpréter 10 culturetoute.com 16.12.2016

Jean-Paul Bath, Fred Hernandez, Driss Kettani, Karim Hamdi, Rajaâ bel Mehrez

dans un registre contemporain. Plutôt que réutiliser un pouf ou un moucharabieh, il faut se questionner sur leur intérêt, leur usage, et les retranscrire dans un nouvel objet, une nouvelle forme plus moderne servant la fonction. Plutôt que de copier les matériaux aux codes suédois ou allemand, utiliser ceux qui ont du sens et de la chaleur localement dans des objets nouveaux et résolument futuristes (pas rétro futuristes ! sachant que le futur va vers le recyclage, le responsable, le local). Il y a beaucoup de possibilités pour un pays en plein essor qui doit trouver ses marques. Vos designers sont prometteurs, mais effectivement encore jeunes. Ils doivent trouver leur propre identité : ni celle de leurs ancêtres, ni celle de l’international aseptisé. ©culturetoute.com


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cinq Témoignages Jean-Paul Bath, Fred Hernandez, Driss Kettani, Karim Hamdi, Rajaâ bel Mehrez

Le design marocain vu par Fred Hernandez, designer, Rabat Le design contemporain au Maroc Le design contemporain marocain est captivant par son aspect hybride et métissé. Il témoigne de la richesse du bi-culturalisme de la plupart des designers marocains. En effet, les créateurs marocains, évoluant entre les influences traditionnelles marocaines et les tendances contemporaines occidentales, ouvrent des voies particulièrement intéressantes d’un design de fusion, d’un design de métissage. La théière Koubba, de Hicham Lahlou, chef de file du design marocain, est la parfaite image de cette fusion harmonieuse entre un objet symbole de la tradition 12 culturetoute.com 16.12.2016

marocaine et le traitement résolument contemporain de ses lignes pour en faire un objet intégré à son siècle... Le design, vecteur d’intégration. L’utilisation pertinente des motifs traditionnels zelliges par le designer Younès Duret est également un travail subtil intégrant habilement un art traditionnel marocain dans des univers résolument contemporains. Le motif zellige revisité par Younès Duret n’a plus besoin de support puisqu’il devient lui-même son propre support, le motif devient matière, le motif traditionnel devient meuble contemporain. Hicham el Madi illustre également ce design de fusion. Tout comme Hicham Lahlou et Younès Duret, il s’est penché sur la relecture de la théière marocaine pour en faire un objet


aux lignes initialement traditionnelles mais avec un judicieux traitement déstructuré pour en faire un objet sculptural et très contemporain. Son mobilier est également particulièrement créatif, au croisement des influences orientales, africaines et occidentales. On retiendra également le travail intéressant de la créatrice Myriam Mourabit qui revisite les objets et les arts traditionnels marocains, en leur conférant une touche plus épurée. Son sens évident de l’harmonie des couleurs et des formes lui permet de créer un univers chromatique puissant mais délicat. Sophia Giorgio Chraibi, explore des voies créatives pertinentes en revisitant le salon traditionnel marocain ou le divan

oriental par l’utilisation de matériaux contemporains comme le MDF ou le Corian. Jamil Bennani, designer, ébéniste, sculpteur, pilier du design marocain contemporain est également très représentatif de cette tendance forte mixant diverses sources d’inspiration pour créer des objets et sculptures nourris du multiculturalisme de leur créateur. Reda Bouamrani allie également avec talent les styles et les formes empruntés tant à la tradition marocaine qu’aux univers les plus contemporains. Au delà du métissage des styles, il exécute des « allers-retours » créatifs de haut niveau entre tradition et modernité. ©culturetoute.com

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DOSSIER SPéCIAL design par Nezha Kandoussi

cinq Témoignages Jean-Paul Bath, Fred Hernandez, Driss Kettani, Karim Hamdi, Rajaâ bel Mehrez

L’état des lieux du Design au Maroc vu par Driss Kettani, architecte, Casablanca Le design en tant qu’activité tout à la fois artistique, économique et industrielle n’est reconnu et présent au Maroc que depuis peu. Nous avons pourtant depuis toujours eu une grande tradition dans l’artisanat et dans les arts décoratifs. Heureusement, ces dernières années ont connu l’émergence d’une génération de designers talentueux qui a su mettre le design sur le devant de la scène, le faire reconnaître et promouvoir la création marocaine à l’international. De débuts balbutiants et confidentiels dans les années 90, le design connaît aujourd’hui un intérêt constant au Maroc et une créativité réelle. Ce n’est qu’un juste retour des choses, eu égard, encore une fois, au riche patrimoine et à la tradition artisanale du Maroc. Mais cette exposition médiatique 14 culturetoute.com 16.12.2016

ne doit pas cacher de réels problèmes structurels, le plus important étant la quasi-absence de synergies industrielles et de débouchés permettant la mise sur le marché des créations. Cela est bien entendu lié à la faiblesse du tissu industriel notamment et à la non-compréhension par les industriels et fabricants de l’importance et de la plusvalue potentielle du design, ceci étant valable aussi bien pour les secteurs directement corrélés au design (mobilier, accessoires etc.) que d’industries plus généralistes. Il est à noter également le problème de l’édition, les designers recourant souvent à l’auto-édition avec ce que cela implique de difficultés à avoir accès à des process industriels performants. Sur le plan créatif, la qualité et l’originalité sont indéniables,


souvent, mais l’on peut noter un recours un peu trop systématique aux références décoratives traditionnelles, qui même lorsqu’elles sont utilisées dans un souci de subtilité font courir le risque de s’enfermer dans un registre formel. La référence décorative doit être pensée comme une source d’inspiration qui peut être dépassée, qui doit même l’être dans certains cas et non comme une quelconque obligation. Il en va de la capacité créative et de renouvellement du design marocain. Pour finir, il s’agit de mener une réflexion globale, qui intègre une stratégie associant tous les acteurs : designers, éditeurs, industriels, communicants, qui puisse permettre au design de s’imposer

comme facteur de développement artistique et industriel parce qu’au final, le design peut être intégré à tous les aspects de la production, aussi bien de l’objet d’art le plus prestigieux que de l’accessoire le plus usuel. Il serait également judicieux de trouver de meilleures synergies avec le monde de l’artisanat et de penser des complémentarités intelligentes. Le but étant in fine de vulgariser les notions de beauté, d’élégance, d’originalité, d’insuffler ce goût de la touche artistique au grand public et surtout de faire sortir le design marocain de l’élitisme et de la confidentialité, au delà des expositions et autres vernissages. ©culturetoute.com 16.12.2016 culturetoute.com 15


DOSSIER SPéCIAL design par Nezha Kandoussi

cinq Témoignages Jean-Paul Bath, Fred Hernandez, Driss Kettani, Karim Hamdi, Rajaâ bel Mehrez

Le design marocain vu par Karim Hamdi, Paris, fondateur de Dar en Art, éditeur de mobilier design oriental J’ai fondé Dar en Art pour donner la possibilité à des designers d’exprimer leur inspiration orientale et notamment marocaine pour faire évoluer le mobilier, d’une part. D’autre part, j’ai pensé rendre accessible le design aux consommateurs de sensibilité orientale, comme le consommateur marocain. J’ai bien évidemment fait travailler ces designers sur la conception, nous même réalisé les premiers prototypes au Maroc. Les limites de ce processus se sont rapidement manifestées. Il n’a pas été possible de produire en série au Maroc, les interventions manuelles étant trop nombreuses, les réalisations

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devenaient trop chères et le modèle économique peu profitable. La mission des designers édités par Dar en Art reste la même : repenser la forme et les matériaux des objets de décoration et meubles, mais la fabrication a lieu désormais ailleurs. L’idéal serait de mettre en place une table ronde de designers et artisans pour établir une feuille de route d’un côté et un preneur de risque de l’autre pour assurer l’édition. Et sinon, bonne route à culturetoute qui a une très bonne idée d’être un espace d’expression pour les Marocains. ©culturetoute.com


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DOSSIER SPéCIAL design par Nezha Kandoussi

cinq Témoignages

Le design marocain vu par Rajaâ bel Mehrez Rajaâ bel Mehrez, designer et fondatrice de la galerie La rue es Consuls, Paris. Ce qu’il faut comprendre du Maroc, c’est que c’est avant tout un pays émergent. Comme tout pays émergent, il est dans une transition, il cherche son chemin vers un avenir qui lui serait propre. Comment savoir dans quelle voie s’engager quand l’ère numérique a emboîté le pas à l’ère industrielle, ce critère qui continue à pourtant encore distinguer un pays développé de celui qui ne l’est pas. Il n’est donc pas comparable à la France, même si les Marocains ont cette fâcheuse tendance à se regarder dans ce miroir déformant et à tirer des conclusions définitives sur leur sort. Le pays de qui le Maroc se rapprocherait le plus sur le plan de l’attachement aux traditions, serait plutôt le Japon. Ces motifs identifiables, ces traditions qui ne sont pas prêts de prendre leur retraite dans un musée. Le Maroc a un folklore riche et vivant, soutenu et sans revivifié par les Marocains, qui continuent 18 culturetoute.com 16.12.2016

Jean-Paul Bath, Fred Hernandez, Driss Kettani, Karim Hamdi, Rajaâ bel Mehrez

de consommer de l’artisanat à tous les étages. Si développement du design il y a, ce cheminement devra se faire naturellement en commençant par la case qui consiste à assumer ce folklore et à le digérer. Mais qui dit pays émergent, dit émergence d’une classe moyenne qui s’installe lentement et donc un marché encore trop jeûne pour la production en masse de produits design. Ce qui m’amène au point suivant : celui de la production. Pour développer le design, il ne suffit pas de créer, il faut pouvoir fabriquer, il faut pouvoir mettre en place des processus et des techniques innovantes de fabrication sans intervention manuelle qui coûte trop cher. Et pour finir, il n’y a pas de design sans matériaux innovants, sans matière première disponible sur le marché. Hors le grand défi du Maroc aujourd’hui, c’est de dépasser le simple statut d’assembleur, ce qui nécessite de repenser les modalités d’importation et d’exportation. ©culturetoute.com


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Vous appelez cela la fête ? par Mourad HAMAYET

Dans le temps, à certaines occasions festives qui ponctuent le cours de la vie, la maison familiale bourdonnait d’une activité inhabituelle. On préparait la fête, on faisait la fête puis on commentait la fête. Comme pour toute population civilisée, la manifestation normale de la fête était pour nous l’occasion de faire bombance en s’autorisant à préparer et consommer des mets inhabituels. Pastilla, m’hanncha, pigeonneaux aux fruits, jus variés, lait d’amandes, fruits tropicaux, gâteaux au miel etc… Dans le foyer de mes parents, la fête commençait systématiquement par une grande négociation entre papa et maman, le premier estimant que la seconde voulait le ruiner et la seconde estimant que le premier voulait la ridiculiser. Bien évidemment tout finissait par s’arranger lorsque chacun promettait d’être raisonnable, c’est-àdire, de faire quelques concessions. Une tante perfide essaya bien de détruire cette harmonie et souffla à maman son truc : elle, à l’approche d’une fête, se disputait avec monsieur mon oncle pour qu’il lui fichât la paix et la laissât faire comme elle entendait ! Non, rien de cela chez nous ...

l’échéance, c’était le jour de la confection des pâtisseries. Maman régnait en monarque absolu et distribuait les ordres au personnel et à ses enfants. Nous, les castors juniors, étions en charge du pelage des amandes, de la manivelle du moulin à pâte, de la manutention des grands plateaux de fer-blanc ou nous devions disposer les gâteaux et biscuits divers, avant de les confier au factotum qui les portait alors au four banal et, en cas d’abondance, aux fours banaux. A leur retour de l’opération de cuisson, l’odeur de la fleur d’oranger le disputait à celle de pâte de l’amande chaude, de la cannelle cuite, de l’eau de rose et de la gomme arabique. Le tout nous faisait chavirer d’envie, à en avoir mal aux maxillaires. Nous avions toutefois droit à de tout petits gâteaux représentant des oiseaux qui étaient faits avec les chutes exprès pour calmer notre impatiente gourmandise. D’un air expert, tout en les dévorant, nous délivrions d’élogieux commentaires sur les talents pâtissiers de maman qui n’était guère dupe et nous invitait à détaler sans chapardage, sous peine de recevoir une taloche …

La veille même de la fête, l’espace qui ne nous était pas interdit se réduisait à une Chez nous, c’était la maison du bonheur peau de chagrin, et il n’était nul besoin et parents et enfants, chacun prenait de le répéter car chez nous, la discipline part à la peine : Nous n’étions certes pas n’était pas un vain mot. concernés par le ménage des grands jours, l’astiquage de l’argenterie, le Le jour même, papa intervenait en lavage précautionneux des verres de dernier pour délivrer, après sourcilleuse cristal, le garnissage des encensoirs, inspection, son ’’bon pour festoyer’’. La ni même la préparation de nos tenues fête pouvait alors avoir lieu, chamarrée, vestimentaires, souvent neufs. Mais nos joyeuse, simple et toujours familiale. tâches étaient multiples comme on le verra. Ou sont, mais où sont ces fêtes d’antan ? Puis deux ou trois jours avant 20 culturetoute.com 16.12.2016

De cette ambiance bon-enfant et


familiale, que reste-t-il aujourd’hui ?

peau dorée et croustillante des braves ovins cuits en principe à la broche (tu parles !). En tout cas, moi, la fête m’est devenue un Heureusement, cette première barrière supplice au point que récemment, je me infernale passée, nos doigts purent se suis surpris à étreindre chaleureusement rafraîchir à loisir car la carcasse de l’animal, un ‘’cousin’’ qui avait ‘’omis’’ de m’inviter au par dessous, était … encore congelée ! mariage de son fils. Chic alors, me dis-je, je Quelques commensaux, très courageux et n’ai point à subir de bousculade, je n’ai guère très niais, crurent déguster en avant-première à renifler les effluves abusifs de parfums une inversion carnée et ovine du tiramisu ! Ils agressifs et désagréables, je n’ai pas davantage crurent qu’officiait en cuisine quelque chef à supporter la vue de ces tonnes de breloques élève de Ferran Adria ou autre maître de la portées par des dames chamarrées comme cuisine moléculaire… Je retirai quant à moi des mules votives et supposées provoquer mon ma menotte thermiquement traumatisée et admiration, voire ma jalousie, pas plus qu’à me rabattis comme presque toujours en ces supporter leurs indécences vestimentaires somptueuses agapes sur un modeste quignon dont le coût résoudrait les problèmes de toute de pain, me récitant en un muet soliloque une population… des poèmes de colère et des insultes bien frappées, en attendant la fin du calvaire. Dès la Mais tout cela ne serait rien si du moins il n’y fin du défilé d’âneries prétentieuses et infâmes avait nécessité de manger les tambouilles déguisées en dessert, je courus chez moi ou je vomitoires de la fête de nos jours. L’habileté, me fis deux somptueux œufs au plat, parfumés la sincérité et le génie des mamans ont été d’une pointe de cumin et épicés de deux remplacés par la platitude de l’engeance copeaux de fleur de sel. haïssable de ces nouveaux prestataires nommés les traiteurs. Hélas, sournoisement, Parlerai-je du volume sonore de la musique la cuisine familiale est bien en train de amplifiée, semblant étudiée pour aggraver disparaitre au profit de la bouffe tarifée, les surdités naissantes ? Evoquerai-je le fort calibrée et écœurante –au mieux fadasse- de mécontentement des ‘’musiciens’’ que vous ces nouveau maîtres de la restauration. invitez à baisser le volume et leur menace d’arrêter de délivrer leur tintamarre si vous Le commerce de produits alimentaires a maintenez votre demande ? été l’un de mes métiers et je jure parler en toute objectivité : J’estime qu’il faut être Est-il besoin de parler des ’’serveurs’’, de mentalement dérangé pour recourir aux leur manque de professionnalisme, de leurs services des traiteurs, de tous les traiteurs, maladresses et de leurs exhalaisons axillaires sans exception et quelles que soient leurs ? Devrais-je parler de la cacophonie générale prétentions. Et j’ai de bonnes raisons pour qui empêche tout échange autre que sous affirmer cela. La meilleure et la plus simple forme de hurlement ? des preuves est que, si méticuleuse que soit la recherche dans ma mémoire, je ne Devrai-je reconnaître que je suis misanthrope me rappelle pas avoir jamais goûté à cette et atrabilaire ? Non, je ne le crois pas. Par nourriture sans tomber malade durant trois contre estimant avoir vécu par le passé journées. quelques moments de vérité et de vertueuse simplicité, je ne puis me résoudre et ne Ce n’est pas le lieu pour révéler certaines sais d’ailleurs pas me réjouir des fêtes de leurs immondes et pourtant courantes d’aujourd’hui, fadasses, sans la moindre pratiques, mais je puis tout de même citer originalité, bruyantes et épuisantes. Timidité la dernière mésaventure vécue à une table peut-être ? Ne sais … bourgeoise, servie par, si ce n’est le plus Le doux Yves Saint-Laurent l’a dit avant moi : grand, c’est en tout cas le plus prétentieux “J’aimerais bien faire la fête, m’amuser comme des traiteurs du Pays : un méchoui fumant avant, mais je panique quand je suis au milieu nous fut servi et en sybarites avertis, nous de gens.” ©culturetoute.com nous brûlâmes les doigts en dégageant la 16.12.2016 culturetoute.com 21


la revue de presse #du vendredi 16 DECEMBRE 2016 Othmane Achakra président du jury du Festival international du film documentaire de Khouribga

Le scénariste et chercheur en sociologie, Othmane Achakra, présidera le jury de la compétition officielle de la 8ème édition du Festival international du film documentaire de Khouribga, qui se tiendra du 19 au 22 décembre. Le jury, qui comprend également l’anthropologue français Romain Simenel, la journaliste argentine Anelia Iglesias, la journaliste libanaise Rowaida Marwa Naser, et le réalisateur et producteur Mehdi Bakkar (Maroc-Qatar), attribueront le grand prix (prix de la région Béni-Mellal-Khénifra) et d’autres prix de la mise en scène et du meilleur cameraman, ainsi que le prix du jury... © libe.ma Le 16 décembre 2016

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34 auteurs marocains invités au salon du livre de Paris

Alors que le Maroc est l’invité d’honneur de la prochaine édition du salon du livre de Paris, une délégation de 34 auteurs marocains devrait se joindre à l’évènement. Des écrivains «reflets de la diversité et du dynamisme de la création littéraire contemporaine du Maroc», explique l’organisation du salon dans un communiqué. Parmi les auteurs invités lors de l’événement, qui se tiendra du 24 au 27 mars, on retrouvera notamment les lauréats au Goncourt Leila Slimani, Tahar Ben Jelloun, Abdellatif Laabi et Fouad Laroui... © huffpostmaghreb.com Le 16 décembre 2016


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16.12.2016 culturetoute.com 23


chronique cinéma de Laila BOUI IDRISSi

“ Sully” une histoire vraie. D

eux ans après «American Sniper», Clint Eastwood revient une nouvelle fois avec une histoire vraie. La première collaboration entre les légendes hollywoodiennes Tom Hanks et Clint Eastwood RACONTE L’HISTOIRE DE Chesley «Sully » Sullenberger ancien pilote de ligne américain qui connait le 15 janvier 2009 une panne de moteur avec 155 passagers à son bord. Ce film se concentre DAVANTAGE sur l’après et les conséquences de cet évènement SUR LE PILOTE ET SON ENTOURAGe. La performance des acteurs est remarquable, derrière les traits d’un commandant vieillissant Tom hanks est loin de se considérer en héros, cherchant juste à tirer un trait sur son exploit et à reprendre le travail au plus vite. Le film apparaît non pas comme un plaidoyer mais comme une très belle démonstration du caractère d’homme face à la catastrophe. Une véritable bataille de l’humain face à une bureaucratie de

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chiffres, de simulateurs et de paramètres en tous genres ! Le cinéaste réussit donc ce projet assez différent cette fois, pour mettre sur un piédestal ce héros ordinaire, en donnant l’apparence d’un homme attachant, fragile et fort à la fois, sincère et courageux et prêt à en découdre avec une administration féroce Clint Eastwood nous montre une fois de plus l’héroïsme américain dans sa forme la plus simple et pourtant la plus primordiale. On aurait aimé plus de prise de risques de la part d’un réalisateur qui n’a plus rien a prouvé mais le choix d’être humble dans la réalisation semble le plus adapté à ce miracle d’1h36. Mais, Clint Eastwood réussit une nouvelle fois à captiver le spectateur Avec une mise en scène sobre et une narration originale, la légende du cinéma parvient à nous surprendre de manière simple et efficace. A voir les cinéphiles © culturetoute.com


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Une interview de Ahmad BOUZOUBAA

“The Very Normal Girls” est présent partout avec NADA benouhoud

Interview Exclusive Pouvez-vous vous présenter au grand public ? Blogueuse, mélomane, passionnée du digital, et accro à mon smartphone, je suis une jeune marocaine âgée de 23 ans (bientôt 24 ans, j’attendrai mon cadeau en janvier…). Je suis fondatrice du webzine « The Very Normal Girls » avec Narjis Aliane : un webzine féminin marocain qui parle comme parlent les jeunes marocaines, c’est-à-dire un mélange de darija, de français et d’anglais. NOTRE BUT A TOUJOURS ÉTÉ DE SORTIR DES SENTIERS BATTUS, D’APPORTER À NOS LECTEURS UN CONTENU 26 culturetoute.com 16.12.2016

DIVERTISSANT, PLEIN D’HUMOUR, SANS TABOUS, ET SURTOUT TRÈS MAROCAIN ! Comment vous vous êtes lancée dans le blogging ? Narjis et moi, avions l’habitude d’échanger beaucoup. Lors de nos petits trajets en train, allant à l’école, ou rentrant à la maison, les débats et discussions sur différents sujets étaient une coutume. Nous nous retrouvions à traiter ces sujets avec sarcasme et humour très décalé que nous seules arrivions à comprendre et à en rire pendant des minutes, voir des jours.


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En début 2014, nous nous sommes décidées à partager ces coups de cœur/gueule sur différents sujets avec un ton très décalé, avec nos amis et connaissances à travers un blog que l’on a développé sur blogger en février et que l’on a nommé The Very Normal Girls, parce que ça nous décrivait tellement : Deux jeunes filles très normales qui n’avaient pas peur de partager toutes les idées qui leur passaient par la tête. Après un énorme succès du premier article, et une communauté très importante à l’époque qui nous a encouragée, nous ne pouvions nous arrêter. So here we are ! Quelle est la particularité de votre approche sur le web qui fait votre succès sur le digital ? Je dirai : très normale. Je reste fidèle à mon ADN de la simplicité, la spontanéité, et la folie bien entendu. La proximité est un must pour moi, donc le fait d’être présente sur l’ensemble des réseaux sociaux était une obligation. Je voulais m’approcher plus de mes lecteurs, en essayant de partager le maximum sur ma vie privée, mes passions, ma personnalité… D’où le fait d’être très active sur Instagram et Snapchat. Mes lecteurs me connaissent très bien maintenant.

avant une ligne éditoriale à suivre, ni des justifications à faire. Arrivez-vous à en vivre ? Ça aurait été un rêve, mais non, par pour le moment. J’ai un Fulltime job comme tout le monde, qui paye mes factures et couvre les frais dépensés pour The Very Normal Girls. Considérez-vous que le digital est un vecteur incontournable pour le développement de la culture? Complètement. Le digital Le digital permet de former des communautés en sortant de la dimension physique, et aller au-delà des frontières afin de toucher le maximum de personnes, quelles que soient leurs origines, leurs idéologies…Et cela facilite donc le partage de la culture. Que pensez-vous de #culturetoute ? Je trouve ce magazine très intéressant, dans la mesure où il met en avant les figures jeunes et emblématiques, dans différents domaines, que ce soit dans le monde artistique, la culture et le leadership. Je ne peux qu’applaudir cette initiative qui éclaire les lecteurs sur les différents visages de la culture. © culturetoute.com

Faites-vous cela par passion ou par nécessité ? C’est une passion avant tout. La passion d’écrire à ma manière, traiter le sujet qui m’intéresse, sauter du makeup à la politique, en passant par la société sans

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Belle, talentueuse et cultivée Interview exclusive

avec ahlam zaimi par Nadia JACQUOT

Si on devait choisir trois qualités qui définissent la brillante Ahlam Zaimi, c’est sans contestation : « belle, talentueuse et cultivée ». Et oui, derrière une plastique de rêve se cache une femme diplômée avec une culture artistique et générale qu’elle entretient avec plaisir. Quand beaucoup de journalistes ne cherchent à la restreindre qu’à des courbes ravageuses, Culturetoute lui donne l’opportunité de nous dévoiler une facette qu’elle n’avait pour le moment pas eu l’occasion de mettre en avant. Ahlam Zaimi, vous étiez directrice commerciale d’un grand groupe hôtelier avant d’être actrice pour des séries télévisées à succès, modèle ou 30 culturetoute.com 16.12.2016

égérie de marques de luxe. Vous ne vous dirigiez pas à la base vers une carrière artistique. Vous êtes passé de l’anonymat à personnage public. Est-ce que l’anonymat ne vous manque pas ? Je ne me suis jamais posé la question, mais je ne vais pas cacher qu’à des moments on a envie d’être anonyme. On évolue dans une société qui est très dure. J’aime ma liberté, et notamment concernant ma manière d’être ou de m’habiller. Parfois, je dois penser à la place du public et non pas qu’en tant qu’Ahlam. C’est une contrainte, mais je m’adapte. Après tout ce travail, je pense que le public le mérite. J’ai appris ainsi à me remettre en question et à me canaliser.


Parlez nous de votre nouveau rôle dans cette nouvelle série ? « Hyati » est une série pour laquelle je travaille depuis l’année dernière, avant même la série « Wa3di » qui est passée pendant le ramadan. Pour le réalisateur Yassine Fennane, la série « Wa3di » était en quelque sorte un casting. Casting que j’ai réussi. J’ai

gagné en notoriété et la continuité logique était que le rôle dans la série « Hyati » soit pour moi. Je prends toujours autant de plaisir à travailler avec Yassine Fennane et toute son équipe. J’apprends beaucoup de choses et tous les jours que ça soit grâce aux acteurs ou l’équipe technique.

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Le premier épisode a été grande surprise pour nous. Il a été diffusé au même moment qu’un match de la Champion League, et pourtant on a fait près 3 millions de téléspectateurs. Quel est le projet artistique dont vous êtes le plus fier ? Sans langue de bois, j’ai envie de répondre « Tous » et je suis sincère avec cette réponse. Pour chaque projet, je suis motivée. Je donne toute mon énergie. Dans tout ce que j’entreprends dans la vie, je suis prête à prendre le bon côté des choses et le mauvais aussi. Dans chaque projet artistique, j’en tire des choses positives. J’apprends de chaque projet. Mais si je devais en choisir un, mon petit coup de cœur serait la série humoristique « Alhayat Assaida » qui est passé sur Médi1tv. C’est très difficile de faire rire le public marocain. Je me suis beaucoup amusée à tenir le rôle de la petite bourgeoise, et surtout il m’a permis à gagner en crédibilité et notoriété.

envie de partager cette passion. En exclusivité pour Culturetoute, je vous annonce que je viens de signer pour un téléfilm qui sera diffusé sur 2M avec la chanteuse Ibtissame Tiskat, qui va traiter de la violence envers les femmes. Je croise les doigts aussi pour un projet de série de 4 épisodes qui est en cours de préparation et négociation, où vous me verrez en prison. A plus long terme, je travaille pour viser la scène internationale. Je compte faire des stages en France et prendre des cours de comédie. Pourquoi pas les Etats-Unis !

Qu’est ce que la Culture selon Ahlam ? Quelle est la culture d’Ahlam Zaimi ? La culture est quelque chose que l’on va s’approprier en fonction de son vécu. Je dirais que c’est une diversité qui faut développer au quotidien. La culture est tellement vaste que se limiter serait ridicule. C’est une richesse dans laquelle on peut puiser pour développer Parlez nous de vos projets futurs. beaucoup de choses. Je suis sur plein de projets qui sont Je ne peux pas me limiter à une complètement différents. Je représente rubrique. J’adore la lecture et une salle de sport spécialisée dans le particulièrement les auteurs maghrébins Crossfit. Bientôt, on prépare des vidéos comme Saphia Azzedine ou Tahar pour initier les gens à cette activité. Benjelloun. Un splendide shooting photo, qu’on La musique fait partie de mon quotidien a appelé les « Quatre saisons », va et inévitablement de mon rituel du matin. bientôt sortir pour la marque de bijou Le cinéma, c’est ma vie que cela soit le australienne Sydney Love pour laquelle cinéma indou, français ou américain. je suis l’égérie. J’ai aussi un projet perso qui va consister Sans cinéma, musique et lecture, ma vie serait si triste. en des vidéos pour amener à faire du sport. Je suis grande sportive et j’ai © culturetoute.com

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Une interview de Khalid mhammedi

othmane benkirane Interview Exclusive

Connu autant que Benkiki, Othmane Benkirane est un ingénieur de formation et humoriste de passion. Avec un humour décalé, Culturetoute.com l’a interviewé pour vous. Comment est née ta vocation humoristique ? Par césarienne. J´étais timide dans ma bulle à moi et un jour je suis monté sur scène par accident et j´ai adoré les sensations éprouvées. Depuis ce jourlà, je suis devenu comme on dit « Saret casseta ». Donc voilà je vais me forcer à me taire, passons à la deuxième question.

les scènes des grands talents.

Justement, à ton avis, qu´est ce qu´il te faut pour percer encore plus pour rejoindre les Parles-nous de ton parcours ? « grands » ? C´est la question qu´il ne fallait pas Peut-être, une poser parce que ça sera difficile de me perceuse qui forcer à taire là mais bon j´essaierai. En perce mieux ou gros, j´ai joué avec la troupe de théâtre peut-être un de mon université et quand j´étais en scandale à la échange aux Etats-Unis, j´avais suivi des Kardashian ? formations théâtrales là-bas. Après, j´ai Non, je crois fait les scènes ouvertes du Marrakech du que pour réussir, Rire 2013 où j´ai rencontré Un As, Hamza il faut être soit et LeChild avec qui on a formé Les LSD parmi les meilleurs Comedy Band : une troupe de stand-up soit parmi les franco-darija. De fil en aiguille, j´ai pu avoir pires parce que mon premier spectacle intitulé «C´est trop les moyens ne injuste » que j´ai joué à l´Institut Français réussissent pas. de Casablanca, à la F.O.L de Casablanca, Donc, je commence à Rabat et à Tanger. Cette année, j´ai à considérer l´option refait les scènes des jeunes talents du d´être parmi les pires. Marrakech du Rire en attendant de faire 34 culturetoute.com 12.12.2016


entendre leurs échos. Non, la vérité, je suis déçu parce que j´ai raté mon challenge de faire parti des pires. Plus sérieusement, les échos donnent envie de croire en ce deuxième spectacle ou cette deuxième De quoi tu parles dans ton spectacle ? perceuse si tu veux. Des autres. C´est ce qu´on excelle à faire Quelles sont tes inspirations ? nous. Mais je parle d´eux à travers moiComme tout le monde, j´inspire de l´air. même, en reliant leurs histoires et leurs Mais il est pollué. Du coup, les humoristes attitudes à Benkiki. En gros, je fais qui m´inspirent, au vrai sens du terme, sont « tomber le batel » sur moi-même. rares. Et, je ne vais pas les citer. Sinon, ils Tu joues quand ton spectacle ? prendront la grosse tête. J´ai arrêté de jouer le spectacle Gad ou Djamel ? « C´est trop injuste » pour me Gadjamel. concentrer sur un nouveau spectacle que je suis entrain Un mot pour nos lecteurs ? de rôder ces deux derniers Je les invite à me stalker sur mon profil et mois à travers de courts sur ma page Facebook. passages à la F.O.L, au Théâtre © culturetoute.com Mohammed VI et à K é n i t r a . D´ailleurs, ce samedi 10 décembre j’ai joué 8 QUESTIONS POUR MIEUX CONNAITRE BENKIKI : avec Un As dans le cadre d´une soirée Fifty-Fifty où chacun rode ses vannes en Une qualité ? Je suis célibataire. jouant 30minutes. J´espère que j´arriverais à faire pire que les sitcoms ramadanésque, c´est un bon challenge à moi ! Bon je me tais, je ne veux pas me faire griller. Passons.

Et qu´en pensestu des échos du public ? La sonorisation était tellement bonne que je n´ai pas pu

Un défaut ? Tellement drôle que les gens n´arrivent pas à me comprendre… Ton repas préféré ? Omelettes aux bananes ou couscous aux fraises. J´adore l´exotique. Qu´est ce que tu n´aimes pas faire et pourquoi ? Dormir. Parce que je dois me réveiller après… Qu´est ce que tu aimes faire et pourquoi ? Faire rire les gens. Parce que ça me manque de voir des gens heureux. Ton endroit d´inspiration ? Aux toilettes, c´est pour ça que j´ai des idées de merde ? Humoriste ou politicien ? C´est pareil, non ? Blonde ou brune ? Première venue, première servie. 12.12.2016 culturetoute.com 35


Hassanine, Iqbi et la toile par Khalid mhammedi

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n est mardi, Il est 11h30, Hassanine s’est enfin décidé à m’accompagner à Marrakech. Il ne savait pas à cet instant précis qu’il écrivait un peu l’histoire d’une toile. D’une très belle toile. A 11h30, Hassanine ne connaissait pas Iqbi, mais avant la fin de la journée, il l’aurait connu comme il aurait connu la générosité de l’artiste photographe A .baznani. Il est 12h00. On s’installe dans la voiture et on roule. La route est magnifique. Il a plu une semaine durant et le tapis de verdure sur les bords de la route est joliment tissé et la nature belle à regarder. Au seuil de 30 dhs le kilo de lentilles , les marocains deviennent fans de pluie et de nature verdoyante. Une génération me sépare de mon ami irakien Hassanine, mais quand on discute à bord notre voiture sur la route de Marrakech, c’est lui qui donne des leçons de vie et d’optimisme et oriente ton existence pour les deux prochaines années : il est comme ça le hassanine . On arrive à Marrakech, on est en plein festival de cinéma mais nous nous n’en rendons même pas. On est venu pour Iqbi ( Iqbi le magnifique), On se dirige vers la petite ruelle qui longe la radio nationale en plein quartier du Gueliz, l’expression « Chacun son Gueliz retrouve toute sa résonnance autant propre que et figurée) Comme beaucoup de fois, dès que je foule le passage Ghandouri ou le passage des arts de Marrakech , je me sens chez moi, entouré d’artistes et de vibrations positives, je parle fort . - Ba Nabil . Comment vas-tu ? - moi et tout Gueliz, qui vient de t’entendre

brailler, allons bien - Mon Iqbi va bien ? - je ne sais plus si tu parles du peintre ou de sa toile Nabil est une des rares personnes de ma connaissance qui aurait abandonné un boulot alimentaire pour se consacrer entièrement à sa passion, soit l’art. Il a réussi en une dizaine d’années làoù d’autres ont vécu une vie en vain ( tiens ! tu n’as pas parlé de vin cette semaine ? NDLR) Mon tableau était prêt, emballé et m’attendait. Tout l’esprit de cet artiste peintre était dans cette toile : dans un décor noir, deux femmes déformées par le chagrin et/ou par l’œil de l’artiste pleuraient un mort qui gisait en 1er plan de la toile, la peur de la mort associée à celle de la déchéance du corps avec le temps donnaient à cette toile une sorte d’aura mystique et tu arrivais à sentir quelques vapeurs d’encens se dégager du fonds de ces noirs qui constituent les aplats de l’œuvre. Sur le chemin de retour, la toile et hassanine s’installèrent derrière et on a roulé en parlant de son mariage qui se prépare et du cadeau que BAZNANI souhaite lui faire, une épaisse fumée envahit l’habitacle en donnant une touche de rif marocain à cette route de nuit. Arrivé chez moi, je voulais ressentir ces vapeurs d’encens dans la toile, je voulais humer l’odeur du mystique, la toile sentait le Rif marocain et je pense qu’IQBi aurait aimé que ce soit ainsi. ©culturetoute.com


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Une interview de ahmad BOUZOUBAA

HASSAN KOUHEN Interview Exclusive

La démarche plastique de Hassan KOUHEN se déploie essentiellement sous le signe de l’universalit. Né à Fès en 1955, il s’est envolé vers Vancouver en 1977 dans le but de rejoindre la Colombia beaux arts. Depuis en plus de trente ans de carrière, il n’a pas cessé de scintillé et de surprendre par une continuelle évolution de son œuvre soulignant la diversité et la différence. Hassan KOUHEN, dans l’exil, a excellé et scintillé dans les galeries les plus réputées des USA notamment de la côte ouest. Pourtant c’est au Maroc qu’il a choisi de revenir en 2004. Actuellement, il vit entre Casablanca et les USA. Pouvez-vous nous parler de votre prochaine exposition? Ma prochaine exposition aura lieu à Marrakech à la Gallery Al Mazare le 15 décembre jusqu’à qu 5 du mois de janvier 2017. Que pensez-vous d’un webzine comme «culturetoute.com» et de la culture au maroc? Un portail électronique en ligne qui contribue judicieusement à la promotion des affaires culturelles d’ ici et d’ ailleurs tout en tablant sur le dialogue et la compréhension. Il s’git donc d’une plateforme médiatique qui repose sur la diversité et la pluralité de toutes les composantes. Aussi faut-il développer davantage la démarche 38 culturetoute.com 16.12.2016

créative et la conception des êtres et des choses via un champs de recherche et d’expérimentation médiatique surtout et notamment en gardant à l’esprit que la culture représente le capital matériel et immatériel d’un pays et représente la mémoire collective de tous. Enfin, On ne peut pas parler de la crise de l’art étant donné que la scène artistique contemporaine et plusieurs interventions susceptibles de développer toutes les actions artistiques drainent un large public et contribuent à la promotion de plusieurs activités artistiques. Quels sont vos projets ? Ouvrir une nouvelle galerie. © culturetoute.com


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à la Gallery Al Mazare le 15 décembre jusqu’à qu 5 du mois de janvier 2017

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à la Gallery Al Mazare le 15 décembre jusqu’à qu 5 du mois de janvier 2017

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Une interview de ahmad BOUZOUBAA

AbderrahmaneRahoule Interview Exclusive

Abderrahmane Rahoule (vit et travaille à Casablanca) a toujours été fasciné par la peinture, la céramique et la sculpture. Il a fait l’école des Beaux Arts de Casablanca, il a intégré ensuite l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Industriels et des métiers d’art ainsi que l’Académie Populaire des Arts de Paris avant d’effectuer un stage de céramique en hollande et un stage de faïence en Tchekoslovaquie. Depuis 1972, Professeur à l’Ecole Supérieure des Beaux Arts de Casablanca et actuellement à la tête de sa direction. Aujourd’hui les œuvres de RAHOUL sont bien recherchées par plusieurs collectionneurs et passionnés d’art. Pouvez-vous nous parler de votre prochaine exposition? Ma prochaine exposition aura lieu à Rabat avec le soutien du Ministère de la Culture. Cette exposition sera la suite de l’exposition que j’ai faite en mai 2016 à la Villa des Arts de Casablanca. Il y aura bien sûr des nouveautés. A cette occasion j’organise la cérémonie de signature de ma monographie. Qu’en est-il de la culture au Maroc ? Elle se porte bien et je pense que c’est un peu grâce à la sponsorisation de bien des projets artistiques dans tous les domaines par le Ministère de la Culture, ce qui est une première dans notre pays.. 42 culturetoute.com 16.12.2016

Et la la culture à travers le monde ? Vous savez que par rapport aux autres pays, sur le plan culturel et artistique notamment, le Maroc n’a rien à envier au reste du monde et se distingue nettement par des réalisations. De plus, nous avons un grand musée d’Art Contemporain à Rabat réalisé grâce à la volonté de Sa Majesté Mohammed VI. Ce musée valorise les artistes marocains avec une collection permanente et permet à tout public averti de découvrir les oeuvres artistiques de grands maîtres à travers le monde tels que César , Giacometti et bientôt Picasso, etc... Quels sont vos projets ? Entre autres, il y’a lieu de citer la réalisation d’une sculpture


monumentale à Yinchuan (Chine) et au Maroc.

n’importe où et n’importe comment. Autrement dit, l’artiste doit rester artiste dans le sens le plus noble Quel conseil avez-vous pour les du terme et se garder au mieux de artistes marocains? Il faut être plus artiste que commerçant. réaliser des œuvres d’art dans un esprit mercantile. L’artiste doit respecter son propre © culturetoute.com travail, ne pas faire n’importe quoi, 16.12.2016 culturetoute.com 43


REPORTAGE avec AGBackpackers - Moroccan Travellers

AGBackpackersMoroccan Travellers Facebook: http://www.facebook.com/AGBackpackers Instagram: http://www.instagram.com/AGBackpackers Blog: http://www.agbackpackers.com/

Meknès, coup de foudre à l’Oriental MIS EN AVANT Très peu connue par les voyageurs, Meknès cache bien son jeu. Sous ses airs de ville « ringarde », elle offre à ses visiteurs de la grandeur et des airs de royauté grâce à ses édifices raffinés dignes du Roi Soleil. Ce n’est pas n’importe quelle ville, Meknès est l’une des 4 villes impériales du Royaume avec Marrakech, Fès et Rabat. Construite au pied du Moyen Atlas et traversée par Oued Bou Fekrane, Moulay Ismail, le

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plus grand des rois marocains décide d’en faire le « Versailles» de l’Orient… Il entreprend des chantiers faramineux qui dureront 50 ans, avec un seul objectif, rivaliser avec Louis XIV. Malgré les années, Meknès a su sauvegarder son héritage. Aujourd’hui Meknès est classée au patrimoine mondial de l’UNESCO… Anectode: Moulay Ismail avait 500 femmes et 700 enfants. Se rappelait-il de tous leurs prénoms?


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