Agriculture du Maghreb n° 76

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Traiter les cultures la nuit pour préserver les abeilles Stéphane Le Foll s’apprêterait à publier un arrêté qui imposera de traiter les cultures en floraison avec des produits insecticides et acaricides, uniquement au coucher du soleil et durant les trois heures après le coucher du soleil. Les syndicats agricoles réagissent ! Pour la Coordination Rurale, « cette décision frise le ridicule »... Dans un communiqué, le syndicat précise que les produits insecticides applicables sur des cultures en fleurs sont déjà porteurs d’une mention «abeilles» qui leur est accordée lors de l’autorisation de mise sur le marché

(AMM). « Si malgré cette mention, il était avéré que ces produits soient finalement toxiques pour les abeilles, il y aurait eu de la part du ministère de l’Agriculture une tromperie d’une extrême gravité », estime-t-il. De leur côté, les producteurs de fruits et légumes (FNPFL) rappellent eux- aussi l’existence de cette « mention Abeilles » et assure que les arboriculteurs la respectent et qu’ils ont même anticipé cette réglementation en faisant évoluer leurs pratiques, notamment en répondant au cahier des charges de la Production Fruitière Intégrée. L’ITSAP-Institut de l’abeille, qui se réjouit de cette décision, juge quant à lui que « l’intitulé de

ces mentions est imprécis et sujet à différentes interprétations par les cultivateurs ».

Traiter entre 21h et minuit

Cette proposition du ministre amènerait les agriculteurs à appliquer les traitements entre 21h et minuit. « A ces horaires, les tarifications de main d’œuvre sont plus élevées et une restriction dans le temps des heures de traitement obligera à un sur-dimensionnement des outils de pulvérisation sans compter les troubles de la vie familiale qui peuvent en découler », estime la CR. « A l’heure où l’on met en place un système de protection renforcée des travailleurs face à la pénibilité, cette mesure contraindrait les agriculteurs à travailler de nuit, un des 10

facteurs de pénibilité. Où est la cohérence ? » soulève également la FNPFL qui estime que le ministre s’oriente vers des décisions qui vont à l’encontre de la compétitivité.

FOP : un «arrêt de mort» pour la féverole Les producteurs d’oléagineux et de protéagineux de la FOP regrettent de leur côté que le critère relatif au seuil de température n’ait pas été retenu et affirme que la solution retenue signe quasiment l’arrêt de mort de la culture de la féverole en France du fait de l’impossibilité qu’il y a de procéder aux traitements indispensables au moment nécessaire. Source : pleinchamp.com

Des lunettes high-tech pour compter les pucerons Ce n’est pas de la science-fiction. Les agriculteurs pourront ainsi évaluer plus facilement le risque que font courir les insectes nuisibles à leurs cultures. Avez-vous déjà essayé de compter des pucerons ou autres insectes dans une plantation ? Vraisemblablement pas. Un exercice qui est loin d’être facile et pourtant très utile, comme le précise Daniel Trocme, ingénieur à l’association régionale de services aux organismes d’élevage (Arsoe) de Bretagne. « Ce comptage permet d’assurer une politique de prévention pour les cultures. Quels sont les dégâts engendrés par les nuisibles, quelles zones sont touchées et comment les traiter ? » Un enjeu environnemental mais aussi économique.

Démonstration

« Nous avons développé un nouveau système à base de lunettes intelligentes pour aider à compter les pucerons », poursuit Daniel Trocme. Un 6

système composé de lunettes, de type Google Glass, avec un mini-écran sur lequel peuvent s’afficher des images et des données, d’un micro qui peut convertir la parole en texte et surtout d’une connexion à Internet pour recevoir et envoyer des données en temps réel. « Notre solution permet vraiment d’aider le technicien dans son travail. Sa position est automatiquement géolocalisée pour savoir sur quelle parcelle il se trouve. Grâce au micro, il peut envoyer des informations, par exemple sur le nombre de pucerons dans un artichaut. » Des informations qui iront directement enrichir une base de données distante. Plus besoin d’avoir sur soi un carnet de notes dont les écrits devaient ensuite être ressaisis ultérieu-

Agriculture du Maghreb N° 76 Juin 2014

rement. Un véritable gain de temps. « En cas de doute, le technicien peut aussi, toujours grâce à ces lunettes, prendre la photo d’une espèce qu’il n’identifie pas ou faire appel à une bibliothèque d’images pour l’aider à reconnaître l’insecte face à lui. » Le tout en gardant les mains libres et en se jouant des conditions atmosphériques. « Ce travail de comptage se fait souvent au petit matin dans des conditions très humides. Ce qui ne facilitait pas le travail. » Les ingénieurs en recherche et développement de l’Arsoe ont

validé ce travail et l’ont présenté devant des professionnels. «Notre but n’est pas de commercialiser cette technologie mais de montrer ce qu’elle peut apporter à nos clients et de les aider, s’ils le désirent, à l’acquérir. » Les clients pourraient être issus des entreprises aussi bien des secteurs de la terre, de la mer, de la sylviculture ou de l’environnement.

Samuel NOHRA


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