Liaisons n°71

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ÉDITORIAL L’AFAL, coupable ou victime ? Notre association a dépensé beaucoup de moyens et d’énergie pour faire appliquer la loi de la République et donc de la nation : la loi Toubon, qui traduit le respect d’une culture et d’une vision de la diversité humaine, notre langue à vocation mondiale. L’AFAL l’a-t-elle suffisamment fait savoir ou a-t-elle mal communiqué sur cette activité essentielle ? La réponse n’est pas facile à faire, ne voulant froisser personne ; mais il est vrai que les temps modernes et nouveaux exigeront des moyens qui attireront autrement l’attention des populations et de leurs gouvernements. Ne devrions-nous pas réfléchir à l’extinction des scribes lorsque les imprimeurs sont apparus ? Mais pour en revenir au fond des choses, je prendrai quelques exemples vécus de l’année écoulée. La campagne électorale de 2012 a mis en avant un mot-clé de notre société contemporaine : la diversité. Elle est partout, dans la recherche scientifique en biologie, dans les équipes de football, chez les élus, dans le gouvernement de la France ; tout ceci n’est pas choquant du tout. La diversité exprime l’ouverture d’esprit, le rapport tolérant à l’autre, la richesse de la créativité artistique… Il n’est qu’un sujet où la diversité serait ringarde : la langue. Que les mêmes qui en font leur substrat intellectuel et idéologique soient les chantres de cette diversité, tant mieux et bravo, mais qu’ils soient prompts à déléguer à une autre langue que leur langue maternelle leurs moyens de communication a de quoi surprendre. Cette contradiction entre l’adoration de la diversité et le reniement culturel a de quoi nous étonner. Quand une firme automobile française s’étonne de ne pas aussi bien vendre son nouveau modèle qu’une firme allemande qui décrit son modèle en langue germanique, en France même, en écrivant « Das Auto », au lieu de « Let your body drive » pour le produit français, est surprenant. Il faut dire que l’assujettissement des directeurs de « marketing » à des agences de publicité américanisées explique bien des choses. Quand la SNCF a un produit de restauration sur ses TGV « very in box » ou fait un article dans sa revue sur le « crowfunding », ceci devient une agression contre l’esprit… Mais en me promenant à travers les provinces espagnoles, j’y ai trouvé des hommes et des femmes à Barcelone qui avaient le plaisir un peu rude de me montrer qu’ils parlaient catalan ou anglais mais pas le castillan, l’espagnol. J’ai trouvé des distributeurs de billets en France qui affichaient leurs indications en basque avant de les écrire en français. Peut-être parce que ces populations sont fières d’être ce qu’elles sont ! Aurions-nous perdu, comme certaines de nos entreprises privées et publiques (comme France 2), la fierté de ce que nous sommes ? Ah, que les beaux esprits qui ne rêvent que de diversité la respectent au détour de leurs phrases !

Jacques Godfrain

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