Extrait de la pièce de théâtre "Caillasses" de Laurent Gaudé

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Fatima. Elle est encore plus sourde que toi ! Là ! Nous sommes là ! Nazria. Vous entendez les chants ? Fatima. Bien sûr qu’on les entend ! Tu crois qu’on s’est levés pour faire un feu de camp ? Farouk. Ils sont de plus en plus nombreux. Nazria. Vous croyez qu’ils arrivent ? Farouk. Oui. Ils se pressent sur les routes. Ils vont surgir de par-

tout. Fatima. Pourquoi est-ce que nous sommes les seuls à les entendre ? Farouk. Parce que les autres dorment. Nazria. Vous croyez qu’il faut les réveiller ? Fatima. Non. Ils nous prendront pour des fous. Nazria. Qu’est-ce qu’on fait ? Farouk. Il faut attendre que le jour se lève. Ils verront bien alors, de leurs propres yeux, que des colonnes entières d’hommes et de femmes affluent vers la ville. Fatima. Je n’arrive pas à y croire. Nazria. Regardez. Le ciel s’éclaircit. Fatima. Les voix se sont tues. Farouk. Elles disparaissent toujours avec les premières lueurs du

jour. Fatima. Farouk, est-ce que tu crois que c’est pour aujourd’hui ? Farouk. Aujourd’hui, c’est sûr.

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