A travers le monde - 1895

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l'ours noir, et de nombreuses panthères de diverses espèces. Dans les grandes forêts il rencontrera encore des loups, des renards, des chiens-ratons, des sangliers. Et nous ne parlons pas des faisaris, perdrix,

En Mandchourie Faune et Flore

Mandchourie, dans Ld'opérer cet hiver

le sud de laquelle viennent les armées japonaises, a un climat assez différent de celui de la Mongolie et du district russe de l'Oussouri, qui est beaucoup plus froid, à cause des courants d'air glacé venant de la mer

d'Okhotsk. La partie méridionale, assez protégée par des montagnes, atteint les températures extrêmes de + 32' 24' aux heures les au mois d'août et quelquefois de plus froides des jours d'hiver. On y cultive cependant du riz, du coton, et les environs de Moukden sont couverts de vastes cultures d'indigotier. Dans le sud, les mûriers poussent et nourrissent des vers à soie. Le tabac, importé autrefois de Corée, est réputé le meilleur de toute la Chine, particulièrementceluide la province de Ghirin. La culture du pavot et la fabrication de l'opium sont interdites mais se font clandestinement. Pour leur nourriture les habitants, outre les légumes; font venir du blé, de l'orge, du maïs et plusieurs variétés de millet. Cette dernière plante est d'un usage universel on donne du millet aux animaux, on en fait une farine très estimée pour les hommes; avec les tiges, employées en guise de chaume, on couvre les toits, on fait des haies, et même des passerelles sur les cours d'eau; "enfin on s'en sert comme de combustible. Les variétés de fèves sont nombreuses. Cer-' taines fèves, cuites dans du beurre, écrasées et pressées, constituent des gâteaux très appréciés des Chinois du sud. Comme fruits, la Mandchourie produit surtout des poires, et celles de la meilleure qualité ont l'honneur d'être réservées à la cour de Pékin. Dans le sud on trouve de la vigne, mais assez rarement. Il existe aussi dans cette contrée une plante qui jouit, soi-disant, de propriétés médicinales merveilleuses, le ginse~ag, et une autre, l'herbe oula, qui aurait l'inappréciable qualité, mise dans les chaussures, de tenir toujours les pieds chauds. Parmi les animaux domestiques, le porc est de beaucoup le plus commun. Sa chair est un des aliments favoris des Chinois en général. Les autres espèces sont à peu près comme celles d'Europe, à cette exception que les chevaux ne sont que des poneys aux formes trapues et ramassées et que dans le nord on ne trouve plus de moutons. Pour le chasseur, la Mandchourie est un territoire excellent. A côté du gibier inoffensif, comme le daim, le cerf, le lapin, l'écureuil, la zibeline, il trouvera un gibier d'une poursuite plus émouvante, le tigre,

coqs de bruyère, cailles, etc. Quant aux pêcheurs, les riviè.res leur fourniront à foison des saumons énormes et des esturgeons de grande taille, sans compter un poisson d'un goût renommé que les Chinois appellent houa~a-tszoua~a. Dans certaines rivières on trouve des perles, mais

elles sont réservées à la cour impériale de Pékin. On voit que, pour les amateurs de sport, la Mandchourie ne serait pas un pays dédaigner. Reste à savoir si l'accès en est très facile. Plusieurs voyageurs y ont pénétré ces années passées, mais bien des parties sont encore mal connues.

Jules Leclercq.

ri. traverc !Ifr(,lue Austr.ile, gravures et carte.

Paris, r&~5. Plon, in-I2, 3 fr. 50, popularité qui s'attache aujourd'hui à Kimberley,à JohannesL LA burg, donne un intérêt spécial à tout ce qui concerne les rapAnglais et des Boers, dans l'Afrique australe, et surtout des ports du puissant homme d'Etat dont la politique vivifie rapiau nom dement ces contrées neuves, M. Cecil Rhodes un tel livre ne pouvait être que le bienvenu. D'ailleurs, M, Jules Leclercq a depuis longtemps fait ses preuves. Il a voya~é un peu partout il est allé du Mexique et des Etats-Unis au Caucase et à l'Ararat; il avait préludé à sa longue série de voyages extra-européens par des voyages dans le nord de l'Europe, aux Fàr Oer et en Islande, aux Pyrénées et dans les Alpes, en Algérie et au Maroc. C'est donc à un voyageurde race que nous avons affaire en outre sa longue expérience lui permet non seulement de bien voir, mais de faire un juste choix dans ce qu'il a vu. Aussi nous ne croyons pas que parmi les relations de voyage publiées dans ces dernières années, il y en ait beaucoup qui vaillent celle-ci, tant pour la rapidité et le charme du récit, que pour le profit qu'on en Ce sont de simples excursions en pays bien connu que M. Leclercq a faites. 11 est arrivé à Capetown, qu'il nous décrit longuement. Il a eu l'honneur de diner avec M. Cecil Rhodes et de recueillir de sa bouche des confidences sur ses vastes projets. Puis, prenant tout simplement le chemin de fer, il a vu successi,vement Kimberley, la Golconde africaine ville de fer-blanc qui a grandi rapidement au milieu d'un affreux désert, océan de poussière ou mer de boue, suivant la saison, puis Johannesburg, cette étonnante ville qui en cinq ans est devenue la plus grande de l'Afrique australe, et qui, dans cinq autre années, suivant les pré-. visions probables, atteindra 2ooow habitants. Il se donne le plaisir de comparer ces villes minières où affluent les chercheurs d'or et de diamants de tous les pays, où les hôtels,. les théâtres, les bourses, rappellent de si près l'Europe et les Etats-Unis, où la circulation se fait par voies ferrées ou par cabs, avec ces paisibles cités qui rappellent l'ancien Transvaal, Pretoria, Pieter Alaritzbourg, villes de fermiers et de pasteurs, cachées parmi les saules, et où la marche lente des chars à boeuf§ symbolise bien tout le train de la vie. DI. Leclercq s'est même offert un voyage en diligence qui lui a rappelé le Mexique, et il a fini son excursion par une visite au paradis de l'Afrique c'est-à-dire au Natal, qu'il appelle encore Sud et où les monts Drakensberg tien« l'Italie de l'Afrique du nent la place des Alpes. On ne saurait croire quelle impression pittoresque, nette, vivante, vous reste de cette lecture. En outre titi a appris quelque chose. On sait comment s'opère l'exploitation du diamant et de l'or, on connait le régime quasi monacal auquel sont soumis les travailleurs noirs à Kimberley,On n'ignore plus ce que les Boers ont de bon et de mauvais. Tout le monde lira donc ce petit livre de 3 12 pages, attachant comme un roman, sans cependant cesser Œétre substantiel.

tire.


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