L'amiral Courbet au Tonkin, souvenirs historiques. 1896

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marine, et d'une cinquantaine de miliciens tonkinois. Comme ces derniers, pas plus que les Français, du reste, n'avaient aucune grâce à attendre de leur

adversaire, ou pouvait compter sur leur dévouement et sur leur courage. Mais le capitaine frémissait à la pensée que la petite troupe pouvait se trouver

sans munitions si la résistance se prolongeait un peu. S'il est des choses qui divisent les meilleurs amis, il en est d'autres, au contraire, qui rapprochent les natures les plus indifférentes et cimentent entre les gens

qui se connaissent le moins des sentiments d'amitié profonde. Les périls courus en commun ont, entre autres, ce noble privilège.

Aussi, bien que personne n'en eût parlé, les inquiétudes du capitaine étaient-elles partagées par tous les défenseurs du fortin, qui, tout en combattant de leur mieux, prêtaient une oreille attentive à tous les bruits de l'extérieur. Le capitaine crut bientôt remarquer que

les feux de la citadelle semblaient se ralentir. Les feux de salves étaient tout aussi nourris que les précédents, ce qui semblait indiquer que le nombre des tireurs


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