L'Avenir de l'agriculture

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Si l’agriculture doit continuer, les jeunes doivent l’adopter comme carrière. Mais de nos jours, les jeunes n’aspirent pas à devenir agriculteurs et la gestion des petites exploitations agricoles n’est pas considérée comme étant une activité respectable. Dans la plupart des pays, l’agriculture ne bénéficie pas du statut d’activité professionnelle. Par conséquent, des salaires de main-d’œuvre non qualifiée sont appliqués. Cette situation peut et doit changer dans les pays en développement comme dans les pays développés. Les exploitations agricoles doivent être gérées comme des entreprises à but lucratif si elles veulent attirer une nouvelle génération d’agriculteurs. Peut-être, comme le suggère Nicko Debenham, une forme d’entreprise communautaire ou de groupement d’intérêt économique offrirait un modèle d’affaires durable qui pourrait générer un « niveau de vie plus qu’acceptable ». Je me demande si cela serait intéressant pour Susan Godwin, qui veut une sécurité foncière et plus d’accès à l’information pour sa fille. Ou pour Rokeya Kabir, qui affirme que les agricultrices méritent plus en échange de leur dur labeur. Les opinions exprimées ont été nombreuses et ceux qui sont d’avis différents ont rarement eu des échanges entre eux. Les questions concernant les positions pour ou contre l’autosuffisance alimentaire sont restées en suspens. Une grande partie du débat tournait autour de l’espoir, un espoir peut-être mieux exprimé par John Ambler qui a envisagé des réformes institutionnelles menant vers une alimentation plus saine et un meilleur système alimentaire. Le défi sous-jacent a toujours été la politique. Comme l’a souligné Prem Bindraban, les structures de pouvoir, les intérêts personnels, les aspects économiques et autres éléments déterminants influencent les décisions dans le domaine de l’agriculture. Les participants au débat ont partagé ce sentiment de différentes manières afin d’exprimer à la fois du scepticisme et de l’espoir. Cependant, la réalité c’est qu’il a été difficile de susciter une volonté politique qui favorise les petits exploitants.

La réalité c’est qu’il a été difficile de susciter une volonté politique qui favorise les petits exploitants

Comme le dit l’adage indien, la personne qui a soif va vers le puits. Le puits ne vient pas à elle. Néanmoins, les experts ont à l’unanimité le sentiment que les agriculteurs doivent produire pour le marché, obtenir des informations sur le marché et amener leurs récoltes vers le marché. On pense que si la nourriture était un besoin prioritaire des consommateurs, ceux-ci prendraient l’initiative eux-mêmes ou pas le biais de leurs représentants. Le consommateur qui est en général urbain et a un niveau de revenus plus élevé doit prendre ses responsabilités pour créer des réserves destinées à faire face aux aléas climatiques et à se prémunir contre les fluctuations des prix. L’agriculteur doit être en mesure de déterminer s’il est capable de produire pour vendre au prix qu’offrent les consommateurs ou si des négociations plus poussées s’avèrent nécessaires. Une agriculture soutenue par la communauté, où les communautés investissent dans des exploitations agricoles par abonnement, est un modèle auquel on devrait accorder plus d’attention. En effet, elle garantit aux agriculteurs un prix équitable et assure aux consommateurs une alimentation saine et digne de confiance, tout en partageant les risques. La plupart du temps, les choses ne se passent pas de cette manière. Les politiciens doivent faire plaisir à leurs circonscriptions et la majeure partie de leur électorat est constituée de citoyens qui ne sont pas des agriculteurs et qui vivent dans des zones rurales plus aisées. Les entreprises privées considèrent l’agriculture comme une source inépuisable d’affaires et de profit. Le pouvoir politique de l’industrie de combustibles fossiles et les lobbies de l’agro-industrie maintiennent l’agriculture dépendante des combustibles fossiles. Les ONG, bien qu’étant toujours à court de ressources, peuvent créer des modèles d’excellence démontrant le succès des innovations. Cependant, ces modèles sont rarement reproduits à grande échelle. Les institutions de

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Les agriculteurs doivent être reconnus comme co-créateurs de connaissances dans le domaine de l’agriculture, encouragés et respectés pour les innovations qu’ils développent.

L'avenir de l'agriculture : synthèse d'un débat en ligne


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