WAS Magazine 06 / We are Strasbourg

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We Are Strasbourg



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Ceci est un ours.

WAS Magazine

Les Contributeurs

DIRECTEUR DE PUBLICATION / RÉDACTEUR EN CHEF

mise en page shopping list

Mathieu Wolfersperger (mathieu@wasmagazine.eu)

Claire Humbert

DIRECTEUR DE LA PHOTOGRAPHIE Vincent Muller (vincent@wasmagazine.eu)

rédaction Caroline Toussaint, Widad Mai, Arthur Ségard, Vivien Zell, Thibault Dutt, Bob, Léa Davy, Marie Grunenwald, Thomas Rahoual, Roxane Manguin, Diane de Battisti

PhotographIe Chef de Publicité Céline Debes (celine@wasmagazine.eu)

Ignacio Haaser, Ophélie Longuépée, Nicolas Winz, Agathe Decaux, Denis Metzger, S. Champagne, Kuhn, Baptiste Maître, Jérémy Laligand

DIRECTion artistique

Khat Factory, Bertrand Mathis, Stéphanie Ong

Sven Lallart (sven.lallart@gmail.com)

Illustration MAquillage Aline Koehren pour Emiartistick

MODE Anne-Sophie Moussard (anzo@wasmagazine.eu)

Coiffure Xavier Thammavongsa, Beauty Artistick

Modèles

DIFFUSION L’équipe WAS et quelques bras supplémentaires

Claire, Nina, Prescilla, Stéphanie, Vera

Crédit couverture Khat

Ce bimestriel est édité par : Untamed’Press 10, Place Saint-Étienne - 67000 Strasbourg SARL au captital de 2 000 euros

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Impression : Tezida Print 10, Rue Viskyar Plania - 1407 Sofia - Bulgarie Dépôt légal : Mars 2013 / Exemplaires : 9 000 / SIRET : 533 89266700023 / ISSN : 2119-7520


Billetterie

ENVIE DE SORTIR ? LA FNAC VOUS INSPIRE

FESTIVAL DES

ARTEFACTS 2013 Du 10 Au 28 à STRASbouRg AVRIL

mERCREDI

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bALkAn bEAT box + ThRoES & ThE ShInE

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Ez3kIEL ExTEnDED

LA LAITERIE

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ExpéRIEnCES éLECTRo RoCk Dub noISE bARoquE SonoRES & VISuELLES AVEC 15 muSICIEnS

ponI hoAx + juVEnILES 20 + ConCRETE knIVES + yAn wAgnER + ... SAmEDI

LA LAITERIE

pop RoCk InDIE SynTh wAVE éLECTRo

VEnDREDI

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boyS noIzE + VITALIC

LIVE

zénITh DE STRASbouRg

VTLzR LIVE

+ gESAFFELSTEIn + SExy SuShI + CoLD wAR kIDS

LIVE

+ zEDS DEAD Dj SET + TEAm ghoST éLECTRo TEChno wAVE ShoEgAzE DubSTEp

SAmEDI

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C2C + wAx TAILoR

zénITh DE STRASbouRg

& ThE DuSTy RAInbow ExpERIEnCE

+ kEny ARkAnA + kERy jAmES + Dj kEnTARo +...

éLECTRo hIp-hop TuRnTAbLISm CRoSSoVER

DImAnChE

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ARChIVE + wooDkID + Lou DoILLon + bEnjAmIn bIoLAy + LESCop + LA FEmmE

InDIE RoCk pop FoLk éLECTRo

ExTRAIT DE LA pRogRAmmATIon

Réservez vos billets en magasin, sur votre mobile et sur fnac.com

Bar

LA LAITERIE

woRLD bEAT éLECTRo RoCk

SAmEDI

NOUVEAU

zénITh DE STRASbouRg

fat caveau !!!

devient encore plus avec l’ouverture prochaine du


Sommaire

18 De la radio avec RBS, du Hip-Hop avec DJ Premier et bien d’autres encore...

Strasbourg BY WAS

rencontres

46 MODE La Belle à l’aile, la mode bottée en touche. Mon shopping spécial printemps

92 Zoom sur le travail de Ignacio Haaser photographe saisissant.

Un dossier spécial vélo et toujours de l’insolite vu par WAS

30

culture

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Littérature Musique Art …

WAS THAT ? Du Western alsacien à la poupée pour papa avec en prime un dossier spécial Japon !

Cahier d’artiste

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Carnet d’adresses

Antoine & Lili 20 rue des Juifs 67000 Strasbourg

Espace Kroom 91 route des romains, 67200 Koenigshoffen

Morphose & Vous 12 rue du Faubourg de Pierre 67000 Strasbourg

Asia 54 Avenue de Colmar 67100 Strasbourg

Gaia Bijoux 2 quai des pêcheurs 67000 Strasbourg

Passe Muraille 9 rue Goethe 67000 Strasbourg

Aux Rêves des Caftans 19 rue de la 1ere Armée 67000 Strasbourg

Guipure 27 quai des Bateliers 67000 Strasbourg

Printemps 1-5 rue de la Haute-Montée 67000 Strasbourg

Big Apple 1 rue du Bain Finkwiller 67000 Strasbourg

Hic & Nunc 4 rue de la Brigade Alsace Lorraine 67000 Strasbourg

Rustine & Burette 1 rue des Sœurs 67000 Strasbourg

Bowling de l'Orangerie Parc de l'Orangerie 67000 Strasbourg

Lady Mistigri 13 rue Sainte-Madeleine 67000 Strasbourg

Sandra Ongles en Délire 1a rue des Cigognes 67000 Strasbourg

Bretz'Selle 10 rue des Bouchers 67000 Strasbourg

La Lucarne 18 quai des Bateliers 67000 Strasbourg

Stimultania 33 rue Kageneck 67000 Strasbourg

CADR 67 12 rue des Bouchers 67000 Strasbourg

Le Nouvel Accord 34 quai des Bateliers 67000 Strasbourg

Toi mon Toi 44 quai des Bateliers 67000 Strasbourg

Cycle Angot 58 rue de Zürich 67000 Strasbourg

Marjy & Co 41 quai des Pêcheurs 67000 Strasbourg

Troc’Mode 38 rue du Jeu des Enfants 67000 Strasbourg

Écono'clope 48 rue du vieux marché aux vins 67000 Strasbourg 112 Avenue de Colmar 67100 Strasbourg

Midori 51 rue de Zurich 67000 Strasbourg

Vent Divin 16 rue de la division Leclerc 67000 Strasbourg

Emiartistik 1 rue Saint Charles 67300 Schiltigheim

Mood Club 18 rue du Commerce 67550 Vendenheim


u ÉDITO

EDITO Cette veine !

WAS #06 ! lors comme ça vous aussi, vous avez survécu à la fin du monde programmée ? Bande de petits veinards ! Nous voici donc tous ensemble en 2013, avec un septième numéro de WAS Magazine (pour ceux qui n’ont pas suivis, il y a un Numéro 0) dans les mains. Toujours la même recette : des rencontres aux sujets totalement décalés, tout y est ! Un tour d’horizon de la vie culturelle strasbourgeoise dans 128 pages d’infos gratuites et accessibles à tous. Rien n’a changé en plus d’un an d’existence : ni l’authenticité de WAS Magazine, ni la sincérité de son contenu. Dans ce WAS #06, on fait appel à votre coté “western” et un détour par une usine qui fabrique de drôles de poupées ! Sans compter un détour par le pays du Soleil Levant, avec un dossier spécial culture japonaise ! Bonne lecture à tous !

EDITO


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6 Numéros + 2 Hors-Série VOTRE RÉGLEMENT Par chèque bancaire ou postal à l’ordre suivant : Untamed’Press - 10, Place Saint-Étienne - 67000 Strasbourg VOS COORDONNÉES Merci de remplir vos coordonnées avec vos plus belles majuscules et de joindre l’ensemble à l’adresse ci-dessous. L’Équipe WAS s’occupe du reste !

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sélection

Fumer électronique Mille fois moins nocive que la vraie cigarette, moins chère et autorisée dans les lieux publics, pourquoi ne changez-vous pas pour Econo’Clope ? Si vous êtes accroc au tabac, vous devriez sans doute vous intéresser à la révolution technologique que représente la cigarette électronique. Familiarisez-vous avec cette gamme de produits novateurs constitués d’une batterie rechargeable et d’un dispositif transformant un e-liquide en brouillard d’eau reproduisant ainsi une sensation identique à la vraie cigarette. Les e-liquides existent en une multitude de saveurs et de dosages nicotiniques. Découvrez sans plus tarder le monde des « vapoteurs » et profitez des conseils de l ‘équipe d’Econo’Clope qui se fera un plaisir de vous faire goûter la trentaine de parfums disponibles et de sélectionner avec vous le modèle le plus adapté à vos envies. Deux adresses à Strasbourg ; au centre, à côté de la place de l’Homme de Fer et à Neudorf, avenue de Colmar. Econo’Clope : 46, rue du Vieux Marché aux Vins 67000 Strasbourg 112, Avenue de Colmar 67100 Strasbourg www.econoclope.com

New-York à Strasbourg Au coeur de la Petite France, découvrez le Big Apple, un bar Cosmopolite et convivial mixant notes de jazz et sports made in USA. Laissez-vous séduire par cette véritable fusion entre un “authentic Sports Bar” de Time Square et un Jazz Bar de Soho. La carte présente des cocktails originaux et variés, des vins savamment choisis ainsi qu’un large choix de bières à la pression ou en bouteille. Si vous êtes pris d’une petite envie de grignoter, pourquoi ne pas déguster un amuse-bouche, une planchette ou un hot dog ? Ouvert de 17h à 1h30 en semaine et jusqu’à 3h le vendredi et le samedi, venez profiter d’un moment de détente, seul ou entre amis dans une ambiance typiquement new-yorkaise. Big Apple 1, rue du Bain Finkwiller, 67000 Strasbourg www.bigapplebar.eu

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sélection / Malajambota

Malajambota Tinto

L’

Alt Emporda situé en Catalogne au pied de la chaine des Pyrénées, la partie orientale est caractérisée par la Costa Brava. Elle conserve quelques ilots de typicité, tels que les villes de Cadaquès, El Port de la Selva, protégées par le parc naturel du Cap Creus. Quelques intrépides entrepreneurs de décident de relancer le projet ambitieux de redonner vie à la culture de la vigne, précisément des parcelles du lieu Malajambota. Situées dans un écrin de verdure sauvage méditerranéenne, au fond de la vallée qui prolonge El Port de la Selva, ce vignoble était déjà réputé en l’an de grâce 1420, selon les écrits du Monastère San Pere de Rodes, et ses vins commercialisés en Catalogne. Les 7Ha aujourd’hui plantés sont bercés par les embruns salés de l’air marin, et ventilés par le vent frais du nord, la Tramontane. Les cépages, Muscat d’Alexandrie, Grenache, Cabernet Sauvignon et Syrah s’associent au climat méditerranéen et sont protégés par la baie naturelle de Port de la Selva et du réputé Cap Creus. Le millésime 2008, élaboré à partir des vendanges de Syrah et Grenache, est l’aboutissement de ces travaux. Vin de qualité rapidement reconnu par l’ensemble de la profession, Malajambota fait désormais partie du paysage viticole du parc naturel du Cap Creus. Le millésime 2009 comptera sur la production du Cabernet Sauvignon. La récolte est effectuée à pleine maturité. Les vendanges sont exclusivement manuelles en caissette de 20Kg pour un respect maximal des fruits. Les vinifications sont traditionnelles, et l’objectif est la mise en avant et la recherche des caractéristiques de ce terroir ancestral. Robe aux couleurs soutenues et profondes, teinte bigarreau, aux reflets grenats selon millésime. Les arômes intenses mettent en avant un élevage sous bois qui, à l’aération laissent rapidement place aux parfums de fruits frais, fraise, mûre, prune et d’épices, cannelle, poivre noir. Des notes

de cuirs apparaissent enfin. L’entrée en bouche est puissante. Aromatiquement proche des fruits à l’alcool, le vin évolue vers une structure tannique qui pousse la bouche en longueur. Une belle sucrosité, contrebalance la puissance tannique pour aboutir vers une belle buvabilité. Ces vins sont destinés à une consommation dès à présent mais peuvent évoluer en cave, patiemment, dans des conditions adéquates, pour une évolution aromatique et un étirement des tanins les 5 à 10 prochaines années. Ce millésime 2008 accompagne favorablement les viandes puissantes de gibier mais reste un incontournable de la table méditerranéenne, des poissons goûteux de la côte rocheuse, rougets, lottes, daurades, accompagnés de poivrons mi-cuits en escalivade ou cuisinés en diverses sauces tomates, ou en soupe relevée de poissons de roche. Température de service 18°C. Existent en vin blanc moelleux, vin blanc sec, rosé, Grande Réserve et Huile d’Olive. Facebook : Malajambota www.malajambota.fr Contact : Didier Wollenschlager 0676664531

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sélection / Biscoto

Biscoto Le journal coloré, vitaminé et musclé

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iscoto, le journal plus fort que costaud, est maintenant disponible en librairie ou sur abonnement ! Un journal pour les enfants dès 6 ans, qui tire sa force de son humour et de son audace, et dont chaque numéro tourne autour d’un thème décalé… De quoi ravir les enfants comme leur parents, pour seulement 3,50€ par numéro. Au mois de janvier,pour sa première parution, Biscoto s’est paré d’un aspect sauvage, en arborant les couleurs de la jungle et des animaux de la savane, pour réveiller les explorateurs qui sommeillent en vos petits costauds. Ce mois-ci, le thème du journal est «Miam», quoi de plus alléchant ? Chaque numéro contient une histoire complète sur trois pages, un poster, une BD à suivre à chaque numéro, une page de jeux et de blagues, sans oublier un peu de culture, et plein d’autres surprises plus musclées les unes que les autres. Tous les mois, vos enfants, filles ou garçons, auront donc droit à leurs 16 pages de bonne humeur, avec un vrai journal comme pour les grands mais sans mauvaises nouvelles dedans ! Et oui, il n’y a pas d’info dans Biscoto, ce qui permet à chaque numéro d’être toujours d’actualité, jamais dépassé, jamais bon à jeter. Si vous êtes un jeune artiste illustrateur, auteur, ou bédéiste, Biscoto est intéressé ! Mettre en avant des jeunes talents, être une vitrine de nouvelle création visuelle, c’est le credo de Biscoto, alors n’hésitez pas à les contacter à l’adresse biscoto@biscotojournal.com ou sur www.biscotojournal.com

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sélection / Profil DJ

Profil DJ

E

n septembre 2012 est née l’émission web « Profil DJ », une émission faite par des clubbers, pour des clubbers ! Profil DJ vous fait découvrir les DJ qui font bouger les boîtes strasbourgeoises et alsaciennes. Cette émission web est produite par Sébastien Birlouet, membre de l’association « Artweb Prod » qui a aussi réalisé plusieurs fictions et qui était membre du Jury du festival CoupezCourt en 2012. Chaque mois, Profil DJ et ses enquêteurs interviewent un DJ différent pendant environ 10 minutes, pour vous permettre de découvrir son univers, son parcours, ses inspirations etc. Morgan Nagoya et DJ From Mars par exemple sont passés devant leur caméra, tout comme Joachim Garraud ci-dessous. Retrouvez toutes leurs interviews sur Facebook et Youtube.

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sélection / Contes

« Tu m’racontes une histoire ? » À chaque réunion de famille, c’est pareil : les enfants se retrouvent, ils se dispersent dans les quatre coins de la maison, et on ne les voit plus jusqu’à ce qu’ils viennent demander : « Tu m’reconstruis mon bateau Playmobil ? ». Mais de temps à autres, lorsqu’ils sont fatigués d’avoir trop joué, les gamins accourent en groupe, et on a droit à un « Tu m’racontes une histoire ? ».

L

es contes, c’est la valeur sûre pour les divertir : une princesse, un monstre, un peu de poussière de fée, et ça y est, on est au pays des animaux qui parlent et des haricots magiques. Or, même si les vieux classiques de Grimm ou Perrault restent merveilleux, les gamins de la nouvelle génération ne sont pas contres un peu d’innovation…

France 3 Alsace et l’Office pour la Langue et la Culture d’Alsace se sont alliés à la société Innervision pour créer un DVD de contes, légendes et petites histoires intitulé : “Promenons-nous dans les contes”. À l’origine, le but était de créer un support pour permettre aux enfants d’apprendre l’Alsacien tout en s’amusant. Or, très vite, il a été question de traduire ces contes en Français, en Allemand et en Anglais. « Étant spécialisés dans les travaux multilingues, nous avons réalisé

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ces versions française, anglaise et allemande afin de développer l’outil pédagogique », précise Luc Tharin, le producteur. « On était une petite équipe, composée d’une auteure, d’une illustratrice, de musiciens, traducteurs, etc… Mais on a pris beaucoup de plaisir à réaliser ces contes, et ça se ressent au final. » En effet, le DVD propose 20 contes magnifiquement animés et tous amusants. C’est en version française qu’Absinthe, Garance, Ambroise et Rose ont visionné les petits contes. Après une journée bien remplie, rien de tel qu’un moment de détente à écouter des histoires, et qui plus est, à admirer les illustrations animées. Pendant 45 minutes, les quatre petits mignons ont souri, ri, et découvert des personnages tous plus sympathiques les uns que les autres. Le DVD propose des contes traditionnels, comme Le Petit Chaperon Rouge, ainsi que des récits beaucoup plus modernes, où l’on croise des fantômes, des pirates, des lutins rusés, des gnomes, et même

une famille de patates. Bref, de quoi plaire à tout le monde. Pour Rose et Ambroise (5 ans), la plus belle histoire est celle de L’Éco-Maison Hantée. « C’était trop cool, dit Ambroise, il y avait des squelettes ! « et des araignées ! », ajoute Rose. Quand ça fait trop peur, on tremble, mais après, c’est rigolo ! ». Les deux bambins sont cependant unanimes : à chaque fin d’histoire, ils criaient en chœur : « Déjà fini ? ». Garance (8 ans) et Absinthe (10 ans) les rejoignent d’ailleurs sur ce point : les histoires sont un peu trop courtes à leur goût.

Néanmoins, tous s’accordent pour dire que les illustrations sont « très belles ». Le réalisateur, Léo Puel et l’illustratrice, Lucie Brunellière, ont choisi de faire de ces images des « ombres chinoises ». Léo Puel explique comment sont fabriqués les contes: « une fois les histoires mises à disposition par Bénédicte Keck (auteure


et adaptatrice), Lucie Brunellière et moimême discutons des éléments dont j’ai besoin pour l’animation. Le défi consiste à faire vivre ces personnages. Si un mouvement de tête ou un regard est animé avec justesse, ils suffisent à véhiculer le ressenti d’un personnage à un moment donné ». Luc Tharin, le producteur, ajoute que l’équipe souhaitait introduire de la poésie et de la simplicité dans les dessins, afin de jouer la carte de l’élégance dans un monde trop souvent régi par les mangas et la 3D. Pari réussi : seules apparaissent des silhouettes, mais tous les petits héros ont su plaire aux enfants. Garance a d’ailleurs été charmée par l’un d’eux en particulier: « Tous les personnages importants sont en noirs, sauf Le Petit Renard Rusé. Lui, il est en blanc même s’il est important. Tu sais, c’était mon conte préféré : le renard, il cherche des empreintes dans la neige et après, il trouve un ami. » Garance ajoute avoir apprécié que chaque histoire soit différente. « En plus, c’est souvent drôle ! »

trop vite, l’action n’était pas assez présente. Bon, ce n’est pas très grave, car dans chaque conte, ça se finit bien, et c’est souvent des histoires d’amitiés et de gentillesse ! Ça ressemble aux histoires qu’on nous raconte avant de dormir ! »

Diffusés par France 3 Alsace, ces contes pourraient aussi faire rêver les enfants d’autres horizons ces prochains temps, puisque des négociations sont en cours avec des chaînes germanophones et anglophones. Innervision pense même à adapter ces contes dans d’autres langues régionales. Le DVD est disponible dans les FNAC, librairies, et magasins de grande distribution ; et que vous soyez petit ou grand… chacun y trouvera son « conte »… Propos : Caroline Toussaint Illustrations : Lucie Brunellière/Fotolia Le DVD propose 20 contes. Disponible dans les FNAC, librairies et grandes surfaces

Absinthe, 10 ans, a beaucoup ri grâce à l’histoire d’Aloys et Franz. « C’était deux gros messieurs rivaux et j’ai entendu qu’ils disaient des mots alsaciens ! Dans un autre conte encore, il parlait d’une maison à colombages. Mais ça ne m’a pas choquée, moi j’ai pris ça comme des contes normaux, même si ça parlait de l’Alsace. » Absinthe admet que les contes lui ont plu, bien qu’elle n’ait pas compris la fin de certaines histoires : « Parfois, ça se finissait

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STRASBOURG BY WAS Oh, les beaux jours... Rien de tel qu’une petite promenade à vélo pour redécouvrir Strasbourg d’un oeil nouveau et ludique. Choisissez votre parcours, votre monture, vos objectifs et laissez vous porter par le plaisir d’une balade cheveux au vent.

Propos par : WAS Illustration par : Khat



Strasbourg by was / Le vélo à Strasbourg

le vélo à strasbourg Bientôt le printemps (oui oui, il va finir par arriver), c'est-à-dire le temps du soleil, des premières balades en amoureux ou entre amis… Le temps de profiter ! Quoi de mieux pour cela que d’enfourcher son vélo, pour parcourir la ville, accompagné du chant des oiseaux et d’un soda bien frais ? Pour que vos balades soient au top, WAS vous a préparé une mine d’infos sur les vélos, des boutiques tendances aux vélos électriques, en passant par le fameux Vel’hop strasbourgeois, pour ne citer que quelques exemples. Mais même si Strasbourg est la numéro 1 en France, grâce à son nombre de kilomètres de pistes cyclables, nous n’oublions pas les autres villes grâce à notre tour de France du bike ! Plein d’autres anectodes, informations, et on en passe, pour vous permettre de profiter, et de ne jamais vous ennuyer avec votre vélo !

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vél’hop Hop ! tous au vélo ! Déplacements rapides, balades accessibles à tous, promenade du dimanche ou randonnée pour confirmés, la mise en place du système de Vel’Hop a ouvert bien des horizons à tous les amateurs de deux roues ! Un vélo confortable, sécurisé et élégant, avec un cadenas, un panier et 3 vitesses… Tout ça est accessible pour toutes les bourses, avec des locations à partir de 1 € l’heure et de 80 € pour l’année, et des formules adaptées à vos besoins (location occasionnelle, location longue durée ou encore la formule liberté)Avec quatre boutiques Vel’hop et 11 stations réparties dans Strasbourg, trouver le Vel’Hop de votre choix sera un jeu d’enfant, pour parcourir les quelques 560 km de pistes cyclables de Strasbourg. Notez que chaque année, les parcours s’allongent de 10km, de quoi varier les plaisirs ! Alors n’oubliez pas, respectez le code de la route, soyez prudents, et hop, partez à l’assaut de Strasbourg et ses alentours avec votre Vel’hop !

Propos par : WAS Photo par : Agathe Decaux

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Parcours La piste des Forts La ville de Strasbourg nous gratifie donc de nombreuses pistes cyclables en tous genres et pour tous niveaux ! Aussi bien pour les enfants, que pour les envieux de découvrir les paysages et lieux insolites de la capitale Alsacienne. La piste des forts est, par exemple, directement accessible à Strasbourg offre 85km de piste entre l’Allemagne et la France, de parts et d’autres du Rhin, pour découvrir Strasbourg et ses alentours en alliant détente et paysages.

STRASBOURG CYCLE CHIC « N’hésitez pas, enfourchez votre vélo, vous serez encore et toujours beaux », c’est ce que veut vous faire comprendre le blog Strasbourg Cycle Chic. Ce site est une émanation locale d’une communauté internationale de bloggeurs, tous passionnés par la culture vélo. Ce blog a pour but de diffuser la culture Cycle Chic, qui part du principe qu’il est possible de faire du vélo quotidiennement tout en restant élégant, dans de plus en plus de villes.

Le mouvement Cycle Chic veut valoriser le vélo en rajoutant l’aspect esthétique au fait que ce mode de déplacement est bon pour la santé, pour la planète, et pour notre porte-monnaie ! Tout à commencé grâce à une photographie d’une jeune cycliste élégante, de dos, arrêtée à un feu rouge, qui fit le tour du monde. Elle fut prise par Mikael Colville-Andersen, qui l’a mise en ligne sur son blog en insistant sur le mélange du chic et du vélo. Depuis, une soixantaine de ville dans le monde ont ouvert un site ou un blog Cycle Chic

(Londres, New York, Barcelone, Budapest etc.), pour prouver en image que la pratique du vélo n’est pas synonyme d’inconfort, d’accessoires disgracieux et de vêtements spécifiques, mais plutôt de facilité, de classe et de naturel. Quant à la sécurité, la culture Cycle Chic veut faire comprendre aux cyclistes qu’il n’y a pas besoin de casques et autres équipements spécifiques pour l’assurer, c’est la masse de vélos qui s’en charge. Deux photographes amateurs alimentent le blog Strasbourg Cycle Chic, crée en juillet 2011, pour offrir un regard différent sur le vélo et montrer à quel point il est intégré dans la culture strasbourgeoise. L’idéal serai aussi d’exposer internationalement la spécificité de Strasbourg, où les vélos sont rois. Si vous pensez que vos clichés sont susceptibles d’intéresser les deux animateurs du blog, envoyez-les à : strasbourgcyclechic@gmail.com www.strasbourgcyclechic.com

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Strasbourg by was / Le vélo à Strasbourg

Tout ce qu’il faut savoir pour être un vrai cycleux strasbourgeois !

CYCLES ANGOT Au 58 rue de Zûrich, la boutique Cycles Angot vous propose des vélos vintage, fabriqués artisanalement avec des matériaux tels que le cuir et l’acier et montés à la main. Le but ? Que vous puissiez passer des années sur ce vélo, sans qu’il ne vous fasse faux bon. Pour ajouter du style à ces vélos et faire en sorte qu’ils répondent totalement à vos besoins, Cycles Angot propose aussi des paniers, des portespaquets et beaucoup d’autres accessoires. www.cycles-angot.fr

STRASBOURG BIKE POLO Il y a ceux qui aiment se balader tranquillement dans Strasbourg à vélo, et il y a les joueurs de Bike Polo. Ce sport irlandais, inventé en 1891, remplace la monture du polo traditionnel par un vélo, ce qui le rend beaucoup plus accessible. Il est d’abord devenu populaire aux Etats-Unis et accroît maintenant son champ d’action jusqu’à l’Europe, où plusieurs tournois sont organisés chaque années. Le Bike Polo est arrivé à Strasbourg grâce à l’association Strasbourg Bike Polo, composée de 15 membres, de 14 à 34 ans. Le 23 et 24 mars, à Lyon, l’équipe de Bike Polo de Strasbourg « Les Lingosaures », jouera les pré-qualifications pour représenter la France au Championnat d’Europe de Bike Polo.

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RUSTINE ET BURETTE Rustine et Burette est un magasin de cycles qui participe au développement de moyens de transport efficaces propres et sains ! La démarche de JeanLuc Kaeuffer , est résolument tournée vers l’utilisation du vélo sous toutes ses formes ; comme un moyen de déplacement, au quotidien, fiable et confortable ; comme un moyen de transport de personnes ou de marchandises, de voyage, de sport ou de détente… Au cœur de Strasbourg à deux pas de la cathédrale vous trouverez un large choix de cycles et d’accessoires de qualité adaptés à toutes les pratiques et à toutes les formes de vélos : urbain, électrique, bi-porteur , triporteur, pliable, tandems, couchés, draisienne (vélo sans roues pour enfant),

vtt, vtc, sport, fixie… ainsi que des rayons dédiés : Enfant, textile (Odlo), Librairie, cartographie, accessoires,bagagerie et remorques et des services, atelier de réparation et de transformation, location de vélos urbain, poste de gonflage gratuit à la disposition des clients, test et essais, formations et un point de dépôt des paniers de Mariette (paniers bio sur mesure). Passionné de voyages, de mécanique et de développement durable, Jean-Luc Kaeuffer partagera volontiers ses expériences pour la préparation de vos projets et vous accueillera dans un magasin qui se veut être un lieu de convivialité et d’échanges autour du vélo. www.rustineetburette.fr

Nos actions s’articulent autour : • de la concertation entre usagers et collectivités, de conseils en mobilité (Administrations, entreprises, grand public) • du marquage contre le vol • de la vélo école • de stands d’informations • d’organisations d’évènements vélo (Bourses, challenges, fête du vélo)

CADR 67 Le Comité d’Action Deux Roues 67 est une association bas-rhinoise de promotion du vélo au quotidien. À l’écoute de tous, notre association prône le respect de tous les usagers ainsi que le partage équitable de la rue. Nous menons des actions visant à améliorer les conditions de déplacement à vélo, tant sur le plan technique qu’au niveau comportemental.

Soutenez-nous, impliquez-vous : adhérez ! Le marquage de votre vélo offert pour toute adhésion à l’association sur présentation de cette annonce. Maison des cyclistes 12, rue des Bouchers 67000 STRASBOURG Tél : 03 88 75 17 50 Mail : cadr67@fubicy.org www.cadr67.fr

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Strasbourg by was / Le vélo à Strasbourg

BRETZ’SELLE Bretz’Selle est une jeune association née en avril 2010. Elle fait la promotion de l’usage du vélo par l’apprentissage de la mécanique cycle au sein d’ateliers d’autoréparation. Il s’agit d’une mise à disposition d’outils et de pièces, échange de conseils et de savoirs-faire pour que chacun apprenne à réparer son vélo lui-même. Comment ça marche ? • Atelier permanent ouvert 10 rue des bouchers aux adhérents durant les horaires de permanence. • Atelier mobile embarqué sur notre vélocargo pour intervenir sur des sites distants (socio-éducatif, entreprises, etc.) • Vélos d’occasion à réparer pour leur offrir une seconde vie. • Récupération de dons d’épaves en vue de leur revalorisation au sein des ateliers. • Stage de mécanique et de physique pour les enfants à partir de 7 ans. Ils sont à la recherche de partenaires et de bénévoles. N’hésitez pas à les contacter ! www.bretzselle.org

BILISO Des scooters aux vélos, Biliso mise sur le silencieux, l’écolo et l’élégant, grâce à l’électrique. Les véhicules Biliso, certifiés conformes aux normes françaises comme européennes, sont non seulement un gage d’originalité mais aussi de sécurité. Que vous vouliez aller travailler ou juste vous balader, les véhicules Biliso seront l’idéal pour tous vos trajets ! Mais vous pouvez bien sûr vérifier tout ça par vous même, en allant tester gratuitement le produit de votre choix, un samedi au 3 rue Saint-Gothard à Strasbourg www.biliso.com

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VLEC La marque jurassienne Vlec a proposé un vélo électrique pliable, design et accessible à tous : le Vlec Pocket. L’entreprise veut s’adapter aux besoins des utilisateurs, en proposant un vélo facile à transporter, bénéficiant d’une technologie efficace et vendu à un prix abordable. Le transporter dans le métro ou le train, ou le laisser au bureau ne sera plus une contrainte grâce au pliage instantané et à la place réduite que prend ce vélo ! www.vlec-cycles.com

LES VELOS CARGOS Ce n’est un secret pour personne, les vélos sont très présents à Strasbourg. On en trouve de toutes sortes: électriques, simples, récents, vintage, drôles... Et il peut aussi arriver de croiser des vélos-cargos ! Vélo-poussettes, vélos-valises, vélo-caddie… Il y en a pour tous les goûts. Pratique, robuste et à usage multiple, vous en trouverez forcément un qui vous séduira !

VELOS ÉLECTRIQUES Pour suivre le développement des vélos électrique, la région Poitou-Charentes à mis en place des stations en libre service pour recharger les vélos. Les stations, nommées Mobiplugs, fonctionnent grâce à de l’induction et ne permettent pas que de recharger son vélo, mais aussi d’obtenir des informations sur l’état de ses feux et le niveau de sa batterie. Easybike a aussi lancé ses stations, qui ne fonctionnent pas à induction mais grâce à des panneaux photovoltaïques, qui la rendent complètement autonome. Ces deux modèles ont été présents au Salon des Maires du mois de novembre.

VELéance Une variante du vélo électrique : Le Tri’Ode Crée par la société aixoise Véléance, le Tri’ode est un vélo électrique à trois roues, ce qui permet une stabilité améliorée. La batterie dispose d’une autonomie de 45 km et se recharge à 80 % en 2 heures. L’entreprise fera fabriquer ses véhicules en ChampagneArdenne et espère toucher principalement les services postaux, qui pourraient tirer grand bénéfice de ce véhicule sur des distances réduites. www.veleance.fr 027 / We Are Strasbourg


Strasbourg by was / Un seul bretzel vous manque et tout est dépeuplé

Un seul bretzel vous manque et tout est dépeuplé.

I

l y a quelques mois j’ai décidé de plier bagage. Ni une ni deux j’ai quitté notre envoûtante Strasbourg. Direction la méconnue, la mystérieuse Paris. Oui mais voilà. Au début tout va bien, on est content, ya d’la joie. La nouveauté, les projets, le changement. Et puis un beau jour ça vous prend. Moi la première fois c’était un vendredi soir. Une grosse semaine de travail venait de s’écouler. Et puis j’ai commencé à être plus agitée que mon état de fatigue laissait présager. Je tournais en rond parce que je n’avais pas de solution. Que celui qui n’a jamais fait une crise de manque de tarte flambée se rende compte ici et maintenant de la chance qu’il a. Une envie de tarte flambée. D’une vraie, de chez nous. Ici on dit flammeküch. Je n’ai jamais compris. Même ma grand-mère alsacienne dit tarte flambée. Mais non dans le reste de la France on dit flammeküch. Il faut qu’on m’explique. Toujours est-il qu’une envie comme celle-ci ça vous prend à la gorge, à l’estomac, à la raison. Une envie de terrasse et de vin blanc frais pour l’accompagner. Les symptômes étaient insidieux. Mais ils n’ont pas tardé à pointer le bout du nez de plus en plus fréquemment. Le kouglopf par exemple en faisait partie. Pas une brioche à la forme vaguement similaire. Non le kouglopf moelleux, aéré, réalisé avec de gros œufs frais. Celui sur lequel on rajoute une noix de beurre pour atteindre des sommets de délectations gustatives. Enfin bon, je commençais à me résigner. J’apprenais à vivre avec. Puis j’ai rechuté

à de nombreuses reprises. Le plus dure dans tout ça ce fut la période de Noël. Des années passées à se plaindre de l’agitation au Christkindlemärik, de la circulation impossible et des touristes fourmillants. Trop de chapeaux kitsch, le froid tétanisant et, horreur, les gaufres interdites. Pas assez traditionnelles. Ainsi en avait-il été décidé. Mais passer un hiver parisien alors que la magie de Noël a bercé votre enfance, votre premier baiser les dents collées de pomme d’amour et votre première cuite au vin chaud. A 14 heures. Cela revient tout simplement à végéter dans une longue et triste agonie. Et compter scrupuleusement les jours séparant du retour au bercail. L’envie d’humer les odeurs de cannelle, d’orange et de baguette flambées. En période de crise j’achète des sticks. Moi je préfère ceux en forme de bretzels. Je n’en trouve pas toujours mais quand je tiens un sachet, je savoure. Enfin en général le paquet est vite terminé tellement le manque se faisait sentir. Et puis récemment j’ai découvert que gare de l’Est les kiosques vendaient les D.N.A. J’ai failli en pleurer. Vous savez ce que j’ai fait. Je l’ai acheté avec mon plus beau sourire. Je l’ai lu de A à Z. Du fait divers d’Obermorschwir à la fête du chou de Krautergersheim. De la dernière exposition au pavillon Joséphine à la prochaine au musée Ungerer. De la critique culinaire au cahier sportif. Tout je vous dis. Je l’ai lu en buvant une bière au bar en face de la gare. Le serveur avait l’accent alsacien. La bière avait été brassée à Schiltigheim. J’étais au paradis.

Propos par : Marie Grunenwald Illustration par : Mathis

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rencontres WAS Magazine a croisé du monde depuis sa création ! Adepte des rendez-vous en tête à tête pour entrer dans l’intimité des autres, la rédaction vous a encore déniché de belles personnalités. Petite plongée dans l’univers de la radio, avec Radio Bienvenue Strasbourg, de quoi mettre des visages sur des noms !

Propos par : WAS Illustration par : Khat



rencontre / RBS / Stéphane Bossler

LE DUO RBS stéphane bossler Stéphane Bossler revient en force dans les médias en tous genres. Avec le boum de la nouvelle programmation de RBS, entre son émission éponyme et les évènements organisés par la radio, il fait partie à juste titre des journalistes de poids, incontournables de la scène culturelle et politique strasbourgeoise. Doté d’un sens de l’humour et d’une autodérision réputée, il offre aux auditeurs de RBS une information décalée et de qualité.

C

e bref article se veut plus un hommage doublé d’ une série de remerciements qu’un récit d’une rencontre sur le pouce. Sachez que si vous tenez ce magazine entre vos mains, c’est aussi et en grande partie grâce à Stéphane. Je profite donc de ce dossier sur RBS pour lui témoigner mon affection, mon respect et mon admiration. Il fût le seul, dans un moment charnière de ma vie, à m’accorder audience et le premier à me donner ma chance en tant que journaliste et chroniqueur littéraire. C’est indirectement grâce à lui et à certaines personnalités comme Eric Genetet que WAS Magazine est né. Son ouverture d’esprit et sa confiance dans tout ce qui porte apparence humaine donnent à RBS la force de se renouveler et d’exister passé 20 années de diffusion. Jonglant entre les hommes politiques, les stars de la chanson et les écrivains de tous horizons, Stéphane a su imposer à RBS un ton juste et libre, décomplexé et en accord avec son esprit reconnaissable entre tous. Sa répartie témoigne d’une culture affûtée que rien ne saurait destabiliser. Aussi habile en blagues qu’en références philosophiques, sa réputation ne patie que d’une humilité et d’une modestie qui le laissent parfois dans l’ombre, ou caché sous un casque et derrière un micro. Homme de travail, il a tenu seul l’antenne dans les moments difficiles que peut connaître tout système associatif. Aujourd’hui au top, épaulé par Talri, il nous gratifie chaque matin de différentes interviews sur la vie locale, entre deux blagues trash et son rire grinçant. Toujours disponible, à l’écoute, jamais sarcastique ni sournois, il est à l’image de cette radio, ouvert à tous, et surtout à toutes, mesdemoiselles... (propos rédigés à la demande de Talri) La rédaction de WAS Magazine se félicite de ce nouveau partenariat avec toute l’équipe de RBS et souhaite à son équipe ainsi qu’à Monsieur Stéphane Bossler la réussite qu’ils méritent. Bienvenue Strasbourg, We Are Strasbourg !

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Propos par : Mathieu Wolfersperger Photos par : Vincent Muller rbs.bdav.net


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rencontre / RBS / Talri

TALRI

C’

est en fan absolu que j’ai pris rendez-vous avec Talri pendant son Morning chez RBS. Tous les matins, je lui confie mon réveil et il me renvoie sa bonne humeur. Depuis l’été dernier, on a senti un renouveau au sein de la radio, avec plus de direct, plus d’invités, plus de vie et surtout une dose d’humour à faire des accidents de voiture. En t-shirt, détendu derrière son micro, comme à la maison, Talri nous a reçu un jeudi matin et entre deux blagues racontées avec de la brioche plein la bouche, on a réussi à faire la photo ! Arrivé au sein de la radio en tant que bénévole en 2006 pour une émission hebdomadaire de 18h à 20h, il a été embauché à temps plein le 1er Avril 2012. Pour la petite histoire, sachez que lors de son premier jour, il n’avait pas le bon digicode, n’a pas pu entrer à la radio, ce fut le seul morning qui n’eut pas lieu en quasi 1 an ! La recette du morning

Ce qui fait la force du morning, c’est aussi bien les connaissances de Talri que le fait que rien ne soit scénarisé, ni inspiré par les autres radio. On voit passer chaque matin des chroniqueurs de tous horizons entre des titres totalement éclectiques. En 4h de direct, on peut entendre entre 40 et 60 titres, à la demande des auditeurs notamment. Cette liberté, elle est dûe au fait que la radio soit dans une structure associative, mais aussi aux choix des décideurs. Depuis son arrivée, beaucoup de choses ont changées au sein de la radio. Un Morning de 4h en direct, à animer seul, n’est pas chose facile. Aussi lors de ses premières, Talri avait une trame qu’il suivait pendant son émission, mais il a depuis mis en place de nombreuses choses. Les flashs infos notamment, toutes les heures, en direct. Les nombreuses chroniques aussi. Mais si RBS s’envole, c’est aussi parce qu’elle a su développer et tenir un état d’esprit, que Talri définit comme « rester soi-même sans prétention, simple et avec de l’auto-déri-

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sion. Travailler à l’énergie et bien s’entourer. » C’est grâce à tout cela qu’en 1 an, seuls deux coups de fil ont été passés à la radio de gens qui se plaignaient. Ce qui fait sa force aussi, c’est une motivation sans faille et une véritable envie de faire évoluer cette radio. Tenir le rythme effréné et fatiguant qu’impose la rigueur d’un morning n’est pas donné à tout le monde, d’autant qu’après son direct, Talri, en bras droit de Stéphane Bossler poursuit son travail en adoptant la casquette de commercial. Il a donc plusieurs fonctions au sein de la radio, ce qui lui confère beaucoup de responsabilités y compris hors antenne. « Je gère de l’humain, entre 15 et 20 chroniqueurs par semaine, je dois m’adapter à leurs retards à leur vie professionnelle. Ils sont tous bénévoles, donc c’est à moi de m’adapter et de toujours pouvoir rebondir. » Il faut savoir aussi qu’il est Monsieur Technique chez RBS, régisseur, DJ, humoriste, casanova, portant des chaussures à scratch... Il me confie aussi « je passe tellement de temps avec Stéphane que je pense que pour lui, je me rapproche de ce qu’il peut considérer comme sa meuf ». Par soucis d’éthique et de respect de leur relation intime, la rédaction de WAS Magazine ne souhaite pas développer ce sujet. À la fois nourri par les résultats de la radio qui valorisent son travail et par son ambition pour continuer à développer l’audience de RBS, Talri n’en est pas moins resté simple et plutôt timide, gêné lorsqu’il est reconnu dans la rue pour ce qu’il fait, il préfère rester dans l’ombre et derrière un micro, malgré son physique attractif, qui dément l’expression « physique de radio ». Pour terminer, et pour résumer en quelques mots cet homme, rien de mieux qu’une petite blague. « Il y a eu un concours de sosies en Chine. Tout le monde a gagné. » Voici sa blague favorite. « WAS : Que manque-t-il à RBS ? Talri : Des cartouches Nespresso »



rencontre / Nicolas Blanck

Nicolas Blanck Des cuisines à la scène On l’entend chaque semaine dans le Morning de Talri sur RBS, avec son Interview de l’invité improbable notamment. Entre deux scènes avec son One Man show De l’Impro et Nico Nicolas Blanck nous a accordé une interview. De quoi en savoir plus sur cet humoriste en pleine rédaction d’une pièce de théâtre.

WAS : Bonjour, peux-tu te présenter en quelques mots ? J’ai 31 ans, j’ai travaillé au Club Med pendant 8 ans, comme animateur puis responsable évènementiel. Je suis revenu à Strasbourg il y a 4 ans. J’ai écrit mon spectacle De l’Impro et Nico que j’ai joué au Camionneur et au Festi Holtzi, entre autres. Depuis 2012 je suis chroniqueur dans le morning de Talri sur RBS, je propose mon Breaking News et L’interview de l’Invité Improbable. WAS : Comment qualifierais-tu ton humour ? D’instinct ! J’aime rebondir sur ce que je vois, ce que j’entends. L’improvisation est naturelle pour moi, les vannes arrivent aussi vite qu’elles sortent de ma bouche… Cependant grâce à la radio, j’ai pris goût à l’écriture, j’apprends à me mettre en condition d’improvisation, seul, devant mon clavier ! WAS : Qu’est-ce qui t’as mené à te tourner vers l’humour ? Le Club Med. J’ai commencé comme cuisinier, puis la scène m’a attirée, je me suis senti à l’aise et on m’a très vite proposé de ne faire que cela. Mon job était de divertir du matin jusqu’au soir, 6h de micro et 4h de scène par jour, 300 jours par an. WAS : AS-tu toujours travaillé uniquement en solo ? J’ai plus souvent été en groupe que seul, le café-théâtre, les cabarets sont pour moi plus simple que le One Man show, surtout en Impro ! J’aime le dialogue, la répartie, c’est pour cela que mon one Man show est basé sur l’interaction avec le public. WAS : Depuis combien de temps fais-tu tes chroniques à RBS ? Talri est un ami, il est aussi mon ingénieur du son lors de mes représentations. Lorsqu’il a pris le pouvoir de la matinale, il m’a naturellement proposé de participer. Je le remercie car c’est une expérience extraordinaire, la radio est un lieu où je me sens aussi bien que sur scène.

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Propos par : WAS Photo par : Ignacio Haaser

WAS : Quelques mots sur ton spectacle De l’impro... et Nico ? C’est de l’interaction avec le public, les soirées sont uniques car le public est différent à chaque représentation. Pour prouver l’improvisation en One Man Show, il faut de la préparation et du monde avec moi : DJ, Musicien, Vidéo. C’est un spectacle dynamique, unique et qui colle avec l’actualité et les désirs des spectateurs. WAS : Es-tu en écriture d’un autre spectacle ? J’ai écrit et mis en place des animations d’improvisation destinées aux professionnels. L’idée est de proposer des événements basé sur l’impro soit pour divertir, communiquer, vendre, se faire connaître etc… Cela permet aussi de personnaliser les animations et de créer des moments uniques. WAS : Quelle est la part d’impro dans tes représentations ? Je dirais 80%, de toute façon, je n’arrive pas à réciter un texte aussi naturellement qu’à’improviser. Pour mon premier spectacle, je suis parti avec 5 mot-clés. Et j’ai fait 1H45 avec Standing ovation. Mon meilleur souvenir. WAS : Quelles sont tes sources d’inspiration dans l’écriture ? Pour les chroniques radios, je regarde l’actualité, politique, sportive, people, puis je donne mon point de vue. Ensuite pour RBS, j’essaie de coller avec les auditeurs. Sinon, j’aime l’œil des Inconnus, l’impro de Baffie, la logique de Coluche et la gestuelle de Jim Carrey. WAS : Des projets à venir ? J’ai pour projet de monter ma société de production d’événements et ainsi proposer mes animations d’improvisations. C’est une étape importante et un projet qui me tient à cœur, Talri est bien sûr dans l’aventure, notre complicité est primordiale pour que les impros soient réussies. Et avec 2 chroniques par semaine sur RBS, le programme est chargé, 2013 est bouclé !


Pour mon premier spectacle, je suis parti avec 5 mot-clÊs. j’ai fait 1h45 avec standing ovation. mon meilleur souvenir.

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rencontre / DJ Premier

Propos par : Thomas Rahoual Photos par : Vincent Muller

10 minutes 32 avec

Dj Premier Strasbourg, mardi 12 février, 16h30. C’est par un froid glacial que Vincent et moi faisons les cent pas devant l’entrée de la Laiterie. Quelques heures plus tôt, un email nous prévenait qu’une interview avec Dj Premier serait possible après les balances. Le froid se faisant sentir, nous nous renseignons rapidement, finalement Primo n’arrivera pas avant 18h30. Pas grave, on remercie les organisateurs de ne pas nous avoir laissé geler sur place.

D

e retour à 19h, c’est presque par hasard que l’on tombe sur le producteur de Gang Starr, bonnet péruvien vissé sur la tête, réglant ses balances en compagnie de Dj Swa. Aucun système de sécurité particulier, on est bien loin du star système actuel du rap. À quelques mètres de nous, il semble accessible, enchaînant ses classiques tels que N.Y. State Of Mind, Boom ou encore Rugged Neva Smoove des MOP. Après un accueil chaleureux de Scott, le manager, on profite de ce concert privé et de la voix rauque de Primo. Quelques minutes plus tard, le producteur débarque dans notre couloir, en toute simplicité, de son pas lourd et tranquille. Alors que le stress monte quelque peu (Put***, c’est quand même Dj Premier), il nous salue en souriant. Petit rappel afin de mieux comprendre mon angoisse. Christopher E. Martin alias Dj Premier, fondateur du groupe Gang Starr avec le rappeur Guru, débute sa carrière en 1986. Scratch deejay et producteur légendaire il a travaillé avec les plus grands de Notorious BIG, Nas, Jay-Z en passant évidemment par Guru, Jeru The Damaja, MOP, Mobb Deep ou encore Method Man. Il est, en plus de 25 ans de carrière, l’auteur de dizaines et de dizaines de classiques, entrés au Panthéon du Hip-hop.

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À l’origine prévue dans les loges, on nous propose de faire l’interview dans le couloir : « Si cela vous convient », rien n’est calculé, il n’y a pas de caprice de star, « this is real Hip-hop ». Si on nous avait prévenu que l’entretien ne pourrait excéder les 10 minutes, la rencontre est un vrai moment d’échange, Dj Premier n’étant pas du genre à s’écouter parler. Souriant et aimable, il ne s’irrite pas face à mon piètre accent anglais, il répond sans rechigner car finalement on parle la même langue, celle du Hip-hop. Après un premier passage par la capitale alsacienne voilà un peu plus de deux ans, que pense Primo du mouvement local ? « J’aime le Hip-hop, peu importe d’où il vient. J’aime tout ce qui représente la culture, les scratch deejays, les rappeurs, les b-boys, les b-girls, les beatboxers. J’aime tout ce qui représente ce que nous faisons, nous parlons différentes langues mais nous sommes tous de la même famille et Strasbourg en fait partie. Il y a par exemple Dj Swa, « that ‘s my man ! », il est venu me voir à New York l’année dernière. Il nous montre d’ailleurs sur son Blackberry, une liste de groupes et de rappeurs français que Dj Swa lui a concocté avec des noms tels que La Cliqua, Youssoupha ou encore Lunatic. On discute de l’évolution du


« J’aime le Hip-Hop et tout ce qui représente cette culture, peu importe d’où il vient »

Hip-hop de ces 20 dernières années et j’ose lui demander si le scratch deejaying n’est pas en perte de vitesse : « Ça évoluera toujours, le son change, les nouveaux apportent une autre fraîcheur, nous nous voulons préserver le style 90’s, le Boom Bap, un style hardcore à base de sampling et de scratching » me répond-t-il malicieusement. Hyper-actif depuis 1986, 2013 ne fera pas exception puisqu’avec de nombreuses sorties sur son label Year Round Records, il nous annonce des collaborations avec Lady of Rage, Bumpy Knuckles ou encore MOP « le morceau est hardcore » et avoue avoir donné quelques beats pour le prochain album d’Eminem, rien que ça ! Quand je lui parle de son héritage et de ce qu’il pense laisser, il préfère parler de celui de Gang Starr : « L’héritage de Gang Starr continue de grandir. Avec la famille de Guru nous allons lancer l’entreprise Gang Starr, un site consacré à Gang Starr, il y aura notamment du merchandising. On prépare également un album de Gang Starr Foundation avec Big Shug, Jeru The Damaja, Group Home, Fabidden, NYGz, avec tout le monde. Il sortira certainement l’année prochaine, ça va être dope ». Au bout de 10 minutes 32, trop courtes, il a fallu lui dire au revoir. De cette entrevue on retiendra la simplicité du bonhomme et son amour pour cette culture qu’il vit pleinement à chaque minute. À la fin de l’entretien se dégage ce sentiment de joie, d’avoir eu la chance de passer un peu de temps avec une légende vivante mais aussi avec le premier fan de la culture Hip-Hop. www.rapandco.fr

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rencontre / Mister Five

Propos par : WAS Photo par : Vincent Muller

mister five d’une chambre d’enfant aux commandes du Mood.

Il a reçu ses platines à l’âge de 14 ans. À cette époque, pas d’ordinateur, pas de MP3, de technologie facilitant les premiers apprentissages du DJing. Des platines vinyles BST d’occasion, une table de mixage basique et ses oreilles ont été ses seuls outils pour débuter une carrière encore en pleine expansion. Mister FIve doit beaucoup à son oncle, lui aussi DJ, qui a façonné sa culture musicale et ouvert son esprit. Seul de longues heures dans sa chambre, armé de patience et d’abnégation, il est devenu à force de travail un incontournable DJ.

WAS : J’ai entendu lors d’une interview que tu avais mis pas mal de temps avant de “sortir de ta chambre” pour ton premier set, peux-tu nous parler de cette période de préparation ? Et ton premier show ? Mon premier amour musical est le Hip-Hop, et j’ai commencé avec ce style en particulier. À l’époque, j’écoutais beaucoup de mixtapes, de live, d’émissions de radio, je voulais comprendre et connaître la clé de la réussite des plus grands ! Pendant deux ans, j’ai consacré tout mon temps libre à cet apprentissage, je faisais des CDs que je vendais au lycée pour avoir quelques retours, et ils étaient tous bons, alors ça motive ! J’ai fait ma première soirée en 2003, au Seven. Une copine organisait l’évènement et c’était donc l’occasion ou jamais pour moi de montrer ce dont j’étais capable. J’appréhendais beaucoup mais tout s’est extrêmement bien passé. Je n’ai jamais pu m’arrêter depuis ! WAS : Tes influences de Hip-Hop ont taillé ton style, comment le définirais-tu aujourd’hui ? En effet, je viens du Hip-Hop à la base, mais j’ai toujours été influencé par d’autres courants musicaux. J’ai littéralement baigné dans la musique. Mon père, animateur radio et DJ lui aussi à l’époque, me prenait à son émission, j’adorais ça ! J’étais un gamin fasciné par tous ces disques, tous ces boutons, mais surtout la musique, qui suscitait en moi beaucoup d’émotions. Que ce soit la Variété Française, la Soul, le Rock, chaque style avait

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son univers et tous m’ont intéressé. Les Années 90, c’est aussi l’arrivée de l’Euro Dance, des premiers gros titres Rap, les prémices de tout ce qu’on écoute aujourd’hui ! Mon style aux platines s’est nourri directement de toutes ces influences. J’aime la Musique avec un grand M, et je refuse toute barrière entre les styles. J’aime jouer de tout, mes sets sont un mélange de HipHop, d’Électro, de classiques... J’aime faire découvrir des nouveautés, faire remonter des souvenirs, surprendre avec des sons inattendus... C’est ma vision du métier de DJ et résume plutôt bien mon style! WAS : Tu as franchi la barre des dix ans de carrière et d’évolution, quel regard portes-tu sur ce parcours ? J’ai encore du mal à y croire que ça fait 10 ans que je suis derrière des platines, ça passe tellement vite! Pendant des années, il y avait les cours, le boulot, c’était une passion avant tout, avant de devenir mon métier. J’ai conscience de la chance que j’ai de vivre de la Musique et je crois que c’est la plus belle de mes satisfactions. WAS : Quelles sont tes ambitions futures ? Sachant que tu as déjà parcouru l’Europe et les USA ? J’ai plein de projets en tête, il reste tellement de choses à voir, à faire, à découvrir!


DIRECTEUR ARTISTIQUE DU MOOD CLUB WAS : Tu gères aujourd’hui la direction artistique du Mood Club, depuis quand exerces-tu cette fonction ? Peux-tu nous dire quelques mots sur la “touch” que tu y as apportée ? L’aventure au Mood Club a débuté il y a plus d’un an maintenant, et je m’y sens vraiment bien ! J’ai commencé en tant que DJ résident, et j’ai rapidement rejoins l’équipe en coulisses, équipe avec qui je travaille depuis des années. La Direction Artistique est un univers nouveau pour moi, mais plutôt familier, je peux mettre à contribution ma vision et ma créativité. Nous gérons tout avec Seit Roka, qu’on ne présente plus dans la nuit Strasbourgeoise, un visionnaire et amoureux de l’entertainment ! Nous nous occupons de la programmation des DJs et Guests, qu’ils soient locaux ou internationaux comme Wiz Khalifa, Joachim Garraud ou encore Fat Joe récemment. Nous essayons vraiment d’apporter une touche nouvelle à la nuit alsacienne, que ce soit par notre façon d’organiser nos évènements et de communiquer. Beaucoup de belles choses sont à venir, dans un lieu où tout est possible, nous ne nous fixons aucune limite pour satisfaire les Mood Clubbers ! En tant que DJ, c’est bien entendu un plaisir, nous avons un public vraiment ouvert musicalement et tous les DJs ont carte blanche dans leurs sélections, ce qui donne un univers vraiment intéressant, où se mélangent sons Club, Hip-Hop, Électro, Dubstep et une bonne dose de souvenirs.

WAS : Pour terminer, en marge de notre dossier consacré à RBS, peux-tu nous dire quelques mots sur cette radio que tu connais bien ? Effectivement, être de retour sur RBS c’est vraiment un énorme plaisir, j’ai toujours adoré la radio, et particulièrement RBS ! Vous pouvez me retrouver tous les Lundis de 21h à 23h dans le MCD Radio Show, la nouvelle émission qui secoue la capitale européenne. Le MCD c’est un label dont je fais partie, fondé par Nicolas Spielmann (cf. WAS 04), que vous retrouvez aux côtés de Julien Nipsen, au Mood et sur les ondes. Nous avons ce rendez-vous hebdomadaire qui permet de continuer le week-end et de rendre les lundi plus cool pour tout le monde ! La sélection y est vraiment surprenante et libre, c’est ce qui me fait le plus plaisir. On a une vraie liberté, que ce soit aux platines ou à l’antenne. Nous pouvons jouer les sons qui sont souvent plus compliqués à placer en club, faire découvrir des nouveautés, se lâcher, et c’est du pur bonheur. Amoureux de sonorités clubbing, que ce soit Hip-Hop ou Électro, mais aussi curieux des nouveaux mouvements Dubstep, Trap, etc. le MCD Radio Show est pour vous ! www.moodclub.fr myspace.com/misterfive mister-five.backdoorpodcasts.com

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rencontre / Michel Bedez

Propos par : WAS Photo par : Vincent Muller

Michel Bedez Être aussi bien à l’aise avec les tondeuses à gazon qu’avec une plume ou les planches d’un théâtre n’est pas aisé. Vous ne saisissez pas où nous voulons en venir ? Vous allez comprendre en vous plongeant dans la biographie de Michel Bedez, créateur compulsif. u départ concepteur rédacteur pour les tondeuses à gazon Outils Wolf il profite du lancement d’un nouveau produit pour faire connaître aux yeux de tous sa créativité sans pareille. Il propose ni plus ni moins qu’un rallye en tondeuse de l’Alsace jusqu’à Paris pour rejoindre le Salon de l’Agriculture. Le rallye se fait en tondeuse et à pieds, il dure 5 jours et 6 nuits, sur leur trajet, l’équipe tond des stades, laissant tourner le moteur en continu, prouvant sa fiabilité. Cet évènement appartenait à Michel Bedez, qui peut se targuer d’avoir créé à la fois le buzz mais aussi une aventure humaine épique. Mais cet évènement est peut-être aussi l’origine de Passe Muraille, qui verra le jour quelques années plus tard. Rencontrer un homme comme Michel provoque une sensation de vertige. À la tête de Passe Muraille, l’une des plus belles agence de communication et d’évènementiel française, il est aussi écrivain et producteur.

Le Boa, un livre incomparable. Le Boa, c’est un style percutant, une série de claques. C’est 1 an et demi de travail, uniquement la nuit pour Michel, pris entre Passe Muraille et son travail de producteur de théâtre. Le Boa c’est tout un univers totalement scatophile, déluré, ou les mots frappent parce qu’ils sont crus et vrais. Entrer dans un univers comme celui peint dans ce livre entraîne directement dans une atmosphère construite de toute pièce, insensée au premier abord. Cette histoire-là est pourtant lourde de sens. Un roman a dévorer le ventre vide, et à toute vitesse !

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Entre Passe Muraille et Chapeau Claque. C’est donc entre Passe Muraille, Chapeau Claque, société de production de pièces de théâtres et la littérature, que Michel Bedez avance en conquérant. Simple et accessible, il met son savoir et sa vision des choses au services des autres, dans tout ce qu’il entreprend. D’une certaine manière, il est un peu historien, psychologue, philosophe de l’éphémère et de l’éternel, scellant d’un côté des mots sur le papier, dispersant d’un autre des évènements uniques, en milieu clos. Plusieurs facettes donc, des casquettes interchangeables, qui prouvent une ouverture au monde et une envie de communiquer, par tous les moyens.Ce sont certainement ses métiers qui l’ont choisi, ceux qui permettent les rencontres, aussi folles les unes que les autres. On parle ici de rencontres réelles et approfondies, aussi bien quand ils ‘agit de monter un spectacle, de vivre avec les comédiens, que lorsqu’il faut réaliser les souhaits d’une entreprise qui mise tout sur un évènement pour retranscrire son état d’esprit. Empathique, en perpétuel renouveau, Michel Bedez parle à tous, et écoute. On lui souhaite de rapidement accrocher des prix littéraires aux côtés de ses prix stratégiques pour Passe Muraille. On lui souhaite encore de nombreuses amitiés qui construirons ses futurs livres et bâtiront des artifices pour des célébrations à venir. Dans un monde en constante orientation vers le virtuel, rares sont ceux qui savent en jouer, tout en préservant l’essentiel, rester vrai dans ses paroles et dans ses actes.


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rencontre / Passe Muraille Propos par : WAS Photo par : Vincent Muller

passe muraille le bonheur est dans l’évènement Créée il y a 18 ans, avec pour objectif de créer des espaces de communications vivants, adaptés, performants et émouvants pour des entreprises ou des collectivités, Passe Muraille marque son empreinte dans de nombreux évènements strasbourgeois. Immersion au coeur d’une équipe au dynamisme et à l’imagination sans borne.

P

asse Muraille, c’était avant tout une idée, nous confie Michel Bedez, « c’est le rêve, la force de l’histoire, la beauté du transport merveilleux et de la pulvérisation des frontières. » Il faut en effet se libérer des codes et de l’homogénéisation de la pensée et de la communication pour pouvoir la révolutionner. Se remettre chaque jour en question, tenter l’impossible en relevant des challenges qui de prime abord semblent irréalisables comptent parmi les moteurs de cette équipe à laquelle rien ne semble impossible. C’est ainsi que de nombreuses entreprises, soucieuses de célébrer leur histoire ou de partager leurs projets phares avec leurs collaborateurs ou leur public font appel à Passe Muraille, qui s’efforce toujours d’humaniser chaque projet, par son écoute, sa disponibilité et sa volonté de réaliser de manière humaine les rêves de leurs clients.

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La devise première fut « l’évènement à réactions » pour devenir aujourd’hui « le bonheur est dans l’évènement » Passe Muraille grandi chaque jour en se nourrissant des nombreux projets réalisés avec succès. L’évènement le plus marquant pour son équipe est un spectacle réalisé pour les 100 ans des Mines de Potasse, qui a réuni 16 000 personnes. C’est donc fort de cette expérience que Passe Muraille imagine et réalise aujourd’hui des évènement à l’étranger, exportant son expertise et son savoir faire à Lisbonne, Berlin, Carthage, Barcelone ou encore Marrakech.

Passe Muraille 9 rue Goethe, Strasbourg www.passemuraille.fr



littérature Rencontrer Philippe Djian n’est pas donné à tout le monde, auteur émérite, incontournable, il s’est prêté à l’objectif de Vincent. De même que Foenkinos que nous avons rencontré lors de sa visite à la Librairie Kléber. Entre deux sorties littéraires, WAS vous propose une parenthèse enchantée dans l’univers lascif et érotique de quelques auteurs sulfureux..

Propos par : WAS Illustration par : Khat



littérature / Philippe Djian

Philippe

DJIAN

Clinique et sans fioritures

Propos par : Arthur Ségard / Photo par : Vincent Muller

« Tu as toujours souhaité une version aseptisée du monde. Le sombre, l’anormal, t’as toujours fait peur. » Les mots d’une mère à sa fille dans « Oh... », que Djian adresse aussi à son lecteur, comme pour lui signifier clairement : « je ne pratique pas l’écriture aseptisée. »

C

e mystérieux freak, bien qu’apparu à l’horizon du paysage littéraire français après le mouvement freak (au début des années 80, avec Bleu comme l’enfer), se réclame volontiers de la beat generation. À quoi reconnait-on un héritier de la beat generation ? À un long récit d’une traite sans chapitres et sans alinéa, qui s’est peut-être écrit d’un long jet ininterrompu, allez savoir, un rouleau genre Kerouac dans la figure, un road-movie à la française, sur place, tout dans le cheminement psychologique, 230 pages de vie brute à la première personne – tellement de vie qu’on dirait du vécu. « Oh... », c’est sans doute ce qu’aurait écrit un auteur des fifties en stage en 2012. Michèle est une femme déjà mûre, à la vie banale et troublée, une sorte d’Emma Bovary moderne qui couche avec les hommes parce que « c’était ça ou mourir d’ennui, c’était ça ou se pendre » ; et parfois même elle tombe amoureuse. Le drame de sa vie c’est l’ennui et le temps qui passe – pas son père coupable derrière les barreaux depuis trente ans, pas le viol dont elle vient d’être victime, non, le temps qui passe. Sa mère qui (à son âge !) veut encore plaire, son ex-mari qui refait sa vie sans elle, son fils déjà adulte et qui s’éloigne peu à peu… C’est ce qui donne corps au texte, lui confère sa consistance. Pas de vision aseptisée du monde, pas d’hyper-stylisation du viol comme dans les autres livres qui en parlent, Les Noces Barbares ou L’Orange Mécanique. On aborde le problème avec un réalisme sobre, qui empêche de se cacher derrière le bouclier de l’artifice. Là où Queffélec et Burgess partaient loin dans leur imaginaire

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pour nous parler du monde réel, Djian reste vraisemblable. Le viol n’est d’ailleurs pas tant au centre du roman que la Phlippe Djian, «Oh...» réaction qu’il engendre, c’estÉditions : Gallimard à-dire le choc, et puis, surtout, après-coup, l’indifférence générale. Tout le monde finit par s’en foutre, « tout finit par tiédir ». Le propos c’est : on peut s’aimer vraiment et puis soudain se haïr, avoir vécu ensemble et vivre séparés, se faire violer et voir le soleil se lever quand même le lendemain. C’est une mise en scène très subtile, on assiste à un drame qui n’est pas un spectacle, comme si l’auteur passait son temps à hurler « Circulez, y’a rien à voir », ne retenant ses lecteurs que par le fil souterrain du voyeurisme. Ça ressemble à du Anna Gavalda, avec de la saveur. Certes, c’est assez amer dans un premier temps, ce regard sans asepsie sur le monde, mais il est écrit d’une telle façon qu’il en devient rapidement réjouissant, comme de la moutarde forte. Ne pas rester sur le ressenti tristement réaliste de l’œuvre, lui laisser le temps de vous monter au nez. Aussi couillu soit-il, Djian décide de s’incarner en femme. Opération réussie, on dirait qu’il en est une depuis toujours. On dirait qu’il les a comprises, effet de plume, évidemment – et puis sérieusement, comprendre les femmes ? Sous couvert d’une voix féminine, il nous parle de l’Homme (avec un grand H). Voix au propos désabusé, sans


Djian nous sert avec « Oh... » une cuisine très délicate, entre épices fortes et saveurs doucement suggérées.

désespérance toutefois, sur la société et les rapports humains, qu’il dépeint à vif assez magistralement. « Le verre n’est jamais si bleu qu’à sa brisure », comme dit le poète. À part Michèle, les autres personnages sont également très réussis. Patrick semble vivant, il est immédiatement visualisable, et Josie exaspère le lecteur au même point qu’elle exaspère les autres personnages tout au long de l’intrigue. Le récit, d’autant mieux ficelé que le fil est déroulé sans interruption sur plus de deux cent pages, est doté d’une dynamique habile qui ne s’épuise jamais. Le style est clinique et sans fioritures. Rien de trop dans les descriptions par exemple, on picore. « La nuit est d’un noir d’encre, le ciel parfaitement dégagé, le croissant de lune mince comme un fil d’acier, sans clarté. » C’est tout. Et quelques dizaines de pages plus tard : « Le ciel est clair et blanc comme un lys et l’air frais pique juste comme il faut. » Le juste milieu entre Oscar Wilde et Evelyne Dhéliat. Le joli est rare dans ce livre, et ce qui est rare est précieux… En tous cas jamais

gratuit. Aucune jolie formule inutile, juste là pour être jolie, qui ne soit pas l’échafaudage précis d’une ambiance ou la toile de fond de l’intrigue ; jamais un mot de trop. Et pourtant ce style froid, clinique, rythmé, on pourrait dire sec, il finit par nous emporter, et on se met à en ressentir tout l’érotisme particulier au bout d’un certain temps de lecture — ce qui est héroïque, c’est que cet érotisme-là culmine exactement au dernier mot de la dernière phrase du roman. Djian nous sert avec « Oh... » une cuisine très délicate, entre épices fortes et saveurs doucement suggérées. Il parle, blasé, du temps qui ne suspend pas son vol, du monde un peu moche dans lequel nous vivons tous, d’autant plus moche qu’il reste beau quand on souffre. Djian parvient à parler de la banalité sans la grimer, et d’une façon qui n’est pas vulgaire. Ni banale. Vraiment bien joué.

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littérature / David Foenkinos

David

FOENKINOS Je vais mieux

Propos par : Arthur Ségard / Photo par : Vincent Muller

On s’en souvient pour La délicatesse, best-seller mérité, intelligent, sensible et poétique. Vigny disait que « la poésie est une maladie du cerveau. » Aux dernières nouvelles, Foenkinos va mieux, enfin il se soigne.

L

a source du mal est peut-être cérébrale, mais c’est au dos qu’est localisée la douleur qui sert de prétexte à Je vais mieux. Pas un simple claquage ou une courbature de lendemain de gym, non, un vrai mal pathologique, tellement douloureux pour le héros que son intensité est précisée à chaque début de chapitre. Finalement la source du mal n’est peut-être pas celle qu’on croit, et le personnage principal, pour guérir, sera mené à changer sa vie en profondeur. Oui, c’est vrai, ça fait un peu roman de gare avec un titre à la chaîne du style Où es-tu ?, Seras-tu là ?, Vous revoir, Je reviens te chercher, Parce que je t’aime, Si c’était à refaire, La mer est calme, Il y a du soleil, Fais attention à toi, Bisous bisous... ce genre de titres qu’on croirait tous piqués à la même carte postale, à consommer frais sur la plage. Et le pitch fait un peu film français tourné à l’hôpital, réalisé par Valérie Donzelli… Heureusement pour lui Foenkinos fait partie de ces élus qui peuvent se permettre de faire du Donzelli sur le papier sans qu’on leur en déclare la guerre pour autant. Son style seul suffit à rendre originale une histoire qui ne l’est pas forcément. Et c’est de cette “Foenkinos touch”, de cette facilité qu’il a pour la légereté insoutenable qu’on se souvient chez lui, et qu’on s’empresse de retrouver, le roman fini, dans le reste de sa bibliographie. Sous cet angle-là c’est globalement très réussi, toute une tranche de vie réjouissante, de la première page à la douceur d’« un de ces premiers dimanches de l’année où il fait beau » entre amis, sous un soleil « fragile et peu fiable », à la dernière, qui nous raconte une fin plutôt moins triste que la moyenne des fins de roman. Un roman joyeux, qu’il est si facile d’aimer pour ce qu’il est. On ne peut cependant pas s’empêcher de se poser les

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questions qui fâchent : David Foenkinos ne serait-il pas en train de s’institutionnaliser, dans le sens négatif du terme ? De devenir une franchise à romans délicats ? D’un point de vue littéraire, la principale difficulté de Je vais mieux, c’est le ruban rouge qui lui est apposé partout : par l’auteur de La Délicatesse. Ce n’est vraiment pas aider le lecteur à passer à autre-chose, et ça ne rend pas service à l’écrivain non plus ; fatalement on va se mettre à chercher les similarités, les différences entre les deux œuvres, pour conclure que Je vais mieux c’est un peu comme La délicatesse en moins bien. La scène page 49 où le protagoniste hésite entre pâtes et pizza est excellente dans l’absolu. Moins si on se souvient de l’hésitation entre jus d’orange et d’abricot en quatrième de couverture de La délicatesse. Foenkinos est trop fidèle à lui-même. S’il publie un roman aussi pétillant, nostalgique et drôle que les plus sérieuses de nos chansons humoristiques (Les Filles Qui s’appellent Valérie, Oldelaf, Mon Père était tellement de Gauche, Les Fatals Picards), il est parfois un peu lourd à vouloir de la légèreté partout. Mais bon, même Alain Souchon ne peut pas faire du poids plume pendant tout un album, forcément les bonnes techniques finissent par s’user. C’est marrant une fois, se servir d’un adjectif de nationalité pour décrire une ambiance, une réalité abstraite, un état d’esprit. Plus du tout au bout de la trente-sixième (non, « une évidence suisse » ça ne veut rien dire). Alors qu’affalé sur mon canapé je zappais je suis tombé sur Marc Levy qui disait


« Un roman joyeux, qu’il est si facile d’aimer pour ce qu’il est... »

en gros que « tout l’art de la littérature, c’est de pouvoir faire vivre un personnage sans avoir à le décrire. » Il avait raison et cela s’applique très bien à Je vais mieux : à aucun moment le prénom du personnage dans la peau duquel on passe tant de temps n’est révélé. Rien n’est dû au hasard et le nom du protagoniste est même esquivé avec habileté à plusieurs reprises. Son portrait se dessine au cours du récit avec, s’il est crédible, des traits parfois un peu forcés : le rôle du mec bien un peu looser est clairement surjoué (« Vous êtes quelqu’un de bien », « Tu as vraiment l’air d’une victime ce soir »), ainsi que sa désexualisation (« Je m’apprêtais d’ailleurs à vivre sans sexualité […] sans que cela me pose problème ») voire parfois son infantilisation (« […] eux devant, moi derrière, un peu comme un couple avec un enfant »). Un personnage sentimental, donc rapidement attachant, qui manquerait un peu de piment s’il ne se révoltait pas parfois contre sa condition de gentil garçon, par la pensée au moins « la petite pute qui lui servait d’assistante », se dit-il, quitte à en éprouver « une sorte de honte » à la page suivante. Qu’on se rassure, ce n’est que le début du roman, et le personnage aura l’occasion par la suite de se révolter contre lui-même et la vie qu’il s’est imposée d’une façon beaucoup plus spectaculaire, et sans complexer cette fois. S’il fallait retenir un reproche couramment adressé à la catégorie des romans de gare, auquel ce livre échappe de justesse, c’est bien la surabondance de clichés. Des clichés, il y en a quelques-uns dans Je vais mieux,

ils crèvent les yeux même des personnages, qui s’avouent parfois être « la caricature de… », « le représentant pathétique de ce cliché :… ». Alors quoi ? Cliché avoué à moitié pardonné ? Si beaucoup d’éléments du roman sont plutôt convenus, le regard porté sur ces conventions est plutôt réussi. Au long du texte on remarque que certaines expressions ultra-usitées sont imprimées en italique. Comme pour prendre de la distance avec elles. Comme pour les appréhender de manière biaisée, au second degré, avec cet air de ne pas y toucher propre à Foenkinos. Ce qu’on a le plus de mal à admettre à propos des clichés, c’est que tous sont fondés, et certains sont vrais. « L’insensibilité générale qui [semble] caractériser notre époque », centrale dans ce récit, ça fait deux cent ans qu’on en parle, au moins, mais ça reste un problème d’actualité, et tant que c’en sera un, il y aura des gens pour se sentir obligés d’écrire des livres dessus, et heureusement. Une intrigue parfois tissée de fils blancs un peu gros, mais c’est ce qui fait que le napperon est réussi au final. C’est un livre qui rend un peu plus heureux, qui incontestablement fait aller mieux. Il ose attaquer de front l’indifférence, quitte à faire du déjà-vu, parce qu’au bout du compte l’indifférence, la communication entre les êtres qui se perd, c’est ça le vrai problème de notre société moderne, et donc de notre littérature. Un diagnostic sans appel. L’indifférence, c’est un tas de livres comme Je vais mieux qui en serait le remède.

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littérature / La littérature lascive

La littérature

Lascive Propos par : Widad Mai / Crédit photo : Fotolia

Maintenant que la moitié de la planète a chaviré sous 50 nuances de Grey, et que l’autre moitié l’a consciencieusement snobé, réhabilitons les classiques de ce qui mérite de s’appeler dignement littérature sexuelle à scandale à partir de la période moderne en France.

P

assons le conflit de classification : roman à scandale, roman pornographique, roman érotique, outrage à la morale publique et autres bondieuseries justifiant censure et procès. Passons également les considérations et les jugements d’un public bigot : le roman érotique est raillé, considéré comme obscène, bas ; les auteurs emprisonnés, interdits de publication, exilés... Intéressons-nous tout particulièrement au désir féminin dans la littérature contestataire. Le récit de la sexualité féminine fût une arme littéraire contre des ennemis différents selon l’époque. Des personnages aux noms d’Eugénie, Laure, Nana, Emma, Mathilde, Nadine... Ce sont des femmes désirées et réprouvées, tour à tour religieuse libidineuse, demimondaine voluptueuse, maîtresse névrosée, guerrière urbaine. Elles minent tous les rangs : elles sont aristocrates, bourgeoises et plèbe, et accueillent toute la hiérarchie sociales dans leurs hanches. Qui sont-elles ? Et comment ont-elles contribué à changer la face de la terre ?

La religieuse libidineuse Baudelaire disait que « la révolution est faite par des voluptueux », faisant référence à la France des Lumières et à la créativité de ses écrivains phares. Parmi eux, le grand inconnu du bataillon, Mirabeau, qui sonne le glas de l’Ancien Régime avec ces vers : Retirez-vous censeurs atrabilaires Fuyez dévots, hypocrites ou fous Prudes, guenons, et vous, vieilles mégères Nos doux transports ne sont pas faits pour vous Au XVIIIème siècle, les écrits contestataires ont pour cible l’Église, la monarchie absolue et par extension tous les culbénits qui y consentent. Ici, c’est la religieuse qui incarne la libertine siégeant sur une littérature sexuelle pédagogue. Le Rideau levé ou L’Éducation de Laure est une lettre destinée

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à Eugénie, écrite par la nonne Laure qui narre en détails son adolescence passée auprès de son beau-père et sa domestique lui apprenant les plaisirs de la chair, à deux, à trois ou à quatre, toujours incestueusement. Dans La Philosophie dans le Boudoir, c’est encore une sœur religieuse et son ami sodomite Dolmancé, deux libertins de l’extrême, ayant pour élève Eugénie (notons le choix similaire de prénom par Mirabeau et Sade), quinze ans, fille d’une mère dévote. Sade, libertin libertaire, nous livre ici une philosophie nihiliste et anarchiste, consentant notamment à l’inceste, à la sodomie, à l’homosexualité masculine — ce qui fût réprouvé par Mirabeau — condamnant l’absurdité et l’enfermement du mariage, avant-gardiste appelant à l’abolition de la peine de mort. Dans le texte, un pamphlet intitulé « Français, encore un effort si vous voulez être républicains » fait l’apologie du meurtre, de la prostitution et surtout de l’athéisme, à travers cette phrase qui revêt à elle seule l’esprit rationnel des Lumières : « remplacez les sottises déifiques, dont vous fatiguez les jeunes organes de vos enfants, par d’excellents principes sociaux ». Bien que Sade soit plus pornographe et nihiliste que Mirabeau et Diderot, sous l’oxymore de religieuse voluptueuse, deux contestations communes s’édifient : l’hypocrisie de l’ordre clérical et la remise en question des mécanismes de la famille et de sa structure patriarcale ayant pour habitude d’envoyer les filles au couvent afin d’étouffer bien des querelles familiales, avant de les marier illico presto à leur sortie. Avant-garde féministe ?

L’illusion des courtisanes Chez les naturalistes, on distingue deux figures principales : la petite bourgeoise rongée par ses désirs adultères telle Emma Bovary, dans une province qui s’ennuie à se surveiller les mœurs, ou la mante religieuse, tantôt prostituée, Boule de Suif, tantôt demi-mondaine, Nana. Dans Nana, Zola renverse le paradigme dominant du chic de ses contemporains. Sous le Second Empire, un siècle avant la libération sexuelle, il n’est pas aisé de trouver des femmes libres. Alors le chic désinvolte de cette époque


est d’entretenir une demi-mondaine. Pour saisir leur esprit, il suffit de cette phrase prononcée par la Grande Horizontale Emilienne d’Alençon : « si je couche avec un bourgeois, je suis une putain, si je couche avec un roi je suis une favorite ». Nous sommes déjà loin de la déstabilisation de l’ordre clérical par le récit érotique. Ici, Zola fustige la superficialité de ses contemporains, trop occupés à coucher et à se ruiner avec ces demimondaines, autrement appelées cocottes — belles femmes et piètres actrices — que de tenter de mettre fin au despotisme de l’empire. Il s’agit de « l’histoire d’une jeune fille, née de quatre ou cinq générations d’ivrognes, le sang gâté par une longue hérédité de misère et de boisson, qui se transformait chez elle en un détraquement nerveux de son sexe de femme […]. Avec elle, la pourriture qu’on laissait fermenter dans un peuple remontait et pourrissait l’aristocratie ». Avec elle, nous verrons la ruine, le suicide et la mort de plusieurs de ses amants souteneurs. Nana empoisonne cette société d’hommes oisifs, les tuant les uns après les autres, telle une mante religieuse. Juste sanction pour leur paresse ?

Matriarcat ou barbarie ? Arriva ensuite un 20ème siècle marqué par les garçonnes des Années Folles, les célèbres liaisons transatlantiques d’Anaïs Nin et le surréaliste Con d’Irène, pour s’achever sur un féminisme de la troisième vague, guerrier, troublant le genre, écrasant toutes les dominations sur son passage : les vestiges du patriarcat, la société dominante, le mercantilisme. J’ai nommé Baise-moi, de Virginie Despentes, que l’on pourrait confondre à tort avec un Thelma et Louise français, quelques meurtres en plus. Au commencement, Despentes tue d’abord l’ennemi principal : la société de consommation, premier négrier des femmes. Avant de dresser deux personnages, deux tueuses, deux braqueuses, consommatrices de drogue, d’alcool, d’hommes et de nourriture,

une rencontre fortuite qui débouche sur un road-trip sanglant. Despentes est fidèle à elle-même, méprise bon an mal an les nantis abreuvés à la culture classique, ces bobos ne connaissant la sédition qu’à travers l’intégrale de Sade, poliment rangée dans une bibliothèque entre deux films choc de Pasolini, et dont elle dit : « ça vit enterré dans des bouquins, ça croule sous les disques et les cassettes vidéos. C’est sordide. Ça aime les auteurs déjantés, les artistes maudits et les putes dégénérées... Ça apprécie la décadence classée par ordre alphabétique.[…]. C’est moral ce qu’on a fait chez lui ». Elles l’ont tué. Puisque ses héroïnes, elles, vivent la sédition, incarnent la contestation, elles sont barbares, faute de pouvoir instaurer la gynocratie. Prophétique ? Et puisque deux pages ne suffiront pas à rendre hommage à toutes ces femmes voluptueuses, à tous ces écrivains audacieux, envoyés au casse-pipe à cause d’un con humide, voici la chronologie par période littéraire de celles qui émoustillent tout en contestant : Période classique : Jean de la Fontaine, Contes Libertins. Révolution Française : Mirabeau, Le Rideau Levé ou l’éducation de Laure ; Sade, La Philosophie dans le Boudoir ; Justine ou les Malheurs de la vertu ; Diderot, La Religieuse ; Laclos, Les Liaisons dangereuses. Les symbolistes : Baudelaire, Les Femmes Damnées ; Verlaine, Chansons pour elles et autres poèmes érotiques. Les naturalistes : Flaubert, Madame Bovary. ; Maupassant, Bel-Ami, Boule de Suif, La Maison Tellier. Zola, Nana. Les Années Folles : Victor Marguerite, La Garçonne ; Colette, Chéri. Les surréalistes : Aragon, Le con d’Irène. Les contemporains : Duras, L’Amant ; Despentes, Baise-moi

053 / We Are Strasbourg


Musique De la chronique bien de chez nous, avec la patte WAS imprimée dessus. Uniques les styles de nos chroniqueurs libres, incisifs comme on les aime, parfois subjectifs mais toujours drôles. Vous savourerez ces petites pépites ! Préparez vos playlist avec WAS Magazine, vos oreilles en redemanderont !

Propos par : WAS Illustration par : Khat



Musique / Chroniques musicales

Chroniques Musicales Propos par : Vivien Zell Chroniques par : Vivien / Thibault / Lucas / Bob

Être rédacteur musical d’un gratuit de province n’est pas tous les jours facile, chers lecteurs. Souvent cachés derrière nos pseudos, nous sommes certes fiers de vous commenter nos coups de cœur et coups de gueule du moment (j’appellerais cela commentaires et non chroniques, cela fait partie de notre complexe d’infériorité). Mais comment peut-on surpasser l’intelligentsia journalistique rodée de nos concurrents nationaux ? Sans sollicitations, sans pressions rédactionnelles, avec aucune formation journalistique, ni désaccord au sein de notre petit groupe de 4 ? Avec une parfaite liberté ! La vraie ! C’est horrible mes amis…

D

epuis un labo, un bureau, entre deux dossiers sur l’histoire contemporaine espagnole ou tout simplement quand on s’emmerde, on nous rajoute cette corvée de travail. Mais que ne ferions-nous pas pour notre passion ? C’est évidemment la course aux découvertes et le partage avec vous qui font de cette tâche un véritable plaisir. Alors n’hésitez pas à vous servir dans ce qui pourrait être le réfrigérateur compartimenté d’une collocation sans trop d’argent mais avec l’essentiel dedans. Ces florilèges hivernaux témoignent de la grande année musicale qui nous attend et ça c’est plutôt encourageant. Ajoutons finalement que de profiter de la chance d’être publié sur un format papier glacé rien que pour la gâcher, vous rendre

We Are Strasbourg / 056

hystérique derrière votre blog 2.0 de musique pointue à vous arracher les cheveux sur nos non-compétences rédactionnelles nous fait plaisir. Rien que pour ça, on continuera à te raconter presque n’importe quoi, y mettre notre non-style flegmatique, raccorder tout ça avec de la mauvaise volonté pour finir par une sélection de non-chroniques acidulées. Tout ça avec l’appui du rédacteur en chef qui en demande toujours plus ! Le seul truc vrai là dedans c’est la musique qu’on écoute, et si t’es pas assez grand pour avoir compris notre pied de nez, files vite chez ton marchand de journaux, y a le nouveau PuristeMag en kiosque.


Propos par : Bob

01/

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Föllakzoid - II / The Holydrug Couple - Noctuary :

PISSED JEANS - Honeys :

Les blasés et autres rageux ne verront ici en tout et pour tout deux pâles copies : pour le premier, on pourra facilement les accuser du pseudo CAN un poil plus énergique, et pour l’autre un open-plagiat de Tame Impala. Voilà. Easy. Ben ces tanches n’ont pas compris grand-chose à ce qui se passe là-bas, au Chili. Car c’est bien une nouvelle scène internationale émergente qui tient ces deux groupes en figure de proue. La scène psyché internationale se développe et commence à bourgeonner dans plusieurs points du globe, allant doucement à l’encontre du monopole détenu pendant des années par la ville d’Austin au Texas avec ses pléiades de clubs appréciateurs de réverbérations en tout genre, et ses festivals tellement classe qu’ils frisaient l’indécence. Ici on est à Santiago (au Chili). Je vous vois venir d’ici : « gnin gnin flûtes de pan, haricots, lamas, cordillère des Andes, shemales, Tintin, temple du Soleil… » Ouais on y est, mais afin d’éviter ce genre de distorsions fatales à votre esprit, on replace les choses dans le contexte OK ? « Santiago, 5 millions d’habitants, beaucoup de drogue » vous dirait Bernard de La Villardière. Ajoutez une scène de rock psychédélique et deux disques sortis chez Sacred Bones fin janvier. Même sauce, mais sonorités complètement différentes, entre le rock supersonique du quatuor Föllakzoid, et la pop éthérée du duo Holydrug Couple on couvre déjà deux pans majeures du rock psyché. Artistes, musiciens graphistes et scénographes, ces stakhanovistes à droite comme à gauche sont le ciment de ces self-made bands qui apprennent sur le tas, mais avec le talent (et la drogue) en plus leur attirant directement toutes les attentions des différentes presses indie bloggo hipster tantouze pointues et reloues. La musique est absolument géniale, les albums tous deux complètements réussis. Tout le flan-buzz autour on s’en passe, mais ça leur servira quand même à tirer sur la perche qu’on leur tend avec plaisir pour se retrouver chez nous, en Europe, pour une tournée automnale plus tard cette année. S

Bon OK, ça s’appelle « Miels », au pluriel, comme pour rappeler qu’il existe plein de miels différents (genre de sapin, d’acacia et tout.) Bon OK, c’est nul à chier comme nom. En plus c’est même pas vrai, Pissed Jeans lorgne plus du côté de The Men que de Moby ou Mariah Carrey, autres gaziers à avoir osé appeler un truc Miel. Par contre là où ça change, c’est que ça pique beaucoup, beaucoup comme disque. Bienvenue dans le grunge lent et dépressif, où Pissed Jeans arriverait à rendre dégueulasse le plus mignon des glockenspiel. Et ça me plaît. Beaucoup. S

u 01 Föllakzoid - II / The Holydrug Couple - Noctuary www.theholydrugcouple.bandcamp.com u 02 PISSED JEANS - Honeys www.myspace.com/pissedjeans

Propos par : Lucas

Propos par : Vivien

musique / Chroniques musicales

03/ MARVIN GAYE - Trouble Man : En pleine blaxploitation, Marvin Gaye succombe aux sirènes de la B.O de film de série B, après les monuments Shaft et Superfly. Succédant à son manifeste humaniste What’s Going On, l’album peut être le plus important de par son engagement de l’écurie Tamla Motown et précédant Let’s Get In On, difficile de trouver une place au soleil entre ces deux géants. Album plus ou moins oublié de sa discographie, il est aujourd’hui réédité. Bande originale d’un film dispensable, mal filmé et mitraillé de clichés ; la musique est, comme bien souvent le cas de ces films de genre, nettement supérieure. Surfant sur l’ambiance funk soul éthérée de What’s Going On, les morceaux sont en apesanteur, organiques, atteignant un degré de sophistication rare. Marvin Gaye se laisse aller à toutes les audaces, obsédé par la qualité de ses arrangements. L’enchevêtrement des cordes, des cuivres, de la wha-wha et du synthé Moog (racheté à Stevie Wonder), offre le nectar nécessaire pour un groove complexe et raffiné. Un album de haute tenue.S

u 03 MARVIN GAYE - Trouble Man www.marvingayepage.net 057 / We Are Strasbourg


Propos par : Thibault

Musique / Chroniques musicales

04/ PALMA VIOLETS – 180 :

Leur UNE enlacée avec les poulettes de HAIM avec un énorme 2013 en gras a mis une légère pression sur la sortie de 180. De bonne facture diront certains, un über-must de l’année diront d’autres, moi j’en sais rien. Oui, oui c’est bien mais j’entends sans arrêt cette phrase qui trotte dans ma tête de mon buddy Ivre Buvra « C’est un peu finit au pipi non ? ». Et c’est exactement cela, les rosbifs sont certes les uniques chimistes de cette musique sensationnelle mais je dirais quand même que quelques gouttes d’urine et de suffisance ont atteint le bécher en fumée. Certains diront que c’est justement cela qui fait que ça marche. S

u 04 PALMA VIOLETS - 180 www.palmaviolets.co.uk u 05 VERONICA FALLS - Waiting for something to happen veronicafalls.com u 06 FOALS - Holy FIre holyfire.foals.co.uk u 07 FLEETWOOD MAC - Rumours www.fleetwoodmac.com

Propos par : Bob

u 08 BEACH FOSSILS - Clash The Truth www.myspace.com/beachfossils

05/ VERONICA FALLS - Waiting for something to happen : J’ai entendu dire qu’on apprécie une musique parce qu’elle nous rappelle un souvenir agréable. Veronica Falls, pour ma part, tire à l’infini sur cette corde. Malgré des virages attendus, communs à cette pop qu’on pourrait qualifier de niaise / gentillette / champêtre, elle est synonyme pour moi de bonheur intense. L’été, avec des gens trop cool. Avec un titre facilement lance-pierrable comme Waiting For Something To Happen pour un disque où, finalement, il ne s’en passe pas tant que ça, les grand-britons s’en sortent plus que bien. Un tube de l’Hiver. S

We Are Strasbourg / 058


Propos par : Lucas

Propos par : Thibault

06/

Propos par : Vivien

musique / Chroniques musicales

08/

FOALS – HOLY FIRE :

BEACH FOSSILS - Clash The Truth :

Passons rapidement sur l’émerveillement général à l’écoute de Holy Fire. C’est vrai que peu de groupes de cette génération 2007/2008 arrivent à créer ce genre de carrière aujourd’hui et ça, c’est tout à fait respectable. Mais le Yannis gonfle légèrement à la longue, il n’a finalement que très peu de « tips » vocaux, on se retrouve souvent vite à tourner en rond. Sans compter les innombrables passages inutiles entre solos « One take good take » et autre violons claviers patos ça gâcherai presque le plaisir de certains très bons morceaux : Everytime ou encore Late Night. Mais ça s’appelle chipoter hein, surtout quand on est incapable de le sortir de sa playlist quotidienne…  S

Voilà on y est. Après un premier album éponyme plus que réussi, un EP magique, Beach Fossils revient avec un album plutôt très attendu. Zachary Cole Smith, le guitariste, est aussi de celui de DIIV son autre projet indie, avec qui il aurait enregistré un des meilleurs albums de 2012. Autant dire que l’attente se solde par une hauteur de barre assez considérable pour ce Clash the Truth, qui au final aura du mal à répondre à toutes les attentes. Oui, ils sont toujours forts dans leur moody pop simpliste et lancinante, trouver de nouveaux refrains entêtants, et faire sonner le tout comme un bon album. Mais là, en 2013, on est quand même loin du compte. Après quelques minutes / pistes / écoutes (rayez la mention inutile) on aura beaucoup de mal à lui accorder la confiance et la crédibilité à plus ou moins long terme, et d’en faire un album important de ce début d’année. On aura encore plus de mal à se réinfliger cette fausse profusion de bonnes ondes sauce indie pop tant ça sent le réchauffé. Passable donc, dommage. On réessaiera au printemps qui sait. S

07/ FLEETWOOD MAC – Rumours : Groupe ringard par son image de héraut de la bande fm, il fut sauvé il y a peu des limbes par une compilation de reprises regroupant la scène indie comme MGMT, Tame Impala ou encore Best Coast. Rumours, disque figurant dans la discothèque de n’importe quel américain moyen quinquagénaire, ressort accompagné d’un live et de prises alternatives indispensables pour les fanatiques du Big Mac, dispensable pour les gens normaux. Cela reste une des pierres angulaires du softrock, cristallisant une certaine idée de l’hédonisme californien par la beauté des harmonies vocales (malgré des paroles fracassées) et les compositions gorgées de soleil. On peut trouver de nombreuses passerelles entre la scène actuelle (B.O de Drive) et ce disque, d’une grande modernité. Une aura rebutante injustifiée pour une pop inspirée, tout sauf lisse et consensuel. S

059 / We Are Strasbourg


Propos par : Lucas

Musique / Chroniques musicales

09/ Compilation Nuggets : Les tables de la loi du garage rock des sixties, une compilation de groupes plus ou moins obscures de la West Coast ayant atteint la postérité avec l’aide de Lenny Kaye, connu pour avoir été le guitariste du Patti Smith Group. Prenez la sauvagerie des Stones, ajoutez-y des vocaux à la Beatles, rajoutez la culture rythme’n’blues qui influencèrent ces deux groupes, saupoudrez avec gourmandise d’éléments psychédéliques, enrobez tout ça de l’effervescence du Haight-Ashbury et vous obtiendrez à peu de choses près la recette de ces Nuggets. Que tous ces groupes aient sombrés dans l’oubli rajoute une aura supplémentaire à l’œuvre, certains ont continué dans la musique (Todd Rundgren, génie des Nazz) avec un succès relatif (Rory Erickson) mais les autres ? Qu’ont-ils bien pu faire après cette folie furieuse, expert-comptable ? S

u 09 COMPILATION NUGGETS u 10 1984 - Influenza http://www.1984-influenza.com u 11 MY BLOODY VALENTINE - MBV www.mybloodyvalentine.org u 12 RODRIGUEZ - Searching for sugar man http://sugarman.org

We Are Strasbourg / 060


Propos par : Thibault

10/ 1984 – Influenza :

12/ Rodriguez - Searching for Sugar Man

Impartialité mon cul ! Alors je me permets la chronique mafieuse et sans scrupule. Sortir Influenza en plein pic épidémique de la grippe en plus de le produire avec Laura et Steven des Blood Red Shoes ça s’appelle avoir des Nuts. Surtout que les sensibles du Paul Banks vont pouvoir jubiler, ne cédant jamais à la facilité les 1984 sont les virtuoses d’une musique qu’on entend de moins en moins. Maze, Fulmine et Influenza sont à eux seuls les principaux extraits du remède L52 : elles seront l’antidote des dernières journées de froid. Trio strasbourgeois qui ravira je l’espère la plupart d’entre vous. Attention l’habit ne fait pas le contenu, ne soyez pas rebuté par la pochette. S

Propos par : Bob

Propos par : Lucas

musique / Chroniques musicales

Original Motion Picture Soundtrack L’histoire était trop belle. Un artiste nord-américain des années 60 tombé dans l’oublie après deux albums merveilleux devient un mythe au milieu des années 70, en Afrique du Sud où son premier album est distribué au bouche à oreille. Époque de l’apartheid, les jeunes trouvent un écho à leur révolte dans ces paroles engagées. Les rumeurs les plus folles courent pour expliquer sa disparition, il se serait suicidé sur scène, immolé par le feu (Hendrix, ridicule). Jusqu’à ce que l’un des ses fans retrouve sa trace, s’en suit une tournée en terre promise et l’icône voit ses morceaux repris en cœur par une foule de fidèles. Le documentaire du suédois Malik Bendjelloul nous conte cette épopée. C’est la bande originale du film qu’y figure ici, compilation des deux uniques albums de Rodriguez, Sugar Man et Coming From Reality. La musique est merveilleuse, sorte d’hybride entre Dylan et Love. Histoire poétique s’il en est, à conserver dans les légendes et mythes du rock. S

11/ MY BLOODY VALENTINE – MBV : Chroniquer une actu et chroniquer un album de My Bloody Valentine, c’est un peu surréaliste. Mais l’avenir est un long passé, bande d’anti-rétromaniaques. Alors oui, le nouveau MBV est génial ; non, ce n’est pas une surprise, diront certains. On s’en fout des surprises, c’est le Kinder que l’on veut. Et il est délicieux. Loveless est mieux, diront certains. Oui, mais Loveless est immense parce qu’il a su garder toute sa jeunesse en 22 ans (quand même.) Quel âge à MBV ? Ah, d’accord. Il a gardé toute sa jeunesse, ton petit frère de 3 ans, c’est vrai ? Vous l’aurez compris, je trouve MBV immense. S

061 / We Are Strasbourg


13/

PAUWELS – #1 :

Propos par : Thibault

Propos par :Bob

Musique / Chroniques musicales

14/

FOXYGEN - We Are The 21st Century AMBASSADORS OF PEACE AND MAGIC : Une bonne piquouse d’inconditionnel quand c’est bien fait provoque chez moi la frénésie de lectures et d’écoutes. «C’est quoi ? Le nouveau MGMT ?» «Tu fais chier avec les Stones...» « Trop pompé Bob D. ton truc» «On dirait Pete Doherty sans accents ». Du coup le cercle restreint en prend un peu dans la tronche... Mon sport favoris étant de frimer (copyright 1998) à ces moment précis « C’est bien hein ?! ». Mais c’est plus fort que moi je n’y peux rien j’aime ça, mon petit plaisir. Foxygen est ni plus ni moins le coup de LOVE de cette rentrée. S

Propos par : Thibault

C’est du coin : ces faux-rhinois de Pauwels nous fustigent d’un album (ou mini-album, ou concept-album, ou EP, d’accord) composé de 6 pièces et 2 entractes. Desert-math-rock, comme décrirait leur écurie October Tone, tout y est. L’on se retrouve à suer sur des morceaux aussi arides qu’incisifs. Et terriblement défoulants, tantôt dans la tête, tantôt dans les jambes. On est définitivement dans le rayon « premier essai réussi », aussi bien artistiquement que dans leur originalité (leur disque est un véritable objet non sans rappeler la revue Planète de Jacques Bergier et de Louis… Pauwels, premier du nom. S

16/

ANOTHER FIVE MINUTES EP Ma culture HxC : Another Five Minutes - EP Ma culture HxC est à plat depuis maintenant 5 ans et les mouvances DIY, Straight Edge et compagnie me passent totalement au dessus. Mais quand un groupe strasbourgeois de cette trempe sort du lot c’est avec joie que l’on se replonge dans ce monde parallèle où les punk-rockers en baggy sont devenus des grands et beaux garçons avec un style qui ferait frémir la première allemande venue. Mais AFM ne sont pas seulement impressionnants sur scène, ils sont surtout touchants, habités par ce qu’ils racontent et ça suffit pour en imposer croyez-moi. Ils ont élus domicile au Molodoï, à ne pas manquer la prochaine fois donc. Sales Spécistes ! S

We Are Strasbourg / 062


Propos par :Vivien

musique / Chroniques musicales

15/

PANTHA DU PRINCE & THE BELL LABORATORY– Elements of Lights : De retour, enfin ! Hendrik Weber revient avec ses plus belles cloches et carillons et devra répondre de trois ans d’attente après son chef-d’œuvre absolu Black Noise. L’excitation était bien là, palpable (oui) et je ne pouvais plus attendre de jeter une oreille sur son nouvel opus. Mais après quelques écoutes je me suis vraiment demandé ce qu’il se passe, et c’est un peu la douche froide. Et ben merde. Beaucoup plus expérimental et progressive, sa musique ménage ses textures oui, mais pas sans devenir un tantinet (simplement) chiante. De ci de là, quelques passages bien sentis vous fileront tout au plus une demi molle, mais ça ne dure hélas pas. J’ai eu du mal à savoir quoi en penser même à force d’écoute et d’auto-persuasion que c’est quand même Pantha du Prince, et que normalement c’est très bien. Au risque de conclure hâtivement et de regretter amèrement mes écrits d’ici là, j’attendrais d’avoir un recul supplémentaire avant de porter mon jugement sur ce que je considère encore comme

une extension de B.O. d’une longue messe de Noël vaticane et super relou. Encore un peu de temps nécessaire donc, pour peut être à terme découvrir que quelque chose de bon peut résider quelque part dans cet album, même après avoir essayé de regarder derrière le stickers promo, retourner la pochette dans tous les sens, écouter sa musique en 33, 45 et 78 tours, à l’envers, relier les lettres de la pochette entre elles pour y dévoiler une carte du réseau neuronal de mon cortex trop blasé pour comprendre quoi que soit à la musique du Pantha 2.0. Rien n’y fait. Cet album m’emmerde. S

u 13 PAUWELS www.pauwelsmusic.com u 14 FOXYGEN foxygen.bandcamp.com u 15 PANTHA DU PRINCE & THE BELL Laboratory www.panthaduprince.com u 16 ANOTHER FIVE MINUTES anotherfiveminutes.bandcamp.com

063 / We Are Strasbourg


Musique / Stupid Microbes

Stupid Microbes De Fatboy Slim à Skrillex en passant par Birdy Nam Nam, Prodigy, Adele, Noisia ou Daft Punk, les Stupid Microbes produisent un son électro puissant, éclectique et furieusement tendance. Loin de se contenter de pousser des disques, le duo triture en live la matière sonore pour créer son propre univers musical, armé d’un joyeux bordel de machines électroniques. On pourrait croire à un nouveau duo de teenagers précoces, mais ces deux-là aiguisent leurs armes depuis quelques années.

R

encontrés sur les dancefloors de l’est de la France, puis parcourant l’Europe et sa scène électronique, Phil Scott et Taktik se sont découvert un intérêt commun pour les gros festivals technos (Mysteryland, Nature One, Sea of love…), et une incroyable complémentarité : l’un précis et méticuleux, l’autre créatif et avide d’expérimentations audiovisuelles. Ils créent en 2006 une performance live basée sur un dj-set vinyl, agrémenté de petites friandises sonores (scratch, samples et autre bleep avant-gardiste) avec déjà la volonté de créer un véritable voyage musical et le soucis d’une narration surprenante et efficace. Cette recette audacieuse les portera jusqu’en Espagne où leur live techno très pêchu est acclamé en 2008. Les Stupid Microbes sont nés. Organisateurs, djs et producteurs hardtechno, les microbes se cherchent une identité musicale moins extrême capable d’intégrer toutes leurs influences musicales et de séduire un public plus large. Taquinant la platine aux côtés de Lil Mike (Birdy Nam Nam) le duo pioche dans tout les styles pour accoucher d’un nouveau style hybride electro / techno / dubstep, qu’ils peaufinent discrètement depuis plus de 3 ans. Leurs rares apparitions strasbourgeoises (Studio Saglio / Black Hole / La Java) leur ont permis de marquer et séduire un public qui en

We Are Strasbourg / 064

redemande. Parallèlement, les deux compères ont pris le temps d’apprendre la production musicale et ont sorti leur premier EP en janvier sur le label belge Thailwhip Records. Dans la lignée des Coldcut, Dirtyphonics ou C2C, le duo produit aujourd’hui un show complet maitrisé, mais avec toujours une part d’improvisation qui donne de l’originalité à chaque passage ! Le dernier en date, le 2 mars à l’Epidemic Expérience aux côtés de Zomboy, Dope DOD ou encore Broad Rush, à marqué les esprits avec un final mêlant mapping vidéo, boucle fatty et scratchs déroutants. Sachant qu’ils ne refont jamais deux fois la même chose, et que la qualité va crescendo, on a hâte de les revoirs sur scène dans nos contrées ! Un show audiovisuel complet ainsi qu’un album sont en cours pour l’année 2013. Suivez-les de près ! www.stupidmicrobes.com soundcloud.com/stupid-microbes Pour retrouver le mix Spécial Was préparé par les Stupid Microbes !

Propos par : WAS Photo par : Vincent Muller


La playlist du moment

ON/OFF

1. Breathe - Prodigy (Zeds dead remix) 2. Make it bun dem - Skrillex 3. Goin’in - Birdy nam nam (Skrillex remix) hard bass 4. Mylan - Stupid Microbes (Beurk ! remix) 5. Little Cat - Feed Me 6. Party Music - Lemi Vice, Knife party 7. 100 % in the Bitch - Porter Robinson 8. Rocksteady - The Bloody Beetroots (Gigi Barocco remix) 9. Deviance - Excision, Datsik (Dirtyphonics remix) 10. Kick it Ft Zomboys - Skism (Dirtyloud remix)

065 / We Are Strasbourg


Musique / Pascal Walter Propos par : WAS Photo par : Vincent Muller

PASCAL

WALTER Métissage et grand écart musical WAS Magazine s’est penché sur un homme à la carrière discrète, au profil bas, ne cherchant pas la gloire des affiches et favorisant la reconnaissance de son travail plutôt que de sa personne. Pascal Walter est producteur de musique électronique, vous ne connaissez peut-être pas son nom ni son visage, mais vous avez sans aucun doute déjà entendu sa musique. Rencontre avec un selfmade man, qui s’est construit d’une radio guadeloupéenne aux studios de mastering. WAS : Bonjour, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ? Tout d’abord merci à WAS de porter son intérêt à la scène électronique strasbourgeoise, et plus particulièrement au Label Electronic Player dont je m’occupe en tant que producteur label manager. Pour faire court, je me présente : Pascal Walter, de mère guadeloupéenne et de père alsacien, ce qui musicalement aide à faire le grand écart entre la musique folklorique alsacienne et le zouk. WAS : Pouvez-vous nous raconter votre parcours musical ? Il débute en Guadeloupe en 1990 sur une radio, Kdanse FM, puis sur une radio pirate, 102 grafitti, ou je passais encore des 45t et 33t, parfois pendant plus de 10h de suite par manque de personnel. J’avais la chance d’avoir un ami, Nicolas, qui travaillait en France pour Media Control. Il me fournissait en promo, dont le premier 45t de Massive Attack qui, à l’époque, était un ovni. De retour à Strasbourg, j’ai trouvé une place d’animateur bénévole sur Radio Campus (aujourd’hui Radio en Construction). J’ai participé à la charpente de la programmation. de 2006 à 2008. En 95, j’ai travaillé à La Laiterie, à la communication. En 1996, je me suis intéressé à la scène électronique du moment : House, Jungle, Trip hop, Novo dub, Electronica, etc. Je suis devenu pendant une saison le dj (Dj Czam) du week-end de l’Elastic bar. Entre temps, j’ai fondé avec des personnes de mon entourage le label Drumaax et produit sous ce nom la première compilation électronique de l’Est de la France, qui fut playlistée dans plusieurs radios locales hexagonales. Et dans le même temps, j’ai pu faire les premières parties, entre autres, de Jamiroquaï, Coldcut, Laurent Garnier, Roni Size, dj Krush, Saul Williams, Howie B, LTJ BUKEM, Jay-Jay Johanson…. WAS : Qu’est ce que Drumaax ? Drumaax, c’était une belle aventure composée de gens, de soirées, de productions, et de voyages …

We Are Strasbourg / 066

WAS : Quelles sont les raisons qui vous ont mené à la création de Drumaax ? La passion de regrouper différentes personnes partageant le goût de la musique électronique, ce qui ne fut pas évident. WAS : Qu’est-ce qu’ Electronic Player et quel est votre rôle au sein de ce label ? E l e c t ro n i c P l aye r e st un label indépendant de musiques électroniques, dont la plupart des productions est résolument électronique. Mon rôle est de promouvoir les productions de ce label le mieux et le plus loin possible. WAS : Quand ce label a-t-il été créé et pour quelles raisons ? Electronic Player a été fondé en 2009 à Strasbourg afin de donner aux jeunes compositeurs un coup de pouce, ce qui de nos jours est plutôt rare, et peut être aussi, pour ma part, le désir de tomber sur la perle rare, le rêve de tout producteur … WAS : Qu’est-ce qui vous démarque des autres ? (Pour répondre à ça, il faudrait que je connaisse les autres)… Ce que je peux dire, c’est que le contrat que je propose pour les productions digitales entre le label et le compositeur (trice) n’est pas fermé. Le compositeur (trice) reste propriétaire de son œuvre. C’est ma manière de changer les anciennes règles du producteur s’accaparant tous les droits, cela me paraît obsolète aujourd’hui de procéder de cette manière.


WAS : Pouvez-vous décrire les choix artistiques et énoncer les activités de Electronic Player ? Produire un maximum de titres, proposer un vaste choix, afin que Strasbourg puisse apparaître sur la carte des villes actives dans le domaine des musiques dites « électroniques » par le biais d’une plus grande visibilité sur les plateformes digitales, ce qui n’est pas une mince affaire. Ceci-dit il y a déjà quelques personnes qui travaillent dans leur coin, comme Pablo Valentino, Sovnger, dj Nelson ou encore Caterva. Aussi je tiens tout particulièrement à remercier l’association Souldancer de m’avoir permis de découvrir de jeunes talents en devenir de la scène strasbourgeoise. Et, pardon de ne pas pouvoir citer tout le monde …. WAS : Quels sont vos objectifs avec ce label ? Transmettre mon expérience et mes connaissances à la nouvelle génération, et peut-être contribuer à leur réussite. WAS : Quels sont vos projets à venir ? Après la sortie de 52 titres en 2012 , le projet de 2013 avec le label Electronic Player, qui est une division de MWG (Music

Workers Group, la structure juridique), est de créer une école de musique électronique proposant des sessions de home studio, mixage et mastering, car de ce côté il y a encore beaucoup de lacunes, afin d’avoir des productions de bon niveau. D’ailleurs je vous rappelle que c’est à Strasbourg, chez kilohertz.fr, spécialisé dans les musiques électroniques, que de nombreux artistes internationaux sont masterisés, par exemple : Alex Gopher, Azzido Da Bass, Don Rimini, The Subs ou encore Poney Poney Run Run… Ce dernier fera partie du groupe des intervenants. WAS : Comment écouter votre musique et où ? Et bien, on peut l’écouter en étant couché, assis, debout, en marchant ou encore en courant. Retrouvez toutes les productions de Electronic Player sur les plateformes digitales (Itunes, Spotify, Deezer…). Et pour clore cette petite discussion, un mot à tous les compositeurs (trices) : envoyez vos démo à : contact@electronic-player.com Et je tiens à remercier les artistes producteurs du label « THE PLAYERS » : Annick And The Machine - Banana Split - Blackadiscomental - Big Oh Chateaubriant - Czam – Discode - Ethanzzz - E-Tronik – Ficus – Galiby Johnson De Christensen - Jérôme Laufer - John Fritz - Kid Swing - K Lu - Lino Sparkling – Missoless – Rokkafunk - Sebasti3n - Steppah Huntah Steven J Aka Wobblejay - The Svens - Toxic Lipid –Tof - Voltery - Wobble 67 - Yvain Von Stebut - Zee Reach. www.electronic-player.com www.soundcloud.com/electronicplayer

067 / We Are Strasbourg


Musique / Maldonne

Maldonne ...Quoique.

Nous avons rencontré Ludo afin qu’il nous confie quelques mots sur Maldonne, qui a vu le jour il y a environ un an et demi. « Maldonne est un projet parallèle à «J’aurais voulu...» groupe dans lequel lui et Jérémya jouent depuis 12 ans.» «J’aurai voulu…» ont déjà produit 4 albums et réalisé de nombreux concerts aussi bien en France qu’en Europe, cela leur a donné envie de faire un break pour se tourner vers un autre style musical, leur ouvrant des horizons différents : MALDONNE. C’est en fait un projet studio dont l’enregistrement a duré un an : 20 titres ont étés enregistrés dont 16 qui figurent sur l’album éponyme, sorti en octobre dernier en CD, vinyle et sur les plateformes de téléchargement. Le groupe est composé de Jeremya et Ludo, entourés de divers activistes de la scène musicale dont Sam (responsable des ateliers Hip-Hop de Colmar), Lady Bittersweet, Raf de 16kat, Victor de Brigada Flores Magon, Riwan et Arno de J’aurais Voulu…, et de Léo le fils de Jérémya. Jérémya est guitariste, il a écrit et composé les morceaux. Il a aussi joué dans de nombreuses formations de la scène Punk-Rock française : Pavillon 36, Charge 69, Molodoï, Heyoka, Brigada Flores Magon, J’aurais Voulu..., Salvation City Rocker. Ludo quant à lui est bassiste et chanteur. Il joue également dans J’aurais voulu... et à joué dans Brigada Flores Magon. C’est Jérémya lui-même qui a enregistré les morceaux. Sam, ayant auparavant travaillé sur diverses compilations Hip-Hop de la scène colmarienne, a ensuite mixé et fait les arrangements de l’album. Maldonne, c’est la liberté de composer sans frontières ni barrières musicales. Ses membres mélangent deux mouvements contestataires et importants à leurs yeux, le Punk-Rock et le Hip-Hop, en y ajoutant quelques doses de Reggae, de Ska et de chansons à texte. L’idée était aussi de prendre un nouveau départ, sur de nouvelles bases musicales. Ils se sont laissés porter par leur inspiration, leurs envies et leur culture musicale, sans savoir où cela les mèneraient. En effet, ils restent ouverts et nourrissent leurs projets, en véritables passionnés qu’ils sont. Au rang des inspirations directes, des noms en vrac comme : Social Distortion, Molodoï, Rancid, Mano Solo, Jimmy Cliff, Assassin & Rockin’ Squat, les Béruriers Noirs, Renaud, Rocca, George Brassens, Léo Ferré, Jacques Brel, Suprême NTM, Thiéfaine, The Clash, Johnny Cash, Joe Strummer... De quoi vous donner des idées de playlist pour le printemps.

Maldonne, Marche ou crève un album en quelques mots L’enregistrement de l’album s’est étalé sur pas mal de temps. 20 titres ont été enregistrés. Les morceaux ont d’abord été enregistrés chez Jérémya, dans son Studio à Strasbourg. Ils bénéficiaient ensuite des arrangements de Sam à Colmar, où ils étaient alors mixés... L’album a été autoproduit. Il est sorti en octobre 2012. 16 titres figurent sur la version CD et 12 sur la version Vinyle. Il est disponible chez certains disquaires et sur commande sur leur site internet ainsi que sur les différentes plateformes de téléchargement. Un clip a également été réalisé par Yannick Stanni et filmé à Grillen à Colmar, pour le morceau Marche ou crève. Il est visible sur Youtube, notamment depuis le site du groupe. En ce qui concerne leur projets futurs, ils travaillent actuellement sur le montage du clip de Vida Loca qui a été tourné au Mexique en janvier et devrait voir le jour très bientôt ! (à suivre sur Youtube !). Victor (Brigada Flores Magon) qui fait le chant en espagnol sur le morceau, vit à Mexico City depuis plusieurs années... C’est grâce à Internet et aux nouvelles technologies que ce featuring a été possible dans un premier temps, mais ayant très vite l’envie de le voir pour mettre ce morceau en image, ils se sont naturellement déplacés. Vous pourrez bientôt avoir la chance de découvrir leur album sur scène, du moins nous l’espérons. www.maldonne.com

Propos par : WAS Photo par : Maldonne

We Are Strasbourg / 068


069 / We Are Strasbourg


ART Ne soyez pas timides, ne soyez pas flippés à la simple idée de lire un article estampillé “Art”. Chez WAS, on a encore fait de bien belles rencontres, YoNi Corpus et Mohammed El Mourid par exemple, au cœur des performances scéniques et intimistes. Khat, bientôt légendaire, que l’on vous fera découvrir en détails et bien d’autres surprises.

Propos par : WAS Illustration par : Khat



art / Khat

KhaT un artiste khataclysmique Vous parler de Khat, c’est compliqué, pour le découvrir, mieux valait lui donner la parole. Entrez dans l’univers d’un artiste boulimique de créations qui se décrit lui-même comme « Chat un peu spécial mais gentil (à sa manière...) cherche abris artistique le temps d’une exposition. Discret mais ayant de nombreux contacts avec d’autres créatures qui le sont peut être moins que lui. A une fâcheuse tendance à investir complètement son lieu d’accueil mais toujours dans un esprit créatif. Merci. »

WAS : Peux tu te présenter en quelques mots ? Khat : Je suis Khat! Ou Khat est moi! Je pourrais dire que « nous » sommes artistes plasticiens ayant élu domicile sur Strasbourg depuis 2008 sous le nom KHAT faktory. Nos champs d’activités sont majoritairement la peinture, que ce soit sur toile, murale ou autre, l’illustration, le volume, le graphisme mais s’étendent quand nous le pouvons à la musique, la vidéo et l’animation. Finalement, beaucoup de choses peuvent être prétexte à développer notre univers et notre démarche afin d’importer notre monde dans le votre. Votre monde devient notre terrain de jeu ! Nous sommes certes un peu fous, parfois glauques ou trash mais restons toujours sympathiques ! WAS : Quel est ton/votre parcours, à toi Khat, toi et Khat, ou comme tu voudras ? Khat : Je suis dans les arts depuis le lycée. Après avoir obtenu un bac en arts appliqués à Saint-Étienne, ma ville natale, je suis parti sur Chaumont, en Haute-Marne pendant 2 ans pour passer un bts en communication visuelle spécialisé en multimédia. Je me suis rendu compte pendant cette période que le graphisme appliqué au web, aussi intéressant que cela puisse être, était néanmoins limité par de nombreuses contraintes techniques et j’avais le sentiment qu’il me manquait quelque chose...de plus « brut », plus plastique. J’ai passé le diplôme et me suis dirigé vers ce que je pressentais le plus approprié pour moi afin de développer ma créativité plastique que je sentais atrophiée... Les Beaux Arts !

We Are Strasbourg / 072

Retour sur Saint-Étienne dans une école qui était véritablement un symbole quand j’étais enfant. Je suis rentré en 2ème année en équivalence. Année pendant laquelle on apprend les bases des diverses techniques artistiques : dessin, peinture, sculpture. Changement radical avec les bagages techniques que j’avais du bts, j’étais perturbé au début mais réussi néanmoins à combiner mes savoir-faire au fur et à mesure des années afin de développer des projets personnels pas forcément acceptés par mes professeurs mais qui m’intéressaient moi. Je travaillais beaucoup sur la relation du son à l’image, sur le lisible/illisible et le développement de vidéos expérimentales. Je suis parti 6 mois en Allemagne lors de ma 4ème année (en erasmus) dans une école de “Grafik-Design” où j’ai travaillé essentiellement sur la vidéo, particulièrement l’animation qui m’intéressait beaucoup. J’étais seul dans un pays étranger dont je ne parlais même pas la langue... je me suis « enfermé » dans mon travail et c’est vraiment à partir de là que j’ai commencé à développer Khat faktory. Ce chat, ou plutôt le symbole que représentait ce chat était de plus en plus présent car il me définissait. Je suis ensuite rentré en France, j’ai passé mon dnap (diplôme national d’art plastique) et ai poursuivi le cursus jusqu’en 5ème année pour obtenir un dnsep (diplôme national supérieur d’expression plastique) mais mes professeurs ont refusé de m’accorder mon diplôme et m’ont conseillé de refaire une 5ème année. Je me souviendrais toujours de l’explication qu’ils invoquaient et que je n’ai jamais comprise : « vous êtes trop curieux, il ne faut pas trop l’être en art ! ». J’ai refait cette dernière année mais suis parti en cours car cette école ne me convenait plus trop. Je suis donc parti sur Strasbourg où j’ai commencé mon activité de free-lance sous le nom Khat faktory.


WAS : Qu’est-ce qui t’as amené à ce travail d’illustration et quelles sont tes sources d’inspirations ? Khat : J’ai toujours plus ou moins dessiné, depuis que je suis gamin. Disons que j’ai plutôt laissé ce désir de faire de l’illustration de côté et que je suis revenu le chercher plus tard. D’ailleurs, je me souviens que je voulais faire de la BD quand j’étais à l’école primaire. Comme je l’ai dit précédemment, j’ai essayé beaucoup de choses différentes durant mes études. Nous pouvons nous exprimer de nombreuses manières mais je suis resté très attiré, dans un sens, aux choses primaires. Et le dessin, l’illustration, la peinture font partie des arts primaires que tout le monde peut appréhender, petits ou grands. De plus, on peut le pratiquer presque partout. Je me nourris de beaucoup de choses ! Toutes mes influences ne se voient peut être pas mais pourtant c’est le cas. J’aime les arts primitifs, éthniques de toutes sortes, particulièrement japonaises. Je lis d’ailleurs pas mal de mangas. J’apprécie autant un Basquiat qu’un Turner, un Dali qu’un film de David Lynch. Je suis assez cinéphile, autrefois, je m’influençais avidement de Tim Burton. Je pourrais regarder un film d’auteur nordique complètement expérimental et juste après regarder un film de zombies nazis ! D’ailleurs, Quentin Dupieux alias Mr Oizo dont j’aime beaucoup le travail arrive à bien allier les extrêmes. La musique m’influence énormément aussi, j’écoute beaucoup d’électro, de hip hop, un peu de post-rock. De Foreign Beggars à Amon Tobin en passant par Programme, Non-stop qui sont des groupes à textes qui me parlent beaucoup et Venetian Snares qui a su génialement marier Bella Bartok et du break core. Dans l’art actuel, voire urbain, j’aime beaucoup le travail de Niark en tant que peintre, de jean-Christophe Belaud en tant que sculpteur, de Monsta, Russ mais pour quelques uns, ce sont des amis donc je ne suis peut-être pas objectif. L’autre grosse partie influente en dehors de la culture artistique reste la science. Mais intimement mêlée à l’ésotérisme. Même si je reste parfois néophyte sur beaucoup de questions (et c’est cela qui est intéressant ; la découverte) je m’intéresse à la zoologie ; les animaux et les plantes sont une grande source d’inspiration. Également la cosmologie ; l’univers, les trous noirs, l’énergie sombre, le big-bang...


« en réalité la couleur n'existe pas et la matière de toutes choses est grise »

la physique quantique me fascinent. Et enfin l’anatomie, l’idée est d’essayer de retranscrire de manière plus primaire la complexité du corps humain, « la machine vivante autonome », de l’inerte au mouvement. WAS : Comment travailles-tu ? Où, dans quelles conditions et avec quels outils ? Khat : J’aimerais avoir un atelier un jour mais je travaille chez moi tout simplement, dans mon salon qui est souvent transformé en atelier car c’est la pièce la plus lumineuse de mon appartement actuel. Je pense que j’ai gardé les habitudes de l’enfance, on a un bureau dans notre chambre mais on fait ses devoirs partout sauf sur celui-ci ! Et puis, je suis souvent amené à découper du carton-plume au scalpel pour mes pièces en volume donc j’utilise ma planche à découper qui est au sol. Sinon, j’utilise un chevalet ou un pan de mur pour mes toiles qui sont, au fur et à mesure du temps de plus en plus grosses. Mes outils ? L’acrylique, un peu de bombe, et beaucoup de Posca ! Il faudrait d’ailleurs que je fasse un jour une demande officielle auprès d’eux afin d’être sponsorisé car je dois être un gros client ! Tous ces outils retranscrivent pour l’instant au mieux l’idée que j’ai du rapport couleur/support car les Posca comme la bombe offrent une vivacité des couleurs que je trouve très intéressante lorsqu’elle est confrontée au neutre que je représente par le gris. Il faut s’imaginer le tout sous fond de musique dont j’en ai évoqué une partie tout à l’heure. Ou parfois sous fond de télé avec des émissions plus stupides et insurgeantes les unes que les autres...cela m’aide à prendre du recul sur la bêtise du monde duquel nous appartenons. WAS : Combien de temps mets-tu à réaliser une œuvre ? We Are Strasbourg / 074

Khat : Le temps varie en fonction du support et de la complexité. Je peux réaliser une toile en 2 jours comme 1 semaine. Un peu moins pour une illustration car passer trop de temps sur une chose me « lasse » assez rapidement de manière générale. Et puis, je privilégie la spontanéité. Par contre, une toile en volume peut me prendre un bon mois car le travail est tout autre, il faut découper les pièces, les peindre sur toutes les faces, les coller et le tout sur de nombreuses couches. Pour les fresques, c’est souvent en temps limité car je les réalise la plupart du temps pour des événements éphémères. Le tout est variable aussi car je travaille presque essentiellement sur l’improvisation donc parfois, l’inspiration est vite là, parfois moins. WAS : Quelles sont tes ambitions pour le futur ? Khat : « I am bition ! » Comme dirait Gonzales dans l’album « Ivory Tower ! » Plus sérieusement et modestement, j’aimerais dans un premier temps, vivre de ce que je fais car ce n’est pas totalement le cas aujourd’hui. Mais depuis mon arrivée sur Strasbourg, j’ai de plus en plus d’opportunités et j’espère développer et étendre ma démarche au travers d’événements ou d’interventions personnelles. Mon ambition principale est de donner une plus grande envergure au concept Khat faktory, car c’est plus qu’une nomination pour moi, il s’agit vraiment d’un projet de vie artistique qui tend et doit se développer au travers de multiples supports et moyens. Je dis toujours que l’action ultime serait de créer un monde complet, ou plutôt de transformer le monde réel en un autre, avec une autre logique et une autre esthétique. Une sorte de “khatabolisation”. D’ailleurs, l’un de mon fil conducteur est l’idée de faille, de trou, sorte de passage initiatique physique et psychique que je symbolise souvent, entre autre, par la phrase « Find the crack » = trouve la faille. J’imagine donc facilement de grands lieux complètement investis et débordant d’images, d’installations, d’énormes toiles, de chats rouges disséminés dans une ville devenant des sortes de gardiens... D’être présent également sur les médias numériques. Dans tous les cas, j’espère arriver à me faire une place et à contribuer à ma modeste échelle au développement de l’art actuel. WAS : Quels sont tes projets en cours ? Khat : Je travaillais sur un petit projet de bande dessinée pour l’association Komiki (publication de divers auteurs de bande dessinée sur un thème commun) qui publie son prochain numéro sur le thème des pirates mais j’ai dû abroger et remettre ce projet à plus tard car j’ai dû malheureusement privilégier d’autres


priorités. Je vais participer en avril pour la deuxième année à L’Ebouelle Contest 2013 aux gets dans les alpes avec mon groupe d’amis. Il s’agit d’une compétition de snowboard et de ski mais aussi entre plusieurs teams d’artistes qui doivent investir un espace. Nous allons donc y participer sous le nom « Les Autres ». Je continue dans tous les cas à produire des toiles, illustrations et volumes qui pourront être présentés lors d’une éventuelle exposition que je pourrais faire. WAS : Des expositions ? Khat : Je viens de participer à l’exposition Artaq, événement d’art urbain et contemporain qui a regroupé quelques artistes européens et mondiaux. L’exposition a démarré à Angers et s’est finie à l’espace Pierre Cardin à Paris. Mais j’aimerais beaucoup avoir l’opportunité de pouvoir monter une exposition Khat car je n’ai jamais eu l’occasion de le faire. J’ai fait quelques événements bien sûr mais la plupart du temps avec d’autres artistes comme Sans Conservateur 2012 à Strasbourg par exemple qui s’est déroulée en août dernier. Je lance donc un appel sur Strasbourg ou ailleurs. WAS : Comment définirais-tu ton style ? Khat : Définir ce que l’on fait est toujours délicat. J’ai tendance à dire que “je fais ce que je fais“ mais je pourrais dire que je fais de l’onirique urbain primitif, je ne sais pas... Le thème de l’enfance est très présent dans mon travail mais la sexualité aussi alors que ce sont 2 choses différentes. Pourtant elles sont néanmoins liées pour moi. L’idée du cadavre exquis donc l’idée de la spontanéité est également une base, donc je pense que je n’ai pas de voie particulière. Je suis indubitablement influencé par ce que je vois et mon style graphique doit sûrement en être une preuve. On me dit souvent dit que mes travaux sont “street art”, “à part”, ou “particulier”. Dans tous les cas, je le prends bien ! WAS : Que souhaites-tu communiquer à travers tes productions ? Khat : J’en suis encore au stade où j’essaie de parler de moi de manière indirecte comme beaucoup d’artistes je pense. Je ne suis pas très expansif sur mes émotions et mes sentiments dans la vie et c’est beaucoup plus facile de les faire ressortir à travers le dessin, la peinture, la musique. Mes productions servent aussi de recherches sur les nombreuses questions que je me pose sur tous les sujets auxquels je suis sensible tant dans ma vie personnelle, culturelle que spirituelle car je me suis inventé une spiritualité et une réflexion propre au fur et à mesure des années. Je parle beaucoup, par exemple de la confrontation entre l’interprétation que nous avons du monde et ce qu’il est vraiment et je dis ça d’un point de vue physique ; la couleur n’est qu’une interprétation de notre cerveau, ce qui nous permet d’appréhender le volume mais en réalité la couleur n’existe pas et la matière de toutes choses est grise. Je retranscris cela par le clash couleurs

et fond gris. Le chamanisme vient ponctuer ces théories. Je parle de voyage personnel qui est propre à chacun. Je ne suis pas seul dans ma tête et j’aimerais le communiquer. Tout ce que je dis ne doit pas nécessairement se voir et je fais des grandes phrases pour au final montrer des choses pas si profondes que ça mais moi je le vois et c’est déjà pas mal. Je pars juste du principe que si j’arrive à sensibiliser au moins une autre personne et que cette personne ressente un petit quelque chose en voyant mon travail, et bien c’est gagné. J’ai de l’empathie mais il faut aussi faire un travail sur son égo. D’ailleurs, ça me fait bizarre de parler autant de moi depuis le début de cette interview. WAS : Comment qualifierais-tu ton univers ? Khat : “Khatatonique”, “khatabolisant”, “khataclysmique”, “khatégorique”, “khatamarrant”, “khatodique”, “khatiministe”, “khatacombale”, flippant, sensuel, timide et extraverti ! J’ai finalement abordé cette question tout au long des diverses questions mais mon univers est très schizophrène autant sur les bons cotés que les mauvais mais toujours traités avec un peu de légèreté. Il essaie d’instaurer un clash graphique pour nous détacher de ce que l’on voit dans la vie de tous les jours. Propos par : WAS Portrait par : Ophélie Longuépée

075 / We Are Strasbourg


art / Yoni Corpus / Mohammed El Mourid

Artistes performeurs YoNi Corpus et Mohammed El Mourid poussent la performance à son extrême.

Aller à la découverte d’univers d’artistes, de mondes construits sur plusieurs années de création alimentées de réflexions, de doutes, ne se résume pas en quelques mots. Rencontrer un collectif, avec des personnalités fortes, des projets pluridisciplinaires est une aventure unique. L’occasion a eu lieu lors de notre rencontre avec trois artistes strasbourgeois Yoko, Nico constituant le Collectif YoNi Corpus et Mohammed El Mourid venu les rejoindre. ujourd’hui, c’est un collectif au service de l’art, ou plutôt des Arts. Un corps artistique à trois têtes. Chacun sa spécialité, sa sensibilité, et une valeur commune : le partage d’émotion, de perception à travers des performances qui surprennent aussi bien par leur aspect visuel que par la réflexion qu’ils proposent. YoNI Corpus, c’est les retrouvailles après deux décennies de Nico Winz et Yoko Nguyen, un tandem complémentaire et sans complexe. Auparavant, chacun avait fait ses expériences. Nico, plasticien naviguant au gré de ses questionnements entre installations, vidéo et musique, aussi bien à l’aise derrière une caméra que lorsqu’il met en place ses installations en pleine nature, qu’il photographie puis démonte immédiatement et Yoko vivant ce qu’elle avait à vivre avant de renouer avec la danse qu’elle avait pratiquée au Japon avec le danseur Min Tanaka dans les années 80, se consacrant désormais au Butô, danse née du mouvement contestataire des années 60 dans un Japon empreint des suites d’Hiroshima, appelée aussi danse des origines ou des ténèbres. C’est au Maroc que naît leur première association avec Mohammed El Mourid, artiste marocain vivant en France qui mêle dans toute sa personnalité les influences qu’il a puisées de part et d’autre de la Méditerranée. Mohammed aime retranscrire avec justesse la sensibilité qui émane d’une mémoire chère et précieuse. Il travaille à partir de différents médiums que ce soit la vidéo, la photographie ou l’installation. Il expérimente plus

particulièrement des impressions photographiques sur des peaux de vaches. Le désir de proximité avec la vie riche d’énergie, d’échanges, de contacts mais les processus organiques orientés vers une fatale disparition sont aussi les caractéristiques de sa démarche. Et c’est tout naturellement qu’une intimité et une complicité se sont construites avec YoNi Corpus. La base de ce collectif, c’est leur ouverture d’esprit flagrante, et la disponibilité des uns pour les autres. Une idée jaillit chez l’un, elle est nourrie par les autres, solidaires, chacun apportant sa touche. Ensemble, ils élaborent leur première performance dans le désert marocain. Il s’agissait de se tenir immobile sous la canicule dans des combinaisons blanches, avec des masques de plongée, symbolisant un univers post apocalyptique et post fukushima. De là, la performance « Un moment de silence » qui a été créée et donnée en public au CEAAC (la vidéo est disponible en ligne). Depuis le 25 février, vous pouvez découvrir à l’espace Kroom l’exposition « De l’oreille à la... » de Mohammed El Mourid. Vous pourrez entre autre y voir exposées les fameuses photographies sur peaux, des vidéos ainsi que des performances live. Leur nouvelle performance Le murmure de la rue à laquelle s’est associée la comédienne belge Marie-Laure Vranken, a été présentée lors du vernissage. Espace Kroom : 91 route des Romains, Strasbourg Propos par : WAS Photos par : Nico Winz / Vincent Muller

We Are Strasbourg / 076


« La base de notre collectif est l’ouverture d’esprit flagrante et la disponibilité des uns pour les autres. »

077 / We Are Strasbourg


art / 17:22 Films

Des films bien pensés ! Dans l’intimité des réalisateurs Focale sur deux jeunes réalisateurs fraîchement diplômés en cinéma à l’Université de Strasbourg. Un binôme qui s’est trouvé en à peine un an et demi. Pleins d’énergie positive et de conviction, ils espèrent percer dans ce milieu pourtant très fermé. Avec de nombreux projets en cours et de belles réalisations à leur actif, nous leur souhaitons tout le succès qu’ils méritent.

WAS : Pouvez-vous vous présenter ? Wendy : En 2009, l’année de mon baccalauréat, j’ai commencé à chercher des universités sur internet. Ne sachant pas réellement quoi faire de mon avenir, j’errais sur divers sites lorsque j’ai découvert que l’on pouvait faire des études de cinéma. Plus qu’une révélation, ce fût pour moi une épiphanie. Quelques mois plus tard, je faisais mes valises pour Strasbourg. C’est ici que j’ai fait la rencontre de Bruno en 2011, lors d’un cours à la fac. Seconde épiphanie, nous nous sommes vite rendus compte que réunis nous sommes capables du meilleur et que rien - ou presque - ne nous fait peur. Ainsi, nous avons coréalisé Qui es-tu?, Chapeau l’artiste! et notre plus gros projet à ce jour Quand je serai grand... notre premier documentaire, tourné avec des enfants de 8 ans avec lesquels nous avons fait un bond de 15 ans dans le passé. Bruno : À 6 ans, je vois pour la première fois un film en plein air (Speed de Jan DeBont : film dans lequel un bus piégé menace d’exploser si la rançon n’est pas versée à temps). Curieusement, après avoir vu ce film, je voulais devenir chauffeur de bus, pour comprendre très vite que c’était le cinéma qui m’intéressait. À 8 ans, n’ayant pas de caméra, je filmais mes parents avec un rouleau de papier toilette vide qui faisait très bien l’affaire... Jusqu’à ce que mes parents m’achètent enfin ma première caméra à 10 ans, trouvée par hasard dans une brocante pour une bouchée de pain. À l’âge de 12 ans, nous déménageons et je me retrouve loin de mes amis. Cet éloignement m’aura fait m’enfermer dans une forme de solitude, je passais la plupart de mon temps dans ma chambre où je réalisais une série TV avec mes Playmobile, je construisais moi-même les décors, je faisais les voix et bien sûr, j’empruntais des heures durant, l’ordinateur de mon père pour faire le montage.

We Are Strasbourg / 078

À 17 ans, je rencontre au lycée une fille (Léa) qui semblait avoir le même humour que moi. Très vite nous tournons des sketches Rockndrôle en prenant l’accent alsacien. Nous les mettons sur internet et les vidéos commencent à avoir un petit succès. Nous sommes repérés par un producteur parisien qui travaillait pour France 4 et qui souhaitait nous rencontrer (c’était en 2008). Nous n’avions que 18 ans et n’étions pas prêts à abandonner nos études pour une émission de télé. Nous en sommes donc restés là. Nous avons tourné des sketches Rockndrôle jusqu’en 2011 où la boîte de production de Christophe Dechavanne nous a repérés. Il était question de faire des pastilles humoristiques dans le cadre d’une nouvelle émission sur TMC. Nous avons rencontré l’équipe de l’émission mais cela n’a rien donné. Léa, qui est étudiante en psychologie se consacre alors davantage à son parcours scolaire et nous délaissons petit à petit la réalisation de ces sketches. S’ensuit la rencontre avec Wendy et le commencement d’une multitude de projets. Une multitude de projets réalisés en binôme. Nous avons effectivement fait nos armes à deux. Nous avons réalisé notre première co-réalisation il y a un an, adaptée d’un livre pour enfants de Mercè LOPEZ, notre court-métrage, “Qui es-tu ?”, nous aura valu une nomination au festival L’écran s’écrit d’Allevard-les-bains, festival qui récompense les adaptations filmiques d’œuvres littéraires. Nous enchaînons ensuite avec l’écriture et le tournage d’un documentaire sur le thème du temps. Pour cela nous avons eu l’autorisation de l’Éducation Nationale de tourner dans une école primaire et c’est ainsi que nous avons entamé une immersion de 8 mois avec des enfants de 8 ans. Nous avons réussi à attirer l’attention d’Alsace 20 et de France 3 Alsace qui ont


réalisé des sujets sur notre travail. La bande-annonce du documentaire intitulé “Quand je serai grand...” qui est actuellement encore en post-production, faute de temps est visionnable sur Youtube. Plus motivés que jamais, nous tentons notre chance au concours Genero TV qui proposait de tourner le clip officiel de la chanson “Steve McQueen” du groupe M83... et nous arrivons finalistes. Le clip a été tourné avec des enfants que nous avons rencontré lors de notre immersion dans l’école primaire. Nous tournons juste après, pour le même site, une pub pour la marque Yoplait qui nous aura valu la 2ème place du concours 1000$ ainsi qu’une nomination aux Awards de la meilleure vidéo et du meilleur réalisateur de l’année. Ne reculant devant rien, nous avons nous-même démarché le restaurant Franky’s Diner en leur proposant de tourner une pub pour leur enseigne. C’est chose faite : notre premier tournage pour lequel nous avons géré une quarantaine de personnes, équipe technique et comédiens confondus. La pub est actuellement en post-production et devrait être diffusée au cinéma UGC prochainement. Voici le teaser avant la sortie Internet de la pub prévue pour fin décembre. Suivez leurs dernières réalisations sur www.youtube.com/user/thevoice68490 www.facebook.com/1722Films Propos par : WAS Photos par : Ophélie Longuépée


art / Pieter Hugo

This must be the place

Propos par : Diane de Battisti Photos par : Pieter Hugo

un ovni à Stimultania Après être passé par la Suisse et les Pays-Bas, Pieter Hugo arrive à Stimultania, important pôle de photographie de Strasbourg, pour présenter une sélection de ses photographies. This Must be the Place retrace sa production artistique de 2003 à aujourd’hui.

C

ette exposition a débuté le 14 décembre et vous pourrez en profiter jusqu’au 17 mars. Elle mêle les clichés célèbres aux inédits, montrant tous un morceau de vie, une part du quotidien des populations des pays d’Afrique subsaharienne. Pieter Hugo dresse un tableau varié de la population africaine, en montrant les conséquences de l’abolition de l’Apartheid, celles des politiques post-coloniales et en abordant la mondialisation et l’essor du commerce international, grâce à des photographies saisissantes, des portraits puissants et chargés d’histoires. Chaque série livre des émotions et un témoignage différents. Des dresseurs de hyènes ambulants à l’industrie cinématographique nigériane, en passant par les chercheurs de métaux dans les décharges, il nous fait pénétrer dans un autre monde, où les regards nous frappent, les émotions s’emparent de nous. L’accent est mis sur les spécificités de chaque individu, nous entrons dans des cultures et des normes différentes. Nos yeux s’ouvrent sur les blessures et les souffrances d’une population victime de notre société de consommation et sur les réalités du contraste entre les différentes classes sociales.

We Are Strasbourg / 080

Pieter Hugo est un photographe autodidacte qui est né en 1976 au Cap, en Afrique du Sud, et y a grandi. Il a développé son talent grâce au photojournalisme, a vécu en Italie et a exposé en Suisse, au Pays-Bas et à New York. Il a été lauréat du prix KLM Paul Huf Award et du prix Découverte aux Rencontres de la photographie d’Arles en 2008, après avoir remporté le premier prix dans la catégorie “Portrait” du concours World Press Photo en 2006. Il s’intéresse aux relations entre l’artiste et son sujet et installe une complicité, se livre, donne sa confiance et reçoit celle du sujet en retour. Hugo soigne particulièrement les couleurs et les détails de ses portraits. Ils sont simples, de groupe ou individuels et l’absence d’artifice accentue la force du message. N’hésitez donc pas à voyager parmi les 50 photographies et les 3 vidéos de This must be the Place, l’endroit où vous devez être !

Stimultania 33 rue Kageneck / 03 88 23 63 11 / www.stimultania.org www.pieterhugo.com


art / sous-titre

Nos yeux s’ouvrent sur les blessures et les souffrances d’une population victime de notre société de consommation

081 / We Are Strasbourg


mode On a vu les Dieux du stade pour mesdames, pourquoi les hommes seraient-ils en reste ? Pour faire passer les déceptions causées par les nombreuses défaites de nos équipes nationales, voici de quoi donner une approche nouvelle et plus sexy de l’ovalie...

Propos par : WAS Illustration par : Khat



Photographe : Denis Metzger DA : Anne-Sophie Moussard Maquillage : Aline Koehren pour Emiartistik Coiffure : Beauty Artistick Modèles : Claire, Nina, Prescilla, Stéphanie, Vera Stagiaire : Gloria Basisa

Chaussures JB Martin du Grand Magasin Printemps

Merci à Bruno Hirn, ASCS Rugby, Strasbourg

Les Belles à l’aile Vos équipes de rugby vous ont déçu ces derniers temps ? Nous avons de quoi vous remontez le moral car les girls de WAS vont vous transmettre les mêmes émotions : intensité, compétition, suspense, allégresse,... Tout cela servit avec des matières nobles et des pierres fines.Vous ne regarderez plus vos matchs de la même façon !

Chaussures Guess du Grand Magasin Printemps We Are Strasbourg / 084


mode / Les Belles à l’aile

Bijoux et voilette de chez Lady Mistigri

3 ensembles de lingerie de chez Guipure

085 / We Are Strasbourg


MODE / Les Belles à l’aile

Bracelet Bijoux de chez Gaia Robe de chez Antoine et Lili

Robes de soirée de chez Aux Rêves des Caftans

We Are Strasbourg / 086


Voilette de chez Lady Mistigri

Bustier “Tomto Berlin” de chez Lady Mistigri

Sautoir de chez Hic & Nunc

Short “Princess Miaouw” de chez Lady Mistigri

Bottes du Grand Magasin Printemps

087 / We Are Strasbourg


MODE / Les Belles à l’aile

Collier de chez La Lucarne

Bijou de corps de chez Lady Mistigri

We Are Strasbourg / 088


Collier de chez La Lucarne

Collier (mis en bracelet) de chez La Lucarne

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MODE / Shopping

Ma

shopping list pour le retour des beaux jours

Sac, collection Ruban, Agnès Le Garrec, 16€ www.agneslegarrec.com

Coffret de deux cigarettes électroniques, modèle Ego, 79€ chez Econo’Clope

Bas Love Me, Pin’up Collection « Lena la sensuelle », 29€ chez Bonnie Doon Chaussure basse, Caipi, 49€ chez Nao We Are Strasbourg / 090


mode / Shopping

Chaise Mamasilla, luisa jaune, 295€ chez Mémé en Autriche

Sac vintage bleu, « Ben Sherman », 89€ chez Mémé en Autriche

James & James Boots, Aurora (mexicaine), 219€ chez Il Salone

091 / We Are Strasbourg


WAS THAT ? Un véritable héros, ami des bêtes, aventurier, voyageur, humaniste... vivant à Strasbourg dans un cadre exquis et totalement unique, ça vous donne envie ? Un petit voyage du côté du western vous tente ? Pour les plus coquins, la poupée pour papa, phénomène décalé mais non moins intéressant.

Propos par : WAS Illustration par : Khat



Propos par : Roxane Manguin Portrait par : Vincent Muller

« Lorsque je me réveillais il faisait à peine jour ; j’étais surpris d’être encore en vie. »

Eddy HAAS

Le daktari Alsacien « C’est en 1946, après la guerre, que j’ai vu Tarzan et la Déesse Verte avec comme acteur Herman Brix ». Ce personnage - dont le nom en Orang signifie “à peau blanche”, recueilli dans la jungle par cette tribu de grands singes fascina Eddy. « Tarzan avec son arc, son chimpanzé, sa cabane dans un arbre... Dès cet instant, je rêvais de vivre comme lui ».

I

l ne savait pas alors que ce rêve d’enfant rejaillirait quelques années plus tard... Il s’orienta tout d’abord dans la restauration, comme serveur, au Conseil de l’Europe. C’est d’ailleurs là qu’il rencontra Laury : « au moment où je venais prendre la commande, je vis cette jeune femme superbe ; en se retournant elle ne savait plus ce qu’elle avait choisi ; je crois que nous sommes tout de suite tombés amoureux. » Ils partaient tous deux pour l’Afrique en 1965, alors qu’une compagnie de voyage lui proposait la direction d’un hôtel, soit en Afrique du Nord, soit en Afrique Noire. Eddy opta pour le Cameroun. La direction de l’hôtel le satisfait un temps mais il commence à se sentir étriqué dans ses smokings ; c’est en 1974 qu’il donne sa démission et décide de monter sa propre affaire, un restaurant qu’il baptise “Safari” et qu’il complète à juste titre

We Are Strasbourg / 094

par un zoo. Il découvre la chasse en brousse, et cet univers sauvage le fascine ; « c’est alors que j’eus l’idée de devenir guide de chasse et guide touristique indépendant ». Il loue un territoire alors grand comme l’Alsace aux autorités de la Haute-Volta (aujourd’hui Burkina Faso) et y implante un camp au cœur du Goulmou, territoire réputé pour sa richesse faunique ; il défriche, bâtit, apprend à pister. “Le camp des lions” s’établit, répondant à toutes les commodités d’un habitat urbain. « J’ai tout aménagé avec des matériaux locaux » -précise Eddy ; mobilier en bambou, tentures en batik, carrelage en terre cuite- « le but n’étant pas d’emmener l’Europe là bas ». Les dés étaient jetés, il entre en contact avec les agences de voyage ; la chasse aux animaux ainsi qu’aux images attirent au campement de nombreux touristes.


Paradoxe du syndrome de Walt Disney

tire alors deux flèches dans la tête. Le python mesurait 4,60 m. Au campement, je partageais le python avec les pisteurs et porteurs ; et le soir je faisais préparer pour les touristes un python à la provençale : une chair blanche et ferme mais savoureuse »!

Ce qui m’a surprise, dans le récit d’Eddy, c’est qu’avant de me parler de son expérience en tant que guide de chasse, il m’a parlé de son respect et son amour pour les bêtes. Bien plus que cela, je dirai qu’il s’agit d’un don synergique avec les bêtes sauvages. Eddy dormant avec un phacochère, prenant la pose avec quatre lions, élevant une hyène au biberon, buvant des coups avec un chimpanzé... -celui-ci poussa d’ailleurs le mimétisme jusqu’à apprendre à faire ses besoins aux toilettes et à utiliser le papier toilette. Lorsque je l’interroge sur cette faculté particulière qu’il a d’apprivoiser les bêtes les plus improbables pour un newbie, il me raconte qu’à quinze ans, il avait « un sanglier, un renard, une pie, un faucon et une chouette » ; un jour, il se promenait avec son sanglier et son chien à la plage du Baggersee; ce fut de courte durée bien sûr jusqu’à ce que le maître nageur lui fit savoir que ce n’était pas un endroit pour baigner un sanglier. Plus rien d’étonnant alors quand il me dit qu’il emmenait son sanglier au centre, circulant clopin-clopant et en tramway ! Alors en Afrique, Eddy ne concevait pas la chasse autrement que dans le sens noble de cette pratique ancestrale. Pas de safaris en voiture où la bête épuisée par la traque n’a aucune chance. C’est le départ à 6h, plusieurs heures de marche sous un soleil accablant. Ces règles précisaient notamment de ne jamais abattre l’animal près d’un point d’eau. Dans ce souci qu’il avait de conférer à la chasse sa dimension première, il proposa à ses clients une formule alternative dans le cadre du safari « tout en chassant je me suis dit : pourquoi ne pas chasser à l’arc ? (étant ex-champion régional de tir à l’arc) cela serait une chasse difficile et peu d’animaux tués. »

Eddy secourt Tarzan

Récit de chasse peu commun Alors qu’ils longeaient un marigot, Eddy et un ami virent un python prendre refuge dans l’eau à quelques mètres d’eux « mon ami et moi tirions ensemble, et nous l’avions touché avec deux flèches à environ trente centimètres de la tête. Quelques instants après il revient au bord du marigot et sort la tête hors de l’eau ; je m’approche avec mon poignard et me tiens à une branche pour l’achever. La branche casse et je tombe dans l’eau, ma tête à environ cinquante centimètres de celle du python ; là je ne bouge pas. Mon ami qui était à environ six pas du marigot lui

Un jour en brousse, un lion face à lui s’apprête à le charger. Eddy le trouva si magnifique qu’il n’a pas pu tirer. Alors, le lion qui avait déjà amorcé son élan s’est arrêté, l’a regardé, s’est détourné et s’en est allé. C’est ainsi que Eddy se décida à raccrocher son fusil et renonça à tuer des bêtes. Il se mit à recueillir les abandonnés, les nourrit, les apprivoisa dans le petit zoo personnel qui jouxtait l’hôtel. « Avec les lions j’ai aussi des souvenirs, mais quels souvenirs ! Tous les matins avec le responsable du parc aux lions nous faisions notre tournée ; je me retourne, je vois Tarzan un de mes premiers lions couché sous le responsable, la gorge dans la gueule du lion ! Sans même réfléchir je cours, je prends le lion par la crinière et lui assène un coup de toutes mes forces sur le museau, il lâche prise et d’un bond s’en va. Mon ami emmène Tarzan à l’hôpital. Tout le monde me dit que j’ai eu de la chance, et en effet, normalement le lion m’aurait attaqué ». Il remit cela un peu plus tard raconte Eddy ; « un jour il m’a chargé, s’est mis debout ; il me dépassait d’une tête ; je me suis protégé de la main droite. Il m’a mordu la main gauche, avec ses deux pattes il s’est accroché à mon bras ; on est restés face-à-face quelques secondes puis il est parti ».

L’homme qui dormait avec les lions C’était un soir d’orage, les quatre fauves tournaient en rond dans le parc, un peu affolés ; Eddy rentra dans le parc pour les calmer et s’allongea sous un abri. Ses quatre lions se couchèrent à côté de lui et il s’endormit. « Lorsque je me réveillais il faisait à peine jour ; j’étais surpris d’être encore en vie ». Leur hôtel était bien gardé, serions-nous tenté de penser ; pourtant une nuit alors qu’Eddy et sa femme dormaient dans leur chambre avec leur chien, une lionne et un chacal... ils furent cambriolés. Toute la maison et la chambre furent visitées sans que personne ne se réveille. Cette histoire fit le tour de Ouagadougou !

095 / We Are Strasbourg


Was that ? / Eddy Haas

Eddy aka Pat Paterson De eddy à pat paterson De cette tranche de vie passionnante et atypique, Eddy et sa femme se remémorent les souvenirs innombrables ; surviennent les événements de 1979 avec les premiers coups d’État. La menace s’accentue ce qui pousse Eddy et Laury à rentrer en France. De retour avec sa femme et sa mangouste, Eddy assurera tout d’abord des missions en tant que protecteur de biens et de personnes. Il est le garde du corps de Serge Gainsbourg lorsque ce dernier vient à Strasbourg. Mais Eddy ne tarde pas à revisiter le territoire de ses passions et de ses rêves. Soudain, un tomahawk vole, puis deux, puis trois, puis sept. C’est Pat Paterson qui se livre à un exercice de précision sur cible humaine. Durant plus de quinze années, Eddy monta ses propres spectacles western. Il gère tout, jusqu’à la confection des costumes. « En Afrique, il n’y avait ni règle ni interdit, raconte-t-il. Quand je suis rentré en France, j’ai vu des panneaux d’interdiction partout. Pouah ! C’est pourquoi je me suis tourné vers le style western. J’y retrouve une certaine idée de liberté. » Les spectacles dédiés au western se multiplient dans la région, et P.P est partout avec ses “Calamity Jane”.

We Are Strasbourg / 096


Son musée privé à Strasbourg Nous avons eu le privilège de visiter l’univers de cet homme passionné par tout ce qu’il a entrepris ; Eddy m’a montré ses albums et je suis tombée sur des bribes de ses mémoires : « je crois à la chance et j’en ai eu beaucoup ; quand on a du talent, il n’y a pas de quoi se vanter ; un homme ne doit pas être loué ou blâmé pour les choses dont il n’est pas responsable. Tout homme qui peut gagner sa vie en faisant ce qui lui plaît est heureux et c’est mon cas. » Parmi nos surprises nous avons pu visité son musée consacré à cette époque de sa vie : des robes aborigènes qu’il a lui même confectionnées, des colliers en osselets et plumes, les divers lassos, crinolines et poignards, une collection de Pietta remington 1850 ; on y trouve un vieux rock in chair et une pile de livres de sagesse Indienne dans un coin près d’une lampe à pétrole « et qui fonctionne » ! On a apprécié ces instants dans cet endroit chargé de souvenirs, et nous étions comme des gamins à écouter leur grand-père raconter des histoires.

« Tout homme qui peut gagner sa vie en faisant ce qui lui plaît est heureux et c’est mon cas. »

La foi en Pat Paterson Aux murs, des photos de ses partenaires de spectacle ; parfois on décèle sur le visage d’une squaw un sourire crispé ; pourtant Eddy manie parfaitement les fouets et le lancer de tomahawk... bon certes le claquement cinglant du fouet à cinq centimètres du visage peut réveiller, quand on sait que l’onde de choc d’un fouet peut pulvériser le mur du son jusqu’à deux fois sa vitesse, il est préférable d’être ultra-confiant, c’est à dire complètement inconscient ou sinon bonjour l’ulcère... Eddy raconte en riant qu’une fois il a blessé une de ses partenaires ; cette dernière lui aurait confié que chaque fois qu’elle touchait la cicatrice, son cœur palpitait de plaisir à la pensée d’Eddy... Mais cela je n’en ai aucunement la preuve. Du reste, il est vrai qu’à plusieurs reprises en écrivant cet article sur Eddy, je fus surprise en décrivant certaines anecdotes de sa vie que pourtant je connaissais déjà. Et pourtant tout est vrai. Allez pour finir, une pincée de sagesse Indienne relevée dans un de ses carnets: « Qu’est ce que la vie ? C’est l’éclat d’une luciole dans la nuit. C’est le souffle d’un bison en hiver. C’est la petite ombre qui court dans l’herbe et se perd au coucher du soleil. » - Crowfoot, chef blackfeet (1840).

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Was that ? / Dreamdoll Propos par : WAS Photos par : Vincent Muller

dreamdoll la poupée pour papa...

Le made in Alsace fait notre fierté à tous. WAS Magazine a déniché une entreprise locale, au rayonnement international, novatrice, gérée par un précurseur courageux. Enquête au sein de Dreamdoll, fabricant de poupées pour adultes en silicone !

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Was that ? / Dreamdoll

« il n’y a pas de profil particulier. Tout le monde achète dreamdoll »

D

reamdoll fabrique en Alsace, à quelques kilomètres de Strasbourg, des poupées en silicone à usage... tendancieux. À partir de 3590€, offrez-vous 32 kg de plaisir avec la gamme Dreamdoll Light. Succombez aux charme de Soria, Swan ou encore Tania, avec ou sans jambes, parce qu’après tout, les jambes, est-ce bien important ? Commandez directement sur le site et découvrez toutes les informations nécessaires pour faire votre choix. Le site vous propose toutes les gammes, jusqu’à la Dreamdoll Original, pour laquelle il vous faudra tout de même débourser la coquette et coquine somme de 5990€. Mais à ce prix-là, les tailles de bonnets vont croissants et feront grimper votre désir. Si vos yeux arrivent à se décrocher de toutes ces merveilleuses images, vous parviendrez à vous pencher un peu plus sur le site. Vous y lirez des phrases informatives comme : « Notre collection répond aujourd’hui à une demande croissante des clients en terme d’optimisation du poids. » Mais le plus intéressant reste dans la foire aux questions. Nous n’avons pas pu nous abstenir de vous sélectionner quelques pépites : la trash : Peut-on utiliser la bouche et l’anus ? Oui les trois oriffices sont utilisables et il ont été realisés avec un maximum de réalisme tant d’un point de vue visuel, qu’au toucher ou à la pénétration.

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WAS that ? / Eddy Haas

La question dédicace à Valérie Damidot : Peut-on avoir une poupée sans les orifices utilisables pour de l’expo ou de la déco ? Bien sûr, nous réalisons régulièrement des poupées ou des mannequins sans organes génitaux pour les boîtes de nuit, les magasins de vêtements, les studios de photo ou le client particulier qui veut exposer sa poupée comme une œuvre d’art. À noter aussi que vous trouverez directement sur le site des tenues et accessoires pour préparer votre compagne en silicone. En cas de dîner entre amis ou pour voir une pièce de théâtre, mieux vaut l’habiller. Le pack Poupée réaliste Infirmière vous coûtera à peine 4790€, vous pouvez aussi craquer pour la version léopard ou Hôtesse de l’air. Le kit de lavement est généralement offert, pas de soucis d’hygiène. Vous êtes un chenapan ? Dreamdoll pense à vous avec une poupée hermaphrodite dotée des deux sexes... Enfin, vous pouvez customiser votre poupée à l’infini avec un large choix de couleurs d’yeux et de peau, un maquillage permanent et une fixation de crochet sous la perruque qui permet de suspendre la poupée une fois le travail accompli. Voilà une barbie qui ne manque pas de qualités !

Tête à tête avec Thierry À l’origine formé en tant qu’électricien-mécanicien, c’est en 2006 qu’il se tourne vers la conception de poupées pour adultes. Ce n’est qu’en 2009 qu’il débute sa carrière au sein de Dreamdoll, et développe l’entreprise dans le monde entier. Avec un délai de fabrication de seulement 3 jours pour une poupée, le rendement est optimisé, ce qui est nécessaire, avec un carnet de commande de 200 poupées par an ! À Thierry s’ajoutent Raphaela, Boris et Éric pour composer une équipe de choc qui se charge aussi bien de la fabrication, de la customisation, et du service après vente. Car sachez qu’il n’y a pas de date de péremption pour les poupées, le SAV « reconstruction » est disponible en cas de soucis, mais ceux-ci arrivent très exceptionnellement et l’équipe a très peu de retours. Lorsque l’on interroge Thierry sur le profil des acheteurs, la réponse est expéditive, « il n’y a pas de profil particulier, tout le monde achète Dreamdoll ». Les plus gros consommateurs se concentrent sur l’Est de l’Europe, avec notamment l’Allemagne. Dès 2015, sachez mesdames, que vous ne serez plus en reste, puisque la poupée homme fera son apparition dans les rangs des fabrications Dreamdoll ! On peut imaginer encore de nombreuses innovations et évolutions des poupées : chauffantes, parlantes, mouvantes... tout ceci est en attente et en pleine évolution. C’est souvent au fil des commandes que les idées jaillissent ! WAS Magazine remercie chaleureusement toute l’équipe qui les a accueillis avec beaucoup de sympathie et leur adresse les mêmes mots que ceux qu’ils prononcent à leurs poupées au moment ou ils les expédients : « Amuse-toi bien » et/ou « Bon courage ! » Merci à eux. www.poupee-silicone-dreamdoll.com www.dreamdoll.de

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ッカルチ

Was that ? / Japon

幸せな おたく Happy otakus Propos par : Léa Davy Photos par : Vincent Muller / Fotolia

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O

n les appelle les otakus -du japonais “o” : une préposition honorifique intraduisible et taku pour maison- ces fans de culture japonaise. La signification de ce mot a suivi le même chemin que celui de geek. Il désignait avant tout les jeunes japonais qui ne sortaient pas de chez eux, pour jouer aux jeux vidéo, pour lire et regarder des mangas. Aucun contact avec l’extérieur, aucune relation sociale et une vraie dépendance envers leurs passions. Pour résumer, c’était plutôt péjoratif. Avec la vague japonisante qui déferle depuis plusieurs années sur la France, l’équation otaku = asocial a disparue. Ce terme désigne maintenant des fans de mangas, d’animés(1), de jeux vidéo ou de culture japonaise dans son ensemble. Ils se rencontrent lors de conventions(2), échangent conseils, infos et bons plans sur internet. Euxmêmes se regroupent fièrement sous la bannière otaku et si ça ne plaît pas, tant pis ! Ils disent souvent former une communauté voire une petite famille, bien loin du cliché de jeunes mal dans leur peau. Leur passion occupe une grande partie de leur temps libre, sans que cela les empêche de concilier vie sociale, familiale, amoureuse et études ou travail. Vous voulez en savoir plus hein ? Allez, on vous emmène en virée dans les mondes des otakus strasbourgeois…

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ル 日本 の

Was that ? / Japon / Les relations Alsace-Japon

アルザス と 日本 の 関係 Les relations alsace - japon

9500 kilomètres à vol d’oiseau. C’est la distance qui sépare Strasbourg de Tokyo. Difficile de faire plus éloigné ! Cela n’a pas empêché l’Alsace d’être l’une des premières régions d’Europe à développer des liens avec le Japon, dont le 150ème anniversaire sera célébré cette année. Petit retour dans le passé avec André Klein, président du Centre européen d’études japonaises (CEEJA).

«

Il y a deux siècles, le Japon était complètement fermé et n’avait aucun échange avec l’étranger, explique-t-il. Il a décidé de s’ouvrir au monde après la révolution Meiji, en 1867. Très rapidement, des entrepreneurs japonais ont souhaité importer des tissus car le pays était faiblement industrialisé. Ils ont pris contact avec des industries alsaciennes, à l’époque leaders mondiales de l’impression textile. » L’Alsace découvre à cette occasion la mode nipponne : les Japonais envoyaient des dessins et des croquis spécifiques, qui étaient imprimés sur tissu par les industries mulhousiennes avant d’être renvoyées vers l’archipel. La région deviendra par la suite l’un des premiers centres de diffusion des formes japonaises en Europe. L’Alsace intéresse aussi les entreprises nipponnes en raison de son savoir-faire en matière de viticulture et d’orgue. Aujourd’hui une vingtaine de sociétés –Sony et Mitsubishi pour les plus importantes- y sont encore présentes. Du côté culturel et académique, les liens se développent un peu plus tard, dans la seconde moitié du 19ème siècle. « L’Allemagne était le lieu de prédilection de formation des Japonais et l’université de Strasbourg en a beaucoup profité. Cette relation n’a cessé de s’intensifier. Les années 80 et 90 voient la création de nombreuses structures économiques et culturelles : l’agence de développement à Tokyo, la Maison

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Alsacienne au Little World Museum of Man près de Nagoya, le lycée Seijô à Kientzheim et le centre culturel Seijô à Colmar, puis le consulat et le département d’études japonaises à l’université de Strasbourg… » énumère André Klein. Tout comme les dessins animés japonais et les mangas popularisent leur pays à travers le monde, les Japonais découvrent l’Alsace grâce au petit écran. En 1985, une série télévisée au doux nom de « Sous le ciel bleu d’Alsace » est diffusée sur Fuji TV, la plus grosse chaîne de télévision nippone. Tournée à Niedermorschwihr, près de Colmar, elle connaît un énorme succès. Quelques années plus tard, c’est au tour du célèbre Miyazaki de mettre la région à l’honneur, dans l’un de ses films d’animation les plus célèbres, Le château ambulant. Impossible de ne pas reconnaître l’architecture typique des maisons à colombages et des paysages alsaciens. « On y retrouve même la maison Pfister de Colmar, » glisse André Klein. Les plus curieux peuvent vérifier, c’est à la 6ème minute du film. Ces dernières années, les Japonais se familiarisent avec nos bretzels, bredeles et autres classiques de la culture alsacienne via le marché de Noël. En 2009, 2010 et 2012, Strasbourg délocalise une vingtaine de chalets à Tokyo et les habitants sont conquis : d’après l’office du tourisme, le nombre de Japonais en visite dans la capitale régionale a augmenté de 58 % en deux ans.


本の関 CEEJA : was ist das ?

Cette petite structure -9 salariés et quelques bénévoles est installée dans les anciens locaux du lycée Seijô, à Kientzheim, près de Colmar. Ne vous fiez pas à son curieux emplacement : son rayonnement dépasse les frontières de l’Alsace. Elle travaille en collaboration avec les universités de Strasbourg, d’Hosei et de Doshisha au Japon. Entièrement financé par les collectivités, le CEEJA accueille toute l’année des étudiants et des professeurs des deux nationalités, originaires de toute l’Europe, et organise séminaires, ateliers et réunions. « Le site peut héberger 50 ­­­personnes, ce qui permet d’organiser ces événements sur plusieurs jours. Ce côté campus facilite les échanges entre Japonais et Alsaciens » ajoute Virginie Fermaud, responsable des actions au CEEJA.

Le Japon s’invite en Alsace

Le manga pour tous

Tout au long du mois de mars, le CEEJA et ses partenaires célèbrent le 150ème anniversaire des relations Alsace-Japon. Sortez vos agendas, voilà le programme ! • Du 9 mars au 24 mars : la quinzaine culturelle du Japon à Haguenau avec stages de cuisine, de musique, expositions de mangas, de bonzaïs, de photos et de dessins, Japan Addict, spectacles pour enfants, conférences, concerts et projections de films. Programme sur www.relais-culturel-haguenau.com • Du 21 au 24 mars : week-end portes ouvertes au Ceeja avec stands de cuisine et de pâtisseries japonaises, récitals de koto et concert de shamisen (instruments de musique traditionnels à corde), kamishibai (théâtre ambulant), démonstrations d’ikebana (art floral) et de calligraphie, atelier de danse traditionnelle de fêtes, expositions... Le programme complet sur www.ceeja-japon.com • Du 22 mars au 31 mars 2014 : Exposition « Japonismes » au musée du papier peint de Rixheim. Des échantillons de tissus fabriqués en Alsace et destinés au Japon seront présentés ainsi qu’une sélection de papiers peints japonisants, de la fin du 19ème siècle aux plus récents, influencés par les mangas et les jeux vidéo.

Pour rendre les mangas accessibles aux personnes non-voyantes et malvoyantes, Sandra et Loïc –lui-même malvoyant- sortent plusieurs fois par semaine leurs micros afin de créer une version sonore d’un chapitre du manga Nicky Larson. « Je fais toutes les voix féminines, Loïc les voix masculines et pour éviter qu’elles se ressemblent, on les modifie sur logiciel, raconte la jeune infirmière de 24 ans. J’essaie un maximum de décrire le décor mais sans surcharger, en mettant ce qu’il faut pour qu’on se représente les personnages, leurs mouvements… » Un de leurs amis se charge d’ajouter bruitages et musiques entre les scènes, pour rendre la narration vivante, puis Loïc poste le fichier audio sur un forum. Sandra, originaire d’Alsace mais maintenant installée dans les Vosges, retranscrit aussi des mangas en format texte, pour qu’ils soient lisibles par une synthèse vocale. Leur association Amis des mangas, créée en décembre 2012, rassemble une dizaine de personnes qui s’activent à retranscrire Dragon Ball Z, Hana Kimi, Mirai Nikki, Nana, Académie Alice et Shugo chara ! Pour télécharger gratuitement les fichiers, que vous soyez non-voyant ou pas, c’est ici : amisdesmanga.exprimetoi.net

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Was that ? / Japon / Les magasins strasbourgeois

ストラスブール の 店

Les magasins strasbourgeois Que ce soit pour l’alimentation, les objets ou l’offre culturelle venue tout droit du pays du Soleil Levant, les Strasbourgeois ont la chance d’être plutôt bien servis. La sélection de WAS.

Midori Objets japonais

Q

uand on pousse la porte de Midori, accueilli par un carillon, nous voilà dans un autre monde. Celui du Japon et de ses produits les plus délicats : papier pour origami, vaisselle en porcelaine, encens fabriqué de manière traditionnelle, kokeshi sculptées par un ébéniste… Bref, de tout, mais du 100% japonais et artisanal. « Ouvrir une boutique japonaise pour vendre du made in China, c’était hors de question, tranche Emilie George, qui s’est lancée en octobre 2011, suite à un plan social qui l’a poussée à quitter son entreprise. Je traite directement avec une trentaine de fournisseurs japonais. C’est lourd à gérer mais je suis sûre de la qualité des produits et c’est ce qui fait la différence. » Les passionnés, qui viennent parfois de Metz, de Nancy ou de Bâle, savent y mettre le prix, et pour les autres « je leur explique, en faisant une métaphore avec la bouffe : si vous voulez un bon gâteau, il faut de bons ingrédients et ça coûte plus cher ! » Et n’allez pas la contredire, Emilie George pratique aïdo, battodo et kendo (arts martiaux japonais) depuis 12 ans. C’est par cette porte qu’elle est entré dans l’univers nippon, qu’elle découvrira sur place pour la première fois cette année. Elle n’avait pas pu concrétiser cette envie plus tôt, à cause de la naissance de ses deux bébés, sa boutique et son fils. Memory Box Blue

51 rue de Zurich, 67000 Strasbourg. 09 81 07 20 90 • www.midori-boutique.com

Glossaire : Kokeshi : poupées en bois, peintes et recouvertes de laque, originaires de la région de Tohoku, dans le Nord du Japon. Goodies : produits dérivés de mangas, de jeux vidéo ou de films, sous forme de figurines, de tee-shirt, de jeux… Oden : sorte de pot-au-feu japonais à la base de bouillon et cuisiné avec du poisson et des légumes.Okonomiyaki : sorte de crêpe à base de légumes, notamment de chou, et de viande ou de crevettes, recouverte de sauce du même nom. C’est une spécialité d’Osaka.Gyozas : raviolis frits et fourrés aux légumes ou à la viande.Shôjo : manga dit « pour filles », souvent basé sur des histoires d’amour.Shônen : manga dit « pour garçons », basé sur des histoires d’aventures, d’action et de combats.Sainen : manga pour adultes, avec des intrigues développées ou assez violents.

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Vent divin Librairie et jeux de société

S

Chopper, One Piece 39 e

hôjo, shônen ou sainen, elle connaît le contenu de ses étagères sur le bout des doigts. Le résultat de longues études en japonais ? « Pas du tout ! J’étais ingénieure sur Paris mais passionnée par les mangas, s’amuse Edith Prunier. A 25 ans, j’étais arrivée à un moment de ma vie ou soit je continuais mon métier de base, j’achetais une maison et je faisais des bébés, soit je tentais un truc un peu fun. » A savoir ouvrir sa librairie spécialisée dans les mangas. Deux ans plus tard, Edith Prunier ne regrette pas d’avoir tenté l’aventure, même si « le métier n’est pas très intéressant financièrement et demande beaucoup de temps. » Forcément : l’ancienne ingénieure choisit elle-même les mangas qu’elle propose, en fonction de ses affinités et des conseils des éditeurs. « Sur la centaine de titres qui sortent chaque mois, j’en lis une trentaine. C’est le meilleur moyen de conseiller mes clients, essentiellement des habitués. Tout est une question de confiance, je n’ai jamais eu de problème à dire « ce manga est nul » ou « ça ne te plaira pas, ce n’est pas ton style ». Si les blockbusters du genre –Naruto, One Piece et Fairy Tail- se vendent tous seuls, pour les goodies, c’est une autre affaire. « Les entreprises japonaises n’ont pas envie d’exporter ces produits alors il faut vraiment les démarcher. J’avance à tâtons, en achetant des petites quantités. A l’exception des séries qui ont beaucoup de succès, c’est difficile de cerner ce qui va plaire ou non. » 16 Rue de la Division Leclerc, 67 000 Strasbourg 09 51 42 75 87 • www.ventdivin.com

Asia alimentation japonaise et asiatique

D

54 avenue de Colmar, 67 100 Strasbourg. 03 88 84 41 96 • www.asia-alimentation.com

Photo par Agathe Decaux

ans la petite boutique, les produits recouverts de caractères incompréhensibles s’empilent presque jusqu’au plafond. Ne vous inquiétez pas, Sith Phommala pourra vous conseiller pour vos expériences culinaires : il a passé 30 ans à cuisiner dans des restaurants asiatiques, à Strasbourg et Haguenau. Si ses clients restent en majorité des expatriés japonais, la nouvelle passion des strasbourgeois pour la cuisine nipponne l’amuse : « Certains cherchent des ingrédients dont ils ignorent le nom ou arrivent avec des recettes trouvées sur internet que je ne connais même pas ! Avant, les clients venaient surtout pour les sushis et des sashimis mais ils se sont ouverts à d’autres plats moins connus, comme les odens et les okonomiyakis. » Pour eux, peu de chances de repartir les mains vides. L’épicerie est la mieux achalandée en produits japonais, elle est même le fournisseur officiel du consulat. Alors l’apparition de produits japonais dans les grandes surfaces, Sith Phommala, cela n’inquiète pas plus que cela : « Le soja fermenté, les gyozas surgelés, la glace au thé vert, les pâtisseries japonaises ou 20 variétés de saké… Tout ça, vous ne le trouvez pas dans les autres magasins. » Asia, qui existe depuis 1978 mais que Sith Phommala a racheté il y a sept ans, marche également bien car la boutique propose des produits indiens et asiatiques. Avec un père laotien et une mère chino-thaïlandaise, ça aide.

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Was that ? / Japon / Cosplay

コスプレ を すること Faire du cosplay

Heaven alias Candy 5 ans : « Je suis la seule de mes copines à faire du cosplay mais ce n’est pas grave parce que j’adore me déguiser et, avec elles, je joue à d’autres jeux. »

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WAS that ? / Eddy Haas Ulysse alias Sangoku (Dragon Ball Z) 7 ans : « Pour le concours de cosplay, on prépare un petit spectacle de trois minutes. On réfléchit tous ensemble pour trouver des idées et on répète plusieurs fois, un mois avant le concours. »

R

éaliser soi-même le costume de son personnage favori de manga ou de jeu vidéo, puis imiter son caractère et son attitude, c’est ça, le cosplay. D’où la contraction de costume et play. Ce sont les fans de Star Wars et Star Strek, aux Etats-Unis, qui ont été les premiers à se déguiser, avant de contaminer le Japon et l’Europe. Les cosplayeurs se rassemblent lors de conventions, pour échanger trucs et astuces, montrer leur costume et faire connaissance avec d’autres passionnés. Lors des concours, ils sont jugés sur la ressemblance entre leur cosplay et le personnage fictif qu’ils incarnent mais aussi sur une petite prestation, où ils miment des combats, jouent des scènes… Le Saint Graal de tout cosplayeur : le World Cosplay Summit, au Japon, concours qui rassemble les meilleurs costumes sélectionnés à travers le monde. Esteban alias Cell (Dragon Ball Z) 9 ans : « C’est maman qui fait les cosplay à la main et on l’aide. Les prochains seront sur Inazuma Eleven, on a décidé ensemble ! Mais bienStrasbourg faire Naruto 109j’aimerais / We Are un jour. »


Was that ? / Japon / Cosplay

Charlotte alias Lilith (Vocaloïd) 20 ans : « Cela coûte très cher le cosplay, surtout à cause du tissu, je dépense 100 euros environ par costume. Alors on se débrouille comme on peut, on revend les anciens, on fait les marchés… »

Océane alias Little Sister (Bio Shock) 14 ans : « J’ai connu le cosplay un peu par hasard, en cherchant de nouveaux mangas à lire sur internet. En voyant des cosplayeurs en convention, avec de magnifiques costumes, cela m’a poussée à m’y mettre. »


Kévin alias Link (Zelda) 17 ans : « Pour bien interpréter son personnage, il faut être proche de lui. C’est mon cas avec Link. J’en suis fan depuis 10 ans, j’aime son univers un peu médiéval, ses valeurs, son côté proche de la nature. »

Océane alias Lavi Bookman (D Gray-man) 14 ans : « Pour fabriquer mes cosplay, je choisis le bon tissu, j’adapte des patrons déjà existants et je couds le tout. Puis je m’occupe des accessoires. Cela demande plusieurs semaines de travail. »


Was that ? / Japon / Rencontre avec Antonin Bechler

日本 ポップカルチャー La pop culturejaponaise

La culture japonaise, Antonin Bechler est « tombé dedans tout petit » : ses parents accueillent régulièrement des Japonais et il grandit en compagnie du Club Dorothée et des jeux vidéo, Final Fantasy et Dragon Quest entre autres. Quand son lycée lui offre la possibilité d’étudier cette langue, il se lance et découvre en parallèle la littérature et la musique nippone. Un séjour au Japon, en famille d’accueil, « en contact avec les habitants, en pratiquant la langue » achève de le convaincre. Il débute ses études à l’université de Strasbourg, jusqu’à son doctorat, décroché en 2011. Il enseigne maintenant la littérature japonaise contemporaine, toujours à StrasbourgAutant dire que la pop culture n’a plus de secrets pour lui. Heureusement, il accepte bien volontiers de les partager avec nous.

WAS : La conquête de la France et de l’Alsace par les productions japonaises date de quelle période ? Cet engouement a débuté à la fin des années 80. La pop culture japonaise était alors surtout représentée par les dessins animés, via le Club Dorothée, et les jeux vidéo. Sa diffusion massive à la télévision a connu un âge d’or dans les années 90, sans que cela ait de réelle incidence. Le véritable tournant, ce sont les années 2000. Car, pour la première fois, la pop culture japonaise proposait un univers culturel complet : la littérature, la musique et le cinéma nippons se sont diffusés dans le monde entier et les mangas, par exemple, étaient déclinés sur tous les supports (papier, dessin animé, jeux vidéo, film, produits dérivés…), ce que l’on appelle une stratégie de media mix. Après cette vague des années 2000, la passion pour la musique ou les mangas est vraiment devenue la cause principale d’apprentissage du japonais. WAS : Pourquoi une telle adhésion aux mangas ? Le manga s’adresse à toutes les catégories d’âge et propose des œuvres à la forme et au fond ciblant spécifiquement telle ou telle catégorie de personnes, comme les jeunes filles, qui ont été totalement délaissées par la BD franco-belge ou le comics. Il existe des mangas sur absolument tous les sujets, même sur le vin ou la cuisine par exemple. L’une des clés de ce succès réside aussi dans la grande aptitude des dessinateurs à utiliser les points forts de leurs racines culturelles, leurs légendes et leurs mythes, d’où une certaine vision fantasmée de la culture nippone chez leurs fans.

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WAS : Fantasmée ? C’est-à-dire ? Les œuvres de la pop culture ont contribuées à donner une idée faussée du Japon. Dans les mangas, la vie semble beaucoup plus excitante qu’ici. Ils évoquent des problèmes très graves comme le viol, la maltraitance ou la prostitution mais ce ne sont pas ces aspects là que vous retenez, mais le côté aventurier. Quand on connaît la réalité, on tombe des nues ! Je ne dis pas que les fans de culture japonaise s’imaginent un pays de cocagne mais ils ont du Japon l’image qui est donnée par les produits de consommation. Or, ces produits sont là pour divertir, pas pour réfléchir. WAS : Le développement d’internet a-t-il favorisé la diffusion de cette pop culture ? Indéniablement, cela s’est fait en parallèle. Cela a permis la création, à la fin des années 90 et au début des années 2000, de véritables communautés de fans, qui s’échangeaient CD, DVD, mangas ou juste des infos car peu de ces produits étaient vendus en France. La démocratisation d’internet, l’apparition du DVD et de la télévision par satellite ont aussi offert un choix beaucoup plus large de productions japonaises. Avec le web, les fansub et les scantrad sont apparus, permettant la disparition des six mois de délai qui existaient entre la publication d’un chapitre de dessin animé ou de manga au Japon et sa sortie en France.


WAS : Le Japon est à l’autre bout de la planète et la France a peu de liens avec ce pays. Au-delà de l’influence de la pop culture, comment expliquer qu’il attire autant ?

ils sont 100 étudiants et tout autant dans le cursus anglais/japonais. C’est devenu la 3ème langue enseignée à Strasbourg et selon les années, elle passe même devant l’Allemand.

À mon avis, c’est en raison de son exotisme tempéré. Le Japon est extrêmement proche de l’Occident au niveau des codes civilisationnels. Il a le même système scolaire, c’est un pays avancé comme la France, la géographie et le climat sont assez similaires. Sans oublier le côté futuriste de ce pays, à la pointe de la technologie. Il existe des repères nets, bref, tous les avantages de l’exotisme sans les inconvénients. Les jeunes adeptes du Japon peuvent donc facilement s’y projeter.

WAS : Est-ce un avantage de bien connaître la pop culture quand on débute des études de japonais ?

WAS : Comment se traduit cette passion pour le Japon à l’université de Strasbourg ? Le nombre d’apprenants a explosé !Quand j’ai commencé mes études en 1998, nous étions 15 en première année. Cette année,

Pas forcément, cela peut même être un obstacle. Les jeunes fans ont parfois des « préjugés de connaissances » : ils pensent mieux connaître la langue grâce à leur passion. Ils débutent avec un état d’esprit ludique, alors que son apprentissage est long et compliqué. Mieux vaut étudier le japonais avec une approche pragmatique et en visant un but professionnel. Glossaire : Fansub : sous-titrage d’un film ou d’un dessin animé par des fans amateurs. Scantrad : manga numérisé et traduit par des fans, généralement disponible sur internet en téléchargement ou en lecture en ligne.

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Was that ? / Japon / Apprendre le Japonais

日本語 を 学ぶ

Apprendre le japonais Illustrations par : Stéphanie Ong

ceduline, 18 ans, champagne-ardennes 1ère année de licence de japonais « Le Japon possède une culture à l’opposé de notre façon de vivre et de penser et c’est ça qui m’attire ! Cette passion fait vraiment partie de ma vie. » On ne s’étonne pas que ­Ceduline, qui avait déjà pris des cours de japonais à distance lorsqu’elle était au lycée, ait eu de bonnes notes à ses premiers partiels. Pourtant, « cela demande énormément de travail et la façon d’enseigner est particulière. En cours de grammaire par exemple, on étudie chaque mot de chaque phrase, on en fait une analyse syntaxique et morphologique. Je ne pensais pas que ce serait tout de suite aussi pointu. » Ceduline est passionnée, mais pas naïve. « Je sais que certains aspects de la société japonaise sont très difficiles : la compétition à l’école, le nombre élevé de suicides, l’énorme pression du monde du travail… Mais ce n’est pas ce qui va m’arrêter dans mes projets. » Et pour ces parents, ce n’est pas difficile de laisser leur fille partir à l’autre bout du monde ? « Non, ils l’ont accepté facilement. Ils pensent c’est un point positif car le Japon est un grand pays économique et politique. » Départ prévu dans deux ans, si tout va bien, dans le cadre d’échanges universitaires.

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Alexandre, 23 ans, Colmar 1ère année de licence de japonais Il se voit bien, dans quelques années, diriger une entreprise de spécialités alsaciennes au Japon. Un projet osé et difficile, Alexandre le sait bien, mais qui n’est pas né sur un coup de tête. « Je n’ai pas pu continuer mes études après le bac alors j’ai fait des petits boulots pendant trois ans pour économiser. Puis pour pérenniser mes projets par rapport au Japon, j’avais besoin d’un diplôme alors je me suis inscrit en fac pour de bon. » Au-delà de sa passion pour les mangas, les animés, la J pop, les paysages et les villes japonaises ; le « pays du Soleil Levant » l’attire pour la personnalité de ses habitants. « Je les trouve différents, plutôt calmes et vraiment gentils… Enfin, pas tous, c’est comme partout ! Mais mes amis japonais sont toujours prêts à aider. Ou, par exemple, quand vous oubliez quelque chose au Japon, vous pouvez revenir le chercher plus tard, personne ne l’aura volé. » Les seules choses qu’Alexandre appréhende, ce sont les tremblements de terre et les conséquences de l’incident de Fukushima. « Et la cuisine. A part les sushis et les yakitoris, c’est vraiment pas mon truc ! » ajoute-t-il en riant.


Glossaire : Akumu-chan : comédie fantastique sur une institutrice et l’une de ses élèves, qui arrive à matérialiser ses rêves. Hanazakari no Kimitachi e (Parmi eux) : comédie/romance sur une jeune fille qui se fait passer pour un garçon afin d’entrer dans un internat masculin.

Pauline, 19 ans, Haumets 2ème année de licence de japonais Son truc à elle, c’est les drama nippons, ces séries télévisées qui touchent à tous les genres, fantastique, sentimental ou comédie. « Mais le mieux, c’est lorsqu’ils intègrent un aspect français, comme Kami no Shizuku [Les gouttes de dieu] un drama sur le vin adapté d’un manga. J’aime aussi Akumuchan ou Hanazakari no Kimitachi e et j’en teste d’autres dès que j’ai du temps libre. Après je ne regarde pas que ça, j’apprécie aussi les films américains ! » Idem pour la musique et la lecture, Pauline ne se limite pas aux productions japonaises « surtout que ça coûte horriblement cher… ». Pour ses projets professionnels, elle est tout aussi ouverte : professeur de français au Japon (dans l’idéal), traductrice de mangas « à côté d’un autre travail car on ne peut pas en vivre » ou traductrice dans une banque luxembourgeoise. Un pragmatisme qui étonne lorsqu’on découvre que c’est l’univers des mythiques geishas qui l’a attirée vers le Japon : « Ma mère avait des livres à ce sujet et ça m’a tout de suite fascinée. J’aimais le style vestimentaire des geishas, leur maquillage magnifique, leur histoire… J’en ai même fait un dossier pour la fac, mais je les ai délaissées pour les drama. » CQFD…

Hélène, 19 ans, Belfort 1ère année de licence de japonais C’est une vraie mordue et depuis un bon moment : quand Hélène commence à s’intéresser au Japon, elle à « 12 ou 13 ans. Je regardais des mangas et c’était la grande mode des Pokémon. J’ai découvert que c’était quelque chose de propre au Japon et j’ai voulu en savoir plus sur cette culture. » Elle grandit en compagnie des héros de GTO, Death Note ou GetBackers et attrape le virus de la musique japonaise – pop, rock et punk. C’est ensuite au tour de la littérature. « J’ai délaissé les mangas pour lire des romans et pour approfondir les aspects de la culture japonaise qui m’ont intéressée en cours, comme la religion. J’ai été fascinée par l’architecture de leurs temples, tellement différente de la nôtre. » Au point que cet été, Hélène passera un mois au Japon avec l’objectif d’en visiter le plus possible... Et de voir si elle peut s’acclimater, son but étant de travailler pour une marque de cosmétique européenne implantée sur l’archipel. Pour la cuisine, pas besoin d’adaptation. « Comme je suis végétalienne, je cuisine souvent japonais car la base de leur alimentation, c’est le riz et le bouillon. J’y ajoute ce qui me plaît. » Une mordue, on vous l’avait dit.

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Les (bons) conseils d’anais

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Les (bons) conseils d’anais

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Cahier d’artiste / Ignacio Haaser

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Paris, France

Ignacio Haaser Interpeller l’observateur, saisir l’instant. Ignacio nous invite à inventer notre propre histoire pour interpréter l’image. Photographe indépendant en quête de renouvellement et de défis, il définit selon ses propres mots la bonne image comme celle qui « interpelle celui qui la contemple, authentique, équilibrée, elle saisit l’instant dans son entière immédiateté. » L’image est exigeante, à contrario des mots qui sont infinis pour définir une émotion, le visuel est unique, représentant un fragment de seconde qui ne révèle qu’une vérité instantanée.


Sa photo idéale ? Elle a peut-être déjà été réalisée, ou ne le sera jamais ; peut être doit elle rester à l’état de fantasme. Alors pour s’inspirer, il regarde les plus grands, en gardant bien à l’esprit la subjectivité propre à l’art, et en travaillant toujours et encore sa propre vision des choses.

Polaroid, transfert d’image Haut Atlas Imilchil, Maroc

Polaroid, transfert d’image Jbel Bani Bou Rbia, Maroc


Cahier d’artiste / Ignacio Haaser

Polaroid, transfert d’image Haut Atlas Imilchil, Maroc

Ignacio embrasse tout dans la photographie et ne saurait se catégoriser, l’image faisant partie intégrante de sa vie, il en parle avec une passion mêlée de doutes.

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Alsace, France

On sent chez lui une envie de vérité lors de cette interview. Envie d’être vrai, de ne pas se tromper, de communiquer au plus juste ce qui construit ses images et sa vie. Mais on sent aussi une difficulté à parler de lui-même. D’ordinaire protégé du monde par son objectif, ne voyant la réalité que par la focale de l’appareil, parler de soi l’oblige à tomber le masque.

La Goulette, Tunisie

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Cahier d’artiste / Ignacio Haaser

Alsace, France

Cet homme au parcours d’autodidacte atypique reçoit son premier boîtier à l’âge de 17 ans. Fasciné par la révélation des images dans les bains de développement, la photo l’attire aussi bien pour son côté social, l’obligeant à aller vers les gens, que pour son procédé magique qui consiste à figer un instant pour l’éternité.

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Cahier d’artiste / Ignacio Haaser Prague, Tchécoslovaquie

La Vallée Blanche, France

Sa passion le mène aussi bien sur les défilés de grands créateurs que dans les services presse, de communication ou la nature. Ignacio a aussi bien travaillé à l’étranger pour réaliser des reportages que dans des studios légendaires.

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Corse GR20, France

Il a su et s’obstine a créer une alchimie avec le sujet photographié. Guidé par son instinct il travaille chaque cliché de sorte qu’y paraisse un équilibre parfait entre objet, lumière et ressenti.

Retrouvez les travaux photographiques d’Ignacio sur son site www.ignacioh.com ou sur Facebook N’hésitez pas à le contacter pour toute demande concernant la prise de vue par mail : contact@ignacioh.com

Al-suwayara, Maroc

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