catalogue "Graine d'université"

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200 ans de facultĂŠ des sciences

GRENOBLE


ORIGINE ET DEVELOPPEMENT

5 8 RECHERCHE ET FORMATION

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Il y a 200 ans, la Faculté des sciences…

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Grenoble, chaudron de créativité (1) et (2)

Les territoires de la Faculté des sciences - 1811 - 1950 Les territoires de la Faculté des sciences depuis 1950

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Au commencement était la physique… (1), (2) et (3)

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Grenoble, berceau des jardins alpins

Grenoble : un vivier de progrès en écologie alpine Biologie, de la molécule à l’écosystème 2

Le rayonnement

international

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Chimie, de la physicochimie aux nanotechnologies Géologie et Minéralogie (1824-1925), les Alpes comme laboratoire

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De la géologie à la géophysique jusqu’aux sciences de la Terre et de

U

ne exposition sur les 200 ans de la Faculté des sciences de Grenoble

l’Univers

La glaciologie grenobloise, des glaces alpines aux carottes

polaires

L’informatique à Grenoble, une révolution sans précédent !

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La médecine à Grenoble, une alliance féconde avec les sciences et

technologies

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Les mathématiques à Grenoble, une

renommée internationale

Dans le cadre du bicentenaire de la faculté des sciences de Grenoble (1811-2011), l’Université Joseph Fourier a réalisé une exposition itinérante dont voici le catalogue des panneaux. Cette exposition retrace les principales étapes de développement de la Faculté des sciences et rend hommage aux hommes exceptionnels qui ont contribué à construire l’Université d’aujourd’hui. Créée en 1811 par Joseph Fourier, Préfet de l’Isère, la Faculté des sciences de Grenoble était la plus petite de France : trois professeurs se contentaient de deux pièces dans l’ancien couvent des Dominicains (au centre-ville de Grenoble, près des Halles Sainte-Claire). Aujourd’hui, l’Université Joseph Fourier accueille près de 16 000 étudiants et 1500 enseignants-chercheurs. Premier travail sur l’histoire de l’Université Joseph Fourier, « Graine d’université » est aussi une « graine d’exposition », semée sur le campus de Grenoble et qui a vocation à grandir, à se ramifier et à s’enrichir au gré des implications de toutes les communautés de l’université. Enseignants-chercheurs, étudiants, personnels administratifs et techniques, au sein des composantes et laboratoires, sont invités à se raconter et à contribuer à la construction de cette histoire commune, socle de l’identité de l’Université de Grenoble-Alpes. Patrick Lévy Président de l’Université Joseph Fourier

PerspectiveS Dessine-moi l’Université du Futur…

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ORIGINE ET DEVELOPPEMENT Il y a 200 ans, la Faculté des sciences…

N

ous sommes au début du XIXème siècle. Le général Bonaparte se sacre (lui-même) empereur et devient Napoléon Ier. A Grenoble, petite ville de province de vingt mille habitants environ, la vie intellectuelle ne bat pas encore son plein…

Grenoble au début du XIXème siècle

© SAJF

A la fin du XVIIIème siècle, il n’y a pas encore d’université à Grenoble. Une absence plutôt mal vécue et utilisée alors comme un argument par les parlementaires grenoblois pour créer une bibliothèque puis un cabinet de curiosité (ancêtre du Muséum). Avec une école de chirurgie et un jardin botanique, les Grenoblois sont manifestement porteurs d’une dynamique favorable aux sciences. Malgré tout, la vie culturelle n’est encore que peu active...

L’université impériale

C’est en voulant organiser l’instruction publique, de manière à la contrôler entièrement, que Napoléon Ier crée l’Université impériale en 1806. Il est clairement présenté, dans l’article 38 du décret du 17 mars 1808 que « [ces] Ecoles prendront pour base de leur enseignement […] la fidélité à l’empereur, à la monarchie impériale, dépositaire du bonheur des peuples, et à la dynastie napoléonienne ».

La Faculté vivote jusqu’aux réformes de la IIIème

Joseph Fourier

Nommé préfet par Napoléon Ier, il se rend à Grenoble un peu à contre cœur, car il abandonne ainsi la vie intellectuelle riche et stimulante de Paris. Mais, très « pro », il s’acquitte de ses fonctions avec un grand sérieux. C’est donc lui qui applique les décrets fondateurs de l’Université impériale. Il ne néglige cependant pas ses travaux personnels en physique-mathématique. Membre de la Société des Sciences, des Lettres et des Arts de Grenoble, Fourier s’attache également à promouvoir l’enseignement et les sciences.

République

Le décret de 1808 fonde la Faculté des sciences. A l’ouverture de ses petites portes en 1811, seulement trois professeurs. L’institution ainsi créée a pour seule fonction la distribution des diplômes. Créée par l’Etat, sans racine à Grenoble, l’Université manque un peu de légitimité et de solidité au XIXème siècle. C’est la IIIème République, dans les années 1870, qui « secoue » et réorganise l’université. Des crédits sont débloqués à Grenoble. Un nouveau bâtiment est construit et de nouvelles chaires (postes de professeur) sont créées à la Facultés des sciences.

Des facultés à l’université de Grenoble

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La première université de Grenoble a été fondée en 1339, à l’initiative du Dauphin Humbert II... On y enseignait « les arts » (lettres et sciences !), le droit et la médecine. Elle a disparu en 1565 au profit de celle de Valence, non sans soulever les protestations des Grenoblois.

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La loi relative à la constitution des universités du 10 juillet 1896 réunit les facultés de chaque ressort académique en une université. Quatre facultés étaient nécessaires au préalable pour assurer cette réunion. A Grenoble, il n’existe que trois facultés, celle de sciences, de lettres et de droit, la médecine étant une école dépendant de Lyon. Une loi dérogatoire créera l’université de Grenoble à partir des trois facultés.


ORIGINE ET DEVELOPPEMENT Grenoble, chaudron de créativité (1) Une tradition grenobloise

© Musée Dauphinois

Puis la houille blanche…

La région grenobloise met à profit toute sa force hydraulique au travers d’hommes tels qu’Aristide Bergès. Cette énergie permet de râper le bois et transforme la fibre de cellulose en pâte à papier. Grenoble entre dans la modernité industrielle. Le mouvement est en marche et s’accompagne enfin de l’essor des facultés. « En 1925, l’exposition internationale de la houille blanche et du tourisme consacre Grenoble, Capitale des Alpes et de l’hydroélectricité et rend hommage à l’action d’Aristide Bergès qui a su domestiquer les hautes chutes d’eau grâce aux conduites forcées. »

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Aristide Bergès

Son nom est attaché à la houille blanche, cette force hydraulique dont il sait voir le potentiel lors d’une mission de construction d’une usine de pâte à papier à Domène, entre 1867 et 1869. Il en est par la suite un formidable promoteur. Il s’engage également dans la politique locale, croyant fermement à l’idée d’un progrès industriel pour le bien de tous.

Paul-Louis Merlin

Merlin... de Merlin-Gerin ? C’est lui-même. C’est en 1920 que l’entreprise susnommée est créée. Exigeant sur la qualité du travail, Paul-Louis Merlin attache une grande importance à la formation des hommes et cultive donc avec ferveur les relations université-industrie.

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• Louis Léger. Il obtient en 1910 la création d’un laboratoire de pisciculture. Grâce à ses recherches, il participe activement au plan national d’organisation de la pêche.

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© Fonds Merlin

• Emile Gueymard. Nous sommes en 1825. Ce dernier, géologue et minéraliste, et surtout professeur d’histoire naturelle à la Faculté des sciences crée un Laboratoire départemental d’essais et d’analyses chimiques à Grenoble. Il y effectue des études gratuites, pour les Isérois, au profit de l’industrie et de l’agriculture. Il collabore avec Louis Vicat pour l’élaboration de la formule du ciment artificiel et préfigure ainsi les premières relations entre industrie et université.

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tion

Bien avant la microélectronique, bien avant le magnétisme et l’électrostatique à l’époque de Louis Néel, il y avait :

© Collec

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Industrie, enseignement, recherche », un triangle vertueux né dans les années 50 ? En réalité cette collaboration prend racine dans un passé plus lointain. Et ce serait oublier les précurseurs de ces liens féconds, qui œuvraient déjà au XIXème siècle à Grenoble. Nous parlons ici de traditions ...

Michel Soutif « Grenoble, carrefour des sciences et de l’industrie ».

Les débuts de l’enseignement technique

En 1892, Paul Janet donne des conférences publiques d’électricité industrielle. Elles sont organisées par la municipalité car la Faculté des sciences ne juge pas digne d’elle ces cours d’applications techniques. Face au succès de ces conférences, Paul Janet va se battre pour en faire un cours permanent à la Faculté des sciences. Pour vaincre les préjugés, il lance une souscription auprès des industriels de l’époque et obtient leur soutien. Cette mobilisation locale convainc les autorités universitaires et ministérielles de développer cet enseignement.

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ORIGINE ET DEVELOPPEMENT Grenoble, chaudron de créativité (2) Aux origines de l’Institut polytechnique

Paul Janet fonde, en 1893, un Laboratoire d’électricité industrielle, « l’accompagnement nécessaire d’un cours » selon lui. De généreux ingénieurs et industriels y déposent du matériel, tel qu’un moteur de courant alternatif, une machine à électrolyse,... Les années qui suivent voient la création de l’Institut électrotechnique, pour laquelle l’université toute entière s’investit : la Faculté de droit émet en 1898 le vœu que « la plus grande partie des ressources de l’université soit consacrées au développement de l’électricité industrielle ». Elle est rapidement suivie par la Faculté des lettres. Ainsi, l’université se met à former le personnel nécessaire au développement des industries locales. En 1907, c’est l’Ecole française de papeterie qui voit le jour, puis l’Ecole d’électrochimie et d’électrométallurgie en 1921, et l’Ecole d’hydraulique en 1928. Cet ensemble prend alors le nom d’Institut polytechnique de Grenoble (IPG). Louis Barbillon dirige l’institut jusqu’en 1929 et René Gosse lui succède.

L’Association des Amis de l’Université

Le Doyen Gosse

Innover à Grenoble est un véritable état d’esprit

Agrégé de mathématiques, René Gosse est maître de conférences, avant de devenir doyen de la Faculté des sciences en 1927. Il prend la fonction de directeur de l’IPG en 1929. Il est aussi un des conseillers du maire Paul Mistral, auprès duquel il défend le développement universitaire, en obtenant des crédits du gouvernement pour de nouveaux bâtiments. Il prend part à la Résistance dès 1940. Il est assassiné par la Gestapo en 1943.

© C EA

Les liaisons Université-Industrie se réaffirment en 1947, lors de la création de l’Association des amis de l’université de Grenoble (AUG), par Paul-Louis Merlin et le recteur Henri Pariselle. Dans les statuts de l’association, son rôle est défini comme suit : « favoriser le développement de l’Université de Grenoble et le progrès des sciences qui y sont étudiées, de venir en aide à ses étudiants, tant sur le plan culturel que matériel et de promouvoir les relations Université-Industrie ». En 1951, L’association est à l’origine de la création de l’Institut de la Promotion Supérieure du Travail (PST), organisme destiné à conduire des ouvriers et des techniciens jusqu’au niveau Ingénieur. De nombreux cadres grenoblois en sont sortis grâce à l’ascenseur social que la PST représentait. Elle est aussi à l’origine de la cité universitaire du Rabot. En 2001, l’AUG est devenue l’Alliance université-entreprise de Grenoble (AUEG). Aujourd’hui, le rapprochement Recherche-Entreprise fait toujours partie des missions de l’AUEG, mais dans un contexte qui a beaucoup évolué.

© Fondation Nanosciences

Aujou rd’h ui

Non seulement Grenoble est reconnue pour sa capacité à attirer les projets innovants, mais la présence de pôles de compétitivité et l’efficacité des dispositifs de création d’entreprises est également source de ce dynamisme. Avec 45% de cadres dédiés à la recherche et 9% d’ingénieurs sur le nombre total d’emplois, l’agglomération grenobloise figure ainsi en tête des métropoles françaises...

Quelques chiffres révélateurs

• 404 196 habitants dans l’agglomération • près de 23 000 emplois dans la recherche publique et privée • 2 pôles de compétitivité (Minalogic, Tenerrdis) • 1 personne sur 6 est étudiante • 1 salarié sur 10 est ingénieur • Plus de 200 start-up créées en 10 ans • Un portefeuille de 2000 brevets

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© Fondation Nanosciences

Des innovations directement issues des laboratoires grenoblois


ORIGINE ET DEVELOPPEMENT Les territoires de la Faculté des sciences

1811 – 1950

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’un des témoins les plus facilement observables du développement de la Faculté des sciences à Grenoble est sans nul doute l’histoire de ses bâtiments. Car si aujourd’hui la recherche et l’enseignement des sciences se font sur un vaste campus et sur le polygone scientifique, cette seule idée aurait probablement laissé perplexes les premiers professeurs, même les plus optimistes !

Les premiers murs de la Faculté des sciences

« A la fin de 1867, […], je trouvai les Facultés installées à l’angle de la place et de la rue de la Halle*, dans un ancien couvent de Dominicains. La Faculté des Sciences n’avait qu’une seule salle de cours. Elle était basse et sombre et n’avait d’autres ornements que le souvenir des maîtres qui y avait enseigné […]. Il n’y avait également, pour tous les professeurs de la Facultés des Sciences et pour le directeur du Laboratoire départemental, qu’un seul laboratoire, et ce laboratoire servait en même temps d’habitation à la concierge. Le professeur de physique, M. Seguin, y arrangeait ses instruments. Le professeur de zoologie, le docteur Charvet, y disséquait des lapins et y nourrissait des pigeons ; le professeur de minéralogie, M. Lory, y cassait des cailloux et y débourbait des fossiles. Les deux préparateurs et l’unique garçon de laboratoire, sans doute pour éviter l’encombrement, n’y faisaient que des apparitions discrètes ; mais, par contre, depuis le matin jusqu’au soir, et à la meilleure place, la vieille concierge de la Faculté, la mère Debon, cousait ses sacs, faisait sa cuisine et donnait audience à ses amies. » Extrait de l’éloge d’Emile Gueymard par François Raoult. * à peu près sur l’emplacement de la rue Philis-de-la-Charce actuelle.

© Musée Dauphinois

La Halle aux grains

Le Palais des Facultés

Nous sommes au début de la IIIème République. Des réformes s’engagent qui vont bouleverser l’université. Celle-ci se réveille et s’organise. Des crédits sont accordés aux Facultés : la première pierre du Palais de l’Université est posée autour de la place d’Armes (aujourd’hui Place de Verdun) en 1875. Le bâtiment est inauguré le 8 décembre 1879. Les 340 étudiants qui y sont alors inscrits, toutes facultés confondues, s’y trouvent à l’aise. Mais les effectifs ne cessent d’augmenter, et en 1914, les annexes qu’il faut adjoindre au Palais sont plus grandes que le Palais lui-même !

La géologie, Ancien Evêché L’institut polytechnique, rue Casimir Brenier La Chimie générale, boulevard Gambetta L’institut d’électrochimie, rue François Raoult L’institut Fourier, place Adrien Ricard (actuellement Place Doyen Gosse)

Essaimage

Au lendemain de la première guerre mondiale, les universités connaissent encore un afflux important d’étudiants, particulièrement marqué à Grenoble. Il faut construire de nouveaux bâtiments. La Faculté des sciences vit alors son premier essaimage. Plan de Grenoble – 1902 Archives municipales

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ORIGINE ET DEVELOPPEMENT Les territoires de la Faculté des sciences

depuis 1950

© CNRS

Le Polygone scientifique

« Le campus, que l’on a craint ghetto, est devenu ville. » Michel Soutif

Début de la construction du campus année 1961/1962 Implantation des bâtiments de mathématiques appliquées, biologie, et de chimie.

I U O

LES HOMM ES

Dans les années 1950, la France d’après-guerre rentre dans les 30 glorieuses et le nucléaire est une grande cause nationale, dont personne n’a peur, bien au contraire. Le CEA songe à s’implanter en province et, convaincu par Louis Néel, choisit Grenoble, une des villes françaises les plus dynamiques d’après-guerre. Le 1er janvier 1956, le Centre d’énergie nucléaire de Louis Weil Grenoble (CENG) est créé et s’installera sur le polygone d’artillerie, un ancien terrain militaire Louis Weil joue un rôle essentiel dans la créadans une zone à faible urbanisation au confluent du Drac et de l’Isère. ...le futur Polygone tion et le développement du Domaine universiscientifique ! taire. Il est alors doyen de la Faculté des sciences. AnD’autres structures de recherche nationales et internationales suivront cette installation sur cien élève de Louis Néel, il est avant tout un physicien de le polygone : en 1962, le Laboratoire du CNRS d’électrostatique et de physique du métal renommée internationale, qui a fondé et dirigé à Grenoble le (LEPM) et en 1963, le Centre de recherches des très basses températures (CRTBT) et plus laboratoire CNRS de recherche sur les très basses températures tard, l’Institut des sciences nucléaires (ISN) en 1966, suivis en 1974, de l’Institut Laue(CRTBT) en 1962. Langevin (ILL) et son réacteur à haut flux de neutrons, puis l’European synchrotron Par le rayonnement international de ses travaux, il était en contact radiation facility (ESRF) en 1986, avec l’anneau synchrotron 10 ans plus tard et enfin avec de nombreux laboratoires étrangers, installés sur des campus Minatec en 2004. historiques. « Il est probable qu’il y a puisé son inspiration pour bâtir, à Grenoble un campus « à l’américaine » selon son expression. » Alain Nemoz, Hommage à Louis Weil – 2 déc 2011

A partir des années 1960, un effort national de développement de la recherche et de l’enseignement supérieur intensifie le développement de l’université. En 10 ans, le nombre d’étudiants à Grenoble augmente de 138 % ! La construction de nouveaux locaux devient indispensable. Paul-Louis Merlin émet alors une idée « romantique », dans l’esprit de cette époque enthousiaste : installer l’université, et donc, le campus, sur le Mont Rabot. L’institut de géographie et l’institut de géologie y ouvrent leurs portes en 1962, ainsi qu’une cité universitaire et un restau U. Mais les adversaires de ce projet y opposent, par la voix de Louis Weil, des arguments frappants : un terrain trop petit, avec le risque d’une nouvelle dispersion en cas d’extension, et des difficultés de construction. Le campus sortira finalement des terres maraîchères de Saint-Martin-d’Hères et de Gières, inondables, certes, mais bien protégées par une digue. Depuis 1990, l’université revient dans la ville et l’agglomération, actrice de l’aménagement du territoire avec de nouvelles implantations dans la cité comme l’Institut de géographie alpine dans le quartier Vigny-Musset, l’école d’ingénieurs de l’UJF, Polytech, implantée à Saint-Martin-d’Hères, le Centre de technologie du logiciel (CTL) à Gières ou encore les instituts de recherche Albert Bonniot ou celui des neurosciences sur le site Santé de la Tronche…

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La première pierre du campus est posée par le ministre de l’Education nationale, Lucien Paye, invité par Louis Weil le 2 décembre 1961. Elle inaugure la construction du bâtiment des Mathématiques appliquées. Ne cherchez pas cette première pierre : la voie des Résidences passe aujourd’hui sur son emplacement. Elle avait été posée sur le terrain pour lequel fut signé le premier compromis de vente, pour marquer le début de la construction du Domaine, et pour motiver le démarrage urgent des opérations.

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© Le Dauphiné Libéré


ORIGINE ET DEVELOPPEMENT Le rayonnement international ’Université de Grenoble s’est préoccupée très tôt de son rayonnement international en créant un comité de patronage des étudiants étrangers dès 1896. Par la suite, Grenoble s’est illustrée en créant dés les années 1950 des écoles scientifiques internationales de renom.

L’Université de Grenoble crée le premier Comité de patronage des étudiants étrangers

© Coll. Musée dauphinois

Étudiants étrangers à Grenoble, photographie Michel Augustin, début du 20ème siècle.

« Nous sommes […] le 6 juillet 1896. Quelques hommes sont réunis pour fonder à l’université de Grenoble, des cours de français à l’usage des étrangers, c’est tout. » Maurice Gariel, président du Comité de patronage en exercice en 1949. L’Université de Grenoble est la première en France à songer à cette mission internationale. Le Comité de patronage ainsi créé en 1896 est présidé par Marcel Reymond, critique d’art de grand talent, et passionné de voyage. Il est alors soutenu par la Faculté des lettres.

En 1909, Théodore Rosset, le secrétaire général, revient sur la création du comité : « On n’avait aucune idée de ce qu’il fallait faire. Avec une modique subvention de la ville, on imprima 4000 circulaires […] distribuées aux universités et aux consulats d’Europe et d’Amérique. Cette brochure faisait savoir simplement que Grenoble existait, qu’il y avait une université et des montagnes et que le Comité serait heureux de faire les honneurs de l’une et des autres à ses hôtes étrangers. »

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Le Comité veut offrir un plan d’études aux étrangers. Mais celui-ci n’a pas été pensé a priori. Les premiers étudiants sont « fêtés et choyés », mais sans aucune organisation. C’est en s’adaptant petit à petit à des besoins très divers que les programmes d’enseignement se mettent en place. Un certificat d’études françaises est créé, ainsi que des cours pendant les vacances, qui ont un franc succès. En 1900, le comité s’attache également à rechercher et convaincre les familles grenobloises de loger les étudiants. Ce comité a donné naissance au Centre universitaire d’études françaises (CUEF), aujourd’hui service commun de l’Université Stendhal-Grenoble 3.

5 grandes écoles européennes pour les jeunes chercheurs internationaux

Le rayonnement scientifique et international de Grenoble se retrouve aujourd’hui dans l’existence de cours européens de référence proposés à des jeunes chercheurs du monde entier. Ces écoles leur permettent d’échanger sur les avancées scientifiques les plus récentes, et de bénéficier de la proximité des grands instruments et de laboratoires internationaux sur le site.

Le rayonnement international des universités à Grenoble, c’est : • 9 000 étudiants étrangers • 160 nationalités différentes • 45% des doctorants sont étrangers • 19 langues enseignées • l’UJF est classée au top 200 des meilleures universités mondiales au classement de Shanghaï.

• L’école de Physique des Houches, créée par une jeune physicienne française, Cécile De Witt-Morette en 1951, est l’une des plus anciennes à accueillir des scientifiques du monde entier. Elle a servi de modèle pour la création de nouvelles écoles de recherche internationales. • HERCULES (Higher European Research Course for Users of Large Experimental Systems), formation de haut niveau à la recherche expérimentale sur les grands instruments. • ERCA (European Research Course on Atmospheres), sur la physique et la chimie de l’atmosphère, sur le système et sur le changement climatique, sur la pollution atmosphérique à différentes échelles et sur les aspects humains des changements environnementaux. • ESONN (European School on Nanosciences and Nanotechnologies), sur les nanosciences et nanotechnologies appliquées à la physique, la chimie et la biologie. • L’Ecole d’été européenne de mathématiques avec des thématiques différentes abordées chaque année

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RECHERCHE ET FORMATION Au commencement était la physique…(1)

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timulée par l’essor de la «houille blanche», puis au contact de la recherche nucléaire, la physique grenobloise est à l’origine du formidable développement scientifique international de Grenoble.

© Musée Dauphinois

A partir de 1875, les facultés se développent et celle de Grenoble compte cinq chaires dont celle de physique, déjà présente lors de sa création ! Parallèlement, en cette fin du XIXème siècle, Grenoble et sa région deviennent un haut-lieu de l’hydroélectricité et toute une industrie voit le jour sous la déferlante de cette « houille blanche ». Pendant la première moitié du XXème siècle, cet essor industriel va s’accompagner du développement de la Faculté des sciences sous la pression des industriels « en panne » de personnel qualifié… avec le « fameux » cours d’électricité industrielle de Paul Janet en février 1892 comme première pierre de cette évolution.

© C EA

De la houille blanche au développement de la Faculté des sciences

Louis Néel

Les sciences à Grenoble après 1940, c’est lui. En 1939, il dirige le Laboratoire de physique générale de Strasbourg, assisté de Louis Weil – futur doyen de la Faculté des sciences –… que de grands hommes ! Lorsque Strasbourg est évacuée en 1939, il s’installe à Grenoble. Jusqu’en 1944, il apporte une contribution importante à l’effort de guerre, et aide les militaires à résoudre leurs problèmes. Grâce à son procédé de désaimantation du magnétisme des navires dans les ports de Dunkerque, Brest, Toulon, Cherbourg, Le Havre, des milliers de vies de soldats, français et anglais seront sauvées. Il est à l’origine de la création des laboratoires de physique du CNRS et du CEA Grenoble (anciennement CENG) dont il est le premier directeur. Soucieux de la formation des ingénieurs, il dirige les écoles de l’IPG de 1954 à 1971, date à laquelle il devient le 1er président de l’Institut national de Grenoble (INPG). Il soutient le développement de la recherche et ne cesse d’encourager les relations UniversitéIndustrie. Ses travaux sur le magnétisme son couronnés du Prix Nobel de physique en 1970. Le centenaire de sa naissance a été célébré à Grenoble en 2004.

La guerre bouleverse le paysage scientifique grenoblois, et plus particulièrement celui de la physique. Dans les années 1940, Il y a les enseignants-chercheurs de la chaire de physique générale (René Fortrat) et ceux de l’Institut polytechnique-IPG pour l’électrotechnique (Felix Esclangon), mais aussi des chercheurs d’origine strasbourgeoise venus trouver refuge à Grenoble. Parmi eux, des illustres physiciens, Louis Néel, professeur, et son assistant Louis Weil. Ils seront rejoints par d’autres physiciens notables dans leurs domaines, Noël Felici et Edwin Bertaut. Ce groupe de chercheurs jouera un rôle essentiel après la Libération, en choisissant de rester à Grenoble, alors que la physique française se développait jusqu’alors à Paris ! Un Amphi de l’IEG , vers 1950 (Institut d’éléctrotechnique de Grenoble)

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© Grenoble INP

La guerre, un tournant dans le paysage de la physique grenobloise


RECHERCHE ET FORMATION Au commencement était la physique…(2) En 1946, sous l’impulsion de Louis Néel, le CNRS crée un grand laboratoire, le Laboratoire d’électrostatique et physique du métal (LEPM), installé dans les locaux de l’Institut Fourier de la Faculté des sciences. Ce laboratoire accueille de nombreuses sections supplémentaires : la résonance magnétique à la suite du transfert de toute l’équipe de Michel Soutif de l’École normale supérieure de Paris à Grenoble en 1951, le Centre de recherches des très basses températures (CRTBT - Louis Weil), le laboratoire de Cristallographie (Edwin Lewy -Bertaut), et celui éphémère des lames minces en 1962. A partir de 1971, ces laboratoires resteront sur le polygone scientifique, tandis que le laboratoire de résonance magnétique, devenu laboratoire de physique générale, puis de spectrométrie physique s’installe sur le domaine universitaire. En 1968, Louis Néel soutiendra aussi la création du Service national des champs intenses, devenu plus tard, le Laboratoire national des champs magnétiques intenses, LNCMI, un temps franco-allemand.

© Institut Néel

Grenoble, un nouveau pôle de physique dans le paysage hexagonal

Centre de recherche sur les très basses températures - CRTBT

Une grande étape : la création du premier centre nucléaire de province à Grenoble

Louis Néel et Michel Soutif, tous deux physiciens du solide, vont s’intéresser aux applications industrielles de l’énergie nucléaire. Louis Néel croit en la filière nucléaire comme alimentation en énergie. Il convainc le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) de créer un centre en région. Le Centre d’études nucléaires de Grenoble (CENG) naît par décret le 27 janvier 1956 avec Louis Néel, comme directeur. L’implantation de ce nouveau centre de recherche à Grenoble a de fortes incidences sur les activités de recherche en physique ainsi que sur la formation. L’Institut des sciences nucléaires (ISN), rattaché à la Faculté des sciences, « ancêtre » pour partie de l’actuel LPSC- Laboratoire de physique subatomique et cosmologie, est issu de ce développement en 1966.

© CEA

Michel Soutif

Le CENG en construction

© C EA

Michel Soutif est une autre grande figure de la physique grenobloise. Reçu 1er à l’agrégation de physique en 1946 (avec Louis Néel comme membre du jury !) alors qu’il avait été victime d’un grave accident, il poursuit sa carrière tout d’abord dans le domaine de la résonance magnétique dans le laboratoire de physique de l’ENS, puis installe à Grenoble en 1951 le service de résonance magnétique au LEPM, à la demande de Louis Néel. Dans ce même temps, il se spécialise aussi dans le nucléaire et assure le premier enseignement de génie atomique en 1955. Il participe à la création du CENG, tout en continuant son activité de conseil auprès d’Alcatel, et celle de professeur d’université. Il dirige le laboratoire de spectrométrie physique de sa création en 1961 à 1976. Entre 1971 et 1976, il est le 1er président de la nouvelle Université Joseph Fourier, scientifique et médicale suite à la loi Edgar Faure de réforme des universités. Michel Soutif a été président de la Société française de physique (1972-1974), et responsable des relations internationales de l’université, en 1976. Aujourd’hui, Michel Soutif, passionné d’histoire des sciences et de culture extrême-orientale continue d’enseigner et est professeur associé à l’université de Shanghaï.

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RECHERCHE ET FORMATION Au commencement était la physique…(3) Avec cette ouverture vers la physique nucléaire, la recherche en physique à Grenoble reste très axée autour du magnétisme (elle vaudra un prix Nobel à Louis Néel en 1970), et des spécialités relevant de la physique du solide et des matériaux. Elle est bientôt complétée par celle des semi-conducteurs, quand est créé au CENG le Laboratoire d’électronique et des technologies de l’information, le LETI en 1967, par Michel Cordelle, ancien officier de Marine. A partir de 1971, les développements du LETI vers l’imagerie et la mesure en biologie et le regroupement de la Faculté de médecine au sein de l’université Joseph Fourier (suite à la loi Edgar Faure) permettront un développement remarquable et important de l’imagerie médicale et des gestes médicaux assistés par ordinateur, encore aujourd’hui l’un des « fers de lance » de l’innovation grenobloise. Des spécialités de la physique se développent aussi dans les disciplines «Terre, Univers, Environnement», que ce soit la géophysique ou l’astrophysique. La géophysique s’oriente vers la glaciologie, grâce à son premier artisan Louis Lliboutry et, plus tard, se tourne vers l’étude de la planète et des phénomènes liés aux mouvements des plaques terrestres avec la création du Laboratoire de géophysique interne et tectonophysique (LGIT) en 1975. L’astrophysique prend naissance en 1979, avec la création de deux structures installées sur le domaine universitaire, le Laboratoire d’astrophysique au sein de l’université et l’Institut de radioastronomie millimétrique (l’IRAM). Le programme scientifique, l’étude de l’Univers froid par radioastronomie, s’élargira avec la planétologie, déjà présente.

© ILL

L’ouverture vers d’autres spécialités de la physique

Philippe Nozières Eminent chercheur en physique théorique et statistique, nommé Professeur à l’UJF en 1972 puis Professeur au Collège de France en 1983, Philippe Nozières poursuit encore aujourd’hui ses recherches à l’ILL. Académicien des sciences, Médaille d’or CNRS, il a reçu le prix Wolf de physique en 1985.

L’ouverture à l’international et les grands instruments, un autre élément

© ESRF - 1994

© ILL - 1974

marquant de la physique à Grenoble

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L’installation du CENG et des deux réacteurs Mélusine et Siloé ont représenté pour les physiciens grenoblois des sources de neutrons importantes dans les recherches sur les substances magnétiques. Cependant, des études sur les grandes molécules biologiques nécessitent des sources plus importantes. En 1970, Louis Néel suscite une coopération franco-allemande qui permet l’installation à Grenoble d’un grand réacteur de recherche à haut flux de neutrons. Il entrera en service au cœur de l’Institut Laue Langevin, L’ILL en 1974. Cette première coopération internationale ouvrira la trace pour d’autres accords qui aboutiront à de grands laboratoires et installations. En 1975, l’IRAM, institut franco-allemand-espagnol choisit de construire un grand observatoire sur le site du plateau de Bure, à 90 km au sud de Grenoble, avec un laboratoire de base sur le domaine universitaire. Enfin, en 1994, un grand synchrotron, l’European synchrotron radiation facility (ESRF), est installé à Grenoble. Cet anneau accélérateur d’électrons de 844 m de diamètre est l’une des trois plus puissante source de rayons X au monde et la plus puissante en Europe. Cet organisme est géré par 18 pays. L’implantation de ces grands instruments de recherche dans l’analyse de la matière par neutrons et par rayons X place Grenoble comme un centre mondial dans ce domaine.


RECHERCHE ET FORMATION Grenoble : un vivier de progrès en écologie animale

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u début du XXème siècle, l’université est en plein essor. A Grenoble, on oriente alors les recherches dans le domaine de la biologie des eaux douces. La région est en effet très riche en différents types de milieux d’eau douce (fleuve, ruisseau, torrent, étang, lac, source). Si la truite y occupe une position-clé, on ne sait pas grand- chose sur elle. Au départ, le laboratoire est installé au sous-sol du Palais de l’Université. On y pratique des essais sur la reproduction de la truite, on contrôle sa nourriture et l’on surveille sa santé. Rien d’évident à l’époque, mais Louis Léger y voit des paramètres essentiels. Il rédige alors un projet ambitieux aussi bien sur le plan scientifique qu’économique...

Le laboratoire de pisciculture rue Hébert

Entre 1910 et 1914, Louis Léger obtient les financements pour un véritable laboratoire de pisciculture. Grâce à cet apport, il peut Louis Leger également aménager un autre bâtiment, Il arrive à Grenoble en 1898 et s’y trouve comme un qui aura pour vocation d’abriter les locaux poisson dans l’eau. Alors qu’il est à la tête de la chaire de des chercheurs, les salles de cours et de zoologie (1902), il crée un laboratoire de pisciculture, où travaux pratiques pour les étudiants et il travaille avec Léon Perrier pendant quelques temps (ce agents des Eaux et Forêts et enfin des même Léon qui sera député, sénateur et ministre des colosalles de collections. Le labo quitte la nies !). Fait important : en 1909, il fonde la revue : les travaux rue Hébert en 1964 et s’installe sur du laboratoire de pisciculture (1909-1982). Il donne ainsi le campus. Aujourd’hui se trouve à ses recherches un rayonnement national. L’une de ses là le Musée de la Résistance et des grandes réalisations : il participe à l’élaboration du plan locaux du Service technique de la national d’organisation de la pêche en ville de Grenoble. eaux douces, et propose des techniques d’élevage en pisciculture.

Découvertes importantes

Léger a amorcé un travail de recherche se traduisant par une connaissance approfondie du milieu « eaux douces ». Les remarquables publications (343) écrites par 79 chercheurs en 72 ans témoignent d’un travail long et suivi, de la part de Léger et de ses successeurs. Entre autres découvertes Louis Léger propose un remède à la costiase – une maladie parasitaire vécu comme un fléau pour les éleveurs de truites. Il s’agit de faire baigner les alevins dans une eau formolée à 0,04% pendant 15 min. A cela on peut ajouter 7 petits manuels de pisciculture appliquée à destination des pisciculteurs. Enfin entre 1924 à 1957, le laboratoire a publié 8 cartes piscicoles concernant 8 départements de la région.

Aujourd’hui la biologie

Aujourd’hui, Le laboratoire d’hydrobiologie et de pisciculture a disparu et a ouvert la voie dans les années 1990, à l’actuel laboratoire d’écologie alpine associé au CNRS (LECA).

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RECHERCHE ET FORMATION Grenoble, berceau des jardins alpins

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ous sommes à la fin du XIXème siècle, une époque marquée par la mode des jardins alpins. L’initiative première, à Grenoble, en revient à la Société des Touristes du Dauphiné (STD), qui s’associe à la Faculté des Sciences pour créer un premier jardin dès 1892.

1892 - Le jardin alpin de Chamrousse

Le premier jardin est installé sur le site de Roche Béranger, à 1850 m d’altitude. Les jardins alpins avaient alors plutôt, une vocation esthétique et pédagogique que scientifique. Mais Jean-Paul Lachmann, nommé directeur du jardin, lui donne une fonction scientifique supplémentaire, l’utilisant dès 1893 comme « un laboratoire naturel » où il effectue des expériences sur le reboisement et sur la culture en altitude des plantes potagères. Le site était proche de Grenoble mais il fallait tout de même prévoir quatre heures de marche depuis Uriage (la station de ski n’était pas encore là ! ). Cette difficulté d’accès Jean-Paul Lachmann conduisit à l’abandon du site qui sera finalement livré aux moutons...et aux touristes.

© SAJF

1899 - Le jardin alpin du Lautaret

Avant d’être professeur à Grenoble, Jean-Paul Lachmann a soutenu en 1889 une thèse sur les structures anatomiques des Fougères, en utilisant les collections du Parc de la Tête d’Or à Lyon. On peut encore trouver, dans les collections de l’Université, « quelques-unes de ses nombreuses préUn nouveau jardin alpin est créé parations dont certaines sont de véritables chefsen 1899 au col du Lautaret à 2050 m d’œuvre de patience et d’habileté ». Lachmann d’altitude, dans un cadre grandiose et donne à la chaire de botanique grenobloise plus facilement accessible. Mais en 1919, sa dimension nationale et internationale il est chassé de son emplacement par la par ses travaux d’anatomie végétale construction de la nouvelle route d’accès au col et par la création des premiers du Galibier. Cette catastrophe s’avère une chance. jardins alpins en France. En effet, grâce au soutien du Touring Club de France,

le jardin est déplacé sur son site actuel et un chalet est construit pour accueillir le personnel du jardin et les chercheurs qui étudient la biodiversité exceptionnelle de la région (parmi eux Roger Heim, futur membre de l’Académie des Sciences et Teodor Lippmaa, professeur de l’université de Tartou en Estonie). L’artisan de cet essor du Jardin alpin est le professeur Marcel Mirande, successeur de Lachmann en 1909.

Le Jardin alpin du Lautaret fait aujourd’hui partie de la Station alpine Joseph Fourier, une Unité Mixte de Services UJF-CNRS qui a pour vocation de (1) développer une plateforme de recherche (notamment via le chalet-laboratoire construit au col du Lautaret en 1989 et via des serres en cours de construction sur le campus), (2) accueillir le public et le sensibiliser aux questions environnementales (20 000 visiteurs chaque été au Jardin alpin labellisé « Jardin remarquable »), (3) entretenir des collections végétales (2200 espèces du jardin alpin, graines, herbiers, arbres de l’arboretum Robert Ruffier-Lanche sur le campus), (4) développer une expertise botanique au service de la recherche et de l’enseignement (stages) . Les principaux thèmes de recherche concernent l’adaptation aux conditions extrêmes, les patrons de biodiversité et le fonctionnement des écosystèmes soumis aux changements de l’agriculture et du climat.

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© SAJF

Aujourd’hui : la Station alpine Joseph Fourier


RECHERCHE ET FORMATION Biologie, de la molécule à l’écosystème

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u départ botanique ou zoologie, la biologie s’éloigne peu à peu du terrain, pour se spécialiser et devenir biologie moléculaire. Parallèlement, à cette plongée vers les structures moléculaires, la biologie se globalise, on parle désormais de « biologie systémique ».

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Aux prémices de la biologie

En 1838, plusieurs chaires sont créées à Grenoble dont la zoologie et la chimie. Onze ans plus tard, celle de sciences naturelles est confiée à Emile Gueymard, suivie en 1876, par celle de botanique. La première partie du XXème siècle voit se développer la biologie des eaux douces, la botanique, et la géologie à partir d’études de terrain et d’observation. Jusqu’aux années 1960, deux laboratoires de la Faculté des sciences existent : celui de zoologie, rue Hebert et celui de botanique, place Bir Hakeïm. Les recherches qui y sont poursuivies concernent la systématique, la biologie des espèces, et les débuts de l’écologie qualitative et quantitative.

© A. Rossi

La recherche en biologie, de l’observation sur le terrain vers le laboratoire et les nouvelles technologies

En 1964, avec la création du domaine universtaire, la biologie est rassemblée dans quatre bâtiments correspondant aux chaires de : biologie animale, biologie végétale, physiologie animale et physiologie végétale. Les recherches sont encore disciplinaires et cloisonnées comme... les bâtiments qui les hébergent. A partir de 1968, un décloisonnement s’amorce avec l’apparition de nouveaux outils comme la microscopie électronique, la biochimie ou la biologie moléculaire et modifie les orientations de recherche des laboratoires. Les études « à la paillasse » s’ajoutent aux investigations sur le terrain et le travail en équipe prend le pas sur celui du chercheur « solitaire ». L’apport des techniques de laboratoire telles que la biologie moléculaire permet ainsi de développer, dès 1990, une écologie moderne poursuivie dans le Laboratoire de biologie des populations d’altitude.

L’Institut de Biologie structurale a été créé conjointement, en janvier 1992, par le CEA et le CNRS, à la suite d’une réflexion convergente des deux organismes sur l’émergence d’un nouveau champ de recherche d’une importance capitale pour la compréhension des mécanismes biologiques fondamentaux : la biologie structurale. La direction de l’institut a été confiée, lors de son ouverture, au Professeur Jean-Pierre Ebel, aujourd’hui décédé. C’est lui qui a donné à l’IBS son orientation et son impulsion initiale. Par la suite, l’institut est devenu unité mixte de recherche CEA-CNRS-UJF en 1999. Grenoble et Strasbourg, font partie des centres de référence européens en matière de biologie structurale. Grenoble est aujourd’hui dirigé par Eva Pebay-Peyroula, professeur de physique à l’Université Joseph Fourier et académicienne.

© IBS

Aujourd’hui, la recherche en biologie à Grenoble concerne tous les domaines et s’étend de l’étude des structures moléculaires et de leurs propriétés et interactions ( biochimie et biologie moléculaire et structurale) aux écosystèmes (éthologie et écologie) en passant par la compréhension de l’intégration des systèmes au sein des organismes (physiologie) et de leur developpement et reproduction (embryologie et génétique). Les technologies les plus modernes sont utilisées pour comprendre les systèmes biologiques modèles. Avec le décryptage des génomes, la biologie développe de plus en plus d’interfaces avec d’autres disciplines, notamment la physique, la chimie, l’informatique, la pharmacie et la médecine.. Ces connaissances conduisent à de nombreuses applications biotechnologiques pour développer de nouveaux médicaments, améliorer l’environnement, ou combattre des organismes pathogènes. Il n’est donc pas surprenant que les travaux des laboratoires provenant de l’ancienne Faculté des sciences se soient ouverts aux collaborations au sein de l’université, mais aussi aux autres organismes nationaux (le CNRS, le CEA..) et internationaux, comme l’ILL ou l’ESRF présents sur le territoire. Un bel exemple est celui de l’Institut de biologie structurale (IBS) associant tout d’abord le CEA, le CNRS, puis l’UJF et qui a acquis une notoriété internationale dans le domaine de la biologie moléculaire pour la détermination structurale des molécules. De même, la prochaine construction d’un pôle de recherche et de formation en biologie intégrée et systémique (BisY) sur le domaine universitaire va dans ce sens. © IBS

© IBS

L’ouverture de la biologie vers les autres disciplines et institution : une approche intégrée et systémique

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RECHERCHE ET FORMATION Chimie, de la physicochimie aux nanotechnologies

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Un laboratoire d’électrochimie tourné vers l’industrie

L’électrochimie est née en France. Le Laboratoire d’électrochimie, qui verra le jour à la Faculté des sciences de Grenoble, sera le second créé après celui de la Sorbonne. Il est dirigé par Georges Flusin. Les recherches dans ce laboratoire restent modestes, faute de moyens. Son développement sera associé à la demande croissante de recherches et de procédés industriels dans le domaine de l’électrochimie pendant et après la 1ère Guerre Mondiale.

© B MG

a chimie prend sa place au sein de la Faculté des sciences de Grenoble en 1818 : détaché des sciences physiques, l’enseignement se porte alors sur les corps simples pondérables, les composés minéraux et les lois de l’affinité. Différents professeurs, dont les illustres François Raoult, ou Albert Recoura, physicien, occuperont la chaire de chimie entre 1938 et 1945. Albert Recoura est l’un des créateurs de la chimie des complexes.

François-Marie Raoult

Il occupe la chaire de chimie de la Faculté des sciences de 1867 à 1901. Il en sera élu doyen en 1889. Expérimentateur et chercheur rigoureux et novateur, il réalise La recherche en chimie prend des travaux remarquables sur les propriétés physicochiun nouveau tournant au début miques des solutions (Loi de Raoult). Ses résultats sont des années 1960, quand deux la base de la méthode de détermination de la masse enseignants-chercheurs travaillant molaire que des générations de chimistes ont sur les radicaux libres, André Rassat et pratiquée. Il recevra de nombreux honneurs Didier Gagnaire alors à Paris, sont sollicités tout au long de sa carrière scientifique et par Michel Soutif pour venir à Grenoble. Son universitaire.

De la chimie organique à la chimie moléculaire

objectif : renforcer la recherche en chimie. Ils créent à Grenoble le Laboratoire de chimie organique physique au CENG. En1980 un nouveau Laboratoire d’études dynamiques et structurales de la sélectivité (LEDSS) en chimie moléculaire voit le jour. Il regroupe les équipes du laboratoire du CENG et celles de chimie-recherche du Domaine universitaire. Il est alors implanté sur le Domaine universitaire. A partir de 1987, le LEDSS prendra une orientation vers la biologie et développera cet axe chimie / biologie. De ce rapprochement est issue la découverte, par Andrew Greene, d’une molécule anticancéreuse, le Taxotère, s’inspirant de la molécule naturelle, le Taxol, extraite de l’If. Une nouvelle étape a été franchie au début de 2007 avec la création du Département de chimie moléculaire (DCM) réunissant le LEDSS et le Laboratoire d’électrochimie organique.

Les nanotechnologies dans la chimie aujourd’hui

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© Phelma - Grenoble - INP

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La dernière étape importante pour la chimie à ce jour est la création du programme Nanobio, sous l’impulsion du directeur du DCM. Ce pôle régional d’innovation dans le domaine des micro et nanotechnologies appliquées à la biologie et à la santé a pour objectif de développer de nouveaux outils miniaturisés pour améliorer l’analyse, le diagnostic et la thérapie de nombreuses maladies, notamment le cancer.

En 1915, dans ces débuts de première guerre mondiale, il y a pénurie d’obus, de douilles,…d’explosifs. Georges Flusin, alors responsable du Laboratoire d’électrochimie de la Faculté des sciences de Grenoble, est sollicité par Aimé Bouchayer, l’un des principaux industriels de la région et intermédiaire du gouvernement pour la production de guerre. Ils sont à la recherche d’un alliage métallique inattaquable aux acides dans la mise au point des explosifs. Georges Flusin mettra au point le métal recherché et rendra le procédé industriel.


RECHERCHE ET FORMATION Géologie et Minéralogie (1824-1925), les Alpes comme laboratoire

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© Musée Dauphinois

a géologie grenobloise fut pendant plus d’un siècle l’un des fleurons de l’université de Grenoble. Une histoire presque totalement tournée vers l’étude du domaine alpin.

Un précurseur : mais qui est donc ce Dolomieu ?...

Wilfried Kilian

Alsacien, Killian arrive à Grenoble en 1889. Il fait ses études secondaires en lanDéodat de Gratet de Dolomieu était un chevalier de gue allemande à Strasbourg, atout consiMalte-explorateur dauphinois à la vie trépidante ! dérable pour les scientifiques de l’époque. Durant ses voyages, il a observé les coulées Nommé professeur en 1892 à seulement basaltiques à Lisbonne, et les volcans d’Italie. Il est 30 ans, il y fonde le laboratoire de géologie vu alors comme le maître d’une nouvelle science – de l’université de Grenoble, qu’il dote d’une la géologie. Il découvre dans les Alpes la dolomite revue. Grâce à cette initiative et à son bilin(roche sédimentaire carbonatée) et donne ainsi guisme, il assure à la géologie grenobloise un naissance au nom d’un massif montagneux du rayonnement très important. nord-est de l’Italie, les Dolomites. Il est responsable, au cours de sa carrière, d’un L’Institut de géologie implanté sur les contreforts de gros travail sur la biostratigraphie et la géola Bastille en 1961 porte son nom. logie structurale. Mais il joue également un rôle important dans l’enregistrement des séismes par l’installation d’un sismographe dans les locaux du Palais de l’Université © Musée Da u ph Emile Gueymard, ingénieur des Mines, nommé professeur en 1824, a fait l’inventaire des i no is et collabore avec Pierre Termier, profesrichesses minérales des Alpes. Il a constitué ainsi une collection exceptionnelle qu’il a remis en seur à l’Ecole des Mines de Paris, aux partie au Muséum d’histoire naturelle de Grenoble. Il s’est concentré ensuite sur la recherche premières études importantes sur de substances utiles, comme les calcaires à ciment... Oui, il y a un peu de Gueymard dans la la tectonique des plaques. Enfin, il Tour Perret. impulse le développement de la géologie appliquée. Au service de Côté pratique, il s’agissait à cette époque de lever des coupes et la houille blanche, elle sera une des d’interpréter des panoramas. Sur son carnet de terrain, Charles grandes particularités de la géoLory consignait soigneusement l’heure de départ de chaque point, logie grenobloise. et la pression atmosphérique pour connaître l’altitude. A cette époque, les méthodes d’observation n’étaient pas très différentes de celles d’aujourd’hui en dépit de l’absence d’outils modernes. Comme aujourd’hui, les géologues d’alors devaient compter sur le confort de leurs bottillons pour les journées de terrain.

Charles Lory

© Musée Dauphinoi

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© OSUG

Gueymard toujours...

Tout d’abord professeur de physique, il se passionne pour la géologie. Remarqué par Emile Gueymard, celui-ci lui confie un sujet de recherche. Lory est nommé à la tête de la chaire de géologie et minéralogie à Grenoble en 1849. C’est là le véritable début de la géologie alpine à Grenoble. « Le Dauphiné avant lui était la province des mystères inexpliqués ; les lois de la géologie et de la paléontologie y semblaient contredites par les observations les plus sûres »*. Croyant en la valeur des fossiles, et malgré une opposition importante, il propose le premier schéma d’organisation des Alpes. Il en retirera les honneurs de la profession. Brillant mais plutôt solitaire, et pas très communicatif (avec un regard qui en dit long pourtant...), il n’aura pas de successeur direct. Le champ est libre pour qui veut reprendre la main. Bertrand M., Eloge de Charles Lory, 1889

Les pionniers de la géologie alpine

« Charles Lory, Wifried Killian et Pierre Termier sont bien les pionniers de la géologie alpine… L’université et la ville de Grenoble ont édifié en 1938 un monument au fort de la Bastille face à cet incomparable panorama montagneux qu’ils ont contribué à rendre intelligible » René de Swiniarzki – Académie delphinale - 2005

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RECHERCHE ET FORMATION De la géologie à la géophysique, jusqu’aux sciences de la Terre et de l’Univers Après Lory et Killian,

Après Wiffried Killian, les grands maîtres de la géologie grenobloise furent Maurice Gignoux et Léon Moret. Ils ont tous les deux effectué de nombreux travaux sur la géologie du bassin de la Durance et se sont intéressés aux applications de la géologie, aux barrages et autres aménagements hydrauliques. Dans les années 1950/1960, une nouvelle équipe de géologues réunissant entre autres, Reynold Barbier et Jacques Debelmas prend la suite et développe de nouvelles applications de la géologie, que ce soit la pétrographie ou la stratigraphie structurale. En 1961, le laboratoire de la rue Très-Cloîtres déménage vers le nouvel Institut Dolomieu, sur les pentes du Rabot, plus vaste et plus à même d’accueillir les étudiants plus nombreux à Grenoble, attirés par la montagne, le ski et des écoles de terrain. Un troisième cycle est créé par Reynold Barbier, premier directeur de cet institut.

Les nouvelles orientations de la géologie

Pose de la première pierre de l’OSUG. On distingue Alain Némoz, Claude Bertout (1er directeur de l’OSUG) et Alain Omont, fondateur de la première équipe d’Astrophysique à Grenoble en 1981.

Entre 1970 et 1990, la géologie connait « la seconde révolution des sciences de la Terre », avec l’arrivée de la théorie de la tectonique des plaques. Sous l’impulsion de Michel Soutif et Louis Lliboutry, un poste de professeur pour la spécialité de géophysique interne et de tectonophysique sera créé. Guy Perrier occupera ce poste et quelques années plus tard, fondera le Laboratoire de géophysique interne et tectonophysique (LGIT). L’astrophysique se développe à Grenoble entre 1975 et 1980 Le radiotélescope «POM2» actif de 1985 à 1999 sous l’impulsion d’Alain Omont. L’Observatoire de Grenoble est créé en 1985 regroupant le LGIT et le laboratoire d’astrophysique (LAOG) ainsi que l’équipe Signaux séophysiques et environnement planétaire (SGEP). Il est ensuite élargi à l’ensemble des sciences de la Terre et de l’Univers à la fin des années 1990 via l’intégration des laboratoires de géologie (LGCA), glaciologie (LGGE) et hydrologie (LTHE). Il intègre aujourd’hui également les fluides géophysiques (LEGI) et l’écologie alpine (LECA).

© CNRS

© OSUG

Vers la création de l’Observatoire des Sciences de l’Univers de Grenoble - OSUG

© ISTerre

La géologie appliquée à l’étude des grands barrages ou autres grands travaux, nécessite une importante connaissance en génie civil, et en mécanique des sols. En 1970, est créé l’Institut de recherche interdisciplinaire de géologie et de mécanique (IRIGM), par le professeur Kravchenko. La géotechnique, nouvelle discipline grenobloise, aura de nombreuses applications économiques et industrielles. En parallèle, la géologie, autrefois axée sur les sciences naturelles, s’enrichit de plusieurs autres disciplines, telles que la physique, les mathématiques, ou la chimie, indispensables à l’étude de l’évolution de la planète Terre. Elle s’oriente vers la géophysique, sous l’impulsion de Louis Lliboutry, physicien de formation et à l’origine de la glaciologie.

Aujourd’hui, un institut des Sciences de la terre et un pôle des risques naturels

© ISTerre

Depuis 2011, l’Institut des Sciences de la Terre (ISTerre) rassemble la recherche en géologie, géophysique et géochimie à Grenoble. Cet institut poursuit cette tradition de recherche transdisciplinaire et bi-séculaire en « sciences naturelles » de la Faculté des sciences de Grenoble pour une meilleure compréhension de la planète, de sa surface aux profondeurs de son noyau. En 1988, a été créé le Pôle alpin d’études et de recherche pour la prévention des Risques Naturels (PARN). Il réunit de nombreux organismes de recherche en Rhône-Alpes pour coordonner les études dans ce domaine. Mesure de précurseurs de chute d’une écaille rocheuse lors de l’expérience Chamousset

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RECHERCHE ET FORMATION La glaciologie grenobloise, des glaces alpines aux carottes polaires

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a glaciologie grenobloise a bâti sa renommée scientifique sur l’étude du climat et de la composition de l’atmosphère au travers d’archives que constituent la neige et la glace accumulées au cours du temps sur les glaciers et calottes polaires. Son histoire contemporaine est indissociable des carrières de Louis Lliboutry et de celle de Louis Lliboutry Le pionnier de la glaciologie Claude Lorius.

1892 - Le premier laboratoire de glaciologie

C’est au cours de son séjour au Chili, que Louis Lliboutry faisant partie de l’expédition française dirigée par Lionel Terray en Argentine, prend la décision de créer un laboratoire de glaciologie à Grenoble. Dès son retour en France en 1956, il développe des études sur le glissement des glaciers et obtient la direction d’un laboratoire propre du CNRS, à Chamonix, situé à plus de 3 500 m d’altitude sur le site actuel du refuge des Cosmiques! Louis Lliboutry saisit vite l’importance des techniques et des mesures de terrain. En 1961, quand le laboratoire s’installe dans les locaux de l’ancien Evêché de Grenoble, il y a bien sûr l’équipe, mais aussi un atelier de mécanique et d’électronique et déjà, une chambre froide ! Le laboratoire développe ses recherches en laboratoire et sur le terrain des glaciers alpins et acquiert rapidement une renommée internationale.

Un grand tournant de la glaciologie : recherches dans les régions polaires

L’année 1970 marque une date importante : Claude Lorius et son équipe du « Centre d’études glaciologiques pour les régions Arctique et Antarctique » rejoignent le laboratoire grenoblois. Cette fusion marquera un tournant pour la glaciologie grenobloise qui oriente alors ses recherches vers les régions polaires et rapidement vers la reconstruction du climat et de la composition de l’atmosphère grâce à l’analyse des carottes de glace de l’Antarctique. Les techniques acquises pour les carottages seront une clé des succès futurs du laboratoire. Le Laboratoire de glaciologie devient en 1978 le Laboratoire de glaciologie et géophysique de l’environnement (LGGE). Il s’installe sur le campus en 1982. Claude Lorius en devient le directeur en 1984. Le LGGE devient une unité mixte de recherche CNRS/Université JosephFourier de Grenoble en 2002 au sein de l’Observatoire des sciences de l’Univers de Grenoble (OSUG).

Normalien de formation, et agrégé de physique, Louis Lliboutry commence ses travaux de recherche sous la direction de Louis Néel et soutient sa thèse en 1950. Il est depuis toujours attiré par la montagne, les glaciers, et le ski de randonnée et à l’issue de sa thèse, il choisit de s’orienter vers la géophysique et la glaciologie. Après un début de carrière au Chili, où il devient une référence internationale sur les risques glaciaires, il est nommé maître de conférences à Grenoble en 1956, à la Faculté des sciences. Il dirige le Laboratoire de glaciologie pendant 25 ans. Théoricien de haut niveau, mais aussi, homme de terrain, il a également contribué à l’enseignement et à la recherche en géophysique avec, en particulier, son soutien à la création de l’actuel Laboratoire de géophysique interne et tectonophysique (LGIT) de l’OSUG. Décédé en 2007, il laisse derrière lui une œuvre scientifique considérable, dans cette discipline qu’il a créée la glaciologie.

Claude Lorius Tout commence en 1955. Claude Lorius, alors fraîchement diplômé d’études supérieures de physique, répond à une petite annonce et… part en hivernage à la station Charcot (Antarctique de l’Est). Deux ans plus tard, et dans le cadre de la troisième année polaire internationale 1957-58, il participe activement à un raid d’exploration organisé par les américains en Antarctique. L’idée de reconstruire le climat et la composition de l’atmosphère sur plusieurs milliers d’années à partir de l’analyse des glaces polaires a probablement germé durant ce raid de plus de 100 jours. Ce sera le départ d’une extraordinaire carrière pour ce « Chercheur des glaces » qui participera à plus de 20 expéditions polaires, soit un durée totale de 6 ans sur le terrain ! Ses apports scientifiques ont été essentiels pour la compréhension de l’évolution du climat de la terre sur 800 000 ans. Claude Lorius a fait toute sa carrière au CNRS et a exercé de très nombreuses responsabilités au plan national et international. Il a reçu de nombreuses distinctions nationales dont la légion d’honneur en 1998, et la Médaille d’or du CNRS en 2002, avec Jean Jouzel, et internationales, dont le Prix Blue Planet pour l’environnement en juin 2008. Depuis 1994, il est membre titulaire de l’Académie des sciences.

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RECHERCHE ET FORMATION L’informatique à Grenoble, une révolution sans précédent !

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’informatique, traitement automatique de l’information, prend son essor pendant la 2ème guerre mondiale, pour le codage/décodage des messages cryptés et le calcul scientifique. A Grenoble, son histoire est inséparable de la carrière et de la personne de Jean Kuntzmann.

Le laboratoire de calcul électronique 1951-1961

En 1951, Jean Kuntzmann crée le 1er laboratoire de calcul électronique prédécesseur de l’IMAG (Laboratoire d’informatique et de mathématiques appliquées de Grenoble), comme un laboratoire d’essais ouvert aux applications industrielles. C’est dans ce laboratoire, de l’Institut Polytechnique de Grenoble que Jean Kuntzmann met au point le premier calculateur analogique français à lampe en 1952. Avec l’appui de Louis Néel, il s’intéresse aussi aux automates et aux logiciels, ce qui conduit à la création du Laboratoire d’automatique de Grenoble (LAG) en 1960 par René Perret.

La naissance de l’industrie informatique à Grenoble

© Aconit

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En 1963, les bâtiments de l’IMAG avec le laboratoire de calcul électronique sont les premiers à s’implanter sur le Domaine universitaire. Le Centre scientifique IBM de Grenoble s’y installe quatre ans plus tard, grâce à Louis Bolliet, l’un des 4 mousquetaires de l’informatique grenobloise (avec Jean Kuntzmann, Noël Gastinel, et Bernard Vauquois) et avec l’aide du directeur scientifique d’IBM France, J. Maisonrouge. Les équipes travaillent sur la mise en réseau des machines. Toutefois, ces premières études prometteuses et innovantes dans ce domaine sont abandonnées et ne permettent pas de devancer le même projet américain « Arpanet », 1ère racine de l’Internet

Grenoble, l’un des tous premiers pôles français de l’informatique

Jean Kuntzmann, Un mathématicien d’avant garde De formation « classique » (Normalien, major de l’agrégation de mathématiques en 1934), il développe une approche de l’analyse et de l’algèbre très vite indissociable du développement de l’outil informatique, et de la nécessaire ouverture vers l’industrie et les autres disciplines. Il s’associe d’ailleurs aux physiciens pour faire un cours des techniques mathématiques de la physique….ce qui lui vaudra l’opprobre de ses collègues mathématiciens. Il crée le premier enseignement d’analyse appliquée destiné à former des ingénieurs mathématiciens en 1957, et il est à l’origine de la création de l’ENSIMAG en 1960. Ces enseignements favoriseront la création de nombreuses petites entreprises de services. L’une d’elle, Cap Gemini, deviendra la plus importante société de services informatiques de rang international.

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Depuis le début des recherches menées par Jean Kuntzmann, le développement de l’informatique a accompagné celui du bassin grenoblois dans les secteurs les plus variés. Aux alentours des années 1970, la baisse des prix des ordinateurs permet d’introduire l’informatique dans les entreprises et les collectivités. À Grenoble, toujours à la pointe de l’innovation, la ville, le rectorat, et le CHU s‘informatisent dès 1969, avec le soutien de l’IMAG, devenu une « véritable marque locale ». En 1957, le laboratoire de calcul acquiert son premier ordiCette aventure de l’informatique grenobloise est à l’origine du formidable développement nateur, un Gamma 3 ET de la Compagnie des machines Bull sans des sciences et technologies, et de l’expansion de son tissu économique avec l’implantation écran, ni clavier pour la modique somme de 45 millions d’anciens de l’Institut national de recherche en informatique et en automatique (INRIA) et de celle de francs ! nombreuses entreprises internationales HP, ST-Micro, Cet outil fabuleux qui occupe à l’époque de grandes armoires de et Télémécanique-Bull, Cap Gémini-Sogeti… plus de deux mètres de haut, permettra de réaliser des calculs soEn 2007, Joseph Sifakis, fondateur du laboratoire phistiqués, plus rapides et plus précis avec une mémoire vive inféVerimag de l’UJF et du CNRS, reçoit le prestigieux rieure à celle d’une petite calculette ! prix Turing (équivalent du prix Nobel pour Des essais en rafale de la Caravelle, ont pu être ainsi effectués en l’informatique) pour ses travaux sur sa technique 700 heures de calcul ! pour la vérification de la sûreté des logiciel Il sera utilisé jusqu’en 1965 par les services universitaires, et les (« model checking »), largement utilisée dans industriels de la région dont Merlin Gerin… l’industrie. Cette distinction s’inscrit aussi dans « Ouverture d’un laboratoire de calcul à Grenoble » l’histoire de la recherche informatique à Grenoble, Isère magazine 01 2011 site d’exception dans cette discipline.


RECHERCHE ET FORMATION Les Mathématiques à Grenoble, une renommée internationale

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athématiques pures, mathématiques appliquées et physique figurent au rang des trois disciplines qui participent à la création de la Faculté des sciences de Grenoble en 1811. A l’époque de Joseph Fourier quand on parlait de physique théorique, on parlait de physique-mathématiques. Pour lui, le but principal de cette discipline était l’utilité publique et l’explication des phénomènes naturels. Il s’en explique d’ailleurs dans le « Discours préliminaire à la théorie analytique de la chaleur ». Joseph Fourier

L’Institut Fourier et le laboratoire de mathématiques

L’institut Fourier vers 1950

L’Institut Fourier est créé en 1939 par le Doyen Gosse, alors directeur de « l’Insti » , Institut polytechnique de la Faculté des sciences, pour mettre en place une structure dédiée aux recherches en physique et en mathématiques. Au fronton du bâtiment construit sur la place nommée aujourd’hui Place Doyen Gosse, on peut lire « Institut Fourier, Université de Grenoble, Faculté des sciences, physique et mathématiques ». Le laboratoire de mathématiques y est hébergé jusqu’à son départ pour le Domaine universitaire en 1966. Claude Chabauty, qui en fut le directeur de 1954 à1978, a fortement contribué au développement de ce qui est devenu aujourd’hui l’Institut Fourier.

Le rayonnement des mathématiques grenobloises

Depuis longtemps, les mathématiques représentent un secteur d’excellence de l’université de Grenoble et un des tous meilleurs laboratoires de recherche dans cette discipline. L’Institut Fourier compte en ce moment trois membres de l’Académie des sciences.La plupart des thèmes de recherche sont développés à l’Institut Fourier notamment autour de l’analyse, la géométrie et la théorie des nombres.

…Séries de Fourier, intégrales de Fourier, transformations de Fourier sont devenues en mathématiques des sujets familiers. Riche existence que celle de Jean-Baptiste Joseph Fourier, qui a été successivement élève de la première promotion de l’Ecole normale, l’Ecole de l’an III, professeur à l’Ecole Polytechnique, membre de l’expédition d’Egypte, préfet de l’Isère, puis secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences, surtout auteur de « La théorie analytique de la chaleur », ouvrage dans lequel il établit les équations du problème physique de la propagation de la chaleur dans les solides et forge ainsi l’outil mathématique nécessaire à leur évolution ! (Joseph Fourier, savant et préfet, brochure coproduite par l’UJF et le CCSTI de Grenoble, 1989)

Les Annales de l’Institut Fourier

Les Annales de l’Institut Fourier sont un élément structurant des mathématiques grenobloises leur donnant une forte visibilité internationale. Issues en 1949 des annales de la Faculté des sciences de Grenoble, elles se sont très vite consacrées exclusivement aux mathématiques et ont acquis une grande notoriété grâce à l’engagement de ses premiers rédacteurs (Marcel Brelot et Louis Néel). Gustave Choquet, mathématicien et académicien disait de Marcel Brelot, à l’occasion de son départ en retraite en 1975, qu’« il avait réussi par son opiniâtreté […] et sa vigilance […] à transformer une revue provinciale assez peu connue en une revue où tout mathématicien est fier de publier ses travaux ». La publication des Annales à Grenoble permet aujourd’hui à la bibliothèque de l’Institut Fourier de recevoir par échanges plus de 200 revues internationales, et d’en faire un centre documentaire de référence de la discipline.

René Thom,

Georges Reeb, mathématicien bien connu pour ses travaux sur les « feuilletages » a été professeur à Grenoble de 1952 à 1963 avant d’aller à Strasbourg.

Laurent Schwartz est resté un an à Grenoble, pendant l’occupation.

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De grands noms des mathématiques ont écrit dans les Annales de l’Université de Grenoble, devenues Annales de l’Institut Fourier. Ainsi, Laurent Schwartz a écrit un article fondateur sur « La théorie des distributions » dans les annales de 1945, qui lui a valu la médaille Fields (équivalent du prix Nobel dans cette discipline) en 1950. D’autres articles célèbres et importants pour la discipline ont été publiés dans les Annales, par exemple, en 1955, celui de Jean-Pierre Serre (médaille Fields 1954) : «Géométrie algébrique et géométrie analytique» (surnommé GAGA !)

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médaille Fields 1958 célèbre pour sa « théorie des catastrophes » a enseigné à Grenoble en 1953 et 1954.

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RECHERCHE ET FORMATION La médecine à Grenoble, une alliance féconde

avec les sciences et technologies

Grenoble, une toute jeune faculté de médecine

Depuis 1565, date à laquelle l’Université de Grenoble fondée en 1339 disparaît au profit de celle de Valence, Grenoble ne possède pas de faculté de médecine digne de ce nom malgré quelques tentatives de création de cours ou d’enseignements de médecine, sous l’Empire. Il faut attendre 1820 pour qu’apparaisse l’Ecole secondaire de médecine de Grenoble, qui va se développer en même temps que l’Université de Grenoble, et sa Faculté des sciences jusqu’à la 2ème guerre mondiale. L’Ecole de médecine de Grenoble reste pendant longtemps une école préparatoire, annexe de la Faculté de médecine de Lyon. En 1962, elle devient enfin la Faculté de médecine de Grenoble et c’est en 1971 qu’elle rejoint la nouvelle Université des sciences et technologies, actuelle Université Joseph Fourier, déjà héritière d’une forte tradition pluridisciplinaire. Pour Grenoble, il est important de se démarquer de l’illustre et honorable institution lyonnaise, plus ancienne, mais encore embarrassée de pesantes traditions. La médecine grenobloise choisit de s’appuyer sur la dynamique de coopération et d’innovation entre physiciens, informaticiens, mathématiciens, ou biologistes impulsée par la recherche appliquée issue du CENG, et des laboratoires du CNRS et de l’université.

Vers une médecine scientifique

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A partir des années 1960, la faculté de médecine et le centre hospitalier ont su opportunément s’associer aux laboratoires de recherche du bassin grenoblois. Dans le cadre de ce qui allait plus tard s’appeler le « Génie biologique et médical », une collaboration étroite s’instaure entre le Centre hospitalier universitaire (CHU) et le Centre d’étude nucléaire (CENG-CEA) de Grenoble, en particulier avec le Laboratoire d’électronique de technologie de l’information (LETI) dans la voie de l’instrumentation. L’orientation précoce du CHU vers l’informatique avec l’aide des scientifiques de l’université, comme Jean Kuntzmann a conduit également au développement d’équipes de recherche mixtes dans ce domaine. Des professeurs de médecine ont été recrutés avec une double compétence médicale et scientifique. Ces collaborations ont donné naissance à de grandes réalisations, comme le premier prototype de scanner «corps entier» ou encore le Dostam, précurseur du dossier médical résumé et informatisé… Aujourd’hui, l’université Joseph Fourier, en étroite collaboration avec le CHU, bénéficiant des ressources du CEA, du CNRS, et de l’INSERM, a acquis une notoriété internationale dans des domaines de recherche allant de l’instrumentation médicale, à l’oncologie, en passant par les neurosciences.

En 1985, Le premier imageur par résonance magnétique – IRM, construit en France par la Compagnie de générale de radiologie (CGR) est implanté au CHU de Grenoble. Dans la même période, les informaticiens développent les gestes médicaux-chirurgicaux assistés par ordinateurs, préludes de la robotique et de la surgétique.

Roger Sarrazin, « La naissance de l’instrumentation médicale à Grenoble », Grenoble, cité internationale, cité d’innovation, PUG, 2011

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Le système d’assistance développé par la société IMACTIS permet au radiologue interventionnel de visualiser en temps réel la position de son instrument dans des images scanner. Le radiologue peut ainsi être plus précis dans le positionnement de son instrument, atteindre des cibles plus petites et éviter les organes à respecter présents à proximité de trajet. Le système est utilisé pour des biopsies, des traitements de tumeurs, des drainages et infiltrations, par exemple.


PerspectiveS Dessine-moi l’Université du Futur…

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a Faculté des sciences, graine d’université, fleurit désormais dans de nombreux projets qui dessinent l’Université du Futur : Université de Grenoble, Investissements d’avenir, Opération campus, projet GIANT, … l’avenir du site universitaire et scientifique de Grenoble est en marche et se construit à travers des projets de développement nationaux et internationaux.

De nombreux défis à relever pour construire le site universitaire et scientifique de Grenoble :

© Les presses de la cité

L’UNIVERSITE DE GRENOBLE L’enjeu est de construire une université pluridisciplinaire unique du plus haut niveau mondial pour développer l’attractivité du site en recherche, formation, et industrie. Innovation Intelligence L’OPERATION CAMPUS Société Métiers MINATEC Grenoble Université de l’Innovation ENEPS Transmission Logiciels Ce plan en faveur de l’immobilier universitaire va permettre au site de Grenoble de rénover et de construire des bâtiments Savoirs International pour améliorer la vie étudiante, pour placer les campus Recherche Economie Maths grenoblois au niveau des standards internationaux et Connaissance NANOSCHOOL ainsi favoriser le développement d’un pôle d’excellence Diffusion PILSI Santé

GIANT Projet scientifique qui associe les grands instruments, les organismes de recherche et les établissements d’enseignement supérieur du polygone scientifique. Il s’insère dans un projet d’aménagement urbain : la presqu’île scientifique et dans l’opération campus LES INVESTISSEMENTS D’AVENIR Lancé par le Président de la République en décembre 2009, suite aux travaux de la Commission Juppé-Rocard, le programme d’ « investissements d’avenir » est une enveloppe globale de 35 milliards d’euros pour soutenir l’innovation dont 22 milliards d’euros, destinés à l’enseignement supérieur et la recherche. Dans ce cadre, le site de Grenoble arrive en tête juste après Paris pour le nombre de projets financés.

Environnement Information

Physique Energie Matériaux

Territoires Biologie

Cultures

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© INterland

Avec 3700 doctorants accueillis au sein du collège doctoral unique, Grenoble est la première université doctorale de France. Cette mise en commun par les universités du site de la formation doctorale marque une étape déterminante dans la construction de l’Université de Grenoble.

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Réalisation :

Service communication de l’Université Joseph Fourier

Conception, rédaction, recherche documentaire et scientifique : Sylvie Reghezza, Karine Braud

Coordination éditoriale :

Muriel Jakobiak-Fontana, Sylvie Reghezza

Coordination scientifique : Alain Némoz

Création graphique : Gaëlle Wülser

Crédits photos et/ou remerciements :

Musée Dauphinois, Archives départementales, Archives municipales, Bibliothèque d’études et d’information de Grenoble, Musée des sciences médicales, ACONIT, OSUG, CCSTI de Grenoble, Fondation Nanosciences, plateforme ECCAMI, services communication ILL, ESRF, CNRS, CEA, UJF, IBS, PRES Université de Grenoble

Comité scientifique :

Hubert Arnaud, Serge Aubert, Jean Bouvet, Monique Chabre-Peccoud, Francis Durand, Paul Duval, René Favier, Michel Fily, Jacques Gasqui, Jean-Pierre Gratier, Christiane Keriel, Gerhard Krinner, Bernard Malgrange, Alain Némoz, Eric Robert, Joelle Rochas, Ariane Rolland, André Rossi, Eric Saint Aman, Delphine Six, Michel Soutif, Pascale Talour

Contributions :

Gérard Besson, Zoé Blumenfeld, Sylvie Bretagnon, Natacha Cauchies, Dominique Cornuéjols, Gilles Duvert, Leslie Hollet, Sandrine Lombard, Aurélie Lieuvin, Ludovic Maggioni, Marielle Mouranche, Jerôme Planes, Fabienne Tola, Florian Turc, Françoise Vauquois, Emilie Vigliotta

GRENOBLE


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