Rapport sur le développement humain 2013

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classe moyenne mondiale et 45 % des dépenses totales de consommation.59 Selon une autre estimation, d’ici 2025, la majorité du milliard de foyers dont les revenus annuels dépassent 20 000 dollars vivront dans les pays du Sud.60 Depuis 2008, les entreprises chinoises, indiennes et turques du secteur de l’habillement sont passées des marchés mondiaux saturés à des marchés intérieurs en plein essor. Une plus grande confiance accordée aux marchés intérieurs favorisera le dynamisme interne et contribuera à l’augmentation de la croissance inclusive. Au vu des tendances actuelles, les consommateurs africains continueront à bénéficier de la hausse des importations de produits bon marché. Les marchés locaux florissants sont plus à même de développer l’esprit entrepreneurial et d’attirer davantage d’investissements dans les industries extractives ainsi que dans les secteurs des infrastructures, des télécommunications, de la finance, du tourisme et de la production manufacturière (notamment les industries manufacturières légères dans lesquelles les pays africains disposent d’un avantage comparatif latent). Suivant ce scénario, déjà amorcé au cours des dix dernières années dans certaines régions, les économies hôtes subissent des changements structurels, et l’industrie nationale répond à la pression concurrentielle liée aux importations et aux entrées de capitaux en modernisant la production. Mais ce processus s’avère complexe pour les pays dotés de capacités et d’infrastructures technologiques moins développées. Un tel développement des marchés intérieurs sera freiné par d’importantes poches de pauvreté et par le retard accumulé par certaines régions au sein des grands pays en développement. Bien que l’Asie du Sud, par exemple, ait réduit la part de sa population vivant avec moins de 1,25 dollar par jour (en 2005, en termes de parité de pouvoir d’achat) de 61 % en 1981 à 36 % en 2008, plus de 500 millions d’individus vivent encore dans une extrême pauvreté.61 Ces disparités nuisent à la durabilité des progrès dans la mesure où elles créent des tensions sociales et politiques. En Inde, les rebelles maoïstes mènent des opérations dans une grande partie de l’arrière-pays. Au Népal, les maoïstes formaient auparavant une milice précaire mais sont devenus en l’espace de 12 ans le plus grand parti politique du pays.

Nouvelles formes de coopération De nombreux pays en développement se posent en véritables pôles de croissance et moteurs de la connectivité et de l’établissement de nouvelles relations, offrant la possibilité à des pays du Sud moins développés de rattraper leur retard et posant les bases d’un monde plus équilibré. Le temps où il existait un centre de pays industrialisés avec à la périphérie des pays moins développés est révolu ; l’environnement est dorénavant plus complexe et dynamique. Les pays du Sud opèrent une refonte des règles et pratiques mondiales en matière de commerce, finance et propriété intellectuelle, et mettent en place de nouveaux dispositifs, de nouvelles institutions et de nouveaux partenariats.

Aide au développement L’essor du Sud a un impact sur la coopération au développement bilatérale, régionale et mondiale. Sur le plan bilatéral, les pays innovent grâce à des partenariats portant sur l’investissement, le commerce, la technologie, le financement concessionnel et l’assistance technique. Au niveau régional, des dispositifs commerciaux et monétaires prolifèrent dans toutes les régions en développement, et des initiatives innovantes voient le jour afin de fournir des biens publics régionaux. À l’échelle mondiale, les pays en développement participent activement à des instances multilatérales (le G20, les institutions de Bretton-Woods, etc.) et relancent le processus de réformes des règles et pratiques mondiales. Un nombre croissant de pays en développement fournissent de l’aide via la conclusion d’accords bilatéraux et la mise en place de fonds de développement régionaux. Cela implique de lier l’aide au développement traditionnelle au commerce, à l’octroi de prêts, au partage de technologie et à la réalisation d’investissements directs qui assurent la croissance économique tout en garantissant un certain degré d’autonomie. Les pays du Sud accordent des subventions à plus petite échelle que les donateurs traditionnels mais fournissent tout de même d’autres formes d’aide, souvent sans conditions explicites relatives à la politique économique ou aux approches de gouvernance.62 Dans le cadre d’un prêt projet, la transparence n’est pas forcément de rigueur mais la priorité est donnée aux besoins identifiés par les

Le temps où il existait un centre de pays industrialisés avec à la périphérie des pays moins développés est révolu ; l’environnement est dorénavant plus complexe et dynamique

Chapitre 2  Un Sud plus mondialisé | 59


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