Rapport sur le développement humain 2013

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ENCADRÉ 2.3 Liens qui unissent : la dépendance mutuelle du Nord et du Sud Une part importante du commerce Sud-Sud, notamment en matière de production de composants et pièces détachées, est soutenue par la demande des pays du Nord. Cette situation fragilise les pays du Sud qui peuvent subir les conséquences des crises des pays du Nord. À titre d’exemple, suite à la crise financière mondiale de 2008, les exportations du Sud-Ouest asiatique vers le Japon, l’Union européenne et les États-Unis ont chuté de 20 % entre 2008 et 2009. Les exportations de Chine vers ces pays ont également connu une baisse à deux chiffres. Le Nord compte également largement sur le Sud pour dynamiser la reprise de son économie. Depuis 2007, les exportations américaines vers la Chine, l’Amérique latine et les Caraïbes augmentent deux fois et demi plus vite que pour les exportations américaines vers les marchés traditionnels des pays du Nord. Aidé par la faiblesse du dollar et l’augmentation du pouvoir d’achat des pays du Sud, le développement des exportations américaines ne relevait pas seulement des secteurs traditionnels tels que l’aéronautique, la machinerie, l’informatique et les films hollywoodiens, mais également de nouveaux services à forte valeur ajoutée tels que l’architecture, l’ingénierie et la finance. Derrière les merveilles architecturales de Shanghai (dont la Tour Shanghai qui sera le bâtiment le plus haut du pays en 2015) se cachent des designers américains

et des ingénieurs structuraux qui tirent d’inépuisables revenus des services exportés au Brésil, en Chine et en Inde. Par ailleurs, l’« économie des applications », en pleine croissance et soutenue par des sociétés telles que Apple, Facebook et Google, emploie plus de 300 000 individus, dont la valeur ajoutée est aisément exportée à l’étranger. Zynga, grande entreprise spécialisée dans les jeux en ligne et les applications mobiles, a enregistré un chiffre d’affaires de 1,1 milliard de dollars en 2011, un tiers provenant de joueurs ne vivant pas aux États-Unis. L’impact de l’augmentation du nombre de consommateurs dans les pays du Sud n’est pas limité aux services mais touche également les produits manufacturés et les produits de base. Un tiers des exportations américaines sont désormais à mettre au crédit de sociétés employant moins de 500 individus ; grâce à de nouvelles techniques telles que l’impression tridimensionnelle, bon nombre de ces sociétés reconquièrent des marchés sur lesquels elles avaient perdu du terrain. Les marchés émergents ont également restauré le rôle des États-Unis de producteur de matières premières (de céréales, par exemple). Ces nouvelles tendances commerciales laissent penser qu’un ralentissement de l’activité des pays du Sud freinerait la croissance des nouvelles exportations des pays du Nord, tout comme la récession des pays du Nord avait frappé les pays du Sud.

Source : BRDH ; The Economist 2012b.

des individus, bien souvent entre des migrants internationaux et leur pays d’origine. En 2010, on estimait à 3 % de la population mondiale (soit 215 millions d’habitants) les migrants de première génération,27 et près de la moitié d’entre eux vivaient dans des pays en développement.28 Près de 80 % de la migration Sud-Sud relève de mouvements migratoires entre pays voisins.29 Les diasporas constituent une importante source d’échanges avec l’étranger. En 2005, les transactions Sud-Sud étaient estimées à 30 %-45 % de l’ensemble des transactions mondiales. 30 Les diasporas constituent également une source d’information relative aux perspectives offertes par les marchés. Elles peuvent être associées à une augmentation du commerce bilatérale et des IDE.31 Par exemple, les multinationales américaines disposant d’un grand nombre d’employés provenant de pays donnés ont moins recours à la coentreprise dans les pays avec lesquels leurs employés ont maintenu des contacts.32 Des liens peuvent également être renforcés lorsque les migrants retournent dans leur pays d’origine. À titre d’exemple, de nombreux professionnels experts en technologie de l’information de la Silicon Valley (Californie) ont ramené dans leur pays d’origine leurs idées, leurs capitaux et leurs réseaux. D’autres individus étant retournés dans leur pays d’origine construisent

de nouvelles infrastructures, des universités, des hôpitaux et des entreprises. Les chefs d’entreprise ayant réintégré leur pays d’origine restent en contact avec leurs anciens collègues, ce qui facilite la diffusion d’informations commerciales. La collaboration scientifique transfrontalière implique également dans une large mesure la participation de scientifiques ayant maintenu des liens avec leur pays d’origine.33 D’autres flux d’informations sont accessibles grâce au développement d’Internet et de nouveaux médias sociaux. Entre 2000 et 2010, la moyenne de l’augmentation annuelle des internautes a atteint un niveau inégalé dans environ 60 pays en développement (figure 2.3).34 Parmi les 10 pays ayant le plus d’utilisateurs de réseaux sociaux tels que Facebook, 6 sont des pays du Sud.35 Alors que ces chiffres reflètent les bas niveaux enregistrés par ces pays en 2000, l’expansion et l’adoption de nouveaux médias ont révolutionné de nombreux secteurs dans différents pays (encadré 2.4).

Nouvelle dynamique fondée sur le développement humain La réalisation de solides performances en matière de commerce, d’investissement et de production internationale dépend également de l’augmentation des niveaux de développement Chapitre 2  Un Sud plus mondialisé | 51


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