Rapport sur le développement humain 2013

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éventail d’activités et d’institutions en affirmant une vérité toute simple : améliorer les capacités des individus et faire progresser le développement de toutes les sociétés sont des biens publics mondiaux de première importance.21 Les progrès réalisés vers l’accomplissement de ces objectifs se sont surtout produits au niveau des pays, à travers des initiatives et l’appropriation des priorités à l’échelle nationale.

Une meilleure représentation pour le Sud Les institutions et principes actuels de gouvernance internationale doivent être repensés pour s’adapter à la diversité croissante des voix et des influences, et pour soutenir les avancées du développement sur le long terme

Les institutions et principes actuels de gouvernance internationale doivent être repensés ou tout du moins ajustés pour s’adapter à la diversité croissante des voix et des influences, et pour soutenir les avancées du développement sur le long terme. En effet, ils ont été conçus bien longtemps avant l’essor du Sud selon l’ordre mondial qui prévalait à l’issue de la Seconde Guerre mondiale et qui n’est plus d’actualité. En conséquence, le Sud est largement sousreprésenté dans ces institutions. Les quotas de vote dans les institutions de Bretton Woods font toujours peser la balance en faveur des pays du Nord, alors que la situation économique mondiale a changé. La Chine, par exemple, qui est la deuxième économie mondiale et détient plus de 3 000 milliards de dollars de réserves de change, possède des droits de vote plus limités à la Banque mondiale que la France ou le Royaume-Uni. De même, le Conseil de sécurité des Nations Unies prend des décisions concernant la paix et la sécurité dans le monde selon une structure permanente qui reflète les circonstances géopolitiques de 1945. Lors de l’Assemblée générale des Nations Unies qui s’est tenue en 2012 à New York, plusieurs chefs d’État du Sud ont réitéré leur demande de longue date visant à obtenir des sièges permanents au conseil pour l’Afrique, l’Amérique du Sud et d’autres puissances émergentes sous-représentées, comme l’Inde.22 Les principales institutions internationales doivent être plus représentatives et transparentes ; elles doivent aussi rendre des comptes de manière plus claire. Les institutions de Bretton Woods, les banques de développement régional et même les agences de l’ONU risquent toutes de perdre de l’importance si elles ne sont pas en mesure de

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représenter leurs États membres et leurs citoyens de manière appropriée. Ces organismes doivent respecter les expériences du Sud et du Nord et en tirer des leçons constructives, en visant des résultats équitables et durables pour les générations présentes et futures. Par ailleurs, le Sud émergent doit assumer davantage de responsabilités sur la scène mondiale, en accord avec sa puissance économique et son poids politique grandissants, en apportant notamment davantage de ressources aux organisations multilatérales.23 Le Sud doit s’affirmer à l’échelle régionale et mondiale. Une plus grande transparence et redevabilité des institutions mondiales, qui est déjà souhaitable en soi, facilitera en outre une telle participation du Sud. Certains progrès ont été relevés en ce sens. Les pays en développement jouent d’ores et déjà un plus grand rôle dans les institutions de Bretton Woods et dans les négociations mondiales grâce aux sommets du Groupe des 20 (G20) qui réunissent les chefs d’État ou de gouvernement. L’OCDE a admis certains pays en développement au nombre de ses membres. Les pays développés devraient applaudir ces initiatives, étant donné que la réussite du Sud a des effets positifs sur le Nord et accroît la prospérité de tous. En fait, certains processus intergouvernementaux seraient renforcés par une plus grande participation du Sud, qui pourrait apporter des ressources financières, technologiques et humaines considérables. Les économies émergentes pourraient montrer la voie pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement, innover en vue d’atténuer les effets des changements climatiques et parvenir à conclure le cycle de Doha pour le développement. Les organisations mondiales qui offrent une représentation plus fidèle des pays du monde seraient en principe plus faciles à responsabiliser aux yeux des citoyens du monde à travers les gouvernements nationaux. Cependant, la médiation de l’État ne suffit pas à elle seule. La gouvernance internationale est de plus en plus influencée par une multitude de voix et d’acteurs à travers des mouvements mondiaux et des réseaux de militants transnationaux. C’est d’ailleurs l’idée centrale derrière les mouvements altermondialistes, qui se qualifient parfois de « mouvements démocratiques mondiaux ». Ces derniers abordent un large éventail de sujets,


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