TheBlindMagazine#1

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INTERVIEWS EXCLUSIVES AURE ATIKA LUCIE LUCAS DEBORAH GRALL BARBARA CABRITA YACINE BELHOUSSE FANNY VALETTE ARMAN MELIES vs JOSEPH D’ANVERS AVRIL 2013

DANIEL DARC, L’HOMMAGE

DAVID BOWIE, LE RETOUR

STEVEN SPIELBERG A CANNES INDOCHINE, INTERVIEW EXCLUSIVE

black rebel motorcycle club + Fauve + BERENICE BEJO + MARINA HANDS + Béatrice Rosen + Défilé Jean-Paul Gaultier


CONTRIBUTEURS

FRANCOIS BERTHIER

AUDREY JEHANNO

Après une carrière de journaliste dans la presse où il a dirigé un grand magazine de rock, François Berthier se dirige vers la photographie. 6 mois après avoir quitté son poste de rédacteur en chef, il shoote Lady Gaga. Puis enchaîne les séries mode, les pubs et les célébrités. Il met toute sa science de l’image et de la presse au service de TheBlindMagazine.

Après une carrière de danseuse classique, Audrey s’est très vite intéressée à la photo et au cinéma. Touche à tout passionnée de mode, elles s’est naturellement tournée vers le stylisme. Exilée depuis quelques mois à Buenos Aires, elle s’est mise à la recherche des créateurs argentins et organise de nouveaux shootings pour mettre en image leurs univers.

AURIANE BESSON

MARIE MEYER

Travaillant dans la com’ et les RP, Auriane suit de près le monde des médias. Forte de son expérience notamment au pôle femme de Mondadori (Grazia, Biba…) elle nous livre chaque mois les dernières news mode, beauté et culture les plus pertinentes !

La top Marie Meyer a shooté avec les plus grands : Peter Lindbergh, Inez van Lamsweerde and Vinoodh Matadin, Jean-Baptiste Mondino ou Ellen Von Unverth. On l’a également vu dans «Alexandre» d’Oliver Stone. Pour TheBlindMagazine, elle photographie pour nous les backstage du dernier défilé de Jean-Paul Gaultier, dont elle est très proche

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EDITO #1 LES LECTEURS SONT AVEUGLES,THE BLIND MAGAZINE LEUR REND LAVUE Ce nouveau magazine digital, au positionnement haut de gamme, est un hybride féminin/culturel alliant les news modes aux sujets de société, et l’actualité culturelle. TheBlindMagazine parle tout autant d’actu que de sujets de fond, il interroge aussi des personnalités en dehors de leur période de promotion, évitant les mêmes interviews et les mêmes banalités. Dans ses éditos mode et beauté, TheBlindMagazine donne sa vision de la mode pointue mais accessible, avec des mannequins en bonne santé et des photographes sélectionnés avec goût. Composé d’une équipe de journalistes et photographes professionnels, au passé riche dans l’édition et la presse papier, la rédaction ambitionne de vous donner sur le net la qualité éditoriale des grands culturels papiers, mais avec la facilité d’utilisation d’un digital. Bonne lecture à tous !

FONDATEUR, DIRECTEUR DE LA REDACTION & DIRECTEUR ARTISTIQUE FRA NCOIS BERTHIER REDACTEUR EN CHEF DINE DELCROIX RÉDACTRICE EN CHEF ADJOINTE BEAUTE & NEWS AUR IA NE BESSON JOUR NALISTES Marz Atashi, Auriane Besson, Riyad Gimp, Léona Perrot, Thomas Mafrouche Wallendorff, Marie Jimenez, Morgan Le Bervet, Ben Callens, Martin Lagardère, Dine Delcroix, Audrey Jehanno, Maite Celayeta, Florien Augustin. PHOTOGR APHES Maxime Stange, Maité Celayeta, François Berthier, Martin Lagardère, Yuji Watanabe CONTACT REDACTION/PUB theblindmagazine@gmail.com The BlindMagazine est édité par la société Ten Feet Under / Tous les textes et photos sont soumis par leur auteurs qui acceptent leur publication, et n’engagent que leur responsabilité.


SOMMAIRE

AVRIL 2013

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6 Blind Trip

50 David Bowie

10 News

64 Daniel Darc

16 Blind Beauty

82 Yacine Belhousse

20 Voyage

94 Lucie Lucas

34 Blind News

100 DĂŠborah Grall

40 New Faces

102 Fanny Valette

44 Backstage Jean-Paul Gaultier

106 Fauve


108 Black Rebel Motorcycle Club

198 Aure Atika

112 Steven Spielberg

200 Front Row

118 Barbara Cabrita

204 Lamborghini Veneno

122 Indochine

206 Chronique CD

130 MODE 194 Jemima West 196 Marina Hands

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THE BLIND TRIP

24h à Buenos Aires Par Maite Celayeta

Maradona, le tango, la bonne viande, le Faena Hôtel tout le monde connait ! En revanche, Buenos Aires renferme plus d’un trésor entre ses murs qu’il serait dommage de rater quand chance nous est donnée de fouler le sol de la, si souvent mal connue, capitale Argentine. Ici pas question de courir et parcourir Buenos Aires avec guide à la main et appareil photo de l’autre. L’idée est au contraire de prendre

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THE BLIND TRIP

le temps, comme ces porteños (les habitants de la capitale), de vivre et de s’imprégner de l’instant, de chaque moment, de chaque rencontre et d’en savourer la teneur. En un mot : une journée pour sentir la magie de Buenos Aires…

10h00 : Le Pain Quotidien Pour démarrer la journée avec une bonne quantité de vitamines et prendre directement la température de la ville, commander un jus de fruit frais maison avec une petite viennoiserie au Pain Quotidien de Palermo Soho. Fraîchement inauguré à Buenos Aires, le concept ici est le même que dans le reste du monde mais l’ambiance de cette vieille maison coloniale restaurée avec sa décoration 100% argentine permet d’entrer en douceur dans le mood porteño. 11h00 : Vintage Argentin Mettre le cap au Sud et se laisser séduire par un des quartiers les plus authentiques de la ville. San Telmo. Flâner d’antiquaires en boutiques vintage, s’arrêter au marché couvert qui date de 1897. Imaginé par un architecte italien, l’ambiance qui y règne mêle vie de quartier et saveurs d’antan un vrai mix qui résume assez bien l’esprit du barrio. 7


12h30 : Couleurs locales Héler un taxi jaune et noir, et lui demander de parler football. La fièvre du ballon rond n’est ici pas un mythe et chaque porteño porte les couleurs de son club dans le sang. Avec un peu de chance (50% des cas), le chauffeur sera de Boca Juniors et il pourra vous introduire comme personne dans ce quartier coloré, touristique à souhait certes, mais ultra photogénique. La Boca c’est le port qui a vu débarquer tant d’européens en quête d’un avenir meilleur à la fin du XIXème. Ici se concentrent à la fois la culture populaire de la ville, les vestiges d’une terre d’immigration massive et l’effervescence d’un quartier attrape-touriste. Un mélange qui lui confère une physionomie intéressante, mainte fois peinte par les plus grands artistes de l’époque. Capter ses couleurs dans l’objectif pour les ramener à Paris.

13h30 : Une entrecôte s’il vous plait ! Pousser la porte de « El Obrero » pour aller déguster un bon « bife de lomo », (une entrecôte) dont la saveur pourrait faire pâlir n’importe quel végétarien. Ce bodegón comme on les appelle ici, est ce que le bistrot était à Paris au début du siècle dernier : ouvrier et populaire. Le Lieu mérite à lui seul le détour et offre sur ses murs un condensé de la culture argentine. A table !

15h00 : Art Contemporain made in Argentina Faire une pause culturelle et visiter la Fundación PROA avant de quitter le quartier. Penser à s’arrêter un instant devant cette façade magnifique et prendre ensuite le temps de découvrir l’art contemporain argentin. Bonne excuse aussi pour aller prendre un café au dernier étage qui offre sûrement une des plus belles vue de ce fameux port de la Boca.


16h00 : Shopping Chic Se téléporter dans le temps et voyager sur l’échelle sociale pour aller découvrir le quartier le plus chic de la ville et le plus aristocratique. Ici l’élégance est reine et le paraître, roi. Jouer le jeu de la Recoleta et faire ici une belle pause shopping. Franchir ce petit porche au 1239 de la rue Arenales et découvrir le passage des Artisans (en français dans le texte) une mine de styles pour les férus de design. Ici la discrétion du lieu accentue l’effet « j’ai découvert une mine d’or ! ». Sonner à la porte « M » de l’appartement 3. Tomber amoureuse du tango juste pour avoir découvert ses divines créations de chaussures de la marque « comme il faut » (si c’est possible !). En acheter deux paires ou trois parce que même si on ne dansera jamais le tango, on se dit qu’on pourra toujours les étrenner sur les dancefloors parisiens !

17h30 : C’est la pause goûter ! La prendre dans le quartier bobo de Palermo Hollywood et se délecter les papilles chez Prospero Velazco. Cet urugayen, chef pâtissier pendant des lustres dans l’un des meilleurs restaurants de Recoleta (justement !) a décidé il y a plus d’un an de voler de ses propres ailes, et a ouvert ce tout petit salon de thé absolument divin et raffiné, qui propose des pâtisseries à tomber, accompagnées de thés qui n’ont rien à envier à leurs cousins les Frères Mariage !

18h30 : C’est encore la pause en mode vagabondage. Un moment pour flâner sans passer au « next stop » juste marcher et apprécier les boutiques, les cafés, les vitrines et les passants de ce quartier plus TRENBO (trendy- bohême) que BOBO. Palermo Soho c’est le quartier d’inspiration par excellence. Chaque magasin est un bijou. On ne peut qu’aimer cette atmosphère détendue et ultra créative… et si vraiment l’idée est de remplir les valises, pourquoi ne pas se laisser tenter par les créateurs Argentins du moment : Paula Cahen D’Anvers, Juana de Arco, Cora Groppo, Annie Bonny (pour elle), El Burguès (pour lui), Félix (pour les petits loups)…

20h30 : L’expérience du Grand Théâtre Aller à Buenos Aires sans aller voir un ballet au Colón, c’est un peu comme aller à Paris et ne pas aller au Palais Garnier : possible, mais dommage ! Surtout qu’ici l’expérience est économiquement plus accessible et qu’on aurait donc bien tort de s’en priver… Reconnu comme étant un des meilleurs théâtres du monde entier notamment pour son acoustique, la ville de Buenos Aires lui a offert un habit de lumière en 2008 à l’occasion de ses 100 ans. Juste grandiose ! 9


22h00 : Dîner glamour attitude Pour dîner ce ne sont pas les options qui manquent à Buenos Aires. Un peu à l’image des grandes villes comme New York ou Barcelone, ici il y a des restaurants à tous les coins de rue, le plus dur reste de le choisir ! Un conseil : se fier à son instinct, faire plaisir à son estomac et s’armer de patience…c’est que les serveurs aussi prennent le temps…de vivre ! Une adresse qui ne fait jamais de déçus : Tegui, un beau et bon restaurant entre le chic et le glamour avec un vrai contenu gourmet dans l’assiette, ça ne se refuse pas ! On aime le mur de graffiti derrière lequel il est caché.

TANGO TIME Parce que Buenos Aires ne serait pas ce qu’elle est sans son inégalable tango, prendre rendez-vous avec Luciana du Divino Estudio del Abasto pour un cours de tango hors des normes académiques et se sentir, en moins d’une heure l’âme d’une tanguera jusqu’au bout de vos Comme il Faut (achetées plus tôt !). Elle donne des cours en groupe réduit ou privé et se propose même de continuer l’immersion jusqu’à vous traîner dans une milonga, là où les argentins dansent « pour de vrai » à Buenos Aires ! Maite Celayeta Créatrice de MagicSouthAmerica.com -lien : www.magicsouthamerica.com/fr Le Magazine des Tendances et Voyages de Luxe en Amérique du Sud

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LA MODE ARGENTINE Par Audrey Jehanno

On entend davantage parler de l’Argentine pour le tango ou la beauté des femmes que pour la mode, et pourtant... Buenos Aires accueille trois grands évènements par saison : la Buenos Aires Fashion Week évidemment, La Ciudad de Moda, événement qui met en avant les jeunes créateurs, et la BAAM (Buenos Aires Alta Moda) où sont présentés les créateurs les plus prestigieux. La politique protectionniste du pays qui complique l’accès à certains produits a poussé les stylistes argentins à faire preuve de créativité dans le choix des matières de leurs collections. Cora Groppo utilise des matières naturelles, Mariana Dappiano crée elle même ses imprimés

sur soie. Paula Ledesma travaille la laine (l’Argentine étant un des plus grands producteurs de laine dans le monde) tandis que Benitez Emilse travaille essentiellement le cuir, qui est également abondant. Enfin, les saisons y sont inversées par rapport à l’Europe, nous entrons donc actuellement dans l’Automne. Les derniers défilés présentaient les collections Automne-Hiver 2013. Ces conditions particulières font de la mode argentine une mode à part et très intéressante.

Joan Martorello Le créateur Joan Martorello est l’une des étoiles montantes qui a défilé à la Ciudad de Moda. Sa collection est une véritable découverte. Il s’est inspiré de la première vague d’immigration italienne à Buenos Aires, aussi bien par son travail des coupes que dans le choix des matières. Pour Homme ou pour Femme : draps de laine gris, bleu marine, bermudas, pantalons, longs ponchos. Evocation du marin avec les mailles filet de pêche en coton, les vestes en laine lourde déstructurées, les chemises liquettes… Une connotation ethnique pour les bijoux : pour homme comme pour femme les oreilles sont ornées de chutes de laine bouillie couleur rouille qui ressemblent à des plumes. Les bagues sont faites de morceaux de draps de laine gris. Ce créateur doté d’une grande sensibilité est un petit nouveau, mais à n’en pas douter, nous le retrouverons bientôt parmi les grands.

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Cora Groppo La collection de Cora Groppo, glamour et sophistiquée, utilise des matières principalement naturelles comme le cuir, le coton, et la laine. Si la femme Cora Groppo a un coté masculin, elle est également très sensuelle. Pantalon fourche basse, t-shirt décolleté en coton un brin transparent, juste ce qu’il faut. Mélange de rock et de féminité avec ces perfectos en cuir vieilli, des jupes fluides. Accord parfait entre une veste de grosse laine et un haut à paillettes. L’accessoire que toutes les fashionistas porteñas vont s’arracher, c’est la chapka Rhinocéros avec ses deux cornes. Pour cette collection sur le thème de la nature, il fallait marquer le coup par une présence animale, et Cora Groppo a voulu une femme forte!

nant, le Planétarium de Buenos Aires. Le créateur a su s’approprier l’espace en faisant déambuler les mannequins dans le bâtiment avant de les faire défiler sur le podium extérieur. Plaisir des yeux, émotion de voir ces silhouettes cintrées dans du cuir, de la soie, du vinyle, de l’organza... Cette collection basée sur le noir, le blanc et le rose poudré est surprenante par ces différentes matières juxtaposées. Fabian Zitta joue avec le rigide et le souple, travaille le cuir et le vinyle en dentelle, applique des cristaux noirs. Il offre une conception futuriste de la femme élégante, qui n’est pas sans nous rappeler le style «Coco». Ses tenues pour Homme sont également magnifiques. Les costumes sont parfaitement coupés et élégants. Très belle surprise.

Fabian Zitta

Benitez Emilse

Fabian Zitta nous a émerveillé lors de ce défilé avec une collection très couture dans un endroit surpre-

Dans un défilé magnifique, aussi bien par la mise en scène que par les vêtements, Benitez Emilse présente une collection pour 13


hommes et femmes, couleur beige, blanc cassé, cuir de couleur caramel. Le défilé est axé sur trois femmes emprisonnées dans des griffes de métal, véritables femmes en cage. L’univers de Benitez Emilse se situe au croisement de la science fiction et des âges primitifs. Travail du cuir et du métal, bustiers, corsets, porte-jarretelles, harnais… Tous les codes du fétichisme sont présents mais ils sont détournés par le travail artistique de la créatrice qui a insuffler une dose de poésie. On aime plus que tout la longue robe blanche fluide avec un plastron de chaînes, fini par des épines dorsales de métal. Nous rêvons de devenir cette créature sublime.

Pablo Ramirez Pablo Ramirez est l’un des créateurs argentins les plus connus, et sa marque de fabrique est l’utilisation du noir. Pour cette saison, il a signé la collection Muaa en s’inspirant de deux grandes figures du cinéma : Catherine Deneuve et Audrey Hepburn. Nous nous retrouvons parachutés dans les années 60 : nœuds dans les cheveux, grandes chaussettes, chaussures vernies… La mode est un éternel recommencement mais on ne se lasse jamais lorsque c’est aussi bien 14

réussi. Toque en fourrure, robes à godets, capes, blouses à manches ballons, robes plissé soleil... Tous les codes sont présents. Lorsque Pablo utilise de la couleur à la fin de son défilé c’est du vif: du rose, du bleu roi, du vert pour des looks monochromes composés avec goût.

Paula Ledesma

Cette créatrice a la particularité de travailler uniquement la maille : coton, laine, technique du crochet, macramé… Paula Ledesma nous présente une collection incroyablement sexy qui met en valeur le corps grâce à des matières naturelles. Fini le pull informe pour avoir bien chaud, dorénavant nous avons des robes et pulls en laine structurés au niveau des épaules, de la poitrine ainsi que des cols et des loups en crochet. Les couleurs choisies sont harmonieuses : des gris, ocres, bleu roi, bronze… A mi-chemin entre la femme guerrière et futuriste, cet hiver la femme Paula Ledesma portera la tenue la plus confort tout en restant chic et féminine.


Mariana Dappiano Mariana Dappiano appartient à la génération des fondateurs de la mode argentine. Elle utilise principalement de la soie et fabrique elle même ses tissus, proposant ainsi un large choix d’imprimés et de couleurs allant du rouge au bleu en passant par le violet et le vert. Déclinant son thème fractal sur une musique des Balkans, Mariana Dappiano

offre un dépaysement total. Ses femmes mystiques défilent coiffées de foulards de soie, noués par de grands anneaux. Pour cet hiver, Mariana Dappiano a dessiné des tenues fluides. Tout est long : les manteaux, les robes, beaucoup de superpositions qui forment des silhouettes intéressantes, sans jamais être surchargées. Sa collection ressemble à un doux rêve, une envie d’évasion, de voyage…

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BEAUTE

THE NAKED TRUTH Photos : Franรงois Berthier Make up : Anne Sissokho Style : Victor Soria









Photographe : Yuji Watanabe Styliste : Tania Rat-Patron

Necklaces On Aura Tout



Body Prey of London, dress Charlotte Mullor, jewel Pagan Petry, ring On Aura Tout Vu


Jewel harness Pagan Poetry, brooches On Aura Tout Vu, bracelet PP From Longwy


Rings On Aura Tout Vu


Rhodoid dress Defined Moment

Make-Up: Eva Roncay Hair: Kyoko Kishita Model: Maria Zakurnaeva (Studio KLRP) Post Production: Akinfiev Sergey


BLIND BEAUTY

Chanel Les Beiges Poudre Belle Mine Naturelle

Baptisée « Les Beiges », cette nouvelle ligne de maquillage pour le teint de Chanel est parfaite pour le printemps et l’été, et recrée un éclat juvénile très naturel. Une texture légèrement crémeuse au confort absolu qui s’applique aussi facilement qu’une poudre libre en balayant le visage au pinceau. Avec son indice SPF 15, cette poudre veloutée protège également des rayons du soleil et la peau est à l’abri de la pollution et de la déshydratation à l’aide de sa composition à base d’Open Air Care Complex. L’incontournable beauté du printemps ! Les Beiges, Poudre belle mine naturelle, SPF 15 (7 teintes), Chanel, 48 €. Disponible depuis le 15 mars. www.chanel.fr

Cinq Mondes huile somptueuse de l’Orient

Les propriétés bénéfiques des huiles de soins sont connues depuis toujours. Elles s’utilisent comme une crème mais sont beaucoup plus efficaces. Après l’expérience de purification du Hammam, les femmes orientales se massent avec des préparations à base d’huile d’Argan. Elles sont riches en acides gras essentiels et vitamine E. Idéales pour nourrir la peau et prévenir le dessèchement. L’huile somptueuse de l’Orient est une véritable invitation au voyage grâce à une divine odeur de cannelle, de cèdre et d’eucalyptus, sur une base d’argan, olive et sésame. Un cocktail subtil venu d’Orient qui nourrit en profondeur la peau et laisse un voile parfumé délicat. Parfait après une exposition prolongée au soleil. Huile somptueuse de l’Orient, 39 € les 200 ml, Cinq Mondes www.cinqmondes.com

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BLIND BEAUTY Givenchy Very Irresistible Edition Croisière - Eau de toilette Le temps d’une édition limitée, Very Irresistible le parfum culte de Givenchy se réinvente sur une partition fraîche, solaire et enivrante de sensualité, en parfait accord avec la ligne Givenchy Croisière. L’inimitable rose pivoine de Very Irresistible, rafraîchie par la bergamote et de la fleur de frangipanier, s’évade en Méditerranée. Quelques pétales de gardénia et de magnolia participent au charme de cette escapade raffinée. Une irrésistible senteur de vacances pour s’évader, à tout instant, à l’heure d’été. Le flacon est quant à lui relooké et se pare pour l’occasion d’un dégradé de bleu, subtile évocation de l’horizon marin, et d’un moment d’évasion. Eau de toilette Very Irrésistible édition Croisière, 75 ml, 68€, Givenchy (disponible depuis le 18 mars 2013).

Diptyque Jonquille la nouvelle parfumée

bougie

Un savoir-faire unique, exclusivement manuel, les bougies Dyptique passent par neuf étapes de fabrication afin de tutoyer l’excellence. Jonquille, la nouvelle senteur, évoque avec beaucoup de naturalité la fraîcheur florale et végétale d’un bouquet de jonquilles de jardin juste cueillies et célèbre à elle toute seule le printemps. On oublie le froid glacial et on accueille dès à présent la saison du renouveau dans notre intérieur. La bougie « Jonquille » (190g) 42€ www.diptyqueparis.fr

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BLIND BEAUTY La suprématie des BB Crèmes : décryptage du phénomène Les BB Crèmes sont omniprésentes dans les rayons cosmétiques des supermarchés, parapharmacies et parfumeries. Développées par les enseignes grand public et dermato, les marques de maquillage professionnel et les maisons de luxe, les BB Crèmes inondent les médias quitte à en agacer certains.

Garnier, soin miracle perfecteur, 9,90€

Givenchy, Hydra Sparkling Nude Look BB Cream, 39,50€

Tandis qu’un site web tente de toutes les recenser, certaines marques surfent sur la « naming » tendance des deux lettres de l’alphabet, en utilisant le concept marketing associé. Après la BB poudre, le BB gloss et la BB gamme de soins pour les cheveux, on a découvert il y a peu, la BB Detox, un premier BB thé, 3 en 1 beauté. Alors que se cache-t-il réellement derrière le mythe de la BB ? La « Blemish Balm cream » ou baume anti-tâches, a été initialement inventée pour les Coréennes, adeptes du teint clair et des interventions chirurgicales légères. On s’éloigne donc des préoccupations de la majorité des jeunes françaises. Pourtant, le lancement de la BB Crème Erborianv en France a ouvert le bal, il y a trois ans. En 2012, le phénomène a connu son apogée avec pas moins d’une vingtaine de nouvelles crèmes sur le marché. Cette année, la saga continue et les marques retardataires sont toutes excusées en nous promettant des BB Crèmes aux formules encore plus innovantes. Dans un monde où chaque seconde est comptée, ces crèmes perfectrices de teint nous apportent la solution 5 en 1: elles hydratent, protègent du soleil, unifient, corrigent les imperfections tout en apportant de l’éclat. Cependant, on se demande encore où la trouver, rayon soin ou make-up, la frontière reste floue et le discours diffère: un effet peau de bébé chez Garnier, un teint de rose avec Dior ou une prévention anti-âge grâce à Clinique. Mais, ces BB crèmes « miracles » montrent leurs premières limites. Pas assez hydratantes durant l’hiver ou pas assez couvrantes pour cacher les boutons 32


BLIND BEAUTY

Kiehl’s, Actively Correcting & Beautifying BB Cream, 29€

récalcitrants. Difficile de perdre nos réflexes fond de teint. Devant notre armoire de toilettes, on reste bien souvent perplexe. Sans oublier que le 5 en 1 a un coût non négligeable (de 10 à 40€ en moyenne). Aussi, je conseillerai les BB crèmes aux femmes qui ont une peur bleue du fond de teint et de la démarcation, aux pressées et aux hommes (que l’on oublie trop souvent dans les articles beauté), qui y trouveront une bonne alternative pour un effet bonne mine assuré. Et sortez vos BB Crèmes durant l’été, elles seront encore plus agréables à porter. Testez-les sans trop attendre car l’année 2013 est annoncée comme celle de la CC Crème, ou « Color Control Cream». Plus correctrice que la BB, elle a déjà été lancée par Chanel, l’Oréal, Erborian et Clinique. Le phénomène de ces crèmes hybrides et futuristes est donc loin de s’essouffler car la DD Crème (« Daily Defense Cream ») existe déjà à l’étranger et la EE Crème (« Early Elimination Cream ») est en phase de conception. Par Marie Jimenez

Clinique, Age Defense BB Cream SPF 30, 29€

Kusmi Tea, BB Detox, Boîte de 125gr, 14,80€

(Les sorties de la « BB Hydra Sparkling » de Givenchy et de la « Actively Correcting & Beautifying BB Cream » de Kiehl’s sont prévues au cours du mois d’avril).

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THE BLIND NEWS Ancrage rock pour Saint Laurent Paris : Courtney Love et Marilyn Manson, nouvelles égéries de la maison parisienne

Hedi Slimane est un directeur artistique qui sait bousculer. Un peu plus d’un an après son arrivée dans la prestigieuse maison de couture parisienne, le créateur continue dans ses choix audacieux : après avoir rebaptisée la griffe « Saint Laurent Paris » depuis janvier dernier, et après un défilé aux accents grunge qui avait étonné la presse mode, il signe une campagne publicitaire pour la nouvelle campagne de prêt-à-porter où les 90’s et les références rock sont à l’honneur. C’est ainsi que Courtney Love, leader du groupe Hole et veuve de Kurt Cobain, ainsi que Marilyn Manson, figure emblématique du rock alternatif made in USA, deviennent les nouvelles égéries de la marque parisienne. Kim Gordon, du groupe Sonic Youth, et le chanteur Ariel Pink figurent également au casting de Saint Laurent Music Project. Photographiés par le créateur lui-même dans des tenues mélangeant les collections, Courtney Love évoque autant le style rebelle et négligé des années 1990 que l’androgynie rock propre à Hedi Slimane.

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Courtney Love et Marilyn Manson ont été choisis par Hedi Slimane pour la campagne publicitaire de la pré-collection 2013 de Saint Laurent Paris


THE BLIND NEWS MAC a désormais son Flagship aux Champs-Elysées

Après Times Square et la 5th Avenue, le géant américain du make up professionnel s’offre son premier «magasin phare» hors des , sur la plus prestigieuse avenue du monde. Et pour l’occasion, c’est sa plus grosse boutique au monde, un espace de 360m2 sur 2 niveaux, un design aux couleurs arty emblématiques de la marque, 1 200 produits dont des collections exclusives, 40 maquilleurs à votre disposition, un bar à faux-cils, des cours de make up Champs-Elysées, 78 avenue des très personnalisés… de quoi prendre une M.A.C. Champs-Élysées, Paris longueur d’avance sur ses concurents. Ouvert 7/7 de 10H à minuit

La Kate Moss box de Sushi Shop disponible le 13 mai prochain Après la collaboration de Lenny Kravitz en 2012 avec la NYC Box pour l’ouverture de la boutique Sushi Shop à New-York, le spécialiste du sushi en France renouvelle l’expérience en 2013. A l’occasion de l’ouverture prochaine de la première boutique Sushi Shop en Angleterre, Kate Moss a accepté de dessiner cette année sa propre sushi box. Disponible le 13 mai prochain, la Kate Moss box sera accessible au prix de 45€, pour un repas sur place et 42,50€ à emporter. www.sushishop.fr

Un coffret surprenant, aux couleurs métallisées, et à l’aspect glam’rock, bref un package sophistiqué et fidèle à son image. On y trouve 40 pièces dont quatre nouveautés gourmandes : Maki Tarama à la truffe, Club saumon fumé, California Tataki de Saumon et California Tataki de thon. So delicious !


THE BLIND NEWS A découvrir depuis le 25 mars, la boutique en ligne de Victoria Beckham La marque de Victoria Beckham lancée en 2008, a donc désormais son interface web grâce au lancement de sa première boutique en ligne, donnant la possibilité aux fashionistas du monde entier de disposer de quelques-unes de ses créations. Un site au design ultra léché, la créatrice a souhaité démocratiser l’accès à ses lignes de prêt-à-porter et d’accessoires ayant visiblement bien compris qu’il fallait compter sur le commerce en ligne en 2013 même pour les créations très haut de gamme. Plus qu’un e-shop, cette nouvelle plateforme est une vitrine sur son travail. Il donne accès à la conception des collections, des vidéos et des photos sur les coulisses des défilés, les looks clés de la saison, bref, invite les fans à se plonger dans son univers. Le site présente également les lignes Icon, les robes exclusives et emblématiques qui ont fait le succès de la griffe et quatre autres lignes : les accessoires, les lunettes, le denim et la dernière ligne Victoria, Victoria Beckham.

Hexagonal chain bag, 2495€ Classic Aviator, 680€ Icon Orthez dress, 1850€ www.victoriabeckham.com

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THE BLIND NEWS L’exposition Dynamo AU Grand Palais à Paris

Dynamo nous invite du 10 Avril au 22 Juillet 2013 à découvrir les univers mouvementés de Julio le Parc, Jésus Rafael Soto, Marcel Duchamp, Tony Conrad, etc…artistes du XXème siècle, et figures de l’art abstrait qui ont révolutionné l’art visuel et cinétique. Pour l’occasion la totalité des Galeries Nationales du Grand Palais sont consacrées à cet évènement, soit 3600m2, pour une rétrospective sur cent ans de créations monumentales. La vision, l’espace, la lumière et le mouvement sont mis en perspective dans une scénographie particulière DYNAMO, Un siècle de lumière et de mouvement dans l’art 1913-2013 Galeries Nationales du Grand Palais, 3 Avenue du Général Eisenhower 75008 Paris Du 10 avril au 22 juillet 2013. Tous les jours sauf le mardi de 10h à 20h, nocturne le mercredi jusqu’à 22h.

La créatrice Pamela Love signe une collection de bijoux pour Zadig & Voltaire La griffe parisienne a fait appel à la créatrice new-yorkaise Pamela Love pour penser une collection capsule de bijoux intitulée « Wild Hearts ». Une collection en effet très « wild » entre serpents, crocs et crânes d’oiseaux : on y retrouve des boucles d’oreilles, des bagues, des colliers et des pendentifs fais de bronze, d’argent vieilli et de plaqué or. Une touche mystico-folk qui s’associe harmonieusement avec l’imaginaire rock bohême de Zadig & Voltaire.

Des pièces ésotériques disponibles dans toutes les boutiques Zadig & Voltaire. 220€ pour la bague serpent 400€ pour le collier birdskull www.pamelalovenyc.com www.zadig-et-voltaire.com

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L’ouvrage qui retrace la vie et l’œuvre d’Alexander McQueen Ce livre propose une rétrospective du travail avant-gardiste du célèbre couturier londonien disparu en 2010. Cette rétrospective sublimée par ses photographies, propose de redécouvrir les défilés du designer pensés comme de véritables spectacles. La préface signée par son amie Daphne Guinness offre une vue privilégiée sur la vie du couturier. Organisé de façon chronologique, il permet de suivre l’ascension du créateur qui puisait son inspiration dans sa propre expérience depuis ses débuts d’étudiant jusqu’à sa ligne automne-hiver 2010-2011, Angels ans Demons dévoilée par Gucci après sa mort. Un hommage éclairé et très soigné. La nouvelle campagne Louis Vuitton, met à l'honneur "Alma" le sac emblématique de la marque

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Louis Vuitton a décidé de rendre hommage à ce sac devenu culte, créé en 1934, et plus largement à l’élégance française, par une nouvelle campagne publicitaire signée Steven Klein, intitulée Chic on the bridge. La campagne met en scène quatre mannequins désormais incontournables (Karlie Kloss, Daria Strokous, Jac Jagaciak et Iris Strubegger) posant sur les ponts emblématiques de New York, Shanghai et Paris avec à leur bras, le sac Alma aux couleurs de la ville. Ce modèle, à l'origine appelé Squire Bag puis Champs-Elysées, est sans doute la plus parisienne des créations Louis Vuitton. Son design est une référence au mouvement Art déco des années 1930, et a fait de lui un classique de la maison. L'Alma sera l'accessoire phare de la pré-collection prêt-à-porter automne 2013.


Nicola Formichetti fait son entrée chez Diesel

Après deux ans et demi à la direction artistique de chez Mugler, (où l’on retiendra notamment la fameuse robe en viande de Lady Gaga), Nicola Formichetti rejoint maintenant la maison Diesel afin de diriger l’image globale de la marque culte de denim. Son rôle implique le contrôle des lignes de prêt-à-porter Diesel pour homme et pour femme mais aussi celui de la collection d’accessoires de la griffe, fondée en 1978 par Renzo Rosso. Son arrivée apportera on l’espère un nouveau souffle à la marque et touchera une nouvelle génération.

De nouvelles ambassadrices pour la maison Chanel

Après Maïwenn et Claudia Schiffer, Laetitia Casta est la nouvelle muse Chanel pour la campagne Eyewear Printemps-Eté 2013. Des photographies noires et blanches épurées, élégantes et audacieuses signées Karl Lagerfeld. Et pour la troisième fois, Diane Kruger représentera également la marque pour la prochaine campagne publicitaire de beauté. Pour quel produit, pour l’instant, secret !

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NEW FACES Chaque mois, retrouvez les plus belles new face shootĂŠes par nos photographes

Make up : Pauline LeMen

Misha@Marilyn


Make up : Pauline LeMen

Laurin@Women


NEW FACES

Roberta@Mademoiselle


Make up : Emilee Bak

Victoria


BACKSTAGE Jean-Paul Gaultier mars 2013 PAR MARIE MEYER

Proche

de Jean-Paul Gaultier, pour qui elle a défilé, la Top Marie Meyer nous livre son regard exceptionnel sur les coulisses du dernier défilé du plus français des couturiers...


Cora Emmanuel et Lais Ribeiro 45


Lindsay Wixon, Guido Paulo et ses assistants

Ginta Lapina


Jean-Paul Gaultier, Salle Wagram


Jessica Stam

Michelle Buswell, Eye Of The Tiger

Lloyds Simmonds contr么lant Nastya Kusakina

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Jean-Paul Gaultier expliquant le défilé aux filles

Le coiffeur Pierre St-Sever

http://mariemeyerphotographer. tumblr.com/ 49


STORY

À LA RECHERCHE DE L'INTEMPORALITÉ PERDUE

Interview : Dine DELCROIX / Photos : François BERTHIER


Pope star DAV ID B Texte : Thomas M

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afrouche / Photos

DR

Emmur é dans un une décennie inqui , David B étant silence planète owie a sonn depuis nouvel pop en sortant é la “The Next total. Ralbum conçu dans Day é orchestrcit d’un retour le secret ”, un le plus é. parfaitement

Il y a encore quelques mois, David Bowie était pronostiqué à l’agonie par la plupart des têtes pensantes du business musical. Comprendre par là que les comptables des labels ne tablaient certainement pas sur un nouvel album pour remplir le tiroir caisse et prévoyaient vraisemblablement de nouvelles rééditions, attendant patiemment ce moment fatidique où la rock star entrerait dans la légende par le crématorium. Il faut dire qu’à part avoir fredonné aux côtés de Scarlett Johansson, le chanteur s’est surtout fait remarquer lors de l’avant première de “Moon”, le film de science-fiction réalisé par son fils Duncan Jones, lorsqu’il est apparu sur le tapis rouge avec un certain embonpoint et une mine fatiguée. Il n’en fallait pas moins pour que la rumeur s’affole, surtout depuis l’angioplastie pratiquée en urgence en 2004 au cours du “Reality Tour”.


On nous a expliqué à demi-mot que David Bowie souhaitait se reposer et s’occuper de sa petite fille, Alexandria Zahra Jones, née en 2000. Nous étions donc bien loin d’imaginer que l’artiste, en fin de carrière supposée, préparait ardemment son retour à la musique. Ainsi, le 8 janvier dernier, jour de ses 66 ans, David Bowie prenait tout le monde de court en dévoilant un nouveau single et en annonçant la sortie pour mars d’un album déjà enregistré. Stupeur chez les fans, qui se hâtèrent d’ôter les cierges soigneusement disposés autour de la pochette de “Ziggy Stardust”, pour se ruer sur Internet afin d’écouter la chanson fraîchement dévoilée. Les larmes abondent dès la première écoute de “Where Are We Now?”, ballade fragile et auréolée d’une infinie tristesse. Bowie regarde dans le rétroviseur, la voix tremblante, et évoque ses souvenirs dans le Berlin des années 70, là où il enregistra la trilogie berlinoise “Low”/“Heroes”/ Lodger”. La pose est nostalgique et il cite tour à tour la Potsdamer Platz, le Dschungel et le KaDeWe. On pense immédiatement au “Hurt” de Johnny Cash, qui avait lui aussi vu venir sa fin. Comme le confia Thomas Mars de Phoenix au magazine Plugged, « Bowie est d’autant plus précieux qu’on a l’impression qu’on va le perdre ». Un sentiment qui s’intensi52

fie avec le clip réalisé par Tony Oursler, dans lequel on ne distingue pas vraiment le chanteur et qui alimente encore un peu plus les ragots au sujet de son état physique.

Le culte du secret

Reste que David Bowie est mentalement avec nous, comme le prouve la sortie surprise de ce vingt-quatrième album studio. La star a toujours contrôlé et verrouillé chaque étape de sa carrière et semble être l’unique artiste en 2013 à pouvoir préserver le secret autour de la sortie d’un album. À l’ère de l’Internet où le tweet est roi, Bowie illustre sa capacité à s’entourer de personnes de confiance. Il a tenu à annoncer lui-même le disque et s’y est tenu, un véritable exploit. Chez Sony Music, sa maison de disques, moins d’une dizaine de personnes étaient au courant de l’enregistrement de l’opus, qui s’est pourtant étalé sur deux ans. Et personne n’a flanché, y compris le producteur Tony Visconti et les musiciens impliqués : le batteur Sterling Campbell, la fidèle Gail Ann Dorsey à la basse, Gerry Leonard et Earl Slick aux guitares. On raconte qu’ils ont tous signé une clause de confidentialité, mais il paraît évident qu’une vraie fraternité s’est créée autour de Bowie, notamment parce que cette équipe de fines




lames est au service de sa majesté depuis plusieurs albums. Et si l’attention médiatique fut retentissante lors de l’annonce de “The Next Day”, David Bowie a fait un ultime pied de nez aux médias en refusant catégoriquement toute interview. Son ami et producteur Tony Visconti est bombardé porte-parole et il commence dès lors à distiller les infos au compte-goutte. On se souviendra longtemps de sa déclaration malicieuse, « Un jour je me baladais dans les rues de New York en écoutant au casque les dernières maquettes enregistrées pour l’album. J’ai croisé tous ces gens avec des T-shirts David Bowie et j’ai pensé ‘si vous saviez ce que je suis en train d’écouter’ ». Avec le recul, on imagine en effet que David Bowie s’est bien amusé des rumeurs propagées dans les médias, alors qu’il travaillait d’arrache pied sur de nouvelles compositions. Outre le culte du secret, ce qui étonne le plus est le vague à l’âme qui enveloppe “The Next Day”. Le

spleen semble aller au-delà de la ballade “Where Are We Now?”, comme le suggère la pochette réalisée par Jonathan Barnbrook, qui pastiche la célèbre couverture de “Heroes” en l’affublant en son centre d’un carré blanc sur lequel figure le nom de l’album. Selon l’artiste britannique, cette iconographie symbolise l’effacement du passé, mais on ne peut s’empêcher de rester perplexe par cette réinterprétation de la mythologie Bowie, alors que son auteur est justement connu pour sa versatilité et sa capacité à innover. À 66 ans, son regard semble délibérément tourné vers le passé plutôt que vers l’avenir, comme le laisse penser la présence de sa propre équipe, en place depuis une quinzaine d’années alors qu’à son pic créatif, il n’hésitait pas à remanier sa dream team à chaque album, usant tour à tour Mick Ronson, Nile Rodgers et Brian Eno. Le doute envahit alors les fans, et si Bowie n’avait plus d’odyssée à nous narrer ?


Bowie l’immortel

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L’odeur de la faucheuse disparaît vraiment le 11 mars, date de sortie mondiale de “The Next Day”. Une écoute suffit pour comprendre que David Bowie déborde de vie, malgré l’âge et les rides. L’artiste aux yeux vairons s’est octroyé un ultime tour de passe-passe puisque l’œuvre n’a finalement pas grand chose à voir avec le mortifère “Where Are We Now?”. Les guitares sont en avant, le rythme est enlevé et le chanteur démontre une fois encore sa supériorité artistique en déployant une richesse musicale de chaque instant. Mais pour la première fois de sa carrière, l’exploration d’un nouvel album se fait à travers une machine à remonter le temps. Loin de coller aux nouvelles tendances (on a évité le dubstep, ouf !), l’artiste joue la carte du fan service et multiplie les clins d’œil à sa propre légende. Et les références tombent d’entrée de disque avec le titre éponyme et sa production cassante qui ravive d’emblée la flamme de “Lodger” et “Scary Monsters (and Super Creeps)”. Ce n’est donc pas un hasard si Tony Visconti est encore derrière les manettes, puisqu’il est l’architecte sonore de ces deux disques sortis respectivement en 1979 et 1980. Le solo de guitare déstructuré rappelle également la collaboration de l’époque avec Robert Fripp, même si celui-ci a finalement refusé de prendre part à l’aventure “The Next Day”. Sur les cuivrés “Dirty Boys” et “Boss Of Me”, sur lesquels résonne un sax baryton d’une puissance folle, on ne peut s’empêcher de penser à la silhouette longiligne du Thin White Duke, personnification cocaïnée de Bowie apparue lors de la tournée de “Young Americans” et qui habite viscéralement chaque seconde du formidable “Station To Station”. Le timbre de voix est intact, bien loin de la fragilité de “Where Are We Now?” et il suffit de fermer les yeux pour imaginer le déhanché de sa création au look berlinois des années 1920. La référence au Thin White Duke est d’ailleurs à peine voilée dans le clip de “The Stars (Are Out Tonight)”, réalisé par Floria Sigismondi, dont l’élégance est incarnée par le mannequin norvégien Iselin Steiro. On part alors en quête de cet incroyable jeu de piste, à la recherche des autres indices disséminés sur le disque par le maître du labyrinthe. Sur le synthétique “If You




Can See Me”, les rythmiques drum’n’bass à répétition nous font inévitablement penser à “Earthling”, cet album aventureux publié en 1997 sur lequel Bowie, arborant une veste signée par le créateur de mode Alexander McQueen, égratignait l’Union Jack en lui tournant le dos. La période ténébreuse est elle aussi ressuscitée, notamment par le prisme anthracite de “Love Is Lost” et du cryptique “Heat”, qui ravivent les braises rock indus de “1. Outside”. De leur côté, les connaisseurs de “Ziggy Stardust” auront des frissons en entendant la partie de batterie finale du magnifique “You Feel So Lonely You Could Die”, écho lointain au non moins superbe “Five Years”. Sur “How Does The Grass Grow?”, notre hôte se permet même un mélange des genres contre nature en usant de chœurs glam sur une production synthétique à la “Scary Monsters”. David Bowie a peut-être perdu son flair, néanmoins il démontre avec “The Next Day” qu’il possède suffisamment d’acquis pour se suffire à lui même. Et tandis que nombre de vieilles gloires bedonnantes du rock’n’roll n’ont plus rien à dire (le syndrome Rolling Stones ?), quel autre artiste dispose d‘une telle source intarissable de personnages, d’un tel arsenal de pistes musicales ? David Bowie peut affirmer qu’il ne tournera pas, qu’il ne parlera plus en public et qu’il n’a rien à voir avec le processus de muséification entrepris par l’exposition londonienne “Bowie is”, il vivra aussi intensément qu’éternellement à travers la fabuleuse histoire qu’il nous conte depuis 46 ans maintenant. En somme, la première rock star à avoir atteint l’immortalité de son vivant. www.davidbowie.com

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Les albums cultes de David Bowie Par Thomas Mafrouche

En touchant à tous les styles, David Bowie s’est forgé un répertoire unique qui doit autant au rock qu’à la musique noire et à l’avant-garde expérimentale. Difficile donc de choisir parmi les 24 albums studio d’une carrière foisonnante. Nous avons toutefois relevé cet improbable défi en sélectionnant les cinq disques indispensables à tout music lover qui se respecte ! The Rise and Fall of Ziggy Stardust and the Spiders from Mars (1972) Après des années d’exploration folk, tour à tour minimaliste puis sublimement orchestrée, David Bowie sent venir au début des 70’s l’avènement du glam rock avec l’émergence de formations aux paillettes électrifiées, T. Rex notamment. Il donne dès lors de précises directives à ses musiciens pour renouveler sa musique, bombardant d’emblée le guitariste prodige Mick Ronson au rang de premier lieutenant. Sous l’impulsion de sa femme Angela, une américaine au look déjanté, il se teint les cheveux en rouge, se maquille, arbore d’impressionnantes platform boots et s’affiche dans des tenues bariolées et extravagantes. Il incarne Ziggy Stardust, un être venu d’une autre planète qui visite la Terre cinq ans avant notre extinction. Mais à l’inverse des autres formations glam, le songwriting de Bowie est d’une qualité impressionnante, qu’il s’agisse de la mélancolie à fleur de peau de “Five Years” et de “Rock’n’roll Suicide”, de l’onde de choc “Ziggy Stardust” ou de l’habité “Moonage Daydream”. Mais encore plus que l’album, c’est réellement le passage télévisé de l’artiste à l’émission Top Of The Pops qui changera à jamais le monde de la pop. Nous sommes en 1972 et le public anglais voit débarquer cet être androgyne, venu de l’espace pour interpréter “Starman”, dont le costume fera définitivement basculer la télévision noir & blanc dans le monde de la couleur. Ian Curtis, John Lydon, Morrissey… on ne compte plus les artistes qui se sont mis à la musique sous l’impulsion de Ziggy. Et s’il venait vraiment d’une autre planète ?

Aladdin Sane (1973) Un an après la première détonation glam, Bowie poursuit dans un registre décadent, assumant ainsi pleinement son androgynie sur une pochette aujourd’hui mythique, sur laquelle il porte fièrement le fameux symbole de l’éclair rouge et bleu. Un look de plus en plus provocant qui se traduit par des concerts aux visuels impressionnants, notamment grâce aux costumes créés par Kansai Yamamoto, dont Bowie est un grand admirateur. Musicalement, il s’offre les services du pianiste Mike Garson, qui parvient à corrompre les mélodies de “Aladdin Sane (19131938-197?)” et “Time”, offrant sur un plateau une perversion de chaque instant, avec des ambiances suffocantes héritées du jazz d’avant-garde et du cabaret de Bertolt Brecht. Citons également la présence des intemporels singles “The Jean Genie” et “Drive-In Saturday” ainsi que de la superbe ballade de clôture, “Lady Grinning Soul”, l’un des plus beaux morceaux jamais écrits. Plus qu’une mode, le glam rock devient un genre à part entière, “Aladdin Sane” devenant dès sa sortie son plus fervent porte étendard.

Station To Station (1976)

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Alors qu’il a assassiné son personnage de Ziggy Stardust sur la scène de l’Hammersmith Odeon à Londres, le 3 juillet 1973, David Bowie s’est progressivement éloigné du glam rock pour se mettre à la musique black sur le suave “Young Americans”. L’expérience n’ayant


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pas été des plus convaincantes, malgré la présence de John Lennon sur le single “Fame”, le musicien persiste dans une veine soul et groovy sur “Station to Station”. Ce dixième album studio est enregistré dans des circonstances particulières, puisque son auteur est à l’époque plongé dans l’enfer de la drogue, vivant en reclus dans son manoir de Los Angeles, en proie à une terrifiante paranoïa et se nourrissant exclusivement de cocaïne, de lait et de piments rouges. Ce personnage au visage émacié, le Thin White Duke, est inspiré de l’Allemagne des années 20 et de personnages européens sulfureux, notamment Nietzsche et Aleister Crowley. Il nait alors un contraste intéressant entre une musique funky d’obédience américaine et des thèmes profondément européens. On retient l’impressionnant titre éponyme, qui ouvre l’album et qui s’étale sur une dizaine de minutes, mais aussi l’implacable machine à groove “Golden Years” et, surtout, le frissonnant diptyque final “Stay” et “Wild Is The Wind”, à la puissance émotionnelle exacerbée. Cette fois, David Bowie est parvenu à s’affranchir de l’étiquette glam et semble plus déterminé que jamais à construire sa propre mythologie.

Low (1977) Bien décidé à en finir avec la cocaïne, David Bowie quitte les paillettes de Los Angeles et revient en Europe ou il travaille à ce qui deviendra sa célèbre trilogie berlinoise, en collaboration avec Brian Eno et le fidèle Tony Visconti. “Low” est le premier volet de ce glacial triptyque et, selon Visconti, son titre reflète le moral au plus bas d’un artiste en proie à l’addiction. En Allemagne, Bowie découvre la musique expérimentale et tombe sous le charme hallucinatoire des formations germaniques Kraftwerk et Neu!. Une influence qui sera déterminante sur les sonorités mécaniques de la trilogie, particulièrement sur “Low”. Les synthétiseurs forment ainsi le gros du disque, notamment sur la très avant-gardiste face-2 et la longue plage instrumentale “Warszawa” qui donnera son nom à la première mouture de Joy Division. Et même s’il est principalement instrumental, l’album permet à son auteur de conserver un lien avec le marché du disque grâce à l’entêtant single “Sound and Vision” et à l’excellent “Be My Wife”, dont le son de guitare sera repris par une multitude de groupes post-punk.

“Heroes” (1977) Dans la foulée de “Low”, Bowie sort le second volet de sa trilogie cold, marquant ainsi une nouvelle collaboration avec l’ex Roxy Music Brian Eno. Le krautrock a ici encore fortement influencé l’artiste, mais la production s’avère être plus cassante que celle de “Low”. Les guitares sont incisives grâce à la participation de Robert Fripp (King Crimson), le tempo est parfois enlevé (notamment sur l’introductif “Beauty and the Beast”) et les synthétiseurs sont plus harmonieusement mêlés à la musique. On note aussi une toute nouvelle façon de chanter, comme sur le tempétueux “Joe the Lion” et ces vocalises plaintives à vous filer des frissons. Un titre langoureux et trop souvent sous-estimé comme “Sons of the Silent Age” aura un puissant impact sur la carrière de Bowie, puisque son influence se fera ressentir jusqu’aux plus récentes productions du chanteur. La facette expérimentale et ténébreuse du musicien est toujours présente, comme sur “Sense of Doubt” et “Neuköln”, mais l’album connaîtra avant tout un succès international grâce à l’intemporel “Heroes”, une histoire d’amour située près du mur de Berlin qui deviendra l’un des standards de Bowie. 62


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DARC J’ADOR(AIS) Daniel Darc s’en est allé le jeudi 28 Février à l’âge de 53 ans en cette période de grand froid hivernal. Tout un symbole pour cet artiste qui nous fredonnait en 2008 sur son album Amours Suprêmes « Quand je mourrai, j’irais au paradis/C’est en enfer que j’ai passé ma vie ». Entre chaud et froid, il aura passé sa vie à lutter contre lui même, coincé qu’il était entre ses deux sensations. Parfois au fond du trou à cause de tous les excès d’alcool et de drogue qu’il s’infligeait. Parfois dans la lumière des projecteurs grâce à cette plume lui ayant permis de laisser trace à jamais de textes si magnifiques.

Textes : Ben Callens / Photos : François Berthier

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Et c’est sur une chanson de Johnny Cash reprenant Hurts de Nine Inch Nails que la cérémonie de ses obsèques a pris fin au temple protestant de l’Oratoire… Encore un autre signe pour cette artiste singulier dont la carrière musicale divisée en deux périodes bien distinctes - celle des années 80 avec son groupe Taxi Girl et celle des années 2000 où l’on a assisté à sa renaissance en solo - marquera à jamais autant l’ancienne que la nouvelle génération d’artistes. D’ailleurs, au milieu de ses proches et des anonymes venus en masse lui rendre un dernier hommage, on pouvait apercevoir un grand nombre de représentants du monde de la musique (Jean-Louis Aubert, Etienne Daho, Lescop, La Grande Sophie…), connaissant l’homme de près ou de loin, depuis peu ou de longue date… Daniel Darc était un homme qui s’intéressait profondément à la nature humaine, ce qui lui aura permis, à l’écoute permanente de ses contemporains, de s’inscrire dans les mouvances de son époque. Pour preuve, alors qu’il aspirait dans sa jeunesse à devenir rabbin, la lecture des articles de journalistes comme Patrick Eudeline ou la découverte des grands artistes musicaux comme Lou Reed, Iggy Pop ou encore Keith Richard lui feront aimer passionnément la musique rock, voire punk ! C’est donc naturellement, quelques années plus tard en 1977, qu’il formera avec quelques camarades de lycée le groupe Taxi Girl.

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Vous connaissez la suite, le tube Cherchez le garçon propulsera le combo comme fer de lance de la scène new-wave d’inspiration Anglo-saxonv C’est grâce à ce talent d’écriture allié à une personnalité charismatique que Daniel Darc va pouvoir poursuivre une carrière musicale et revenir sur le devant de la scène grâce à sa foi en ses chansons et cette rencontre humaine avec Fréderic Lo, musicien, réalisateur et compositeur de talent. La première résultante de cette amitié sera Crève-cœur, en 2004, qui va vite lui apporter une sorte de nouveau statut de patriarche au sein du petit milieu de la chanson française, un peu en manque de repères. Avec donc cette image de père spirituel, et toujours une oreille ouverte sur ce qui se passe à ses côtés, il va collaborer avec de nombreux chanteurs de la nouvelle génération comme Alizée, Berry, Nosfell ou le groupe Asyl et ainsi marquer leur carrière. Mais il ne faut pas se le cacher, ses premiers essais en solitaire n’ont pas tout de suite rencontrés un franc succès commercial, à l’instar d’un Bashung ou d’un Christophe d’ailleuvrs, si un parallèle devait être fait. Qui se souvient encore des albums obscurs mais non moins intéressants sous influence divine ? vIl est amusant de constater d’ailleurs que depuis quelques années, une multitude de formations hexagonales, que ce soit Lescop, La Femme ou encore Granville se revendiquent de cette culture des années 80, ayant été un poids pour Daniel Darc lui-même à ses débuts en solitaire, et cite en première influence Taxi Girl…



Stylisme Daniel Darc : Audrey Jehanno / Maquillage : Emilie Peltier


Daniel Darc, outre ses proches et sa famille, ce sont peut-être les artistes l’ayant approché de prêt ou de loin qui en parle le mieux… TheBlindMagazine à donc choisi de réaliser une interview croisée entre Arman Méliès, dont le magnifique IV sonne très années 80 et Joseph d’Anvers, influencé en grande partie par l’œuvre de vDaniel Darc.


ARMAND MELIES & JOSEPh d’anvers Racontent DANIEL DARC Textes : Ben Callens / Photos : DR/François Berthier (Arman) & Maxime Stange (Joseph)


Comment avez-vous appris la mort de Daniel Darc ? Joseph d’Anvers : Moi je n’étais pas au courant et je reçois pleins de texto où l’on ne me donnait pas le nom de Daniel mais des trucs du genre : « Merde, ça doit te toucher… » ou « courage ! ». J’ai annulé une sortie que je devais faire avec un pote ce soir là parce que j’étais malade et il me répond autre chose, du genre « ah oui, je comprends tu dois être triste… ». Je ne comprenais rien et j’ai fini par l’apprendre via Facebook ! ca m’a fait bizarre… Arman Méliès : Par texto. En voiture. Jean-Louis, mon tourneur était très proche de Daniel. Je l’ai appelé le vendredi matin, il était effondré. Surtout que, pour le coup, cela faisait un moment qu’il s’était calmé Daniel Darc sur ses excès, même si ce n’était pas un ange… Mais il était tellement fragilisé par tout ce qu’il avait pu prendre pendant des années que son corps était vraiment ultra fatigué. Du coup, son corps a lâché. J : Il avait plusieurs maladies : hépatite C, staphylocoque… A : En gros, il avait tout choppé et tous les traitements qu’il prenait contre sa maladie plus ceux contre les effets secondaires faisait qu’il tirait un peu sur la corde. Il a d’ailleurs toujours 76

tiré sur la corde de toute manière ! D’ailleurs, j’avais eu l’occasion de le rencontrer avec Alain Bashung et à la fin de la bière que l’on avait bue ensemble, il donnait l’impression d’être totalement ivre ! Il était tellement fatigué et il prenait tellement de trucs qu’il ne tenait plus le choc. C’est un peu comme Miossec qui ne supporte plus du tout l’alcool. Et tu

toi Joseph, l’asdéja rencontré ?

J : Je l’avais rencontré en 2004 au moment où j’essayais un peu de démarcher pour mon projet Joseph d’Anvers. J’ai eu un contact avec un label et en y allant, je m’étais dit, après avoir ramé pendant un an à être refusé à droite à gauche, que s’ils ne me recevaient pas, qu’ils ne trouvaient pas le projet bien, à ce moment là, j’arrêtais la musique et retournais dans le milieu du cinéma. Et en y allant, Rue Rochechouart, je croise Daniel Darc... A l’époque, Crève-cœur venait de sortir... On ne se connaissait pas mais je l’aborde pour lui filer une maquette (il était totalement ivre). Il me rétorque direct « t’as une bonne gueule toi, viens boire un coup ! ». Nous voilà donc arrivés au Balto, il devait être 15 heures pour boire des bières ! Même si j’ai fini bien bourré moi aussi, il m’avait filé une pêche pas possible parce qu’il

me disait qu’il ne fallait pas lâcher, que lui, même s’il n’était pas riche, avait réussi à toujours faire ce qu’il voulait dans la musique grâce à l’évcriture. Il m’avait même fait lire une lettre de fan écrite au crayon à papier sur une vielle feuille jaune. Une déclaration enflammée ! (rires). Bref, il m’explique ensuite que Crève-cœur, il l’avait autoproduit et il fallait que je fasse pareil et que j’avais juste à trouver une distrib’ ensuite. Le soir même, remonté, je finissais de remplir le dossier pour obtenir le FAIR et je suis allé à la Poste juste avant que ça ferme et 2-3 mois après, je l’obtenais et les choses commençaient. Je l’ai déjà dit avant dans d’autres interviews donc je ne dis pas ça parce qu’il est mort aujourd’hui, mais c’est grâce à lui que tout à démarré. Daniel Darc m’a donné la pêche ! A : c’est un ami disquaire dans le Marais qui me l’a présenté pour la première fois dans sa petite boutique où je passais souvent le voir. Un jour, il y avait un mec qui était là et au bout d’un moment, une discussion sur la musique s’ouvre. Et il me dit « si tu aimes Tim Buckley, il faut que tu écoutes Tim Hardin ! ». Je sentais vraiment que j’avais affaire à un passionné et un puits de science en matière de musique. Après coup mon ami vient me voir pour me demander si je savais avec qui je parlais


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depuis tout à l’heure et il me dit « c’est Daniel Darc, le mec de Taxi Girl ! ». Cela faisait une heure que le papotais avec un mec sans savoir qui il était ! Il m’avait filé une liste genre de 150 disques à acheter. J : Cela me fait penser à une anecdote avec mon ex-manageuse qui avait fait une gaffe un jour. Elle va voir un concert à Londres et se retrouve à un cocktail à l’after-show à discuter avec un mec. Après lui avoir demandé ce qu’il faisait dans la vie, il lui répond avec un petit sourire qu’il avait une petite boutique, qu’il était disquaire et qu’il essayait de vendre du vinyle. Et qu’il faisait un peu de production aussi. Genre elle lui met la main sur épaule, compatissante, et lui dit que c’était bien de faire tout ça… La discussion dure puis un gars vient la voir pour lui demander si elle savait avec qui elle avait parlé… « Non ? c’était Damon Albarn !! » (Rires) Vous a-t-il influencé ? J : J’aime bien un peu tout en fait. Dès mon premier album on m’a comparé à lui alors que je ne voyais pas trop le rapport entre ce que je fais et Daniel. Le fait est que j’ai écouté mais un titre comme Cherchez le garçon, j’étais trop petit et forcement je l’ai entendu. Ce morceau je le connais donc ça a du forcement m’influen78

cer à un moment donné. Ce que j’aimais bien en lui, c’était aussi ses influences, tout ce qui touche à la Beat Generation. Moi ce sont les premiers ouvrages que j’ai lu, comme Jack Kerouac. J’étais chez moi à Nevers, allongé sur mon transat dans mon jardin, c’est l’été, tu t’emmerdes et ces lectures t’incite à partir ! A : Par contre, tu ne prends pas la Route 66 mais plutôt la D903 !! (Rires)

qu’ils avaient créé euxmêmes. Ils ont toujours continué à créer des choses mais en sachant à l’avance qu’ils, allaient rencontrer d’énormes difficultés par choix de ne pas être conforme à un titre qui les avait fait connaître. Un besoin de voir ailleurs. D’autant plus que sur la durée, on se rend compte que cette attitude est payante.

J : J’avais repris à l’époque du premier album, sur une édition limitée son titre Je suis déjà parti. J’aimais bien cette période car, même si elle l’est de moins en moins maintenant, mais la production de ce titre est juste ultra kitsch avec ses vieux synthés et ses cordes. J’adorais ça ! Moi j’aime bien les disques qui, même si ils peuvent être démodés, peuvent te donner le reflet d’une époque. Et ses chansons ont été tellement démodées à un moment donné que quand il les a sortis à l’époque, il devait vraiment être à la mode.

J : Quand il a commencé à avoir du succès, il y a tous les mecs en costard-cravates qui venaient le voir pour lui dire qu’ils adoraient ce qu’il faisait, il disait que lui il se camait pour eux car il vivait la vie que eux rêvaient d’avoir sans oser l’avoir. Bon, moi je l’ai rencontré quelques fois, je n’étais pas un intime mais on s’aimait bien. J’avais beau avoir un côté bad-boy, bagarreur quand j’habitais à Never, jamais je n’ai vécu ce que lui a vécu. Je n’ai jamais touché à l’héroïne et fait de prison ! Quand j’ai débarqué à Paris, c’était un peu un mythe pour moi. Il était un peu pour tout ça l’exemple de la vie Rock’n’roll !

A : Pour moi, il a un côté, comme Alain Bashung ou Christophe, ce sont des modèles pour nous. Ils ont toujours eu une attitude vis-à-vis de l’industrie de la musique un peu particulière. Ils ont toujours été en décalage et qui ont eu des succès un peu sur un malentendu et qui ne se sont pas engouffré dans la brèche

Quel serait pour vous l’album de référence dans l’oeuvre de Daniel Darc? J : J’ai une tendresse pour Crève-cœur… Parce qu’il correspond à la période où je l’ai rencontré. Et quand il est mort, j’ai eu l’impression que, avec la disparition d’Alain et lui, que c’était deux papas qui partaient. Je me souviens que


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« Crève-cœur », j’avais été l’écouté au Virgin des Champs. Donc au final, plus de Virgin, plus d’Alain et plus de Daniel ! Quand j’ai entendu pour la première fois « La pluie qui tombe », je me suis dit que c’était le morceau que j’aurais aimé écrire… A : J’aime bien certains morceaux de la première période genre Cherchez le garçon et le côté vraiment très sec qu’il pouvait y avoir dans sa musique. Quand cela devient un peu plus pop synthétique, ça me parle moins… Cela n’est pas du au fait que ce soit daté, car c’est important de faire des disques qui arrivent un peu à capter de l’esprit d’une époque, quitte à ce que après il soit un peu un temps au purgatoire parce qu’on les trouve démodé. Mais au moins c’est beaucoup plus pertinent de faire de la musique en rapport avec l’époque dans laquelle tu vis plutôt que de se référencer à des choses passées. J : J’avais fait un festival à Cluse, « Musique en Stock », et l’un des organisateurs, avec qui je m’entends bien, savait que j’aimais bien Daniel et Taxi Girl, m’a envoyé un live d’eux, avant qu’ils soient connus. Avec un son bien pourri, ils testaient le morceau « Cherchez le garçon » sur scène, et tu

te rends compte que le groupe n’est pas du tout en place, ça joue pas un caramel ! Et en même temps, tu te dis, c’est génial et dans un an ça va cartonner ! Il sera connu toute sa vie pour ça. A : Je me rappelle de ma grande sœur acheté le 45 Tours… Je me souviens très bien, elle m’avait fait voir la pochette, c’était un truc un peu genre pop-art. Cherchez le garçon, je ne comprenais pas le titre mais ça m’intriguait… Il y a avait un truc un peu bizarre… Et elle m’avait dit que c’était un mec, à chaque fois qu’il était sur scène, il s’ouvrait les veine ! (rires). En fait il l’a fait qu’une fois, c’était en première partie des Talking Heads, et je crois que c’était un peu calculé… Je l’ai redécouvert avec Crèvecœur également mais bizarrement moi je préfère l’album d’après, Amours suprêmes que j’adore. Je trouve qu’il y a des titres incroyable et je suis fan de la prod’ de Frédérique Lo. C’était l’époque où je sortais mon album Casino et je m’étais dit, si un jour, pour x raisons, je dois arrêter de bosser avec son ingé son Antoine Gaillet, je choisirais Frédérique Lo… Un son un peu synthétique où tu retrouves du Taxi Girl mais mélangé à pleins d’autres choses : de l’électro bidouille, de la chanson, de la pop…

Quel héritage va-t’il laisser dans la chanson française ? A : Ce qui est curieux c’est que directement ou indirectement, il a influencé par mal d’artistes. Je ne sais pas pourquoi le phénomène se produit en ce moment mais depuis environ un an, il y a pleins de groupes qui sortent des disques en citant pour influence principale Daniel Darc ou Taxi Girl. Je pense à Aline, Lescop, Granville… J :

La

Femme !

A : Du coup, je que je trouve étrange, c’est que pour mon disque, les gens qui l’on écouté me parle énormément de Taxi Girl, de Jacno, de Daho. Alors que ce n’était pas du tout mes influences au départ. En fait, dès que tu fais de la pop un peu cold, chanté en français avec des synthés, très vite, on te renvoie à ça. Alors que justement mes maquettes sonnaient très années 80 parce qu’elles étaient très cheap et que du coup, j’ai vraiment essayé en studio de me démarquer de ça pour ne pas être dans une hype un peu bizarre et pour essayer de faire un truc qui soit actuel, plus pertinent avec ce que l’on vit aujourd’hui.

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YACINE BE


ELHOUSSE Yacine Belhousse, nouvel humoriste en vogue, sera à l’affiche de deux films prochainement. theblindmagazine l’a rencontré.

Interview & Photos : Martin Lagardère



soirée spéciale sur la série, où il y avait le spectacle de Jerry Seinfeld. Sauf qu’à cette époque je ne savais pas qu’on utilisait le mot « stand-up », qui est un mot anglais heinnnn. Et donc j’ai vu son spectacle et ça m’a beaucoup fait rire, j’adorais regarder des spectacles d’humour comme tout le monde mais là je trouvais qu’il y avait une particularité, c’était très dur à faire.

Bon alors Yacine, comment ça va ? Ça va très bien merci. Pour ceux qui te découvrent, Yacine c’est quoi ? c’est qui ? C’est où ? C’est comment ? Alors, c’est une petite tasse de thé Kusmi Detox, au bord d’une prairie... Ah ! Et as-tu goûté le Kusmi Chocolat épices ? J’ai goûté, il sent très bon. Il sent Noël, non ? Absolument il sent Noël. On m’a fait découvrir, c’est Harry Tordjamn (ndlr : Bref) qui m’a fait découvrir le Detox, je suis très fan maintenant. Et où ça ? Je pense que ce serait devant la télé, avec deux sucres et un peu de miel, mais de la gelée royale par contre. Et un bon épisode de « Louis » (rire). Ouais là on est dans le inside Yacine Belhousse. On te connait surtout par le stand-up pour l’instant, avec le Jamel Comedy Club... Exactement, et j’aimerais qu’on aborde ma carrière de charpentier. Parce que j’ai fait pas mal de meubles super sympa ! Ok, juste après on y reviendra ; alors le stand-up ça t’es venu comment ? C’est venu parce que j’ai vu Jerry Seinfeld sur Canal+, lorsqu’il diffusait la série Seinfeld. Un moment ils ont fait une

Tu veux dire monter sur scène et faire rire les gens? Le gars était en costume, il parlait de choses assez simple, pourtant il arrivait à en dégager un point de vu vachement fort. J’étais au lycée à ce moment là et je me suis dit « mais putain ça c’est génial» ... Le café allongé de Yacine arrive, moment important... ... et donc Seingfeld ça m’a beaucoup plu parce que c’était très dépouillé, c’était pur. Du coup j’ai essayé de faire ça. La première fois ça n’a pas marché, c’était une scène ouverte à Paris, au Bec Fin ça s’appelait. Donc en 1999 la première ça n’a pas fonctionné, parce que je jouais devant deux anglaises qui ne captaient rien. C’était en privé ? Non c’était au Bec Fin, une scène ouverte, qui a disparue, je pense. C’était pas loin d’Opéra, rue Thérèse. Je crois que ça existe encore. Ca existe encore ? Mais est-ce qu’il y a des scènes ouvertes ? Je ne sais pas, je pense oui. S’il y a des scènes ouvertes je vais y retourner pour venger l’honneur, maintenant j’ai travaillé des blagues. Et en gros ça n’a tellement pas marché, que je suis sorti de là en me disant : « c’est pas pour moi tout de suite ». Après j’ai fais beaucoup de théâtre, crée une troupe avec des 85


amis. On s’est mis à plein pour inventer une troupe de théâtre tous ensemble, et on a réussi à faire une pièce vachement bien tous ensemble. A 19 ans j’ai fais ma première pièce de théâtre à Stains, au studio théâtre de Stains. Après, à Paul Eluard qui est une grande salle, c’était vachement bien on était très heureux. Puis au fur et à mesure je me suis rapproché du stand-up, parce que je recommençais à en écrire. J’étais au conservatoire du 11ème arrondissement pour apprendre le théâtre, car pour moi, pour bien jouer du stand-up il faut savoir faire du théâtre, c’est obligatoire. C’est même la première chose que je dis quand quelqu’un qui veut commencer me demande mon avis. Ça permet d’avoir moins peur d’être sur scène, on peut plus facilement adresser la parole aux gens présents. C’est au tour des frites d’arriver, deuxième moment important... En 2005, j’ai fais le Comic Strip Show, de grosses barres de rires, c’étaient des soirées à Paris. Puis en 2006 le Jamel Comedy Club, grâce à Jamel Debbouze et Kader Aoun. Alors justement depuis 2006, que se passet-il ? Expose nous les grandes lignes : le cinéma, le stand-up, des apparitions dans des vidéos télé et web (Bref, Golden Show, L’histoire racontée par des chaussettes). Alors surtout je n’ai plus de pilosité au niveau de la barbe, parce que je me rase vachement plus, et vu que je suis plutôt imberbe je suis très content d’avoir plus de pilosité au niveau des joues. Quand j’avais 25 ans, on aurait dit que j’en avais 18. Donc depuis 2006 j’ai fait beaucoup de stand-up, des centaines de dates de 86

tournées avec le JCC ou sans eux. Ca fait pompeux de dire des centaines mais on a pas mal tourné donc je dirais au moins 300. J’ai joué au festival Juste Pour Rire, j’ai joué en Belgique, en Suisse, dans des écoles de commerce (le Campus Comedy Tour). J’ai tourné deux films, participé à « Bref », écris avec Dedo, Shirley et Navo « L’histoire racontée par des chaussettes ». J’écris et je prépare encore beaucoup de choses et je suis très content ! Et nous aussi ça nous fait plaisir de te voir un peu partout, d’ailleurs parlons un peu de ton spectacle au théâtre de Dix Heures qui est bientôt fini. Mais il est fini, enfin ce samedi là (30/03/13).Oui mais ça n’empêche qu’ils doivent fréquenter ce très beau lieu. Là, le spectacle il me reste trois dates, mais je vais continuer à faire des scènes ouvertes. Pour la suite on n’a pas de décisions prises. Notamment pour la rentrée ou le mois de juin, on aimerait faire des choses mais rien de sûr à 100%, donc ça ne sert à rien de les dire. Tu as joué combien de temps au théâtre de Dix Heures ? J’ai fait sept mois, de septembre à mars. Un petit retour sur ce dernier. Bah cool, Pigalle c’est sympa et flippant en même temps, c’est tout mélangé. Mais je pense vraiment que pour ma dernière je vais m’offrir une « box set », je vais aller dans des sex-shops et m’acheter des trucs bien sales. J’ai été une sorte de voisin de ce quartier, je n’ai pas fréquenté les sexshops. Le SexoDrome qui est juste en face, je n’ai absolument pas consommé


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à Pigalle, je n’ai pas acheté de DVD, de tablier un peu marrant avec écrit « faismoi l’amour ce soir », et tous ces goodies qu’ils vendent autour. Bah j’ai pas fait marcher l’économie de ce quartier. Donc je me suis dis pour ma dernière, je vais peut-être acheter un DVD sexy, dans un des sex-shop. Tu proposes dans tes spectacles un Golden Ticket, explique à nos lecteurs ce que c’est. Le principe du Golden ticket, ça vient de l’époque où je m’auto-produisais, je trouvais rigolo de faire une place horriblement chère. En contre-partie il fallait quelque chose d’un peu sexy et d’un peu nouveau. J’ai fais une sorte de business class du spectateur. En gros, les gens qui prennent ce Golden ticket sont assis sur scène avec une petite table, ils ont du champagne et des sushis ainsi qu’une petite sonnette, pour que quand une blague ne leur plaît pas ils puissent la changer. J’explique : si une blague ne te plaît pas, tu fais GLING avec la sonnette, tu me dis « pas marrant » et je dois changer la chute pour ton plaisir. Tu as le droit à deux coups de sonnette. Tu es le seul à faire ça ? Je suis le seul à travers le monde même ! Et je suis le premier et le seul humoriste à avoir un jeu video à son effigie. Tu as joué à travers la France et quelque pays étrangers. J’ai même été au Luxembourg, beaucoup de banques. C’est un pays le Luxembourg ? Non, c’est une énorme banque avec un petit parc et des habitations à l’intérieur de la banque. Et ils ont décidé d’appeler 88

ça le Luxembourg. Parmi tous ces pays, as-tu un meilleur souvenir ? Mon meilleur souvenir je pense que c’est Montréal sincèrement. Je sais que j’ai fait beaucoup de blagues sur les québécoises, mais Montréal m’a fait un bien fou parce que culturellement les gens ont une ouverture d’esprit qui est très différente de celle de Paris. Les gens sont assez ouverts, discutent facilement entre eux, la ville est très belle, il y a beaucoup d’espaces vert, des choses intéressantes à découvrir. Paris n’est pas boisé. Là-bas, ils ont le Mont Royal, c’est une sorte de montagne énorme. J’ai vraiment passé de très bons moments à Montréal. S’il y a un endroit où je devrais déménager et vivre pendant six mois, je n’aurais pas peur d’aller à Montréal. Sauf après le sketch que je fais, j’ai peur que les québécois m’en veuillent, donc je profite de ce magazine pour dire « s’il vous plaît, ne m’en voulez pas, je vous aime ». Est-ce que le public change vraiment en fonction de là où tu te trouves ? Alors il change en fonction du pays et de la ville, si tu as beaucoup de représentations comme à Paris, le public change. Le public c’est un mélange de cent personnes, ça veut dire que chaque soir tu as cent personnes différentes, avec une énergie différente qui apporte une autre ambiance. Mais c’est vrai qu’en France il y a vraiment de grosses différences. Si tu vas à Lille, c’est très chaleureux, en tout cas c’est ce que j’ai vécu moi. Lyon aussi. Marseille c’est un peu plus chaleureux que dans d’autres endroits. Ca ne veut pas dire qu’ils s’amusent moins ou plus, ça veut juste dire qu’ils ont un tempérament qui est autre.




Je vois tout à fait ce que tu veux dire ! Parlons cinéma maintenant. Il y a Pop redemption qui sort bientôt. Et aussi un film avec Frédéric Diefenthal Pauvre Richard. Est-ce que ça t’attire vraiment ? Est-ce une finalité ou juste un essai que tu voudrais transformer ? Non, en fait ça fait parti du tout. Je cherche à faire des projets qui me plaisent, pas envie d’aborder ce métier comme quelque chose de bureaucratique. A partir du moment où ça me plaît, je le fais. Par contre, si ça ne me plaît plus, là tu peux faire ce que tu veux, même si j’avais des dettes d’argent je n’arriverais pas à faire quelque chose de bien, c’est viscéral. C’est un vrai problème psychologique, il faut que j’arrête, que je me calme là-dessus. Mais si j’ai choisi ces films, c’est que j’ai trouvé les scénarios vraiment bien. Ce n’était pas les premières choses qu’on m’a proposé. Mais ces films m’ont plu et j’étais très content de les faire. En plus, l’équipe de Pop Redemption est une équipe que j’admire. Grégory Gadebois, le boss, très fort dans une pièce qui s’appelle « Des fleurs pour Algernon » c’est une tuerie, tellement incroyable, ça faisait longtemps que je n’avais pas eu de telles émotions. A la fin on l’a attendu, il arrive pas content et nous dit « ouais j’ai eu un problème avec ma voix j’ai chopé la crève, ce soir c’était pas top». Et nous, on était là en train de pleurer « mais putain c’est magnifique, mais moi j’ai pleuré c’est beau ». Il est très exigent dans son travail. Jonathan Cohen, l’homme le plus drôle du monde, il m’a fait rigoler, c’est un génie. Julien Doré, il joue vachement bien du ukulélé, et il s’en sort vraiment bien dans le film, parce qu’à la base ce n’est pas son métier vu qu’il est plus chanteur. Et sincèrement, je trouve qu’il a assuré, il a remporté haut la main les critiques quand un chanteur arrive au cinéma. Audrey Fleurot la plus belle femme du monde, qu’est-ce qu’elle est

belle. Alexandre Astier l’homme le plus drôle du monde II, le retour. J’ai adoré l’équipe de comédiens, c’était hyper flatteur pour moi d’avoir la chance de travailler avec eux parce que vraiment je les admire beaucoup, donc j’étais très très très content de faire partie de cette brochette. Et pour la suite, tu nous prépares quoi ? Je projette de conquérir le monde avec un robot géant. Et peut-être en 2017 faire l’Opéra Garnier en stand-up street de ouf. Avec une ouverture en Dead Prez, j’aimerais bien faire ça. François Hollande, le Pape François, François Truffaut, la liste est longue... Penses-tu qu’il faut s’appeler François pour réussir dans le courant actuel ? Je pense qu’il faut être mégalomane. Toutes ces personnes sont mégalomanes et je pense qu’il faut au minimum ça surtout dans le contexte actuel. Il faut être persuadé que ce qu’on fait est mieux que ce que l’on est, et eux le savent. A partir du moment où tu es complètement fou dans ta tête, psychologiquement et cliniquement, tu peux avoir une force de persuasion qui dépasse même ton propre talent. Moi je trouve que je n’ai pas encore ça, parce que j’essaie d’être en rapport avec le côté effectif de mon talent. Plus tu es persuadé que tu es génial, plus les gens arrivent à le croire. Mais ce n’est pas forcément une bonne chose. C’est une force de proposition tellement importante que les gens se disent « mais oui effectivement ça doit être génial, c’est moi qui n’ai pas compris» et c’est ça qui est dommage. Pour la suite, tu pars donc aux États-Unis ? Alors je vais aux États-Unis parce que

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j’ai envie de jouer en anglais. Mais surtout parce que j’ai envie de me prendre des bides en anglais, c’est très important pour me forger, enlever la peur de monter sur scène dans un pays anglophone. Une fois qu’on est en confiance on peut facilement trouver son aisance, du coup on peut mieux développer son univers. Mon but est de développer encore mon univers. Pas forcément chercher ce qui d’emblée pourrait plaire, mais de proposer quelque chose de novateur au public en espérant que ça leur plaise. Pour ça, j’aime bien me confronter aux refus, aux bides, pour travailler avec ça. Je suis de l’école du bide, comme je dis souvent. Alors 2017 l’Opéra Garnier, mais avant, en 2015 Madison Square garden ? Pourquoi pas oui (rire) non pas du tout, tu dis n’importe quoi. Mais sinon, jouer un petit peu en 2014 à Edimbourg, au festival. Pourquoi pas jouer en 2015 quelques dates en anglais à Paris pour les anglophones. Jouer juste, mon plaisir c’est jouer, avant tout. Peut-être qu’il y aura un succès d’estime de la part du public, peut-être qu’il n’y en aura pas, peu importe l’essentiel c’est d’être confiant, de jouer, d’être heureux. C’est un peu la relation avec le public que tu cherches, un échange? Oui mais avant tout c’est jouer, je t’assure. Monter sur scène et être une vraie force de proposition différente de ce qu’il peut y avoir sur la scène actuelle. Faire monter le niveau, pas être au niveau stagnant de tout le monde. Essayer de proposer des choses et qu’un copain humoriste propose une chose encore 92

plus folle, du coup on sera en compétition positive, c’est-à-dire que je vais proposer quelque chose d’encore plus dingue et faire évoluer cette science. Pour moi, c’est comme de la science. C’est un art, vraiment. Après je sais que ce n’est pas un art à proprement parler. Il y a la musique, le cinéma, etc... D’ailleurs le cinéma n’est pas trop considéré. Si tu le cherches, c’est le septième en partant de la fin, à gauche tu tournes et attention c’est une tout petite porte. Ce n’est pas vraiment un art (ndlr : la scène en général) mais plus une discipline, et que j’admire beaucoup. Je respecte tous les mecs qui montent sur scène. Des mecs très connus ou ceux pour qui c’est la première fois. Même si ses blagues ne sont vraiment pas drôles, je lui dis bravo. Un peu de promo pour tes potes ? Je n’ai pas de potes, je suis tout seul (rire). Je conseille d’aller voir Dedo, le prince des ténèbres, il reprend au mois d’avril. Il me fait me mourir de rire, c’est un gars que j’admire énormément. Les Suricates, un groupe de jeunes auteurs qui commence à émerger, ils sont vraiment doués. Comme quoi, les prochaines générations vont apporter énormément. C’est pour ça que c’est important de se diversifier, de toujours rester sur scène pour être au niveau, pour savoir ce qu’il se passe. Être dans ce plaisir là, se sentir vivre avec les gars qui apportent des nouvelles idées. Ça c’est bien. Merci Yacine, un dernier mot pour la fin ? Pistache.



LUCIE LUCAS 27 ans, mère de deux petites filles et toujours cantonnée à des rôles d’adolescentes. Une jeunesse bohème issue d’une famille d’artistes, un caractère bien trempé, impossible de ne pas savoir qui se cache derrière l’interprète de Clem dans « Clem » sur TF1. Pour sa troisième saison aux côtés de Victoria Abril, Lucie Lucas se retourne sur son parcours, ses rencontres, ses influences et ses projets qui font d’elle un objet tournant mal identifié. Textes : Riyad Gimp / Photos : François Berthier

Un père musicien puis ingénieur du son et designer, une mère styliste, difficile d’échapper à son milieu ? C’est très compliqué, j’ai tellement baigné dedans que je ne me voyais pas faire autre chose que de l’artistique. J’étais intéressée par tous les domaines de l’art mais en même temps je ne voulais pas en faire ma vie. C’est un milieu assez précaire, mes parents nous ont fait vivre avec un budget super serré, et je n’avais pas envie de compter. En plus, je voulais être maman jeune et surtout être indépendante, ne pas demander d’argent de poche à mon mari, pour moi c’était très important. Je suis un peu femme d’affaire, ce qui a beaucoup surpris mes parents qui eux sont artistes à fond. Je ne voulais pas faire d’études, ni passer mon bac mais bon, j’ai eu des pressions de toute part et je m’en sortais donc je l’ai passé. Qu’on me dise ça c’est bien ou ça, ça ne va pas, ok. Me faire juger ou critiquer par des pontes de l’art je n’en avais aucune envie. Finalement, je me suis inscrite à la fac pour la culture générale. Socio, ethnologie, archéologie et histoire de l’art, le temps de trouver ce que je voulais faire. Puis une des amies de ma mère qui est chef des ateliers Kenzo, m’a proposé de

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la rejoindre et là, j’ai adoré tout le côté artistique mais beaucoup moins la partie bureau. J’ai détesté l’ambiance de collège où les gens te prennent à part pour te dire des choses sur un tel, où chacun t’embarque dans ses histoires. Après j’ai fait du mannequinat, ça ne demandait pas d’étude et j’avais besoin d’argent et là aussi j’ai détesté ça dès le premier jour ! (rires) Tu es vraiment traité comme de la viande, il y a des filles que ça ne dérange pas en plus. Je pensais garder ma personnalité, je faisais des boulot où on demandait d’avoir une forte personnalité mais le patron de mon agence qui m’a toujours soutenu me disait « mais t’es pas faite pour être mannequin toi ! T’es fais pour être comédienne ! » Je faisais du théâtre depuis l’âge de neuf ans mais je me disais que c’était trop précaire. Et mon patron m’a dit « écoute, je t’inscris dans une école, tu vas prendre des cours et tu fermes ta gueule ! » (rires) Quand j’ai été prise par la suite au casting de 15 ans et demi (avec Daniel Auteuil ndlr) je me suis dit « mais en fait c’est évident, c’est ça que je veux faire ! » Et vu que ça a tout de suite très bien marché, je continue, je bosse tout le temps, la précarité je ne la connais pas trop et donc je joins l’utile à l’agréable et c’est trop bien !



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De toute ton enfance dans ce milieu, qu’estce que tu gardes comme souvenir ? J’ai été élevé avec les Beatles. Tout le temps, à fond. Ils s’adressent à tout le monde, tout de suite tu accroches, tu retiens les chansons. Et en même temps, ils font preuve d’une créativité incroyable et ça m’a toujours marqué. Se servir de ce qu’il y a autour de toi et de le détourner. Mon père a créé par exemple le sac à main arrosoir. C’est un sac à main en forme d’arrosoir et ça a super bien marché. J’ai toujours envie d’être là où on ne m’attend pas. Ma mère qui est styliste de l’ancienne école, le sur mesure, le vêtement qui te sied au top, m’a transmis son regard sur la mode, les vêtements et la façon dont on les porte. Ce n’est pas parce que tu as une marque que c’est cool, c’est parce que tu portes quelque chose qui te va bien, qui te ressemble, qui a un esprit. J’aimerais bien faire une école de couture un jour, il n’y a pas que le cinéma qui me passionne, tous les arts me fascinent, je reste profondément une artiste, ça me colle à la peau. Justement parmi tous les métiers que tu as pratiqué, du quel te sens-tu le plus proche ? Alors pas mannequin, ça c’est clair ! Je me sens très proche du métier de comédienne. Déjà parce que je suis tarée comme à peu près tous les gens qui font ce métier et j’ai besoin de rêver. Le fait de pouvoir se glisser dans la peau de différents personnages, vivre des choses qui ne te sont jamais arrivées c’est une façon de vivre mille vies en une vie et ça c’est un kif énorme. Est-ce que tu as déjà eu envie de tout lâcher ? Souvent oui. En fait ce que je n’aime pas du tout dans ce métier c’est tout le côté

séduction, en permanence même si tu ne le veux pas. Il faut que tu crées l’envie chez les gens, que les gens aient envie de toi. Pas de façon sexuelle, mais qu’il aient envie de te voir, de te faire bosser. Ça n’empêche pas d’être agréable mais je ne suis pas une grande gueule, je n’ai pas envie de me forcer à l’être pour montrer que moi j’ai une personnalité, que moi j’ai ceci ou cela, éviter ce côté exacerbé. Être observé à la loupe, ne pas t’habiller n’importe comment, dire n’importe quoi parce que ça peut te retomber dessus n’importe quand, ça me saoule vraiment. Je n’ai pas une grande gueule mais j’ai mon caractère. Ton

pire

souvenir

?

Le lendemain de la diffusion du premier épisode de Clem, même si Facebook n’était pas aussi puissant qu’aujourd’hui, j’ai reçu des milliers de demandes d’ami, des messages d’amour complètement fou, je me suis fais piraté mon compte le jour même ainsi que mon adresse mail et je me suis dit « mais putain ils sont fou les gens ! » J’ai fait une crise de paranoïa sur le coup en me disant que « je n’étais pas en sécurité, je ne peux plus rien faire ». J’étais dans ma chambre avec la radio qui passait la chanson de Balavoine, «Je ne suis pas un héro». Je chantais, j’hurlais dessus avec lui ! (rires). On m’arrêtait dans la rue en permanence, j’avais l’impression de ne plus m’appartenir. J’appartenais à la France, qui regarde TF1. Je suis dans leur salon et je leur devais d’être à eux sans avoir jamais demandé ça ! J’ai été complètement traumatisé. Après, au fur et à mesure j’ai appris à dealer avec ça, j’ai toujours un compte Facebook avec mon nom et ma photo mais si tu regardes, il y en a quatre-cent qui s’affichent et je suis perdue dans la masse des Lucie Lucas.

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Et

le

meilleur

?

Il y a deux choses. Quand j’étais sur le tournage du film le Missionnaire, il était onze heure du soir sous les étoiles, on avait fini de manger et il y avait un acteur, un rebeu de 90 ans. Il me racontait sa vie, il avait rencontré énormément de gens, il avait tourné un peu partout et c’était juste extraordinaire. Sur un tournage, tu vis, tu ris, tu pleures avec eux et c’est très fort. Mon autre souvenir c’est quand j’ai rencontré Victoria Abril pour la première fois. Elle m’a ouvert ses bras et elle m’a dit : « ma petite chérie c’est toi ma fille maintenant ! » elle s’est mise tout de suite à me donner pleins de conseils, elle m’a pris sous son aile c’était assez magique. La proximité qu’il y a eu entre nous très vite, je me suis sentie très vite à la maison avec cette femme à l’immense carrière. Tu me disais que tu n’étais fan de personne mais est-ce que tu as de l’admiration pour des gens dans ce métier ? Brad Pitt, je sais ça fait midinette. En plus je n’ai jamais aimé les blonds aux yeux bleus. Je ne me suis jamais intéressée à lui pour son physique, mais ce type est vraiment un dieu en tant qu’acteur. Côté américain il y a aussi Chaplin, Sean Penn, le cinéma d’Iñárritu ou de Wes Anderson, j’adorerais tourner pour lui ! Et en France, Yves Montand, Romy Schneider, Luc Besson. J’ai eu une véritable révélation pour Mathieu Amalric et Emmanuelle Devos dans Rois et Reines, Manon des Sources, La Vie est Belle, Le Cinquième Elément. Charlotte le Bon : Je suis fan de cette fille. Je sais, je ne suis censée être fan de personne mais elle, c’est la seule ! (rires) Est-ce que tu t’imposes des limites ? Dans le choix des rôles ou des collaborateurs ? Ce n’est pas mon genre. Je suis libre dans mes choix, à priori je n’ai pas de limites mais ça ne veut pas dire que je suis prête à faire n’importe quoi. Par exemple je 98

regarde la série Game of Thrones comme la plupart des gens, et je trouve ça beaucoup trop trash, même si j’ai été mannequin et que je n’ai aucun complexe avec la nudité, je n’ai vraiment aucune envie d’être à la place des nanas dans cette série. Dans tous les rôles que j’ai fais, j’ai toujours été assez préservée. J’ai toujours joué des gamines de seize à vingt ans et souvent pour des comédies et des séries. Après tout dépend, cet été je vais faire un film qui va être assez difficile pour moi. J’ai peur de me foirer. Même si ça va être assez sexe et que ce ne sera pas du tout dans le genre de Game Of Thrones, j’ai juste envie d’être brillante et de ne pas me planter. Ce sera beaucoup plus sensuel, beaucoup plus subtil et beaucoup moins cru. Je vais devoir être beaucoup plus exposée et composer mon rôle avec des parties de moi-même, des références et tu fais avec ce que tu connais, alors pour les scènes de sexe c’est super chaud ! Même si c’est un personnage, c’est toi qui joue et tu joues comme tu le sens toi, tu livres ton intimité. Et ça, ça me terrifie. Mais j’ai envie de le faire, j’ai envie de me bousculer, de voir ailleurs et de voir où se trouvent mes limites. Si demain ça ne marchait plus, tu as des idées de reconversion ? Oui plein ! Je n’ai pas du tout peur que ça s’arrête. En tout cas pour le moment. Je dis ça, c’est facile, le jour où ça s’arrêtera je serai peut-être là, en train de pleurer : « J’ai pas envie que ça s’arrête ! C’était ça en fait et rien d’autre ! C’était ça ! C’était ça ! » Mais c’est vrai que je n’ai jamais appréhendé ce métier comme s’il n’y avait pas d’autres alternatives. D’un côté si j’arrête le cinéma un jour, ça me permettra de faire autre chose. Je te l’ai déjà dis, j’ai envie de vivre mille vies. Après c’est bien de parler, mais c’est mieux de faire. Et je serai la première à m’attendre au tournant.

Maquillage : Virginie Rascle



DEBORAH GRALL Au cinéma comme au théâtre, Déborah Grall marque par sa force d’interprétation et son naturel enjôleur. Après avoir fait l’actualité du petit écran avec la deuxième saison de «Maison Close» sur Canal +, la jeune femme prend le temps de peaufiner ses projets et se prépare notamment à accueillir un heureux événement. C’est enceinte de son premier enfant qu’elle a accepté de répondre à nos questions pour ce numéro inaugural.

Textes : Dine Delcroix / Photo : François Berthier

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Les journalistes te parlent-ils systématiquement de ton grand-père ?

lock», «Misfits»... Si je pouvais avoir un rôle dans toutes les séries que j’aime...

On m’en parle de moins en moins mais c’est toujours un plaisir d’être associée à lui.

Tu as commencé au cinéma dans «Les fautes d’orthographe» en 2004. Quelles sont justement les fautes d’orthographes qui t’agacent le plus ?

En 2010, tu publiais un livre à sa mémoire avec ta maman. Aimerais-tu écrire davantage ?

Il y en a tellement ! Déjà, le langage SMS m’agace. Après, il y a les fautes de conjugaison, les «est» au lieu de «et» ainsi que les «é» à la place des «er».

C’est ma mère qui a eu cette idée. C’était quelque chose de nécessaire pour elle, un peu comme une thérapie. Et cela m’a permis de mettre sur papier mes souvenirs, mais ce livre était une parenthèse. Pour l’instant, j’ai plutôt envie de raconter les histoires des autres. Parallèlement au cinéma, on a pu te voir au théâtre dans «Les Monologues Du Vagin» en 2010 puis dans «Frères Du Bled» en 2011. Tu préfères le théâtre ou le cinéma ? Je n’ai aucune préférence car le plaisir est intense dans les deux. J’ai la chance d’avoir goûté aux deux et j’aime terriblement les deux. La saison 2 de «Maison Close» dans laquelle tu joues le rôle de Bertha vient de se terminer sur Canal+. Quel avenir peut-on espérer pour cette série ?

Quel est ton meilleur souvenir de casting ? J’en ai eu deux beaux, l’année dernière. J’auditionnais pour des rôles de femmes très intenses et j’avais vraiment envie d’aller jusqu’au bout. Quand tu as lu le scénario et que tu as rencontré le réalisateur, c’est encore plus frustrant de ne pas décrocher le rôle. À quels acteurs et actrices aimerais-tu donner la réplique ? Vincent Lindon, François Cluzet, Mathieu Amalric, Emmanuelle Devos, Valeria Brunu Tedeschi, Karole Rocher... Quand as-tu pleuré pour la dernière fois au cinéma ?

Pour l’instant, nous n’avons pas de retour de la chaîne. Cette saison a été un beau succès d’estime. Je ne sais ce qu’il en est au niveau de l’audimat parce qu’il n’y a pas eu beaucoup de promotion mais nous verrons bien.

Je suis enceinte alors je pleure pour tout (rires). Je n’ai jamais autant pleuré que ces derniers mois ! Dernièrement, j’ai vu «No» de Pablo Larraín. Je ne connaissais pas bien l’histoire du Chili et du coup d’Etat de Pinochet. J’ai sangloté devant l’injustice retranscrite dans ce film.

Selon toi, qu’est-ce qui a fait le succès de cette série ?

Au cinéma, regardes-tu le générique de fin jusqu’au bout ?

Son thème avant tout. C’est glamour avec de la féminité et de la sensualité. Il y a aussi le combat des femmes de l’époque qui n’a pas été beaucoup abordé dans les films et les séries. Le réalisation est belle visuellement et esthétiquement.

Cela dépend. Si j’ai aimé, je peux regarder le générique parce que cela peut m’intéresser de savoir qui a travaillé sur le film.

Dans quelles autres séries aurais-tu adoré jouer ?

J’ai déjà un projet personnel qui se voit (rires). Ensuite, il y aura le théâtre dans une pièce mise en scène par Thierry Harcourt avec Davy Sardou et Noémie Elbaz.

Tu parles à une sérievore (rires). J’aurais adoré être la fille de Toni Soprano dans «The Soprano», jouer une flic dans «The Wire», faire partie de «Luther», «Sher-

Pour finir, quels sont tes projets ?

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FANNY VALETTE Révélée en 2005 avec «La Petite Jérusalem» de Karin Albou, Fanny Valette a, depuis, fait son petit bout de chemin même si on la classe encore parmi les espoirs du cinéma français Pour nos lecteurs, elle a bien voulu revenir sur son premier casting, parler de ses scénarios en cours d’écriture, évoquer le cinéma qu’elle aime et même celui qu’elle n’aime pas. Portait singulier d’une femme accomplie. Texte : Dine Delcroix / Photos : François Berthier

Tu as décroché ton premier rôle à l’âge de huit ans pour une série télévisée dans le dos de tes parents. Pourquoi en cachette ?

petite fille sont donc liés au cinéma et au théâtre.

Parce que ma famille ne connaissait pas forcément le monde de la télévision. Mon père est quelqu’un d’extrêmement cartésien, ce qui est moins le cas de ma mère qui a réussi à le convaincre de me laisser le faire.

J’aurais adoré être astrophysicienne ou océanographe. J’étais passionnée par le monde marin. J’aurais aussi aimé travailler pour les services secrets (rires).

As-tu séché les cours pour te rendre au casting ? En fait, j’ai séché un cours de danse pour y aller et j’ai été prise assez rapidement. Après, il a fallu négocier avec mes parents. Je devais être première de la classe pour avoir le droit de tourner. C’est à ce moment-là que tu as eu envie d’être actrice ? J’avais cette envie depuis toute petite. J’allais au théâtre avec ma mère et mon grand-père me faisait voir beaucoup de films. Mes premiers souvenirs de 102

Et si tu avais dû choisir d’autres secteurs d’activité ?

Parallèlement à la comédie, tu écris aussi des scénarios. Que comptes-tu en faire ? J’ai trois scénarios en cours et je compte les réaliser. L’envie de passer derrière la caméra est de plus en plus présente. Le problème, c’est que je suis très perfectionniste alors je mets un temps fou, j’ai besoin que cela mûrisse. Tu aimes aussi la science-fiction. Tes scénarios en contiennent-ils ? Plus maintenant. Je sais qu’en France, la science-fiction est très compliquée à produire car nous n’avons pas forcé-

ment les moyens. J’avais écrit une histoire très coûteuse et qui ressemblait énormément au film «Time Out» de Andrew Niccol. Quand ce film est sorti dans les salles en 2011, je me suis dit que j’avais perdu quatre ans à écrire (rires). J’ai trouvé le film mauvais en plus ! Penses-tu avoir déjà commis des erreurs de parcours ? Je n’ai jamais vraiment regretté mes choix. J’ai démarré jeune et on fait forcément des erreurs quand on démarre tôt car on est moins axé sur le l’aspect psychologique et relationnel. Avec le temps, je me trouve plus apaisée et plus compréhensive alors que je canalisais moins bien mon énergie quand j’étais jeune. Quels sont les rôles dont tu es fière à ce jour ? Au cinéma: Laura dans «La Petite Jérusalem». J’ai été merveilleusement bien dirigée par Karin Albou. Au théâtre: «La Vieux Juif


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Blonde» qui a été pour moi une expérience sublime. Fais-tu partie des actrices qui n’aiment pas se voir à l’écran ? Oui, c’est très dur de se voir. Moi, ce qui m’intéresse, c’est d’être dans mon personnage. Si j’arrive à ne voir que le personnage en me regardant, c’est que j’ai gagné et que j’ai réussi à sortir de moimême pour faire vivre une autre personne. Quels rôles aurais-tu aimer jouer ? Il y en a plein. J’aurais adoré avoir le rôle de Meryl Streep dans «Le Choix De Sophie». J’aurais aimé avoir certains rôles de Juliette Binoche, de Romy Schneider ou d’Isabelle Adjani. J’aime les rôles forts, que ce soit dans la comédie ou dans le drame, j’aime quand les personnages existent vraiment. Quelle actrice mauvaise ?

trouves-tu

Il n’y a pas un nom qui me vient en tête mais il y a certains programmes dans lesquels les gens jouent

mal comme «Le Jour Où Tout A Basculé» ou «Les Anges De La Télé Réalité». Je ne sais pas si les comédiens sont mauvais où si on les met dans des conditions terribles. En tout cas, je n’ai rien contre ces personnes même si je ne cautionne pas ce genre de projets. Avec quel réalisateur rêverais-tu de tourner ? Jacques Audiard. Quel roman aimerais-tu adapter à l’écran ? «Le Monde Selon Garp» de John Irving. Quelles sont fétiches ?

tes

actrices

Meryl Streep, Kate Winslet, Tilda Swinton, Romy Schneider, Juliette Binoche, Isabelle Adjani, Annie Girardot... Quel est ton genre de films ? Je ne peux sincèrement pas répondre car je n’ai pas de genre préféré. En revanche, j’ai tendance à acheter de la science-fiction en littérature.

Quel est le film que tu as été capable de revoir plusieurs fois ? «Titanic» de James Cameron. J’ai pu le voir un nombre incalculable de fois parce que je suis admirative d’un tel travail et je ne sais pas comment c’est possible de réaliser de cette manière. Il y a aussi les films de Quentin Tarentino, de Woody Allen, de Pedro Almodóvar et quelques comédies classiques. Pour finir, peux-tu me citer un film récent qui a été encensé par la critique alors qu’il ne le méritait pas ? J’ai tendence à vite oublier les choses qui ne me plaisent pas. Dernièrement, je n’ai pas du tout aimé «Spring Breakers». Je trouve que les actrices n’ont rien à jouer dans ce film qui ne parle absolument pas du spring break d’ailleurs. Heureusement qu’il y a James Franco dedans et Selena Gomez qui est la seule fille intéressante du casting.

Make up : Yvette Yvette


FAUVE fauve Par Morgan Le Bervet

Fauve. Comme une succession de vagues venant s’échouer sur les maux, sur les mâles, sur les mots, sur les femmes. Textes : Morgan le Bervet / Photos : Dr

Comme quoi il existe des noms de groupes auxquels personne n’avait encore pensé et qui sonne comme une évidence. Fauve, comme une attaque, comme un coup de griffe, comme une caresse qui laisse des marques. Parce que ce «collectif ouvert» comme ils aiment à se définir laisse des traces à l’âme. Comme on peut l’entendre dans leur titre «Kané», leur musique, on l’a dans la peau, on l’a dans la tête. Pour le factuel, Fauve sont français. Jeunes. Fiers. Arrogants. Poètes. Poètes car jamais cyniques. Même qu’ils croient à l’amour. Le vrai. Pas celui du samedi soir. Désinvoltes et révoltés. Survoltés. Et dans la grande tradition de la chanson française, ils s’expriment en spoken word, ce genre perpétré par Gainsbourg ou Biolay mais certainement pas par Grand Corps Malade. Fauve, ça vient des Nuits Fauves. Cyril Collard tout ça. Pas vraiment leurs années de jeunesse. Pas pu vivre le truc, grandir autour de la «génération SIDA» et de la poésie saignante, sanglante, vivante de ce livre devenu film. Pourtant, rien ne leur a échappé. Les morceaux «Kané» et «Nuits Fauves» en sont directement inspirés. Clairement, il faut citer un extrait : «Mais il faut pas que tu désespères Perds pas espoir Promis juré qu’on la vivra notre putain de belle histoire Ce sera plus des mensonges, quelque chose de grand. Qui sauve la vie / qui trompe la mort / qui déglingue enfin le blizzard»


On n’avait pas entendu quelque chose d’aussi bouleversant depuis Encre, dans le même genre. Et toujours, au détour d’un mot, en butée d’un vers, on se regarde dans le miroir de ces textes qu’on aurait aimé déclamer sauf qu’on en aura jamais le courage. Alors oui, Fauve ose. Ose l’absence de sarcasme et d’ironie, l’absence d’observation distanciée si facile sur nos quotidiens. Si ce n’est la cruauté urbaine du morceau «St-Anne». Et d’un coup, Fauve soulève les passions. Le groupe tourne, affiche des concerts complets, remplit la Fleche d’Or à chaque passage de ses logiquement nommées «Nuits Fauves» et annonce déjà un Bataclan pour juin. Le EP approche. Oui les temps ont changé : on peut remplir une salle parisienne sans passer à la radio, sans faire de promo chez Nagui, sans album. Un mouvement se crée, se reconnait dans les textes. Mais ne parlons surtout pas d’un groupe générationnel, ce serait un raccourci facile, sociologiquement réducteur. Non, parlons musique. On est loin des trois notes de pianos mélancoliques découvertes par un rappeur déclamant maladroitement ses quatre rimes pauvres. Non, derrière le rythme des versets solitaires, une pluie de guitares froides qui réchauffent les âmes et une batterie qui martèle les cœurs. Comme une succession de vagues coldwave venant s’échouer sur les maux, sur les mâles, sur les mots, sur les femmes. Il y a des textes comme de l’encre, des musiques comme des ancres. Fauve s’accroche à la peau, viscéralement. Et si tu n’aimes pas, tu n’es pas trop vieux, tu es juste trop mort.


BLACK REBEL MOTOCYCLE CLUB Textes : Wally / photos : François Berthier

Textes : Wallendorff / Photos : François Berthier

Le

trio californien a frôlé la séparation mais revient avec un nouvel album de transition, leur plus personnel à ce jour. Repasser du noir à la lumière. Un irrépressible instinct de survie.

Le premier morceau que l’on entend dans le pilote de Sons of Anarchy est Stop, morceau de Black Rebel Motorcycle Club tiré de leur deuxième album sorti en 2003. Rien d’étonnant à cela. BRMC est le groupe à motards idéal : ils ont le nom et le logo, le riff goguenard,

l’insolence raisonnée, le rythme lourd comme trempé dans le cambouis, l’attitude tour à tour défiante ou fougueuse. Déjà 15 ans de carrière et un septième album au compteur, « Specter at the Feast », sorti le 18 mars. Un album qui a failli ne pas voir le jour.



VAGUE ROCK

Apparus en 2001, dans cette même vague du « renouveau du rock à guitare » qui nous apporta Strokes. White Stripes et Yeah Yeah Yeahs, Black Rebel Motorcycle Club échappe à la mode après deux albums et sort en 2005 un Howl presque intégralement acoustique. Leur Led Zeppelin III à eux, né un peu par hasard puisque le batteur d’alors, Nick Jago sèche les sessions et force Robert Levon Been et Peter Hayes à composer sans batterie. Le résultat démontre que le trio vit très bien sans ses riffs et que s’en tenir à sa filiation à The Jesus and Mary Chain serait réducteur. BRMC y nage dans le bluegvrass, plonge dans la folk et revisite l’americana, caressant Dylan et Cash du bout du manche. Rarement artiste aura été aussi à l’aise sur des registres aussi différents que le rock noisy et le blues. Baby 81, sorti en 2007, renoue avec les riffs accrocheurs et les coups de batteries pesants. Ce sera le dernier de la première incarnation du groupe. Dès l’année suivante, Jago s’en va après une énième dispute, laissant la place à Leah Shapiro, une Danoise installée aux États-Unis, batteuse de tournée des Raveonettes rencontrée lors d’une date en commun. Dès lors, Black Rebel Motorcycle Club est enfin un vrai trio. La batterie est avancée sur la scène et met Shapiro en lumière là où Jago restait dans l’ombre. C’est symbolique ; Shapiro devient vite indispensable et presque salvatrice lorsque tout va s’effondrer.

CRISE CARDIAQUE

Août 2010. Black Rebel Motorcycle Club est en pleine tournée des festivals quand Michael Been, père du chanteur Robert Levon Been, s’écroule victime d’une crise cardiaque dans les coulisse du Pukkelpop festival. La perte est immense, sur le plan humain comme sur le plan artistique. Michael Been, aux côté du trio depuis ses débuts, en était

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comme le quatrième membre. Levon Been est dévasté. Black Rebel Motorcycle Club termine la tournée coûte que coûte et tombe en hiatus jusqu’à ce que Dave Grohl, en pleine préparation de son documentaire Sound City (sorti en février), invite Hayes et Levon Been a venir jammer dans les studios du même nom, objet du film. C’est à Sound City qu’ils avaient enregistré leur premier album. Les sensations reviennent, et avec elles l’envie. Dave Grohl les invite à passer dans son propre studio (où la console de Sound City a été transférée) quand ils voudront. « Dès demain », répondent-ils.

DAVE GROHL

Tout va alors très vite. Les titres s’alignent. C’est Shapiro qui trouve le titre dans Macbeth. Le spectre du festin, c’est Michael Been. L’album parle presque intégralement de lui, incluant même une reprise du hit de son groupe @tThe Call, Let the Day Begin (1989). Specter at the Feast porte la marque de fabrique de BRMC, mêlant guitares rauques, batterie lourde et compositions inspirées et aériennes. C’est l’album de la transition forcée, celle qui effraye mais à laquelle on doit se plier parce que la vie, quoi qu’il arrive doit continuer. Un ensemble compact qui prend quelques écoutes pour libérer toutes ses saveurs comme on aère un bon vin. 12 titres comme les marches de l’escalier à monter pour remettre le pied à l’étrier. L’occasion de renouer avec cette scène, sur laquelle le trio prend toute son ampleur, enchaînant tous les soirs des shows de 2 h qui régulièrement se terminent dans la rue, lors de concerts sauvages de Robert Levon Been et sa guitare sèche. Tout tunnel finit par ramener à la lumière. C’est un nouveau chapitre qui s’ouvre.


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STEVEN SPIELBERG Alors

qu’il sera le Président du jury, à sur une legende du cinéma américain.

Cannes, TheBlindMagazine

Textes : Léona Perrot / Photos : François Berthier

revient



Cincinnati, Ohio. 18 Décembre 1946. La concertiste Leah Posner et l’opérateur radio de l’armée de l’air Arnold Spielberg prennent un peu d’avance sur Noël : un enfant leur est né, un fils leur est donné. Spielberg. Steven, de son prénom. Ce génial dieu du cinéma nouvellement né ne doit-il rien aux frères Lumière ?

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A propos de frein, Steven ne connaît que l’accélérateur. Des titres à foison, des succès en cascade : Les Dents de la mer (1975), La Liste de Schindler (1993), Amistad (1997), Il faut sauver le soldat Ryan (1998) , A.I (2001), Minority report (2002), Arrête-moi si tu peux (2003), Le Terminal (2004), La Guerre des mondes (2005), Munich (2005), les Indiana Jones (1981 pour Les Aventuriers de l’arche perdue), les Jurassic Park (1993), Les Aventures de Tintin : le Secret de la Licorne (2011), Cheval de guerre (2012).

Dans le terreau de ses goûts, fertilisé par une imagination vagabonde qui le protège des dissensions parentales, deux expériences dynamitent la sensibilité du jeune Steven : The greatest show on earth de Cecil B. DeMille est son premier film en tant que spectateur de cinéma et la pluie de météorites de juin 1952 à laquelle son père l’emmène par surprise, initie sa passion pour l’astronomie. Les premières fois ne laissent jamais indemne. Une vocation est en germe. Dès lors, l’infiniment grand n’est jamais aussi grand que les ambitions de Steven, et par un jeu d’échelle et de zoom, tout devient accessible. On comprend mieux qu’il aurait été inconcevable qu’E.T, l’extra-terrestre (1982) ne vienne naturellement se perdre de ce côté-ci de la Terre.

A l’actif de la société de production Amblin Entertainment, les non moins célèbres Qui veut la peau de Roger Rabbit ?, Men in black ou Super 8, pour ne citer qu’eux ! Pas de catalogue La Redoute, juste un CV redoutablement édifiant ! Il est sur tous les fronts, dans tous les genres, et sur tous les sujets. A la production comme à la réalisation, il donne de sa personne tous azimuts, et avec efficacité. Hyperactif, Lincoln vient tout juste de sortir en France que les sites de référence annoncent pas moins de dix projets ou en pré-production ou annoncés.

SUPER 8

INFLUENCIA

Début 1960, s’attribuant le cadeau d’anniversaire de son père, une caméra Kodak 8 mm, il fait ses premières armes dans des genres aussi différents que le film de guerre ou la science-fiction. Il a à peine 17 ans, que profitant des vacances d’été, il se déguise – cravate et attaché case – pour s’infiltrer sans scrupule dans les studios Universal. Après tout, il faut savoir faire preuve d’audace pour mériter son american dream : l’assistant monteur de la série La Grande Caravane (1957) en a fait du chemin depuis, comme cette petite voiture rougev et ce camion belliqueux engagés dans une course-poursuite du nom de Duel (1971). C’est avec le road-movie effréné et sanglant Sugarland express que le réalisateur remporte le prix du scénario à Cannes en 1974.

Nul besoin de s’appeler Dawson Leery pour figurer au nombre de ceux que le papa d’E.T inspire. Le cinéaste made himself incarne tous les métiers du cinéma à lui seul. Alors, rien d’étonnant à ce que les superlatifs abondent à son sujet : « Indubitablement une des personnalités les plus influentes de l’histoire du cinéma », « le réalisateur le plus connu d’Hollywood » … Et non content d’être déjà décoré de l’insigne d’Officier des Arts et des Lettres depuis son César d’Honneur et Oscar du Meilleur réalisateur pour Il faut sauver le soldat Ryan et, Chevalier de la Légion d’Honneur depuis 2004, à la mode frenchy, le bonhomme peut ajouter à sa carte de visite un nouveau titre : président du jury du 66e festival de Cannes. Qui l’arrêtera ? Seulement celui qui pourra courir aussi vite que lui… ?!


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Barbara Cabrita D’ordinaire, les raccourcis sont vite fais : Jeune fille de Trappes, d’origine portugaise, voulant être actrice et célèbre, prête à tout et n’importe quoi pour y parvenir. La gloire ou la mort. Tordons le cou aux clichés. C’est par hasard que Barbara Cabrita se retrouve face caméra poussée par une blessure au genou. Si pendant longtemps elle s’est considérée comme illégitime, elle a tout de même su saisir sa chance, comme un réflexe.

Interview : Riyad Gimp / Photos : Maxime Stange

Quel est le parcours de Trappes à une série de TF1 à 20h50 ? J’ai voulu faire comme Jamel ! (rires) Je ne les connaissais même pas en plus, enfin j’étais au lycée avec Anelka. On ne se dit pas d’un coup « j’ai envie de sortir de Trappes ». Je faisais beaucoup de sport, j’étais gymnaste, j’avais mon parcours déjà tracé pour devenir prof de sport, etc. Et en fait, j’ai eu un accident. Je me suis fait opérer du genou et du jour au lendemain on me dit « le sport à haut niveau c’est terminé ». Alors par dépit j’ai fait « psycho » à la fac. Mais en parallèle, ma mère m’avait inscrite dans une agence de mannequin junior. Elle avait envoyé des photos derrière mon dos et j’avais été prise. Je faisais des photos de temps en temps tout en étant à la fac pour avoir de l’argent de poche. Et cette agence m’appelle un jour et me dit : « Il y a a un casting pour une série, vas-y ! ». C’était pour une série qui s’appelle ? le Groupe d’AB Productions. Une sitcom de juillet à août, bien payé pendant deux mois. Je commence à tourner et on me dit que le tournage se poursuit jusqu’en février. Alors je prends une année sabbatique à la fac. J’avais un an d’avance et j’en profitais en plus pour mettre de l’argent de côté, ensuite je serai retour-

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ner en cours. A ce moment là, j’avais 18, 19 ans et je n’étais jamais sorti en boite, je n’avais jamais bu un verre d’alcool, je découvrais vraiment un autre monde et ça m’a un peu perturbé, ça m’a fais peur. Je me disais « Si c’est ça ce boulot, je n’en ai pas envie. » J’avais l’impression d’avoir pris la place de quelqu’un qui voulait vraiment faire ce métier. Je n’avais pas mérité ma place. Donc pour me rendre légitime et honorer ce que j’avais fais, j’ai pris des cours de théâtre et ça m’a plu. Mon agent m’avait fais postuler au casting d’un film qui s’appelle les Amateurs de Martin Valente. Et là c’était complètement autre chose. Tu passes d’une sitcom à un long métrage, je n’ai pas bien compris ce qu’il se passait. Je me suis donnée un an de plus avant de retourner à la fac et ça a duré dix ans avant que je reprenne les cours mais cette fois en anthropologie. A quel moment tu bascules entre le sentiment d’être illégitime dans ce métier à celui de persévérer et de continuer sur cette voie ? Je me suis dis ça quand on m’a choisi pour R.I.S sur TF1 en 2005. Je n’allais pas jouer un rôle dans un long-métrage ou un téléfilm, c’était quelque chose qui allait s’écrire dans la durée, ca devenait vraiment sérieux.


rencontre

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Est-ce que tu n’as pas eu peur de te faire enfermer dans ce rôle que tu interprétais dans la série ? Oui et non. C’était une chance énorme d’avoir un rôle récurant dans cette série, il y a tellement de gens, quand on débute dans ce métier, qui rêveraient de faire ça. Il ne fallait pas cracher dessus. Par contre, il faut par la suite faire attention à ce que l’on fait pour ne pas se faire enfermer. En parallèle de R.I.S j’ai fait un téléfilm d’époque, Le temps du silence qui est passé le 8 avril sur France 5 adapté de la vie de George Semprun dans les camps de concentration. J’ai eu d’autres projets à côté et il faut en avoir, mais quand tu commences à sentir que tu t’enfermes, que tu n’apportes plus rien à la série, il ne faut pas avoir peur de partir et de laisser ta place à quelqu’un qui va apporter du renouveau et c’est exactement ce que j’ai fait. Et pourquoi continuer les études alors ? Même si dans ce milieu assez précaire, où l’on n’est jamais à l’abri de rien à n’importe quel âge et à n’importe quel niveau de succès, pour moi reprendre mes études ce n’était pas une alternative au cas où ça ne marcherait plus. En plus, anthropologie ce n’est pas vraiment le genre d’études qu’il faut faire quand on cherche du boulot ! (rires) C’était plus une volonté d’apprendre des choses sur le monde qui nous entoure. J’avais cette soif de découvrir. Au contact de qui tu as le plus appris dans ce milieu ? C’est assez récent en fait. Il y a Franck Apprederis le réalisateur du Temps du Silence qui m’a décomplexé par rapport à mon parcours d’actrice de série. Quand je lui en ai parlé, il m’a dit : « Mais j’en n’ai rien à foutre, tu es une comédienne, tu sais on s’arrête à ça hein... » Et du coup, il a dégagé quelque chose de vraiment protecteur et bienveillant sur moi. Sur le

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tournage, c’était la première fois que je me suis retrouvée perturbée entre mon rôle et la réalité. Il y avait énormément d’émotion, de choses très très lourdes et grâce à son regard il m’a dirigé vers des choses que je ne soupçonnais pas chez moi. Puis Ruben Alves pour le film La Cage Dorée qui sort fin avril m’a fait le plus beau des cadeaux. Il m’a permis de me retrouver entière dans ce personnage de Paula Ribeiro, cette femme française d’origine portugaise qui a des liens très fort avec son pays. C’est une partie que très peu de gens connaissent chez moi. Après environ trois mois de grosse polémique dans le cinéma français sur le salaire indécent de certains acteurs, quel a été ton regard là-dessus ? On a toujours la volonté de comparer les États-Unis à la France. Si on reste en France, Catherine Frot, c’est une putain d’actrice ! Et puis il n’y a pas des centaines d’acteurs payés ces sommes là. A la louche, ils sont entre dix et vingt ! Je me dis pourquoi faire autant de polémique sur une minorité d’acteurs, alors que nous sommes des milliers à ne pas être engagés à ces tarifs là ! Je vois autour de moi des tas d’acteurs qui ne sont pas intermittents du spectacle, qui ne gagnent pas un rond et qui doivent faire vivre leurs familles. Ça on n’en parle pas et pourtant ils sont 90% dans ce cas là. Même si dans ce milieu assez précaire, où l’on est jamais à l’abri de rien à n’importe quel âge et à n’importe quel niveau de succès, pour moi reprendre mes études ce n’était pas une alternative au cas où ça ne marcherai plus. En plus Anthropologie ce n’est pas vraiment le genre d’études qu’il faut faire quand on cherche du boulot ! (rires) C’était plus une volonté d’apprendre des choses sur le monde qui nous entoure. J’avais cette soif de découvrir.



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Au contact de qui tu as le plus appris dans ce milieu ?

fort avec son pays. C’est une partie que très peu de gens connaissent chez moi.

C’est assez récent enfaite. Il y a Franck Apprederis le réalisateur du Temps du Silence qui m’a décomplexé par rapport à mon parcours d’actrice de série. Quand je lui en ai parlé, il m’a dit : « Mais j’en ai rien à foutre, t’es un comédienne, tu sais on s’arrête à ça hein... » Et du coup il a dégager quelque chose de vraiment protecteur et bienveillant sur moi. Sur le tournage c’était la première fois que je me suis retrouvé perturber entre mon rôle et la réalité. Il y avait énormément d’émotion, de choses très très lourdes et grâce à son regard il m’a diriger vers des choses que je ne soupçonnais pas chez moi. Puis Ruben Alves pour le film La Cage Dorée qui sort fin avril m’a fait le plus beau des cadeaux. Il m’a permis de me retrouver entière dans ce personnage de Paula Ribeiro, cette femme française d’origine portugaise qui a des liens très

Après environ trois mois de la grosse polémique dans le cinéma français sur le salaire indécent des certains acteurs, quel a été ton regard la-dessus ? On a toujours la volonté de comparer les États-Unis à la France. Si on reste en France, Catherine Frot, c’est une putain d’actrice ! Et puis il n’y a pas des centaines d’acteurs payés ces sommes là. A la louche, ils sont entre dix et vingt ! Je me dis pourquoi faire autant de polémique sur une minorité d’acteurs, alors que nous sommes des milliers à ne pas être engager à ces tarifs là ! Je vois autour de moi des tas d’acteurs qui ne sont pas intermittents du spectacle, qui ne gagnent pas un rond et qui doivent faire vivre leurs familles. Ça on en parle pas et pourtant ils sont 90% dans ce cas là.



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INDOCHINE

Nicola, oli, Boris, Mr Shoes, Marc et Mathieu ont démarré depuis le 21 février une tournée à travers la France, annoncée comme « la plus longue jamais faite par le groupe». Nous sommes allés à la rencontre du son d’indochine depuis 15 ans, Olivier Gérard, également coréalisateur de l’album. Interview Interview : : Auriane Besson / Photos Bottalico / François Berthier Auriane Besson: Yves / Photos : François Berthier

On n’a pas pu y échapper, Indochine a sorti son douzième album studio «Black City Parade». De l’Express à Têtu en passant par le JDD ou le Figaro, la presse encense quasi unanimement ce nouvel album. Le public ne s’y trompe pas non plus, Black City Parade est entré directement numéro un des ventes. Indochine a connu un tournant en 1999 avec l’album Danceteria et l’arrivée d’Oli de Sat, apportant le mix imparable entre indus, rock et pop électro. Nous sommes donc allés à la rencontre d’Olivier Gérard, guitariste d’Indochine et coréalisateur des albums du groupe depuis maintenant 15 ans.



Toute la presse encense votre album, vous n’avez pas peur de devenir « mainstreem » ? Nous n’avons peur de rien ! (rires) Indochine n’a jamais été un groupe indépendant. Ce groupe a toujours su être populaire sans pour autant tomber dans la facilité. Que ce soit musicalement ou visuellement, certains thèmes ou sons pourraient surprendre le quidam, mais visiblement le public y trouve son compte. Je me rappelle de l’album Paradize où la maison de disques nous a clairement fait comprendre qu’elle ne défendrait pas l’album, trouvant les morceaux trop rock/ indus, loin de l’image que les gens se font du groupe...et ce fut l’album le plus vendu d’Indochine ! On sait aussi que la presse ne joue en rien sur le succès d’un album, fort heureusement. Cela fait plaisir, mais je préfère la réaction d’un vrai public dans une salle de concert que d’une bonne critique dans Télérama. On a trouvé que l’album est un revival 80’s avec des sons d’aujourd’hui, est ce que tu le perçois comme ça également ? Depuis quelques temps je réécoutais pas mal mes anciens albums de Yazoo, New Order... je me réinteressais avec Matu (clavier du groupe) aux sons analogiques... Donc tout cela transpire dans la production de l’album. Si j’avais un souhait pour cet album, c’était de retrouver certains rythmes, émotions électroniques qui se trouvaient sur les premiers albums. S’éloigner de la pop de La République des Météors, pour retrouver un peu les dance-floor ! Est-ce que tout a été instinctif ? Il n’y avait pas d’inspirations ou de lignes directrices pour le son de cet album ? Non, comme toujours depuis 13 ans, on installe notre home studio ; Nico et moi accumulons les idées, les ambiances, puis nous faisons des sélections dès que nous faisons un break. Ces différentes sessions permettent de prendre un peu de recul et finalement, 124

d’être encore plus exigeant. Les sons arrivent selon différentes inspirations, soit complètement spontanées ou influencées par des images (des films, des photos), etc... Mais tout cela est sauvage et simple. Qu’as tu apporté en plus sur cet album, comparé aux précédents ? Nous avons eu la chance de prendre notre temps pour cet album. Même pour un groupe comme Indochine, le temps reste précieux aujourd’hui. Donc j’ai pu peaufiner encore plus les sons, tenté de trouver LE bon son, plutôt que de mettre plusieurs couches. Et puis je suis un fou de joujous qui font des sons, donc j’ai toujours de nouveaux instruments à tester ! Pas de limite ou de restrictions, nous avons utilisé l’iPad autant que des synthés modulaires, des mandolines ou des samples / plug in. Vous commencez à avoir un certain recul sur « Black City Parade » maintenant que vous le jouez sur scène : comment le jugez-vous ? Il me fait le même effet que Paradize, un album très produit, qui sonne peu live, mais qui prend une dimension énorme sur scène. La première partie de tournée s’est terminée il y a peu, et les concerts étaient explosifs dans tous les sens du terme alors que l’album est sorti il y a quelques mois ! Sur la tournée justement, quelles sont les chansons où le public est le plus réceptif ? Belfast et College Boy ont tout de suite fonctionné en live. C’était plutôt impressionnant quand nous avons vu les réactions du public dès les premiers concerts. Le public d’Indochine est incroyable, il s’investit énormément. D’autres titres trouvent une ambiance particulière, comme Wuppertal par exemple. La presse parle de un ou deux Stade de France en 2014, peux-tu le confirmer ? Nous serons au Stade de France le 27 Juin 2014 !





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« College Boy » est le prochain single, pouvez-vous nous donner des éléments sur le clip qui va suivre ? Le clip est réalisé par Xavier Dolan. Nicola adore ce réalisateur. Je n’ai encore rien vu, mais il semble prometteur, plus proche d’un court-métrage que d’un clip. Et pas du tout « mainstream» ! Nous trouvons que ton arrivée au sein d’Indochine, il y a maintenant 14 ans, a apporté incontestablement une nouvelle fraicheur au groupe, et donc un regain d’intérêt de la part du public et des médias. Est-ce que tu perçois une forme de reconnaissance de la part des fans et de l’entourage du groupe ? Les fans me considèrent comme leur «pote»... le fan qui a franchi la ligne magique ! C’est plutôt sympathique même si cela fait déjà 14 ans que je travaille pour Indochine. Les médias me rappellent souvent ce «renouveau». Cela fait plaisir, forcément, même si mon travail n’est pas le seul élément déclencheur du re-succès. C’est assez incroyable que, depuis Paradize, les tournées rencontrent un succès grandissant ! Finalement je ne souhaite pas l’expliquer, cela enlèverait toute magie. Mais une chose est sûre, j’ai les pieds sur terre, et je sais que le succès peut s’arrêter du jour au lendemain. Alors je profite du jour présent ! Peux-tu nous parler de ta rencontre avec Nicola ? Comment es-tu devenu un membre à part entière du groupe ? J’étais étudiant en Licence d’Arts Plastiques à St Denis. Ma femme a retrouvé l’adresse personnelle de Nicola, et a eu l’idée de lui envoyer mes travaux graphiques. Contre toute attente, il m’a répondu en me promettant la pochette du prochain single. Ce dernier se nommait Satellite d’où mon surnom. Ensuite, j’ai continué le graphisme dans Indochine, notamment les visuels de Nuits Intimes, tout en envoyant à Nicola des bidouilles sonores que je faisais sur un PC bas de gamme. A la com-

position de Dancetaria (1999, ndrl), Nicola me contacte pour que je tente quelques arrangements sur quelques titres dont Rose Song, (un de mes titres préférés d’Indochine). Jean Pierre Pilot, alors compositeur du groupe, et Nico, aiment ce que je leur présente et me confient tous les titres pour que je continue à bidouiller, arranger... Suit la tournée Dancetaria, que je suivais en m’occupant du prompteur, puis en étant chauffeur du groupe. Ensuite, Jean Pierre Pilot quitte le groupe, c’est ainsi que Nicola me demande de venir composer avec lui, puis de produire un nouvel album, qui s’appellera Paradize... Tu continues l’aventure Indochine quoi qu’il arrive ? Indochine reste ma priorité tant que j’y trouve du plaisir. Donc oui. Mais je prends un peu de temps également pour un projet perso qui se concrétise un peu plus. As-tu envie de te lancer dans la prod d’autres groupes à l’avenir ? As-tu déjà eu des propositions ? Ou penses-tu plutôt à des projets solo ? J’aide comme je peux des petits groupes, des amis dès que j’ai le temps. J’ai travaillé avec Mme Lenoir, ToyBloïd, Asyl, Cartel Couture etc... Je prends plus de plaisir à «aider» des amis ou groupes non signés que de faire des projets avec des Major pour le prestige. Mais je suis ouvert à toutes propositions ! D’un côté, travailler avec l’image me plaît de plus en plus, j’espère un jour composer pour un film ou un court métrage. Mon projet perso prend forme et j’espère le finir au plus vite. Un projet complètement personnel. S’il rencontre le succès tant mieux, mais ça n’est pas le but premier.


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Soutien gorge Maison Blackitten Jupe drapĂŠe Zara Ceinture et manchettes vintage



L’APPARTEMENT Photographe : François Berthier @TenFeetunderstudio Styliste : Tatiana Dumabin

Bombers in renard Crystal and black sheap Eric Tibusch / Bondage girdle dress by Bordelle at Mise en Cage www.misencage.com / Shoes Saint Laurent


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Smoking jacket Eric Tibusch / Body Rick Owens / Leather harness by Tamzin Lillwyhite at Mise en Cage / Pant Eric Tibusch / Shoes Collection FW13 Eric Tibusch / Cuff Hélène Zubeldia / BO Anne Thomas 141


Swimsuit Thapelo / BO Isabelle Michel / Shoes Zara



Smoking jacket Eric Tibusch / Body Rick Owens / Leather harness by Tamzin Lillwyhite at Mise en Cage / Pant Eric Tibusch / Shoes Collection FW13 Eric Tibusch / Cuff Hélène Zubeldia / BO Anne Thomas 144


Shirt Zara / Leather bust harness by Murmur at Mise en Cage www.misencage.com / Panties Nathalia Vodianova for ETAM / Ring Dominic Jones / Jewelry nails Bijules / Shoes MIU MIU 145


Skirt Moschino / Milla bra by Lascivious at Mise en Cage www.misencage.com / Shoes Zara / Trench Eric Tibusch / BO Anne Thomas


Maquillage : Emilee Bak Coffure : Quentin N’Guyen Assistant Photographe : Martin Lagardère Location : TenFeetunderStudio@ gmail.com


Gemma Shot By Franรงois Berthier






Location : TenFeetunderStudio@ gmail.com



BERENICE BEJO MAGIQUE

Photos : François Berthier Stylisme : Camille Seydoux Maquillage : Corine Bedot Coiffure : Stéphane Bodin Assistant photo : Martin Lagardère








THE Queen


Shot By Franรงois Berthier Styled by Marz Atashi









Make up by Anne Sissokho & Virginie Rascle Hair by Pierre St-Sever Assisted by Martin Lagardère Merci au Shangri-La, Stylisme : Geoge Hobeika



HOT SHOT

Photographe : Franรงois Berthier Styliste : Tatiana Dumabin

Bra and Suspenders Gucci / String Nathalia Vodianova for ETAM / Panties Dim


Body Princesse Tam Tam / Panties Dim / Leather cage skirt in nude by Chromat at Mise en Cage www.misencage.com



Jacket Tara Jarmon / High waist Nathalia Vodianova for ETAM / Bracelet Swarovski



Nouvelle Justine bra by Bordelle at Mise en Cage High waist brief in cream by Bordelle at Mise en Cage Suspenders with bows by Bordelle at Mise en Cage / Panties Dim

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Maquillage : Emilee Bak Coffure : Quentin N’Guyen Assistant Photographe : Martin Lagardère Location : TenFeetunderStudio@gmail.com

Dress Zara / Body Nathalia Vodianova for ETAM / Garter by Bordelle at Mise en Cage / Socks Princesse Tam Tam / Shoes Collection SS13 Eric Tibusch 181


L’actrice vu dans Batman et 2012 joue à l’héroine Hitchocienne pour TheBlindMagazine

BEATRICE ROSEN












Make up by Hair by Sandra Lamzabi


BLIND TEST

JEMIMA WEST Interview : Auriane Besson / Photos : François Berthier

remarquée dans

Maison Close, la jeune actrice répond à notre Blind Test

Ta Madeleine de Proust ?

Le pays où tu pourrais immigrer ?

Les biscuits Amaretti enveloppés dans du papier coloré

Un pays ensoleillé d'Amérique du sud

Le film qui raconte ta vie ? Il n'existe pas encore. Ton livre de chevet ? Un dictionnaire de traduction!

Archéologue Qui inviterais-tu à ton dîner idéal ? Tous les miens

Un truc de beauté perso ?

Le défaut que doit avoir un homme pour te séduire ?

Une bonne nuit de sommeil

Qu'importe tant qu'il est lui-même!

Ton antistress ?

Le cadeau que tu rêves de t’offrir ?

Un long jogging

Un long voyage à l'autre bout du monde

La tendance mode que tu détestes ?

Libé ou Le Figaro ?

Les baskets compensées

Libé

Le détail chic pour toi ?

Ton proverbe fétiche ?

L'allure

Look on the bright side

Ta série du moment ?

Le disque que tu as honte d’avoir acheté ?

House of Cards

Celui qui a fait ma plus grande joie adolescente : power hits volume 4

Ta chanson pour te sentir bien ? Be my baby de The Ronettes L’insulte que tu préfères ? Fucking Hell Le compliment qui t’énerves le plus ? 194

Un autre métier qui t’aurais plu ?

Tu es si mignonne

Le talent que tu aimerais avoir ? Le chant La dernière question qu’on ne doit pas te poser ? Celle qui figure en dernier sur votre questionnaire


Maquillage : Anne Sisoskho


LA FILLE QUI REND BLIND

MARINA HANDS Photos : François Berthier

Marina rend fou quiconque l’approche. Son sourire désarme. Elle a l’air froide comme la banquise mais elle est brûlante comme un soleil d’été. Elle est timide, dirait-on. Mais pour qui sait la débrider, c’est une bombe. Marina rend fou quiconque l’approche. Dans Jappelou, elle nous a ébloui, dans G.H.B. le prochain film de Laetitia Masson, elle risque de nous droguer à mort...



L’interview Première fois

LA FILLE QUI

Première voiture Une 4L bleu marine. El

Premier souvenir je crie pendant des Au petit jour ma m

Premier métier que tu la cuillère. (écuyère)

Premier baiser Il s’appelait Joachim. j

Premier amour Stéphane. Un bad boy qu

Première fois Stéphane. C’était magique

Premier chagrin d’amour Stéphane. On s’est retrouv

Premier animal de compagnie Taxi, un énorme chat noir qu

Premier disque acheté Renaud. «Le retour de Gérard L

Premier film Culte «Mon oncle» de Jacques Tati. La Premier livre culte «Fictions» de Jorge Luis Borges.

Premier prof détesté Je n’ai detesté aucun prof jusqu’à n’aimait pas son métier, sa vie, cett l’année (quand elle daignait être là

Premier prof adoré Mme Raisonnier, ma maîtresse de CP Premier cuite Ou comment être degoutée à vie du


AURE ATIKA Aure Atika est une icône. Personne ne l’a oublié dans «La vérité si je mens». Pourtant sa filmographie est bien fournie, alternant films d’auteur et grand public. Avant de la retrouver en septembre au théatre, Aure nous raconte ses Premieres fois.

lle est à la campagne.. Je l’ai appelé Marie-Rose..

heures «maman ! » « ode ! » derrière la vitre d’une fenêtre... mère rentre avec un paquet de bonbons.. je devais avoir 4 ans..

u voulais faire )

je devais avoir 13 ans. Sa bouche était chaude, je me souviens encore de son goût...

ui se révéla coeur tendre..

e.

vés plus tard. Mais c’etait passé, c’est lui qui pleura...

e ui se mettait en travers de mon cou la nuit et m’etouffait à moitié.

Lambert».

a maison de la tante truffée de gadgets «modernes» m’avait passionnée.

à cette prof de philo au lycée qui a réussi à ne pas me faire aimer cette matière, tellement elle te matière, nous, moi.. j’ai eu des notes pitoyables et des remarques pleines de mépris toute à). Sauf au bac, un 12, qui m’a bien réconforté..

P. Malibu.. Je préfère ne pas m’en souvenir.


FRONT ROW

Par Marz Atashi

Hair Report Ce qu’il fallait retenir de la Fashion Week A/W 2013/14

Wet look

Côté catwalks, cette saison, le Wet look la gomina persiste et revient l'hiver prochain. Une tendance très répandue sur les podiums automne/hiver 2013/14. Le wet look se porte de préférence les cheveux attachés mais chez Cavalli il se porte détaché lissé et légèrement mouillé. Voici notre secret d'une racine wet qui tient toute la journée: Travailler mèche par mèche et pour s'assurer un parfait wet look, il ne faut pas hésiter à mettre du gel sur les différentes couches de cheveux.

yeux et on décoiffe ses longueurs pour une coiffure d'inspiration grunge ! Les codes de ce look font référence aux années 80/90: cheveux en bataille façon "saut du lit" stylés à la cire, grande tendance des coupes courtes, accompagné d'un maquillage pronon-

cé. L'effet négligé est travaillé et se veut «cool», l'asymétrie est de mise. C'est la coiffure idéale à adopter si l'on souhaite casser les règles.

Grunge

On craque pour la mèche grunge ! Oubliez les franges bien droites et les mèches bien lissées ! La saison prochaine, on laisse pousser ses cheveux jusqu'à ce qu'ils nous tombent dans les 200

Queue de cheval ou Low pony

Sur les podiums cette saison, une nouvelle queue-de-cheval a détrôné le chignon de danseuse. Élégante, toute lisse et sexy, elle se plie à toutes nos envies.


FRONT ROW Queue de cheval basse ou haute, tirée en arrière ou souple avec une mèche, elle est multiple et donne toujours de l’allure. Alors que fait-on de ses cheveux longs lors du prochain hiver? On les attache en queue basse! Soit on adopte un look sophistiqué avec mèche enroulée pour masquer l'élastique, soit on choisit

effet décoiffé ou sage bavaroise, telle est la question. Ramenée sur le devant de la tête, croisée derrière, en cascade sur le côté, toutes les variantes sont permises. Cette coiffure est un statement fort en elle-même, et apporte une touche résolument romantique et douce à celle qui l’adoptera.

Volume XXL

Pas question de passer l'hiver avec une coupe de cheveux triste et un maquillage terne. Place au volume dans dans la chevelure avec les boucles qui donnent cet aspect aérien incomparable. Boucles ultra volumineuses, que l'on peut tenter d'assagir avec une raie sur le côté et une barrette discrète. Accessoirisée (ex: lunettes de soleil), cette coiffure vous donnera des airs de vedette de cinéma vintage. Boucle et volume: nostalgie d'une certaine époque où toutes les femmes portaient des salomés?

un élastique noir et fin, en toute simplicité. Chez Alexander Wang, la queue est d'une autre couleur que le reste de la chevelure, idéal pour briser la routine hivernal et faire rentrer un peu de couleur dans son quotidien!

Braids & romantic La tresse couronne est plus que jamais remise à l’honneur l’hiver prochain;

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FRONT ROW

Par Marz Atashi

Jessica Alba

Lana Del Rey

Jessica Chastain

Terry Richardson@Marc Jacobs Michael Douglas, Hillary Swank, ZoĂŠ Saldana, Jada Smith, Willlow Smith &Paz Vega atMichael Kors

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FRONT ROW

Farida Khelfa

Marc Jacobs

Lou Doillon@ YSL

Garrett Hedlund & Kirsten Dunst@YSL

Anna Wintour & Mick Jagger 203


AUTOMOBILE

Lamborghini Veneno Par Florian Augustin.

La

plus enragée des firmes automobiles a créé la sensation au récent salon de Genève en y dévoilant sa création la plus folle de son histoire. Dans ce monde frappé par l’anonymat et la banalité, l’exclusivité de la belle Italienne se monnaie à prix d’or.

Soyons honnêtes. La probabilité, un jour dans votre existence, que votre route croise celle d’une Lamborghini Veneno est des plus maigres. Et pour cause : afin de célébrer le 50e anniversaire de sa création, le constructeur italien ne produira que trois exemplaires de cette série très limitée. Un contrat lie d’ailleurs Lamborghini à ses clients (deux aux États-Unis et un au Moyen-Orient). Et pour qu’aucun de ces trois messieurs ne ressente une quelconque impression de déjà-vu en admirant leur diva, chaque modèle profitera d’un coloris unique (vert, blanc et rouge) symbolisant l’Italie. La grise, ici présentée, est et restera la propriété de Lamborghini au titre de modèle de développement n°0.

voir se permettre dans le paysage automobile mondial. L’Italienne, née dans la petite bourgade de Sant’Agata Bolognese, en Emilie Romagne, entre Modène et Bologne, hait les compromis et le fait savoir à travers une peau en carbone dont la ligne tendue ne répond qu’aux lois de l’aérodynamique. Ses designers ont répondu aux exigences des ingénieurs en logeant aux endroits clé les diverses ouïes d’air d’admission et de débourrage, alimenté l’énorme aileron grâce à une impressionnante dorsale ou supprimé le pare-choc arrière pour permettre au V12 6.5 litres de 750 chevaux de mieux respirer. Ses jantes de 20 pouces de diamètre à l’avant et de 21 pouces à l’arrière, dont le dessin singent celui dune turbine, possèdent la fonction d’extraire la Son nom, la Veneno l’emprunte à un cé- chaleur des disques en carbone-céramique lèbre taureau de combat espagnol ayant lors des freinages, en aspirant l’air chaud. mortellement blessé, en 1914, le toréador José Sanchez Rodriguez dans l’arène de Développée à partir de la déjà très perforSanlucar de Barrameda, en Andalousie. mante Aventador et dûment homologuée Ce patronyme n’est pas usurpé à l’examen pour un usage routier, la Veneno dissimule de son pedigree et de son physique d’une un châssis lui aussi en carbone lui capable agressivité que seul Lamborghini sait pou- de lui garantir une rigidité structurelle et

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une légèreté voisines à celles d’une authentique voiture de course. Dans le cockpit, dont l’instrumentation rappelle celle d’un avion de combat, point de superflu non plus : là encore il n’y a que carbone, cuir tendu et Alcantara. Ce recours à des technologies et des matériaux d’avant-garde se traduit par un allègement de 125 kg, ce qui est sensationnel lorsque l’on garde à l’esprit que l’Aventador, elle aussi réalisée en grande partie en carbone, n’est pas réputée pour être un pachyderme. Au final, et malgré ses quatre roues motrices qui lui garantissent une motricité sans faille en toutes circonstances, la Veneno avoue 1450 kg sur

la balance, soit un rapport poids/puissance de 1,93 kg/ch. Utile au moment de revendiquer une accélération de 0 à 100 km/h en 2»8 (une Formule 1 demande 2»5 sur ce même exercice…) et une vitesse de pointe de 355 km/h ! Un dernier détail, somme toute futile dans ce genre de relation amoureuse : son prix. Trois millions d’euros… hors taxes. C’est deux fois le prix d’une Bugatti Veyron, mais cette Veneno saura se révéler être un bien meilleur investissement dans les prochaines décennies quand elle foulera la moquette épaisse des maisons d’enchères.

Moteur V12 6.5 litres Puissance 750 ch Poids 1450 kg 0 à 100 km/h 2»8 Vitesse maxi 355 km/h Exemplaires produits 3 Prix 3 millions d’euros HT

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CHRONIQUES CD

Par Morgan Le Bervet et Dine Delcroix

Jacco Gardner – Cabinet Of Curiosities La pochette elle-même justifierait l’achat de ce disque. Oui disque. En vinyle. Long Play. Grand format. Cela peut paraitre anachronique à l’heure du téléchargement à outrance («youpi, j’ai downloadé 23 albums des Rolling Stones en une heure» !, à quoi bon). Mais il existe des choses précieuses. Des gens raffinés. Dont on respectera suffisamment l’œuvre pour faire l’effort surhumain de se rendre chez un disquaire, sortir le disque du bac, s’émerveiller devant la beauté de ce recto luxuriant, payer l’objet, le ramener chez soi, rester ébahi devant ce tableau. Attendre…Faire durer le plaisir. Ne pas bouder le plaisir de l’œil. Faire monter le désir. Enfin, enfin, poser le disque sur sa platine. Plaisir des sens. On irait jusqu’à renifler le carton. Et là, ces fameuses choses précieuses viennent respirer à nos oreilles. Jacco Gardner pratique une pop raffinée. Précieuse oui. Le gars est un orfèvre. Doué. Multi-instrumentiste. Citant d’obscures références 60’s (à l’inverse de Foxygen qui se réclame ouvertement des Stones et des Kinks !), ce très jeune américain connait aussi les Zombies ou The Left Banke. Pénétrer ce Cabinet Of Curiosities, c’est pénétrer dans la forêt énigmatique de la pochette. On ne parle pas de voyage ici, au sens psychédélisme du terme, même si le disque regorge de références psychés. On parle de découvertes de trésors à portée de main. On parle de plongée dans les mers du Sud, de visite de cavernes magiques, de coffres forts oubliés dans les caves d’appartements antiques. Mais attention, rien de nostalgique ici. Droit en arrière vers le futur. Un œil dans le rétroviseur, une main sur le volant. La tête dans le guidon. Les yeux dans le baroque. Principalement basés sur des claviers délicats, planants et et entêtants (mais moins dominants que les expérimentations récentes de Tame Impala), les chemins empruntés par l’obsédantes «Where Will You Go», la déliquescente «Lullaby», la grandiose ouverture «Clear The Air» et «The Ballad Of Little Jane» donnent envie de tomber amoureux de la vie. Encore un artiste qui survole ses contemporains en visitant hier pour mieux nous emmener demain. La mélancolie, oui. La nostalgie, jamais. Le jardin de Gardner nous propose encore bien des mystères.

CHARLI XCX: «TRUE ROMANCE» (12 Avril 2013) En gestation depuis la rencontre de Charli XCX avec le producteur Ariel Rechtshaid à Los Angeles début 2010, ce premier album devait initialement voir le jour en Avril 2012 mais la jeune anglaise de 20 ans a pris le temps de séduire avec quelques mixtapes et EPs en guise de mise en bouche avant de dévoiler «True Romance». Le titre de l’album est emprunté au film du même nom sorti en 1993 et précise d’emblée l’honnête de ce disque sur lequel de grands noms de la sphère indé (Blood Diamonds, Gold Panda...) ont collaboré sans jamais perdre l’essence et le phrasé particulier de l’intéressée. Étonnamment excentrique, cet opus explore la facette romantique de son auteur à travers des textes personnels que la pop sournoisement subversive des producteurs dédramatise. Une confirmation !


M83: "OBLIVION" - BANDE ORIGINALE DU FILM (9 Avril 2013) Joseph Kisinski a choisi les français de M83 pour composer la bande originale de son nouveau film, "Oblivion". Le réalisateur avait déjà fait appel au duo Daft Punk pour la bande son du film "Tron - L'Héritage". Il a confié avoir demandé à M83 de faire l'habillage sonore de cette dernière réalisation futuriste car la musique du groupe l'a accompagné durant l'écriture du scénario. Très populaire aux États-Unis depuis sa création en 2001 à Antibes, M83 est un des groupes de musique électronique les plus prometteurs de sa génération. Il propose avec "Oblivion" un septième album aux pistes electro-séraphiques qui apportent au film toute la pertinence qui manque à son histoire. Disponible en version simple 17 pistes et en édition 'deluxe' 30 pistes, cette bande originale ravira les amateurs du genre.

JAMES BLAKE: "OVERGROWN" (5 Avril 2013) Après le succès commercial de son premier album, James Blake revient avec "Overgrown", un disque moins dense sur le plan atmosphérique mais nettement plus structuré que son prédécesseur. Ce nouvel opus se concentre sur le piano obsédant et sur les lignes vocales du jeune anglais que beaucoup considèrent comme le pionnier du mouvement post-dubstep. Le chanteur semble avoir trouvé le terrain d'entente idéal entre ballades sobres et orientation électronique. L'ensemble est agréablement mélancolique grâce à des choix de production habiles, mêlant la résonance dubstep à la basse subsonique. "Overgrown" se révèle lentement et déploie des lignes de synthés d'une simplicité trompeuse mais accrocheuse car Blake sait justement insuffler un sentiment envahissant à ses compositions. Une suite logique !

JESSICA SANCHEZ: "ME, YOU & THE MUSIC" (30 Avril 2013) "Me, You & The Music" est le premier album de Jessica Sanchez. Cette californienne de 17 ans a participé à la onzième saison de l'émission "Amrican Idol" dont elle était la finaliste face à Phillip Phillips en 2012. Précédé par le single "Tonight" en duo avec Ne-Yo, ce début témoigne d'une polyvalence vocale impressionnante. Malgré les inévitables comparaisons avec Beyoncé et Rihanna, la chanteuse n'en reste pas moins une artiste à part entière et livre un essai urbain à la fois pop et R&B, délicieusement parsemé d'electro qui réunit des collaborations de Sia, Benny Benassi, StarGate ou encore Prince Royce. Et pour étoffer sa promotion, la demoiselle vient de confirmer sa participation à la série musicale "Glee" pour deux épisodes de la saison 4, actuellement diffusée aux États-Unis. À découvrir absolument !

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