Route 254 -#1-

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Route 254 été 2009

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Route 254. De Tokyo-Ikebukuro à Kawagoe ; au-delà même, s'enfonçant dans le Saitama rural des montagnes, vers le Nord. Le Nord-Ouest. La route de Kawagoe (Kawagoe-Kaido). C'est un bruit de fond permanent, des couleurs, des odeurs et des histoires. Des histoires qui défilent à 40 km/h. La Deux-Cinq-Quatre (ni-go-yon). Une route qu'empruntaient autrefois les sujets du château de Kawagoe pour gagner Edo. De la capitale économique et politique du Japon à Koedo (la petite Edo) la capitale de la patate douce. Une route qu'empruntent chaque jour des milliers de voitures et de camions, des ambulances et, des motos le week-end qui pétaradent pour réveiller le voisinage. La Kawagoe-kaido et le long de son parcours. Il y a des temples qui existent depuis toujours ; des relais et des auberges aujourd'hui disparus ; des kimono-ya qui disparaissent à petit feu. Des stations-services et des concessions automobiles qui existent depuis peu ; des fast-foods et des family restaurants, des pachinko et puis des love-hotels à la place des auberges. On y habite à proximité et c'est presque toujours le point de départ de nos histoires, de ce petit quotidien nippon, de ces petits détails d'une vie japonaise. La route 2-5-4

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Autour d’un plat

De catégorie B On s’y était arrêté, pour y manger quelques sushi, bien sûr et puis en apéritif, des huîtres aussi. Si en été, on évitera celles de Hiroshima que l’on préférera alors frites et à défaut de celles en provenance de Miyagi - le top -on se rabat sans peine sur celles de Chiba qui au final, ne sont pas si mal.

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Autour d’un plat

De catégorie B

– Sans ponzu, … Hein ! – Oui-oui, je sais, juste un peu de citron ! Je n’ai strictement rien contre cet accomodant, sauf avec mes huîtres car ce que j’aime retrouver avant-tout avec elles, c’est bien sur, le goût de la mer. Ainsi, si à force de vivre le Japon au quotidien, je me suis accoutumé sans aucun effort aux particularités locales et aux diverses préparations qui accompagnent ces aliments que nos deux cultures partagent en commun ; pour les huîtres, c’est non. Ainsi, même s’il est impossible de se voir servir une petite vinaigrette à l’échalotte, quelques tranches de pain de seigle avec du beurre pour aller avec ces fruits de la mer, il est hors de question de céder au ponzu ! Après avoir englouti sans aucun ménagement ce petit en-cas iodé avec un peu de nihon-shu et en attendant ce set toku-jô – constitué uniquement de poissons de 1er choix – que je me suis empressé de commander, je faisais remarquer que si d’aventure, la jeune fille qui trône sur le calendrier à effeuiller, venait à prendre place dans ce sushi-ya, elle serait fort désappointée de constater que son visage se trouve masqué par un vilain porte-clef. Ce n’est pas n’importe qui, c’est tout de même une idol ! – Qui ca ? Ah elle … ! Bah, bof, ce n’est qu’une idol de catégorie B ! J’appris ainsi, ce lundi 03 août 2009, que tout comme les huîtres ou bien comme pour les sets des sushi-ya – nami, jô et toku-jô – les idol elles, se voyaient ainsi catégoriser, en fonction de leur popularité (1 kyu, 2 kyu, 3 kyu, …) mais que pour faire court et surtout plus simple, on pouvait les ranger en “catégorie B” (B kyu) ce qui correspondait à une place moyenne dans une échelle propre à cette industrie du divertissement. Les huîtres de Chiba, étaient néanmoins tres goûteuses !

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Le but de l'homme sur terre ;

Kyûshô-ji Approximativement une heure de route, peut-être un peu plus. D’abord par la Kan-Etsu, jusqu’à Hanazono IC puis par la Minano-Yorii Bypass. Cette dernière, une simple route mais à péage et dont les deux-tiers du chemin vous plongent dans l’obscurité de ses longs tunnels creusés en ligne droite dans la montagne ; permettant de gagner Chichibu depuis Yorii sans avoir à longer la rivière Arakawa et la ligne de chemin de fer Chichibu tetsudô, sans avoir à rouler à flanc de montagnes surtout !

« - Mais qu’est-ce qui te fait rire ainsi ? »

« - Ah ! Hum, ... J’étais entrain de pester intérieurement sur le fait qu’ils auraient pu éclairer correctement leurs tunnels ; je ne m’étais pas rendu compte que ... J’avais garder mes lunettes de soleil ! 5


Kyûshô-ji

Elle avait voulu voir ce temple dont elle avait découvert une photo sur Internet, le temple de Kyushô-ji, je ne sais pour quelle raison obscure, si ce n’est qu’il possède une histoire particulière. Kyushô-ji, sis à Chichibu et numéroté “25″ selon l’ordre de visite lié a la tournée des “34 temples en Chichibu” un pèlerinage dédié à Kannon. Et nous, nous tournerons plus d’une heure, le long de la route 140, à sa recherche. La carte touristique “Chichibu et sa région” que l’on nous a donner au péage pêche par son manque de précisions. Alors, nous nous arrêterons au sommet du barrage d’Urayama qui domine la vallée, pour la contempler ; pour y visiter le petit musée de l’histoire hydraulique de la région et pour y faire une pause, quelques pas sous le soleil. Pour y admirer des photos du making-of d’un épisode des power rangers dont le barrage hydraulique de Urayama en fut un jour, la vedette … Avant de reprendre la route à la recherche deKyûshô-ji.

-Il ne faut jamais abandonner ; toujours aller au bout de son idée, au bout de ses reves !

- Ouais-ouais !

Nous finîmes enfin par le trouver, ce temple. Elle en avait marre et voulait rentrer. Nous faillîmes nous disputer. Avant de sortir de la voiture, sur le petit parking alloué au temple, j’en profitai pour lui assener une petite leçon de choses. Apparemment, kyûshô-ji se méritait et ne se laissait pas découvrir aussi facilement, il fallait tourner à droite après le home-center “Cainz Mart” et prendre la petite route étroite adjacente, cela sur deux kilomètres environs, tout près de la rivière ! C’est un panonceau en bois, accusant cruellement les épreuves du temps qui mis enfin, fin à notre quête. L’endroit était calme, autour de nous, seules quelques maisons se concentraient sur un côté, le long d’un petit chemin qui menait au temple ; l’autre côté était quant à lui occupé par une petite montagne boisée. Le son du petit ruisseau qui coulait aux pieds de ces maisons était masqué par celui des cigales qui s’en donnaient à coeur joie. Après quelques pas, je m’arrêtai pour y regarder une maisonnette dont un panneau la proposait à la vente. Je me serais bien vu y vivre. C’est la pelouse verte devant la maison qui l’espace d’un instant a fait apparaître dans mon esprit, un nuage de mots clefs évocateur : transat, barbecue, brochettes, sieste, rosé, chapeau, livre, parfum floral …

Elle me fit signe de regarder la maison voisine, il s’agissait d’un petit tsuri-jô ; un bassin pour la pêche de loisir et sa buvette. Quelques tables et chaises étaient disposées en terrasse où nous aurions pu nous désaltérer si le lieu avait été ouvert. Nous pensions que cela était une excellente idée de sortie à faire un de ces jours avec la petite qui adore la pêche.

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Kyûshô-ji

- Ah, bien vous voilà ! Vous en avez mis du temps !

Cela venait du potager d’une maison qui faisait face à l’entrée du temple. Une dame entre deux âges, au milieu d’herbes hautes, se releva puis après avoir dégager ses longs cheveux noirs qui lui tombaient sur les yeux nous regarda, puis s’excusa tout en nous délivrant un large sourire ; elle nous avait pris certainement pour des voisins, des proches tout du moins. Nous lui rendîmes son sourire et pénétrâmes dans l’enceinte de Kyûshô-ji après avoir pris la peine d’inspecter le torii. Celui-ci possédait deux petites chambres abritant ses deux niôzo, gardiens du lieu, des intempéries. "Ah vous voilà, vous en avez mis du temps” ; c’est vrai que nous en avions mis du temps avant d’arriver jusqu’ici !

La légende Il était en ces lieux, une dame crainte car extrêmement méchante, tout du moins; selon les villageois qui finirent par chercher à s’en débarrasser en la la précipitant dans Arakawa, la rivière qui coule non loin de là, un peu plus bas. Cela, sans qu’aucune forme de procès n’ait été organisé. Elle en survécut et ira se tapir dans la montagne d’où elle mettra au monde, une petite fille qu’elle élèvera seule et dont la bonté et la gentillesse seront reconnues par tous. Cette dernière, à la mort de sa mère, fera ériger un temple à sa mémoire ; le temple de kuûshô-ji.

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Ky没sh么-ji

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Kyûshô-ji

L’homme au chapeau de paille Nous nous étions salués brièvement, juste avant qu’il ne se dirige vers l’autel et de secouer son grelot afin de réveiller les dieux, prévenant de son intention de prier. Il dut s’y prendre à deux fois avant de réussir à y sortir le moindre son. Il s’épongea alors le cou et la nuque à l’aide de sa serviette en coton puis se dirigea vers le temple principal. Nous prîmes sa place autour du grelot aphone pour une prière expresse. Nous le retrouverons un peu plus tard, s’épongeant à nouveau le cou et la nuque sur un banc jouxtant le bâtiment de Kyûshô-ji. Derrière lui, le bonze qui après nous avoir salué et après avoir vérifié que nous n’avions aucune requête à lui formuler, entamait la fermeture au publique du lieu sacré. C’est la, que nous commençâmes notre conversation. En nous dirigeant ensemble et d’un pas lent, vers la sortie. Il venait de Tachikawa, une ville administrativement tokyoïte située à l’Ouest, par delà les montagnes de Chichibu. Cela faisait quelques jours qu’il avait entreprit le pélerinage des 34 temples. Ainsi, très tôt chaque matin, il quittait son domicile pour se rendre en train, puis à pieds jusqu’au dernier temple visité la veille et poursuivanr ainsi son périple à raison de quatre à six temples par journée. Le soir venu, il regagnait de la même façon sa ville. Nous avions, nous aussi et avec la petite, effectué un petit pèlerinage de la sorte mais qui ne nous prit qu’une seule journée de marche. Il s’agissait des “7 temples de kawagoe“, un pèlerinage qui s’effectue durant O-shôgatsu afin de bien attaquer la nouvelle année grâce à la protection des dieux recueillie. Contrairement à notre pèlerin au chapeau de paille, à Kawagoe, durant ces douze kilomètres de marche, nous n’étions pas seuls à effectuer notre pèlerinage et nous partageâmes notre chemin avec de nombreux autres pèlerin.

Nous regagnerons la sortie en faisant un petit crochet par les plans d’eau situés près du bâtiment principal. Le petit étang recouvert de nénuphars retiendra notre attention, nous y marquerons une brève halte. Notre homme fouilla dans son sac et y sortit une cigarette sans filtre puis regarda vers le lointain et nous fit part de son intention de faire les “88 temples du Shikoku“, quand il aura fini celui-ci bien sur. Je profitai de cet arrêt pour profiter de la beauté de ce lieu, remarquant un choix unique de verts qui s’étalaient en dégradé. Des verts les plus foncés, en levant les yeux vers la cime des arbres de la montagne, à des verts presque fluorescents de ce champ de nénuphars en contrebas, juste à nos pieds. Je m’étais désolidariser de la conversation, pour y prendre quelques photos aussi, après avoir dû faire un rapide ménage dans la carte mémoire du petit numérique qu’elle m’avait prêté. Cette fois-ci, le puissant son des cigales se mêlait avec ces bribes de paroles que j’entendais sans vraiment écouter.

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Kyûshô-ji

Il avait alors fait, plus jeune, les chemins de Compostelle, les temples grecs, le mur des lamentations et puis La Mecque aussi.

- Hein ? Non, La Mecque aussi ?

Je rangeai le petit numérique dans son étui, il alluma sa cigarette, je refaisais surface et tentait de revenir à la conversation. Oui, il avait été jusqu’en Arabie pour voir La Mecque, n’y avait pu y entrer mais ce n’était pas grave puisqu’il voulait juste y sentir l’ambiance général.

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Kyûshô-ji

- C’est dommage que nous ne sommes pas venus plus tôt à la visite de ce temple, nous aurions pu profiter du spectacle de ces fleurs ouvertes et puis d’ailleurs, le temple aussi ferme.

Nous acquiesçâmes. Nous fûmes à présent alignés face aux nénuphars que nous regardions comme pour occuper nos yeux pendant que nous l’étions à écouter et à parler, puis après un moment de silence, il reprit la parole,

- Après tous ces pèlerinage à travers le pays et à travers le monde, je m’interroge, je m’interroge sur le but de l’homme, de l’être humain sur cette terre ! Mais à quoi tout cela sert ? Ces adorations, ces temples et ces églises, ces pèlerinages ? Peut-être à vivre en communauté avec ses voisins avec qui on partagerait la même coutume, ...je ne sais pas !

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Kyûshô-ji

La contemplation Depuis notre point d’observation, le champ de nénuphars dont nous contemplions la beauté comme si cela avait été un jardin zen ; nous nous tournâmes ensuite de concert vers ce petit étang vierge de toute plante aquatique. Le petit sentier sur lequel nous nous trouvions et où nous tenions conversation servant de séparation entre ces deux plans d’eau, de séparation entre deux scènes totalement différentes mais qui à portée d’oeil, nous offraient ces deux clichés qui faisaient partie du même slide-show, accentué sur le fait qu’il nous avait tout simplement fallu tournoyer sur nous-mêmes pour nous transporter devant ce nouveau décor. Le ciel, les arbres, les montagnes, le premier temple après le torii, tout se reflétait sur ce miroir lisse. Nos regards se dirigeaient à présent vers l’extérieur, vers ce monde que nous nous apprêtions à rejoindre. Avant cela, je me posais la question de savoir pourquoi de ce côté-ci de l’étang, aucun nénuphar n’était venu coloniser l’endroit. Je notais l’existence de rigoles de communications entre les deux étangs, la présence de gros robinets en acier permettant la régulation du niveau de l’eau entre les deux bassins, comme il en existe à proximité des rizières mais cela ne répondait aucunement à ma question. Au moment où le vieil homme s’apprêtait à prendre congé, je lui proposai de profiter de notre voiture afin de le rapprocher un peu. J’insisterai mais il refusera poliment. Elle me rappellera que pour que son pèlerinage soit “valable” il était nécessaire que celui-ci se fasse sans aucune aide extérieure. Nous le regardâmes en silence, s’éloigner jusqu’à ne plus voir qu’un chapeau de paille flotter au milieu des herbes hautes. Nous restâmes encore un moment à contempler ce reposant paysage. Je repensais à notre homme qui profitait de sa retraite et autrefois de ses temps libres pour y effectuer tous les principaux pèlerinages à travers le monde et ce, quelque en soit la religion. Il cherchait une réponse à une question. C’est ce qui semblait le faire avancer.

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Kyûshô-ji

Nous ne prîmes pas la voiture immédiatement, préférant poursuivre notre petite marche, sur cette route étroite partant du parking et qui s’enfonce dans les bois derrière le temple de Kyûshô-ji. On se demandait bien ce qu’elle pouvait desservir cette route et ce que l’on pourrait y trouver au sommet de cette petite montagne. Etaitce là, tout simplement un accès de service destiné à l’exploitation forestière ou bien cela débouchait-il sur une vieille ferme, un terrain de camping en plein bois comme il en existe beaucoup dans les environs ? Passés les quelques maisons qui encerclaient le lieu sacré, nous nous retrouvâmes très vite au frais ; de grands arbres de chaque côté, une petite source entretenue qui devait arroser les nénuphars en contrebas, un petit vent léger, des oiseaux qui s’égosillent, une odeur sylvestre. Cependant nous arrêterons très rapidement notre progression suite à ce bruit sourd que nous entendîmes sortir du bois ; un inquiétant grognement lent et insistant, une corne de brume toute proche qui faisait oublier le chant des cigales et ceux des oiseaux qui nous avaient accompagner jusqu’ici tout comme le bruit du vent qui faisait onduler les herbes du sous-bois disparurent. Le temps d’un regard, nous nous prîmes la main et dévalèrent la petite route sans mot dire, jusqu’au petit parking où nous attendait notre voiture. Je me rappelai cet écriteau vu au sommet du barrage de Urayamaguchi qui mettait en garde les randonneurs des serpents, des frelons mais aussi des singes et autres ours peuplant la forêt. Ce grognement, je ne saurais pourtant l’identifier. Nous quittâmes notre stationnement, il était temps de nous rentrer à présent. Juste avant de retrouver le route 140, notre voiture croisa celle de la femme au potager qui nous salua,

– Qu’est-ce qu’elle a dit ?

– Elle nous a dit Ciao !

– Elle a dit Ciao mais comment sait-elle que tu es Français ?

– Ciao, c’est italien ! Non c’est ... international !

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POP-CONE

ostentatoire c么ne

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Tokyoites Une rencontre furtive. Une banquette de train, une banquette de métro et les voyageurs qui y ont pris place pour un voyage à l’intérieur de la mégalopole. Une petite plongée dans le vrai Japon, le Japon de tous les jours. Tokyoïtes n°34 ; " Regards "

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densha de go !

La cigale de minuit-dix Mardi soir, Il y avait assise sur la banquette en face, une jeune fille à la plastique fort agréable qui provoquera un attroupement de regards indiscrets, sur sa personne, j'ai eu grande peine à me concentrer sur les pages de ce livre dont je venais d'entamer la lecture durant le voyage aller. La provocante arborait un méchant décolleté dont je ne parvenais pas à m'extraire. Il en fut tout autrement le lendemain, puisque ce mercredi, aucun divertissement extérieur ne vînt contredire mes projets de lecture. J'avais même trouvé une place sur une banquette du train de 23 heures 42. Vendredi soir, il y avait là un homme d'une quarantaine d'années, qui était monté à la même station que moi, il prit place debout, face à une banquette et se mit à chanter en fermant les yeux dans le train de minuit-vingt. Il semblait heureux. J'imaginais qu'il revenait d'une soirée karaoke avec des collègues de travail. La dose d'alcool qu'il avait certainement dû absorber, puisqu'il était visiblement ivre, faisait qu'il avait toutes les peines du monde à articuler correctement mais parfois, le plus souvent au moment du refrain, les paroles devenaient plus audibles ; il s'agissait d'une chanson d'amour. Il cramponnait ses deux mains aux poignées courantes lui permettant d'obtenir un semblant d'équilibre ; bien que son corps se dandinait dans toutes les directions, épousant ainsi le roulis du train. Il ressemblait de ce fait à un pantin que l'on animait depuis le dessus et que l'on faisait danser dans un décor de guignol. Alors que la veille, jeudi, mon attention s'était portée sur la mère de ces deux petites filles qui roupillaient à ses côtés, sur la banquette du train de 23 heures 55. A leurs pieds de nombreux sacs en plastiques estampillés Disney, sans aucun doute, gavés de produits dérivés made in China, trahissant le lieu de leur pèlerinage : Tokyo Disneyland. La journée avait dû être longue et éprouvante, c'est ce à quoi je pensait en l'observant se masser cette jambe qu'elle avait déposé sur la banquette, après avoir ôté sa sandale. Chaque pression, qui sur le mollet, qui sur la cuisse s'accompagnaient de mimiques que marquaient exagérément son visage et dont je tentais de déceler si elles exprimaient une sensation de bien-être retrouvé ou bien de douleurs encore présentes. Samedi, la rame était bien moins fréquentée que les jours habituels, normal c'est week-end. Il y avait de nombreux jeunes gens en yukata qui rentraient d'un quelconque feu d'artifice. la rame était donc calme ; on y discutait à voix basse, on s'y envoyait des mails ou bien on y regardait un programme télévisé sur son portable, on y lisait, j'y poursuivais la lecture de ce livre entamé cette semaine. Un roman passionnant, avec des intrigues, du suspense, de l'action et un intrus qui fera son apparition dans le train depuis cette petite gare qui n'est pourtant jamais très fréquentée ; OK, j'ai compris, je refermerais ce livre dont il me sera impossible de poursuivre la lecture. Pourtant, point de salary-man éméché, de lycéens bruyant ou de jolies demoiselles distrayantes ; l'événement de la soirée était à mettre sur le compte d'un insecte qui fera une entrée remarquée dans cette paisible rame, une cigale. Oui une grosse cigale dans le «semi ... -express» de minuit-dix ! Qui, certainement prise d'un coup de panique de se retrouver ainsi confiner dans cet espace restreint, qui plus est, rempli d'hostiles humains ! L'insecte volait d'un bout à l'autre de la voiture à la recherche d'une issue, se cognant avec énergie contre les tubes néons du plafond, également contre les fenêtres parfois ; en émettant ce son métallique propre à ce genre de grosses cigales que l'on rencontre de ce côté-ci de la planète et normalement pas dans un train. La bête sans doute énervée piquait de temps en temps sur ces voyageurs assis sur banquettes et qui lors de ses aller-retours intempestifs, pendant que nous nous penchions tantôt à gauche, tantôt à droite, me procurant la joyeuse impression de participer à une fête de la bière dans une petite salle communale ! A force, deux ou trois jeunes filles en yukata qui semblaient agacées par la situation, finirent par se lever et se dirigèrent dans la voiture voisine, sensiblement moins agitée. La cigale, remarqua que la porte de communication entre les deux voitures n'étant pas fermée, ira faire chier son monde dans le wagon d'à côté. Au bout de quelques minutes, les deux ou trois jeune filles en yukata réapparurent en faisant une moue de dépit, tandis que l'on pouvait observer à l'autre bout du train, un voyageur qui à l'aide d'un canard, tentait de faire fuir une cigale en faisant de grands gestes.

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Et la fourmi ? 18


Un été sans kaki-gôri, sans matsuri, sans ombrelle, sans radio-taiso, sans fuurin, sans sômen, sans vacances d'été, sans cigale et puis ... Ah ! Sans moustique, ne serait pas un été ! Ils ont tardé à faire leur apparition et on s'en serait bien passé ! L'été a donc été ... Plutôt frais cette année, voilà là, très certainement la raison de leur absence ! ... Et puis, un été sans climatisation, sans beer-garden, sans feux d'artifice ni yukata, un été sans barbecue et sans moustique qui s'invite à la fête, ne serait pas un été ; les voilà de retour.

Et les moustiques ... ?

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Fréquences

A une fréquence d’un jour sur deux, les 9, 11 et 13 août 2009 ; forcément on y pense un peu plus qu’à l’accoutumée ...

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Four seasons ; 16 août 2009

Yado-Kari "Non !?? Ca, c'est pas un peu trop, ... Trop con !? Non, je dis ça parce qu'à chaque fois que tu t'approches du vivarium, ils s'enferment dans leurs coquilles !" 22


C

omme chaque année à la même époque, un jeune couple de Kabuto-mushi a

emménagé dans le petit vivarium en plastique et pour la première fois cette année, la petite avait ramené de la bibliothèque quelques ouvrages sur le sujet. Un livre sur la meilleure façon de soigner ces bestioles et un autre, plus généraliste, sur les différentes variétés de ces gros coléoptères que l'on peut rencontrer dans les forêts humides de l'Archipel, le tout généreusement illustré de photographies. A ce propos, on pouvait y voir, un de ces hercules, photographié de dos, en train de pisser et nous fûmes tous les deux surpris par la puissance et la longueur du jet de la bête ! Ces kabuto-mushi auront donc remplacé, les écrevisses qu'elle avait été cherchée avec le petit Akimoto-kun et ses parents, un samedi après-midi, dans un de ces petits cours d'eau de la région qui se jette dans l'Arakawa. C'était une première pour nous que d'élever des écrevisses ! Honnêtement, c'était pas super passionnant d'accueillir ces pensionnaires. Il faut dire aussi, qu'on a déjà, trois poissons rouges dans l'entrée et une perruche (Piyo-chan) dans le salon. Pour ce qui est de la dernière livraison, celle-ci me laissa également pantois. Les dernières bestioles a avoir élu domicile chez nous ont pour nom, " yado kari " et jamais non jamais je n'aurais imaginé qu'on aurait eu de tels trucs à la maison. Au début, j'ai pensé que nous étions des originaux ; qu'il n'y avait que nous pour se retrouver en possession de yado-kari comme animaux de compagnie ! Jusqu'à ce que oui, nous nous rendîmes au pet-shop attenant au gros supermarché Olympic le long de la Kawagoe-kaido. Parce qu'il nous fallait donc, acheter du sable et de la nourriture pour nos deux bernard lhermitte ! Oui, on traduit donc yado-kari par, bernard lhermitte ! Je fus stupéfait d'y trouver un espace consacré à nos animaux et plutôt bien fourni, preuve irréfutable qu'élever ce genre de ... Machins est loin d'être rarissime dans ce pays. Oh ! Outre le sable pour le vivarium et la nourriture spéciale pour yado-kari, j'y ai vu un choix impressionnant de coquilles de "rechanges", certaines customisées, comme ces modèles treillis militaires, ballon de foot, arc-en-ciel ou encore "drapeau rasta" ... De l'eau minérale pour yado-kari, des bois pour crapahuter dans le vivarium, et puis et puis ... Oh ! Ah bah ça si on avait su ! Il y avait aussi pas mal de trucs pour les ecrevisses !

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«autour d’un plat» ; 17 août 2009

Miniatures " - Mais !? Qu'est-ce que tu fais avec ces shirasu ? Mets donc ces petits poissons sur ton riz plutôt que de jouer avec ! " " - Je ne joue pas ! Je cherche des petits crabes et des mini crevettes, on en trouve presque toujours dans un paquet ... Tiens là !!

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Tête de gondole

Tête de gondole

Boire du café en canette ! Boire du café en canette avec un arc-en-ciel sur l'emballage et flirter avec l'air du temps ; boire du café en canette peut aider à voir le bon côté des choses, de croire en l'avenir, à la reprise économique, d'être po-si-tif ! C'est pas moi qui le dit ; non non c'est la tronche vedette de chez Boss (Suntory) qui se le dit en fixant l'horizon avec un ciel sombre en arrière-plan ! Toi aussi, bois donc une gorgée de Boss, ça ira mieux après. 25


Un instantané, s’il vous plaît !

Eki-odori

Eki-odori, on a déjà la choré, reste à trouver les paroles et la musique !

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Un voyage en trains Un voyage en trains, ça commence d'abord par un voyage en train, puis une correspondance plus tard, par un voyage en New-Shuttle. Une sorte de petit métro aérien qui dessert les quartiers excentrés de Saitama-shi, la ville ; depuis Ômiya, en longeant en contrebas, la ligne du Tohoku-Shinkansen. Jusqu'à l'ouverture en 2007 du musée, le petit métropolitain ne se contentait que d'une mission de désenclavement en transportant ses hordes d'employés de bureaux vers des lignes de trains classiques mais depuis qu'il le dessert, le new-shuttle se remplit régulièrement de familles caméscopées, habillées chez Uniqlo de la tête au pieds venues passer une journée au Tetsudô hakubutsukan, le musée du train made by JR.

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Densha de go ! Un voyage en trains

The First Je me serais installé dans un de ces fauteuils à l'incomparable moelleux puis aurais rangé mon billet dans la poche intérieur de mon veston. J'aurais une nouvelle fois touché la qualité du tissus recouvrant l'accoudoir en accompagnant ce geste d'un petit sourire résumant à lui seul la satisfaction d'avoir pu prendre place dans cette voiture. Je crois bien qu'ensuite j'aurais croisé les jambes, oui très certainement. Le personnel de bord m'aurait salué avec courtoisie à chacun de leur passage et je ferais attention à l'arrivée des autres voyageurs qui commencent à prendre place dans le compartiment. Je me dis à cet instant qu'à chaque fois, je ne peux m'empêcher d'arriver trop à l'avance. La porte du couloir se serait une nouvelle fois ouverte et, dans cet halo de lumière venant de l'extérieur de la voiture, dû aux lampadaires qui éclairent les quais, se serait dessiné une silhouette fine, rectiligne, celle d'une jolie jeune femme cherchant des yeux la place qui lui était allouée. Elle se dirigerait alors avec une extrême élégance jusqu'à son fauteuil, pas tout à fait en face de moi mais suffisamment pour qu'elle remarque que son arrivée n'avait pas laissé indifférent. C'est alors que j'aurais consulté brièvement ma montre, ceci me permettant d'occuper mes yeux ailleurs puis je crois bien que dans la foulée, je commencerais à feuilleter le magazine de la compagnie ferroviaire. La qualité du papier est à l'image de ce train dans lequel les voyageurs finissent de prendre place petit à petit. Je peux y voir quelques très belles photographies qui mettent en valeur les différentes régions que desserviraient notre "Limited express". Une voix calme et posée, très professionnelle sortant de nulle part annoncerait le départ imminent, énumérant les arrêts qui ponctueraient notre voyage, les horaires aussi ; mes compagnons de voyage à l'unissons, consulteraient leur montre et moi je m'abstiendrais tendant l'oreille ; la voix calme et posée indiquant à ce moment, la situation de la voiture-bar et du wagon restaurant et quelques autres facilités réservées aux voyageurs que nous sommes. " Qu'est-ce que tu fais ? Tu restes encore longtemps devant ce train ? Nous on va aux toilettes, on se retrouve devant la grande loco à vapeur ?"

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Densha de go !

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Densha de go !

Un voyage en trains : Tetsudô Hakubutsukan Un beau musée du train que voilà ; avec de belles pièces exposées même si on pourrait regretter que l'histoire du rail - qui est une des clefs du formidable développement du pays - n'ait pas bénéficié des mêmes efforts que ceux déployés pour les diverses attractions qui font la joie des enfants à l'image de ces modèles réduits que l'on peut piloter sur un circuit extérieur, faisant voyager papa et maman en abusant du klaxonne. Ce n'est finalement pas un musée que JR-East a réalisé, c'est un parc d'attractions ! C'est au tour de la grande loco de faire le show, elle se met à siffler, tout le monde sursaute puis se mettent à rire ... Ooh la la !

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Densha de go !

Avant le Shinkansen, on prenait ces express qui traversaient tous le pays à la vitesse de 163 km/h. Ce sont ces trains, que les plus âgés d'entre-nous retrouveront avec nostalgie ; se rappelant cette époque où ils quittèrent leur région natale pour rejoindre Tôkyô, Saitama ou Chiba ; pour grossir les rangs de ces Hitachi heavy industries, Kyocera, Mitsubishi, Toppan ou encore Dentsu et d'autres ... Ces mêmes express que l'on retrouvait à l'époque, une ou deux fois l'an, rarement plus pour revivre de trop courts moments dans son furusatô. Je n'aurais donc jamais eu l'occasion d'emprunter un de ces rares express encore aujourd'hui en circulation ; je prendrais cependant place dans un de ses fauteuils dans une voiture transformée en salle de repos et y avaler un eki-ben acheté au kiosque voisin. Malheureusement aucun paysage ne défilera devant mes yeux ...

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Densha de go !

Ma nostalgie à moi, je l'a découvrirais devant un modèle qui vient de partir définitivement à la retraite, un Shinkansen, série "0" d'avril 1964 avec lequel j'aurais avalé quelques kilomètres, il y a déjà un peu plus de dix ans ...

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Densha de go !

L'histoire de la JNR ( Japan National Rail) puis de ce qui deviendra la JR-East (Région de Tôkyô et Nord du pays) qui se résume en une fresque panoramique digne d'un devoir de fin d'année réalisé par le lycée de Oomiya, décevant !

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Tokyoites Une rencontre furtive. Une banquette de train, une banquette de métro et les voyageurs qui y ont pris place pour un voyage à l’intérieur de la mégalopole. Une petite plongée dans le vrai Japon, le Japon de tous les jours. Tokyoites n°36 : Si familière banquette ! Qu'il est large ce musée ! Elles tombe à pic cette banquette !

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Pop-cones Pop-cones ; Des objets extraordinaires originaire d’un monde à l’agonie. Leur destination : le Japon. Leur but : en faire leur univers. Le PQN les a vu. Tout a commencé, au cours d’une promenade, dans une rue calme de Tokyo, alors qu’il se rendait au travail ; cela a commencé par la découverte d’une importante livraison dans un magasin de bricolage. A présent, il sait que les cônes sont là et que tant bien que mal, ils essaient de prendre forme humaine. Il a créé ce journal pour convaincre un monde incrédule de leur existence. Il a vu, ... the escalation cones than try to reach the platform !

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Un instantané, s’il vous plaît !

Tête de station

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Les gros titres ; 31 août 2009

Il y avait la foule en liesse ! Des centaines de voitures klaxonnant sur le carrefour de Sukiya-bashi à Ginza, des centaines d’autres remontant l’avenue d’Omotesandô scandant le nom du grand vainqueur des éléctions. C’étaient des milliers de Tokyoites arborant des T-shirt aux couleurs du parti ; synonyme d’espoir et de renouveau pour des millions de Japonais qui ont vu leur situation se dégradés, avec cette libéralisation excessive impulsée par Koizumi. C’est une soif de liberté, un évennement historique que les Japonais, parfois venus de très loin, depuis Hokkaido ou Okinawa, sont venus respirer, ce dimanche soir … Euh, ça aurait pu se passer ainsi mais en fait, … C’était la victoire de Hatoyama, futur premier ministre nippon que seul la télévision et la presse à relayé dans une presque indifférence générale !

Renouveau

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