RifRaf septembre 2013 FR

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© Siliconcarne

Dans son ‘Dupont Lajoie’ sorti au milieu des années 70 c’est, selon l’expression consacrée, au vitriol qu’Yves Boisset brosse la France qui s’étire en 2CV jusqu’aux campings, tire sa caravane le Marcel suintant, casquette vissée sur le crâne, ralentit devant un accident de la route, farfouille dans les sacs pour mettre la main sur l’appareil photo - “Y a au moins quatre morts! Ça aurait fait de belles photos souvenirs...” C’est une France qui graisse la patte de la maréchaussée, une France de bistrot qui houspille le beatnick et lui coupe la lumière aux cagouinces, qui brûle de se faire justice abrutie par le pastis et sa connerie. Au cœur de cette France de clochers, de joutes inter-villages animées par l’impayable Léo Tartaffione (il faut voir Jean-Pierre Marielle, droit comme un i, plaquer sa mèche en proie aux caprices d’un zéphyr), on se jette en bâfrant sur les cochonailles et l’on se tâte à sympathiser avec le nouveau voisin de parcelle, un Italien « qui a grandit en France ». Chacun paie son coup et on cherchera noise le soir après le bal, si l’un des ouvriers algériens venait à danser le jerk d’un peu trop près, quand les coups ne demandent qu’à pleuvoir pour rafraîchir un temps les esprits. Puis on reluque sous la tente les formes de Brigitte (Isabelle Hupert en fleur), la fille de son meilleur ami aoûtien campé par le tempétueux Pierre Tornade, et tandis que les jeux d’adresse opposent les ciels aux canaris, sonnés par le cagnard du Var, on la suit de trop près, trop loin, parmi les herbes folles accablées de chaleur aux abords des plages de Fréjus. Autant dire les choses tournent mal... Au sein de la mère patrie de la grande muette, de la Grande Boucle où «on sait la fermer pour pas faire tomber les copains», se lève le peloton des avortons, grouille une f(r)ange de racisme emmenée par un Georges Lajoie/Jean Carmet trouvant son plus grand rôle de salaud : veule, groggy, pater familias à la moue de Droopy délétère, cafetier parigot la bajoue mouillée des embruns «d’une bouteille de ce que vous avez de plus frais mais vite». Et la ratonnade qui se cherche excuses et boucs émissaires de dégénérer, forcément, obligeant la hérarchie à étouffer l’affaire et les vélléités d’un scrupuleux commissaire. Motus.

des «petits jeux». Cette bonne blague! Volontiers méta, gorgé de cinéma, fondu dans une esthétique pixel art très en vogue et une vue de dessus en hommage avoué/appuyé au premier GTA (Grand Theft Auto), la bombinette vous file le gourdin (et les grands coups dans la gueule qui vont avec). Ainsi le joueur estil bringueballé - par l’entremise de coups de fil cryptiques - dans des missions punitives à la violence outrancière. Furieux, diaboliquement hardcore, malin, teigneux, ‘Hotline Miami’ campe un magnifique petit bijou anal, serti d’une bandeson electro phénoménale ne se contentant pas d’habiller le jeu mais bien de l’habiter. Sous l’action de cette tracklist d’exception découle une transe, une fièvre, et de s’injecter à haute dose cette difficulté d’un autre temps, à la rejouabilité maximale, où on meurt, beaucoup, très vite, et où on recommence, tout de suite, encore, les mains moites. On essaie et on se prend une biffle. Y a au moins cent morts, ça aurait fait de belles photos souvenirs... Allez, va, vis, ressuscite. Bouche cousue.

Règle numéro 1 : on ne parle pas d’’Hotline Miami’. Règle numéro 2 : on ne parle pas d’’Hotline Miami’. Sorti en 2012, ce jeu vidéo indépendant multi-référencé doit beaucoup à l’esthétique du ‘Drive’ de Nicolas Winding Refn (remercié dans les crédits), à John Carpenter (‘Assaut’ est clairement cité) ou encore à ‘Réservoir Dogs’ (dont les codes couleurs sont ici remplacés par des masques). Son prix de vente modeste et la taille riquiqui de son équipe de développement le condamnerait donc, selon toute vraisemblance, ainsi que nombre de ses pairs, dans la catégorie

Texte : Fabrice Delmeire (avec la complicité d’un masque du Dark Chips)

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Comme ‘Les griffes de la Nuit’ hantaient jadis nos nuits noires, les coups de canif d’Archy Marshall se plantent, eux, en pleine journée. Pas de noir profond mais bien un filtre « bleu » déposé sur nos yeux émerveillés par le grand écran : la « Blue Wave » de King Krule (ce masque lui permet de commencer le level 19 avec des couteaux dans la voix), hors du temps, réveille en nous une madeleine de Proust, une époque où les Smiths déversaient leur courroux alors que le tout Manchester appelait à la fête. Loin de la voix de chatte en rut d’un Morrissey, le rouquin déverse ses poèmes avec le flegme d’un Ian Curtis, la sincérité d’une Amy Winehouse et la rage d’une hyène. Au cours de ‘6 Feet Beneath The Moon’, King Krule grogne l’amour, supplie le pardon dans un mélange improbable de culture musicale. Du haut de ses dix-neuf ans, Marshall s’ouvre un boulevard Deathproof, une voie royale pour une (pas si joyeuse) entrée, de quoi rouler à tombeau ouvert vers une reconnaissance que sa voix, tranchante, lui ouvre bien grande.

‘Dupont Lajoie’, Yves Boisset (Sofracima/Arden Distribuzione) ‘Hotline Miami’, Jonatan Söderström & Dennis Wedin (Dennaton Games/Devolver Digital) ‘6 Feet Beneath The Moon’, King Krule (XL Recordings/Beggars Banquet)

année 19 • septembre 2013

Colofon www.rifraf.be Année 19 nr. 193 rifraf est une édition de B.Z.&T. bvba Adegemstraat 19 2800 mechelen e.r. mieke deisz pas en janvier et août rifraf oct sort le 26 sept rédaction fabrice delmeire tél 0486/31 74 63 fabrice.rifraf@skynet.be

insertions publicitaires Mieke Deisz Tél. 015/42.38.76.-0485/802.257 advert.rifraf@skynet.be deadline reservation: 11 sept Agenda tél 015/42.38.76 agenda.rifraf@skynet.be deadline: 15 sept

collaborateurs nicolas alsteen, Anys Amire, Antoine Bours, le dark chips, patrick foissac, François Georges, Laurent Grenier, Gery Lefebvre, Anne-Lise Remacle, eric therer, fabrice vanoverberg,... Dessins : Issara Chitdara

Layout peggy schillemans layout.rifraf@skynet.be Imprimerie: Corelio printing, anderlecht Abonnements 1 année (10 éditions) info: agenda.rifraf@skynet.be Belgique: 15 € / Europe: 25€ BE 85 3200 1337 9606 BIC: BBRUBEBB Communcation : nom et adresse

“Réalisé avec l’aide de la Communauté française de Belgique - Direction générale de la culture Service des Musiques”


Texte : Fabrice Vanoverberg

Texte: Anys Amire et François Georges Photo: www.siliconcarne.be

Résistance à l’effacement Vieille branche de la musique électronique, qu’elle soit ou non drapée de beats, Mika Vainio joint ses forces obscures au Suédois Joachim Nordwall (fondateur du label iDEAL Recordings), pour un disque en tous points vibrant (‘Monstrance’, Touch). Telle une connexion frappadingue où Einstürzende Neubauten jammerait – osons le mot – aux côtés de SunnO))) dans un squat berlinois à douze mètres du mur, les deux Scandinaves font hurler les guitares et l’électronique, qu’est-ce que ça envoie du bois, ou plutôt de l’acier trempé. Toutefois, Vainio (pour rappel, moitié de Pan Sonic) et Nordwall ne se contentent pas de jouer à qui sera le plus bruyant et/ou stridant. Passés les – très – impressionnants deux premiers morceaux, un calme dès plus trompeurs s’installe, comme un écho de combinat est-allemand désaffecté (think Jason Kahn vs Gilles Aubry) et la suite des sept tracks explose à la moulinette toute allusion à la monotonie. Au-delà des mots, je vous laisse le plaisir sensoriel de la découverte, vous risquez d’en ressortir tout ouf. ★ ★ ★ Fondateur et G.O du passionnant ensemble Zeitkratzer, Reinhold Friedl est bizarrement moins à son affaire quand il agit en solo ou en duo (ici avec Hannes Strobel sous le pseudo de P.O.P.). Car pour imbriqués de volutes et de rondeurs qu’ils soient, les tapis d’Asie centrale dont leur ‘Täbriz’ (Monotype) s’inspire ne parviennent guère à influencer de leur luxuriante beauté les trois pièces noise qu’ils sont sensés magnifier. Pire encore, à l’issue du parcours, on se gratte le bulbe en se demandant où le duo allemand a bien voulu nous emmener. ★ ★ ★ Artiste sonore italo-suisse dont le parcours s’échelonne de Berlin à Shanghai en passant par Paris ou le Brésil, Luca Forcucci nous présente en trois étapes une très captivante odyssée autour des… (ne riez pas) cornes de brumes, elles donnent à l’album son titre ‘Fog Horns’ (Sub Rosa). A la croisée des chemins de Chris Watson et de Giuseppe Ielasi, soit deux des noms les plus admirés en ces lieux, l’électronicien italophone rend un hommage d’autant plus beau à Luc Ferrari qu’il est subtil et délicat. Tout en domptant avec un dosage pharmacologique les field recordings, Forcucci varie les ambiances et les contextes, jouant sur les oppositions pour mieux extirper les rapprochements. Que le calme serein d’un aprèsmidi ensoleillé enthousiasme la vie aviaire ou qu’un menaçant orage vienne déchaîner les éléments quelque part entre les Shetlands et Terre-Neuve, on se laisse entraîner dans son continuum espace-temps tel un fil d’Ariane reliant Jana Winderen à Francisco Lopez. Qui doit probablement en faire son disque de chevet. ★ ★ ★ Tout en héritant chacun d’une face de LP pour leur ‘Split’ (Frattonove), Alberto Boccardi et Lawrence English démontrent à qui veut l’entendre que les drones peuvent aboutir à des résultats diablement différents. Terriblement humaine et impressionniste, l’approche de l’Italien exprime une force répétitive si convaincante qu’au fil des minutes, l’ajout et/ou le retrait d’éléments (cor, violoncelle, voix humaine, guitare black metal) finit par tisser un cordage fantasmagorique où le paradis a bien du mal à résister à Armageddon (et c’est vraiment splendide). Très inhabituelle pour qui côtoie son univers ambient, la vision de l’Australien est elle carrément céleste, au sens où l’entendait Arvo Pärt. Nulle trace de nappes de brouillard, le ciel est totalement dégagé dans les premières minutes avant qu’un vaisseau de type György L. 2.0 ne rejoigne une odyssée de l’espace où le vide n’a jamais semblé si rempli de (très) belles attitudes. Congrats, folks ! ★ ★ ★ Autre split, autres ambiances (et pas qu’un peu) sur ‘Erm’ de Francisco Lopez et Luca Sigurta (Frattonove). Très calme pour un morceau du maître espagnol, ‘Untitled #294’ ne figurera sans doute jamais au panthéon de ses œuvres, tant ses vingt-sept minutes se muent en une vaine tentative d’agglomérer les diverses faces «apaisées» de son auteur. On ne lui en tiendra pas rigueur, tant il nous a procuré d’intenses émotions dans le passé. Hélas, le contrepoint de son compère italien ne parvient pas non plus à soulever nos enthousiasmes. Sans vouloir être méchant, on a l’impression d’écouter une chute de studio de Thomas Bröker et, dans un genre similaire, on vous renvoie définitivement au ‘Fog Horns’ de son compatriote Forcucci, il vous suffit de remonter la rubrique de dix petits centimètres. ★ ★ ★ Autre visiteur habituel et remarqué du LOTB, Philippe Petit a trouvé compagnie on ne peut plus prestigieuse avec M. Fernando Corona, alias l’essentiel Murcof. Intitulée ‘First Chapter’ (Aagoo) – faut-il y voir les prémisses d’épisodes à venir ? – leur collaboration inscrit ses pas dans les magnifiques travaux du Mexicain, notamment ‘Cosmos’ et ‘The Versailles Session’. Tels des navigateurs astronomes à la longue-vue filtrée à l’aune du passé, la paire francomexicaine se fixe d’entrée un cap et le geste est admirablement ample. Englobant aussi bien Marin Marais que Ligeti, auxquels se joignent par micro-touches Ennio Morricone et Marsen Jules, les deux complices subliment les époques de leur totale maîtrise, ce qui n’exclut ni l’émotion, ni la splendeur. ★ ★ ★ Malgré l’excellent souvenir de ses volontairement(?) mal-nommées ‘Lovely Banalities’, j’ai eu bien du mal à entrer réellement dans le ‘slow’ de Gintas K (Baskaru). On ressent certes la volonté d’une recherche sonore appréciable – mais pourquoi donc maintenir ce downtempo ambient 45 minutes (à l’exception notable de ‘dar’ ou de ‘garsas’) ? ★ ★ ★ Incontournable de l’électronica – et plus exactement des partitions graphiques, elles sont visibles sur sa page web et jointes au présent LP – Jason Kahn ne cesse d’étonner et son ‘Open Space’ (Edition) ne constitue nulle malheureuse exception. Enregistré en 2012 à Sydney par un collectif de neuf musiciens, dont Chris Abrahams aux percus aussi soignées qu’intelligentes, les 70 minutes n’ennuient pas un seul instant, en dépit d’une trame faussement monotone qui invite à encore plus d’attention vivace. Par instants magiques, on se croit chez le tout récent (et indispensable!) duo Charlemagne Palestine – Z’ev, les musiciens s’unissent dans de multiples partenariats sonores, à la rencontre lentissimo minimaliste de John Cage et de Karlheinz Stockhausen, entre multiples incidents discrètement redoutables.

Une cassette BASF un peu usée rembobine doucement les mesures à venir. L’empreinte du temps y est émouvante : avancée, jouée, enregistrée, reculée, effacée. Son étiquette déchiquetée révèle des lettres fatiguées malgré la naïveté apparente de leur typographie : LITHIUM. Le sens des mots se détache progressivement, un temps du côté de la résistance, un autre dans la pharmacie. Une cassette oubliée dans une boîte à chaussures, dont la bande magnétique un peu sourde s’entend dire qu’elle « sait faire en sorte que l’on n’en parle plus »(1). Au bord de la rupture, un homme au crâne rasé apparaît quelque part au milieu de la face B. Il nous dit qu’il est « une ville couchée la bouche de travers »(2)…Les mots se ralentissent jusqu’à l’inaudible. La bande tourne à vide, une ville disparaît. L’évaporation de l’homme au fond d’un magnétophone. Nous ne serons plus jamais des villes, nous sommes devenus des institutions psychiatriques. Nous sommes des institutions psychiatriques qui ne sont plus terre d’asile, dont les murs dépeints refusent les démunis ou alors peut-être mais juste comme un si. Où les horaires sont détraqués, les rendez-vous ratés. Les enfers tièdes. Nos symptômes nous traversent, on peut même y crier. Un pas de côté on y reste aliéné. Nous sommes des institutions psychiatriques où beaucoup reviennent mais ne veulent plus y être. Enfin, ils y sont attachés. Où les visites se raréfient. Où on partage nos chambres par rangées de six, tout en crachant sur nos voisins. Eux qui parlent la nuit sans rien nous communiquer, juste l’odeur de leurs corps que l’on ne veut pas voir se décomposer. Nous sommes des asiles qui auraient bien voulu soigner, remplis à ras bord de gens de bonne volonté dont les combats proscrits se terminent en prescriptions. Où l’on expédie toutes « les souffrances diagnostiquées non diagnostiquées mal diagnostiquées »(3). On y mettrait bien du sens mais on ne se souvient même plus. Nous sommes des hôpitaux psychiatriques aux petites bibliothèques en chantier, aux étagères garnies de traités sans bave ni éternité. Nous sommes des institutions psychiatriques où tout se réifie. Nous sommes les chaises. Nous sommes les toilettes bouchées. Nous sommes les entraves. Nous sommes la porte d’entrée. Cela fait maintenant longtemps que la cassette n’articule plus, elle se contente d’occuper un espace limité. Un bout de plastique rayé, objet encombrant sans aucune vivacité. De la musique comme folie du silence, on y a cru un peu mais un poing fermé, même tendu, demeurera à jamais hanté par l’effacement de ses doigts. Toute vie sera bien entendu un processus de disparition, les terrains y sont propices à bien des égards : puisqu’il y aura autant de psychiatres que de critiques musicaux ou d’amoureux déçus. Tout être humain est par définition inépuisable, jusqu’à que cela se rétrécisse, se rigidifie. De rencontres incertaines aux zones de contact asphyxiées. Nous serons vigilants dès lors de continuer à danser, même si c’est après minuit avec les pieds plombés. Un pas devant, un pas derrière, un pas devant, un pas derrière… « Le meilleur ennemi du désir c’est la vie qui passe et détruit les châteaux de sable »(4) chuchotait une voix à la radio ou ailleurs. Avant l’invisibilité, on y croira, comme on croyait au tapis magique à l’époque où tout cela n’allait pas de soi. En institution, au Fablain ou ailleurs. Mis à part cela, il paraît que Mendelson a sorti un nouvel album. Des raisons d’y croire. Et puis the Pastels aussi. Livres : ‘La fêlure’ de Francis Scott Fitzgerald, Edition folio ‘La réification’, Joseph Gabel, Edition Allia Musique : Label Lithium (1) Programme : ‘Mon cerveau dans ma bouche’ (2) Dominique A : ‘Je suis une ville’ in ‘Remué’ (Et le reste…) (3) Samuel Beckett (4) ‘Châteaux de sable’ par Mièle in ‘Le jour et la nuit’, Humpty Dumpty records


Texte : Le Dark Chips

Texte : Eric Therer

Rebooté, formaté, enfermé à double tour, longtemps, voici comment l’ancienne civilisation avait décidé de soigner l’infâme, leDark Chips. Sans relache, il avait tapé sur la porte de sa cellule, c’était sa façon d’aimer. Libéré, il avait jeté un regard sur ce nouveau monde et savait déjà que rien n’avait changé. Lui non plus . « Je n’étais qu’un gamin irritant, menteur et roux » Aphex Twin.

Rubrique destinée à évoquer un lieu, une ville ou un endroit, ‘Sounds & Sites’ ne se veut pas un itinéraire descriptif exhaustif mais plutôt l’esquisse d’un lieu où la musique puise ses racines ou manifeste son émergence. ‘Sounds & Sites’ ne veut nullement dresser une

cartographie complète des lieux sonores mais répondra à des envies ou des coups de sonde.

L’épuisement du lieu

Juan Rico, de par son patronyme, pourrait être le héros d’une série Z. Voici pourtant des lettres à respecter car, quoiqu’il choisisse comme pseudo pour poser sa signature - Reeko ou encore Architectural - l’Espagnol force le respect. Un compatriote, dont la musique tranche avec la précision de la chirurgie, dont les fragrances effacent d’un souffle la mauvaise haleine des producteurs bon marchés, ne pouvait qu’intéresser le maître du genre local, Oscar Mulero, qui l’invite à sortir son ‘Blue Album’ sur son label (Pole Group). ★ ★ ★ C’est un peu leur coupe d’été à eux : Tosca se fait remixer leur ‘Odeon’ quelques mois après sa sortie. Mais que voulez-vous faire d’autre d’un cheveu mou qu’un vieux brushing des familles ? On peut toutefois saluer AFG, le seul à mettre un peu de gel pour fixer tout ça, mais pour le reste ‘TLAPA The Odeon Remixes’ pue la laque. ★ ★ ★ Ikonika est une jeune dj anglaise qui a le mérite de faire de la house encore plus ringarde que celle qu’on avait essayé de nous vendre dans les soirées Libertine Supersport. Et dire que ‘Aerotropolis’ est carrément un échelon au-dessus ne serait qu’un doux euphémisme tant il nous replonge dans des clichés 80’s qu’on avait préféré oublier. Et pourtant, au final, étonnement : c’est si caricatural que cela en devient attendrissant.★ ★ ★ Comme pour nous rassurer que les projets de couple n’aboutissent pas tous à des ignominies du style Marka-Bibot, Jimi Tenor et Nicole Willis accouchent de leur premier projet en duo. Doté d’un nom ‘Enigmatic’ et d’une pochette absolument hideuse, Cola & Jimmu rabibochent à chaque son, chaque mesure, les allergiques du genre avec les stigmates de la deep. On connaissait déjà au Finlandais le talent de nous tirer sur la piste, on imaginait moins la force et la parfaite collaboration des époux terribles sur un projet commun. Si l’Haçienda existait toujours… ★ ★ ★ Au service du passionnant collectif NLF3 ces dernières années, F/Lor s’émancipe pour un premier projet sombre, immersif et aussi jouissif qu’effrayant. Un semblant de drone, de post-rock tâché d’electronica, ‘Blackflakes’ promet d’être l’accessoire indispensable des soirées où l’on aime serrer un peu les fesses dans l’obscurité. ★ ★ ★ Jamie Robson est un élève appliqué et soigneux, il fait toujours bien ses devoirs. ‘Temple Of a Thousand Lights’ lui a pris un an, ferme ! C’est dire s’il s’est appliqué à tout souligner méthodiquement, à faire des jolis points sur les i et parfaire de précises « crolettes » la fin de ses s. Au fond de son chapeau, Magic Panda mélange ce qu’il nous plaît d’entendre avec ce petit moins qui en fait un titre peu indispensable : M83 sans l’accroche, Fuck Buttons sans la rage, un devoir définitivement sans rature. ★ ★ ★ Shlomi Aber et son ‘Live From Sankeys Ibiza’. Ibiza, COMME SI VOUS Y ETIEZ ! Mais a-t-on vraiment envie d’y aller ? J’allais vous poser la question… ★ ★ ★ ‘MeYouWeYou’ ou le disque zozo du mois ! Rocketnumbernine rend neuf fois hommage, en autant de plages, au jazz astral de Sun Ra. Et si l’exercice manque d’originalité, la manière nous décoiffe. Le duo joue live, sec et libéré, nous emmène au cœur d’un club bouillonnant des 90’s avec autant de motifs sonores qui apparaîtraient ringards dans un autre contexte. Malgré cette esquisse, limiter la paire au simple duo-électro serait injuste : tout sonne vrai, avec du fond et une irrévérence effrontée. Les nuits d’été devant la cheminée… ★ ★ ★ Pierre Deutschmann est un vieux roublard, un gars à qui on ne la fait pas. Il a vu naître et disparaître Detroit, a grandi avec Berlin, l’a en quelque sorte bâti de ses mains. Quand on est alors si proche des deux pôles de la grande turbine électronique, quoi de plus naturel que de céder à l’envie de relier positif et négatif, d’oser le court-circuit : ‘Betroit’ pour faire sauter les plombs. En 15 titres surchargés d’histoire et pourtant si uniques, l’Allemand connecte tout ce qui a fait et fera toujours Detroit avec tout ce qu’est Berlin et va la définir. Tout simplement parfait. ★ ★ ★ Faisons bref ! Pour une fois qu’une plaque de deep n’est absolument pas répugnante, on aurait tendance à s’attendrir. Et bien Marek Hemmann réussit le tour de passe-passe de nous passionner quelque peu avec tout ce qui nous sortirait par les trous de nez en temps normal. ‘Bittersweet’, ça fond dans la bouche… ★ ★ ★ Hormis sa carrière de producteur, Petar Dundov est un ingé son d’expérience. Et si vous ajoutez à cela sa passion maladive pour les synthés et les mélodies qui se complexifient tout au long de titres à rallonge, il apparaît tout à fait logique que ‘Sailing Off The Grid’ ressemble à l’exercice d’un démonstrateur-produit qui maîtriserait son sujet à la perfection. CQFD. ★ ★ ★ Faire du neuf avec du vieux, exercice délicat. Les bandes originales de John Carpenter, les années krautrock, le son 8-bit et le vaporeux shoegaze, autant d’éléments cultes dont se nourrit ‘Modern Workship’. Certes, toute madeleine de Proust est à double tranchant, rien d’étonnant qu’à mi-parcours, avec une empreinte sonore si marquée, Hyetal perde quelque peu notre attention. Reconnaissons tout de même à l’Anglais le mérite d’avoir tissé, tout au long de son œuvre, un univers vintage résolument moderne sans jamais basculer dans la caricature de ses choix artistiques. ★ ★ ★ Puisque l’été frappe encore à nos portes et qu’on détesterait se montrer sectaire, il nous reste à épingler les sorties destinées à égayer vos soirées piscine. Et si elles viennent toutes deux de l’écurie (BBE), les sons de ‘The Sound Of Bang’ et de ‘On My Way’ résonnent de manières totalement différentes. Si la compilation mixée par Terry Hunter relève d’un ramassis de saloperies deep comme on les déteste, hors des frontières de Chicago, le second montre tout le savoir de Kon dans un style disco-funk cher à son label. Une production qui semble tellement sincère qu’on ne peut s’imaginer l’écouter autrement qu’à travers le filtre sillonné d’un vinyle. Bon, c’est écoutable mais ne nous emballons pas, c’est tout de même une sacrée musique de plumeaux !

« Feuille de route ‘Via Michelin’ – Itinéraire 1 sur 2… » tels sont les premiers mots qui ouvrent ‘Evénement n°19’, d’Anne-James Chaton, une de ses premières œuvres sonores publiées par la maison d’édition Al Dante en 2004. Dès son amorce, le texte énumère les étapes d’une feuille de route réelle où l’itinéraire est précisé dans ses développements kilométriques et d’horaire. Ni le départ, ni l’arrivée n’importent, seules les données factuelles pures du trajet comptent et se décomptent tel l’énumération de données brutes. Cette articulation de faits se déploie sans affect et sans la moindre variation de la tonalité de la voix qui les énumère. A peu près à la même époque, paraît ‘L’effacé (capitalisme et effacement)’, un essai publié chez Sens & Tonka qui se comprend comme une lecture d’Anne-James Chaton des manuscrits économico-philosophiques originaires de Marx au travers les mots fondant les rapports sociaux contemporains : travail, capital, propriété privée, profit… L’homme qui dit la concurrence et la division du travail doit s’inventer une autre langue dans la mesure où la propriété privée marque l’origine de son nom et efface les autres dénominations du rapport de l’homme au monde. Plus tard, Chaton parviendra à magnifier l’exercice qui consiste à dire un événement, qu’il soit purement statistique ou authentiquement factuel, en lui reconnaissant la sensualité de la seule énonciation de sa manifestation. Il peut s’agir du cours boursier d’une action (‘Vous êtes riche’), de titres de unes de journaux (‘Newspaper’), du temps qu’il fait (‘Weather’), mais aussi des faits et gestes les plus triviaux de la vie ordinaire formulés dans ce ‘Portrait’ qui s’avère un autoportrait dépeint sur le fil d’instants définitivement révolus. Tel Perec dans sa ‘Tentative d’épuisement d’un lieu parisien’, Anne-James Chaton pratique la sémiologie en amateur en lui assignant une inattendue finalité poétique. Avec Andy Moor, le guitariste de The Ex, Anne-James Chaton a définitivement consacré la tournure musicale de son propos. La collaboration entre les deux artistes remonte à une dizaine d’années et a atteint aujourd’hui son apogée. Initiée en 2011, la série ‘Transfer’ a été conçue comme une suite d’épisodes publiés sous le format du 45 tours. Le premier numéro était consacré à des en-têtes d’actualité et à l’évolution d’un parcours au regard des latitudes et longitudes sous lequel il évoluait. Le deuxième narrait les destinées tragiques de deux princesses (Grace et Diana) décédées au volant de bolides sublimés. ‘Transfer/3’ s’intéressait à une histoire de l’aviation à travers les mouvements des avions et des dates de ses catastrophes mémorables tandis que la quatrième et dernière livraison abordait la cartographie sélective du métropolitain londonien et énumérait une série de figures de grands procès au travers la seule issue du verdict qui leur fut réservé. Aujourd’hui réédités sur un cd, ces ‘Transfer’ s’accompagnent d’un ‘Journal d’un naufrage’ et d’une sorte d’almanach voué à l’inventaire de toponymes nautiques. Mis bout à bout, ses différents chapitres sont autant de célébrations de lieux terrestres, aériens ou maritimes. Au cœur de la démarche de Chaton, le lieu ne cesse jamais d’être présent, il règne en figure tutélaire et s’avère être un décor circonstanciel providentiel. Si parfois il nous donne l’impression de disparaître, c’est peut-être pour mieux s’effacer au profit du vocable qui le désigne, pour se dissiper sous le poids de son signifiant. C’est là le jeu de l’épuisement. Comme chez Blanchot et Bataille, c’est un exercice à la fois de forme et ontologique. L’épuisement du lieu. Le lieu épuisé. Un disque : Annes-James Chaton – Andy Moor, ‘Transfer’, Unsounds


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Texte : Antoine Bours

Parler du grand retour des Girls in Hawaii sans aborder le drame qui les a ébranlé semble une tâche aussi ardue que de parvenir à mettre dessus les mots justes. Denis Wielemans, un ami, un frère, un batteur, s’est envolé il y a trois ans et laissait derrière lui un groupe orphelin de sa bonne humeur.

Aujourd’hui, les enfants chéris du rock belge reviennent à la vie avec ‘Everest’, escapade venteuse et vivifiante, partagés entre le plaisir de l’attente énorme qui leur est témoignée et le désir de reprendre pied humblement, en toute dignité. Retrouvailles avec les deux chanteurs-guitaristes, Antoine Wielemans et Lionel Vancauwenberghe.

Girls In Hawaii Un ami commun me disait : ‘Everest’ ne parle que de Denis. Finalement qu’est-ce qui était le plus inévitable ? Pour vous d’en parler ou pour les auditeurs de l’entendre ? Antoine Wielemans : « Depuis le début de la promo on a l’impression d’avoir des difficultés à parler de cet album, de ne pas trouver nos mots, de tourner en rond, d’un côté parce qu’il était depuis le départ plus flou dans notre tête que nos disques précédents - on s’est plus laissé glisser dedans à défaut d’en avoir une image précise - et de l’autre côté parce que Denis y est forcément présent et cela ne facilite pas les entretiens. Nos interlocuteurs souhaitent en parler et en même temps n’osent pas aborder le sujet. Pour ce qui est de l’album, on aime beaucoup ce flottement, cette difficulté à le définir : la pochette, le nom, le contenu. Ca reste vague. Mais ‘Everest’ ne parle pas que de Denis. Certaines chansons ont été composées avant. Forcément, j’ai eu l’envie d’écrire une belle chanson dédiée à mon petit frère. Mais dès que t’as un objectif aussi précis, ça ne marche pas. La musique n’est pas forcément le médium adéquat pour des propos plus discursifs : tu dois tout caler dans trois phrases, deux couplets, qui doivent rimer, etc. Finalement, ça nous intéressait plus de s’abandonner à une ambiance générale, certaines humeurs, quelque chose qui tienne plus de la métaphore. »

Vagues à l’âme Après l’accident de Denis, vous êtes chacun parti de votre côté. Qu’est-ce qui vous a rassemblé ? Comment l’album s’est-il finalement construit ? Lionel Vancauwenberghe : « Après l’accident, Antoine a eu ce besoin de prendre du recul, de se poser la question : « c’est quoi, la musique ? Qu’est-ce que ça m’apporte encore? ». Fatalement, ces questions m’ont gagné aussi. Officiellement, à cette période, le groupe était mort. Puis, tacitement, pas à pas, nous avons recommencé à écrire, lui et moi, chacun dans notre coin. Sans trop savoir si ça allait nourrir un projet solo ou nous amener à partager ces chansons. Cet isolement, cette errance, a duré plus d’un an.» Antoine : « Moi, j’ai eu le besoin de ne plus rien faire du tout, pendant un bon moment. Mais c’était impossible à Bruxelles. Trop d’énergie, trop de contacts, trop de tentations. Et ça devenait un peu dangereux pour moi, les bars, etc. Je me suis réfugié chez des amis luthiers, en Ardennes. J’aidais au potager, à divers tâches, mais sans but précis. Je n’arrivais pas à écrire tant que je n’avais pas répondu à ces questions, à mon rapport à la musique. Jusqu’au jour où je me suis poussé à reprendre. C’est à partir de là qu’on a recommencé à partager notre travail, Lio et moi : on s’appelait sur Skype, on échangeait nos démos, on s’encourageait. On se donnait de petits challenges simples, par écriture automatique, sur des délais courts. Du coup, certaines chansons ont été écrites en deux-trois heures, par émulation, tandis que le reste s’est développé en solitaire. » Lionel : « Ensuite, nous avons recollé tous les petits bouts ensemble. C’est surtout à ce momentlà que nous avons parlé de Denis. Comme un grand puzzle dont on avait fabriqué les pièces dans notre coin. Le morceau ‘Switzerland’, par exemple, est né des thèmes qu’on s’imposait. Ici, il s’agissait de partir d’un lieu qui nous évoquait Denis. » Antoine : « Moi, le morceau que j’ai composé à partir de ce thème s’inspirait d’une crique en

Sardaigne. Mais il n’est pas sur ‘Everest’ ; on a finalement retiré cinq morceaux. L’album était beaucoup trop long. Peut-être pour un EP l’année prochaine. » Comment ont vécu les autres membres le fait d’être dans l’expectative totale quant à l’avenir du groupe ? Antoine : « C’était une période bizarre pour tout le monde. » Lionel : « Je crois que l’envie de rejouer avait déserté les autres aussi. » Antoine : « Quelques mois après l’accident, nous avons repris les répétitions, mais c’était trop étrange. La dynamique de groupe n’était plus là. L’absence de Denis était soulignée par l’absence de rythmiques, de sa batterie. Notre musique ne ressemblait plus au souvenir qu’on en avait. C’était très dur, très décourageant. » Lionel : « On a eu des mouvements de panique, c’était inévitable. » A l’heure du rassemblement en studio, la majorité de l’album était déjà composée par vous deux ? Antoine : « En fait, on a toujours fonctionné comme ça : écrire séparément, mais dans un but commun, celui du groupe. Les circonstances ont fait que ce fut encore le cas pour ‘Everest’. La grosse différence avec nos autres albums, c’est qu’on avait beaucoup de morceaux, une quarantaine, et que la plupart n’avaient pas de fin. Pour différentes raisons, il nous était très difficile d’achever nos démos. On avait beaucoup de matière, mais on manquait de confiance et on se décourageait dès qu’on abordait la production proprement dite. » Qu’est-ce qui a changé la donne ? Antoine : « On a rameuté pas mal de monde autour de nous, on a fait tourner nos compositions, demandé l’avis à nos proches, au label, à d’autres musiciens. Petit à petit, ça a créé une dynamique beaucoup plus ouverte qu’avant, ce qui aurait pu nous faire peur, mais on a perçu une énergie très positive, qui nous faisait défaut et qui nous a porté en avant. De façon générale, ‘Everest’ a été l’occasion pour les Girls de s’ouvrir à plein de gens différents, d’élargir les horizons.» Lionel : « Certaines personnes ont pris notre travail avec une vraie intention de nous offrir du repos et d’avancer pour nous, là où nous étions bloqués. Comme un stade de dépossession assez grisant, surtout lors de l’enregistrement. Luuk Cox a pris la barre en main (producteur, batteur de Buscemi et leader de Shameboys). C’est un peu le papa de ‘Everest’ : il a structuré et chapeauté nos sessions et y a investi une énergie considérable. » Antoine : « On a fait deux jours de test avec lui en studio à Bruxelles. Son profil de musicien électronique, assez éloigné de notre musique, nous a interpellé ; on ne savait pas trop à quoi s’attendre. Le fait qu’il soit batteur a joué en sa faveur. Il a tout de suite amené les idées et l’énergie dont on avait besoin. Au bout de ces deux jours on avait enregistré deux morceaux. Là où il nous a convaincu totalement, c’est avec les transformations apportées aux ébauches de ‘Misses’. Nous, on n’avait qu’un arpège et pas grand chose dedans. Luuk a amené plein d’idées, avec l’aide de François (Gustin ; ancien Tellers et Hallo Kosmo, ndr) et tous ses claviers. Ils étaient vraiment sur la même longueur d’onde. »


07 L’arrivée de François au sein des Girls a en effet introduit un son de clavier plus frondeur, volontiers rétro. Evolution inévitable du groupe, ou apport personnel de sa part ? Lionel : « Dans nos maquettes, il y avait déjà cette volonté. Tout ce revival eighties, je suis très fan. Et je trouvais que cela pouvait trouver sa place dans notre musique. Luuk et François ont assimilé ces envies instinctivement. » Antoine : « On n’est pas non plus le groupe le plus avant-gardiste du monde. Quand on met cinq ans à faire des disques, on a facilement cinq ans de retard ! » Comment vous mettiez-vous d’accord sur les évolutions à apporter à vos maquettes ? Antoine : « Luuk était ouvert au au dialogue, mais il savait comment nous prendre quand on était trop stressé ou en proie au doute. » Lionel : « Prends ‘Wars’. C’était à la base une chanson folky limite à la Matmatah. À force de dire « c’est pas comme sur ma démo », je me suis fait jeter du studio. Je revenais en fin de journée pour découvrir le résultat, beaucoup plus dans le ton général de l’album. En fait quand on ne travaillait pas, les morceaux devenaient géniaux. » Antoine : « Moi j’étais resté en studio sur celle-là. J’aimais beaucoup ce que ça devenait. Mais bon, je me suis fait jeter sur d’autres! » Lionel : « De lâcher prise, ça nous faisait du bien. Et à nous et à notre musique. » Antoine : « On savait que le thème était forcément lourd. Comme on ne voulait pas enfoncer le clou, on souhaitait quelque chose de très aérien. C’est là que les claviers de François ont élargi le paysage sonore. Le fond est triste, mais on espère que l’album est léger, porteur d’espoir. » Avant même le début de la promotion, vous êtes parti en tournée, de façon confidentielle; était-ce une façon de reprendre vos marques sans la pression d’un public qui vous attende au tournant ? Lionel : « Tout à fait, bien planqués en Chine, dans un festival gratuit et familial. Quelques dates privées aussi, en off à Paris, le Great Escape de Brighton et à Montreux. » Antoine : « On a pu roder ‘Everest’ sans aucune pression. On voulait éviter le traumatisme de notre deuxième disque, à Dour. On l’avait présenté en avant-première, à minuit, devant un public défoncé et mort de fatigue. Nous, on n’avait plus fait une date depuis trois ans, on ne maîtrisait pas encore nos nouveaux morceaux, dont le public se foutait, ils voulaient juste ‘Flavor’. Un cauchemar. » Lionel : « C’était aussi une volonté d’un retour pudique, un peu farouche. Cela aurait été déplacé de rentrer sous le feu des projecteurs, avec une grosse com et des dates complètes. » Le public a ses propres règles : c’est finalement arrivé pour le Cirque Royal, première date belge officielle, sold out en sept heures. Vous étiez-vous un moment demandé si l’attente serait toujours là, aussi forte ?

Lionel : « Pas à ce point-là, non ; On a eu beaucoup de retour positif sur ‘Misses’, mais on ne se serait jamais attendu à ça. » Antoine : « Depuis le décès de Denis, les gens sont attentionnés, ils ont envie de savoir où l’on va, ce qu’on devient. Mais un tel engouement de nous revoir sur scène, on a trouvé ça hallucinant. En fait, au vu des tous les témoignages qu’on a reçu, il y a un beau message, là-dessous. »

Girls In Hawaii ‘Everest’ Pias

Heure mouvante, chemins de traverse sous l’ubac, où s’occasionnent de nouvelles rencontres. Les Girls vagabondent sur des terres jusque là inexplorées par leurs crampons, flanqués de nouveaux compagnons d’aventure. De loin leur parviennent les sons synthétiques d’aujourd’hui, déformés par la distance et transformés par leurs soins en d’hypnotiques aurores boréales. Loin de basses compromissions, ces claviers constituent le cœur de la montagne sur laquelle reposent leurs neiges éternelles. Ce ne sont pas les Girls qui s’invitent à la fête, c’est le son qui se joint à eux, qui s’immisce, se dissout (‘Switzerland’, ‘Rorscharch’). S’il est moins question d’explosions de guitares sur ‘Everest’, l’intensité est toujours là, qui palpite, dans les percées lyriques et franches, confidences feutrées et envolées pop aussi fragiles que des Edelweiss sous le vent (« I’m Not Dead, I’m Not Dead, I’m Just Doing Wrong », conjurent-ils, tant pour les absents que pour ceux qui restent). Éthérées, leurs chansons s’égrènent du sommet pour flotter jusqu’aux plaines invisibles (les passages parlés de ‘Lack Of’ et ‘Changes’). ‘Everest’ s’achève sur ‘Wars’, point culminant qui confirme le chemin parcouru, vue imprenable sur pop ambient et tellurique, sans doute l’un de leurs plus beaux morceaux. Les Girls se tournent vers leur avenir et il semble lumineux. Quel plus bel hommage que celui-là? (ab) Sortie le 2 septembre

on stage 13/09 21/11 22/11 23/11

Leffingeleuren, Leffinge Cirque Royal, Bruxelles (complet) Ancienne Belgique, Bruxelles (complet) Rockhal, Luxembourg

Suivez le guide : www.girlsinhawaii.be


08

Texte : A le nn dea-rLk i sc e hRi e pm s a©c Jl a e m ie-james medina

Ce 24 août, Archy Marshall aura 19 ans. C’est exactement le jour qu’il a choisi pour sortir ‘6 Feet Beneath The Moon’. Pour son premier album, King Krule aura donc le privilège d’énerver tout son entourage pro,

rageant de devoir organiser l’événement alors que tout le monde est au soleil. Peu importe si les journalistes préfèrent les vacances et s’il fait, par cette date choisie minutieusement, la nique aux festivals d’été. Le Kid est depuis sa plus tendre adolescence une hype parmi les hypes, truste les pages culture du Time Magazine, campe l’invité d’honneur du très « m’as-tu vu »

Festival de Mode et de Photo d’Hyères. De fait, il continuera à utiliser les toiles de son frère pour créer son imagerie, ne se séparera jamais du groupe (de copains, pas très bon, il faut l’admettre) qui l’accompagne sur scène et surtout, continuera de répondre aux questions par des métaphores afin de vivre de son art comme il l’entend. Beaucoup de sincérité, pas mal d’utopie et de grandes inspirations. Mais qui oserait contredire une jeune lame si affutée ? Coup de canif… On te l’aura certainement dit mais c’est une date plutôt étrange pour sortir un album, le 24 août… Tu t’en rends compte ? Archy Marshall : « Je peux admettre que la date de sortie soit peu conventionnelle, mais c’est un album très personnel, impudique. Cet album est un document très précis sur mes 19 ans d’existence. C’est la raison pour laquelle je voulais qu’il sorte exactement le jour de mon anniversaire. Et puis c’est comme si King Krule était arrivé à maturité, comme si j’étais enfin prêt à le livrer. C’est un bilan. » Ces 14 titres seraient donc toutes les cartes postales de ta vie jusqu’à ce jour de tes 19 ans ? Archy Marshall : « Oui, elles le sont toutes. Elles représentent les étapes de 19 ans de travail. Des années où je ne me sentais pas réellement à ma place. Et à savoir si l’univers de l’industrie du disque est le lieu idéal pour un gamin comme moi, j’en suis profondément persuadé, en tout cas c’est ma place. Je considère avoir suffisamment travaillé à présent pour sortir ce premier album, et continuer à développer ma musique. »

Objectif Lune : l’orange bleue

Cet album, tu l’as nommé ‘6 Feet Beneath The Moon’, que représente cette image ? Archy Marshall : « La lune représente tes attentes, tes rêves, ton ambition. Et tu la regardes, elle est à six pieds de toi, et tu te sens submergé par tes émotions, tes aspirations, comme enfermé dans un cercueil. C’est là tout le concept de l’album, traduire un moment où l’on se sent perdu, il y a tant à écrire à ce sujet… » C’est loin de la lune, 6 pieds ? Archy Marshall : « Oh oui, ça l’est ! En Anglais, être six pieds sous terre signifie que tu es mort : une métaphore qui révèle que tu ne peux plus rien atteindre, que tes rêves se sont envolés au moment où la vie s’est arrêtée et qu’on t’a enfermé dans une caisse. » La lune est encore loin…

Archy Marshall : « Non, la lune est là, c’est mon disque. Je l’ai très probablement atteinte. Ces sentiments devraient être morts et enterrés, comme exorcisés. C’est hors de moi et livré… » Que ce soit dans tes clips ou dans tes chansons, ton univers semble hanté par la solitude… Archy Marshall : « C’est exactement ce que je veux. Le rappeur anglais Jehst en parlait de manière très poétique en disant que nous n’étions que des silhouettes, des silhouettes dans la distance. Et cette image a beaucoup compté, hanté mon esprit et mes textes. C’est comme si tu vivais seul au milieu du monde, ce qui traduit assez bien ma manière de fonctionner. Cela peut-être un peu complaisant et égoïste, mais cet univers c’est le mien, c’est moi. » Tu exprimes beaucoup de colère lorsque tu chantes… Archy Marshall : « Oui, c’est ma manière de sortir mes émotions sincèrement et d’expulser beaucoup de choses. Je pense que la colère est le sentiment le plus honnête que l’on puisse avoir. C’est comme si l’on était possédé par cette rage, que ton esprit voulait s’enfuir, ainsi la seule vérité en surgit. » Au point d’avoir l’intention de massacrer toutes les personnes de ton collège (un statut laissé jadis sur son Myspace)? Archy Marshall : (Rires...) « J’ai toujours été comme ça, j’ai toujours détesté les masses, voulu rester en marge. Rencontrer le public reste un grand défi pour moi, mais je regarde droit devant, j’avance. » C’est la raison pour laquelle Zoo Kid est devenu King Krule, que tu édites des morceaux hip-hop au nom de Edgar The Beatmaker. Essaies-tu de larguer ceux qui seraient tentés de te suivre ? Archy Marshall : « C’est dans un sens une manière de garder un étrange anonymat, de mener ma musique dans des univers aussi différents que la manière dont je les nomme. J’aime brouiller les pistes, j’aime jouer avec les identités. Mon monde est éclectique et j’en aime toutes les mouvances. D’autant plus que j’adore inventer des noms… Et je compte bien continuer à créer de la sorte, en multipliant constamment les projets. » Tu parles d’anonymat, pourtant tu te dévoiles de manière totalement impudique dans tes chansons. C’est totalement paradoxal... Archy Marshall : « Je suppose que c’est le processus de création qui permet de rendre l’esprit des artistes plus perméable. Mais c’est davantage une forme d’influence sur l’âme des gens, une manière de les inspirer. Car de ces éléments réels naissent des histoires romancées par l’interprétation des auditeurs qui trouveront leur propre chemin sur mes traces, et c’est très précisément ce qui m’intéresse. Ecrire pour les autres permet de garder un esprit passionné, et je ferai toujours de la musique pour cette raison. » L’Angleterre semble vampirisée par la deep-house et la positive-attitude. Du haut des tes 19 ans, considères-tu représenter une jeune génération anglaise un peu désabusée, comme le punk ou la jungle représentaient clairement des réactions fortes à l’encontre des années Thatcher ? Archy Marshall : « En quelque sorte, on pourrait l’envisager de la sorte. Mais il s’agit d’un sentiment réellement plus mondial. Grandir dans la capitale m’a certainement beaucoup aidé car Londres est probablement le meilleur endroit pour regarder le monde entier, et c’était passionnant d’évoluer dans un tel magma. Il y avait tant de gens de mon âge, tant de musiciens, tant d’artistes qui y évoluaient. J’ai toujours recherché le contact d’autres cultures, et d’une certaine manière je tissais mon réseau de manière internationale avec cette envie de devenir mondial. Car je vois le monde changer, et je veux changer avec lui. Avoir la connaissance du monde est une façon qu’a l’artiste de garder un certain contrôle sur ce qui se déroule autour de lui. » En effet, ta musique s’inspire de bon nombre d’influences, et le fait d’avoir grandi dans une famille d’artistes passionnés de disques a forgé la variété de ta culture. Mais au final, comment se définirait ton son ? Archy Marshall : « C’est ce que j’appelle un mash-up. C’est une expérimentation qui a toujours motivé mes créations, savoir si pouvaient cohabiter la basse du Dub, les gammes du Jazz, la couleur de la guitare Funk, l’agression de la voix d’un chanteur Punk et le swing du Rockabilly. Ce sont des sons qui m’ont accompagné et c’est tout naturel de les retrouver au cœur de mes projets, de ce que j’appelle la « Blue Wave ». » En pleine période bleue, peut-on en imaginer une rose prochainement ? Archy Marshall : « Je suis dans un période bleue, radicalement, et pour un bon moment. En ce qui concerne le « Wave », il s’agit littéralement de cette vague de création qui forme mon entourage, de ces gens qui créent des vibrations similaires aux miennes. C’est davantage au sujet d’une réelle présence de la musique parmi nous. » Ces ambiances sombres, souvent glaciales, ne t’empêchent cependant pas d’aborder le thème de l’amour de manière assez émouvante. De quoi parle ‘Baby Blue’ par exemple ?


Archy Marshall : « ‘Baby Blue’ parle de l’envie. Cela parle de cette personne que tu vois, que tu regardes. Cela parle de cette petite place que tu veux prendre dans sa vie, en la respectant et en prenant soin d’elle. Et surtout, comment lui faire savoir que tous ces sentiments sont en toi. » En intégrant dans ton disque quelques éléments de ton projet Edgar The Beatmaker, tu insuffles à tes chansons cette dimension électronique, pourtant totalement absente de tes concerts. Cela présage-t-il d’un remaniement sur scène ? Archy Marshall : « Non, pas du tout. La formule en concert est ce qu’elle est et je ne souhaite vraiment pas y toucher. J’aime cette idée de garder un groupe « organique » avec moi et leur laisser cette liberté d’interpréter mes morceaux à leur guise. La vie du studio est différente et lorsqu’on y rentre, il est difficile de ne pas se laisser emporter par toutes ces possibilités qui s’offrent à toi, notamment en matière de vieilles machines analogiques dont je suis absolument fan. Pour ‘Baby Blue’ par exemple, qui reste une chanson très simple, nous avons énormément travaillé sur ma voix, sans pour autant que cela se décèle réellement. Jouer avec tous ces sons étranges sans dénaturer totalement l’essence des morceaux était la règle que j’avais en tête tout au long du processus d’enregistrement. » Cette chanson, avec ‘Out Getting Ribs’ entre autres, fait partie d’un répertoire qu’on te connaissait déjà, et je dois bien avouer qu’on aurait été terriblement déçu de ne pas le retrouver sur cet album. Et pourtant des titres (plutôt officiels) comme ‘Rock Bottom’ et ‘Octopus’ ont été écartés, comme des expériences passées… Archy Marshall : « J’avais tellement de chansons, le premier tracklisting en comprenait 20, pour 14 chansons dans sa version finale. Je n’abandonne pas forcément les autres, elles apparaitront d’une manière ou d’une autre. En ce qui concerne ‘Rock Bottom’ et ‘Octopus’, je considérais que ces morceaux se suffisaient à eux-mêmes, qu’ils formaient déjà un couple abouti, qu’ils faisaient partie, en effet, de mon passé. Quant à ‘Out Getting Ribs’ et ces autres titres anciens (4 au total, ndr), je n’étais pas satisfait de la manière dont ils avaient été exploités jusqu’ici. Je voulais ces titres dans cette collection, je voulais les voir gravés sur un vinyle, j’en ressentais le besoin. Ce sont des titres qui représentent énormément pour moi et qui m’ont apporté beaucoup. Je me devais de leur rendre cet hommage, de leur faire honneur sur ce qui allait devenir mon tout premier album. » Le temps d’une photo souvenir et d’apprécier son sourire radieux sur le petit écran LCD qu’Archy avait déjà disparu, me laissant à mes émotions. Il laissera aussi les clients suivants à leur patience puisque l’intéressé s’en est allé parcourir les ruelles de la ville. Il faut croire qu’avant de conquérir un nouveau Royaume, le Roi se plaît à en découvrir les terres.

King Krule ‘6 Feet Beneath The Moon’ XL Recordings/Beggars Banquet

Comme « Les griffes de la Nuit » hantaient jadis nos nuits noires, les coups de canif d’Archy Marshall se plantent, eux, en pleine journée, lorsque les nuits se disaient américaines. Pas de noir profond, mais bien un filtre « bleu » déposé sur nos yeux émerveillés par le grand écran. A l’ancienne quoi… La métaphore, certes, est vaseuse, et pourtant, la « Blue Wave » de King Krule, hors du temps, loin des grands effets réalisés virtuellement, réveille en nous une madeleine de Proust. Une situation qui nous ferait peutêtre penser à une époque où les Smiths déversaient leur courroux alors que le tout Manchester appelait à la fête. Avec mille fois plus de testostérone que Jeff Buckley n’aurait pu en avoir, loin de la voix de chatte en rut d’un Morrissey, le rouquin déverse plutôt ses poèmes avec le flegme d’un Ian Curtis, la sincérité d’une Amy Winehouse et la rage d’une hyène. Au cours de ‘6 Feet Beneath The Moon’, King Krule grogne l’amour, hurle la rage, supplie le pardon dans un mélange improbable de culture musicale. Le Roi se raconte ainsi au fil de 14 titres qui livrent tout de son histoire, de sa naissance jusqu’à ce jour de date de sortie, le jour de ses 19 ans. Tel un documentaire précis, ses textes exhibent son esprit et sa musique dévoile son cœur (ou inversement). Au milieu d’une Angleterre qui veut croire à la fête, Archy jette un pavé dans la mare : l’avenir n’est pas rose, mais bleu. Du bleu, il en déversera dans les égouts, en recouvrira les murs, en aspergera la grenouillère du Royal Baby : c’est la croisade du Roi, et nous en serons tous les Inquisiteurs. (dark) Suivez le guide, en noir et blanc : http://kingkrule.co.uk/

Texte : Anne-Lise Remacle © Romain etienne

07 09

Derrière les fûts de Clara Clara, un Animal des Muppets débraillé comme Huckleberry Finn frappait maousse costaud, ludique et loud. Sous son nom, il ferait apparaître des esquifs à propulsion tribale, des fos-

settes de libellule. Avec ‘Broken Machine’, deuxième round de la Dischord, Reveille continue à faire bouillonner les alambics, taquinés par une formule secrète de Lisa Duroux. Avec François Virot, soirée spéciale révision des rouages.

Les affranchis Tu es lyonnais, et actif dans le milieu alternatif. Comment est-ce qu’on reconstruit une synergie quand un lieu emblématique, comme Grrrndzero, ferme? François Virot : « Je crois qu’on la perd carrément, la scène, là. Des musiciens expérimentaux, des punks, des gars comme nous qui faisaient de l’indie se rencontraient, mutualisaient des projets. On passait tous du temps ensemble là-bas, pas ailleurs, c’était vraiment ça qui faisait qu’on s’entraidait. Ça n’était pas petit, il y avait 3 espaces pour faire des concerts, 50 groupes en répétition, et 12 bureaux pour des labels, des associations de vidéastes...un sacré bordel ! Ça concernait trop de monde, ça n’était pas assez hiérarchisé pour créer de l’emploi, comme certains l’auraient voulu. En septembre, on aura les clés d’un nouveau lieu. La mairie nous donne un budget de 300000 euros pour des travaux parce que c’est délabré. On tient à une certaine liberté, que ça reste roots, mais il faut qu’on garantisse une norme ERP (Établissement Recevant du Public ). » En lançant ton projet solo, tu t’es senti stigmatisé...le côté « tête de gondole » à cause de ta participation au CQFD des Inrocks? François : « Ce qui me saoulait n’était pas lié à la médiatisation. J’ai des potes qui étaient furax, qui pensaient que je n’aurais pas dû y participer. Je peux comprendre, mais j’essayais de faire un peu d’argent par ce biais-là, je ne m’en cache pas. Ça implique de la promotion, tu ne peux pas vivre de ta musique si tu ne le cherches pas vraiment. Avant, à Dijon, je faisais partie du milieu punk, j’avais toute la panoplie, mais j’ai toujours voulu faire des morceaux assez pop. J’ai naturellement commencé à les jouer en squat : un bide total pendant des années tellement les gens parlaient! Je finissais dehors avec les cinq types qui voulaient bien m’écouter. C’était hyper dur. Les punks disent qu’ils tolèrent cette musique, mais ce n’est pas vrai. Ça n’est pas l’esthétique qui les intéresse, parce que ça n’est pas assez violent, peutêtre. Résultat, je n’avais pas le choix : j’ai dû aller vers les gens que ça touchait au-delà de mon réseau. Après, c’est logique que tu te retrouves dans les Inrocks...tu ne peux pas t’obliger à un genre pour faire plaisir à tes potes. Sur ‘Broken Machine’, les paroles ne sont pas intimistes. Il n’y a jamais eu autant de distance dans un disque que j’ai fait. Je n’ai pas du tout aimé la répercussion que ‘Yes or No’ a pu avoir quant au fait de me livrer, je l’ai franchement mal vécu. J’ai vraiment pris du recul, même dans ma manière de composer. C’est sans doute aussi pour ça que l’album est plus référencé 90’s, même si je ne recherche pas quelque chose en particulier. » Lisa conceptualise des sculptures, tu participes à des performances sonores...est-ce que l’art contemporain a une influence sur votre façon d’envisager la musique? François : « Je n’y réfléchis pas. C’est notre milieu, des gens qu’on côtoie. Tous les mouvements en musique sont plus épurés dans l’art mais les principes sont équivalents. Les musiciens se disent : « Je vais prendre un peu des 70’s, tel son reconnaissable et composer avec » et en art, ça se traduit par l’arrivée d’une vague de « chacun est un curateur » où on expose un Picasso avec le dernier gars de Los Angeles. Après, techniquement, tu fais ce que tu sais faire. Tu parlais de liberté : évidemment, je me sens affranchi de faire ce que je veux, mais je ne sais pas vraiment faire autre chose. Avec un pote, on fait des docus sonores, du field-recording mais en le traitant comme de la musique. Des captations de gens dans leur activité au

quotidien. Je mixe des sons, et je le fais de la même manière intuitive et ça ne viendra pas influer si je refais un album. Quand j’étais gamin ma mère écoutait les Beatles à fond. Je n’ai jamais lâché ça et je composerai toujours des mélodies. Produire d’autres groupes (Pan pan pan, House of John Player, Alligator, etc.), ça aère. Ce n’est pas une ouverture folle non plus. Je n’achète pas énormément de disques, j’écoute surtout les projets de gens autour de moi. Quand je vais voir un concert, ce n’est pas parce que je connais le groupe, mais parce que des potes y vont. Parfois, c’est du doom et je peux trouver ça bien (rires)! Comme je n’ai pas la démarche fureteuse sur Internet, ni forcément la culture musicale, j’ai besoin de voir ce qui se fait. » Vous tournez toujours avec le même réseau? François : « Non, on est plutôt à mi-chemin entre pas mal de genres. On ne fait pas que des SMAc (« Scènes de musiques actuelles »), on fait aussi des squats, des rades, la campagne, les grandes villes. On a été au Brésil, dans les Balkans, au Kosovo, aux États-Unis, des plans super différents. C’est ce qui est intéressant! Je me marre quand des gars qui organisent un concert viennent me demander : « on met quoi comme étiquette? » et que je leur réponds : « pop-rock ». Tout le monde est super déçu (rires). Ils considèrent qu’on ne peut pas mettre juste ça sur de la promo. » Tu ne vas pas te mettre à l’ « hawaian - sludge » juste pour des flyers... François : « Oh, de toutes façons, ils finissent toujours par trouver des formules un peu sexy!»

Reveille ‘Broken Machines’ Clapping Music/La Baleine

‘Here Comes The Revenge!’ Voici le plan : donnez m’en deux ou trois de plus, de ces garnements tapageurs qui font les ‘400 coups’, le talon crasseux englué sur la fuzz, la tête volontairement encastrée dans le mur. Qu’on les épargne, ces sapajous qui, insensibles à la ‘Modern Pain’, gribouillent des labyrinthes lumineux de riffs d’attaque pour ‘Sa Majesté des Mouches’ sur du ciment rugueux. Bam! Qu’on les gratifie des plus belles frondes et de plombs, ceux qui hèlent, gredins en pagaille et sans se chercher d’excuse, « I just don’t do what I have to do ». Qu’on évite de les museler ceux qui, les pieds bandés et forts en chœur, redoublent d’efforts sur les starters. ‘No goal’, tu rigoles? 10000 directions jouissives à la seconde, des chausses-trapes futés dont tu te relèveras couturé et brutalisé par la distorsion, facétieuse fessée. Tu l’as bien cherché, n’empêche. Tu t’attendais à quoi, toi l’adulte über-cérébral? Une nurserie pour mecha pouponnés au diesel? Une clinique pour auto-tamponneuses en fin de vie? Sur ce territoire nineties, délimité par le frottement nerveux, on s’en fout bien de ton avis calibré qui ne s’échappe jamais des breaks. « It’s not a movie we’re living in, it’s just a song we sing along! ». Nous, on veut davantage de roulades, de tempêtes, de lianes de cordes qui s’enroulent sur elles-mêmes. La bataille refroidie, on veut continuer à hurler de rire en comparant nos blessures qui grattent. De partout. (alr) Suivez le guide : sites.google.com/site/francoisvirot + www.lisaduroux.com


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Texte: Patrick Foissac

Saluée dès la sortie de son premier album comme la madone de la nouvelle scène folk, Alela Diane n’a cessé depuis lors de séduire tant la critique que les auditeurs avec des albums d’une grande finesse musicale couplée à une plume et une voix superbes. Ayant récemment divorcé de Tom Bevitoni qui était également son guitariste, Alela s’est lancée dans la

réalisation d’un nouvel opus comme s’il s’agissait d’une thérapie, se confiant sans faux-semblant à l’auditeur. Le résultat, forcément sincère et personnel, s’avère sublime. Le titre de ton nouvel album, ‘About farewell’, annonce clairement la thématique que tu y abordes, puisqu’il est question de ton divorce. Etait-il vital pour toi d’évoquer cette rupture afin de la surmonter et de pouvoir tourner la page ? Alela Diane : « Ce qui est assez intéressant, c’est que j’ai écrit les chansons de l’album avant de divorcer et plus précisément au moment où j’étais en train de prendre ma décision. D’une certaine façon, l’écriture m’a permis de voir les choses de façon plus claire et de prendre conscience que la rupture était la meilleure, la seule solution. En couchant les mots sur papier, tout est devenu limpide, lumineux. » Peut-on dès lors dire que cet album a eu une vertu thérapeutique ? Alela : « Oui, certainement. Cela a été une expérience assez intense, bien évidemment exigeante et dure, mais cela m’a permis de prendre conscience de ma situation et des choix qui s’imposaient. Cela a été très cathartique, en fait. »

Un nouveau départ

Certains des textes du nouvel album comptent parmi les plus beaux, les plus poétiques que tu aies jamais écrits. Penses-tu comme certains artistes qu’il faille être confronté à la douleur pour être vraiment créatif ? Alela : « Je dirais que cela dépend sans doute de l’artiste, même si dans mon cas, ce qui me touche généralement le plus est imprégné de tristesse. Quand j’écris, j’essaie toujours de suivre mon coeur, ce qui rend les choses plus intenses, plus sincères, indépendamment du côté triste ou non de ce que j’aborde. » En même temps, si ‘About farewell’ a clairement un aspect sombre et mélancolique, on ne verse pas non plus dans le gouffre du désespoir et il y a un côté optimiste qui se dégage de l’ensemble. Alela : « Oui, bien sûr. Ce disque n’est nullement désespéré. Dans mon cas, le cheminement que j’ai fait a été positif puisque la décision que j’ai prise, celle de la rupture, était la meilleure option possible. Cela a été un choix difficile à faire mais c’était celui qui devait être fait. Au final, je me sens mieux désormais et c’est un peu comme si je prenais un nouveau départ. » Le fait que tu viennes d’avoir 30 ans a-t-il eu un impact sur l’écriture ? Pour certains,

il s’agit d’une étape qui va de pair avec une certaine remise en question..... Alela : « Avoir 30 ans en tant que tel ne m’a rien fait. C’est juste avant d’atteindre cette échéance que je me suis posé des questions existentielles relatives à ce qu’était ma vie, à ce que j’avais réalisé ou pas.... Cet aspect ainsi que mon divorce sont les deux éléments qui ont joué un rôle sur cet album. Je vois le fait d’avoir 30 ans comme étant plutôt positif au sens où il s’agit de se poser la question de savoir ce que l’on va faire au cours de la décennie à venir. J’ai déjà réalisé pas mal de choses mais j’ai envie d’aller de l’avant. Encore cette idée du nouveau départ dont on vient de parler. » Sur le plan musical, le style demeure assez sobre et rappelle celui de tes débuts. Alela : « Oui, je suis assez d’accord avec toi. Je pense que cette approche dépouillée s’imposait tout naturellement compte tenu du côté mélancolique des textes. La façon de travailler était la même que lorsque j’ai fait ‘The pirate’s gospel’, à savoir que les titres ont d’abord été joué en live pour ensuite être retravaillés. C’est une approche old school assez intimiste que j’aime vraiment bien et qui convenait bien aux textes et aux ambiances de cet album. » De façon assez intéressante, tu as tout de suite rencontré un franc succès en Europe, et ce alors que ton style musical, le folk, est davantage associé à l’héritage américain... Alela : « C’est vrai et cela m’a toujours intriguée.... Je dois dire que je n’ai pas vraiment d’explication. Ceci dit, il y a une réelle tradition folk en Europe avec des gens comme Nick Drake, si bien que le public a une certaine familiarité avec ce style musical. » Ton héritage à toi, ce sont des gens comme Sandy Denny et Townes Van Zandt... Alela : « Ce sont bien entendu des artistes que j’adore ! Concernant Sandy Denny, j’adore sa voix, l’étendue de son registre. Quand à Townes Van Zandt, ses textes étaient superbement écrits, d’une sincérité extrême, poétiques et mélancoliques. C’est le genre de disque que j’écoute le matin, en sirotant du thé, quand j’ai envie de prendre mon temps. Et puis, il y aussi Vashti Bunyan que j’aime beaucoup. Son parcours est assez incroyable puisqu’elle sort un premier album magnifique quand elle est toute jeune avant de renoncer à la musique pour fonder une famille et revenir 35 ans après avec un deuxième album. Je me souviens avoir lu un article à ce sujet et cela m’avait fasciné ! » Tu as travaillé avec ton père (Tom Menig) sur l’album précédent. Cela doit être une expérience assez unique et exceptionnelle, mais n’est-ce pas également dur à gérer ? Alela : « Cela s’est fait très naturellement. En réalité, j’ai toujours eu une forte connexion avec mes parents sur la plan musical. Et donc, quand j’ai commencé à bosser à mon premier album, mon père, qui avait mis sur pied un studio d’enregistrement, m’a donné un coup de main. De fil en aiguille, cela a mené à une aventure musicale commune qui a duré plusieurs années. Cela a été vraiment super. Cette fois-ci, toutefois, je n’ai pas fait appel à mon père parce que je voulais travailler toute seule, expérimenter par moi-même, comme une grande ! (rires) »

Alela Diane ‘About farewell’ Rusted Blue Records/Believe Recordings/Pias

Après la sortie de ‘Alela Diane & Wild Divine’, certains se demandaient si l’artiste pourrait encore surprendre et séduire. Réussirait-elle encore à se surpasser après avoir sorti trois albums remarquables en très peu de temps ? La réponse est oui. Après avoir opté pour des arrangement plus ornés sur son précédent album, Alela Diane en revient à une formule ultra sobre avec ce nouvel opus qui met en avant voix, guitare et piano. Ce choix des plus judicieux sert des textes introspectifs où Alela aborde son divorce et l’entrée dans la trentaine avec une sincérité et une grâce qui touchent au coeur. Sombres mais jamais larmoyants, les textes sont sublimes, tout comme les mélodies, littéralement empreintes de grâce. Particulièrement court, car le superflu est inutile, ‘About farewell’ confirme tout le talent d’une artiste essentielle. (pf)


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TTe exxtte e :: Fa A nbnrei -cLei sVeaR neom va ec r lbee r g © R i c k B a h t o

Révélation 2012 d’une musique überféminine où rôdent les ombres de Laurie Anderson et Kate Bush, Julia Holter a vu son aura considérablement augmenter grâce au label Domino, qui avait eu l’excellente idée de ressortir son confidentiel deuxième opus ‘Ekstasis’. Décidément inarrêtable, l’artiste californienne revient déjà avec son troisième album en trois ans. Enregistrée pour la première fois dans un vrai studio, sa musique demeure empreinte d’un

mystère palpable. Surtout, elle conserve cette viscérale beauté impressionniste, à l’image de son auteur, d’une touchante timidité en interview.

Julia Holter : « Je rentre d’un concert à Beyrouth où j’étais invitée à jouer dans un club local. C’était organisé par des artistes locaux et on m‘avait décrit l’endroit comme un truc un peu pourri, en fait c’était plus bizarre que pourri. » Aurais-tu par hasard des racines partiellement libanaises ? JH : « Oui, par un de mes grands-pères, je suis un quart libanaise. A part quelques trucs en espagnol, je ne parle qu’anglais et ça doit sans doute expliquer que si je voulais apprendre une langue étrangère, ça serait sans doute l’arabe. »

L.A. Woman Sur tes deux premiers disques ‘Tragedy’ et ‘Ekstasis’, il y avait un lien direct avec un autre pays de la région, la Grèce. Quel rapport entretiens-tu avec ce pays ? JH : « Aucun directement, je n’ai pas d’origines grecques si c’est le sens de ta question. Sinon, le fait que mes deux premiers albums étaient tous deux connectés avec la Grèce est plus dû au hasard qu’à une volonté délibérée de ma part. Comme son titre l’indique, ‘Tragedy’ est en rapport avec la tragédie grecque, plus précisément ‘Hippolyte’ d’Euripide. Alors que sur ‘Ekstasis’, le terme vient d’un ancien mot grec signifiant qu’on est hors de soi-même, vers un autre part. » Le nouvel album s’intitule ‘Loud City Song’. Faut-il voir un lien direct avec la ville d’où tu viens, Los Angeles ? JH : « Non, ou alors très indirectement. Je parle plutôt d’une ville en général, que je n’ai pas besoin de nommer spécifiquement, où les gens souffrent d’une forme d’aliénation et sont en quelque sorte livrés à eux-mêmes. Même si en ce qui me concerne, L.A. est une ville plutôt cool où je me sens bien. » Te sens-tu proche de gens comme Ariel Pink et d’une manière globale, penses-tu faire partie de la même scène que lui ? JH : « Je connais bien Ariel, on a déjà joué ensemble, la première fois en 2008 je crois. Mon nouveau disque a été produit par Cole Marsden Grief-Neill (aka Cole MGN, ndr), l’ancien guitariste d’ Ariel Pink’s Haunted Graffiti et cette fois, il n’a rien à voir avec la Grèce. Ici, je me suis inspiré de ‘Gigi’, une nouvelle écrite en 1944 par Colette (et interprétée au cinéma par Audrey Hepburn, ndr). » Tu es également proche d’une autre artiste californienne, Nile Jewels. On raconte même que vous avez grandi ensemble… JH : « Non, pas du tout, ça fait juste quelques années qu’on se connait. Ramona (Gonzalez, son vrai nom, ndr) est vraiment devenue une bonne copine, on a même fait un morceau ensemble et c’est par elle que j’ai rencontré Cole vu que c’est son mari. Voilà le pourquoi du comment il est devenu mon producteur. » Contrairement aux deux premiers albums, ‘Loud City Song’ a été enregistré dans un véritable studio. Quels changements cela a-t-il induits ? JH : « Rien de fondamental, en fait. Tout dépend de ce qu’on entend par changements. » Une plus grande influence de l’électronique, peut-être ? JH : « Encore une fois, tout dépend de ce qu’on met derrière le mot. Oui, on a bien utilisé des ordinateurs et tout le toutim moderne pour le mixage, pour le reste tout a été enregistré de manière assez conventionnelle, un peu à l’ancienne. Vu que je n’ai pas vraiment de style bien défini, je ne dirais certainement pas que ma musique est électronique. » Ou alors dans un sens tel que Kate Bush l’avait défini, je pense notamment au morceau ‘In The Green Wild’ que la chanteuse anglaise n’aurait pas renié. JH : « Oh, c’est gentil. Sinon, tu ne pouvais mieux tomber, Kate Bush est vraiment une des artistes que j’admire, elle constitue pour moi une influence très importante. » Et dans la musique rock américaine, y a-t-il des groupes que tu trouves important, sans que nécessairement, ils aient joué un rôle dans la musique que tu fais ? Je pense à Yo La Tengo ou Sonic Youth… JH : « Ancien ou moderne ? Je n’écoute pas tant que ça les groupes que tu me cites. Si je devais donner le nom d’un seul groupe très important à mes yeux, ça serait Roxy Music. Non seulement leur musique était extraordinaire mais ils dégageaient une immense classe, aussi bien dans leur

façon d’être que dans l’image qu’ils montraient au public. » Et Fleetwood Mac, dont tu as repris le ‘Gold Dust Woman’… JH : « C’est un de leurs morceaux que j’aime bien, mais en fait, cette reprise était juste une demande, il ne faut pas lui donner plus d’importance qu’elle n’en a. » Sinon, qu’écoute Julia Holter ? JH : « Un peu tout, en fait. Quand je suis en bagnole, j’écoute surtout des vieux trucs. » En cassettes ? JH : « Il y a un lecteur de cassettes dans la voiture mais non, j’écoute la radio quand je conduis. Je ne me tiens pas vraiment au courant de ce qui sort, ou bien c’est quand je vais voir des potes jouer et pour le reste, j’aurais bien du mal à faire une mixtape récente si on me le demandait. » Dans un tout autre genre, tu as interprété une œuvre de John Cage. JH : « Oui, c’était une performance d’une de ses pièces intitulée ‘Circus On’, où l’interprète est invité à retranscrire en son un texte de son choix. J’ai pris un livre de cuisine (le morceau s’appelle ‘Cookbook’, ndr) des années 20 que j’ai trouvé sur le site archive.org. Vu qu’on y trouvait plein d’adresses, je m’y suis rendu et enregistré des field recordings d’un quartier de Los Angeles. » Un intérêt qui provient de tes études ? JH : « J’ai étudié la composition musicale et l’anglais à l’Université de Michigan et John Cage est bien entendu un des noms qui a été abordé à de multiples reprises au cours de mes études. Après ces années à la fac, je me suis demandé si j’allais devenir prof mais ce métier est tellement mal considéré et payé aux Etats-Unis que je n’y ai jamais vraiment pensé sérieusement. Je pense qu’ici en Europe, les profs sont mieux traités qu’ils ne le sont chez nous, où on leur manque souvent totalement de respect. » As-tu également appris le chant à l’université ? JH : « Non, je suis totalement autodidacte comme chanteuse, tout comme je le suis dans tout ce qui est techniques d’enregistrement. Le côté positif de devoir apprendre par soi-même, c’est qu’on développe aussi une certaine confiance en soi. » Tu as également passé du temps en Inde auprès d’un gourou. Une belle expérience ? JH : « Ca faisait partie de mon cursus à la fac. Un des nos profs nous a emmenés en Inde, une poignée d’étudiants et moi, car nous n’avions jamais étudié la musique indienne. Physiquement c’était dur, on devait chanter tous les jours et longtemps, et à l’époque, je chantais très peu. Si l’effet sur la musique que je fais aujourd’hui n’est pas directement visible, ça m’a permis de développer un sens de la curiosité et en prime, j’en ai ramené un harmonium, le premier instrument portable que j’ai pu jouer dans ma vie. »

Julia Holter ‘Loud City Song’ Domino/V2

Rapidement catapultée grand espoir mondial de la dream pop, grâce à son magistral deuxième album ‘Ekstasis’, il lui avait valu les honneurs de la réédition sur le prestigieux label Domino, Julia Holter ne pouvait décevoir sur le disque de la confirmation. Allons-y franchement, pour le désenchantement et la déconvenue, il va falloir trouver une autre adresse que celle de la songwriter américaine. Toujours adepte d’expérimentations qu’elle dose à la perfection, la timide Californienne parvient à garder un équilibre précaire mais indispensable entre l’accessibilité romantique et la recherche sonore. Telle une nouvelle Beach House apprivoisée au contact de Kate Bush, ça crève les oreilles sur des titres comme ‘Horns Surrounding Me’, Holter franchit le cap de la maturité avec un brio tellement naturel que ça semble facile. La marque des toutes grandes, en somme. (fv)

on stage 03/11, Botanique, Bruxelles


STEKENE

SEAN PAUL . FLAmiNg LiPS mANic StrEEt PrEAchErS OZArK hENrY . DAAN . ArNO ZOrNiK . BLAcK BOX rEVELAtiON DiNOSAUr Jr . thE ScABS . SX

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Texte : Nicolas Alsteen © shawn brackbill

Née en Louisiane, la voix de Julianna Barwick a germé dans le Missouri, mûri dans les plaines de l’Oklahoma avant d’enchanter la ville. New York, Brooklyn. Chez elle, le chant guide la musique. Vers la lumière, le ciel, le soleil.

Meilleure façon de s’envoyer en l’air, le récent ‘Nepenthe’ est un nouvel exercice de haute voltige : un disque contemplatif et évanescent mis en orbite depuis les terres volcaniques d’Islande. Fruit de son exil au pays de Sigur Rós, cet album propulse le chant de Julianna vers de nouveaux sommets, célestes et éthérés.

Julianna Barwick Ton univers repose sur des harmonies vocales luxuriantes. Quand as-tu découvert ta voix ? Julianna Barwick : « Je chante depuis toujours. Depuis ma plus tendre enfance. Ma mère n’arrête d’ailleurs pas de me répéter que je chantais avant même de parler. J’ai toujours aimé ça. J’ai commencé à pousser la chansonnette à la crèche, ça a continué à l’école, puis à l’église. Quand je suis arrivée au lycée, j’ai décidé de prendre des cours de chant. A 19 ans, je me suis procurée un enregistreur assez basique, un simple quatre pistes. J’accompagnais ma voix à la guitare et m’enregistrais. Par la suite, j’ai essayé des trucs à la guitare électrique. Je bidouillais avec les micros, désaccordais mon instrument et mettais des effets sur ma voix. En 2005, un pote m’a prêté une loop station. Cet objet a fait entrer ma musique dans un autre monde. J’ai commencé à faire plein de petites boucles avec ma voix. »

La voix des anges Après quelques mois d’expérimentation, tu as finalement sorti un premier album autoproduit (‘Sanguine’) en 2006. Depuis ce premier enregistrement, ton processus créatif a-t-il évolué ? Julianna Barwick : « Fondamentalement, mon approche est restée la même. Je commence toujours de la même façon. A la base de toutes mes chansons, il y a une étape préliminaire durant laquelle j’expérimente, chipote et joue avec ma voix. Cette phase amène des idées, des embryons de mélodies et des débuts de morceaux. Mon premier album s’inscrivait exactement dans cette logique. Je n’ai absolument rien changé dans ma façon de procéder jusqu’au jour où j’ai découvert les joies de l’informatique. Techniquement, ça a quand même changé pas mal de choses. Cela dit, l’enregistrement de ‘Nepenthe’ marque une rupture totale avec mes anciennes façons de faire. Je suis partie travailler en Islande avec un producteur. C’est la première fois que quelqu’un m’accompagnait dans ce processus. C’est aussi la première fois que je partais aussi loin de chez moi pour concevoir un disque. » Pourquoi avoir choisi de voyager jusqu’en Islande pour faire cet album ? Julianna Barwick : « Il y a quelques années, j’ai reçu une invitation de la part d’Alex Somers, musicien, producteur et graphiste de Sigur Rós. Il appréciait beaucoup mon univers et mes chansons. Ça tombait vraiment bien : j’adorais les albums de Sigur Rós, et aussi le disque ‘Riceboy Sleeps’ qu’il a enregistré avec Jónsi. Bref, j’ai directement accepté l’invitation. » Tu as donc pris ton ticket d’avion pour Reykjavik ? Julianna Barwick : « Oui, je suis partie directement. J’étais vraiment excitée. Le seul problème, c’est que je n’avais pas encore composé un seul morceau... J’ai donc tout fait sur place. Sans ce voyage en Islande, l’album ‘Nepenthe’ aurait été différent. Peut-être inexistant. Une fois sur place, j’ai rencontré de nombreux musiciens. Sur l’album, on peut notamment entendre les cordes de l’ensemble Amiina, une chorale locale ou la guitare de Robert Sturla Reynisson du groupe múm. » Pour la première fois de ta carrière, tu as donc travaillé avec un producteur. Tu n’en avais jamais ressenti le besoin avant ‘Nepenthe’ ? Julianna Barwick : « J’ai longtemps pensé que personne n’approcherait jamais mes chansons. J’aime garder le contrôle, maîtriser tous les aspects de ma musique. Pourtant, au fil du temps, ma perception des choses a évolué. Je pense que j’avais besoin d’une oreille extérieure, d’un guide pour me conforter dans mes choix et mes lubies. Avant ‘Nepenthe’, c’était juste moi en train de m’écouter. Juste moi en train de me regarder. Ça ne pouvait plus durer. J’avais besoin d’essayer autre chose. Je pense qu’Alex Somers était la personne idéale pour ce disque. Il est adorable. Pour une première expérience aux côtés d’un producteur, je ne pouvais rêver mieux. C’était l’homme de la situation. On s’est rencontré plusieurs fois avant de se lancer dans l’aventure. On a énormément discuté de musique, de tout, mais aussi de rien. Avec lui, j’étais en confiance. Au final, il a énormément influencé l’orientation de ce disque. Maintenant que je sais comment fonctionne la relation artiste-producteur, je ne ferme plus aucune porte sur l’avenir. Pour le prochain album, je peux tout à fait imaginer une réalisation maison ou une nouvelle collaboration extérieure. Mais alors, ce serait pour partir vers l’inconnu. Vers quelque chose d’encore plus différent. » Quand tu étais en Islande, à quoi ressemblaient tes semaines ? Julianna Barwick : « J’étais assez disciplinée. Je travaillais du lundi au vendredi. Le week-end, par

contre, c’était congé. Je débarquais chaque matin dans le studio d’Alex Somers. Je prenais une tasse de café, à mon aise. Et puis, je montais tranquillement à l’étage. De son côté, Alex restait au rez-de-chaussée. Je m’installais alors derrière le piano en essayant des trucs. J’avançais à tâtons. Parfois, Alex venait me trouver pour me dire qu’il aimait beaucoup ce que je venais de jouer. Alors, on retravaillait la prise. On avançait assez vite sur les morceaux. » Quelle est la différence entre un enregistrement, chez toi, à Brooklyn et la conception d’un disque à Reykjavik ? Julianna Barwick : « Je vis à Brooklyn depuis plus de dix ans. C’est là, dans ma chambre, que j’ai enregistré mes trois premiers disques. Je connais tous les recoins de mon appartement par cœur... C’est un environnement tellement familier. C’est vraiment une zone de confort. Avec ‘Nepenthe’, je voulais me détacher de tout ça. J’ai donc rompu avec mon quotidien pour me retrouver seule sur ce morceau de terre perdu au milieu de l’océan. L’Islande est un pays incroyable. Les paysages, le mode de vie, la nourriture, les températures… Là-bas, tout est différent de ce que je connais à New York. Ça m’a profondément inspiré au moment de composer les chansons de ‘Nepenthe’. En même temps, je devais lutter contre moi-même : je souffrais du mal du pays, de l’absence de mes amis et des gens que j’aime. Partir là-bas, c’était un gros challenge pour moi. Je ne regrette absolument pas de l’avoir relevé. Mais ça n’a pas toujours été facile… » Que signifie le mot ‘Nepenthe’ ? C’est de l’islandais ? Julianna Barwick : « Non, c’est du grec ancien. Dans la mythologie, le « Nepenthe » était une drogue magique capable d’altérer les souvenirs humains, de faire disparaître les peines et la douleur. Récemment, un de mes proches est décédé. Ça m’a vraiment brisé. Cette histoire de potion s’est alors immiscée dans mon esprit. Pour une raison ou pour une autre, ça me faisait penser à ‘Eternal Sunshine of the Spotless Mind’, le film de Michel Gondry. J’aime ce concept selon lequel on peut avancer dans la vie en ne retenant que les meilleurs instants. C’est le principe de la mémoire sélective. Et puis, ce titre collait aussi aux émotions que j’ai ressenties en Islande. C’était une expérience formidable mais tout n’était pas génial. Je me sentais isolée, loin de chez moi, un peu perdue. En intitulant l’album ‘Nepenthe’, je conserve uniquement les bons moments attachés à l’histoire de ce disque. » L’année dernière, Sharon Van Etten nous confiait qu’elle était fan de ta musique. Quelle est votre relation ? Et quels sont les artistes dont tu te sens proche aujourd’hui ? Julianna Barwick : « Sharon Van Etten est une amie. Au-delà de sa voix et de son talent, c’est vraiment quelqu’un qui compte beaucoup pour moi. On a déjà tourné ensemble, on se voit régulièrement. On est dans une relation amicale. En ce moment, j’écoute souvent la musique du pianiste Glenn Gould. Je me reconnais aussi à travers le parcours d’artistes comme James Blake, Julia Holter ou Kurt Vile. Et puis, surtout, il faut savoir que je suis obsédée par Drake et Rihanna. (Rires) J’adore. Je suis complètement fan. Ça peut sembler étrange, complètement décalé par rapport à mon univers mais, à la maison, j’écoute leurs morceaux en boucle. » La richesse de ta musique doit beaucoup aux harmonies vocales. Paradoxalement, tes chansons se distinguent par une absence quasi-totale de paroles. Tu rechignes à écrire des textes ? Julianna Barwick : « En fait, ça n’a jamais été une décision consciente. Pour moi, la musique est d’abord une question de sons et de textures. Ça ne m’a jamais intéressé de dire des choses précises ou d’exprimer des sentiments bien définis. Ce n’est pas quelque chose de naturel chez moi. Je préfère entendre des vibrations et des résonances. » Un disque: ‘Nepenthe’ (Dead Oceans/Konkurrent) Suivez le guide : www.juliannabarwick.com

on stage 28/08 Feeerieen, Kiosque du Parc Royal, Bruxelles



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Earteam

Alice In Chains

Golden Suits

‘The Devil Put Dinosaurs Here’

‘Golden Suits’

Capital Records

En compagnie de Nirvana, de Soundgarden et de Pearl Jam, Alice In Chains a été l’une des figures de proue de la scène grunge du début des années 90, sortant avec ‘Dirt’ un chef d’oeuvre de rock torturé et obsédant. Le génie du groupe provenait en grande partie du chant écorché et des textes désespérés de Layne Staley qui devait finalement mourir d’une overdose en 2002. On pensait l’aventure d’Alice In Chains terminée jusqu’à ce que le reste du groupe nous revienne voici quatre ans avec un album que l’on pourrait qualifier de décent, sans plus. Nettement plus convaincant, le nouvel opus comporte plusieurs compos fortes et accrocheuses : ‘Stone’, ‘Voices’, l’entêtant ‘Scalpel’ ou encore le titre éponyme qui dégomme avec maestria l’extrémisme religieux américain. On est particulièrement sous le charme de l’atmosphère intense, tendue et lancinante d’un ensemble débordant d’énergie et d’agressivité. On pourrait dire aussi beaucoup de bien de William Du Vall, le remplaçant de Staley dont il est assez proche sur le plan vocal tout en ayant un registre plus varié. ‘The Devil Put Dinosaurs Here’ se révèle être une réussite, même s’il n’apporte rien de neuf par rapport à ce que le groupe a pu sortir voici 20 ans. (pf)

AUF ‘CD’ Graumann Records

Auteure d’un des disques les plus inattendus et aboutis de 2009 sous son pseudo d’Allroh (‘Hag Dec’, album de l’année de votre serviteur), Anne Rolfs est en-fin-de-re-tour. Aujourd’hui associée au batteur Mathias Brendel, avec qui elle forme le nouveau duo AUF, la musicienne allemande n’a guère perdu la main sur ce premier EP cinq titres – qui, contrairement à son peu valorisant titre, n’est pas un album complet. Toujours aussi bonne guitariste dans son genre punk, la (plus si) jeune demoiselle nous fait découvrir un versant légèrement différent de sa personnalité – il n’en est pas moins recommandable. Là où voici quatre ans, elle cachait sous une capuche bigarrée une timidité faussement maladroite et superbement maîtrisée, l’ajout d’un drummer emmène son univers tendrement secoué vers deux pôles aussi antinomiques que complémentaires, à savoir Stina Nordenstam et Shannon Wright. Je sais, ça n’a rien à voir et ça lui donne toute sa saveur, entre doux parfum de rose et odeur de garage. (fv)

Auren ‘J’Ose’ Naïve

Dans les commentaires des internautes sous le premier clip d’Auren, ‘L’Echappée Belle’, les mots « frais » et « léger » s’imposent comme des leitmotivs. A peine six mille vues depuis le 3 avril, faut pas avoir fait Psy (lol) pour deviner que les gens peinent à prendre la tangente au bras de la demoiselle (« Je pars de Paris / Je change de vie /… / Sois barge et suis-moi »). Course sur le sable, joli minois et jupette au vent… A vrai dire, toute insignifiante qu’elle soit, cette variété est plutôt haut de gamme. On pense souvent à un album qui aurait été écrit par Vincent Liben pour Berry. 10 petits tubes potentiels, mais jamais vraiment putassiers, au parfum rétro, qui évoquent aussi Brigitte (‘Changer La Donne’), Jacno (‘Seule Dans Mes Draps’) ou même Maissiat, auteure d’un très beau disque cette année (‘Comme La Dernière Fois’). (lg)

Beady Eye ‘BE’ Sony

C’est, souvent, quand on n’attend plus rien d’un artiste que celui-ci se révèle le plus surprenant.

V2

Au sein du binôme de Department of Eagles, Fred Nicolaus fut longtemps celui qui acceptait d’être laissé en rade, Daniel Rossen, son coloc de la New-York University, s’étant fait la belle avec Chris Taylor pour rejoindre Grizzly Bear en 2004, fuite prospère s’il en est. L’incartade n’avait pas empêché les deux comparses de remettre le couvert en 2008 avec ‘In Ear Park’, pépite élégiaque discrète dont seuls sont capables ceux qui n’ont pas d’enjeux pressants. Abonné à une malchance grouillante et au banc de touche, voilà l’étiquette qui aurait pu être placardée sur le dos de notre homme, si ‘Golden Suits’, phénix émotif, n’avait pas émergé de ces enchaînements de couacs (rupture, appartement insalubre, faillite) que la vie réserve. Car si cet album a tout d’une tentative de reconquête désespérée (« but I can’t help / you know I’ve tried / but it’s too late /anyhow »), c’est aussi une renaissance nostalgique mais moelleuse. ‘Swimming of 99’ envie l’être autrefois aimée, mais avec la résolution de quelqu’un qui cherche à garder la tête hors de l’eau, là où ‘Under Your Wing’, attendrissante requête, tantôt tambourine avec prestance, genou à terre, tantôt aspire à la compassion (« please tell me you need me / keep me where I am »), tremolo et battements de mains en renfort. ‘Restaurant Song’, très sobre en notes et tutoyant Randy Newman, réussit son effet trouble grâce à des accentuations bien senties (« I should leave you / before I get sucked in / by your cold / and lovely pride »). Ces jours où vous n’attendez pas que la pop vous essore ou vous explose, plutôt qu’elle vous console d’une moue timide, Golden Suits pourrait s’avérer un compagnon plus que compatissant. (alr)

dEUS, pour qui on ne donnerait plus son slip depuis au moins dix ans, nous a sorti un tout bon concert aux Ardentes cette année. C’est pareil avec le nouveau Liam Gallagher. Pour lui, on aurait quasiment laissé les deux burnes sur la table, à quatorze ans, en pleine bagarre ‘Country House’ / ‘Roll With It’. Aujourd’hui, lassés de ses pitreries lennonesques depuis belle lurette, c’est à peine si on lui serrerait la pogne. Mais ‘BE’ replace considérablement la petite frappe sur l’échelle de notre estime. Après, évidemment, plus de septante minutes de britpop minaudant sous les cuivres et les arrangements de cordes, c’est beaucoup trop long, même (excellemment) produit – et il faut saluer l’idée audacieuse – par Dave Sitek (Tv On The Radio). Il faut donc retirer les six ou sept très bonnes chansons du lot (15, tout de même) ; par exemple la magnifique acoustique ‘Ballroom Figured’ ou le final gentiment psyché de ‘Don’t Brother Me’. On tiendra alors dans ses mains une belle friandise qu’on s’enfilera en apéro juste avant le nouveau Suede. (lg)

Blackfield ‘IV’ Kscope

On a – comme tout le monde – ses têtes. Celle d’étudiant attardé à petites lunettes de Steven Wilson ne me revient pas. Jamais pigé ce que des mecs trouvaient à Porcupine Tree ou Bass Communion. Aujourd’hui, le binoclard hyperactif relance son projet le plus pop, entretenu à intervalles réguliers depuis 2001 avec le rocker israélien Aviv Geffen qui en a, par ailleurs, pris les rênes depuis le troisième album. A vrai dire, ‘IV’ met d’humeur à l’euphémisme : Blackfield, c’est la moins mauvaise collaboration de Wilson. Tout ça pour souligner son intérêt somme toute moyen. Vous aurez donc capté qu’on peut sans doute trouver dans les linéaments ‘Blackfield’, ‘Blackfield II’ et ‘Welcome To My DNA’ les bases d’une œuvre « gigantesque », ‘IV’, ce barnum featuring Vincent Cavanagh (d’Anathema), Brett Anderson (de Suede) et même Jonathan Donahue (de Mercury Rev). Pour la forme, on sauvera une ou deux ballades pianistiques qui laissent imaginer McCartney croisant le fer avec Elton John. (lg)

Black Sabbath ‘13’ Ver tigo/BS Productions

Quelle est la pertinence d’un album de Black Sabbath en 2013? La question mérite assurément d’être posée compte tenu du fait que le groupe a sorti son dernier grand album voici près de quarante ans et que la décence nous empêche

d’évoquer ce qu’il a commis depuis les années 80. Un élément susceptible d’apporter une lueur d’espoir résidait dans le retour aux affaires d’Ozzie Osbourne, sans doute lassé de cabotiner dans des télé réalités. Quid du verdict ? Et bien, aussi sidérant cela puisse-t-il paraître, ‘13’ est un bon album. On est tout d’abord agréablement surpris de constater qu’Ozzie n’a rien perdu (ou presque) de sa voix légendaire, et que Iommi et Butler sont au diapason. Il n’y a sur ce disque absolument rien à jeter et on trouve même quelques joyaux, comme le stoner monolithique et obsédant de ‘God is dead ?’,le furieusement contagieux ‘Loner’ou encore ‘Zeitgeist’qui a tout pour devenir le ‘Planet caravan’ des années 2010. Puissant, groovy, spontané et bourré de riffs démentiels, ce disque nous vaut le retour du vrai Sabbath, celui qui avait mystérieusement disparu depuis ‘Sabotage’. Welcome back, guys ! (pf)

Frank Bretschneider ‘Supper.Trigger’ Raster-Noton

Force motrice du toujours motivant label Raster-Noton aux côtés de Carsten ‘Alva Noto’ Nicolai et d’Olaf ‘Byetone’ Bender, Frank Bretschneider constitue sans doute un des artistes les plus “catchy” de l’officine allemande – et le présent ‘Supper.Trigger’ n’en est que la confirmation. Là où ses petits camarades de jeu explosent de plaisir à assécher la techno pour n’en dévoiler que le très excitant squelette rythmique, l’homme également connu sous le pseudo de Komet joue des contrastes et des couches, tout en traitant ses beats avec une inventivité qui laisse bien souvent pantois (d’admiration, s’entend). Contrairement à l’opposé des DJ néerlandais assourdissants qui prennent leur public pour des veaux – le pire, c’est qu’il en redemande – l’homme de Chemnitz démontre, une fois de plus et elle n’est jamais de trop, qu’on peut faire rimer créativité, excitation et intelligence. Heiliger Frank, beten Sie mit uns. (fv)

Ken Camden ‘Space Mirror’ Krank y

Les habitudes ne trompent pas et à la seule vue du label Kranky sur la pochette, on sait que la musique vaudra au minimum un détour sympathique. Dans le cas de Ken Camden, le voyage se transforme d’entrée et six plages durant en épopée intergalactique digne des meilleurs Envahisseurs. Adepte, à n’en point douter, d’une Kosmische digne d’un documentaire seventies sur la conquête spatiale, mais aussi bande-son im-

probable d’un potentiel hériter d’Andrei Tarkovsky, son ‘Space Mirror’ adoube les étoiles et transfigure les comètes, quitte à parfois en rajouter sur un ou deux clichés de la musique spatiale – à l’image de ces wouuuuu synthétiques d’un autre temps. Nettement au-dessus d’une mêlée sans âme qui idolâtrerait Jean-Michel Jarre pour mieux oublier Delia Derbyshire, Camden n’invite certes pas à la framboise frivole (ceux qui recherchent la mélodie à tout prix sont priés de sortir) et tout en demeurant un poil moins inventif que son confrère Bee Mask, il mérite une belle médaille de bronze, en attendant la plus haute marche. (fv)

Case Studies ‘This Is Another Life’ Sacred Bones Records

Rien d’étonnant finalement à ce que Jess Lortz (le Duke du duo folk The Duchess and The Duke) ait élu domicile sur le label au triangle et au serpent pour ce projet solo sous la cagoule de Case Studies. Son esthétique en clair-obscur, sa mélancolie lumineuse et ses arrangements débraillés trouvent parfaitement leur place dans l’auberge espagnole qu’est le catalogue du label new-yorkais. Car si Jess Lortz connait ses Cohen et ses Dylan sur le bout des accords, son songwriting s’ingénie surtout à faire reculer ses compositions dans les recoins les plus obscurs du folk ou de la country. Obscurs mais jamais ténébreux même si les lyrics en forme d’épitaphe de la plage éponyme pourraient laisser penser le contraire: “I wonder if there will come a day when I let my light shine? /There was a time I could climb into the nearest tree and see my future unfolding out up ahead/Then I’d fall, just to find that, foolishly, I’d tied a noose around my head”. Dominées par les sonorités acoustiques et surtout par un piano aussi bancal que lui, les compositions de Lortz érigent plutôt la catharsis que le mélodrame en art de vivre. Moment choisi par Marissa Nadler pour venir prêter sa voix sur le superbe ‘Villain’, titre charnière qui engage l’album vers davantage de lumière et de lyrisme. Climats immobiles, voix en suspension, chansons dénudées, ‘This Is Another Life’ est un disque à la beauté fragile à défaut d’être évidente. (gle)

Civil Twilight ‘Holy Weather’ Membran Records

Quatuor originaire du Cap, Civil Twilight a délaissé il y a quelques années l’étroite scène sud-africaine pour vivre son rêve américain en posant son baluchon musical du côté de Nashville. Dans la foulée du premier album éponyme sorti en 2009, ce sont surtout les séries télés américaines qui se sont emparées de leurs compositions à gros sabots dont on jurerait que les tablatures ont été dérobées dans le fond d’un vieux tiroir de The Edge ou de Matt Bellamy. A nouveau, le groupe fait très peu d’effort pour masquer ses sources d’inspiration.’Holy Weather’ réalimente le petit stock de pseudo-tubes prêts à l’emploi, comme autant de sésames pour leur ouvrir un jour les portes des stades. Illustration notamment avec le pompiérisme assumé de ‘Fire Escape’ ou de ‘Move/Stay’ qui sont à eux seuls une anthologie d’arena-rock. Et si le groupe élargit son spectre musical, c’est en déstructurant ses compositions et en y introduisant des éléments électroniques dans un touchant hommage à Radiohead. Préférez l’original à la copie. (gle)

Maya Janes Coles ‘Comfort’ I/AM/ME

Née d’un père anglais et d’une mère japonaise, c’est dans le froid obscur de la nuit londonienne que Maya Jane Coles puise des revendications house d’une belle teneur narcotique. Remarquée,


Présente

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18

Earteam

et on comprend vite pourquoi, par les magazines Mixmag, Fact ou Village Voice, la productrice from London côtoie les genres à l’image d’une Miss Kittin. Entre house music et electro pop, tendance pas trop rigolote tout de même, Coles pose un regard à la fois lucide et sombre sur le monde de la nuit – même si, ça et là, on risque le dérapage pour soirée cocktail animée par l’insupportable David Jeanmotte (mais si, le relooker nunuche de ‘Sans Chichis’). Hormis ces quelques écarts, si on écoutera pas nécessairement ‘Comfort’ pour se rebooster le kiki un petit matin de novembre, il comporte suffisamment de titres convaincants (8 sur 12 au moins) pour retrouver le chemin de nos ondes perso. (fv)

Daran ‘L’Homme Dont Les Bras Sont Des Branches’ Washi Washa

Jusque-là, on s’était toujours un peu méfié des mecs prénommés Jean-Jacques. Surtout ceux qui écrivent pour Johnny Halliday. Et puis, peutêtre un brin éméchés, on a vu le moins connu d’entre eux aux Francofolies de Spa cet été et, finalement, on a acquiescé quand le père d’un pote, nous tapant gentiment du coude dans les côtelettes, nous a dit, fanfaronnant, « alors, il est pas si nul hein le Daran ?! ». On s’est souvenu qu’on avait le disque à chroniquer, qu’il trainait à la maison, qu’on n’était pas pressé de l’écouter. Et là, oui, après se l’être enfilé deux fois (on n’exagère pas non plus avec les Jean-Jacques), il faut reconnaître qu’il y a, surtout dans la deuxième partie du disque, quelques bonnes chansons, de factures certes classiques mais avec des paroles pas trop nazes : ‘Phare Du Four’ (« D’ici, l’indicible n’est jamais très loin »), ‘Le Hall De L’Hôtel’ (dont on apprendra, en approfondissant les crédits, que le texte est de Miossec, ben tiens – d’ailleurs, seules les musiques sont de Daran, comme quoi il ne faut jamais accorder top vite sa confiance aux Jean-Jacques), ‘Pas Peur’. Passable. (lg)

Deap Vally ‘Sistrionix’ Island

Deap Vally est un duo de pétroleuses qui débarquent de Californie avec la panoplie complète de la bad ass attitude et surtout une farouche volonté d’en découdre. Et puisqu’on est dans la couture, c’est précisément à l’occasion d’un cours de crochet que le duo se serait rencontré, une anecdote qui ne manque pas de faire sourire à l’écoute de la galette. Car sous leurs faux airs de Thelma et Louise, ces duettistes font davantage dans le barbelé que dans la dentelle. Né des amours improbables entre Led Zep, Black Sabbath et les White Stripes, le duo est emmené par Lindsey Troy qui feule comme une Joan Jett qui aurait abusé de Robert Plant tout en jouant avec le manche de Dan Auerbach des Black Keys. Derrière elle, Julie Edwards défonce ses fûts avec plus d’énergie encore que Meg White. Au risque de se prendre une machine à coudre sur le coin de la figure, c’est un peu un sentiment de préfabriqué qui domine à l’écoute de ces amazones à l’ambition encombrante. Loin de fuir les clichés associés au blues-rock crasseux et hypersexualisé, elles en simplifient encore la recette en martelant et la batterie et la même guitare saturée pendant tout le couplet avant de balancer un supplément sauce à base de power riff bien gras. Volontairement monomaniaques, les onze titres bastonnent dur dans une production au lanceflamme à l’efficacité maximale. Où sont la nuance, l’insolence, la moiteur ou la lubricité ailleurs que dans la posture ? (gle)

The Drowning Men ‘All Of The Unknown’ Borstal beat Records/V2

Ce groupe californien actif depuis une demi-douzaine d’années a récemment accompagné le mythique Roky Erikson en tournée, ce qui lui a permis

The Eyes From Beyond

Holden

‘Behind Electronic Process Negative’

‘Sidération’ Watusa

Il y a une chanson qui relie les trois sommets d’un triangle dont Holden constitue, aujourd’hui, le centre de gravité : ‘Le Premier Bonheur Du Jour’. D’abord l’originale, en 1963, par la candide Françoise Hardy, ensuite sa reprise tropicaliste psyché à l’aérosol d’insecticide par Os Mutantes cinq ans plus tard, puis sa version lo-fi chic par Françoiz Breut, au milieu des années 2000. Holden a toujours évolué dans ces eaux interlopes, brassé des contrecourants. Et engrangé une armée de fidèles (ce cinquième disque est financé au crowdfunding sur kisskissbankbank), prêts à suivre Armelle Pioline jusqu’à la démence. « Une folie de croire que cette voix est la sienne » (‘C’est Pas Des Mots’) où voix pourrait aussi se terminer par e et indiquer les chemins de la ‘Sidération’, médicalement parlant l’effondrement d’une ou plusieurs fonctions vitales : ici une sorte de douce petite mort, ouateuse et rêche à la fois, un endormissement définitif, frugal et enchanté. On en resterait là et ça serait, après tout, très bien comme ça. Parce que ce cinquième album marque indéniablement un cap important dans la carrière du trio parisien, peut-être même la fin tout court. Après un tel ouvrage – espèce de grandeur et décadence du lo-fi à la française (qui relègue le pourtant excellent Bertrand Belin à la division inférieure, entendre l’incroyablement pop ‘Quel Ami’) –, on ne serait que moyennement étonné d’apprendre que Mocke se consacre désormais et exclusivement à ses autres projets (Arlt, le terriblement excitant Midget !, entre autres). Il faudrait donc être idiot pour rater le concert du 20 septembre à Liège, à l’An Vert, histoire de reprendre en chœur ‘L’Air De La Vie’ : « Mais qui aurait pu dire / Que je t’aimerais autant / Qui aurait pu le dire ». (lg)

de mettre en avant sa pop extrêmement bien foutue et catchy aux arrangements soignés. Le nouvel album confirme cette tendance, lui qui recèle plusieurs titres à l’évidence pop assez lumineuse : ‘Lost in a lullaby’, ‘Smile’ ou ‘A fool’s campaign’ sont autant de morceaux qui restent immédiatement en tête. Notons aussi que le groupe frappe juste lorsqu’il décide de nous tirer des larmes avec des ballades déchirantes et désespérées (‘A better place’, ‘A long, long walk’). Pourtant, trop de morceaux débordent d’un pathos un peu trop forcé à nos yeux. Ensuite, pas mal de titres sont interchangeables. Surtout, l’ensemble fait vraiment beaucoup penser à Arcade Fire, en plus convenu et avec moins de souffle. (pf)

Editors ‘The Weight Of Your Love’ Pias

Embarrassant. Même en déployant des trésors de bienveillance, c’est le seul adjectif qui s’impose à l’écoute de ce quatrième album des Editors. Car comment qualifier autrement cet accident industriel qui voit un groupe perdre à ce point son identité et ne laisser au final que l’impression de n’être plus qu’un excellent et clinquant cover band d’Echo And The Bunnymen, de U2 ou de Coldplay, voire les trois à la fois sur certains morceaux ? Tout avait pourtant relativement bien commencé avec ‘The Weight’, introduction sombre avec guitare minimaliste assortie d’un clavier lugubre. Dans la foulée, ‘Sugar’ et sa basse aussi turbulente que groovy surprenait encore. Peut-être s’agissait-il des fonds de tiroirs d’une époque révolue où le guitariste « historique » Chris Urbanowicz avait encore son mot à dire avant de claquer la porte. Car dès le troisième titre, il semblerait que Tom Smith ait décidé une fois pour toutes d’asservir le groupe à ses rêves de grandeur en carton-pâte. Le bien-nommé ‘A Ton Of Love’ en fait des caisses et entame la litanie de tubes avortés à l’esthétique boursouflée et dégoulinante dont la seule ambition semble être de mettre en valeur une voix, certes toujours aussi puissante, mais qui redevient rapidement… embarrassante lorsqu’elle verse dans le falsetto (‘What Is This Thing Called Love’). Surproduits par un Jacquire King peu inspiré, des titres bourrés de clichés musicaux comme ‘Nothing’ ou ‘Two Hearted Spider’ trouveront sans problème leur place dans le Guiness Book du mauvais goût. Il est décidément bien loin le temps de ‘An End Has A Start’. Mais c’est peut-être effectivement le début de la fin. (gle)

Empire Of The Sun ‘Ice On The Dune’ Capitol

Le mois passé, je me suis pris les pieds dans ma propre métaphore bricoleuse et comparais un

groupe électro-pop de plus avec l’esthétique douteuse et omniprésente des panneaux MDF. Mal m’en prit, il fallait bien sûr lire OSB. OSB, comme ‘Omnipresent Shitty Band’. Revoici d’ailleurs les Frères Bogdanoff de Empire Of The Sun, dont on avait su apprécier l’opus précédent, sympathique kitscherie qui avait l’avantage de débarquer au début de la vague, quand bien même MGMT méritait de leur coller leur pataugas aux roustons. Cette fois la couleuvre est plus difficile à avaler. Plus kitsch, plus laid, plus gloss, plus synthétique, et sans oublier de plus grandes plumes encore sur la tête à Luke Steel (il est loin le temps de Sleepy Jackson). Trop is te veel. Convoquer Zardoz, les Power Rangers et le Cirque du Soleil est devenu la priorité d’un groupe dont les expériences passées laissaient espérer d’autres évolutions musicales que ce glissement trop prévisible vers la soupe populaire. Las, leur grandiloquence glam englue tout ce qui passe à leur portée et noie ‘Ice On The Dune’ sous une tonne de gelée indigeste. Sérieux, personne pour leur dire qu’en tant qu’Australiens les portes de l’Eurovision leur sont fermées ? (ab)

The Ex & Brass Unbound ‘Enormous Door’ Ex Records/Konkurrent

L’association entre The Ex et Brass Unbound ne constitue pas une simple rencontre fortuite ou une accolade de circonstance, elle incarne le prolongement naturel d’affinités sélectives. Brass Unbound réunit les saxophonistes Mats Gustafsson et Ken Vandermark qui ne sont plus à présenter, le tromboniste Walter Wierbos et le trompettiste italien Roy Paci. Cette unité fortiche de cuivres se frotte au combo hollandais le temps d’allumer et d’illuminer des sessions fracassantes que ces enregistrements captés en Italie restituent avec assez de fidélité. Si on ne compte plus les collaborations engagées par The Ex, dont les plus retentissantes sont sans doute aucun celles avec Getatchew Mekuria et Ex Orkest, celle-ci est particulière dans sa combinaison et mérite d’être entendue live. Inévitablement, The Ex domine et les cuivres peinent parfois à être pleinement entendus. Au final pourtant la combinaison fait mouche et fonctionne. On revisitera certains titres avec bonheur dont ‘Our Leaky Homes’, ‘Bicycle Illusion’ et ‘Theme From Konono no 2’ remaniés pour l’occasion dans des versions sensiblement différentes des originales ou encore ‘Belomi Benna’ une chanson traditionnelle éthiopienne précédemment interprétée lors de l’épique Ethiopia Tour. Soufflant. (et)

Avant même d’écouter l’album de ce groupe belge, j’avais un apriori positif dans la mesure où l’exemplaire qui m’a été fourni est un vinyle (180 grammes, soit du lourd !) doté d’une magnifique pochette. Et pour ce qui est du contenu, me direz-vous ? Et bien il s’agit d’un live enregistré l’an passé au Magasin 4 qui permet de démontrer tout le talent d’un groupe qui excelle dans un registre stoner métal lourd et ultra efficace. Après un ‘Nostradamus’ qui ouvre l’album de façon faussement lente, le quintet nous balance une série de tueries incroyables. Outre le fait qu’il assène ‘Morning waste’ en guise d’uppercut,‘Haunted hunter’et le très métal ‘Variations in insanity’ valent leur pesant de brutalité bien noisy;‘Behind Electronic Process Negative’ se montre volontiers expérimental au niveau de la structure, notamment avec le très agressif ‘Nothing left inside’ ou le sludge doom et psyché de ‘Call the immortal’, titre à la fois somptueux et monumental. On notera en outre la grande qualité de l’enregistrement qui est très au-dessus de la moyenne pour un live, tout en parvenant à préserver le côté brut de décoffrage de l’ensemble. Croyez-moi, The Eyes From Beyond insuffle une nouveau souffle à un genre qui tourne parfois en rond. Si l’expérience vous tente, ruez-vous sur la page Facebook du groupe. (pf)

Frankie & The Heartstrings ‘The Days Run Away’ Pop Sex Ltd/Pias

« Na na na na na na na », je croyais que ça te rendait toute chose, les miaulements de drive-in ? Les types baltringues en perfecto, gomina, fossette au menton qui en font des tonnes dès qu’une jupe vichy qui tourne entre dans leur champ de mire ? Ceux qui ont révisé tout leur Patrick Swayze en justaucorps pour éviter de mettre des filles sensass’ dans le coin, tout leur John Travolta pour être assez tough en cas de panne de carburateur, même si on ne croise pas Sandy sur le littoral chaque été ? Ceux qui ont élu Bernard Butler dans leur équipe, des fois que la divine Brett vienne titiller le chef du gang des Chats-Huants? Tu dois confondre avec Brigitte B., babe. Moi j’aime les excentriques à boa et à punchlines, pas ceux qui font rimer « cry » avec « goodbye », pas ceux qu’on greffera du larynx dans deux ans à force d’avoir la glotte sur le trampoline. « That girl, that scene, will be the death of me. » (alr)

Franz Ferdinand ‘Right Thoughts, Right Words, Right Action’ Domino/V2

Quatre ans après avoir sorti un ‘Tonight’ plus audacieux et expérimental que réellement convaincant, Franz Ferdinand a décidé de revenir à ce qu’il fait de mieux et ce qu’on attend de lui, à savoir la composition de tubes. Incroyablement pop et ultra direct, ce nouvel album est une véritable démonstration d’efficacité dans un registre néo post punk éclectique et excitant qui a fait la marque de fabrique du groupe. Dès l’écoute de ‘Right action’, qui ouvre les hostilités, on retrouve cette extase qui avait accompagné la découverte de ‘Take me out’ voici près d’une décennie. Suit le très sexy ‘Evil eye’ aux sonorités quasi disco funk qui laisse la place au plus énervé ‘Love illumination’ dont les riffs hard/garage sont particulièrement bien sentis. On voit là tout le talent d’un groupe qui connaît ses classiques et qui jongle avec les styles, ce qui est encore perceptible sur l’excellent ‘Bullet’ et ses


06.09 06.09 10.09 11.09 11.09 12.09 12.09 14.09 16.09 18.09 19.09 19.09 20.09 21.09 21.09 22.09 22.09 24.09 24.09 25.09 25.09 25.09 28.09 29.09 30.09 30.09 01.10 02.10 02.10 03.10 04.10 06.10 08.10 09.10 10.10 10.10 11.10 11.10 13.10 13.10 15.10 16.10 17.10 17.10 18.10 19.10 20.10 21.10 22.10 24.10 25.10 29.10 29.10 30.10

BRAIDS ca STRAND OF OAKS us DAWES us THE BLACK ANGELS us + ELEPHANT STONE ca HOUNDMOUTH us THE BOXER REBELLION gb RUE ROYALE us SAINT-JAZZ-TEN-NOODE THE MILK CARTON KIDS us + MELODY POOL au CASCADEUR fr LES NUITS DU SOIR 2013 : 2012 be - PALE GREY be -

MADNESS 15-09-2013

CHARLES BRADLEY 21-10-2013

SEASICK STEVE 27-10-2013

CASCADEUR 19-09-2013

EDITORS 22-10-2013

AGNES OBEL 02-11-2013

FRANK TURNER 21-09-2013

PASSENGER 25-10-2013

TEXAS 03-11-2013

LITTLE X MONKEYS be - ANTOINE CHANCE be - UMAN be VEENCE HANAO be • une production du journal Le Soir en coproduction avec le Botanique

NO CEREMONY gb FRED & THE HEALERS be • présentation nouvel album YOAV il STU LARSEN & NATSUKI KURAI au SMITH WESTERNS us BARBAROSSA gb KATE NASH gb DRENGE gb FUZZ us FANFARLO gb SPECTOR gb ROBERT DELONG us CSS br CROCODILES us BORN RUFFIANS ca + MOON KING ca CLOUD CONTROL au LILLY WOOD & THE PRICK fr• Coprod. Live Nation DEER TICK us MOTORAMA ru VIVE LA FÊTE be TUNNG gb + PINKUNOIZU dk PETER VON POEHL se + PIERS FACCINI fr MARK EITZEL us + SACRI CUORI it CLOÉ be KISSAWAY TRAIL dk RONE fr «Tohu Bohu Tour» + SUPERPOZE fr SMALL BLACK us ANE BRUN no + VERY SPECIAL GUEST TONBRUKET se JOY WELLBOY be • présentation nouvel album NOA MOON be MAJICAL CLOUDZ ca ALEX BEAUPAIN fr THE STEPKIDS us SEBADOH us ORVAL CARLOS SIBELIUS fr THE VIEW gb SAN CISCO au TINDERSTICKS gb «Across Six Leap Years Anniversary Tour 2013» • Coprod. Live Nation FAUVE fr • SOLD OUT OZRIC TENTACLES gb + MANTIS MASH de SOPHIA gb + NEW FOUND LAND se TAMIKREST ml ALEX HEPBURN uk

…ET TOUTE LA SUITE DE L’AGENDA 02.218.37.32 – WWW.BOTANIQUE.BE

GOD IS AN ASTRONAUT 23-09-2013

NOISIA & FOREIGN BEGGARS PRESENT 01-10-2013

THE KNIFE SHAKING THE HABITUAL SHOW 29-10-2013

-M07-11-2013

BETTENS (FORMERLY K’S CHOICE) 08-11-2013

OZARK HENRY 05-10-2013

ANE BRUN 16-10-2013

GESAFFELSTEIN DJ SET 25-10-2013

PIXIES 11-11-2013

www.rockhal.lu Rockhal, Esch/Alzette (LUX) // infos & tickets: (+352) 24 555 1 Rockhal recommends to use public transport: www.cfl.lu


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Earteam

saveurs punk acidulées façon Buzzcocks ou encore l’entêtant ‘Treason !Animals’ illuminé par un orgue digne des Stranglers de la grande époque. Comme toujours, Alex Kapranos brille dans son style crooner lascif mais pas trop, ce qui nous vaut l’élégance faussement nonchalante de ‘Brief encounters’ ou encore le très beatlesien ‘Fresh strawberries’. Un grand disque pop, lumineux, fanfaronnant et plus que bienvenu en cette période (f)estivale ! (pf)

Freckleface Starman Records Avant qu’il n’accède au statut qu’on lui connaît aujourd’hui, Arno Hintjens fit ses premières armes aux côtés de son comparse Paul Couter au sein d’une formation qui fit long feu, Freckleface. Au printemps 1972, le combo enregistra dans les caves d’une école à Gand un unique album au titre éponyme. Tiré à un millier d’exemplaires, ils peinèrent à s’écouler et, le temps passant, finirent par disparaître de la circulation. Arno et Couter fondèrent Tjens-Couter et ensuite le TC Band qui deviendra TC Matic. Sur ces cinq compostions rescapées, Arno s’essaye au chant et taquine l’harmonica tandis que pour sa part Couter semble avoir plus d’assurance à la guitare. Ils sont entourés par le batteur Jean Lamoot et le bassiste Paul Vandecasteele, seul membre permanent et fondateur du groupe. Le disque s’ancre dans un blues/root rock somme toute traditionnel tandis que les morceaux peinent à restituer la sonorité originale que le groupe devait s’employer à déployer live. On note parfois quelques dissonances, voire quelques fausses notes comme sur la longue plage de début ‘If We’. Cette réédition, joliment présentée avec un livret documenté, intéressera les curieux. (et)

Eleanor Friedberger ‘Personal Record’ Merge Records

Miroir, mon cher miroir, dis-moi donc qui elle est...Une liane à frange et forte personnalité ? Une trentenaire à la diction singulière ? Une interprète de pop arty rarement dans la retenue ? Une ‘Fille Perdue Cheveux Gras’ à l’air extatique même en cas de sabotage (« Frequent rejection /Occasional affection / It’s often offered / In the wrong direction ») ? Face au phénomène Eleanor Friedberger, s’en tenir à une image serait faire fausse route. Agaçante d’assurance pétulante comme une hôtesse de l’air mais aussi drôle et maladroite sentimentalement que Miranda July (‘Other Boys’, ses portraits caustiques, preuves cuisantes d’une relation non-exclusive pas annoncée telle), capable de tubes à l’immédiateté presque too big to be true (‘Stare At The Sun’ à tue-tête, ‘When I Knew’ et sa guitare à toute vapeur) comme de véritables twists de forme, celle qui enfila ses bottes de seven miles avec Franz Ferdinand résiste au jugement stable tant elle nous fait osciller entre « Waouw ! » (‘I’ll Never Be Happy Again’, sa fluidité mélodique, son ironie assumée...et comme un faux écho de ‘Top Gun’) et « One more word and then I’ll shut up ». (alr)

Ghostface Killah ‘Twelve Reasons To Die – The Brown Tape’

U-God

‘Keynote Speaker’ Soul Temple

(na) vous a déjà glissé il y a trois mois les douze bonnes raisons de se laisser aller au hip hop singulier du dernier album de Ghostface Killah, ‘Twelve Reasons To Die’. A l’époque, pour célébrer le Record Store Day, Soul Temple avait sorti une cassette d’un mix alternatif de l’album par le beatmaker de Détroit Apollo Brown. L’affaire est donc maintenant disponible pour le plus grand nombre en cd et digital. Si la démarche du label est douteuse, le contenu proposé est impeccable. Revisiter ce hip hop à la Geoff Barrow, loin des grelots et du bling bling, entre ciné de blaxploitation (‘The Center Of

David Lynch The Big Dream’ Sunday Best/Pias

Avec ‘Crazy Clown Time’, son premier album paru sous son nom fin 2011, David Lynch revendiquait son statut de musicien en lui assignant une importance rivalisant avec son aura de cinéaste culte. Malgré l’accueil enthousiaste de la chronique, le disque ne s’avéra pas le tremplin d’un changement de carrière qui au demeurant ne fut jamais à l’agenda de son auteur. Ce deuxième album confirme Lynch en tant que musicien non institutionnalisé, mais musicien dans l’âme et dans le geste. Avec l’aide de son comparse Dean Hurley, Lynch compose de véritables chansons et joue de la guitare pour leur donner corps. Plus important, il les chante. Une voix fêlée, étouffée, asphyxiée, presque garrottée. C’est au blues que Lynch n’a de cesse de retourner et d’emprunter. Parfois on remonte le temps au début des années 60 comme sur ‘Star Dream Girl’, ‘Cold Wind Blowin’’ ou ‘We Rolled Together’ qui campent une Amérique rivée à ses artéfacts culturels ou paysagers. L’anecdotique ‘Sun Can’t Be Seen No More’ étend plus loin encore le champ sémiologique en narrant l’histoire d’un gars déboussolé débarquant dans un studio de Memphis. Mais c’est à Dylan que Lynch rend hommage avec sa reprise décalée de ‘The Ballad of Hollis Brown’. En entrée, le titre éponyme ‘The Big Dream’ s’annonce comme un single potentiel et affiche son romantisme sans vergogne. Idéalement, ‘The Big Dream’ pourrait s’entendre comme un complément sonore au livre ‘Amérique’ de Jean Baudrillard, c’est-à-dire une Amérique vécue comme version originale de la modernité, à la fois utopie et hyperréalité. (et)

Attraction’) et western morriconien (‘Beware Of The Stare’) fait toujours du bien aux écoutilles. Une bien belle plaque. Et puis, les disques de hip hop de 33 minutes, on en redemande. Tout le contraire de ‘Keynote Speaker’ de U-God, plus de 70 minutes au compteur, qu’on aimerait deux fois plus court. On a un peu de mal à rentrer dans ce quatrième album du membre du Wu-Tang. Une fois sur deux, le flow semble à côté du truc, hasardeux, bancal. Mais quand il prend le temps de se poser, on tombe sur deux, trois perles (surtout dans la deuxième partie de l’album : ‘Golden Arms’, ‘Room Keep Spinning’, ‘Mt Everest (feat. Inspectah Deck & Elzhi)’). Il faudra y revenir (lg).

Grant Hart ‘The Argument’ Domino/V2

À moins de vouloir devenir la caricature de soimême style Iggy Pop, Rolling Stones ou même Saez et sa branlette antisociale, tous les gens bien s’éloignent un jour de leurs rages (post-)adolescentes. Grantzberg Hart, batteur des punks hardcore de Hüsker Dü dans les années 80, fait partie de ces types hautement fréquentables. A 52 balais, l’Américain se lance dans un projet assez pharaonique et, à priori, glissant : torcher un album concept inspiré à la fois par ‘Le Paradis Perdu’, le long poème épique de John Milton, traduit notamment par Chateaubriand et par ‘Lost Paradise’, un manuscrit non publié de l’écrivain beat William S. Burroughs où il serait question de SF. Là où d’autres se seraient royalement casser la binette, Grant Hart nous pond un disque non pas sensationnel mais, dans le genre, inespéré. Finalement, on s’enfile ses 74 minutes sans broncher et on revient volontiers vers quelques titres assez impressionnants. ‘The Argument’ est un fourre-tout où l’on trouve à la fois de la vraie pop bien envoyée (‘Glorious’), du lyrisme furieux borderline de l’emportement progressif (‘Awake, Arise !’), une sorte de The Divine Comedy underground (‘If We Have The Will’, ‘Underneath The Apple Tree’), du quasi rockabilly (‘Letting Me Out’) et même une tentative réussie de pop baroque qui nous rappelle le très bon petit disque de Phantom Ghost sorti l’été dernier (‘The Argument’). On renverra donc la question à l’intéressé : ‘Is The Sky The Limit’ ? (lg)

Houndmouth ‘From The Hills Below The City’ Rough Trade

« It’s a long way to make it to the border line ! » : Houndmouth, compagnie agreste provinciale et mixte, apte à produire sur demande country et americana, scande le vers avec c(h)œur palpitant à la tâche sans mesurer que c’est exactement là où elle pèche : les frontières, les petites zones troubles où pourrait se révéler une personnalité

d’intérêt plus qu’une réplique digne de l’American Folk Art Museum ou d’une crèche vivante spécialisée en shows roots. On a vu spectacle plus désolant, mais tout ici sent bien plus le savon que le whisky, la mesure est plus souvent battue comme dans une troupe scoute que dans un ‘Casino (Bad Things)’ clandestin, le train de marchandise n’est guère pris d’assaut par des hors-la-loi, malgré une envie tangible de totemiser The Band sur le bord du chemin, d’emprunter les traces de Mumford and Sons, d’être un bon pélerin au moment de découper la dinde. (alr)

Isaak ‘The Longer The Beard The Harder The Sound’ Small Stone Records/Ber tus

Trois ans après avoir réalisé ses débuts sous le nom de Gandhi’s Gunn, ce combo stoner italien nous revient avec une réédition de l’album du même titre sorti l’an passé dans un relatif anonymat en dépit de réelles qualités. Dans un registre stoner moderne bien rentre-dedans, Isaak n’a de leçon à recevoir de personne. Se situant quelque part entre Clutch, Fu Manchu, Corrosion of Confirmity et les Queens of the Stone Age, le groupe envoie le bois et nous réserve quelques pépites affichant une bonne dose de caractère et de puissance. Dans un registre couillu, ‘Under siege’ et ‘Breaking balance’ sont des tueries, tandis que l’on peut difficilement résister au délire psychédélique obsédant de ‘Hypotesis’ associant riffs acides, claviers et sitar avec beaucoup de bonheur. Ce qui impressionne chez Isaak, c’est son sens indéniable du groove ainsi que la façon dont certains titres suivent des courbes inattendues à l’instar de ‘Flood’ qui démarre comme une ballade slow burn pour partir en vrille. Par rapport à la version sortie l’an passé, on retrouve quatre compos bonus - dont une reprise assez rugueuse d’un titre de Pink Floyd (‘Fearless’) - assez bonnes mais qui brisent un peu la cohérence de l’album. Cela ne doit pas décourager les fans de stoner excitant de se pencher sur cette très belle sortie ! (pf)

Jackson And His Computer Band ‘Glow’ Warp/V2

Frustrante expérience que l’écoute du second Jackson And His Computer Band. Le sieur Fourgeaud, protégé et favori de nombreux artistes du milieu électro français (Justice, M83, etc.) semble ici se chercher une identité musicale, coûte que coûte, et l’entreprise est au mieux intrigante, au pire embarrassante. Il demeure dans ses boucles folles un rien d’inhabituel qui pousse à l’écoute, mais qui ne parvient que trop rarement à contaminer un beat erratique, le cul entre deux chaises. Écartelé entre désirs fusionnels

(‘Memory’, très pop ; incartades orchestrales de ‘Pump’), et velléités dancefloor (‘Arp#1’ où, au moins, l’on s’éclate un peu, le ‘Billy’ de clôture), Jackson peine à définir le son de son Computer Band. ‘Glow’ ressemble à une compilation aux choix digressifs dont certains titres eux-même souffriraient du même mal : ‘Seal’ ou ‘G.I. Jane (Fill Me Up)’, par exemple, vont partout et nulle part à la fois, au point de ne laisser aucun souvenir tangible à leur auditeur. Souvent, les collages auxquels Jackson s’adonne laissent entrevoir comme un joint entre les bords, une rupture un rien béante qui fait trébucher l’oreille là où la fluidité aurait été de mise, quand ses arythmies breakbeat ne tapent pas tout simplement à côté. La chose est d’autant plus regrettable que certaines sonorités de ‘Glow’ n’ont pas d’équivalent dans la scène électronique française actuelle. (ab)

Jagwar Ma ‘Howlin’ Marathon Ar tists Limited

La perspective d’une pop psychédélique à l’ancienne menée tambour battant sur sonorités electro a de quoi faire tourner la tête de tout nostalgique des premiers Chemical Brothers. Le duo australien Jagwar Ma, routard dans l’âme, traîne ses chansons d’un pays à l’autre, se nourrissant de la culture club de chaque point de chute pour étoffer ses platines et propose au final une alchimie pas désagréable qui rappelle surtout les débuts de Primal Scream. ‘Come Save Me’ et ‘The Throw’ sont à ce titre d’infectieux hymnes flower power aux réjouissantes remontées d’acide et ‘Backwards Berlin’ se trimbale des petits air de ‘Kid A’. Les gaillards doivent en revanche encore affûter leurs flutiaux question composition : si l’album (et le genre) est plaisant d’un bout à l’autre, il ne dégage pas exactement un goût de reviens-y, la faute à des mélodies par trop similaires ou trop peu explosives. « Oui, mais c’est dans Fifa 2013 ! » dixit le rejeton (le Darkchips confirmera). C’est peut-être ça, la consécration, finalement ? (ab)

Jetplane Landing ‘Don’t Try’ Smalltown America Records

Originaire de Derry, en Irlande du Nord, ce quatuor associé à la scène (post) hardcore ne révolutionne peut-être rien, mais son approche et son style originaux les rendent nettement plus intéressants que la moyenne. Si la base des compos est bel et bien emo et punk hardcore, on relèvera aussi de petites touches garage, math rock, hard old school, sans oublier également un côté lo fi un rien crade qui renvoie à la scène alternative U.S. des années 90, Dinosaur Jr et Pavement en tête. Comme en plus le groupe déborde d’énergie brute et qu’il a une fibre mélodique indéniable, cela nous vaut un album vachement fun et irrésistiblement rock. On soulignera le bien rugueux ‘Beat generation ha !’,le galvanisant ‘Cheapstake tricks for down people’et puis surtout le tubesque ‘My radio heart’. (pf)

Joy Wellboy ‘Yorokobi’s Mantra’ BPitch Control/News

Duo bruxellois exilé à Berlin, Joy Wellboy publie son premier album sous le drapeau allemand de l’écurie BPitch Control. En rupture avec l’esthétique traditionnellement défendue au sein du label d’Ellen Allien, ‘Yorokobi’s Mantra’ s’aventure dans les faubourgs de la pop avec des lignes de basse gonflées à l’hélium et une jolie voix de fille. Le cruise control enclenché sur une autoroute de sensualité, Joy Adegoke arpente des kilomètres de naïveté. Son timbre épouse parfaitement les arrangements électroniques dispensés par Wim Janssens, son compagnon d’échappée. Lunaire et atmosphérique, l’univers du groupe clignote aux confins de la new-wave et du trip-hop. C’est surtout dans les instants de dépouillement et de


SINCE

2003

BRNS * GIRLS NAMES (UK) * PIANO CLUB * SX AMENRA * MERMONTE (FR) * ROSCOE CASTLES * FRANK SENT US (IT) * RAKETKANON BILLIONS OF COMRADES * OATHBREAKER THE WOODEN WOLF (FR) * ¡DUFLAN DUFLAN!

LE COLISEE * FOR 24 LIVES ICE SPLIFF * SILENCE BORIS

Eden presents

2

TOGETHER WITH

s! stages - 18 band

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le Pays de Geminia +FEE

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22

Earteam

recueillement qu’on tombe sous le charme de la mélancolie moderne diffusée par Joy Wellboy. Infaillible, le single ‘Lay Down Your Blade’ a les moyens de faire chavirer le cœur de n’importe quel fan de Balthazar. Plus loin, le morceau ‘Raindrop Races’ laisse tomber ses notes de piano sur une déclaration d’amour belle à pleurer. On va tout faire pour s’en remettre. (na)

Kodaline ‘In A Perfect World’ Sony Music

Parangon du Rock Tchoulo™ - celui-là même auquel s’adonne Keane et consorts lacrymaux, Kodaline ne recule devant aucun tic, surtout vocal, à commencer par ces « oh oooooh » qui vont crescendo du crispant à l’insupportable. On encaisse les pires moments et on ratisse au peigne fin à la recherche d’un peu de matière sous cette posture et ces formules éculées entre autres par Coldplay. Passe bien à l’occasion une émotion un rien plus sobre sur ‘All I Want’, ou encore un harmonica par-ci, un piano par là. Et, parfois, on entrevoit un potentiel, on espère un brin de retenue plus folk dans les arrangements, quelques prises de risques dans les compositions, une voix qui en aurait vu d’autres, qui charrierait histoires et secrets enfouis sous la langue et on réalise, avec stupeur, qu’on ne s’est jamais remis de Sunhouse et son ‘Crazy On The Weekend’, ni de la voix hantée de Gavin Clark, ensuite repêché des caniveaux par U.N.K.L.E. « Oh Oooooh », combien il est précaire, cet équilibre entre émotion brute et galvaudage maniéré. Devinez de quel côté Kodaline serait tombé. (ab)

Pokey LaFarge ‘Pokey LaFarge’ Third Man/Ber tus

Hey, Duke ! On n’sait jamais ce que la pluie va amener, mais quand y s’ra l’heure du fais-dodo, n’oublie pas ta contrebasse. Préviens Eugene, on n’fera rien d’bon sans son washboard, j’te dis. C’est Emmett qui fournira la gnôle, il a un contact downtown. Les bateaux à aube, faut ben qu’ça serve à quéquchose quand ya pu personne pour v’nir traverser not’ bayou, pas vrai ? On m’a aussi parlé d’un blanc-bec fringué comme un milord rockabilly, avec dans la voix toute la cloison nasale de Steve Buscemi, et du boniment à t’faire passer du snake oil frelaté pour l’or liquide de l’Eldorado. Pokey, qu’on le nomme, l’animal. Paraîtrait qu’il a pas son pareil pour faire gigoter l’diable et Dieu sait qu’y peut être paresseux, çui-là. Ça pourrait faire v’nir des têtes nouvelles dans l’bouge de Mâme Doris, quess t’en dis ? On l’testerait sur du ragtime, on d’manderait à ‘Kentucky Mae’ de lui faire du gringue. Elle sait comment faire poser leurs malles aux talents old time, on r’marque pô ses jambes arquées quand elle swingue. Après, serait toujours temps de faire goûter les plumes et l’goudron à c’type si d’venait geignard, à force. (alr)

Lightning Dust ‘Fantasy’ Jagjaguwar

Changement de décor pour la paire canadienne Lightning Dust en 2013, exit la folk music, bonjour la synth pop – et elle a de la gueule, la petite. Pour tout vous dire sur les coulisses de ma vie trépidante chez RifRaf, je suis assis dans un coffee bar à Shanghai, les gens vont et viennent à un rythme soutenu, et moi, je suis seul au monde, plongé dans la voix hyper-touchante d’Amber Webber, le poil dressé d’émotion vivace. Car oui, au-delà de références eighties complètement digérées qui rendent ses sonorités modernes, Amber n’étant pas pour rien la sœur jumelle d’Ashley Webber (de feu The Organ), Joshua Wells et sa muse n’hésitent pas à enclencher la veine expressionniste – et là où ça pourrait vite tourner au ridicule si c’était du

Mark Ernestus presents Jeri-Jeri

Maps ‘Vicissitude’

‘800% Ndagga’

Mute

Ndagga

Il est parfois difficile d’expliquer pourquoi un album tourne en boucle sur sa platine. Prenez le dernier Maps, ‘Vicissitude’, album-atmosphère où s’encordent des chansons dream-pop mimétiques aux soubassements shoegaze (mais sans guitare), vaporeuses mélodies de synthèse qui pourraient, devraient, rejoindre au bac la cohorte d’autres vanités électroniques dont nous bombarde actuellement la Planète Musique. Alors pourquoi écouter, encore et encore, ce ‘Vicissitude’, où malgré l’hypnose, guette, sournois, l’ennui ? Peut-être parce que, sous le vernis, perce la fragilité de son auteur, James Chapman, prisonnier des glaces. Véhicule de ses angoisses, sa musique chante une mélancolie qui ébranle ses parois frêles et nacrées : « I adjusted to the darkness/ made my home within the night/ the world to me was comfortable/ ‘til you dragged me to the light ». Peut-être parce que ses boucles et nappes de crystal, loin d’une concession hype, portent en elles leur propre justification, l’acceptation de leur vacuité, comme un révélateur du malaise qui les anime. C’est là que demeure la fascination d’un tel album, vertige des hauteurs : préservé du gouffre par quelques harnais-références (Spiritualized, Appliance), James Chapman contemple et tutoie l’abîme sous ses pieds, celui où se sont perdus tant d’autres ces dernières années, à force d’artifices. ‘Forgive Yourself’, leur dira-t-il, bon prince des ténèbres. (ab)

C’est Orval Carlos Sibelius, notre chouchou de l’été, qui va kiffer : ‘800% Ndagga’ s’impose comme l’un des trois disques de l’année rayon Afrique de l’Ouest, aussi fort que ceux de Samba Touré et Dirtmusic, c’est dire. La pochette du cd promo étant lacunaire et la bio inexistante, c’est un peu l’aventure, la débrouille, la bricole, ‘800% Ndagga’ serait-on tenté d’écrire pour éviter l’emploi du conditionnel. Un mot qu’on aimerait fourre-tout, en wolof, pour redéfinir le mbalax, cette pop sénégalaise à base de sabar et de tama, pour lui redonner la modernité que Youssou N’Dour, Thione Seck, Omar Pène avaient fini par lui faire perdre. Mark Ernestus, soi-disant une légende technoïde de Berlin – une recherche rapide sur Google donne à voir un sosie de Michael Stipe derrière du lap top –, se serait donc entiché d’un groupe de percussionnistes griots de Kaolack, ville d’arachides sur le Saloum, à deux cent kilomètres au sud de Dakar. Tous qualificatifs pesés, le résultat est fantastique. A l’image de ces quelques disques de – attention gros mot, âmes prudes sautez deux lignes – world music qui savent mélanger dans la vieille marmite les traditions et les coups de jeune (Jagwa Music, Janka Nabay & The Bubu Gang). ‘800% Ndagga’, avec ses invités de classe (Baaba Maal, Mbene Diatta Seck), c’est le groove post-punk de Liquid Liquid qui se chope le paludisme en Casamance et qui, dans un accès de fièvre, soudain ne répond plus de ses actes. (lg) cabaret folk à deux balles, le chant très personnel de Webber met définitivement la pâtée à Au Revoir Simone. Grandiose et digne des 23 millions d’habitants de la tentaculaire métropole d’où ce message vous parvient. (fv)

Locrian ‘Return To Annihilation’ Relapse

Des dires mêmes de Locrian, ‘Return To Annihilation’ a été conçu et agencé comme un album concept en référence au célèbre ‘The Lamb Lies Down On Broadway’ de Genesis. A l’instar de ‘The Lamb…’, ce disque raconte avant tout une histoire. L’histoire d’un cataclysme qui change le monde et la façon de le percevoir, en réalité ou métaphysiquement. Difficile de dire si celui qui la narre rêve éveillé ou endormi tant la confusion est volontairement entretenue. Les références au romancier de science-fiction Samuel Delaney abondent. L’album se décline en deux parties qui comportent chacune des espèces de chapitres. Musicalement, ce trio américain revendique sa filiation au rock dit « progressif » incarné par Yes, King Crimson et Genesis. La texture est cependant bien plus dense, le son plus abrupt que chez eux tandis que le Moog (modèles Satellite, Little Phatty ou Minotaure) est fortement privilégié. Le disque a été enregistré aux Electrical Audio Studios d’Albini. Les quelques passages chantés le sont avec une telle décharge que l’on sort du chant pour rentrer dans la catharsis. A certains moments, on songe à Swans et au Earth de la première période. Robuste. (et)

Lust For Youth ‘Perfect View’ Sacred Bones Records

Deux nappes de synthé s’enroulent l’une autour de l’autre, s’échappent, se tortillent, se rattrapent. Ebats reptiliens. Comme échappées d’un club new wave déserté, des syllabes crâneuses et fatiguées surnagent dessus cette surface huileuse. Chant spectral ou dialogue déconfit ? Les murs s’écaillent, lépreux vertige de l’abandon. Vestiges de fêtes mortes, fantômes fluos dans le coin du regard, vision désolée à la périphérie floutée. Le plaisir même a fui cet endroit, réputé maudit, cadavre d’usine en friche. Post-industriel, l’ambient de Lust For Youth conjugue la posture ‘not a single fuck was given’ de Grauzone à des échos martyrs voisins de Death In June, version casio. L’ensemble n’invite guère à la gaudriole, mais ne manque pas d’allure. Stalker Power. (ab)

MAAN ‘Manifold’

Lieven Martens Moana ‘Music From The Guardhouse’ Kraak

Au début, on ne comprend pas trop la musique

de MAAN. Un mec joue une seule note à la guitare pendant des plombes, un autre gars chante (?) la même phrase d’une voix monocorde et plus d’une fois, l’envie de jeter l’éponge fait de l’œil à l’auditeur. Puis, sans y prendre garde, et l’effet de surprise passé, une certaine excitation hypnotique prend le pas et bien vite, la moitié du second titre atteinte, l’ivresse de la découverte l’emporte définitivement. Pourquoi ? Oh, juste deux ou trois choses, que les deux élèves ingénieurs flamands (véridique !) maîtrisent à la perfection, au-delà des clichés arty qu’on pourrait leur coller. En vrac, on citera des atmosphères d’outre la tombe de Ian Curtis, transformée pour l’occasion en club des zarbis cold dépressifs sous la houlette de Blixa Bargeld. Sans même parler des arrangements synthétiques, morbides et sexy à souhait. Un triple hell yeah ! Très en forme en 2013, le label Kraak nous balance également le premier effort en solo de Lieven Martens Moana, plus connu comme membre des excellents Dolphins Into The Future. Probablement moins accessible (c’est très relatif) que le ‘Manifold’de MAAN, l’artiste flamand développe sur deux faces de LP des field recordings trempés dans une composition moderne au piano – à moins que ce ne soit l’inverse. En voyage dans un paysage marin, le côté A fait penser au récent – et il faut le dire, meilleur – ‘In St Cuthbert’s Time’de Chris Watson, auquel il joint d’étranges effets sonore à la Xenakis. Encore plus foutraque, on songe à l’improbable réunion de Richard Strauss et de Jana Winderen, mais aussi à Giacinto Scelsi ou z’ev, la face B est bien plus intéressante, voire captivante pour autant qu’on en garde le fil. En direct du festival Ars Musica, à vous les studios. (fv)

Mandolin Orange ‘This Side Of Jordan’

James McVinnie ‘Cycles’ Bedroom Communit y

Si la titularité de ce disque est attribuée à l’organiste James McVinnie, sa paternité en incombe à Nico Muhly. Muhly a écrit ces treize compostions qui sont ici interprétées et exécutées par McVinnie. C’est dans le cadre approprié de la chapelle de Tonbridge, pourvue de grands orgues, qu’il a été enregistré. McVinnie n’est pas un débutant. Assistant organiste à l’abbaye de Westminster pendant quelques années, il a joué plusieurs fois à l’occasion de grands événements en Angleterre comme la visite du pape ou le dernier mariage royal. Les pièces de Muhly sont essentiellement des préludes. Elles évoquent à certains endroits, par leurs structures assez répétitives et leurs sonorités, les premiers travaux de Philip Glass. Parfois, elles sont agrémentées de chant, de marimbas (sur la plage finale) ou de cordes, une collaboration assurée par la violoniste Nadia Sirota. Vous l’aurez compris, c’est assurément d’une « musique classique contemporaine » bon teint bon œil dont il est question sur ces ‘Cycles’. (et)

Mechanimal

Yep Roc

‘Mechanimal’

Dans le petit ruisseau des sorties sans importance qui vient agrandir chaque mois le fleuve énorme des disques anecdotiques, ‘This Side Of Jordan’ tient une place de choix. On aime ce disque sur l’instant comme il arrive qu’on apprécie un verre de thé glacé un après-midi de cagnard à l’ombre d’un pin parasol. Plus tard, on se souviendra vaguement de la fraîcheur distillée et de l’odeur délicieuse du conifère chauffé. Demain, on se rappellera avoir entendu un Bob Dylan jouvenceau chanter des mignardises folk à la guitare acoustique, un pépin de melon countrysantes, avec une fille derrière, souvent, qui faisait monter (pas bien haut) les chœurs par-dessus les cordes d’un violon mille fois ressassé. Eventuellement, on n’oubliera pas ces trois doigts sur un piano qui, à mi-parcours, avaient fait se relever l’oreille, délicieusement assoupie. Une sorte de sous-The Civil Wars, en fait. (lg)

Trio grec, Mechanimal est né de la rencontre entre le producteur Giannis Papaioannou, le chanteur et photographe Freddie F. et le guitariste Tassos Nikogiannis (membre fondateur de Make Believe). La combinaison entre ces trois personnages engendre une musique à dominante électro tendue au sein de laquelle se lovent de belles suites de guitares saturées et sur laquelle se plaque une rythmique souvent binaire, axée sur des boîtes à rythmes aux sonorités vintage. La voix du chanteur oscille entre tonalités suaves et simulacres de spoken word. S’il chante an anglais, il se plaît à décrire les paysages urbains d’Athènes et fait écho aux problèmes sociaux et économiques qui agitent son pays depuis quelques années. Curieusement, on se croirait de retour vers la fin des années 80, à l’époque où The Neon Judgement et The Cassandra Complex

Inner Ear/V2


Earteam drainaient à eux des foules de jeunes gens au teint hâve. D’une certaine noirceur. (et)

‘Devocion (works 2005 – 2011)’ Staubgold

Morigénez-moi : il semblerait que je sois complètement passé à côté d’Eblis Alvarez, un Colombien un peu à la ramasse, bourlingueur et multi-instrumentiste. On recense d’ailleurs trois groupes – il y en a peut-être plus – dans lesquels il se projette. Le principal et probablement le plus intéressant, Meridian Brothers, aurait vu son dernier album en date, ‘Desesperanza’ (2012), encensé par la critique parigote. A l’aune de ‘Devocion’, les travaux précurseurs, et sans même avoir écouté le ‘Desesperanza’ en question, on peut aisément comprendre pourquoi : ce type balance une pop tropicaliste frelatée, une sorte de cumbia expérimentale, trafiquée au poil pour les hipsters de tout bord. Quelque part, on pense à El Guincho, l’hystérie Animal Collective en moins (entendre ‘Escuchen El Grito Del Tigrillo’, « ils écoutent le cri de l’oncille (dit aussi le chat-tacheté) », chose éminemment passionnante qu’on s’imagine volontiers faire, la nuit tombée, en biologistes patentés des mutations tropicales). C’est plein de bidouilles partout, on n’y comprend que dalle, mais sans vraiment pouvoir l’expliquer, on ressort de ‘Devocion’ drôlement piqué. Mentions spéciales à ‘Los Falsos Reyes Magos’, ‘El Jazz Del Chupasangres’ et ‘El Ganadero Del Futuro’. (lg)

Mood Rings ‘VPI Harmony’ Mexican Summer

Le clip officiel de ‘The Line’ résume assez bien la galette : c’est un disque pour le sport en chambre. Outrancièrement lascifs derrière un glaçage eighties racé et une réverbération qui mouille, quelque part entre les dream pop de Seapony et de Washed Out, coincés entre les esthétismes de Sarah Records et des filles de Warpaint, ces onze titres dessinent le rollercoaster sensuel de l’été. Zéphyr limite girl-group, terriblement excitant, pourtant balancés par de la testostérone d’Atlanta, avec toujours le petit grain de poivre qui n’enroue pas la belle mécanique, qui vient juste redonner le coup de rein opportun quand celui de mou guettait (les guitares très Best Coast de ‘Exorcised Painting’, érotiques en diable). La pochette est à l’image du disque : un ensemble de portes ouvertes sur les perspectives d’un plaisir immédiat mais dont le souvenir sera, lui, foutrement tenace (lg)

Myron & E ‘Broadway’ Stones Throw

Réputée pour ses explorations aventureuses dans les sous-sols du hip-hop américain, la structure Stones Throw s’adonne depuis quelques années aux plaisirs de la soul vintage. Depuis l’énorme succès enregistré par Aloe Blacc, le label n’en démord pas. Dernière signature en date, l’album ‘Broadway’ de Myron & E vient s’abreuver à la source rétro avec un talent certain, mais sans aucun génie. En harmonie sur des arrangements orchestrés par les Soul Investigators de Nicole Willis, les voix de Myron Glasper et Eric Cooke s’enlacent et brassent les clichés d’une époque révolue. Aussi sympathique qu’anachronique. (na)

Naam ‘Vow’ Tee Pee Records/Ber tus

Originaire de Brooklyn, ce quatuor propose l’un des albums les plus trippants de cette année. Nourri au bon grain du stoner, du rock psyché 60s et du krautrock, Naam propose en effet un album exceptionnel de cohérence dans un registre planant et en même temps bien rock,

Tom Odell

Pond ‘Hobo Rocket’

Meridian Brothers

Modular/News

Des jolis et tendance Tame Impala surgit un improbable rejeton hirsute et sale, vilain changeling mal élevé qui éructe son lait et secoue sa tignasse sur fond de rock progressif décomplexé aux influences furieusement seventies. Pond, c’est son nom, possède déjà plusieurs albums à son actif, dont le bien nommé ‘Beard, Wives, Denim’. Ce ‘Hobo Rocket’ ne dépasse pas les trente-cinq minutes, mais est bourré jusqu’à la gueule d’un rock tonitruant et protéiforme, kaléidoscope aveuglant où se fondent les uns dans les autres CAN, Black Sabbath, Pink Floyd, Ween (les guitares saturées ressemblent à s’y méprendre à celle de Dean), digérés, malaxés et régurgités en à peine sept morceaux qui devraient faire pleurer des larmes de gratitude à tout amateur de riffs orgasmiques. ‘Xan Man’ s’achève dans une apothéose où funk et hard-rock se mettent sur le râble dans une arrière-cour aux relents de poubelles entassées. ‘Aloneaflameaflower’, stoner implacable, traîne sa carcasse de dinosaure sous un soleil de plomb et crie à l’agonie tandis que les guitares tombent comme des météorites. Le morceau-titre invite un Mark E Smith local dénommé Cowboy John pour postillonner sa vinasse sur un hymne psyché très ‘Sunshine Underground’. Enfin, l’incroyable ‘Midnight Mass’ joue de naïves mélodies psyché, rappelant forcément Tame Impala, pour mieux leur tordre le cou à force d’hurlements assassins surgis du fond des âges et de batterie épileptique, et se transforme ensuite en escapade space-rock à grand renfort de synthés bouillonnants, tandis qu’apparaît des confins de l’espace un solo pinkfloydien tout ce qu’il y a de plus ‘Meddle’. Véritable profession de foi musicale, ces trente-cinq minutes rentabilisent jusqu’à la moindre seconde : bruyantes, exténuantes, formidables. ‘Hobo Rocket’ : décollage effectif, stratosphère en vue. (ab)

avec un petit quelque chose d’hypnotique et de tendu, voire menaçant. Naam, c’est un peu une version moderne de Hawkwind, à la fois space rock et shoegazer, comme en témoignent les excellents ‘Vow’, ‘Brightest hour’ et ‘Beyond’. Avec ‘Pardoned pleasure’, on verse dans le psyché expérimental barré et tordu. Forcément très bon. Tout en rendant hommage à l’acid folk par le biais d’un morceau aussi bref que marquant (‘Laid to rest’), Naam nous flanque la chair de poule avec le sublime ‘Skyscraper’, soit une ballade stoner en apesanteur tout en terminant l’album de bien gracieuse façon avec le bien nommé ‘Adagio’. Brillant, tout simplement. (pf)

Sarah Neufeld ‘Hero Brother’ Constellation

Violoniste remarquée et remarquable au sein d’Arcade Fire, Sarah Neufeld a éprouvé l’envie de se laisser pousser des ailes et de se donner de l’élan. Il en résulte ce ‘Hero Brother’, premier disque enregistré sous son nom propre près avoir fondé et collaboré avec le Bell Orchestre, Esmerine ou The Luyas. Les onze courtes pièces qui le composent ont toutes été écrites par elle. La Canadienne y déploie un jeu clair et transporté. Au point de confesser qu’elle joue du violon depuis si longtemps que l’instrument est devenu l’extension naturelle de sa voix. Le disque a été enregistré à Berlin, dans un ancien studio d’Etat de Berlin Est mais aussi accessoirement dans divers lieux insolites comme un parking souterrain, une station de métro, un dôme abandonné surplombant la ville… C’est Nils Frahm, décidément présent sur tous les fronts majeurs, qui l’a épaulée tout au long de l’enregistrement et qui contribue également à l’harmonium et au piano sur quelques morceaux. Colin Stetson nous avait abasourdis le mois dernier. Cette fois, c’est Sarah Neufeld qui nous sidère par les sinuosités de son interprétation. Dans les deux cas, la maison Constellation a entendu promouvoir des solistes habiles, comme si l’époque des grands ensembles que constituaient Godspeed You Black Emperor! et Silver Mt Zion semblait avoir cédé le pas au profit de personnalités oeuvrant en solitaire… (et)

New Found Land ‘New Found Land’ Fixe Records

« I want what everybody wants », « I wanna feel even if it’s not real », je ne cherche pas la Terre

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Promise. Juste une chambre de taille décente aux murs tendus de lin clair, une chambre de taille décente avec en guise d’ouverture un ‘Mirror’ sans tain, moucheté. Pour scruter la silhouette de la pop à la dérobade, savourer ses mirages, difracter son prisme et récolter sa simplicité, sa tortueuse matière sentimentale, ses égarements. J’y placerais comme premier cas d’étude une anguille suédoise, nageoires acidulées et sillons disparates, entre synth-pop d’exilée (‘Only My Winnings’, fenêtre lancinante) et entraînement gymnopédique chahuté (« Read your book /climb into bed /get out of bed »). L’observation, d’abord surprenante, se ferait plus complexe à mesure que le sujet, voix flottante, chercherait des points de fuite en tambourinant sur les parois (« I’m sneaking sneaking through the door /good bye to the mirror mirror on the wall »). Désarçonnant embranchement, ‘The Cross’ changerait la couleur de la session, ferait délaisser au cobaye les eaux brouillées pour un large recoin ouatiné, sans arêtes. Les gigotements reprendraient finalement sous l’œil de ‘The Hunter’ mais la fascination initiale, aurait fait long feu, noyée en eaux trop suaves. (alr)

New Order ‘Live At Bestival 2012’ Sunday Best/Pias

Aussi capital ait été l’apport musical de New Order, s’il y a bien un domaine dans lequel le groupe n’a jamais excellé, c’est celui de la scène. La grande réserve du groupe l’a en effet toujours empêché de se lâcher totalement en live, problème prenant des dimensions quasi maladives dans le chef du chanteur Barney Sumner souvent contraint de s’enfiler quelques shots avant de monter sur scène afin de lutter contre son trac. Avec le temps, bien sûr, New Order a pris de la bouteille et s’en sort nettement mieux, comme en atteste ce live enregistré à l’occasion d’un festival caritatif. Si Sumner ne chante pas toujours très juste, cela n’entame pas vraiment le plaisir ressenti à l’écoute des treize titres repris ici. Bien évidemment, on retrouve les tubes obligatoires (‘Blue Monday’) ainsi que l’une ou l’autre référence aux premiers pas du groupe avec Joy Division (‘Love will tear us apart’), mais on saura gré au groupe d’oser surprendre en puisant dans son volumineux répertoire quelques pépites peu ou moins connues comme le superbe instrumental ‘Elegia’, le lumineux ‘586’, sans oublier l’extraordinaire ‘The Perfect kiss’ qui a mystérieusement floppé lors de sa sortie. On notera aussi une version exceptionnelle de ‘Temptation’ de plus de dix minutes tout en saluant la prestation de Tom Chapman qui parvient (presque) à faire oublier Peter Hook à la basse, ce qui n’était pas gagné. Un bon investissement pour les fans. (pf)

‘Long Way Down’ Columbia

La petite histoire raconte qu’après lecture de la critique de ce ‘Long Way Down’ dans le NME, le père de la nouvelle coqueluche de la scène britannique a appelé la rédaction du journal pour se plaindre du traitement infligé à son rejeton. On n’en espèrera pas autant. Même si on est irrésistiblement tenté d’en rajouter une couche en soulignant la clairvoyance du chroniqueur british pour qui Tom Odell n’est rien d’autre qu’un « pauvre wannabe tombé aux mains de l’industrie musicale qui est l’équivalent des trafiquants hongrois du sexe » (sic) dont les compositions s’assimilent à «une virulente dose de syphilis musicale» (re-sic). Au-delà des formules, c’est évidemment davantage le Système que l’artiste qui est visé puisque ses chansons accompagnées au piano n’ont déjà plus rien à envier à des valeurs sûres comme Keane, Jamie Cullum, Ellie Goulding ou autre James Blunt dans la lignée desquels l’auteurcompositeur de 22 ans s’inscrit consciencieusement. Misant presque systématiquement sur le contraste entre des couplets downtempo et des refrains plus dynamiques (‘Grow Old With Me’, ‘Another Love’), surjouant de sa voix poignante (‘Hold Me’), Tom Odell est une créature hybride mi-ange, mi-tête à claques qui se rêverait Bowie mais qui finira au mieux comme Elton John. C’est tout le mal qu’on lui souhaite. (gle)

Oscar & The Wolf ‘EP Collection’ Pias Recordings

Dans l’attente d’un premier véritable album, les gantois d’Oscar & The Wolf entretiennent la flamme en sortant une compilation de leurs deux premiers EP’s. Après un premier exercice de style (‘Imagine Mountains’) sorti en 2011 qui avait propulsé le groupe de Max Colombie sur le devant d’une scène indie-folk belge déjà fort encombrée, ‘Summer Skin’avait encore davantage marqué les esprits à l’été 2012. Enregistrés dans une église sous la houlette de Robin ProperShepard (Sophia, The God Machine), ces cinq titres avaient permis à Oscar & The Wolf de franchir un nouveau palier, justifiant le caractère tantôt pertinent tantôt prématuré des comparaisons avec Isbells ou Bon Iver. Cette compilation est surtout l’occasion de constater combien la légèreté et la lo-fi hésitante des premiers pas a fait place à une palette sonore plus riche et à une atmosphère musicale empreinte de davantage de gravité. Illustration notamment avec ‘Crossroads’ et sa ligne de basse sourde ou avec les guitares épiques de ‘Wash Your Face’. Le premier album qui concrétisera ces promesses sera donc attendu avec confiance. (gle)

Poltergeist ‘Your Mind Is A Box (Let Us Fill It With Wonder)’ Rough Trade

Lorsqu’un groupe a pour nom le titre d’un film d’horreur qui m’a traumatisé quand j’étais gamin, j’imagine que je vais devoir me farcir du black métal strident ou de l’indus horrifique. Il n’en est rien puisque Poltergeist est le nouveau projet de trois membres d’Echo And The Bunnymen, parmi lesquels Will Sergeant, lequel a pour ambition de rendre hommage aux groupes krautrock qu’il adore : Can, Neu ! et Amon Düül en tête. Il y beaucoup de cela sur les huit instrumentaux proposés ici, comme en témoigne la plage éponyme évoluant dans un registre psyché particulièrement trippant. En même temps, ce disque ne fait pas dans l’hommage stérile et poussiéreux puisqu’il convie l’auditeur à un voyage particulièrement varié et excitant. Depuis le son bien rock et carré de ‘Cathedral’ jusqu’au charme plus ésotérique de ‘Dreamer dreams of spectrum’ en passant par le quasi floydien ‘First signs of the plague’, le trio fait montre de beaucoup d’inspiration. Lorgnant à l’occasion vers des sonorités plus 80s et pop


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Earteam

(‘Lune deeps’), Poltergeist offre également avec ‘Psychic warfare’ un mantra psyché prog assez sublime. Une grande réussite ! (pf)

Queens Of The Stone Age ‘...Like Clockwork’ Matador/Beggars Banquet

Véritable machine de guerre, Queens Of The Stone Age est devenu l’unique groupe rock tendance lourd à phagocyter les charts, au point d’être numéro 1 aux Etats-Unis avec ce dernier album. Un constat surprenant, mais plutôt rassurant quant aux habitudes d’écoutes actuelles ; pour un peu on se croirait de retour en 1993 quand des groupes comme Primus caracolaient en tête d’affiche. D’album en album, Josh Homme est parvenu à donner à son groupe vedette une identité qui était de prime abord difficile à cerner, tant musicalement (un rock sec et parfois stérile, partagé entre de multiples invités) que visuellement (les pochettes n’ont jamais été leur fort, cette dernière – somptueuse – faisant figure d’exception). Sur ‘...Like Clockwork’, c’est comme si tout ce qu’avait semé Josh Homme au fil du temps se mettait enfin en place, parfaitement, avec une évidence aveuglante. C’est plus qu’un album de la maturité, c’est tout simplement ce qu’il est permis d’appeler un classique : l’intervention discrète de moogs parvient à encore brouiller les pistes de la datation, le songwriting est personnel, incisif et parfois franchement remuant (la ballade ‘The Vampyre Of Time & Memory’ tutoie les meilleurs Bowie, période Ziggy), le chant de Josh s’est étoffé, à l’aise dans tous les registres ; au final, pas un morceau qui ne possède une ligne de guitare, un refrain, un solo capable de vous prendre aux tripes. Qu’il s’agisse du tube ‘If I Had A Tail’ et son gimmick catchy (irresistible ‘Gitchy gitchy Oo Lala Da doo Run run’), du riff immortel de ‘My God Is The Sun’ ou du funk maléfique de ‘Smooth Sailing’ (qui est à QOTSA ce que ‘I Don’t Like The Drugs’ est à Marilyn Manson), nos Reines de l’Age de Pierre nous livrent ici leur album le plus abouti. (ab)

Rêve ‘Ventre Univers’ Pilot ti

La lilloise Julie Fossaert a tenu la basse dans un groupe de math-rock dont quelques-uns – on n’en connaît pas – peut-être se souviennent : Radiateur. Signé sur un label mexicain grâce à MySpace, « l’âge d’or », se souvient-elle dans une interview accordée à The Quietus pour ce projet solo. C’est charmant de se rappeler de MySpace comme d’une époque dorée. Ça donnerait presque envie d’en faire la grande libération des années 2000, celle qu’on aura vécue, celle qu’on voudra raconter à nos petits-enfants en singeant les vieux schnocks qui nous racontaient comment c’était mieux au début des seventies. En attendant, ‘Ventre Univers’ est un disque minuscule (18minutes) avec lequel on va longtemps faire l’amour, c’est un disque pour la nuit, plein de feulements lancinants, d’angoisses sourdes, de chœurs rikikiment renversants, de structures osées loin des pavés auto-tunés de la pop radiofriendly, un peu comme les albums obscurs de Boy & The Echo Choir. Une opacité resplendissante arrangée, mixée, masterisée avec Daniel O’Sullivan, ami de longue date à la page Wikipédia longue comme le bras (Mothlite, Ulver, Sunn O))), Miracle…). Des concerts seraient prévus en Belgique à l’automne. Il ne faudra pas les rater. (lg)

Rogue Wave ‘Nightingale Floors’ Vagrant

Si l’on se réfère à Elsa Triolet dans ‘Le Rossignol Se Tait à l’Aube’, « Le génie, c’est invivable, un

Saltland ‘I Thought It Was Us But It Was All Of Us’ Constellation

Nouvelle étoile dans l’univers du label canadien Constellation, Saltland ne provient pourtant pas d’une autre galaxie puisqu’il s’agit du projet solo de la violoncelliste Rebecca Foon, déjà aperçue aux côtés de A Silver Mt. Zion, Set Fire to Flames, Esmerine, Islands ou Patrick Watson. Une liste non exhaustive qui démontre sa capacité à s’adapter tant aux ambitions expérimentales des uns qu’aux exigences mélodiques des autres. Sous la houlette du producteur Mark Lawson (« Monsieur » Arcade Fire) et entourée d’invités triés sur le volet (parmi lesquels le saxophoniste Colin Stetson, la violoniste Sarah Neufeld et Richard Reed Perry d’Arcade Fire), la canadienne manie l’ambiant et l’électronique, la mélancolie et l’abstraction avec autant de maîtrise que de sensibilité. Pendant que son comparse Jamie Thompson (ex-The Unicorns et Islands) revêt les huit pièces d’un délicat tissu de percussions et de manipulations électroniques, Rebecca Foon pousse son violoncelle dans ses retranchements expérimentaux. Mais en prenant soin de laisser la technique instrumentale s’effacer au profit d’une expression musicale loin d’être purement contemplative, ce qui la place peut-être quelques crans au-dessus du post-rockeur moyen. Sans toutefois empêcher ses compositions de tutoyer parfois de très près la grandiloquence ou de s’étirer en longueur dans des paysages sonores linéaires et désertiques. C’est alors que le disque est traversé par un souffle aérien qui lui permet d’échapper à la monotonie. Ce souffle, c’est le chant de la montréalaise qui s’élève de l’aridité du paysage pour finir en lévitation sur son tapis de cordes. Piochant dans cette sécheresse pour en extraire la matière première de son onirisme, la voix diaphane et vaporeuse de Rebecca Foon envoie alors sa musique et les rêves en apesanteur. Lorsque la torpeur se dissipe et que le rythme s’emballe, comme sur le bouquet final de ‘Golden Alley’, ou plus encore sur le titre éponyme à l’ivresse déchirante sublimé par Colin Stetson, Rebecca Foon démontre qu’il est bel et bien possible de livrer une musique à la fois abstraite et profondément humaine. (gle)

alcool qui tue avant de griser ». Peut-être totalement géniaux, Rogue Wave en est là, invivable, nous achevant avant de nous avoir enivrés. On avait pensé sur la foi de trois premiers titres incroyables, dont le fulgurant ‘Figured Up’, partir pour l’ivresse des nouvelles sensations pop, crossover parfait entre les vitamines de Vampire Weekend, la classe de The Morning Breeders et un soupçon de psychédélisme néo-zélandais. Deux morceaux plus tard, le couperet tombe, implacable, sur nos espoirs. Le reste du disque est à l’avenant : désormais, il convient mieux de parler d’un bon groupe de pop-rock à la wallonne. (lg)

Jules Rude ‘Et pourtant c’est arrivé’ Gorgone Productions

Dans un premier temps, nous avions esquivé ce disque, l’estimant peu en phase avec la clientèle habituelle de ces pages. Sommés par son auteur de donner suite à sa requête d’une chronique, nous y avons tendu l’oreille à nouveau, cette fois en prenant le temps requis. En une grosse vingtaine de minutes à peine, celui-ci parvient à y caser une dizaine de petites compositions qui sont tout sauf rudes. Entièrement exécutées au piano, elles se déploient avec fluidité et une tempérance qui frise la discrétion. Ces suites s’appuient sur un jeu élémentaire pour ne pas dire simpliste. On songe bien évidemment à Satie mais aussi à ce très bel album que la pianiste Cécile Bruynoghe avait exécuté en collaboration avec Richard Jobson pour Les Disques du Crépuscule paru au milieu des années 80 : ‘The Right Man’. Sans doute manque t-il ici quelque chose en complément au piano, un aléa auquel Jobson avait, lui, paré. A certains moments, on souhaiterait un supplément tel un chant, une fêlure, une oraison… que sais-je. Aux seules fins d’être complets, on mentionnera la haute teneur poétique des titres tels que ‘Sans égard pour les heures’, ‘La durée de vie des sourires’ ou encore ‘Les vannes orphelines’. (et)

Samaris ‘Samaris’ One Lit tle Indian

Un soir de novembre, tandis qu’elle époussetait son herbier jauni et gondolé par les âges, la grand-mère d’Arnbjörn me révéla qu’en Islande existe une variante du ‘Joueur de flûte d’Hamelin’ où une clarinettiste et l’écho d’une voix, à l’aube

de l’âge adulte, font jaillir des massifs de fleurs au pied des volcans par le seul envoûtement de leurs instruments conjugués, rendant la vue incomparable. Angéliques adolescentes, bartsies violacées, silene acaulis, épilobes arctiques, linaigrettes duveteuses envahissent la toundra, rongeant le sol, aspirant sa force par pulsations nourries, électrisantes. Le tableau, de prime abord moucheté de couleurs fascinantes, s’enlise tragiquement : les enfançons des villages contigus, alertés par ce spectacle inouï se ruent dans les parterres et sont aussitôt aspirés, sans qu’on puisse jamais retrouver leur trace. ‘Samaris’ est le nom que les anciens donnaient à ce phénomène glacial, m’assura Baldvina, et il n’existe à ce jour qu’un enregistrement de ces mélopées sublimes mais létales. Découvrant entre les pages de son grimoire une petite cache dissimulée, elle me fit don de la bande, non sans m’avertir du risque que j’encourais à vouloir tenter l’écoute d’un tel legs. Devenir végétal, sombrer par les sucs vénéneux. (alr)

Samuel Purdey ‘Musically Adrift’ Tummy Touch

Réédition d’un album enregistré en 1995, ‘Musically Adrift’ fut l’unique tentative du groupe Samuel Purdey, derrière lequel se cachaient Barney Hurley (percussions) et Gavin Dodds (guitare et chant). Tentative tuée dans l’œuf, Sony les laissant tomber du jour au lendemain. Le label escomptait dénicher avec eux le futur Jamiroquaï, mais leur pop teintée d’acid-jazz, totalement dénuée d’influences électros, ne correspondait pas aux canons de l’époque. L’âme en peine, les deux compères glanèrent un contrat au Japon en 1999, jusqu’à ce jour de 2013 où Tummy Touch réclamait un remastering en vue d’une réédition. Et le voici, ce ‘Musically Adrift’, légère bulle d’air aux parfums de Steely Dan, référence-phare du groupe. C’est donc une pop tout en rondeurs jazzy, lissée avec passion, soufflée avec tendresse, un objet chatoyant qui rebondit d’une enceinte à l’autre, s’offre les atours mielleux d’un Stevie Wonder ou d’un Donald Fagen et colle le sourire, pour qui supporte l’easy-listening. Il n’empêche, le savoir-faire est évident, les mélodies profondément accrocheuses (‘Only When I’m With You’ s’inscrit direct dans les mémoires), l’ambition est de mise et la brochette d’invités parle d’elle-même : anciens comparses de Steely Dan (Frank Floyd et Elliott Randall), bassiste de Jamiroquaï (Stuart Zender, qui fait ici des

merveilles), membres du Brand New Heavies, etc. Ultime note de bon goût,’Musically Adrift’ s’achève sur une reprise de Carole King, ‘Bitter With The Sweet’. Dans le genre, une vraie réussite qu’il était judicieux de redescendre du grenier. Espérons pour Samuel Purdey que le succès de ‘Random Access Memory’ réveille l’intérêt du public pour une pop-soul désuète aussi accessible qu’exigeante. (ab)

Sebadoh ‘Defend Yourself’ Domino/V2

Finalement, malgré un EP distribué confidentiellement l’an dernier, on avait un peu renvoyé la promesse d’un nouveau Sebadoh à la saint Glinglin, se forçant à espérer qu’il n’arriverait jamais à rajouter une mauvaise page à l’histoire d’un déclin entamé depuis le sommet ‘Bubble And Scrape’en 1993 – ‘Soul And Fire’ faisant assurément partie des dix plus beaux morceaux des nineties – et achevé dans le marasme en 1999 avec ‘The Sebadoh’. Et puis, confronté à l’année de la matérialisation des arlésiennes (My Bloody Valentine, Black Sabbath…), on a écouté ‘Defend Yourself’comme on l’aurait fait d’inédits de Barlow enregistrés dans la foulée de ‘Green Mind’ (1991), le meilleur disque de son ex-groupe qu’il ne retrouverait qu’en 2007, espérant trébucher sur une collection de sentiments exacerbés, où la fureur et la rage la raconteraient à la solitude et au désespoir. A vrai dire, on n’est pas déçu. Tout sonne exactement comme on s’y attendait, comme si rien n’avait bougé depuis 1993, comme si demain Kurt Cobain allait s’asseoir sur un plateau de MTV une guitare acoustique à la main et remettre Bowie au goût du jour. ‘Defend Yourself’, bancal comme aux meilleurs jours (‘Final Days’, ‘Can’t Depend’), avec ses midtempos comme Michael Stipe aurait pu les nasiller avant 1990 (‘Inquiries’, ‘Oxygen’ son petit air de ‘It’s The End Of The World As We Know It’) et ses relents folk (le superbe titre éponyme), c’est sûr, fera chialer ceux qui aimaient si fort cette fille l’été d’après les JO de Barcelone que, plaqués, désespérés, ils lui copièrent une cassette entière de ‘Soul And Fire’. (lg)

Seeed ‘Seeed’ Sony Music

Incontournable berliner big-band, ja ? Collectif ragga-ska-punk-rap-house allant de onze à quinze membres selon l’envie, Seeed mèle allemand, anglais et créole dans un shaker survitaminé. Hot jamaïcan ginger bier ! Cocktail blingbling, boum-boum, jaaaaa man, ponctué occasionnellement de l’un ou l’autre rot superflu, mais toujours avec frénésie. C’est qu’ils canardent à tout va, nos teutons flingueurs, assénant une enfilade de große tubes gras comme la weed, qu’ils saupoudrent de beats, de cuivres et d’une manière désarmante de manier la langue de Goethe. On en vient presque à regretter qu’ils se mettent à l’anglais sur certains de leurs morceaux, tant le bavarois pimente leur sens culotté de la fusion : ‘Molotov’ mêle house et riffs hard-core nerveux, et fait rimer Fishbone, House Of Pain et Skip&Die, tandis que ‘Deine Zeit’ claudique comme un hiphop berlin-ouest coast pour mieux rebondir sur un refrain collectif tourné vers le ciel. Ce n’est pas toujours du meilleur goût, mais ça a le mérite de donner une B.O. sautillante aux cris des saucisses sur le BBQ. (ab)

Nadine Shah ‘Love Your Dum And Mad’ Apollo Records/V2

Tout en partageant avec votre serviteur le goût des jeux de mots douteux (ce titre, franchement), Nadine Shah prétend tirer son aspiration de Nina Simone et Maria Callas via Mariah Carey (oups). A l’écoute de son premier opus, produit svp par Ben Hillier (Blur, The Horrors, Depeche Mode), on doute de l’intérêt de ce name dropping, lui aus-


AUTOMNE septembre

month

Vernissage de ABRAMACABRA + DEAD ASTROPILOTS SAM 14 SEPT GRIEFJOY + THE MORNING AFTER DIM 22 SEPT THE BLACK ANGELS VEN 13 SEPT

+ ELEPHANT STONE + THE SPUNNYBOYS

JEU 26 SEPT

BO WEAVIL

+ MR & MRS PAPA OOM MOW MOW VEN 27 SEPT

BO WEAVIL + THE MONTESAS + DJ ROOSTER

VINTAGE MARKET ! SAM 28 SEPT NICO DUPORTAL & HIS RHYTHM DUDES + THE CAEZARS + BO WEAVIL MER 02 OCT BOB LOG III + PORK TORTA + ANDREW COLLBERG + OTHERLY LOVE + ACORN BCORN VEN 04 OCT FRUSTRATION + VERTIGO SAM 28 SEPT

Belle Sortie à Saint André Lez Lille !

MAR 08 OCT

JAMES TAYLOR QUARTET + J-FUNK VINTAGE MARKET BOOSTER GOES P-FUNK MADD VIBES BRASS BAND

SAM 11 OCT

SEUN KUTI + BUKATRIBE

DIM 13 OCT

THE WEDDING PRESENT

VEN 04 OCT SAM 05 OCT SAM 05 OCT

JEU 24 OCT

Belle Sortie à Emmerin !

+ FOOLS FERGUSON

TYMPANS & RETINES #1 :

CHASSOL + LIMOUSINE


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Earteam

si à deux balles. Car s’il fallait citer deux ou trois noms dont la demoiselle mi-norvégienne mi-pakistanaise tire son essence, on irait plutôt vers la PJ Harvey des années 90, un soupçon d’originalité et de colère en moins, une Nico ayant tourné avec, justement, The Horrors, ou bien une élève appliquée de Nick Cave dont l’ADN renseignerait un manque assez flagrant d’entregent et d’idiosyncrasie. Bref, la graine n’est pas assez mauvaise. (fv)

Sigur Rós ‘Kveikur’ XL Recordings/Beggars Banquet

Une pochette ne fait pas toujours la couleur d’un disque, mais cet enfant cagoulé comme un juvénile membre du Ku Klux Klan ayant un pouvoir d’évocation aussi redoutable que la créature aux mains oculaires du ‘Labyrinthe de Pan’, force est de constater que le portique d’entrée de ‘Kveikur’ n’est pas des plus rieurs. Térébrante, la houle qui déborde de ‘Brennisteinn’ (« Soufre ») avec force grésillements confirme qu’au départ de leur claviériste Kjartan Sveinsson, les Islandais ont dû contracter le goût des ruines, la fascination des lézardes et charrier quelques spectres métalliques au passage. En berne, la gorge chargée d’âcreté (messe noire, ‘Kveikur’ boute le feu à nos certitudes...Jónsi, Grand Inquisiteur, really ?) et le pouls contrarié (‘Yfirbord’, anémié) le septième opus des jólasveinar révèle pourtant son pourcentage d’échappées plus consacrées : malgré les tremblements, ‘Ísjaki’ (« Iceberg ») pépie encore, ‘Stormur’ zèbre la tempête de quelque déchirures dorées, ‘Rafstraumur’ assoie sa verticalité avec puissance. ‘Var’, instrumental serein à peine secoué de quelques bruissements troubles, met le doigt sur une plaie pas si profonde : Sigur Rós, malgré l’amorce d’un changement au noir, n’est pas encore déterminé à un album complet de Sturm und Drang. Doit-on s’en plaindre ou s’en réjouir ? (alr)

Sleepmakeswaves ‘…And So We Destroyed Everything’ Monotreme Records

Lorsque Sleepmakeswaves a sorti son premier opus voici cinq ans, le seul bémol concernait des références parfois un peu trop évidentes à des incontournables comme Mogwai ou Explosions in the Sky. Rien de dramatique, sans doute, mais suffisant pour que le groupe se remette totalement en question - d’où le titre de l’album, peutêtre ?, histoire de revenir plus beau, plus grand, plus fort. A l’écoute, on peut dire que nos amis ont réussi leur pari, nous offrant le meilleur album du genre depuis pas mal de temps. La production est ici encore meilleure que sur le précédent, tandis que le groupe a élargi sa palette musicale, intégrant notamment de l’électronique et n’hésitant pas à multiplier les approches. Outre le majestueux et superbement construit ‘To you they are birds, to me they are voices in the forest’, on est sous l’emprise du grandiose ‘A gaze blank and as pitiless as the sun’, du plus poppy ‘(Hello) cloud mountain’ ainsi que de l’électro ‘We like you when you’re awkward’. Qui aurait cru se prendre une claque avec un album de post rock en 2013 ? (pf)

Stainless ‘When Both Ends Burn’ Autoproduction

Avec ‘When both ends burn’, ce trio originaire de la région de Charleroi signe un troisième album d’une indéniable efficacité dans un registre power rock hard et heavy qui connaît bien ses classiques. Si au fil des huit titres proposés, l’auditeur pourra relever des accointances avec les Guns’n Roses, Motörhead, Metallica ou Ted Nugent, il convient de préciser que Stainless parvient à développer un son et une identité propres, ce qui n’est pas toujours le cas dans un style où d’aucuns se contentent de plagier leurs idoles.

Kanye West ‘Yeezus’ Def Jam/Universal

Kanye West aime les belles choses. Des sapes aux bijoux, il ne manque jamais une occasion de la ramener. Mais à force de se fringuer comme un prince à New York, il en a oublié d’habiller son dernier album. ‘Yeezus’ a le standing d’un disque compact réinscriptible. Sans pochette, il zone dans un vulgaire boîtier en plastique. L’affaire ne donne pas vraiment envie de mettre la main au portefeuille, et pourtant… Chez Kanye, le contenu défie le contenant. Fidèle à ses habitudes entrepreneuriales, l’Américain réduit les coûts et maximise les profits. Aussi, sous l’emballage du pauvre découvre-t-on un monde d’une richesse inouïe. Dès ses premières salves, ‘Yeezus’ pousse nos tympans dans le rouge. Produit par Daft Punk, ‘On Sight’ balance le beat et mitraille sec. C’est la guerre des étoiles : une bataille intergalactique menée tambour battant par le flow rageur de Kanye West, l’Albator des temps modernes. Véritable corsaire de l’espace, le rappeur met l’univers à ses pieds dès le second tour : le morceau ‘Black Skinhead’ passe en puissance et fait très très mal. Percussions tribales et trompes d’éléphants : les sons déferlent et percutent l’oreille. C’est moderne, hors-norme, forcément audacieux. Après les Versallais de Daft Punk, Kanye s’en remet à la production d’un autre Français, la figure montante de l’électro hexagonale, Gesaffelstein (‘Send It Up’). Plus loin, on aperçoit aussi Bon Iver, Hudson Mohawke et Rick Rubin. Mais qu’on n’accuse surtout pas Kanye de trop fricoter avec des blancs friqués. Comme pour rappeler qu’il est encore plus fort que Django, le natif d’Atlanta sample alors le ‘Strange Fruit’ de Nina Simone (sur ‘Blood on The Leaves’) et embellit encore l’étoffe afro-américaine de deux autres joyaux aux côtés de jolis dandys : Frank Ocean (‘New Slaves’) et Kid Cudi (‘Guilt Trip’). En plein ego-trip (‘I Am a God’), Kanye West nous sort son blockbuster annuel, un album qui nous rappelle une réplique culte tirée du film ‘The Big Lebowski’ : « Nobody fucks with the Yeezus ! » (na)

Impeccablement produit par Gerald Jans qui a notamment bossé avec Channel Zero, ‘When both ends burn’ comprend plusieurs moments forts, que ce soit l’ultra accrocheur ‘Good riddance’, le très puissant ‘The slasher’ aux riffs furibards, le lourd à souhait ‘Insane’ ou encore l’excellent ‘Voodoo lover’ sur lequel Axeman - un chanteur au registre impressionnant - brille dans un style plus calme. Une belle réussite à découvrir sur le site du groupe : stainlessmusic.wix. com/stainless . (pf)

(‘This Is It and I Am It and You Are It and So Is That and He Is It and She Is It and It Is It and That Is That’). S’échappant un peu des carcans stéréotypés noise rock qu’elle développait sur ses disques précédents pour tirer davantage vers une punk pop qui pourrait, par moments, rappeler les débuts des Yeah Yeah Yeahs, on se laisse vite avoir au premier abord. Et puis, une deuxième écoute et une troisième viennent rapidement raplatir le soufflé. Pire, ses manières névrosées finiraient presque par énerver. (lg)

Mavis Staples ‘One True Vine’

Tanger Trio & Ensemble Mondaine

Anti

Seriés Aphônos/V2

On ressent la quiétude du foyer quand, par le biais d’un morceau déjà amoureusement poli par l’écoute, un disque à explorer est placé sous la haute-bienveillance d’un autre. ‘Holy Ghost’ pierre céleste de ‘The Invisible Way’, dernier album en date de Low, constitue un émouvant et très juste point de jonction entre les deux productions de Jeff Tweedy. Mavis Staples s’y déploie avec profondeur, y métamorphose l’eau en vin, les syllabes sobres en soul puissante. Avec ‘One True Vine’ le leader de Wilco a constitué pour cette grande dame un écrin capitonné : la partition ne s’enlise jamais dans le pudding vocal ou les effets d’esbrouffe mais ne minimise pas non plus la ronde carrure de la légende. ‘Every Step’, morceau-balise à la basse inquiétante, couve un feu latent qui trouve sa résolution dans les chœurs, sans jamais imploser. ‘Can You Get To That’, reprise d’un réjouissant (sic!) règlement de comptes post-rupture de Funkadelic, allège le côté cartoonesque pour en faire un gospel éclatant. ‘What Are They Doing In Heaven Today’, plus classique, monte encore puissance avant ‘Sow Goods Seeds’ où la steel-guitar dispute la vedette à des percussions aussi martelées qu’un chant d’esclaves au travail. Court mais sans aucune fausse note, voici un album qui revisite la tradition sans la dénaturer avec un réel panache. (alr)

La photographie noir et blanc de la pochette annonce la couleur. Vraisemblablement extraite d’un catalogue touristique du début des années 60, elle met en scène le patio d’un hôtel que l’on imagine bien tangérois. Peut-être a t-il accueilli en son temps des musiciens, voire un petit orchestre destiné à distraire la clientèle de touristes de passage ? L’écoute du disque autorise cette hypothèse tant on se retrouve plongé dans le temps sans que l’on s’en aperçoive vraiment. La grosse douzaine de piécettes essentiellement instrumentales qui le peuplent oscille entre musiques d’ambiance et musiques de film à la Nino Rota. De manière prévisible ‘Hotel Tanger’ imprègne le morceau de couleurs orientales tandis que ‘Paris Waltz’, ‘Marching On’ et ‘Pour Alfred’ les embaument d’un parfum désuet belle époque. Basé à Berlin, le Tanger Trio (piano, batterie (celle en l’occurrence du Bad Seeds Thomas Wydler), contrebasse) s’est chargé de l’ossature des compositions tandis que l’Ensemble Mondaine, comportant e.a. des musiciens grecs et égyptiens (violons, mandoline, flûtes, chants), s’est occupé de les habiller et de les orner avec élégance. (et)

Marnie Stern

Transformisme mon amour, panoplie le retour. « Et j’aime cette fille aux cheveux longs, et ce garçon, qui pourrait dire non »? Tu n’y es pas. Acte 1 : extrapolons un brin. Le type futé comme Joe l’Indien qui a monté le plan com’ de Brigitte il y a deux ans se rend compte que la scène française manque à nouveau de filles-concepts. Que le mélange déglingué folk, humour & vodka de Constance Verluca a fini aux oubliettes depuis longtemps. Que des parisiennes qui rêvent de Joni Mitchel et de Colorado avec des prénoms retro-mâles (syncopes de leur propre identité) et

‘The Chronicles Of Marnia’ Kill Rock Stars

Il est des disques qui gagnent à être réécoutés et d’autres qui devraient s’apprivoiser comme les moins bonnes comédies avec Benoît Poelvoorde : rire un bon coup et n’en garder que le souvenir de s’être esclaffé un bon coup. C’est dans cette deuxième catégorie qu’on rangera le quatrième album de Marnie Stern, en se souvenant s’être tellement foutu du titre du deuxième

Theodore, Paul & Gabriel ‘Please Her, Please Him’ Belleville Music/Sony

des costards dandys de pingouins, ça le ferait, « mais carrément ! ». Acte 2 : et le son, dans tout ça ? Honnêtement, le paysage se met en place et la route vers Laurel Canyon ne verse pas trop dans les bas-côtés, pour peu que Gabriel, lead vocal, ne joue pas les cowgirls aguerries, cravache entre les dents. ‘Chasing the sea’, roadsong pour amants en cavale, dégage une harmonie gracile mais pas mièvre, et même si ‘Slow Sunday’ exhale parfois autant de naphtaline que ‘La Boum’, on accordera à ces raggedy dolls non dénuées de chien plus de considération que prévu. (alr)

True Widow ‘Circumambulation’ Relapse Records

‘Circumambulation’ est un album qui risque d’être dur à chroniquer vu qu’il est assez difficilement classable, n’appartenant à aucune chapelle, à aucune fratrie musicale particulière. Ce qui est assez intéressant, c’est que ce groupe originaire de Dallas est hébergé par Relapse, label que l’on associe volontiers au métal sous toutes ses formes. Or, True Widow n’est pas vraiment métal, encore que l’une des variantes du métal est le doom, aspect que l’on retrouve tout au long de l’album. Mais le doom ne s’exprime pas ici par des riffs torturés et lugubres ou des râles d’outre-tombe; il se décline plutôt sous forme de compos downtempo et hantées, assez répétitives et entêtantes entre blues dark, sludge éthéré et post rock pétri de shoegazer. L’ensemble qui en résulte est assez fabuleux, générant un univers musical riche et atmosphérique, limite cinématographique, à la fois insaisissable, hypnotique et en même temps très pop. ‘Circumambulation’ est donc un album assez unique que l’on conseillera à tous ceux qui ont un jour rêvé qu’était possible une rencontre entre Mogwai, David Lynch, Slowdive, Baroness et Mazzy Star. (pf)

KT Tunstall ‘Invisible Empire // Crescent Moon’ Virgin Records

Depuis le premier jour, on a un gros problème relationnel avec KT Tunstall. Ses mélodies mielleuses et ses refrains faussement langoureux nous filent la nausée. Surtout, il y a cette scie radiophonique ‘Suddenly I See’ qui, constamment, vient nourrir notre exaspération. A force d’entendre cette chanson, on s’est crispé. Dans notre esprit, KT Tunstall est un peu la Sheryl Crow de Glasgow, la Heather Nova du pauvre. On s’est donc fait violence pour écouter son cinquième album, ‘Invisible Empire // Crescent Moon’. C’est sans doute un coup de bol, mais on s’en est tiré sans blessure. À peine quelques égratignures à l’oreille gauche... A l’analyse, on comprend un peu mieux ce qui s’est passé : Kate a eu la bonne idée de filer ses bandes à Howe Gelb. A la production, le leader de Giant Sand fait des miracles, bien aidé dans son travail par l’ami Craig Schumacher, dévoué metteur en son des aventures de Calexico. En randonnée à la frontière mexicaine, KT Tunstall signe sans doute son plus bel effort. (na)

Various ‘An Anthology Of Noise & Electronic Music #7’ Sub Rosa/Dense

Les anthologies de bruit et de musiques électroniques publiées par Sub Rosa forment une série remarquable, tant par leur travail de revalidation et de régénération d’oeuvres dédiées que par la présentation qui en est faite. Ce septième volume s’annonce pourtant comme étant le point final. Au total, elles alignent plus de 18 heures de musique pour près de 176 morceaux. Ce triple cd, abon-


Earteam dant à première vue, n’est donc qu’un épisode de cette formidable saga. Au-delà des chiffres, l’originalité de la démarche de Sub Rosa réside dans cette quête constante de l’historicité qui consiste à opérer des recoupements et des croisements entre artistes d’époques différentes. La période couverte ici s’étend de 1930 à 2012, c’est vaste. Le matériau est d’autant plus riche qu’il défriche maints terrains et s’oriente tous azimuts sans prétendre à l’exhaustivité. On retrouvera des pionniers en la personne de Luciano Berio, Tziga Vertov, Don Preston, Henry Jacobs… On découvrira le travail d’iconoclastes patentés que sont John Oswald, Henry Cow ou les Haters. On revisitera les œuvres de grands bruitistes incarnés par E.A.R., Justin K. Broadrick, GX Jupitter-Larsen… On croisera aussi quelques poulains récents du label tels Novi Sad ou Benjamin Thigpen. On gagnera à apprécier des contemporains avec une excellente pièce de Mika Vainio et une autre plus anecdotique d’Erin Sexton. Un livret très bien documenté de plus de 80 pages accompagne le tout. A ne pas écouter d’une traite. (et)

Various Artists ‘Mutazione: Italian Electronic & New Wave Undergound 1980 – 1988’ Strut

On ne présente plus Strut Records, label anglais reconnu pour son travail de réédition et de recherche discographique dans les failles et les couloirs spatio-temporels de l’histoire musicale. Poursuivant sa démarche de documentation de l’histoire des musiques que l’on a dansé partout dans le monde au 20ème siècle, c’est à la scène electro et new wave italienne que la structure londonienne s’attaque cet été avec une compilation au titre à rallonge qui renvoie directement à une période trouble de l’histoire italienne, dite des “années de plomb” : le début des années 80 fut le théâtre d’une violence politique de nature exceptionnelle par son intensité et sa durée. Musicalement, il existait une véritable réponse à cette situation de crise, notamment à travers une scène électronique et new wave très active dans la Botte. Comme l’implique souvent ce genre d’exercice, cette compi-

lation est un objet de curiosité de qualité inégale. On fera donc confiance à Alessio Natalizia, moitié du duo Walls, pour la sélection même si nos oreilles de vieux corbeau ne sont pas restées indifférentes à, par exemple, Die Form, L’Ultimo Arcano ou Spirocheta Pergoli. Une vraie pièce de musée. (gle)

Justin Walter ‘Lullabies & Nightmares’ Krank y

Nouveau venu au sein de l’écurie Kranky, Justin Walter en est également à ses débuts discographiques. Après avoir réalisé une cassette et un 12 inches, il présente ici un premier album carte de visite. Ce musicien, originaire d’Ann Arbor au Michigan mais établi à Chicago, est autant à l’aise à la trompette qu’aux claviers. Sur ce disque, il joue de l’Electronic Valve, un instrument curieux et hybride tenant à la fois de la trompette et du synthé analogue qui eut son heure de gloire dans les années 80. Ces berceuses et cauchemars s’incarnent dans des pièces instrumentales où les textures tissées par Walter s’imbriquent dans les rythmes du batteur Quin Kirchner. Une musique assurément ambiante et d’ambiance qui, même si elle ne le dit pas, s’inspire des figures tutélaires comme Brian Eno, Jon Hassell ou Harold Budd. Pourtant, on sent chez Walter une approche intimiste et personnelle qui devrait vraisemblablement faire mûrir et bonifier sa musique dans les années à venir. La splendide plage éponyme ‘Lullabies & Nightmares’, de loin la plus construite de l’album, en est la preuve palpable. (et)

Wolf In Loveland ‘Wolf In Loveland’ Suburban Records

Peut-être avec moins d’originalité que leurs compatriotes du label Excelsior, à savoir Alamo Race Track ou encore Jacco Gardner, les Wolf In Loveland, originaires de Rotterdam, s’attaquent au folk-song dans ce que le genre a de plus anglo-saxon. Leur personnalité, ils la tissent plus volontiers à force de délicatesse. Jan

Minnaard a la voix sucrée du café dominical, plis du draps sur les joues, paupières enamourées. Guitares, basses et batteries sont au diapason, toutes en douceur matinale, soulignées par les échos chocolat des voix de Merel Moelker et Janine van Osta. On se laisse envelopper avec confort de leurs mélopées séduisantes, madeleines sorties du four aux parfums de Townes Van Zandt, Belle and Sebastian ou Sodastream. En point de mire, ‘Other Side/Neon Lights’ emprunte quelques détours et réjouit par ses solos atmosphériques, jamais démonstratifs. Ce premier album ne révolutionne en rien la musique, mais est-ce le rôle d’une groupe folk ? Saluons cette incursion de la scène hollandaise dans un genre dont la réussite repose sur cet ingrédient essentiel : la sincérité. Les Wolf In Loveland n’en manquent pas. (ab)

Zomby ‘With Love’ 4AD/Beggars Banquet

Toujours aussi mystérieux, l’Anglais Zomby ne laisse rien transparaître sur son identité. Pas de nom, pas de visage, mais une carte de visite de plus en plus impressionnante : après l’imparable coup d’essai ‘Where Were U in 92’ et le sommet ‘Dedication’, le DJ et producteur abandonne ses idées noires sur un double album copieux et vénéneux. En 33 morceaux, l’énigmatique mort-vivant infiltre les neurones de la pieuvre électronique. Rave, jungle, house, techno, grime ou dubstep, sa musique offre une vue d’ensemble de l’histoire : l’avant, l’après, tout le temps. Toujours du côté obscur de la force, le savant fou explore le dancefloor et ses zones d’ombre. Aux premiers instants, ‘With Love’ pulse sévèrement avant de reprendre le contrôle de ses émotions. Dans son second versant, l’album sombre ainsi dans un trip introspectif aux profondeurs abyssales. Long en bouche, moins immédiat que ‘Dedication’, ce disque est un véritable labyrinthe électronique. On s’y perd au fil des beats sans jamais chercher à trouver l’issue qui mène vers la sortie. (na)

PHOSPHORESCENT

15.08 Pukkelpop - Hasselt 17.11 Crossing Border - Anvers

PARQUET COURTS

15.08 Pukkelpop - Hasselt 27.10 AB - Bruxelles

FACTORY FLOOR

16.08 Pukkelpop - Hasselt 09.10 AB - Bruxelles

SOLDIER’S HEART

17.08 23.08 07.09 13.09 21.09 26.09

Pukkelpop - Hasselt Vrijstaat O. - Oostende Crammerock - Stekene Leffingeleuren - Leffinge One Festival - Haacht Bruxelles Brost - Bruxelles

SX

24.08 OLT Rivierenhof - Deurne 07.09 Crammerock - Stekene 14.09 Leffingeleuren - Leffinge

MARCO Z

24.08 30.08 07.09 05.10 12.10 18.10 13.12

Beveren Festivalt - Beveren Marktrock - Poperinge Beerputrock - Beerzel CC Strombeek - Strombeek C-Mine - Genk CC De Brouckere - Torhout CC Beringen - Beringen

LOVE LIKE BIRDS

30.08 Prinsenhoffeesten - Gand 31.08 Prinsenhoffeesten - Gand

DAAU

06.09 04.10 05.10 24.10

Opek - Louvain Atelier 210 - Bruxelles Handelsbeurs - Gand De Casino - Sint-Niklaas

RAPE BLOSSOMS

07.09 Deep in the Woods - Heer-sur-Meuse

DEAD GHOSTS

12.09 L’Escalier - Liège 13.09 Leffingeleuren - Leffinge

STILL CORNERS

14.09 Leffingeleuren - Leffinge

JUNIP

20.09 De Studio - Anvers

CARLTON MELTON + PSYCHIC ILLS + WHITE MANNA

20.09 Trix - Anvers 21.09 De Kreun - Courtrai

DEAD MEADOW

20.09 Trix - Anvers 05.10 Comme à la Maison - Bruxelles

TOO TANGLED

21.09 One Festival - Haacht

ANNA VON HAUSSWOLFF

21.09 Amerikaans Theater - Bruxelles

DIE! DIE! DIE!

24.09 DNA - Bruxelles

BALMORHEA + JBM

24.09 Nijdrop - Opwijk 17.10 STUK - Louvain

FUZZ

25.09 Botanique - Bruxelles

CSS

29.09 Botanique - Bruxelles

THE MOUNTAIN GOATS

12.10 Handelsbeurs - Gand

EF

18.10 4AD - Diksmuide more concerts : www.toutpartout.be Independent since 1994 Toutpartout agency Labelman Nieuwpoort 18 9000 Gand - Belgium Phone: +32 (0)9 233 06 02 infoNL@toutpartout.be www.toutpartout.be


28 Feeërieën

gigs festivals parties

26-30 août Parc Royal, Bruxelles En dix ans, l’évènement organisé par l’équipe de l’AB hors ses murs est déjà devenu un classique. Le kiosque du Parc Royal ne manque pas de cachet et se révèle régulièrement sublimé par les apprêts des soirées ainsi que par les choix de programmation. Cette année, pour zéro euro zéro centime, il vous sera donné de tendre l’oreille à Sam Amidon+Few Bits+Ignatz (26/08), une soirée consacrée à l’hyper actif label Denovali : Bersarin Quartett+Piano Interupted+Petrels (27/08), Julianna Barwick+Jan Swerts (28/08), Damien Jurado+Jessica Pratt (29/08), Tikiman live with Scion+Mark Ernestus (30/08). Bonne nouvelle : les Feeërieën fêtent cette première décennie en restant tout simplement égales à elles-mêmes. www.abconcerts.be.

Crammerock 6-7 septembre Stekene

The Flaming Lips

Le Crammerock poursuit son ascension. Ainsi épingle-t-il cette année Dinosaur Jr (le trio formé par Joseph Mascis, Lou Barlow et Patrick Murphy conserve intacte une alliance géniale à fomenter des coups visionnaires et passionnément poétiques) et un concert exclusif des Flaming Lips (la victoire sur la schizophrénie n’a jamais été si belle). Dans le détail, ça donne, le vendredi : Beatgrinders, Coely, De Jeugd Van Tegenwoordig, Dinosaur Jr., Dirtyphonics, Ego Troopers x Sound Of Stereo, FATA, Jules Brown, Manic Street Preachers, Psycho 44, Safi & Spreej, Shy FX , The Van Jets,Tiewai,Willow,Yellow Claw, Zornik. Pour le samedi : A.N.D.Y, Black Box Revelation, Daan, Flaming Lips, Gunther D., Maya’s Moving Castle, Mike Skinner, Parachute Youth, Protection Patrol Pinkerton, Russ Chimes, Sean Paul, Soldier’s Heart, SX, The Happy, The Scabs,Vuurwerk. Weekend: 45 euros, ticket journalier : 28 euros, camping : 10 euros. crammerock.be

août/sept 13

Congés Annulés > 30 août 21 23 25 28 30

août: août: août: août: août:

Carre Rotondes, Luxembourg, Lux

Stubborn Heart, The Synthesis Grand Duchy Grooves Night House Of Wolves, Record Fair King Khan & The Shrines Say Yes Dog, Ice In My Eyes

rotondes.lu

Feest in het Park 22 - 25 août

Donkvijver, Oudenaarde

22 août:

Magnetic Man, Crookers, Alborosie, Gesaffelstein, Brodinski, Puggy, Left Boy, Club Cheval, Monsieur Monsieur, Louisahhh, … 23 août: Jamie Lidell, Sam Sparro, Borgore, Andy C, Mr Vegas, Groundation, ‘ t Hof Van Commerce, Ce’cile, Camo & Krooked ft Youthstar MC, Metrik, Koven, … 24 août: Flogging Molly, Gentleman, Buraka Som Systema, Tricky, Absynthe Minded, The Van Jets, Derrick May, Jakwob, Caspa, Compact Disk Dummies, … 25 août: Julian Marley, Admiral Freebee, Alice Russel, Roland & Mauro, Sir Yes Sir, Delv!s, Henry Krinkle, 4T4, Black Jack, Pro-Teaz, … feestinh e tpark.be

Cabaret Vert 22 - 25 août Square Bayard, Charleville Mézières, France

22 août:

Deftones, Asaf Avidan, Eels, A$ap Rocky, Alt-J, Major Lazer, Amon Tobin, Carbon, Raspect Crew, Alex Akero, KM3, Monoblok & Pslkter, Guestarach, K.Gol 23 août: The Offspring, Beady Eye, Boys Noize, Sick Of It All, Bass Drum Of Death; Crystal Castles, Netsky, Skip The Use; The Bronx, Outside Inc, Den House, ... 24 août: Wu Tang Clan, Two Door Cinema Club, The Bloody Beetroots, Bomba Estereo, H-Burns; Gesaffelstein, Brodinsky, Hanni El Khatib, Royal Republic, ... 25 août: Keziah Jones, Valerie June, The Skints, Heymoonshaker; Keny Arkana, The Moodhunters, Mila Marina, Nightbush City Rockers; Collectif Back In Time cabaretvert.com

Autumn Rock

6-7 septembre Parc du Champ de la Lune, Braine-le-Comte L’affiche de l’Autumn Rock au grand complet : Puggy, Superbus, Le Bal des Enragés, AqME, Perry Rose, Mister Cover, Le Grand Jojo, Gaëtan Streel, Abel Caine, Melchior, The Black Tartan Clan, Cédric Gervy, Blackfeet Revolution, 14Weeks, Billions of Comrades (des Belges aux ambiances prenantes renvoyant au post rock, au post punk, le tout avec un côté noisy et une dimension dansante façon LCD Soundsystem), MHD, Jane Doe and The Black Bourgeoises, Johnny Flashback, Machine Gun. Les places sont en vente au prix de 30 euros pour le combi 2 jours (8 euros pour le vendredi et 25 euros pour le samedi). Des tickets « V.I.P. » s’échangent au prix de 50 euros au cul du camion; mot de passe : « catapulte », le bisou du Grand Jojo n’est pas garanti. L’accès au festival est gratuit pour les enfants de moins de 12 ans. Les plus grands doivent payer pour applaudir Superbus. www.autumnrock.be.

La Fête des Solidarités

7-8 septembre Scène de l’Esplanade, Théâtre de Verdure, Namur La programmation musicale, chapeautée par Les Ardentes, vise sans détour une couleur « familiale,

Bucolique Ferrières 23 + 24 août Site du Tchafour, Ferrières

23 août: 24 août:

Compuphonic, San Soda Bastian Baker, Dalton Télégramma, The Peas Project, Pale Grey, Piano Club, Suarez, Alpha 2.1

Domaine National, Saint-Cloud, France

23 août:

!!!, Alex Hepburn, Alt-J, Belle And Sebastian, Daughter, Diiv, Franz Ferdinand, Hanni El Khatic, Johnny Marr & The Healers, Kendrick Lamar, Paul Kalkbrenner, ... 24 août: Black Rebel Motorcycle Club, Fauve, Fi/ She/S, Fritz Kalkbrenner, Gary Clark Jr, J.C.Satan, La Femme, Laura Mvula, Nine Inch Nails, Patrice, Phoenix,... 25 août: Asap Rocky, Chvrches, Eels, Is Tropical, Lilanne La Havas, Mac Miller, Major Lazer, Ms Mr, System Of A Down, The Bloody Beetroots, Tricky, ... rockenseine.com

Boerenrock 23 - 25 août

Reuze Festivaltent, Kortenaken

23 août: 24 août:

De Afrekening Ambassadors Of Nowhere, Revolving Door, Mr.Polska, Gers Pardoel, Bulls On Parade, Channel Zero, Kane, Arno, The Fools, Dirk Stoops, ... 25 août: Kapitein Winokio, 3M8S, Bandits, Sisters Only, Dayligt Comes boerenrock.be

Feeërieën 26 - 30 août

Parc Warande, Bruxelles

26 août: 27 août:

Sam Amidon, Few Bits, Ignatz Denovali Records Presents: Bersarin Quartett, Piano Interrupted, Petrels 28 août: Julliana Barwick, Jan Swerts 29 août: Damien Jurado, Jessica Pratt 30 août: Dub be good to me: Tikiman & Scion, Mark Ernestus DJ Set abconcerts .be

Scène Sur Sambre 30 + 31 août

Abbaye d’Aulne, Gozée (Thuin)

30 août:

Clan d’Estime, Roscoe, Lussi In The Sky, Pegasus, Bastian Baker, Lenka, Boulevard des Airs, … 31 août: Monday Morning, Ripcode, Le Kosmos Festival, Dandy Shoes, Kegam, Thomc; Maître Gims, Antoine Hénaut, Stere Grand, Montevideo, Elvis Black Stars, Saule, … 070.be/s cenes urs ambre

Ward’in Rock 30 + 31 août

Site du Festival, Wardin

30 août:

Yew, Saule, Puggy, Alpha 2.1, Les R’Rardataires, Skarbone 14, King Prawn, La Femme 31 août: Evim, Summerslam, Li-Lo, Pale Grey, Balimurphy, Cali, Ardenne Heavy, Pandora’s Bliss, Chateau BRNS, Eiffel, Merdan Taplack DJ, Zeil wardinrock.be

Autumnrock Braine-le-Comte

6 sept:

Jyva’zik 23 + 24 août Parc à Mitraille, Court St-Etienne

23 août:

Alice Francis, Lyre le Temps, Jukebox Champions, DJ Dunya 24 août: Puppetmastaz, BRSN, Alek et les Japonaiese, Djemdi, Le Colisée, Def Monk, Léon l’Accordéon j y v a’ z ik. be

Mister Cover, Le Grand Jojo, Johnny Flashback, Machine Gun 7 sept: Puggy, Superbus, Les Bal Des Enragés, AqME, Melchior, Perry Rose, Gaëtan Streel, Abel Caine, The Black Tartan Clan, Blackfeet Revolution, ... autumnrock.be

CrammeRock 6 + 7 septembre 6 sept:

Fiesta City Verviers Verviers

Arno, Beverly Jo Scott, Wishbone Ash, Peter Hook Dj Set, Suarez, Elvis Black Stars, Atomique Deluxe, Wendy Nazare, Renato, 14weeks, April, Abbey Road, … fiestac ity.be

23 - 25 août

6 + 7 septembre

buc olique.be

23 - 25 août

Rock en Seine

Festivalterrein, Stekene

Coely, Dinosaur Jr., Jules Brown, Manic Street Preachers, Shy FX + Stamina MC, Zornik, De Jeugd Van Tegenwoordig, The Van Jets, Yellow Claw, Dirtyphonics, Safi & Spreej, Psycho 44, Halve Neuro & Slongs Dievanongs, Willow, Ego Troopers x Sound Of Stereo, Ronnie Flex, Bokoesam, Faisal, Fata, Tiewai, Beatgrinders, Jules Brown, … 7 sept: A.N.D.Y., Black Box Revelation, Daan, Flaming Lips, Gunther D., Maya’s Moving Castle, Parachute Youth, Protection Patrol Pinkerton, Russ Chimes, Sean Paul, Soldier’s Heart, SX, The Happy, The Scabs, Mike Skinner, Gers


Pardoel, Wolfpack, Nitty Wow & Crane, Delv!s, Vuurwerk… cr a m m e r o c k . b e

Deep In The Woods 6 - 8 septembre

Massembre, Heer

H1P5†3RFK, Bed Rugs, [PIAS] DJ-Urassik Crew, Pomrad, Throes + The Shine, The Feather, Robbing Millions, Money, Räpe Blossoms, Beach Fossils, Moaning Cities, Jacco Gardner, Le Colisée d e e p i nthe w o o ds. b e

CAF Festival 7 septembre

Salle Le Kursaal, Dolhain

Buchkan, Aline Alien, Anklepants, Unas, Dirty Monitors Kluh & Carolo Zoo, princess Tweedle Needle & Roc Roc It, Noir Boy Georges, Company Fuck, Okc Collectief, Les Planches a Roulette Russes, …. flesh fac t oryf es tival.com

Melrock Festival 13 + 14 septembre

Melreux

13 sept:

Les Ramoneurs De Menhirs, Dalas, Mambassa BB, Les Nenfants Perdus, As!Le 14 sept: Les Caméléons, René Binamé, Gino’s Eyeball, Beer Beer Orchestra, Doctor Blood, The Matatunes, The New Yellow Fucking Soyouz On The Beach, Free Of Mind

M’sieur 13, Andy Blake & The Dead Man, Dandy Freeze, Le Plan C, Thema Duo, Not Guilty

Hop n’Roll/Festival Génération 80

ca f- fe s t i v a l . c o m

Parking du Bois des Isles, Marbehan

Festival des Sables Moovants 7 septembre

la Sablière, Mont-Saint-Guibert

Nath’stylez & Tez’lauf, Trip, Elecktricz, Angelo Zaffarano, Nightmore, Nonix, D’noize, Charles Vbv & Jeremix, DJ Furax, Ice, Compuphonic, Dr Lektroluv , Gorillaz Sound System DJ Set, Parachute Youth

20 sept:

Hot Men Stuckie, Summerslam, René Binamé, Dog Meat, Superlux, Mass Hysteria, Front 242 21 sept: Up To Now, SkaPilsBurger, Beverly Pils, Gad’80, le Club Derathée, Bernard Minet, Les Snuls, le Grand Jojo, Milk Inc, Emile & Images, DJ Didjé festiv algeneration80.be

Massif Festival

07 0 . b e

21 septembre

Bruis 7 + 8 septembre @ Sportterein Kapijnkazerne, Maastricht, Nl Aestrid, Bed Rugs, Black Angels, Claw Boys Claw, Compact Disk Dummies, Crooked Hand, Girls In Hawaii, Handsome Poets, I Heart Sharks, Ian Clement, Jamestown, Kitty, Daisy & Lewis, La Pegatina, Leeways, Lesoir, Melt Yourself Down, Miles Kane, Mister & Mississippi, Montevideo, Pendejo, Revere, Southern Sunrise, SX, The Revival Hour bruismaastricht.nl

La Fête des Solidarités 7 + 8 septembre

Citadelle, Namur

7 sept: André Borbé ‘Tohu Tohu’, Emel Mathlouthi, La Chiva Gantavi, Disiz, Buraka Som Sistema, Amadou & Mariam, Ska-P, Staff Benda Bilili, Tryo, Dr.Lektroluv 8 sept: Les Déménageurs, Barcella, Noa Moon, Souad Massi, Suarez, Eiffel, Caravan Palace, Marc Lavoine, Zaz w w w. l a fe t e sd e sso l i da r i t e s .be

Laundry Day 7 septembre

20 + 21 septembre

Nieuw Zuid, Antwerpen

Athys & Duster, Beatbouncers, Beatgrinders, Coely, Darkraver, Dave Brody & Akuza, Dave Lambert, David Vrong, Deepack, Dimitri Vegas & Like Mike, Discobaar A Moeder, Halve Neuro, Hermanez, Ilse Liebens, Laidback Luke, Martin Solveig, Murdock, Safi & Spreej, The Opposites, … laund r yd ay. b e

Leffingeleuren 13 - 15 septembre

Concerttent, Leffinge

13 sept:

Squarepusher, Tiga, Daan, Girls In Hawaii, Amenra, And So I Watch You From Afar, Coely, Devi!s, Soldier’s Heart, Dead Ghosts, … 14 sept: Jessie Ware, Max Romeo, The Magician, The Horrors, SX, Steak Number Eight, Jacco Gardner, A Place To Bury Strangers, Compact Disk Dummies, Au Revoir Simone, Pura Vida & Congo ‘Ashanti’ Roy, Cayucas, Still Corners, Spectors, Bed Rugs, The Germans 15 sept: Seasick Steve, Trixie Whitley, Arno, Blaudzun, Strand Of Oaks, Dez Mona, Tricky & Tyler le ffi nge l e u r e n f e st i v a l . b e

Flesh Factory Festival 3 14 septembre

Rockerill, Marchienne au Pont

Headcleaner, Den Haan, Devilman, Illustration Sonore, Sound Of mars, Lazer Love, Kabeljau Mechanische,

CC, Braine-L’Alleud

Maad, El Amor Prohibido, Colt, We Came Bearing Arms, MAKYzard, Big Moustache Bandits, Veence Hanao, Bukowski, Black Tartan Clan, Chill2Chill, Purpleized, Reptilian Theory, Yellowstraps, Fakir, Monty Picon, James Deano massif- fes tival.be

Brussel Brost 26 septembre

Quai des Péniches, Bruxelles

Bakermat, Lazy Jay, FCL ft Lady Linn, Murdock, Compact Disk Dummies, Coely, Soldier’s Heart, Tout Va Bien, Rhinos Are People Too, Stella Nova, Mensch, Erger je Niet!, Stikstof br usselbros t.be

La Fête de la Fédération Wallonie-Bxl 26 + 27 + 29 septembre Arlon, Bruxelles, Charleroi, Huy, Louvain-la-Neuve, Namur, Silly The Experimental Tropic Blues Band, Piano Club, The Shonen Knives, The K., Von Durden, Alek Et Les Japonaises, Moléchan, Hoboken Division, Pale Grey, Marie Warnant, Barbarie Boxon, Fastlane Candies, The Fouck Borthers, Lapsus, Larko, Jelly And The Iceam, Truus & Jimmy Virani www.lafe tef wb.be

Bozar Electronics Art Festival 26 - 28 septembre

PBA, Bruxelles

26 sept:

Shazulla DJ Set, La Chambre Des Machines, Nicolas Bernier & Martin Messier, Tempêtes, Yan Breuleux and Frequencies 27 sept: Juan Atkins & Moritz Von Oswald presents Borderland, Regis & Silent Servant, Vatican Shadow, Cut Hands, Emptyset ft Joanie Lemercier, Pye Corner Audio performances: Dust, Herman Kolgen, Heliograms, Jean Piché, ABCD_Light, Purform, Physical, Matthew Biederman & 4X 28 sept: Moderat, Jon Hopkins, Lee Gamble, Helm Bill Kouligas, Burnt Friedman & Jaki Liebezeit, Deadbeat, Terror Danjah vs Champion: Clash of the Titans, Kreng, Phill Maggi & Draaier/Freezer performances boz ar.be

PacRock 28 septembre

Parc du Prieuré, Pont-a-Celles

BRNS, Girls Names, SX, Amenra, Castles, Frank Sent Us, Raketkanon, Billions of Comrades, Oathbreaker, The Wooden Wolf, Le Colisée, For 24 Lives, Ice Spliff, Silence Boris, Duflan Duflan, Mermonte, Piano Club, Roscoe pac r oc k.be

29 festive, populaire, colorée, multiculturelle » : Amadou & Mariam, Barcella, Caravan Palace, Disiz, Eiffel, Emel Mathlouthi, Marc Lavoine, Noa Moon, Ska-P, Souad Massi, Suarez, Tryo, ZAZ. L’équipe du RifRaf vous conseille particulièrement La Chiva Gantiva (rythmes afro-colombiens dopés au funk et au rock; chauffez les gars!), Buraka Som Sistema (le collectif lusitano-angolais envoie du gros son ! Un peu comme si le kuduro dégoupillait la house et la techno) et le Staff Benda Bilili (collant du beat sous les semelles de la rumba congolaise, tirant l’électricité sous le toit de la musique traditionnelle, le Staff trimballe une indomptable joie de vivre sur fauteuil roulant). Partagés ente la scène de l’Esplanade et le Théâtre de Verdure, deux jours de rassemblement pour 25 euros. www.lafetedessolidarites.be

Bruis

7-8 septembre Maastricht Le Bruis Festival a concoté une affiche bigarrée: Claw Boys Claw, Compact Disk Dummies, Crooked Hands, Handsome Poets, I Heart Sharks, Ian Clement, Jamestown, Kitty, Daisy & Lewis (rockabilly au féminin), La Pegatina, Lesoir, Aestrid, Mister & Mississippi, Montevideo, Pendejo, Revere, Southern Sunrise, SX. On épinglera la présence de Bed Rugs (fulgurance pop psychédélique anversoise) et des Black Angels (meilleures mémoires d’outre-tombe) puis, pour le ticket vers l’au-delà, on applaudit la sélection culottée de The Revival Hour. David Michael Stith est devenu, sur la foi d’un ‘Heavy Ghost’ sidérant sorti en 2009, une référence en matière d’acid folk psyché. Ici accompagné de John-Mark Lapham (The Earlies), le résultat est tout simplement bluffant. Ou comment entendre poindre le grand titre de soul dérangée que Jamie Liddel n’écrira jamais au travers d’un brouillard de titres anthracites, automnaux. Le festival est gratuit! www.bruismaastricht.nl

Leffingeleuren

13-15 septembre Leffinge (Middelkerke) Si l’affiche du Leffingeleuren n’est pas encore tout à fait complète à l’heure où nous écrivons ces lignes, une chose est sûre : le line-up envoie du lourd! Vendredi 13 : Squarepusher, Tiga, Daan, Girls In Hawaii, Amen Ra, And So I Watch You From Afar, Coely, Delvis, Soldier’s Heart, Dead Ghosts. Samedi 14 septembre : Jessie Ware, Max Romeo, The Magician, The Horrors, SX, Steak Number Eight, Jacco Gardner, A Place To Bury Strangers, Compact Disk Dummies, Au Revoir Simone, Pura Vida & Congo Ashanti Roy, Cayucas, Still Corners, The Spectors. Dimanche 15 septembre : Seasick Steve, Trixie Whitley, Arno, Blaudzun, Strand Of Oaks... Vous l’aurez compris, quelque soit le genre abordé, il y a bonne pioche! Le prix du ticket : 38/45 euros pour un jour, 79/89 euros pour le week-end. Pour le camping il vous en coûtera 12/16 euros. Et avec ça, un emballage cadeau? www.leffingeleurenfestival.be

Flesh Factory Festival

14 septembre Marchienne au Pont

Le Flesh Factory Festival rassemble des dizaines de groupes, djs, artistes, performers en vue de célébrer l’art underground. Pour ce faire, la thématique retenue cette année s’intitule « Let’s Get Physical! » et l’équipe de production d’annoncer la couleur : sueur, muscles, catch et dance sexy! Trois scènes, une cathédrale, un ring, il n’en faudra pas moins pour accueillir la pléthore de participants regroupés sur une affiche qui canarde à tout va (chanson néo réaliste, indus 8 bits EBM, impro, doom, gabber, on en passe et de meilleures). Avec, entre autres : Head Cleaner, Den Haan, Anklepants, Illustration Sonore, Devilman, Unas, Sounds of Mars, Les planches à roulettes russes, Company Fuck, Noir Boy Georges, Princess tweedle needle & roc roc it, OKC Collectief, Franck :: Van Gulick, ... 15 euros pour ne pas mourir idiot – les perroquets ne sont pas admis. fleshfactoryfestival.com


30 Smith Westerns 22 septembre Botanique, Bruxelles

jeudi 29 août Sticky Soumka, Mnoad Crew, Stephen O’Maltine, Talibam!, Fractional @ Rockerill, Marchienne, rockerill.com Big’n, Mont-Doré, Madeincanada @ Magasin4, Bruxelles El Junta Cadaveres @ Nijdrop, Opwijk, nijdrop.be

mardi 03 septembre Generation Of Vipers, Severe @ Magasin4, Bruxelles My Bloody Valentine @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Capital Cities @ Den Atelier, Luxembourg, Lux, atelier.lu

jeudi 05 septembre King Khan And The Shrines @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Globul, Vincent Cayeux, Juke Box Babes Djettes @ Rockerill, Marchienne, rockerill.com Dual Respect @ l’Ara, Roubaix, Fr, www.ara-aso.fr

vendredi 06 septembre Leur nouvel album (‘Soft Will’ ) fait très fort, tape dans le mille dix fois sur dix et c’est simplement énorme. Ce titre, déjà, ‘Le doux va le faire’, en pleine crise, à l’heure où c’est chacun pour sa gueule et Daft Punk pour tous, il fallait oser. Les grands amours, toujours doux et amers en même temps, sont chantés avec l’assurance malhabile de ceux qui commencent à avoir vécu et qui en ont assez croisés pour avoir les bonnes idées de se faire produire par Chris Coady (Beach House, Yeah Yeah Yeahs) et d’engager le batteur d’Unknown Mortal Ochestra. Eclatantes, dansantes, pop, mais partout éclaboussées d’une mélancolie langoureuse, les dix chansons des Chicagoans nous chatouillent le cœur. Grâce à la complicité du Botanique, nous avons 5 places à vous offrir pour leur concert du 22 septembre à la Rotonde; envoyez-nous sans tarder un mail à fabrice.rifraf@skynet.be (lg)

Bozar Electronic Art Festival 26-28 septembre Bozar, Bruxelles

Du 26 au 28 septembre, se tiendra la deuxième édition du BOZAR ELECTRONIC ARTS au Palais des Beaux-arts de Bruxelles. Qu’il s’agisse de musiques électroniques, d’installations audiovisuelles, de performances ou de workshops, le festival entend faire découvrir au plus large public possible les artistes actuels qui font vivre ces différentes disciplines. Au programme cette année, outre les stars que sont Juan Atkins & Moritz Von Oswald, les noms e.a. de Burnt Friedman & Jaki Liebezeit, Moderat, Jon Hopkins (foncez!), Vatican Shadow, Helm, Regis, Cut Hands, l’excellent Phil Maggi en collaboration inédite avec Draaier, Kreng et Silent Servant, ainsi qu’un focus sur le label berlinois Pan et un partage de plateforme pour de nombreuses installations et créations en arts numériques avec le festival québécois Elektra, invité d’honneur. Qu’on se le dise, la soirée d’ouverture est gratuite ! www.bozar.be

PaCRock Festival

28 septembre Parc du Prieuré, Pont-A-Celles Nous avons déjà dit dans ces pages tout le bien que nous pensons de BRNS. Les Ixellois ne s’alignent pas sur l’encéphalogramme plat du post-rock à papa mais en proposent une relecture autrement barrée, pop et noisy, harmonieuse et tribale. Une montée en flèche amplement méritée: on en redemande. Pour leur tenir tête (d’affiche) : Girls Names (quatuor nord-irlandais post punk, limite gothique, qui ravira les amateurs de Joy Division et Cure), Amenra (le combo flamand a signé moulte prestations scéniques fabuleuses avec un métal qui ne cherche ni à écraser, ni à subjuguer mais bien à se faire désirer). En sus, une ronde de petits fours : Piano Club, SX, Mermonte, Roscoe, Castles, Frank Sent Us, Raketkanon, Billions of Comrades, Oathbreaker, The Wooden Wolf, Duflan Duflan, Le Colisée, For 24 Lives, Ice Spliff et Silence Boris. Fait suffisamment rare pour être souligné, le prix d’entrée a baissé : 13 euros en prévente / 19 euros sur place, c’est cadeau! www.pacrock.be

Braids; Strand Of Oaks @ Botanique, Bruxelles, botanique.be DAAU @ OPEK, Leuven, toutpartout.be

samedi 07 septembre René Binamé, Les Slugs, La Fractoin, Vision Of War, Bière Sociale, La Marmite @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Steve Vai @ De Roma, Antwerpen, deroma.be

mardi 10 septembre Dawes @ Botanique, Bruxelles, botanique.be

mercredi 11 septembre The-Dream @ AB, Bruxelles, abconcerts.be The Black Angels, Elephant Stone; Houndmouth @ Botanique, Bxl

jeudi 12 septembre The Boxer Rebellion; Rue Royale @ Botanique, Bruxelles ead Ghosts @ L’Escalier, Liège, toutpartout.be Emilie Autumn @ Trix, Antwerpen, trixonline.be

vendredi 13 septembre Junip @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Castles, Sport Doen, Eleven!, Struggling For Reason @ Magasin4, Bruxelles, thenoisebelgique.be Darkness Dynamite, Spitdown, The Thin And The Fat Guy’s @ L’Escalier, Liège, concertpromotion.be Dead Astropilots @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com

samedi 14 septembre Tony Joe White @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Washington Dead Cats @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Sint-Jazz-ten-Noode @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Black Tusk, Fight Amp @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Birds Are Alive @ Maison des Cultures, Saint-Gilles Les Slaches @ Le Salon, Silly, sillyconcerts.be Griefjoy, The Morning After @ Aéronef, Lille, Fr

dimanche 15 septembre The Decline!, Black Sheep, Rotyes @ Magasin4, Bruxelles Greg Haines; Sankt Otten @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Jesu @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Madness @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu

lundi 16 septembre The Milk Carton Kids, Melody Pool @ Botanique, Bruxelles Cheer Accident, Marteleur, Primordial Undermind @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be

mardi 17 septembre Macklemore & Ryan Lewis @ Forest National, Bruxelles, livenation.be Chance The Rapper, Dvtch Norri$ @ VK*, Bruxelles

mercredi 18 septembre No Matter What You Say @ RDC du Musée, Liberchies, geminiacum.be/agenda CocoRosie @ Het Depot, Leuven, hetdepot.be Capital Cities @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Cascadeur @ Botanique, Bruxelles, botanique.be The Besnard Lakes, Sheep Dog & Wolf @ Aéronef, Lille, Fr

jeudi 19 septembre Letlive, Night Verses, The American Scene @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Sleeping With Sirens @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Korekyojinn, Ruins Alone @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be No Ceremony; 2012, Pale Grey, Little X Monkeys, Antoine Chance, Uman, Veence Hanao @ Botanique, Bxl, botanique.be Bryan Adams @ Cirque Royal, Bruxelles, livenation.be Globul, Attari, Kris.Rise & Sushi Flow @ Rockerill, Marchienne Cascadeur @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu

vendredi 20 septembre Psychic Ills, Dead Meadow, Carlton Melton, White Mania @ Trix,

Antwerpen, trixonline.be Seeed @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Doom @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be BRNS, Mean, Le Colisée @ Théâtre Américain, Bruxelles, abconcerts.be Fred And The Healers @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Holden, Lionel Solveigh @ L’An Vert, Liège, lanvert.be

samedi 21 septembre Stu Larsen & Natsuki Kurai @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Wire, Múm, Wolf Eyes, Anna Von Hausswolff @ Théâtre Américain, Bruxelles, abconcerts.be Yoav @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Laura Marling @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Built To Spill & Disco Doom, Junebug Spade @ Trix, Antwerpen San Cisco @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Psychic Ills, Carlton Melton, White Mania @ De Kreun, Kortrijk The Imaginary Suitcase @ Le Daringman, Bruxelles Underviewer, Cruise CTRL, Android 80 @ T.A.G., Bruxelles, lefantastique.net MusikOmetro @ Six stations de métro, Bruxelles; www.musikometro.be Frank Turner @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu

dimanche 22 septembre Barbarossa; Smith Westerns @ Botanique, Bruxelles Black Angels, Elephant Stone, The Spunnyboys @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com

lundi 23 septembre Is Tropical @ La Cave Aux Poetes, Roubaix, Fr, caveauxpoetes.com God is An Astronaut @ Rockhal, Esch/Alzette, Lux, rockhal.lu

mardi 24 septembre Drenge; Kate Nash, Bleached @ Botanique, Bxl, botanique.be The Black Dahlia Murder @ Magasin4, Bruxelles, magasin4.be Die!Die!Die @ DNA, Buxelles, toutpartout.be Balmorhea, JBM @ Nijdrop, Opwijk, nijdrop.be

mercredi 25 septembre Shonen Knife, Polaroid Fiction @ Nijdrop, Opwijk, nijdrop.be Fuzz; Spector; Fanfarlo @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Recorders, Mean @ Stuk, Leuven, stuk.be

jeudi 26 septembre Flying Fish Jumps @ Le Salon, Silly, sillyconcerts.be Bo Weavil, Mr & Mrs Papa Oom Mow Mow @ Aéronef, Lille, Fr

vendredi 27 septembre MGMT @ AB, Bruxelles, livenation.be Mermonte, BRNS, Féfé @ Plaine de Neckere, Mouscron Kapitan Korsakov, The Rott Childs, Mean @ Trix, Antwerpen Sir Yes Sir, Roselien @ Stuk, Leuven, stuk.be Spin Doctors, Duckstore @ Het Depot, Leuven, hetdepot.be Fabrice Lig, Globul, Massimo Dacosta, Sneak @ Rockerill, Marchienne, rockerill.com Maria Isn’t A Virgin Anymore @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be 65daysofstatic @ Ha’, Gent, handelsbeurs.be Piano Club, Larko @ Le Salon, Silly, sillyconcerts.be August Burns Red, Bless The Fall @ VK*, Bxl, vkconcerts.be Castles, Morning Dead, Struggling For Reason @ Atelier Rock, Huy, thenoisebelgique.be Bo Weavil, The Montesas, DJ Rooster @ Aéronef, Lille, Fr Mass Hysteria, Kill Me This Monday @ CC Gérard Philipe, Calais, Fr, calais.fr

samedi 28 septembre The K., The Fabulous Progerians, Petula Clarck, Adolina @ Atelier 210, Bruxelles, thenoisebelgique.be Robert DeLong @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Klezmik Circus @ CC Jacques Franck, Saint-Gilles, linguedh.be 16 Years Of Orange Factory: Colour Haze, Ufomammut, Monomyth, Telstar Sound Drone, Zolle @ Het Depot, Leuven, orangefactory.be Ohm @ De Kreun, Kortrijk, dekreun.be Der Blutharsch And The Infinite Church Of The Leading Hand, Position Parallele, Deutsch Nepal, Jastreb @ Magasin4, Bxl Ed Kowalczyk @ AB, Bruxelles, abconcerts.be Liquicity ft Maduk, Rameses B, Stan SB, Murdock @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Les Irlandais, TotoRo, Hey Yeah, Frown-I-Brown, Buenas Ondas, Compakt Disk Dummies @ Plaine de Neckere, Mouscron Nico Duportal & His Rhythm Dudes, The Caezars, Bo Weavil @ Aéronef, Lille, Fr, aeronef-spectacles.com

dimanche 29 septembre CSS @ Botanique, Bruxelles, botanique.be Baroness, Royal Thunder @ Trix, Antwerpen, trixonline.be

lundi 30 septembre Mmoss, Maston, The Resonars, The Paperhead @ Trix, Antwerpen, trixonline.be Wiz Khalifa @ Forest National, Bruxelles, livenation.be Crocodiles; Born Ruffians, Moon King @ Botanique, Bruxelles


06/09 THROES + THE SHINE BAZZOOKAS PARTYHARDERS 07/09 OZRIC TENTACLES DEF P & THE BEATBUSTERS PANACHE CULTURE MUZUNGU 08/09 AKA MOON WILD BOAR & BULL BRASSBAND 20/09 FUZZTONES FIFTY FOOT COMBO THE DEVILLES 21/09 VIVE LA FETE 26/09 DANS DANS ECHO BEATTY 27/09 BERT JORIS QUARTET * BLACK FLOWER NORDMANN 04/10 EXPULSION PROPELLER 1.2 INTERNAL SUN ATOS 05/10 G.T. MOORE & THE LOST ARK BAND 08/10 MAN OR ASTRO-MAN? THE OCTOPUS PROJECT 11/10 NOUVELLE VAGUE * 12/10 ESENCIA DEL CHORO * 13/10 MARC RIBOT TRIO 17/10 MARJAN VAN ROMPAY GROUP * 18/10 VENUS IN FLAMES SLOW PILOT 24/10 DAAU 25/10 META & THE CORNERSTONES JUPITER & MA SHI FAI 31/10 FRANK DERUYTER QUARTET FEAT. PETER ERSKINE 01/11 ROLAND & MAURO REENA RIOT

09/11 NATACHA ATLAS * 10/11 CHUCK PAISLEY & BAND JULES BROWN 14/11 MARBLE SOUNDS FEW BITS 21/11 LIONEL BEUVENS QUARTET * 23/11 THE VAN JETS * PROTECTION PATROL PINKERTON HICKORY FALLS 30/11 FRONT 242 IMPLANT 04/12 THE GRANDMOTHERS OF INVENTION 05/12 STADT LOW VERTICAL 07/12 LOCOMONDO * 13/12 ERIK TRUFFAZ QUARTET 14/12 SKIP&DIE DONSO 19/12 MAROCKIN’ BRASS FEAT. BYRON WALLEN * 28/12 IN PROGRESS 31/12 BIG BANG 2014! 16/01 MANNGOLD DE COBRE FEAT. PRASANA 23/01 JOACHIM BADENHORST (SOLO) * OAKTREE TRIO 05/02 ZEFIRO TORNA * 06/02 TARAF DE HAIDOUKS * 20/02 RAGINI TRIO * 06/03 REIN DE GRAAFF QUINTET FEAT. ABRAHAM BURTON 15/03 RAY COLLINS HOT CLUB THE MOTEL MEN 25/03 ANOUAR BRAHEM * 27/03 GORILLA MASK 24/04 22 STRINGS AND A PIECE OF WOOD 08/05 REBIRTH COLLECTIVE * * In samenwerking met Cultuurcentrum Sint-Niklaas en/of Jazzlab Series.

STATIONSSTRAAT 104, 9100 SINT-NIKLAAS • T. 03 776 11 98 • INFO@DECASINO.BE

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