Arquitectura popular dominicana

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de comprendre, non seulement la mobilité à des distances proches ou éloignées, mais aussi le sens historique persistent de l’axe de peuplement nord-sud et vice et versa, avec ses ramifications qui orientent vers les secteurs géographiques où le développement économique est fort, même s’il suit des modèles changeants (exploitation sucrière, touristique ou expansion immobilière). La carte des zones de vie élaborée par Leslie R. Holdridge, décrit le manteau existentiel de la nature, la couleur verte de sa robe tropicale, les feuillages temporaires qui habillent de stations les monts et les bois dominicains, qu’ils soient humides, secs, épineux, pluviaux ou sous tropicaux. La carte des régions culturelles, proposée par Rafael Emilio Yunén Zouain dans « La isla como es62 », (CEUR, PUCMM, Santiago) permet d’identifier les « espaces géographiques » où s’installent les peuplements humains, et où l’on peut voir sans recourir à une loupe ces espaces géographiques distribués sur le territoire national. Depuis cette localisation culturelle on peut identifier les zones préférentielles sélectionnées pour la réalisation des projets de construction des maisons et des logements de Raúl De Moya Español (INVI, 1986), qui divise le pays en quatre zones et qui inclut, bien entendu, les montagnes, toujours plus demandées pour une culture de vacances qui s’imprègne de tropicalité avec des œuvres impressionnantes de structures osées qui mettent à défi l’imagination, tandis qu’elles sont attachées aux versants et regardent vers les vallées des entourages. Enfin, nous proposons la lecture d’une régionalisation réalisée par Víctor Durán en 1992 qui permet de comprendre l’étude inachevée et toujours en cours - des peuplements humains et de leur habitat en République dominicaine. Cette étude offre un outil, une excuse, une opportunité pour réorienter le regard académique vers les entrailles de la plus sincère dominicanité, cette dominicanité construite et détruite, mais reconstruite historiquement, et qui est dispersée dans les campagnes, les montagnes, les vallées, les côtes et les terres basses. C’est cette même dominicanité qui s’introduit subtilement dans les quartiers périphériques des grandes villes, recueillant le folklore et l’anthropologie, comme uniques occasions de dignification, au beau milieu de l’effarement de circonstance,

imposé par l’ostracisme culturel auquel ils furent relégués jusqu’à maintenant. Concernant la périodisation, celle-ci répondra au critère établi dans la proposition de régionalisation, c’est-à-dire que l’histoire de ces modèles typologiques sera la même que celle des peuplements humains à laquelle ils appartiennent. L’idée de périodiser l’architecture dominicaine a eu ses représentants, qui ont formulé de nombreuses propositions ayant permis une meilleure compréhension de notre culture architectonique. Le point d’origine et le rythme de l’évolution de l’architecture populaire sont différents de ceux de l’architecture académique. Dans ce sens, nous nous rapprochons de la proposition de l’architecte Manuel S. Gautier dans sa « Teoría de los períodos espaciales históricos63 » et de la classification réalisée par l’écrivain Pedro Mir, exposée dans son livre intitulé La noción de período en la historia dominicana64. L’architecture populaire dominicaine, sans le savoir ni le chercher, est à la défensive. Elle se replie face au grondement d’une guerre non déclarée qui lui inflige des pertes quotidiennes. Une culture incomprise et influencée ; une société instable dans sa compréhension du phénomène culturel qu’elle considère comme quelque chose d’étranger ; l’architecture populaire est quotidiennement offerte, réduite, traquée, assassinée par des reflets déguisés de progrès et de développement, terminologie de la course à l’armement qui détruit l’habitat naturel des Dominicains, en transformant les endroits, en altérant les modèles culturels coutumiers, en modifiant les conduites et les comportements, et en les remplaçant par des solutions architectoniques venant d’autres latitudes, étranges, distantes et proches, mais qui n’appartiennent pas aux Dominicains ni aux Dominicaines. C’est pour cela que ce texte valide une reconnaissance muette de lettres révoltées qui se retranchent dans l’honneur du passé récent, pour témoigner, par respect et remerciement, et pour brandir un drapeau d’identité culturelle qui se borde sur les bois des campagnes, se coud avec des fils de fibres de palmes, se hisse sur une hampe courbe de cocotier de plage, et se laisse flotter au vent des ouragans de l’histoire qui n’a jamais été racontée, celle de l’architecture populaire dominicaine. Architecture Populaire Dominicaine

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