Rapport Complet sur les OMD - Haïti un nouveau regard

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Goulots d’étranglement, défis et contraintes

En dépit d’avancées significatives dans la lutte contre les discriminations basées sur le genre, de nombreux défis restent à surmonter pour obtenir les résultats attendus par les initiatives portées par le MCFDF et les organisations de femmes, et pour que la dimension genre soit prise en compte dans tous les secteurs, à tous les niveaux de décision et par l’ensemble des institutions et des acteurs – y compris les bailleurs. Le premier obstacle réside dans le manque de volonté politique, à tous les niveaux du pouvoir, qui jusqu’à date a caractérisé les actions entreprises pour une plus grande égalité de genre. Les difficultés liées au vote des lois sensibles au genre au sein du Parlement, ainsi que la non-promulgation des lois sur la paternité responsable et le travail domestique par le pouvoir exécutif, bien que ces lois aient été votées depuis plusieurs années, témoignent d’un manque de volonté politique pour l’atteinte de l’OMD 3. Malgré les efforts entrepris par l’administration en place pour former un Gouvernement plus équilibré et pour nommer des femmes à la tête de plusieurs institutions publiques, une politique plus proactive permettrait notamment de faire avancer l’implémentation du quota de genre aux postes nominatifs et électifs. Le manque de volonté politique se fait également cruellement ressentir au sein du Parlement, qui a voté puis retiré de la loi électorale de décembre 2013 des dispositions relatives au quota de 30 %, et n’a pris aucune disposition pour augmenter la représentation féminine aux deux chambres du Parlement haïtien. Enfin, les partis politiques sont également caractérisés par une quasi-totale domination masculine et une forte résistance au changement. En Haïti, la notion de pouvoir assimilée au masculin est fortement ancrée dans les mentalités, représentant un enjeu culturel très pesant sur l’évolution des femmes dans les instances de décision. En effet, pratiquement la totalité des formations politiques est dirigée par des hommes. Il faut toutefois noter une évolution positive, avec six

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partis aujourd’hui dirigés par des femmes : le Rassemblement des démocrates nationaux progressistes (RDNP) avec l’ancienne candidate à la dernière élection présidentielle, le parti Fusion qui a comme leader une ancienne sénatrice, les partis Lavalas, Reparenn, Jeunesse pour la république (JPR) et Union. Certaines formations politiques intègrent le problème de l’égalité des sexes dans leur mode de gouvernance. Ainsi, certains partis comme Fusion s’inscrivent dans une démarche d’équité en statuant sur un quota de femmes au sein de leur structure politique (40 %). Toutefois, la volonté reste très timide et marginale au sein des partis politiques qui tardent à voir en l’égalité des sexes un projet démocratique qu’il convient d’atteindre afin de rendre la démocratie haïtienne plus effective et représentative. En termes de politiques publiques, le fait que la politique d’égalité ne soit pas encore en vigueur ralentit significativement le processus de promotion des droits des femmes. De même, l’absence de dispositions légales définissant les mécanismes de mise en œuvre du quota de genre est un handicap de taille. Le système électoral majoritaire, qui prévaut en Haïti, est un obstacle significatif pour la mise en œuvre efficace et consensuelle du quota. En effet, contrairement aux systèmes proportionnels, qui peuvent permettre d’imposer de manière relativement consensuelle un minimum de 30 % de femmes sur les listes électorales des partis politiques, le respect strict du quota dans les systèmes majoritaires implique un mécanisme de sièges réservés. Ceci signifie que 30 % des sièges doivent être réservées à des candidates femmes, obligeant des candidats hommes ou députés déjà en place à se mettre en retrait dans leur circonscription pour permettre l’élection d’une femme. Le caractère potentiellement conflictuel de ce type de quota peut retarder son vote au Parlement, très largement dominé par les hommes. Enfin, l’absence de sanctions relatives à l’application du quota dans la loi électorale peut compromettre son efficacité. De même, la mesure prévue

Rapport OMD 2013 pour Haïti


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