Issue 19

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Dorothy Shoes / Thierry Jaspart / Romain S. Donadio / Dadadreams / Jean-Claude Delalande / AFC / Karen Assayag / BO-Rivage / Henrike Stahl / Thierry Vend么me / Eleonora Strano / Ananda Safo / Jean-Christophe Cros / GIB

ISSUE 190710


S O M M A I R E


PARTIR

NIGHT

LOVIN

SEE

PIECES

MEMOIRE

DETAILS

« ESCAPE »de Dorothy Shoes INTERVIEW de l’artiste Thierry Jaspart

« BUENOS AIRES » de Romain S. Donadio INTERVIEW de l’artiste Dadadreams

« MARIAGE » de Jean-Claude Delalande INTERVIEW de l’artiste AFC

« MER » de Karen Assayag INTERVIEW de l’artiste BO-Rivage

« DÉCOUPAGES » de Henrike Stahl INTERVIEW du bijoutier Thierry Vendôme

« DESOUBLIER » d’Eleonora Strano INTERVIEW de l’artiste Ananda Safo

« VEGETAL » de Jean-Christophe Cros INTERVIEW de l’artiste GIB




PARTIR


&

« ESCAPE » de Dorothy Shoes INTERVIEW de l’artiste Thierry Jaspart


ESCAPE D O R O T H Y S H O E S

COMMENT EST NEE CETTE SERIE ? Je n’ai jamais préparé cette série qui d’ailleurs, n’en est pas tout fait une. Je travaille depuis trois ans sur ce que j’appelle des «Monologues photographiques», une construction d’histoires visuelles d’un personnage , qui peuvent se lire seules ou ensemble, croquant l’humain dans l’intime et l’inconscient. Mais plus précisément l’individu dans sa solitude la plus crue, souvent inavouée ou rejetée. Vers son essence, tellement parasitée par les aspirations d’un monde rythmé par l’économie, le pouvoir, la compétition, la productivité ou le rendement... Alors qu’on nous parle de pays, de couches sociales, de peuples, de nations, de groupes politiques, de communautés religieuses, de tranches d’âges, de dénominateurs communs... Alors qu’on nous parle au pluriel... Mon appareil photo en guise de microscope, je souhaite aller chercher ce qui est étouffé par ces grands ensembles. Et donner la parole au singulier. Au fur et mesure de ce projet, je me suis rendue compte qu’un thème se distinguait au-delà de ma volonté : «Escapes» ou «Echappées Belles»... Alors j’ai commencé à mettre ces images côte à côte... Cette série m’a donc échappée et c’est à mon inconscient qu’il faudrait vraiment s’adresser pour pouvoir répondre. PARLE-NOUS DE TON UNIVERS... Je suis une fille de théâtre, d’abord comédienne avec pour grand amour la scénographie et la mise en scène, j’ai débuté la photographie de manière autodidacte en 2005. Je collectionne les ampoules vivantes et mortes, les clefs qui ont perdu leur porte, les boîtes de conserve que je recycle en «pots-à-tout-faire»… Je vis la nuit, je fume beaucoup, j’inonde ma gorge de thé, je suis souvent en colère ou en joie mais rarement dans de petits états. L’art, la pensée oui, bien sûr, bien sûr. Une partie de mon univers. Mais je ne dénigre pas le «populaire», au contraire, et quand je rencontre nombre de mes voisins du milieu des arts qui n’ont pour vecteurs vitaux que l’élitisme et «l’érudisme», j’en suis fière. Fière parce que je ne supporte pas les cloisonnements, les milieux préétablis, les communautés qui ne servent qu’à rassurer leurs membres sur leur propre identité. Si à table, il y avait toujours les mêmes invités, qui plient de la même manière leurs serviettes et leurs pensées, de quoi le dîner serait-il fait ? Alors pour ma part, j’aime changer de couverts, je pique-nique, je mange à la cantine, je déjeune dans un restau chic, je soupe à la bonne franquette… Voilà un peu mon univers... L’important, c’est que les fenêtres soient ouvertes.


TES PROJETS ? Je rentre de Montréal où j’étais en contrat pour le «Théâtre de Quat’Sous» qui m’a demandé de créer les photographies qui illustreront les spectacles de leur saison prochaine. Une partie de ma dernière expo, «Monologues», sera exposée au théâtre en avril et mai lors des représentations de «Douleur Exquise», texte de Sophie Calle. Je viens également de figurer parmi les cinq lauréats du concours «Parole photographique» organisé par Actuphoto, MK2 et Christian Caujolle (fondateur de l’agence VU) et j’expose mes travaux réalisés en milieu carcéral «Et demain ? Portraits d’Avenir» à partir du 14 avril 2010 au MK2 de la Bibliothèque Nationale de France, puis à la gare St-Lazare et au Forum des Halles de Paris. Je prépare aussi la suite des «Monologues photographiques» pour ma nouvelle exposition «Dystopies» qui débutera à Tours à la galerie Célanie en octobre 2010. En parallèle, je continue mes interventions en prison, proposant des ateliers photo aux détenus, axant la réflexion autour de leur sortie de prison et sur ce que cela génère en eux. Des notions complexes que l’on tente d’identifier et d’exprimer au travers de travaux d’écriture, de conceptions graphiques, d’autoportraits et de photos mises en scène par les détenus eux-mêmes. Enfin, je participerai au group show «ARTLOOK Project» à la galerie «HP Garcia» New York City, suivi de la publication du livre «100 emergent artists» qui paraîtra aux USA dans le courant de l’année 2010.


WHERE DOES THIS SERIES COME FROM ? I never planned ahead this series which by the way isn’t totally one. For six years I have been working on a series called “Monologues photographiques”, a construction made of one-character-based visual stories which can be read together as well as singly, evoking the human in the intimacy and the unconsciousness. But more precisely the individual in his worst raw solitude often unconfessed or rejected. This essence, too spoilt by the desires of a world governed by economy, power, competition, productivity or outputs... On the other side, we are told about countries, social backgrounds, people, nations, politic groups, religious communities, age range, common denominators… We are being talked to on the plural mode.I use my camera as a microscope, I wish I could look further what has been hidden under these groups and turn it into the singular. As the project grew I became aware that one theme in particular was emerging beyond my own will: “Escapes” or “Echappées Belles”. So I started to put these images together… We can say that this series finally springs from me. And that only my unconscious could answer this question. CAN YOU TELL US ABOUT YOUR UNIVERSE ? I come from drama. I first was an actress with a big passion for scenography and direction, and then I started photography on my own in 2005. I collect living or dead light bulbs, keys that have lost their door, cans that I recycle into all-use boxes. I’m a night-bird, I smoke a lot, drink tea, very often I’m as mad as extremely happy but I’m rarely on in-between moods. sThe art and thinking are of course part of my universe. But I’m also keen on popular and I’m proud of it whereas many of my artists neighbors are only led by elitism and “erudism”. I’m proud because I can’t stand partitionism, pre-established classes, communities whose aims are only to reassure the members of their own group. What’s the point of a dinner if there were only the same guests around the table, folding their napkins and their ideas the same way? In my view, it’s better to switch plates, to picnic, to eat at the cafeteria without any fuss and then at a fancy restaurant…


YOUR PROJECTS ? I am back from Montreal where I worked for the «Théâtre de Quat’Sous», one of the oldest theatres in the city. I shot the pictures that will illustrate the next season shows. Part of my last series, «Monologues», will be exhibit at the theatre in April and May during the “Douleur Exquise” performance, from the original text by Sophie Calle. Recently, I was also part of the five finalists of the «Parole photographique» contest held by Actuphoto, MK2 and Christian Caujolle (founder of the VU agency) and will be showing my work about the prison world «Et demain ? Portraits d’Avenir» from April, 14th 2010 at the Bibliothèque Nationale de France, then at the Saint-Lazare railway station and also at the Forum des Halles in Paris. I’m also working on the next chapter of my «Monologues photographiques» series which I plan to show during my next exhibition, «Dystopies», which starts in October 2010 at the Galerie du Studio Célanie in Tours. At the same time, I keep on giving lectures and workshops about photography to prisoners in jail, focusing on life after prison and the feelings that such a thought provokes in them. Complex feelings that we try to catch and express through writing, graphic creations, selfportraits, and photographs conceived by the prisoners themselves. Finally, I will be showing a group work called «ARTLOOK Project» at the gallery «HP Garcia» in New York, followed by the publication of a book «100 emergent artists» which will be released in the US in 2010. http://www.dorothy-shoes.com http://www.facebook.com/dorothyshoes














T H I E R R Y J A S P A R T

INTERVIEW PARLE-NOUS DE CETTE SERIE… C’est une série de peintures réalisées à la main sur du papier journal. J’essaye de revenir à un style plus graphique et plus iconique, que j’avais un peu mis de côté depuis quelques temps. Beaucoup de symboles existant déjà y sont représentés, confrontés à certaines icônes qui reviennent régulièrement dans mon travail. Après avoir travaillé la couleur non stop pendant quelques années, ça me fait du bien de revenir au noir et blanc. L’utilisation du papier journal permet de meubler plus rapidement une illustration qui semblerait plus simpliste et crue sur du simple papier blanc. J’ai déjà créé une demi-douzaine d’illustrations de ce genre et je ne compte pas m’arrêter pour le moment... QUELS SONT TES PROJETS ? Ils sont très variés car j’aime m’ouvrir à des choses différentes... Mais pour en cibler un en particulier, je compte organiser des évènements de «digital live painting». L’artiste peint dans un programme d’infographie sur son ordinateur à l’aide d’une tablette graphique... Le tout est projeté sur un grand écran, ce qui permet au public de suivre l’évolution du travail, de la page blanche jusqu’à la réalisation complète de l’illustration. C’est une alternative plus créative au VJ-ing, peut-être un peu plus captivante aussi, mais c’est surtout une façon de faire découvrir la peinture numérique peu connue du grand public... On m’a déjà demandé si j’allais chercher mes travaux dans Google Images ! Pour le moment, je cherche tout simplement d’autres personnes qui pourraient se joindre au projet... L’ILLUSTRATION SUR PAPIER JOURNAL, C’EST DU GRAFFITI DE SALON ? Mmmmh... C’est peindre sur quelque chose qui existe déjà oui, avec quand même beaucoup moins de risques d’amendes... Mais ça ne correspond pas vraiment à ce que j’apprécie dans le graffiti auquel il m’arrive de m’adonner... J’aime simplement le fait que ça puisse toucher tout le monde. Monsieur Tout le Monde ne poussera pas toujours de lui-même la porte des galeries et ne tombera pas nécessairement sur des sites d’art en surfant sur le web... Dans la rue, une œuvre d’art, quelle qu’elle soit, est tout de suite plus difficile à louper...


TELL US ABOUT THIS SERIES... This is a series of handmade paintings on newspapers. I’m trying to get back to a more graphic and iconic style, which I had put aside for a while. A lot of symbols are represented and confronted with certain icons which recur regularly in my work. After working non-stop in color for a few years, it feels good to me to come back to black and white. Also, using newspapers enables me to finish an illustration faster which seems more simplistic and raw on plain white paper. I have already completed half a dozen of illustrations of this type, and I can’t see myself stopping for the moment. WHAT ARE YOUR PROJECTS ? They are as very diverse, because I like to stay open to as many different things as possible... But if I was to talk about one project in particular, I’d talk about the plans I have to organize digital live painting events. What’s that? Well, the artists paint using a computer graphics program on their computer with the help of a graphics tablet... This is projected on a big screen, allowing those watching to follow the evolution of the work, from a white page until the complete realization of the illustration. This is, primarily, a more creative alternative than VJ-ing, maybe a bit more captivating as well, but mostly it’s a way to show the public what electronic painting is, even if they don’t know much about it... During one of my exhibitions, a woman asked me if I got my work from Google Images! Right now, I’m looking for others to join in for the project... ILLUSTRATION ON NEWSPAPERS: IS IT TAMED GRAFFITI ? Hmmm... It’s painting on something that already exists, with a much lower risk of getting fined for it, hehe... But that’s not really what I like about street art but what it gives to me... I just like the fact that it can affect everyone and anyone. Mr. Average might not always go to art galleries and won’t always necessarily surf on art websites, if they even do so... On the streets, a work of art, whatever it is, is definitely harder to miss... http://www.thierryjaspart.com http://www.flickr.com/photos/andalltha http://www.facebook.com/thierryjaspart












NIGHT


&

« BUENOS AIRES » de Romain S. Donadio INTERVIEW de l’artiste Dadadreams


R O M A I N S D O N A D I O

BUENOS AIRES VOTRE CONCEPTION DE LA PHOTOGRAPHIE... «L’appareil photo est mon outil. Grâce à lui, je justifie tout ce qui m’entoure.» André Kertész A PROPOS DE CETTE SERIE... Loin d’être une série aboutie, cette sélection de photographies urbaines prises la nuit est une étude sur Buenos Aires et plus particulièrement sur le quartier de Palermo. Buenos Aires est une ville qui me fascine et ce depuis mon premier séjour en 2003. J’y ai vécu un an. Depuis, j’y retourne régulièrement. Plus j’y vais, plus il me semble facile de la photographier. Je crois profondément que pour pouvoir photographier une ville et en capturer l’essence, il faut d’abord apprendre à la connaître jusqu’à en devenir l’un de ses habitants. Pour Buenos Aires, je n’en suis pas encore là mais lorsque je suis dans le taxi qui me mène de l’aéroport à Palermo Viejo, j’ai un peu l’impression de rentrer chez moi. VOS PROJETS... J’ai un projet lié à un livre que je viens de lire, j’aimerais bien le voir aboutir et je vais tout faire pour. Les idées sont là. Maintenant, il s’agit de trouver les moyens techniques et financiers. Je veux continuer à photographier Buenos Aires.


WHAT DO YOU THINK PHOTOGRAPHY IS ABOUT? “The camera is my tool. Thanks to it, I justify what is around me.” André Kertész TELL US MORE ABOUT THIS SERIES… This is an unfinished product. This series of night street photos is a study about Buenos Aires, the Palermo district more precisely. Buenos Aires is a city that fascinates me since my first visit in 2003. I lived there for a year and I go back there regularly. I feel that the more I go there, the easier it is to take pictures of it. I strongly believe that in order to take good pictures of a city and capture its spirit, you have to learn to know it, even if it means living there. I haven’t reached this point with Buenos Aires yet, but when I am in a taxi driving from the airport to Palermo Viejo, it feels a bit like going home. WHAT ARE YOUR PROJECTS? I have an editorial project linked to a book I have just read. I know what I want to do, but now I need technical help and funding. And I want to go on taking pictures of Buenos Aires. http://abroadgrin.tumblr.com/














INTERVIEW D A D A D R E A M S

PARLE-NOUS DE TOI, DE CES VIEILLES PHOTOS QUE TU UTILISES, TU DOIS EN AVOIR TOUT UN STOCK, NON ? Je vis et travaille à Houston, au Texas (USA). Je suis une artiste collagiste autodidacte. Toute ma vie j’ai été passionnée par le papier et c’est de là que vient mon art. J’ai une collection de prospectus vintage qui grandit constamment. La plupart viennent de magazines, de livres et d’encyclopédies des années 40, 50 et 60. Le collage est une façon de leur rendre la vie. J’adore associer des images et de les transformer en quelque chose de nouveau et différent. TON INSPIRATION ? Pour moi, le collage est une sorte de jeu. Je récupère beaucoup d’images que je garde dans un classeur. Je les classe selon plusieurs catégories : animaux, paysages, personnes etc. Mes séries me viennent d’elles-mêmes quand j’associe des images d’une catégorie à des images d’autres catégories. J’aime étaler mes prospectus sur le sol et les disposer de façon à en faire une image. Je travaille de manière intuitive et je n’ai plus la notion du temps quand je fais du collage. J’ai réalisé les collages de la série « You’re Such an Animal » l’année dernière. L’un de mes classeurs est plein à craquer d’images d’animaux que j’utilise tout le temps. Ce qui m’inspire, c’est ma collection de livres et de papiers. Avec eux j’exprime mon propre regard sur la vie, humoristique et novateur. DES PROJETS ? J’ai récemment acheté des livres de recettes débordant d’images colorées de desserts à base de gélatine. Je m’amuse vraiment les mélanger des cartes postales représentant des paysages.


TELL US ABOUT YOU ? ABOUT ALL THESE OLD PICTURES. YOU MUST HAVE A HUGE STOCK… I live and work in Houston, Texas, USA. I am a self-taught collage artist. My art comes from my lifelong love affair with paper. I have an ever growing collection of vintage ephemera, mostly magazines, books and encyclopedias from the 40s, 50s and 60s. Collage is a way for me to give the pieces new life. I love being able to combine images and turn them into something completely new and different. YOU INSPIRATION ? HOW DO YOU CREATE A SERIES ? For me, collage is a form of play. I collect many images and keep them in folders. I have them categorized into animals, landscapes, people, and many other subjects. A series usually comes about when I take images from one of my folders and combine them with images from another folder. I love to spread my ephemera (my toys) on the floor and rearrange them until an image comes together. I work intuitively and lose all track of time when I’m in a middle of a collage. I created the pieces in the “You’re Such an Animal” series in the last year or so. One of my biggest folders is filled with animal images, which I use all the time. My inspiration comes from my collection of books and papers, and using them to express new or humorous way of looking at life. ABOUT YOUR PROJECTS ? As far as upcoming projects goes, I recently purchased several recipe books filled with wonderful colorful images of desserts made of gelatin. I’ve been having a great time blending them with landscape postcards. Current work: http://www.etsy.com/shop/dadadreams Past work: http://www.flickr.com/photos/dadadreams/












LOVIN


&

« MARIAGES » de Jean Claude Delalande INTERVIEW de l’artiste AFC


D E L A L A N D E

MARIAGES COMMENT EST NEE CETTE SERIE ? Il y a quelques années, j’avais déjà réalisé avec ma compagne pour « Bienvenue la Maison » une série sur le couple au quotidien. Une mise en scène sur le théâtre du mariage. L’année dernière, j’ai eu l’idée de développer le sujet avec d’autres femmes de mon entourage. Le début fut assez laborieux, j’avais beaucoup de difficultés à trouver des modèles d’une part et, d’autre part, à les convaincre de poser chez elles en robe de mariée. La plupart étant célibataires, elles craignaient par superstition de ne jamais se marier. Mais après avoir réalisé quelques images avec les plus courageuses, et le bouche oreille aidant, la machine s’est emballée et je me suis retrouvé à la fin de cette série avec plus de 30 mariages arrangés. Je tiens à remercier toutes ces femmes qui se sont prêtées au jeu de la mise en scène, sans qui cette aventure n’aurait pas vu le jour. LE MARIAGE, C’EST… Partager à deux les soucis que l’on n’aurait pas eus seul. VOS FUTURS PROJETS... Je poursuis actuellement la série récurrente « Bienvenue à la Maison » et parallèlement j’ai débuté il y a quelques mois un travail sur le nu.


HOW WAS THIS SERIES BORN ? I had already made a series with my partner, a few years ago entitled “Bienvenue à la maison” (“Welcome home”). It was a series about the everyday life of a couple. It was already about married life. Last year, I thought about carrying on with this theme with other women. It was quite hard at the beginning. It was difficult to find models and even more to have them wear wedding dresses at home. Most of them were single and had this superstition they’d never be able to get married if they did it. Nevertheless, after a few photo shoots with the most courageous of the lot, and thanks to word of mouth, things got better and I ended up with over 30 arranged marriages. I’d like to thank these women who accepted to be part of the experiment. Without them, this adventure would never have taken off. WHAT IS MARRIED LIFE ? It consists in two people sharing problems they wouldn’t have had if they had remained single. ANY PROJECTS? I carry on with the “Welcome home” series. I also started working on nude portraits a few months ago. http://jcdelalande.com/














INTERVIEW LA MINUTIE DU TRAIT... Le trait est un silence, il ouvre une fenêtre et invite à la traverser. Il est un tissage et sa minutie, un raisonnement obsessionnel. Le regard se laisse porter par son va-et-vient de densité comme des nuages. Surface et profondeur se confondent jusqu’à ce que l’esprit identifie (peut-être) une image, un récit ou une situation quels qu’ils soient : «potentiels» i.e. inscrits intentionnellement dans le dessin, ou «accidentels» i.e. trouvés par invention de l’imagination (ainsi que les différencie l’historien de l’art Dario Gamboni dans son ouvrage « Potential Images - Ambiguity and Indeterminacy in Modern Art »). TES SOURCES D’INSPIRATION ? L’infini, le vide, la mort, la liberté, la contrainte, le corps, la pensée, la légèreté, les mathématiques, les plans, les trajectoires, l’apesanteur, la tension, la mémoire, les limites, la relativité, le bruit.

A F C

TES PROJETS ? A Paris 11ème, dans le lieu http://www.appartellerie.eu : - Accrochage de peintures et dessins de juin à mi-juillet 2010, visites sur rendez-vous. - Installation éphémère au ruban adhésif : vernissage vendredi 18 juin de 18h30 à 21h, ouvert au public le samedi 19 juin de 13h à 19h.


THE THOROUGHNESS OF THE LINE... The line is a pause; it opens a window and invites the silence to come through. It is like weaving: its’ meticulousness is a reasonable obsession. The look is carried away by the comings and goings of densities, like clouds. Surface and depth merges until the mind (perhaps) identifies a picture, a story, or a situation - whatever it may be: either inscribed by «potential» i.e. inscribed intentionally into the drawing, or through the «accidental», i.e. found through the invention of the imagination (as differentiated by the art historian Dario Gamboni in his book Potential Images: Ambiguity and Indeterminacy in Modern Art.) YOUR SOURCES OF INSPIRATION… Infinity, emptiness, death, freedom, constraint, the body, the mind, lightness, mathematics, plans, trajectories, weightlessness, stress, memory, limitations, relativity, noise. YOUR PROJECTS… In the 11th arrondissement of Paris, right here: http://www.appartellerie.eu: - Paintings and drawings exhibition from June to mid July 2010, visits available by appointment. - An ephemeral installation of adhesive tape: the vernissage is on a Friday, June 18 from 18h30 to 21h, open to the public on Saturday, June 19 from 13h to 19h. http://www.anneflorecabanis.com http://www.facebook.com/pages/Anne-Flore-Cabanis/392744345301i














SEE


&

« MER » de Karen Assayag INTERVIEW de l’artiste BO-Rivage


K A R E N A S S A Y A G

MER A PROPOS DE CETTE SERIE… Un Minolta argentique repêché dans des cartons familiaux que je manipule comme un jouet compliqué. Je l’emporte lors d’un week end improvisé en Belgique. Des plages lisses et propres, un soleil radieux, un ciel pétant… au premier abord. Et doucement, une brume épaisse apparaît en même temps que le soleil se couche... et toute la douceur de la nature se révèle. CE QUI T’INSPIRE… Tout ce qui est déjà là et qu’on peut faire exister. Tout ce qui se voit et surtout ce qui se cache. Lorsque l’ordinaire recèle de l’extraordinaire. TES PROJETS… Ne pas arrêter… !


TELL US MORE ABOUT THIS SERIES‌ It’s about an old Minolta camera, dug out from a family trunk, that I used like a complicated toy. I take it for an impromptu weekend in Knokke-Le-Zoute, Belgium. The beach is smooth and clean there, the sun is bright, and the sky is pure...at first sight. And slowly, a thick mist rises at sunset and the softness of nature blossoms. WHAT INSPIRES YOU? Everything that is already here but that we can give life to. Everything that can be seen, but above all everything that is hidden. Whenever ordinary springs from extraordinary. WHAT ARE YOUR UPCOMING PROJECTS? Never stop!












B O R I V A G E

INTERVIEW A PROPOS DE TOI, TON INSPIRATION ? Je dessine depuis que je suis toute petite. Mais ayant été accaparée par mon projet musical pendant près de dix ans, j’ai mis trop longtemps le dessin à l’écart. Je me suis remise à l’illustration après de gros problèmes de voix car j’avais besoin d’un autre moyen pour exprimer mes doutes, mes frustrations, ma colère ou plus rarement, mes joies. Par le passé, j’avais un peu perdu confiance en ma capacité à dessiner. Mais en m’y remettant, j’ai tout simplement essayé de trouver mon propre style, en me demandant avec quel médium j’étais le plus à l’aise, quelle était ma manière de dessiner instinctivement. La nouvelle génération de bédéistes m’a fait prendre conscience que mes lacunes en dessin ne devaient pas être un frein à ma créativité J’ai cherché comment transformer ce désavantage en atout. Mes illustrations naissent avant tout de la musique. Il m’est difficile de dissocier les deux. J’écoute des morceaux qui correspondent à l’état d’esprit dans lequel je suis et c’est cette musique qui m’apporte des images et des sujets que je retranscris sur le papier. Ensuite, tout ce que je vois en animation, en film ou que je lis contribue à mes créations d’une manière ou d’une autre.


PARLE-NOUS DE TES PERSONNAGES, DE LEUR MELANCOLIE, DE CE RAPPORT A LA NATURE, AUX ANIMAUX… Ma manière de dessiner les personnages est assez naïve et maladroite. Je ne cherche pas à avoir des traits léchés. Au contraire, je souhaite laisser des imperfections, des «ratures» quand je dessine au stylo. J’aime donner un côté enfantin à mon style mais je ne veux pas non plus donner l’impression d’illustrations légères cataloguées «jeunesse». J’essaie un maximum de faire passer une émotion dans le regard, la position du corps ou la scène toute entière. Il y a en moi beaucoup de mélancolie et celle qui émane au travers de mes personnages est peut-être celle de l’enfance. J’essaie de faire en sorte que mon sujet communique directement avec le «spectateur» en le regardant, lui. Comme si on avait dérangé mes personnages dans leur intimité pour les prendre en photo. J’essaie aussi d’y mettre l’étrange, l’onirique. Je veux que la personne qui découvre mon illustration soit interpellé comme si elle arrivait au milieu d’une histoire et qu’elle soit amenée à se demander «Qu’est-il arrivé à cette petite fille ? Quel est ce lieu, ces créatures ?». J’ai mis du temps à comprendre pourquoi on comparait parfois mon style à celui de Miyazaki. Après réflexion, j’ai compris qu’on faisait allusion à la part que prenait la Nature dans mes compositions. Je suis une citadine mais là où je me sens vraiment à ma place c’est dans un milieu naturel. Pour moi, la ville est aliénante. Je suis aussi définitivement concernée par la cause écologique. C’est un thème que je glisse également en toile de fond dans mes textes. Je pense que la mélancolie, mêlée à la faune et à la flore, crée de la poésie. TES PROJETS ? Je suis en train de travailler sur l’illustration d’un livre fantastique pour les 11-12 ans. Et j’avais, il y a quelques années, ouvert une page Myspace du nom d’»Illustrasong» dont le concept était de publier un dessin et de créer l’illustration sonore qui allait avec, ou de produire un dessin sur un morceau déjà existant. J’aimerais développer ce projet et pourquoi pas l’apporter dans une galerie. Mon dernier gros projet sera de suivre ce bon conseil : «Faites que le rêve dévore votre vie afin que la vie ne dévore pas votre rêve.» - Antoine de Saint-Exupéry.


TELL US ABOUT YOURSELF AND YOUR SOURCES OF INSPIRATION... I have been drawing ever since I was a little girl. But being busy with my musical projects for nearly 10 years, I took a very long time to go back to drawing. I went back to illustration after noticing major limitations in vocalization, mainly because I needed another way to express my doubts, my frustrations, my anger, and--less often--my joys. In the past, I sort of lost confidence in my own ability to draw. But when I got back into it, I simply tried to find my own style, searching for the medium I would be most comfortable with...a medium through which I could express myself instinctively. The new generation of cartoonists has made me realize that my lack of technical drawing skills should not be a hindrance to my creativity. My goal was to turn this disadvantage into an asset. My designs are born through music. It is difficult to separate the two. I listen to the songs that express the state of mind that I am in, bringing into mind images and subjects that I transcribe onto paper. Then, all that I have read and seen in animations, films and books contribute to my creations in one way or another. TELL US ABOUT YOUR CHARACTERS, THEIR MELANCHOLY, AND THEIR CONNECTION TO NATURE AND ANIMALS... My way of drawing these characters are a bit naive and clumsy. I am not looking to have glossy, over polished traits. On the contrary, I am trying to leave imperfections--the «cross-outs» when I sketch in pen. I’m trying to maintain a playful, childish attitude when it comes to my style, but I do not want my illustrations to be categorized as «youthful.» I try to express powerful emotions in every glance, body position, or just in the general atmosphere of the scene. I suppose I carry some sad memories and burdens rooted in my childhood that manifests itself through my characters. I try to make my subjects communicate with the spectator; it is as if we have just disturbed my character’s privacy by taking his photo. I also try to create a strange, dream-like state. I want the person who comes across my illustrations to feel a sense of disorientation; as if he/she just dropped right into the middle of the story, asking «What happened to this little girl? What kind of place is this, what are these creatures?» It also took a while to understand why sometimes my style is compared to that of Miyazaki. After some reflection, I understood that this comparison is mainly because of my renditions and portrayals of «Nature.» I am a city girl, but I really feel my place is in the natural environment. For me, the city is so depersonalizing...alienating. I am definitely interested in the environmental movement that is taking place. This is a theme that I slip into my background for my writing; I think the beautiful backdrop with the flora and the fauna, along with a melancholic atmosphere creates certain poetry.


ANY PROJECTS ? I am working on illustration for a fantastic book for children between the ages 11 and 12. Furthermore, I opened a MySpace page a few years ago called «Illustrasong», where one would publish a drawing or a soundtrack that follows an original story, or simply create a drawing that goes with an existing piece. I would love to develop this project a little further, and also even bring it into a gallery. My last big project follows this good piece of advice: «Make your dream devour your life, so that your life does not devour your dream» by Antoine de Saint-Exupéry. http://bo.ultra-book.com http://bo-draw.deviantart.com www.myspace.com/illustrasong www.myspace.com/gameandwatchband














PIECES


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« DECOUPAGES » de Henrike Stahl INTERVIEW du bijoutier Thierry Vendôme


H E N R I K E S T A H L

DECOUPAGES COMMENT EST NEE CETTE SERIE ? D’une envie de toucher manuellement mes photos, loin de l’ordinateur, de créer des œuvres uniques. VOTRE PROCESSUS DE CREATION ? Découpage à l’Exacto. Durée du processus : entre une journée et une semaine par image. VOS PROJETS ? En ce moment je travaille sur un projet de bouquin, «Let it snow in Brazil».


HOW WAS THIS SERIES CONCEIVED? From a need to touch my photos, far from the computer, and to create unique work. YOUR CREATIVE PROCESS ? Decoupage with an Exacto knife, the process took from a day to a week per image. YOUR PROJECTS ? Right now I’m working on a book “Let it snow in Brazil” www.henrikestahl.de
















T H I E R R Y V E N D Ô M E

INTERVIEW UN SAVOIR FAIRE A partir de 1980, apprentissage chez le joaillier Jean Vendôme, mon père. Et depuis 1990, je crée des collections de joaillerie contemporaine. En 2003, j’ouvre ma boutique au 39 rue François Miron dans le Marais à Paris. Depuis, je conçois à partir d’impressions de voyages, des collections thématiques comme «Sable du Niger» (2007), «Beijing» (2008) ou «Arménie, terre d’inspiration» (2009). VOS CRÉATIONS ... J’utilise comme base des éléments rapportés de ces différents périples, tels des matériaux dits pauvres (exemple : la rouille d’éclats d’obus provenant d’un camp militaire en Normandie) et pour mon travail plus récent (le collier cravate) j’utilise l’obsidienne brute provenant des collines d’Arménie associée aux diamants sertis dans l’or noir et la fluorescence des opales éthiopiennes (l’opale est actuellement très présente dans mon travail). VOS PROJETS ... Dans le futur, j’aimerais continuer ces collections et, bien sûr, passer le plus de temps possible à l’établi.


A « SAVOIR FAIRE »… Since 1980, I had been an apprentice at a jeweler Jean Vendôme (my father) and since 1990; I create collections of contemporary jewelry. In 2003, I opened my boutique at 39 rue François Miron, in the Marais area in Paris. Since then, concepts come from impressions from trips, theme-based collections like “Sand of Nigeria” (2007), “Beijing” (2008), or “Armenia, a land of inspiration” (2009). YOUR CREATIONS… As a base, I use elements from these different journeys, along with poor materials (for example: rust from shrapnel from a military camp in Normandy) and for my more recent work, (the tie necklace) I use raw obsidian which comes from hills in Armenia associated with diamonds set in black gold and the fluorescence in Ethiopian opals (Opal is actually very common in my work). YOUR PROJECTS... In the future, I’d like to continue my collections, and of course spend more time working on my workbench. www.thierryvendome.com










MEMOIRE


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« DESOUBLIER » d’Eleonora Strano INTERVIEW de l’artiste Ananda Safo


E L E O N O R A S T R A N O

DESOUBLIER CETTE SÉRIE… Je viens de passer deux ans à Bangkok pour une mission de coopération culturelle. Un sandwich d’exotisme entre deux années que j’ai passées à Paris, en 2007 et à nouveau aujourd’hui. Ces photos sont intimement liées à ces années, faites d’allers-retours et de voyages avec mon petit ami resté à Paris. Dans ces photos je vois une histoire, la nôtre. Une chance de se redécouvrir à chaque voyage. Une passion commune pour la photographie. Dans ces photographies, je vois le Vietnam avec sa foule urbaine et ses rizières pétrifiées, le Cambodge et ses beautés d’où émergent cicatrices du passé et misère du présent, puis il y a Bangkok et sa jungle urbaine, enfin, il y a Paris, qui abrite le début et la fin d’une histoire d’amour. TON INSPIRATION ? En ce moment, je travaille sur l’intimité avec l’envie de revoir Paris sous un œil neuf. J’essaye de trouver l’exotisme au sein de cette ville où j’ai, finalement, passé moins de temps qu’en Asie. Ce qui m’intéresse c’est de savoir qui sont les Parisiens. A quoi ressemblent-ils ? Comment vivent-ils ? Je les regarde un peu comme un anthropologue le ferait avec une minorité ethnique. J’ai récemment exposé une série de travaux initiés lors d’un projet collectif encadré par Mat Jacob, dans le cadre de ma formation à l’EMI-CFD. J’ai eu en effet la chance de revenir à Paris dans un contexte heureux puisque je suis la lauréate 2009 du Prix International de Photojournalisme de l’EMI, autrement connu sous l’appellation « Tremplin photo de l’EMI ». TES PROJETS ? Je termine ma formation à l’EMI-CFD en juin et après ça je suis libre ! Je ne vais sans doute pas tarder à retourner vivre à l’étranger. Où, je ne sais pas, mais l’appel du voyage est plus fort que tout. En même temps je continue de participer à beaucoup d’appels à projets photographiques et je suis en contact avec une galerie pour exposer à nouveau ma dernière série de travaux sur les Parisiens : « En v(e)ille » qui avait été exposée à l’Hôtel de Sauroy ainsi qu’à la maison des photographes en avril 2010.


THIS SERIES… I just came back from two years in Thailand where I worked in the culture field. An exotic time sandwich caught between two years I spent in Paris in 2007 and now again, in 2010. These pictures are intimately linked to the trips I’ve been doing back and forth during this period to spend as much time as possible with my boyfriend who stayed in Paris. We would meet in different places in a way to rediscover ourselves every time we met. And when I look at these images, I see our own story. And a common passion for photography. I also see Vietnam, with its urban crowd and its petrified rice fields; I see Cambodia with its deep beauty from which emerge scars from the past and poverty of the present. Then Bangkok and its urban jungle. And finally Paris, which provides shelter for the beginning and the end of a love story. YOUR INSPIRATION ? Since I came back, I’ve been working on intimacy with the will to look at Paris from a totally new eye. It’s like I’ve been trying to find exoticism in this city where I finally spent less time altogether than in Asia. What I’m interested in is the face of the new Parisians. Who are they? What do they look like? How do they live? I look at them in a way an anthropologist would do. I’ve recently shown a series about Parisians in bed. I started this work for a collective project led by the French photographer Mat Jacob in my school EMI-CFD. I was indeed very lucky to come back to Paris as the winner of the 2009 International Photojournalism prize of EMI-CFD, also known as “Tremplin Photo de l’EMI-CFD” which offered an 18500 Euros grant in courses, camera equipment and the organization of a whole exhibition in Paris. YOUR UPCOMING PROJECTS… I will end my course at EMI-CFD in June and will be as free as a bird! I will probably be back to life abroad. The call for travel is too strong! At the same time, I keep on working on grants and prizes, and I’m in touch with a new gallery in Paris concerning my last work “En v(e)ille”, that I exhibited at the Hôtel de Sauroy and in “La maison des photographes” gallery in April. http://eleonorastrano.tumblr.com/












INTERVIEW A N A N D A S A F O

A PROPOS DE TOI, DE TON PARCOURS... J’ai eu un parcours assez éclectique. Bac Arts Plastiques, puis Beaux Arts où j’ai appris les bases et Histoire de l’Art. Je désirais m’exprimer à travers plusieurs médias. J’étais attirée par l’illustration, la photographie mais surtout la vidéo. J’ai basculé ensuite dans un «no artistic’s land» durant plusieurs années. J’avais besoin de digérer tout cela. Puis, je me suis lancée. Je passe de mon croquis au crayon à la tablette graphique, d’une vidéo super8 bricolée à un caméscope full HD. La technique m’aide à exprimer et retranscrire ces univers qui s’imposent. PARLE-NOUS DE TON UNIVERS, DE TES SOURCES D’INSPIRATION... Mon univers est assez différent en fonction du médium que j’exploite, même si plus le temps avance et plus j’observe une convergence. En illustration, je puise dans la vie de tous les jours. Je retiens des situations du réel, souvent liées à l’enfance, qui se mêlent à des éléments plus imaginaires, des sentiments. Comme si l’âme de mes personnages était mise à plat sur le papier. J’essaie de garder une certaine poésie, de l’humour aussi. Depuis quelques mois, je développe une chose assez différente. Il s’agit des ces petites femmes sauvages. Elles sont liées à mon parcours de vie et à mes lectures aussi. Elles portent tout en elles : leur vie, leur âme, leur histoire, leurs ancêtres, leur culture, leurs savoirs ancestraux. TON ACTUALITE, TES PROJETS... Illustration : « Histoires cueillies pour Haïti ». C’est un collectif d’auteurs éphémères (les ventes s’arrêtent en septembre). Les bénéfices sont reversés à la Croix Rouge au profit d’Haïti. « Ma t’ite tambouille d’hiver », Marquetapage Editions. Livre de recettes illustrées. « Symphonie en L Majeur », Marquetapage Editions, en Décembre. Boutique en ligne : « Ticky-Tacky » Vidéo : Teaser pour « Un garçon bientôt oublié » de Jean-Noël Sciarini. Clip « Your Escape. My guiltiness. » de Last Morning Soundtrack. Je développe aussi des petites histoires à projeter en live façon VJ. Et pour finir, je prépare mon premier courtmétrage qui sera tourné, si tout se passe bien, à l’automne prochain.


ABOUT YOU, YOUR DEVELOPMENT ? My development was pretty eclectic. A degree in Plastic Arts, then Fine Arts where I learned the basis and finally Art History. I was already conscious that I didn’t want to be limited to a technique. I was attracted to illustration and photography but mostly video. Then I fell into a “non artistic land” for several years. I needed to assimilate all this. Then I just did it. I go from my pencil sketchbook to the graphic tablet, to a super8 video cut with a full HD video recorder. The technique enables me to experiment and reflect my inspiration. TELL US ABOUT YOUR UNIVERSE, YOUR SOURCES OF INSPIRATION… My universe is functionally quite different than the medium I use, even though I see a similarity as time goes by. For my illustrations, I take a leaf out of everyday life. I keep real life situations, often linked to childhood mixed with more imaginative elements and feelings. As if the very soul of my characters had been thrown upon paper sheets. I try to keep it a little poetry and humour too. For the last few months, I’ve been working on something pretty different. It is about these wild little women. They are linked to some parts of my life and readings too. They have it all in them: their life, their soul, their history, their ancestors, their culture, and their ancestral knowledge. WHAT ABOUT NOW ? WHAT ARE YOUR UPCOMING PROJECTS ? Illustration: « Histoires cueillies pour Haïti » (Stories from Haiti). It’s an ephemeral collective of authors (sales stop in September). The profits are for the Red Cross for Haiti. « Ma t’ite tambouille d’hiver » (My winter grub), Marquetapage Editions. Illustrated recipes. « Symphonie en L Majeur », Marquetapage Editions, in December. Online shop : « Ticky-Tacky » Video: Teaser « Un garçon bientôt oublié » by Jean-Noël Sciarini. Videoclip « Your Escape. My guiltiness. » by Last Morning Soundtrack. I am currently working on some short videos to be shown during live concerts, in a VJ style. And at last but not at least, I’m working on my first short movie which will be shot next fall if all goes well. Book: http://www.creabook.com/ananda-safo Blog: http://ananda-safo.blogspot.com/ Shop: http://www.tickytacky.kingeshop.com/
















DETAILS


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« VEGETAL » de Jean Christophe Cros INTERVIEW de l’artiste GIB


J E A N C H R I S T O P H E C R O S

VEGETAL SERIE ET NATURE… Dans son ouvrage sur le Japon, L’Empire des Signes, l’écrivain et philosophe Roland Barthes évoque entre autres le haïku, poème court à forte résonance avec la nature. Le haïku serait un peu comme « une photographie que l’on prendrait très soigneusement […] mais en ayant omis de charger l’appareil de sa pellicule ». Cette série et cet intérêt pour l’œuvre de dame Gaïa sont arrivés en même temps que le haïku. S’intéresser aux choses aussi simples et fragiles qu’une feuille, ou une goutte d’eau. En quelque sorte : faire l’éloge du banal et du quotidien. TES PROJETS… Trouver un travail à la lisière de l’image et de la littérature.


A SERIES ABOUT NATURE ? In his book about Japan, the empire of sign, writer and philosopher Roland Barthes talks about the Haiku, which are short poems in relation to nature. According to him a haiku would be like “a picture took very carefully [...] but without loading film into the camera.� This series and my interest for the goddess Gaia coincide with my discovery of haiku. Caring about simple and fragile things such as a leaf or a drop of water. In a way, it is praising what is commonplace and everyday life. YOUR UPCOMING PROJECTS ? I would like to find a job halfway between image and literature. http://www.jeanchristophecros.fr
















INTERVIEW TON INSPIRATION ? Allégorie, métaphore, remplacer une chose par une autre, rendre l’erreur concevable et en faire un univers graphique mobile et spontané. Ma réponse artistique a trouvé son élan dans le désapprentissage des académismes du trait, de la forme ou de la lumière, en même temps que la liberté de ne plus traduire une pensée ou une idée mais le sentiment et l’impression visuelle qui en émanent. Ce travail de résilience en quelque sorte prend du sens ici et là-bas dans les détails, le ‘non dit’, la sensation. Il se nourrit de son époque et de mes hobbies (bande dessinée, polars, jeux vidéo, SF, musique, films fantastiques) mais également d’un regard qui oscille entre arts premiers, Bacon, Freud (Lucien), Giger, Beksinski…

G I B

A PROPOS DE « FACES » Contrastes, formes/contre-formes, matières, structures, arabesques… Construire en nous des images qui nous sont propres, uniques, faisant appel à notre capacité à inventer ou réinventer des mondes. Aussi est-ce à l’enfant devenu adulte et transformé par l’expérience que je m’adresse. FACES est un univers d’émotions crues, parfois violentes renforcées par l’utilisation limitée de couleurs (sépia/sanguine). Cette série, engendrée par le vécu, l’histoire, l’actualité et la perte de nos repères dans une société qui semble vouloir sombrer dans le chaos, parle également d’espoir autant que d’humour dans des indices que je laisse à qui sait les voir. TES PROJETS ? Une exposition organisée par la galerie Artcima aura lieu les 29/30 avril et 1er mai au marché Grenelle, dans le XVème arrondissement de Paris.


YOUR INSPIRATION ? Allegory, metaphor, using one thing instead of the other, making an understandable mistake and from that creating a whole spontaneous graphic world in motion. I had to unlearn the academic rules of the lines, of the shape, of light to sustain my artistic answer. I didn’t want to force myself to translate a thought or an idea, but I’d rather deliver a feeling or an impression of it. This process of resilience grows meaningful through its own details, through sensation and what is untold. It feeds upon its own time, through my hobbies (comic books, crime novels, games, SF, music, fantasy movies), and eventually through a personal approach to the first arts, Bacon, Freud (Lucien), Giger, Beksinski... ABOUT “FACES”? Contrasts, forms/counter-forms, matters, structures, arabesques… Building images inside us that are our own, unique, calling for our talent to create or recreate worlds, that is why I’m speaking to the child living inside us and transformed by the experience. “FACES” is a universe made of raw emotions, sometimes violent, and reinforced by the limited use of colors (sepia/red chalk). This series was created by the past, the history, the present and the loss of our marks in a society that seems to drawn into chaos deliberately, and also tells us about hope as well as humor in the clues I leave for whom can read it. YOUR UPCOMING PROJECTS? An exhibition will be set up by the Artcima Gallery on April 29th, 30th and May, the 1st in Marché Grenelle in the XVème arrondissement, Paris. Facebook: http://www.facebook.com/pages/GiB/266570240177?ref=mf Creabook: http://www.creabook.com/gib Website: http://www.stephanegibert.com













Ont participé à ce numéro : Laurence Guenoun : Directrice de Publication Vanessa Coquelle : Rédactrice en Chef Jörg Fischer : DA / Graphiste Candice Nguyen : Communication & Publicité Éric Battistelli : Charge du Mecenat Mathieu Drouet : Contremaitre / Webmaster Antonin Varnusson : Iconographe Christophe Dillinger : Traduction Erin Kim : Traduction Thomas Branconier : Traduction Colette Blanc : Correctrice Français Photo Couverture : Laurence Guenoun ©

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