Plateformag 8

Page 1

Brett Walker / Lapin Sauvage / Julien Coquentin / Françoise Guillo / Minas / Tim Lee / Caroline Keî / Iolene Lima / Romain Mader / Krystel / Magda Antoniuk / Niels Ackerman / Balder / Jaime Monfort / Cathy Greenblat

ISSUE 080709


S O M M A I R E


WILD WEST

DEEP THOUGHTS

CHARCOAL

INSPIRATION

FASHION VICTIM

APPARENCES

SWEET IMAGINATION

Brett Walker INTERVIEW de l’illustrateur Lapin Sauvage « SILENCE » Julien Coquentin INTERVIEW du professeur Françoise Guillo-Ben Arous Minas INTERVIEW de l’illustrateur Tim Lee « IN CLOUDS » Caroline Keî INTERVIEW de la créatrice de bijoux Iolene Lima « MOI AVEC DES FILLES » Romain Mader INTERVIEW de la graphiste Magda Antoniuk « FAÇADES » Niels Ackerman INTERVIEW du peintre Balder « DIARY » Jaime Monfort INTERVIEW de l’illustratrice Krystel



PLATEFORM MAGAZINE prend ses quartiers d’été… Rendez-vous au mois de septembre pour le prochain numéro. Bel été à tous !


WILD WEST


&

Brett Walker INTERVIEW de l’illustrateur, dessinateur de BD Lapin Sauvage


B R E T T W A L K E R


INTERVIEW COMMENT CHOISISEZ-VOUS VOS MODÈLES ? Je cherche quelqu’un dont le visage me plaît puis je lui demande si je peux le photographier. Je ne demande pas la perfection chez mes modèles. Elle m’ennuie profondément. J’aime les visages imparfaits, qui ont vécu, souffert. Ils sont bien plus beaux à mes yeux. Je recherche des personnes au visage atypique. Peut-être qu’un autre photographe exploiterait cette étrangeté… Moi, j’essaie de donner de la dignité. Je prends parfois des photos à la volée, ainsi la personne ne se doute pas que je viens de la photographier. Je vis dans un quartier très animé, dans une rue de marché. Quand je trouve une personne que je souhaite photographier, je me rapproche d’elle discrètement. Dès qu’il me semble avoir un bon angle, j’accélère, déclenche rapidement et me fond aussitôt dans la foule.Grossièrement, 50% de mes portraits sont posés – les modèles viennent chez moi. Le reste sont des portraits volés dans la rue. POURQUOI CET INTÉRÊT POUR LES GENS, LEUR VISAGE ? Nous passons notre vie à observer les visages qui nous entourent. Cela commence à la naissance où nous devons apprendre à lire sur les traits de notre mère : est-elle heureuse, triste, en colère ? Puis plus tard, enfant, adolescent, nous apprenons à déchiffrer le visage de nos professeurs car nous avons besoin de nous situer par rapport à eux. Nous aimentils, sont-ils plutôt amis ou ennemis ? À chaque personne que nous rencontrons, en quelques secondes, nous devons juger si cette personne nous considère positivement ou négativement. Les visages ressemblent à des paysages. Ils sont fascinants. Regarder quelqu’un dans les yeux est une expérience très forte. Parfois, je me reconnais dans les personnes que je photographie. C’est de là que naît l’émotion. Chacun de mes modèles est un miroir d’une partie de moi. Je pense que mes photographies parlent plus de moi que de mes modèles… VOS PROJETS… Je prépare un livre pour la fin de l’année. Cela fait plusieurs années que je travaille dessus. J’ai souvent repoussé la sortie car je ne me sentais pas prêt ou je pensais que je n’avais pas assez de photos… Mais cette fois, il devrait être fini pour la fin de l’année, j’espère. http://www.flickr.com/photos/brettwalker/














L A P I N S A U V A G E


INTERVIEW DÉCRIS-NOUS TON UNIVERS… J’adore l’univers que je me suis inventé, en majeure partie lié au monde audiovisuel : le son et l’image. La plupart de mes amis sont artistes multidisciplinaires. Je passe beaucoup de temps à créer. Chez nous, il y a toujours des papiers et des crayons pour dessiner, des instruments de musique pour jouer (basse, guitare, piano, batterie...). Je me demande si c’est pour ça que c’est toujours le bazar à la maison...? Nous habitons un vieil appartement bohème à Barcelone, moi, Argentin, et ma femme, Française, dans lequel nous trouvons nos idées. Bien sûr, Sophie, ma femme, est une partie fondamentale de cet univers, elle a une énergie très créative (elle aussi est artiste). Et en août, mon «univers sauvage» va s’agrandir encore car je vais être papa. Je suis très content ! Encore plus d’inspiration ! QUELLES TECHNIQUES UTILISES-TU ? Pour la réalisation de mes illustrations, j’utilise la plume avec encre chinoise sur papier épais, idéal pour ce type de techniques, sinon, sur n’importe quel papier qui me tombe sous la main. Mes dessins sont “100 % fait main”. Normalement, quand j’ai une idée, en premier je fais une esquisse au crayon, et ensuite je la passe à l’encre. S’il y a des petits détails que je n’aime pas, je jette le dessin et je recommence. J’essaie de rester le plus puriste, le plus classique possible. Et bien sûr beaucoup d’amour, de temps et de patience. LE NOIR ET BLANC… Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai toutes mes idées en noir et blanc. Peut-être parce que je suis un petit peu «dark», et peut-être aussi car ça me fait penser aux illustrations qui accompagnaient les livres de contes et d’aventures que je lisais quand j’étais petit. Je pouvais rester des heures à regarder et à découvrir des histoires dans chaque illustration. Ça continue à me faire marcher l’imagination. TES SOURCES D’INSPIRATION… Ma femme, mon amour. Chipi (mon chat). Et aussi les objets quotidiens. Une personne, une grimace, un regard, un souvenir de mon enfance. J’adore l’intime. Les gravures des contes classiques aussi. Et encore plus de choses !!! DES PROJETS ? Oui, des courts-métrages animés avec certains personnages de Monsieur Lapin Sauvage ! J’ai plein d’idées. Mon premier «gag animé» est presque fini. J’espère pouvoir le mettre online bientôt. J’espère aussi mettre en place bientôt quelques expositions avec des amis artistes... et j’aimerais beaucoup illustrer des livres... http://www.myspace.com/lapin_sauvage
















DEEP THOUGHTS


&

« SILENCE » Julien Coquentin INTERVIEW du professeur Françoise Guillo-Ben Arous


J U L I E N C O Q U E N T I N


SILENCE COMMENT EST NÉE CETTE SÉRIE ? Disons que lorsque je me suis mis à la photographie il y a deux ans, j’ai découvert que je pouvais devenir magicien en usant de longues expositions. J’ignorais jusqu’alors que le mouvement pouvait être imprimé, découpé, que l’invisible du quotidien devenait visible dans l’obscurité photographiée. M’arrêter dans un coin, programmer mon appareil et attendre fébrilement l’apparition de l’image… Il y a là de très beaux moments… À partir de ce jour, mes échappées nocturnes se sont multipliées et j’ai appris à goûter aux vertus propres à ces instants. Ceci est d’autant plus vrai que depuis sensiblement la même époque, je travaille de nuit, comme infirmier. L’obscurité est donc devenue tout naturellement ma complice. Je travaille de nuit et la nuit me travaille, c’est vrai. J’aime sentir qu’une ville se vide, lorsque les lampadaires s’allument, que les bruits ne deviennent plus que de sourds murmures. Je cherche les ombres, les silhouettes furtives, celles qui se découpent dans les halos blafards. Ce sont mes nuits photographiques, des nuits de belle liberté tant il est parfois difficile de conjuguer une vie familiale, regarder sa fille grandir, tout en vadrouillant sur le bitume la nuit tombée. Voilà ma vie idéale… Mon travail induit également un rapport à la nuit très particulier. Je pense à ces heures passées dans les hôpitaux… Il faut imaginer des couloirs démesurés seulement éclairés de faibles loupiotes. J’ai lu, je ne sais plus où, que les plus belles photos sont celles que l’on n’a pas pu faire. Je suis assez d’accord avec cela… J’éprouve pour la nuit une affection particulière et la photographie est devenue au fil du temps comme une obsession maladive… Mon « travail » est la rencontre des deux. TES SOURCES D’INSPIRATION ? Le travail des autres, celui que je contemple sur du papier ou via internet. Il y a deviantART, pour moi un vivier de talents intimidant, et mes lectures. Tout cela m’inspire et m’aide à prolonger mes photos de textes et inversement. Je travaille sur des existences photographiques entremêlées de récit. Les villes où j’habite, les pays dans lesquels je voyage, les plaisirs qui me tourmentent… Bref toutes les petites choses qui font mon quotidien sont autant de sources où je puise l’essentiel de mes photos. LA NUIT COMME… Un long silence… Le silence d’une ville, d’une ruelle étroite ou d’un boulevard. Ce silence où résonne le bruit des pas. Le silence d’un hôpital, de ces longs couloirs parfois troublés de gémissements, de douleurs, de peurs nocturnes… Le silence dans lequel je travaille et mes clichés qui le sont aussi, je crois… silencieux. Ce silence qui s’éteint lorsque ma ville s’éveille, que je glisse dans mon lit et que ma belle me sourit. Il me reste alors quelques heures à dormir d’un bien étrange sommeil diurne, alors que la nuit s’est tue. La nuit comme un jour qui se lève… http://bwiti.odexpo.com






















F R A N ç O I S E G U I L L O

INTERVIEW PARLEZ-NOUS DE VOTRE EXPÉRIENCE DE LA MALADIE D’ALZHEIMER… En tant que médecin, j’ai eu la chance de créer une unité «Gériatrie et Mémoire». Le besoin était énorme et cette création a fonctionné comme un laboratoire d’idées. Je voulais avant tout restaurer l’image des patients atteints de la maladie d’Alzheimer, pour eux-mêmes et pour leur famille. Ainsi que pour les soignants. En même temps que la prise en charge médicale se construisait, nous avons centré notre travail auprès d’eux, sur l’image et l’estime de soi. Nous avons beaucoup utilisé la photographie et le multimédia pour communiquer. Portraits, instants volés, films, interviews. L’effet pédagogique a été aussi surprenant. S’adresser à la personne avant de s’adresser au «malade» a eu un effet extraordinaire sur tous. Auprès des familles, des patients, et de l’hôpital. L’unité devenait un lieu chaleureux, novateur, dynamique, où tout le monde aimait venir. La vie artistique et la convivialité étaient très présentes. CES PHOTOS SONT-ELLES SEULEMENT DES PHOTOS ? Oui, ce sont d’abord des photographies. Le thème rend la perception purement photographique difficile. Mais ce travail est un nouveau regard, frais, simple, incisif, pris au coeur du quotidien, de l’instant, d’un univers habituellement caché. Le choix de la couleur les rend plus accessibles. Ces couleurs sont celles de tous les jours : un vêtement bleu, le skaï jaune d’un fauteuil, un rayon de soleil sur un tapis... Il n’y a pas d’effet surajouté. Ce travail est exceptionnel par son courage, son naturel, et son humanité. Il est indispensable pour les malades. La photographie rompt l’isolement et établit la communication. QUELLE EST CETTE RÉALITÉ ? C’est celle des malades qui vivent avec la maladie d’Alzheimer et des personnes qui les soignent, mais aussi leur famille. Chez eux ou en institution. C’est souvent un milieu clos, le photographe n’y pénètre pas.


CE QUI LES REND BELLES ? La douceur, la vie fragile, l’intensité des émotions, le combat. La très grande vulnérabilité des malades et également leur fantaisie, s’ils ont la possibilité de l’exprimer. Et puis ce sont les efforts et la sollicitude des infirmiers, des proches, ou des soignants qui s’en occupent. Le besoin de proximité et de tendresse est fondamental, immense. Et il est sans doute réciproque. Photographier les difficiles moments de la perte, de la disparition, le handicap de l’oubli, l’excès ou l’absence de soins est un pas très important. Mais les photos de Cathy Greenblat en montrent également toute la complexité. La problématique est douloureuse, mais les moments sont parfois - ou souvent, selon les endroits - seulement légers, sereins, gais… VOS SOUHAITS POUR L’AVENIR ? Que l’évolution de la conscience et des mentalités liées au développement de cette maladie soit le point de départ d’une réflexion plus vaste sur l’éthique médicale, et celle de la société face à la liberté des malades. Qu’une vision naturelle et spontanée comme celle de Cathy trouve une vraie diffusion. Je crois que c’est en train d’arriver.

Photos PAR Cathy Greenblat © www.cathygreenblat.com


ACCOMPANYING ALZHEIMER’S: LOSS, LOVE, LAUGHTER Cathy Greenblat

Depuis 2001, j’œuvre pour changer l’image que l’on se fait de la vieillesse, la maladie et la mort en combinant ma formation de professeur de Sociologie et la photographie. J’ai quitté mon poste de professeur titulaire pour me consacrer entièrement à mon travail mêlant clichés et textes. Je crois que fournir aux gens les armes pour faire face aux problèmes que l’on a tendance à éviter est le moyen le plus efficace pour ouvrir les yeux des gens, au sens propre comme au sens figuré. Depuis lors, j’ai concentré mon énergie vers la création de projets photographiques qui remettent en question les conceptions stéréotypées des anciens, des infirmes, et des personnes en phase terminale. Tout a commencé dans une maison de retraite au Mexique. Je me documentais à l’époque sur une approche américaine du traitement de la maladie d’Alzheimer centrée sur la personne. En 2004, mes clichés et mes textes sont devenus un livre, Alive with Alzheimer’s (University of Chicago Press). L’édition allemande (Alzheimers und Lebensqualitat) a été publiée en 2006 en parallèle à une exposition de trois ans en Allemagne. Suite à ce travail, l’Université de Houston College des Arts Libéraux et des Sciences Sociales m’a remis le prix John P. McGovern de la Bourse Universitaire de la Famille, Santé et Valeurs Humaines en 2007. Les clichés présentés lors de cette exposition sont un défi de plus aux stéréotypes concernant la maladie d’Alzheimer. Ils montrent que si les pertes générées par la maladie dégénérative du cerveau sont réelles, les gens atteints d’Alzheimer sont loin d’être des « coquilles vides » - complètement perdues - comme on l’écrit souvent. Les photos montrent à quoi ressemblent des soins médicaux de qualité et prouvent que ceux-ci permettent aux malades d’Alzheimer de renforcer leurs connexions avec le monde extérieur ainsi que leur vie passée à un niveau beaucoup plus élevé qu’il nous a jamais été permis d’espérer. Les photographies révèlent qu’ils sont capables d’éprouver aussi bien de la joie que de la peine, que des soins tendres provoquent des rires et des réponses tendres.


Je dois beaucoup aux administrateurs et au personnel qui m’ont permis de faire partie de leurs équipes et aux patients ainsi qu’aux membres de leur famille pour m’avoir laissé entrer dans leurs vies pendant ces périodes difficiles. Grâce à eux, nous sommes désormais en mesure de voir à quel point nous pouvons agir si nous augmentons non seulement les ressources pour des soins de qualité, mais aussi notre compréhension envers les malades et notre imagination. • En France : Service de la maladie d’Alzheimer, Hôpital de Cimiez, CHU de Nice • En Inde : les programmes de l’ARDSI (Alzheimer’s and Related Disorders Society of India) dans les provinces de Cochin et Kunnamkulum, état de Kerala • Au Japon : plusieurs maisons de retraite Rakuwakai à Kyoto; la maison de retraite Hajyodo à Nagoya; l’hôpital d’Uchida dans la province de Guma • Aux Etats-Unis : l’hôpital Heather Hill, à Chardon, dans l’Ohio; quatre communautés de seniors à Houston, auTexas; Hearthstone à l’Esplanade, à New York City Beaucoup reste à faire pour augmenter à la fois la conscience publique de ces problèmes et pour fournir aux professionnels de la santé les connaissances nécessaires et la formation adéquate dans les soins de la démence. Je crois que la photographie peut être un outil important dans la création d’une nouvelle vision de ce que peut être ce besoin grandissant de soins de qualité. Sebastião Salgado a écrit ceci à propos de son travail sur les migrations : «J’espère que la personne qui entre voir mon exposition et la personne qui en sort n’est pas tout à fait la même.» Mon but est de changer les avis et les sentiments, ce qui est la mission de la photographie documentaire sociale. Mon but pour ce travail est d’être le catalyseur de l’éducation, la compréhension culturelle et l’action sociale.
















CHARCOAL


&

Minas INTERVIEW de l’illustrateur Tim Lee


M I N A S


INTERVIEW COMMENT ES-TU DEVENU PHOTOGRAPHE ? Je pense que j’ai toujours voulu prendre des photos. J’aime cette quête incessante où jamais je ne m’arrête pour réfléchir à pourquoi je le fais…. Cette course à la photographie a commencé par pure coïncidence, mais s’est avérée extrêmement utile; car j’ai appris à aimer la photographie analogique, les différentes teintes de noir et comment la lumière peut vraiment vous tromper. Cela m’a pris des années pour me considérer comme un photographe, par peur de me sentir redevable à «l’art» et de devoir obéir à ses règles. J’ai toujours abordé la photographie de façon ludique et quasi enfantine. J’ai finalement accepté la photographie comme un travail d’artiste, que tout le monde peut pratiquer. Cela me donne beaucoup de plaisir et me stimule l’esprit à chaque fois que je déclenche. LA POÉSIE DANS TES PHOTOS… J’ai lu quelque part que la forme d’art la plus proche de la photographie est la poésie, plus que la peinture. Il se pourrait bien que ce soit le cas. Les possibilités infinies, le placement des mots, les stimuli du cœur et de l’esprit. Un poème peut vous toucher, il en va de même avec la photographie. Concernant mes photos, j’ignore si elles transmettent certaines choses aux gens qui les regardent. Je suis extrêmement curieux de le savoir. Tout ce que je peux dire c’est que la plupart de mes photos se révèlent à moi après que je les ai prises et traitées. Avant de commencer un shooting, je fais table rase de tout, comme si je voyais le monde pour la première fois. J’essaie alors de capturer l’essence de cette nouvelle expérience. Parfois, je ne vois que les prises de vue, parfois un thème, une vérité cachée. TES PROJETS, TES SOUHAITS POUR LE FUTUR ? Je me lasse si facilement que je peux à peine faire un shooting suivant un thème ou un projet. Je shoote continuellement jusqu’à ce que des thèmes et des projets finissent par se présenter à moi après coup. Je ne peux pas fonctionner autrement. J’aimerais avoir plus de temps libre et d’argent pour pouvoir m’acheter toutes les pellicules et tous les appareils que je désire. Toutes ces petites boîtes et ces objectifs pour voir la façon dont chacun attrape la lumière sur pellicules ou capteurs. J’espère juste garder le même plaisir que j’ai maintenant, et ce pour les années à venir. http://www.flickr.com/photos/minas_papadopoulos/














T I M L E E


INTERVIEW POUVEZ-VOUS NOUS PRÉSENTER VOTRE UNIVERS ARTISTIQUE ? Je fais des dessins à l’encre sur du papier de riz. Je travaille essentiellement sur l’amour et la mort. Ces thèmes sont présents dans tous les livres, films et albums que j’ai eu la chance de croiser. L’art doit émouvoir le spectateur et selon moi, ce sont ces thèmes qui émeuvent le plus. Mes créations font référence aux méthodes chinoises traditionnelles de dessin et de peinture. La nature austère de ces travaux m’a toujours attiré. Quand je les regarde, je me sens très humain. UN TRAVAIL MÉTICULEUX, SOIGNÉ… Je ne considère pas mon travail comme étant particulièrement méticuleux. Souvent, je me vois faire des erreurs ou prendre les mauvaises décisions. Mais c’est ce que j’aime justement dans mon travail : il n’est jamais parfait. Je ne me considère pas non plus comme particulièrement soigné. Il est vrai que je dois être délicat afin de respecter le support, mais pour moi le dessin est un automatisme. Cela peut paraître étrange, mais lorsque je dessine, je me sens comme inconscient. VOTRE INSPIRATION… Il n’y a pas de grande différence entre inspiration et création, selon moi. C’est comme un cycle : plus vous créez, plus vous êtes inspiré. J’aime particulièrement les créations de Francis Bacon, Damien Hirst, Haruki Murakami, Wong Kar Wai, mais aussi celles de nombreux artistes dont le travail traduit la mélancolie. VOTRE VISION DE L’HUMANITÉ… C’est très difficile de commenter l’humanité en en faisant parti. Nous sommes à la fois semblables et différents. Je pense que l’humanité et la vie seront toujours chaotiques, sur le fil. Bien entendu, j’aspire toujours à un monde utopique, même si mon idée sur la question diffère de la vôtre. VOS PROJETS, SOUHAITS FUTURS ? J’aimerais grimper l’échelle des arts, aller beaucoup plus haut. Je souhaiterais participer à plus de spectacles et d’expositions. Je travaille actuellement sur des peintures à l’encre en même temps que sur des dessins. Il y a tellement de domaines que j’aimerais approfondir, comme la peinture et l’imagerie visuelle en général. J’ai toujours pensé qu’une fois qu’on avait atteint un objectif, un autre naissait aussitôt. C’est une bataille permanente, mais j’espère parvenir à me lancer continuellement des défis. www.timleeart.com














BOKEH.FR Bokeh.fr se présente comme un site d’expression photographique. Il permet aux photographes amateurs de s’exprimer sur des thèmes photographiques donnés. Chaque semaine, le capitaine du site présente un défi photo. Les membres du site participent au défi en envoyant au maximum 5 photos. Ces clichés sont ensuite soumis à la critique via des évaluations et des commentaires émis par la communauté. Les échanges permettent de progresser et d’échanger sur une passion commune : la photo. Bokeh.fr s’efforce de démontrer à travers ces défis, sur le forum de discussions ou via les interviews, que les amateurs photo possèdent également du talent. La page des expositions virtuelles présente le meilleur des photographes amateurs du site. www.bokeh.fr

«Parmi les finalistes des défis du mois sur Bokeh.fr, Plateform invite Richard Vantielcke et Nicolas Murat» ERRATUM ISSUE 060509 : Toute l’équipe de PLATEFORM Magazine tient à présenter ses excuses auprès de Sébastien Le Gallo et Elaine Vallet pour l’inversion des crédits qui s’est glissée dans l’issue 060509 à la page 99


Nicolas MURAT «Coffee Break» sur le thème «seul au milieu de tous»

Richard VANTIELCKE «Welcome to parking club»

http://www.flickr.com/photos/picsmaker/

www.ludimaginary.net


INSPIRATION


&

« IN CLOUDS » Caroline Keî INTERVIEW de la créatrice de bijoux Iolene Lima


C A R O L I N E K E Î


IN CLOUDS LA PHOTOGRAPHIE, POUR VOUS, C’EST… En argentique. Depuis que j’ai commencé la série «In Clouds», j’ai complètement délaissé mon appareil numérique ! Je préfère la part de hasard et de surprise que laisse l’usage des films... Surtout que je joue beaucoup avec le hasard, en essayant toujours de nouvelles pellicules. Ainsi je ne sais jamais à l’avance à quel rendu m’attendre ; cela donne de bonnes ou de mauvaises surprises, mais en général, même dans le cas d’un rendu de couleurs étranges et complètement à côté de ce que j’imaginais, je finis toujours par m’y habituer et par aimer ce type d’accidents. La photographie c’est aussi pour moi une façon cathartique et libératrice de m’échapper de ce monde dans lequel j’ai toujours eu du mal à trouver ma place... Nous vivons dans une société polluée par l’apparence et le profit en oubliant l’essentiel. Au fur et à mesure que ma série « In Clouds» a pris forme, j’ai fait naître un monde loin de tout ça, un monde qui existait sans doute de manière latente en moi et qui ne demandait qu’à voir le jour. DES PAYSAGES ONIRIQUES… J’aime l’idée de créer un univers qui n’a encore jamais existé et sur lequel je pose un regard qui m’est propre. Souvent, on pense que j’ai beaucoup voyagé et que j’ai été très loin pour prendre certaines de mes photos… Alors qu’en fait elles ont toutes été prises vers chez moi en banlieue parisienne, guidées par le mouvement des nuages dans le ciel, les feuilles sur les branches, les oiseaux sur un fil et toutes ces choses simples qui m’entourent et qui m’inspirent. VOS SOUHAITS POUR DEMAIN… Continuer de fixer mes rêves en image, ici et ailleurs, voyager, partir le sac chargé de pellicules et ramener de nouvelles photos. Exposer dans de beaux endroits et toucher un maximum de gens, les faire rêver... http://keikoo.book.fr http://myspace.com/carolinekei carolinekei@live.fr
















I O L E N E L I M A


INTERVIEW COMMENT PENSES-TU UNE COLLECTION ? Si c’est une commande, cela dépend des souhaits du client. C’est à partir de là que je commence une vaste recherche pour bien comprendre la marque, son style et celui des bijoux déjà existants. Il faut surtout penser à la cible. J’aime aussi consacrer du temps à une recherche des images, des couleurs. J’aime chercher des formes plus ornementales sur pâte à modeler, faire des photos et travailler avec. LES DIFFÉRENTES ÉTAPES DE CRÉATION… J’ai commencé par un énorme travail de recherche sur tous les supports à ma disposition (net, photos, découpages, pâte à modeler, livres...)Je cherche tout ce qui peut m’évoquer le sujet en question. Ensuite, je trie et je commence à donner ma touche personnelle. Je propose une grande diversité de croquis. Suivent des croquis un peu plus poussés, avec touches de couleurs, sur mes idées préférées. Une fois le choix du client arrêté sur une gamme de croquis, je prépare le dessin technique et je finalise par le rendu à la gouache… COMMENT CHOISIS-TU ET COMMENT TRAVAILLES-TU LES DIFFÉRENTS MATÉRIAUX ? Le choix des matériaux dépend aussi du client. Si c’est de la haute joaillerie, je dois utiliser des matériaux précieux. Ils doivent être les plus beaux, les plus chers. Alors que pour des bijoux plus contemporains, je peux user et abuser de plastiques, de bois, de tissus... Pour mes collections personnelles, j’aime bien travailler avec la transparence et des choses légères, comme les cristaux, les broderies, les petites pierres... iolenelima@hotmail (facebook) iolenelima@iolene.com iolenealmeida@yahoo.com (orkut)












FASHION VICTIM


&

« MOI AVEC DES FILLES » Romain Mader INTERVIEW de la graphiste Magda Antoniuk


R O M A I N M A D E R


MOI AVEC DES FILLES COMMENT EST NÉE CETTE SÉRIE ? Dans le cadre de mon cours de photographie à l’ECAL (Ecole cantonale d’art de Lausanne: http://www.ecal.ch) je devais réaliser une série de photos sur le thème du «Culte du corps», après avoir trouvé quelques idées différentes je me suis lancé dans cette série car elle me correspond beaucoup, je crois. QUEL ACCUEIL T’ONT RÉSERVÉ LES HÔTESSES ? Un accueil positif et chaleureux. Parfois elles ne comprenaient pas l’intérêt de ces photos, mais elles ont presque toutes coopéré. Une des hôtesses était étonnée que l’on m’attribue des crédits pour faire ce genre de travail. RACONTE-NOUS TON UNIVERS PHOTGRAPHIQUE… Cette question m’embarrasse un peu, je ne pense pas avoir un univers photographique encore vraiment défini. Pour l’instant je ne fais qu’expérimenter. www.stereotyp.es romain@stereotyp.es
















M A G D A A N T O N I U K


INTERVIEW D’OU TIREZ-VOUS VOTRE INSPIRATION ? Parfois elle apparaît à la dernière minute, à partir d’un petit rien… Mais je suis fascinée par la mode urbaine et les filles au look bohème… Vous trouverez toujours un de ces éléments dans mon travail… QUELLE TECHNIQUE UTILISEZ-VOUS ? Le crayon… J’aime cette technique… VOS DESSINS RESSEMBLENT À DES PHOTOS EN NOIR & BLANC… L’illustration en noir & blanc… C’est comme une fenêtre ouverte sur un autre âge… BEAUCOUP D’ÉMOTION DANS VOTRE TRAVAIL… Je commence toujours à travailler à partir d’un certain sentiment au fond de moi… Je pense qu’une photographie exprime beaucoup plus que des mots… VOS NOUVEAUX PROJETS… J’ai deux trois projets personnels en cours… www.magdaantoniuk.com
















APPARENCES


&

« FAÇADES » Niels Ackerman INTERVIEW du peintre Balder


N I E L S A C K E R M A N


FAÇADES COMMENT VOUS EST VENUE L’IDÉE DE CETTE SÉRIE ? Ça faisait un moment que je cherchais un moyen d’illustrer la crise économique. En septembre dernier, j’avais dû en faire des illustrations pour le journal Le Temps. C’était un des exercices les plus durs que j’aie eus jusqu’à maintenant parce qu’on était au tout début, que le journal n’avait rien organisé avec les banques pour shooter, par exemple, dans une salle de trading, et que la crise ne touchait alors que ce secteur. J’ai passé ma journée à tourner dans le quartier des banques, mais ce n’est pas un Wall Street. C’est un quartier près des commerces, avec plein de passants qui n’ont pas des airs de banquiers. Et même chez ces derniers, tous n’ont pas forcément un look très identifiable. Contraintes supplémentaires, il fallait qu’on ne puisse reconnaître personne, ni voir de noms des établissements photographiés. Bref, j’ai finalement livré des images de banquiers faisant leurs pauses cigarettes, avec des cadrages très serrés, ça m’a un peu frustré de ne pas avoir autre chose à proposer, mais je crois que c’était ce que voulait le journal. Si j’avais eu plus de temps, j’aurais peut-être tenté quelque chose autour de la journée d’un banquier, mais il aurait fallu pas mal de temps pour préparer ça. Quelques mois plus tard, en me promenant un samedi dans la rue du Rhône, la plus chère rue de Genève, là où les banques privées les plus prestigieuses côtoient les bijouteries de luxe, j’ai remarqué des grillages métalliques devant les portes des banques. Mon premier réflexe a été de me dire : «tiens on dirait qu’ils ont fait faillite». De là à commencer une série là-dessus, il n’y avait qu’un pas. LA PHOTOGRAPHIE VOUS PERMET DE DÉNONCER, TÉMOIGNER ? Dénoncer quoi? Non, le but premier était de chercher un moyen neuf de présenter un problème abondamment illustré. C’est un peu un mot d’ordre chez Rezo de chercher un nouvel angle, une nouvelle approche pour tenter de casser un code visuel préexistant afin de faire resurgir autrement un thème qui pourrait passer inaperçu avec des images trop vues. Cette approche me plaît bien. Si on conçoit la photo comme quelque chose qui doit interpeller et pas juste transmettre une information brute, il faut en permanence trouver des astuces pour capter le regard. Ça peut être une lumière, des couleurs, un traitement, mais des fois c’est aussi simplement de présenter un autre aspect du sujet. En l’occurrence ces portes closes et verrouillées sont des métaphores de beaucoup de choses : le secret bancaire, la faillite, le manque de transparence, le côté un peu fermé des Suisses... Là, il me semblait que c’était quelque chose à essayer, tout en étant conscient que cette série ne donnerait pas grand-chose en images fixes et qu’il faudrait au moins des diptyques voire des triptyques pour qu’elle parle. Je n’ai pas tenté de la proposer à des magazines pour l’instant, mais ça me fait plaisir d’avoir ici l’occasion de la présenter. VOS PROJETS, DÉSIRS POUR DEMAIN… Voyager un peu et essayer de mieux cerner ce qui m’intéresse dans la photo, quel sens lui donner. http://www.nack.ch/
















INTERVIEW TON PARCOURS… Je viens du nord. On dit que c’est un pays froid. C’est surtout un pays beau, monté de collines. J’y ai exercé mon regard. Puis, je suis parti au sud, sous le soleil. J’ai plissé les yeux pour voir les détails. J’ai tourné la tête, puis j’ai saisi un vent au vol. Il m’a déposé en Asie. J’ai appris à écouter. Je me suis retourné, mais à l’ouest rien de nouveau pour l’instant… Je suis un réfugié et le dessin est ma terre d’asile. Laisser ma main libre, et mon œil contemplatif. C’est une évidence, c’est vital, une pulsion à évacuer pour se satisfaire et grandir. Je pourrais dire aussi, mais c’est formel, que je viens des arts appliqués. C’était pour moi une période d’apprentissage, où j’ai étudié le graphisme, la typographie, la communication, les couleurs. Mais ce serait un résumé de dire que tout vient de là, le processus est complexe…

B A L D E R

TA TECHNIQUE… Je raconte une histoire, une vie, un passage d’une vie… Le collage est la technique qui m’est apparue comme évidente pour matérialiser cela. Mes petits bouts de papiers choisis racontent des histoires, ce sont des bribes d’informations mélangées… C’est comme la vie de chacun d’entre nous. Nous avons tous des signes sur notre corps que certaines personnes peuvent déchiffrer afin de nous comprendre. Sur mes portraits, il y a des mots à lire, et lorsque l’on connaît la personne, on les déchiffre. On comprend, on imagine… Le collage n’est pas une technique facile. Le papier a une force incroyable, il vous gondole un bois si vous ne le maîtrisez pas bien. Ensuite vous avez les différentes réactions chimiques des différents papiers, colles, vernis et peintures qui peuvent créer des surprises atroces au début. En fait, il faut imaginer un puzzle. Vous dessinez sur différents bouts de papier, un nez, un menton, un bras et vous re-assemblez le tout. Un long processus, mais lorsque le puzzle se termine, c’est… TES SOURCES D’INSPIRATION… Vous, les gens, la rue… Je me balade un peu partout, souvent la tête dans le ciel, ou bien par là-bas, à fixer tel ou tel corps en mouvement, ou encore accroupi. Je suis une ligne qui, sur mon carnet, dessine mes contemporains. Je me laisse guider. J’écoute la voix sensuelle qui me parle et me dit d’aller ici ou là, c’est une petite muse. Les artistes sont pour moi des récepteurs-émetteurs, et nous traduisons les ondes de manières différentes, suivant nos personnalités. C’est souvent dans des moments de fatigue intense qu’il se passe les meilleures choses. C’est pour cela que je dors très peu. Je peins la nuit et le jour je croque. C’est plus facile, de toute façon, de dessiner à la lumière du jour… Je ne sais pas s’il y a de l’adrénaline pour artiste, mais j’aime ça…


DES COMPOSITIONS… J’utilise du papier et des matériaux venant de la rue. Dans les grandes villes d’aujourd’hui l’identité des individus, la culture qui leur est propre se contaminent l’un l’autre. Qu’est-ce qui fait une identité, une culture ? La langue, l’écriture, qui nous sommes, comment nous vivons. Tout est code : les couleurs, les formes, le dessin, des lettres. Tout n’est que codifications. L’être humain prend un malin plaisir à communiquer, mais il dissimule ses messages. Le langage lui-même est codifié. Chaque culture possède des phonèmes qui lui sont propres. Nous informons, nous devons déchiffrer, nous nous cachons derrière notre communication. Mais qui sommes-nous vraiment, qui es-tu toi ? On te demande ton parcours, tes études, ton travail, ton rôle social, afin de déterminer qui tu es. Mais qu’est-ce qui fait que tu es toi ? Pas forcément ton travail, tes études, mais certainement ta sensibilité, tes goûts, ce qui te ferait vibrer, tes émotions… Voilà mes compositions… DES PROJETS ? Je suis en train de retaper une grange pour y faire mon atelier, j’y travaille déjà… Un artiste urbain à la campagne, j’aime bien… J’ai pour projet de boire un petit verre de vin sous la lune aussi… http://www.myspace.com/wunderbalder




















SWEET IMAGINATION


&

« DIARY » Jaime Monfort INTERVIEW de l’illustratrice Krystel


J A I M E M O N F O R T


DIARY À PROPOS DE VOTRE PHOTOGRAPHIE… Je me suis mis à la photographie après être devenu père. J’aime l’idée que mes filles puissent avoir des photos de qualité. Dans le même temps, cela m’a permis de m’échapper d’une vie de famille intense et de ma routine quotidienne. Puis, peu à peu, mon intérêt s’est renforcé. Maintenant j’ai toujours un appareil photo avec moi. La photographie est devenue une obsession. UN JOURNAL SUR L’ENFANCE… Les enfants, en particulier mes filles, sont une constante dans mes photographies. J’en reviens toujours au même sujet. J’ai beau tenter d’autres approches, j’en reviens toujours à photographier les enfants. C’est mon cœur qui parle. J’essaie de dépersonnaliser mes photos, de les prendre de l’arrière, de les rendre floues. Je ne veux pas montrer au monde à quel point mes filles sont adorables. J’aimerais aller plus loin. Je m’intéresse à leurs émotions, à leur comportement. Ma femme dit que je crée un monde taillé sur mesure pour mes filles. Un monde sans agressivité, idéal, presque un rêve. Un monde différent, parce que je n’aime pas celui dans lequel on vit. VOS SOUHAITS POUR L’AVENIR… Je ne me lasse pas de prendre des photos. Je voudrais trouver de nouveaux sujets, expérimenter de nouvelles techniques, pour maintenir vivante ma passion. http://www.flickr.com/photos/jaime_monfort/


















INTERVIEW

K R Y S T E L

COMMENT ÊTES-VOUS DEVENUE GRAPHISTE-ILLUSTRATRICE ? Je dessine depuis que je suis toute petite. J’adorais regarder des dessins animés japonais, jouer à des jeux vidéos, lire des BD et des mangas. À chaque fois, je m’extasiais sur les dessins et les personnages que j’y voyais. Je souhaitais tant pouvoir faire un jour la même chose, pensant à l’époque que c’était un rêve irréalisable. Mais quand, au lycée, on a commencé à me demander ce que je voulais faire après, je n’arrivais pas du tout à me voir dans des métiers plus conventionnels. Il n’y avait que le dessin qui m’intéressait. En feuilletant un magazine d’animation, je suis tombée sur une pub pour l’école Pivaut, à Nantes (donc pas très loin de chez moi) qui formait aux métiers du graphisme, de l’animation et de la bande dessinée. Et je m’y suis inscrite. Au départ j’étais plus tournée vers l’animation, mais ce n’était vraiment pas fait pour moi. Donc la BD et l’illustration ont fini par s’imposer d’elles-mêmes. J’ai eu mon diplôme et j’ai pris quelques mois pour monter un petit book pour démarcher les éditeurs. En parallèle je montais un projet BD. C’est à ce moment que je me suis beaucoup plus intéressée au numérique (à l’école on apprenait surtout la peinture traditionnelle et à se servir des logiciels, mais pas à vraiment développer sa peinture numérique) et ça m’a beaucoup appris. J’ai fini par signer un projet BD chez les Humanoïdes associés, et j’ai fait de l’illustration pour des magazines jeunesse en parallèle. OU PUISEZ-VOUS VOTRE INSPIRATION ? Je ne sais pas. Chez les auteurs et dessinateurs que j’aime, je suppose. Dans la musique que j’écoute, les films que je regarde, dans des petits moments qui arrivent tous les jours… C’est un amalgame de plein de choses... Ça dépend de mon humeur du moment aussi, certainement. L’HÉROIC FANTASY… Il m’est arrivé de travailler dans cet univers, comme pas mal d’illustrateurs en ce moment, mais ce n’est pas mon univers préféré. Il est trop codifié. Si on dit Héroic Fantasy à quelqu’un, il a tout de suite une idée bien précise en tête (des elfes, des orques, des nains, des humains, de la magie, un univers généralement médiéval) et donc il est très dur de sortir des sentiers battus. Je préfère être plus libre et je trouverais dommage de s’arrêter à un seul univers, un seul style, une seule époque, alors que rien ne nous y contraint. Personnellement j’aime bien le mélange des genres.


POURRIEZ-VOUS NOUS PARLER D’UN DE VOS PROJETS DE BD ? Actuellement je travaille sur «Ash», mais je ne peux malheureusement pas en dire plus pour l’instant, à part peut-être qu’elle devrait sortir courant 2010. Donc je vais vous parler de «Poupée», le projet que j’ai évoqué plus haut et qui a été signé chez les Humanoïdes associés. C’était mon premier vrai projet. Les Humanoïdes avaient déjà le scénario et cherchaient un dessinateur pour le mettre en image. Ils ont fait appel à moi. On pourrait presque ranger ce projet dans l’Héroic Fantasy, mais Aurélie Derbier (scénariste) y avait créé son propre univers. Il se rapprochait assez, par certains côtés, de la SF et de la Fantasy asiatique, on y retrouvait des laputas (îles volantes), et certains côtés très technologiques. Tout cela laissait une plus grande liberté d’action au niveau du design car je n’étais pas régie par les mêmes codes. Je m’étais beaucoup attachée à l’héroïne, Poupée, qui était un personnage très... vide, mais qui promettait une évolution intéressante, et Aurélie voulait aborder des thèmes liés à l’âme des protagonistes qui me plaisaient beaucoup. Malheureusement l’éditeur a rencontré quelques soucis et nous avons dû arrêter le projet au bout de dix pages seulement. Peut-être y reviendrons-nous toutes les deux dans quelques années, avec un autre éditeur... VOS DÉSIRS POUR DEMAIN… Pouvoir vivre toute ma vie de mon dessin, évidemment. Mais plus concrètement, je vais continuer à travailler sur «Ash». J’espère que quand elle sortira, cette BD plaira à beaucoup d’entre vous. Je souhaiterais réaliser des livres d’illustrations pour enfants (ou plus vieux). Et écrire ma propre BD, pas seulement faire le dessin et la couleur. J’ai toujours rêvé de pouvoir travailler en tant que chara designer dans les jeux vidéos ou l’animation. C’est une expérience que j’aimerais vraiment vivre. J’aimerais avoir le temps de faire des tableaux pour moi, et pas uniquement des illustrations sur commande, car ça a toujours un côté un peu frustrant. Et on progresse bien plus sur des images personnelles, car on se permet de tester plus de choses. Voilà, c’est déjà pas mal ! http://krystelaccueil.canalblog.com/















Ont participé à ce numéro : laurence guenoun - Directrice de publication / DA carine lautier - Rédactrice en chef candice nguyen - Communication & Publicité +33 689 921 043 JÖRG FISHER - DA / Graphiste mathieu drouet - Webmaster eric battistelli - Journaliste christophe dillinger - Traduction vanessa coquelle - Traduction vincent benhartt - Traduction VERONIQUE DE LAUNAY - correctrice français laurence guenoun - Photo couverture

Remerciements pour leur aide et soutien à : BENOIT MARTINEZ www.ensp-arles.com FREDERIC HIARD www.virusphoto.com ANTONY BARROUX www.pixfan.com CEDRIC DUMENIL www.unjourunsite.be

Plateformag Copyright 2009 Tous droits réservés Toutes les images, photos diffusées sur Plateformag appartiennent à leur auteurs respectifs



Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.