Rapport sur la situation des filles dans le monde

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Aller l’école à pied au Bangladesh.

2. Les gouvernements donateurs devraient : • Augmenter l’aide à l’éducation secondaire inférieure* et s’assurer que toute aide à l’éducation met l’accent sur l’amélioration des possibilités de terminer son cursus secondaire inférieur ; • Augmenter la portion de l’aide prévisible allouée au pré-primaire, au primaire et au secondaire inférieur de façon à s’aligner sur l’investissement des pays partenaires, qui est en moyenne de 11,4 % de leur budget national ; • Canaliser d’autres financements par le biais du Global Partnership for Education (GPE) de façon à aligner les efforts d’aide, et travailler pour faire en sorte que le GPE renforce son contrôle des normes d’égalité des genres et de participation de la société civile ; • Adopter des mécanismes de financement novateurs7 pour augmenter le revenu destiné à soutenir l’éducation des filles ; • S’assurer que le programme continue à être la propriété du pays en soutenant les plans de l’Éducation Nationale et en faisant la promotion d’un environnement qui permette la participation de la société civile, y compris des organisations qui mettent en avant les droits des filles et des femmes, selon les Principes de Paris. 8

* Le code OECD/DAC pour le secondaire devrait être divisé en secondaire inférieur d’une part et secondaire supérieur d’autre part pour permettre de contrôler ceci.

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L A S I T UAT I O N D E S F I L L E S DA N S L E M O N D E

Argumentation : Les donateurs peuvent jouer un rôle important en s’assurant que les filles jouissent d’une éducation de bonne qualité par le biais de mécanismes de financement et du renforcement des capacités (y compris le soutien direct aux organisations de sociétés civiles), et en accroissant la visibilité de l’éducation des filles, en particulier là où il y a un manque de volonté politique au niveau national. Pratique prometteuse : Programme de réseaux de genres en Tanzanie (Gender Networking Programme) 9 Une budgétisation favorisant l’égalité des sexes est un outil parfait pour faire participer des acteurs non traditionnels (particulièrement les ministères des finances et les banques centrales), influencer les politiques fiscales, promouvoir la responsabilité financière et soutenir les organisations féminines de la société civile. La budgétisation qui prend en compte la question du genre permet aux organisations de femmes de ne plus se demander « Pourquoi ma part de gâteau est-elle si petite? » mais plutôt « Pourquoi le gâteau est-il si petit ? » Ce processus permet à ces organisations, ainsi qu’à des ministères et des bureaux au niveau national, d’influencer les processus macroéconomiques qui ont un réel impact sur les destinations des allocations et la façon dont elles sont dépensées, ainsi que sur leur possibilité d’atteindre celles qui sont d’habitude laissées pour compte dans les décisions politiques – les filles. La « Gender Budgeting Initiative » en Tanzanie a été créée en 1998 au sein d’une initiative de lobbying d’une ONG qui partait de la vision de la Coalition Activiste Féministe (Fem Act) qui consistait à pousser les décideurs politiques, les économistes, les statisticiens et les chercheurs à adopter des approches plus progressistes au niveau de la question du genre. De nombreuses campagnes se sont établies avec le but de “populariser” la budgétisation favorisant l’égalité des sexes appelée « Rendez les ressources au peuple »(Return Resources to the People), qui faisait le lien entre les questions du VIH/sida, de l’eau, de l’éducation et de la mortalité maternelle. Des réunions ouvertes se sont tenues dans les rues de plusieurs communes et villes où les gens étaient invités à écouter des informations simples sur le travail de budgétisation en préparation et à agir pour soutenir ce processus. Une évaluation de niveau10 a établi que le TGNP avait réussi sa mission

sur plusieurs fronts. Dans le secteur de l’eau, l’allocation était passée de 3 à 6 % du budget national – les ménages à faibles revenus ont aujourd’hui accès, sans rien payer, à 80 seaux d’eau ce qui réduit la charge de temps des filles. Celle du secteur de la santé a atteint 15 % du budget national. Le TGNP s’est engagé avec le Ministère de la planification à produire une matrice de comptabilité sociale qui tienne plus compte des questions liées au genre ; cela a amené les gouvernements à inclure une analyse de l’utilisation du temps dans les enquêtes domestiques qui reconnaisse le coût du travail non-rémunéré (domestique et de soins). 3. La communauté du secteur privé et du secteur des affaires devrait : • Financer et augmenter le soutien « en nature » à des programmes qui visent à rendre les formations techniques plus pertinentes pour les adolescentes, à l’intérieur et à l’extérieur de l’éducation officielle, et leur donner le pouvoir de développer des compétences et des savoir-faire nécessaires pour le passage à l’âge adulte ; • S’approprier les techniques commerciales pour développer une technologie peu coûteuse et accessible qui réponde aux besoins des filles et améliore les opportunités d’apprentissage dans des environnements aux ressources limitées ; • S’engager dans des dialogues de politique générale dans différents secteurs pour soutenir ensemble l’importance d’un minimum de neuf années d’éducation de qualité pour les filles ; • Augmenter le soutien philanthropique qui s’aligne avec les plans éducatifs nationaux, en coordination avec les gouvernements, les donateurs et la société civile, en insistant sur le fait que les filles doivent jouir d’au moins neuf années d’une éducation de qualité.

A F M S h am s u z z ama n

G.M.B. Akash

Pratique prometteuse : Le programme d’aide aux filles dans le secondaire au Bangladesh4 Un rapport sur le plan sectoriel de l’éducation au Bangladesh, couplé à de considérables donations, a permis l’établissement d’un programme national d’allocations efficace qui a eu pour effet d’augmenter radicalement le nombre de filles scolarisées. En 1993 au Bangladesh le « Female Secondary School Assistance Program » (FSSAP) soutenu par le gouvernement a été lancé, avec pour but d’améliorer l’accès à l’école et d’augmenter les inscriptions des filles dans le secondaire par le moyen d’allocations pour les cours. Il s’est aussi intéressé aux questions de qualité éducative à travers la formation de professeurs, l’emploi de mesures qui incitent à la performance pour les écoles et les élèves, et l’installation de points d’eau et de sanitaires. Ce projet a couvert 121 des 507 sous-districts du Bangladesh. Il en a résulté que le nombre d’inscriptions de filles en école secondaire est monté à 3,9 millions en 2005, contre 1,1 million en 1991, avec une quantité croissante de filles provenant de zones défavorisées ou isolées. De plus, cette initiative prévoyait une introduction progressive de femmes dans les rangs de professeurs de niveau secondaire, avec pour cible le recrutement de 30 % d’enseignantes en plus au niveau national. 5 Cette initiative a permis au Bangladesh d’atteindre en avance un de ses objectifs du Millénaire pour le développement – la parité des genres dans l’éducation.

Pratique prometteuse : Le Costa Rica6 L’augmentation des financements a mené à la hausse des taux d’assiduité et d’achèvement scolaires. Pour les filles, qui sont le moins susceptibles de ressentir les effets des dépenses éducatives au niveau national ou issues de donations, cette augmentation globale dans les engagements de dépenses signifie une plus grande chance de toucher celles qui ont le plus besoin d’instruction. L’éducation gratuite et obligatoire pour les filles et garçons du Costa Rica au niveau primaire est une garantie de la Constitution depuis des décennies, et cela a été étendu au secondaire, qui est maintenant lui aussi gratuit et obligatoire. Depuis les années 1970 le gouvernement a investi presque 30 % du budget national dans l’éducation primaire et secondaire. Le pays a un admirable taux d’alphabétisation des plus de 10 ans qui est de 93 % : la population qui a le plus fort taux d’alphabétisme de toute l’Amérique Centrale.

Apprentissage au Bangladesh. 127


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