Carnet AEM_Dora Garcia

Page 1

DÉSO DORA GARCÍA MONTPERRIN

17.01.13

3 BIS F

18.01.13

HÔPITAL

20.02.13 21.02.13 22.02.13 27.03.13 28.03.13 29.03.13 les ateliers de l'euroméditerranée marseille provence 2013


LES ATELIERS DE L'EUROMÉDITERRANÉE DE MARSEILLE-PROVENCE 2013 : une Capitale européenne de la culture en fabrique Le programme des Ateliers de l'EuroMéditerranée (AEM) invite des structures non dédiées à l'art – privées ou publiques - à accueillir des artistes in situ pour leur permettre de créer une nouvelle œuvre. Ces résidences soulèvent trois enjeux : soutenir la création contemporaine, concerner et mobiliser de nouveaux publics et initier de nouveaux modes de production artistique. Leur vocation est de nourrir la programmation de l'année Capitale européenne de la culture dans toutes les disciplines artistiques.

L'ATELIER DE DORA GARCÍA L'ATELIER DÉSORDRE est né sous l'impulsion de Dora García en collaboration avec Arturo Solís et Emilie Parendeau. Dora García propose de créer une œuvre impliquant des usagers, des patients, des membres des équipes de l'hôpital Montperrin. Il s'agit d'organiser des conversations sur deux grands sujets : les rêves et les crimes, à partir de deux livres-clés : Finnegans Wake de James Joyce et Soixante-cinq rêves de Franz Kafka de Félix Guattari. Chaque conversation utilise comme point de départ la retranscription de la conversation précédente dans un système de rétroalimentation qui produit des loops de pensée. Toutes les conversations sont filmées, et ces vidéos composent l'œuvre finale présentée en mai 2013 au 3 bis f, lieu d'arts contemporains. Ce carnet restitue l'ensemble de ces entretiens. --

Dora García habite à Bruxelles et à Barcelone. Son travail, par nature conceptuel, se compose de textes, photographies, performances et installations dans des lieux spécifiques. Depuis le début des années 90, Dora García développe un travail qui modifie les relations traditionnelles entre l'artiste, l'œuvre et le spectateur. Dans ses projets récents, elle imagine des scénarios au cours desquels acteurs et spectateurs jouent des rôles en fonction de règles préétablies. Ses dispositifs restent ouverts aux réactions imprévues des participants, qui sont susceptibles de modifier les scénarios. Dora García a présenté son travail au pavillon espagnol de la Biennale de Venise et à la documenta 13 de Kassel. Dora García lives in Brussels and Barcelone. Her work is of a conceptual nature and consists mainly of texts, photographs, performances and site specific installations. Since the beginning of the 90s, Dora García's work modifies the conventional relations between artwork, artist and audience. In her most recent projects, she adopts the role of a stage director, instructing performers to follow certain rules and insert their behaviour in real situations. These situations remain open to the intervention of the audience, and therefore their final form is never predetermined. Dora García has presented her work in the Venice Biennial 2011 and in the documenta 13, Kassel.

« Créé en 1983 au sein de l'hôpital psychiatrique Montperrin à Aix-en-Provence, le 3 bis f est un lieu de résidence de recherche dans lequel s'inscrit le centre d'art contemporain, dédié à la création plastique et visuelle. Dans ce lieu, l'accueil d'artistes en résidence de création repose sur la formule de l'échange d'un espace pendant un temps donné contre le risque consenti de venir au sein d'un lieu sensible et d'être touché davantage par sa propre étrangeté et par sa propre altérité. Cette présence au sein de l'hôpital off re aux artistes et aux publics une occasion de saisir ce trouble et d'en faire quelque chose d'autre. C'est une opportunité de décalage, le préalable à tout projet étant l'acceptation d'une non-maîtrise de ce qui va se passer. Dora García, dont le champ de recherche couvre la plupart des domaines artistiques, vidéos, performances, théâtre, scénographie, écriture, et qui, dans le même temps, se questionne sur l'exclusion, la censure, la déviance (par rapport à une norme sociale posée), la psychiatrie, rencontre la singularité du 3 bis f et propose aux publics de se frotter à l'un des questionnements les plus engagés de l'art contemporain. En amont de sa résidence au 3 bis f, elle a été invitée par le centre d'art à dialoguer avec le philosophe Jean-Pierre Cometti. Dans cet entretien, l'artiste évoque notamment sa relation au(x) public(s) et les interactions engendrées par ce travail. »

(cf. site DCA, Un coup de dés, www.uncoupdedes.net)

Marie-Louise Botella, responsable de 3 bis f


"

DÉS ORD RE


DÉSORDRE

17_01_13

Je ne vote pas parce que je crois en Dieu.

Nicolas Sarkozy est en train de courir avec son majordome, je pense : "Merde ! Il a à peu près quarante ans, moi j'ai vingt-cinq ans, je peux encore courir !" Les choses de base les plus importantes : liberté, égalité, fraternité, si on a de l'argent, c'est bien. Le plan B, c'était d'aller à l'hôpital parce que j'avais rien à manger et j'avais pas d'appartement. J'ai choisi de parler au bon Dieu à l'âge de 18 ans, parce que c'est Lui qui connaît l'incontinence du cœur, c'est Lui qui connaît la vie, c'est Lui qui met le soleil, c'est Lui qui met la lune, c'est une création. Quand je chante, je me fais applaudir, ça m'envoie un message, ça veut dire "continuez". À la Saint-Sylvestre, j'ai rêvé de Sylvestre Le Chat, le dessin animé, ça c'est parce que j'aime beaucoup les dessins animés. Mais je fais la différence, pas comme monsieur Felipe le roi qui fait pas la différence entre le rêve et la réalité. La réalité ce n'est pas tous se tirer dessus, la réalité c'est venir et comprendre les Indiens et normalement ça doit être fini. C'est dangereux, les armes et tout, donc ça fait pas partie des rêves, il faut être pacifiste. Moi, par exemple, j'ai voyagé en Sicile, Tunisie, Algérie, au Maroc, en Espagne. On me demande mes origines, pas où je suis passé pour trouver la paix. Mais ça, c'est chez moi, simplement. Mon problème, c'est le manque de moyens, parce que, voilà, ici, il y a une réunion et j'aurais voulu apporter une bouteille de Coca, la parole c'est bien, mais… Sur l'origine de Franco, ils avaient une famille riche en Espagne, elle est venue à 18 ans en France, elle a laissé une adresse à mon père et à mon oncle comme quoi il fallait élever les enfants, ils n'ont pas pris le sein maternel comme moi, ça fait que j'ai pas besoin de frapper une femme pour qu'elle m'aime, ça fait trois ans que je suis seul, ça manque le côté affection, parce que je trouve… il faut pas dire c'est pour la vie, mais essayons… Vous parlez du mariage ? Ou du concubinage ! Essayons… parce que qui a le droit de… par rapport à la science du Seigneur. Qui a le droit de dire : « voilà, tu rentres à l'hôpital, je ferme ! » C'est vraiment le Seigneur qui s'occupe de la science, Il connait beaucoup de choses et… essayons ! Je suis handicapé de la main droite, je peux pas faire de la musculation ou de la boxe… Il y a autant de paradoxes qui font mal aux enfants… je suis sorti d'un orphelinat, chez les Sœurs à Marseille, je suis né à Marseille, je me suis fait mieux accueillir à Paris qu'à Marseille. Vous comprenez quelque chose ? Essayons… Ce n'est pas parce qu'elle a raté un cours d'informatique qu'il faut s'abattre sur elle, le deuxième cours sera meilleur et ainsi de suite, elle progressera et… le mot "essayons" est très important. Merci beaucoup Madame.

Le silence tue. Il y a des gens qui disent : "s'il n'est pas là - parce qu'il est mort, tué - il va pas parler". Mais, le silence tue. La vérité, on peut pas la cacher. Regardez. Chaque mercredi, ils font… très intéressant. Et là les étrangers, ils sont très forts, parce qu'ils ne font que du sport. Sport le matin. École le matin, comme en Allemagne, et sport l'après-midi. Ça c'est très bien, parce que s'ils aiment le sport, ils vont faire du sport, comme ça ils sont calmes et ils dorment bien. Mercredi du judo, mercredi du football, mercredi du rugby, mercredi du karaté, mercredi du basket-ball, mercredi du handball. Et comme ça, on va savoir quel sport ils aiment bien. C'est très bien ça, de bons souvenirs d'école, quand j'étais jeune. Quinze, seize ans, les diriger vers le sport, et leur donner un peu d'argent, puisque les parents sont fatigués, tout en faisant attention mais leur donner de l'argent, ça c'est bien, que nous les parents, il faut leur donner de l'argent pour le McDonald et le cinéma, aller se promener… la sécurité mais pas l'autorité. Le grand chef brigadier, chef de police, à chaque fois qu'il me demande : "tu n'as pas une cigarette ?", et je sors une arme, ils font pas la… l'amalgame entre le rêve et le cauchemar. Je comprends les personnes qui disent pas la vérité, parce que ça peut apporter encore plus de dégâts, plus de tort. C'est comme les enfants, il y a une anecdote, il y avait un papier, il se casse la figure par terre. Qu'est-ce que je fais ? Je ne suis pas médecin, donc je fais rien. C'est dégueulasse, mais je fais rien. Donc je lui ai fait boire un verre d'eau. Ce que j'ai pu, j'ai fait, c'est un acte médicinal spontané. Je suis content. Ce qu'on peut pas faire, on peut pas faire, donc, essayons. Moi j'ai fait six jours pour faire un docteur diabolique, six jours, j'ai dit je vais aller à Dijon jouer au football. Je suis passé par plusieurs endroits, dont Montpellier, j'ai voulu faire un pèlerinage comme Saint-Jacques-de-Compostelle, pour me prouver le courage que je pouvais dormir dehors. Et en même temps je mangeais dans les supermarchés, j'achetais des oranges, je visitais la ville et j'étais allé jusqu'à Dijon. Et une fois arrivé à Dijon, je n'avais pas vingt euros pour me payer la nuit, j'ai travaillé dans un magasin à Dijon, je voulais aller voir le stade de foot mais je n'ai pas eu le temps et je me suis dit "le seul endroit…" parce que dans le mot "hôpital" il y a le mot "hospitalité", donc moi je me suis dit je vais dormir là-bas, et après je vais voir. Je voulais dormir, j'étais fatigué, j'avais fait une course de sept jours, j'étais à Dijon et je suis passé à un hôpital pour m'héberger. Ça a marché, mais j'aurais voulu quand même aller voir le stade de football de Dijon, ç'aurait été bien. Voilà, j'étais fatigué du voyage en vélo, c'était fatiguant, cent francs, Contador, ils sont très forts, quinze jours de Tour de France. Ou La Volta ou le Tour d'Italie. Ils sont forts, ils sont forts, ils sont de bons athlètes. Je sais rien du dopage, je peux rien faire, au mieux je peux envoyer un message sur Facebook en disant "bonjour Monsieur Armstrong, je vous souhaite une bonne année, en bonne santé, et faites du vélo !" Essayons, partons sur la route. Il était un peu tyran, lui. Il avait une association contre la maladie, contre le cancer. Mais il voulait aller plus loin. Ça a porté tort pour lui-même et pour le Tour de France. Ça a été dénoncé par des cyclistes, qui couraient avec lui, ils disaient : "Armstrong va dans son coin", et… c'était pas contre lui, c'était contre le système. Il doit calmer sa douleur. Mais le crime aussi. Un crime parfait, ça n'existe pas. Il paraît, ça n'existe pas, parce que ça reste un crime. Mais après le coupable, jusqu'à ce qu'il meure, s'il n'a pas été attrapé jusqu'à sa mort, ça reste parfait. Les ragots sont les gens qui parlent, qui dénoncent.

Remonter aux racines pour trouver le coupable. Il y a des gens qui pensent très fort à quelqu'un par la haine. 17_01_13

17_01_13


DÉSORDRE

18_01_13

C'est super. Madame l'espagnole a fait un très beau texte. Un beau ralliement, c'est super. Protéger les enfants. Une très belle introduction, un beau développement, une bonne conclusion. La conclusion… merci. Merci beaucoup. Le titre c'est "Entre des Saintes Écritures". D'habitude, j'ai des activités et je ne peux venir que le vendredi, en janvier, février et mars. Philippe a dit : "je ne vote pas parce que je crois en Dieu". Je n'ai jamais voté. Pourquoi ? Parce que je crois en Dieu. J'ai fait un rêve et ce n'est pas un homme qui m'a fait faire ce rêve. Par exemple, vous, vous êtes à Dijon, et j'ai rien à manger, et je vais vous demander : "s'il te plaît. S'il vous plaît, donnez-moi à manger." Vous voyez ce que je veux dire ? Je ne vais pas vous frapper pour vous demander à manger ! Je veux dire : "Madame, s'il vous plaît, j'ai rien à manger, est-ce que je peux vous demander quelque chose à manger ?" Et moi j'ai compris le rêve que j'ai fait… notre père… pour accéder au rêve, soyons sages, par exemple une position de yoga, les asanas, on peut demander à ce rêve d'y accéder, "s'il te plaît". Pas par… le bon Dieu. Dans la vie, c'est ce qui fait pousser les garçons avec l'eau de pluie, et que le peuple doit être en harmonie, parce qu'on dit à la télé… ou les gens disent… "il n'y a pas de Dieu". C'est faux ! Alors pour accéder à ce rêve, j'ai pensé suivre un guide, les familles et les gens quasi normaux, et même les fauteuils roulants, mais, ils ont fait un chemin de plusieurs kilomètres pour arriver au chemin, et demander : "s'il te plaît", pour accéder à ce rêve. Et pas parler méchamment. Pas forcer. J'ai écrit des trucs. Je peux vous les lire ? Un musulman m'a appris une prière en arabe à l'âge de dix-neuf ans. En arabe littéraire. J'aime bien les mots "ti amo". En français ça veut dire "je t'aime". "I love you". Comment on dit en espagnol ? Te quiero. J'aime bien "te quiero", j'aime bien "je t'aime". Donc je prends tous les noms, et je cherche les mauvais. - "Ich liebe dich" en allemand. - Donc je lis en arabe littéraire et en comprenant le psaume en français. […] Ça a un rapport avec… c'est l'inverse de tuer. C'est l'inverse du criminel. "Mes frères et mes sœurs sont bons." Ici, c'est une philosophie pour faire chaque matin un réveil chouette. Chaleureux. Comme je disais, ce n'est pas forcément d'être milliardaire qui ferait de moi un sportif meilleur. Non, soixante-dix à quarante euros depuis cinq ans, ça fait long. J'espère franchement être un sportif dans une marche de progression. Plus d'habitants, mieux et bien situés. Avoir une colocatrice, des copains avec lesquels on peut faire de la musique et son album. Mais je ne suis pas une bête de scène comme… je veux bien deux ou trois chansons. Et je souligne encore deux éléments essentiels, pour les quatorze / dix-huit ans, leur faire gagner dans le sport, en été ou en hiver, ne pas aller voler. S'ils s'ennuient, les jeunes vont voler, il faut empêcher ça. Désolé, les intégristes n'arrivent pas à chasser le passé par le temps présent. Je crois aux créatures qui travaillent sur terre et qui sont en paix. Donc, messe à revoir. Le bon Dieu nous voit, ce qu'Il n'aime pas imaginer : les guerres effacent Sa Sagesse et Son Esprit. Le mot travail, rester actif, pas besoin de faire beaucoup d'heures, selon moi l'être humain a aussi besoin de repos. […] Si vous êtes d'accord pour boucler le chemin par une prière, plus dans la conclusion, au nom du Père, du Fils, du Saint-Esprit, et de la Femme. Amen. S'il vous plaît. Eulogie. 18_01_13

Ne pas dire à des enfants de s'agenouiller devant le prêtre, Yannick Noah avait une bonne raison : "Aux arbres, citoyens !" Police : demandez de ne pas voler les tables du prophète Moïse. Télévision : la télé-audience. Règle de sagesse : même si je comprends pas moi-même, […] je pense avoir neuf sur dix en table des matières. Quelqu'un a décidé de légaliser une attente et une écoute parfaites. Little audience : quelqu'un a décidé de légaliser une écoute et une attente parfaites. Petite audience : où quelqu'un a décidé de légaliser une écoute et une attente parfaites. Just little audience : télévision. Je me répète, je le dirais une quatrième fois : où quelqu'un a décidé de légaliser une écoute et une attente parfaites. Entre humains, ne pas se montrer, descendre la voix quand il y a une expérience dans le franc-parler, fin de l'audience. […] Donc, en France et à l'extérieur, le mot "partager" est à découvrir et le mot "fraternité". À part ça, je pense qu'on peut le faire traduire dans le monde entier. Prier, c'est avoir une protection. Je n'ai pas envie de jouer dans une maison comme ça avec ma femme et mes enfants, qu'ils aillent jouer là et qu'il y ait une voiture qui les renverse. Trop d'accidents, il y en a eu déjà. Donc, savoir travailler intelligemment, tout en restant actif. Je vais finir ma prière en français littéraire, la prière Sainte Vierge Marie, mère des croyants. Et, pour ses petites sœurs aussi, les gens de trente ans, vingt-cinq ans, vingt ans… les autres sont trop jeunes. Oh Vierge, il se fait tard, tout s'endort sur la terre : c'est l'heure du repos. Ne m'abandonne pas ! Mets ta main sur mes yeux, comme une bonne Mère, ferme-les doucement aux choses d'ici-bas. De souci, de chagrin, mon âme est fatiguée ; le travail qui m'attend est là tout près de moi ; mets ta main sur mon front, arrête ma pensée (des bonnes pensées, des mauvaises pensées) ; doux sera mon repos, s'il est béni de toi. Pour que demain, plus fort, ton humble enfant s'éveille, et reprenne gaiement le poids du jour, mets ta main sur mon cœur ; que lui seul toujours veille, et redise à son Dieu un éternel amour. - C'est joli, hein. - Moi je fais en tout cas en arabe littéraire. Il n'y a que des jolis mots en arabe. J'aime bien dire les psaumes du prophète David, la Sainte Bible, Les Évangiles, un peu de Bouddhisme, et les positions du yoga, tout ça c'est intéressant aussi. Et le Coran. On a tous quelque chose à cacher. On a tous… Déjà pour le froid, il faut se couvrir, pour moi quelque chose de mal c'est quelque chose qu'on a du mal à porter. Des fois on ne le sait pas, ce qui fait peur, c'est de le découvrir. On ne peut pas le savoir. Il y a des gens, il y a des raisons qui nous amènent à ce qu'on est, et on ne connaît pas la source, on peut pas remonter à quatre cents ans. - Ma sœur a fait un arbre généalogique, du côté de mon père, du côté de ma mère, du côté de mes sœurs, de mes frères, de mes cousins, et ça va loin, loin, loin, loin. On dit parfois la psychose… Là je suis tombé du côté de mon frère, mais qui n'est pas tout à fait mon frère, mais que je le considère comme mon frère. Mon père s'est remarié quand j'avais deux ans, il avait deux enfants déjà, et mon frère avec sa concubine, […] il y a toujours des petits cousins, des petites cousines. On est toujours à la recherche de la généalogie du parfait. Le parfait a quelque chose à voir avec une famille… - Tout parfait, n'existe pas. Tout faire bien, ça veut rien dire, parfois les erreurs… on peut réparer les choses. C'est comme… un rêve parfait ça n'existe pas. Parfois, moi, pour dormir, je me prépare. C'est un rituel, j'éteins la lumière, j'éteins tout. Des fois, j'espère rêver de quelque chose, il y a la mère de mes enfants qui fait des rêves bouclés, le rêve commence là où il s'est arrêté la nuit dernière, moi, moi je ne rêve que des images. 18_01_13


- Moi j'ai fait des cauchemars. Vu ce qui s'est passé, un incendie au foyer, mon foyer, la semaine dernière je voulais venir au 3 bis f, pour l'ouverture de Marseille2013. Mais je me suis réveillé seulement à cinq heures du soir parce que j'ai fait un cauchemar, j'ai rêvé de quelqu'un que je connais, décédé en décembre dernier, elle est handicapée aussi et du coup, im-po-ssi-ble de me réveiller, et puis on m'a demandé pourquoi je ne suis pas venu, et après on m'a dit : "oui, ça peut arriver, quand on ne dort pas bien. Dites-nous si ça va pas, on est là pour t'écouter, on est là pour en parler", et après le lendemain, j'ai pris un bol d'air et puis ça va mieux. Je me rappelle du rêve, en dix-huit ans, il n'y a jamais eu de feu sur mon foyer, je suis dans un foyer dans la rue d'à côté, et là je suis bien, j'habite bien, et donc justement on a entendu l'alarme et on disait : "Au feu ! Au feu !" Mais qu'est-ce qui se passe ? Je pensais que c'était une fausse alerte et du coup, j'étais en pyjama, j'ai fermé la porte à clé, mais finalement j'ai pu sortir et je me suis gelé, gelé, après on est retourné au bâtiment j'ai pu dormir et on écoutait les informations, effectivement il y a eu trois blessés, dont un grave et deux légers, qui ont respiré la fumée et qui dormaient et c'est pas facile, c'est pas facile, mais ce foyer je l'aime bien parce que c'est un foyer de réinsertion sociale, et j'y vis depuis dix-huit ans, ça fera dix-neuf ans l'année prochaine, en octobre prochain, et on est bien, et c'est la première fois qu'il y a cette sorte de truc, et ce cauchemar aussi me rappelle de mauvais souvenirs quand on a appris que quelqu'un, […] qu'il était décédé en décembre dernier et je ne l'ai pas cru, et après, et on me l'avait dit et c'était vraiment vrai, et ça m'a fait tout un cauchemar, et donc du coup, ça m'a fait un cauchemar et je voulais venir au 3 bis f pour Marseille2013 et je n'ai pas pu, j'ai dormi jusqu'à cinq heures, et le lendemain j'ai téléphoné à mes amis proches, et du coup j'avais envie de marcher et du coup j'allais bien et voilà. - Une faute, un coupable. Tout voir, tout entendre, et ne rien dire. C'était un film que j'ai vu quand j'étais petit. Après, c'est une question de caractère. Il faut parler de choses, ne pas rester plié sur soi-même, et dire "j'ai fauté, j'ai fauté…". On est bien là, personne ne nous embête, mais quand on va dans des pays… où tout le monde profite, même si, s'il y a des ressources, c'est normal que tout le monde en profite. … Ce qui se passe c'est qu'il y a beaucoup de pays avec des ressources et dans des lieux stratégiques… les gens qui exportent la religion, parce que la religion, quand on est sensible, on va aller vers la religion, on va croire à… mais si on n'a pas cette culture par rapport à sa propre religion, comme il a lu, il faut semer, il y a des codes de conduite quand même, si on n'a pas cette richesse de culture, par rapport à la religion, on va se perdre. Ces gens-là, ils jouent sur ces personnes qui ont une culture très très religieuse, pour essayer de les, de les… surtout les jeunes ils essayaient de les rattraper. Moi j'étais en Algérie en 96, début 2000… la plupart des enfants ne vont pas à l'école, ils travaillent dans le marché, ces gens ils profitent de ça, les gens veulent survivre. C'est comme l'Europe, l'Europe ça a mis du temps à se construire, pour l'Algérie c'est la même chose, et ces gens, ces gens ils veulent tout pour eux. Et ça créé des problèmes, des difficultés. En 2008, je crois qu'ils ont voulu pardonner à ces gens, les gens… ce qui s'est passé dans les années 90, il y a eu… des attentats, de la terreur. C'était invivable. C'était les intégristes en Algérie, c'était très dur, on pouvait pas ouvrir la bouche, ça faisait peur, mais on est sorti de ça, le gouvernement a voulu tourner la page, ils ont dit, on va vous pardonner, vous laissez les armes. Certains l'ont fait, ils ne l'ont pas tous fait. Ils veulent vraiment faire croire à certaines personnes qui n'ont pas de culture au niveau de la religion, les livres, parce que le Coran c'est un livre, mais ça dépend comment on le voit. Moi je le vois comme un message, un message qui a commencé avec la Torah, après la Bible… Mais le pardon, ça ne va pas, j'ai beaucoup d'amis chiliens ici, ils ne pardonnent pas. J'ai grandi avec eux. Ils n'y sont jamais retournés. Moi je suis né ici, mais ses racines sont là-bas. C'est vrai, ce qui s'est passé là-bas, ils m'ont raconté, Pinochet. Nous comme les gamins on l'appelle Pinocchio, mais ils avaient vraiment de la haine contre Pinochet. Le pardon, c'est comme le mal… mais si on pardonne pas… en temps, c'est comme quand on a fait du mal, il y a des choses qu'on ne peux pas pardonner, il y a des choses, quand ça touche la famille. Des femmes torturées, c'était des gens qu'ils connaissaient, dans le village, ils se connaissent, et moi je pense que c'est juste, on peut pas pardonner ça. 18_01_13

- Moi, je hais la bagarre, je hais la violence. Soit verbal ou physique, moi quand je vois ça, moi j'ai peur. Après ce qui s'est passé, il y a des sanctions, même s'il y a un manque de respect, il faut toujours se respecter, quand il y a des choses qui ne vont pas, il vaut mieux en parler, et si vraiment on se sent mal, vaut mieux discuter, ou aller chez le psychologue ou le psychiatre, et il y a rien de grave. Et si on veut vraiment se faire hospitaliser, on peut demander, à la demande, mais par contre j'aime pas trop me faire hospitaliser, parce que je suis bien au foyer où je suis. Quand on est hospitalisé on regrette trop, et quand il y a du temps libre ça va, mais quand il n'y a pas du temps libre, ou de visites, ça me fait de la peine et on peut même pas sortir. C'est un foyer, ça n'existe pas, ça existe depuis les années quatre-vingt, et qu'en fait, ça s'est construit vite et ouvert en 1994. C'est un foyer, un hébergement, L'Orée du jour, c'est un bon foyer, il y a des autres foyers qui sont moins bien que l'Orée du jour. L'Orée du jour, c'est le foyer le plus connu d'Aix. Il y a d'autres foyers mais ils ne sont pas si top que L'Orée du jour. L'Orée du jour est un foyer qui est vraiment bien. À l'époque on se disait "oh, qu'est-ce qu'il a fait le chef de service, il a confisqué les portables", mais depuis qu'il y a un nouveau chef de service, ça va mieux. Donc il est un peu plus souple, maintenant, on ne peut pas dire qu'il n'est pas bien ce foyer, parce qu'il est bien. Simplement, aussi, c'est qu'on est bien dedans, chacun fait sa vie, en totale autonomie, si on veut un appartement seul, on peut le faire, ça c'est pas mon cas. J'aime bien rester avec le groupe, il y a un couple dans le foyer, je les respecte. Et donc c'est pour ça aussi que moi dans le foyer je suis bien, parce que j'ai une copine amoureuse, et je ne sais pas dire si je vais rester au foyer, le docteur, l'infirmière, ils me disent "il faut quand même que un jour tu aies un appartement", et je dis NON, c'est pas mon but pour le moment. Mais, HEUREUSEMENT que le foyer m'a repris, parce que sinon je serais dans la rue, et ça c'est pas mon but de finir dans la rue, et même si au tout début il y avait des contraintes parce qu'il avait un chef de service qui confisquait les portables à droite et à gauche, et même si maintenant il y a un nouveau chef de service qui s'appelle Olivier Fantino, et que même avant qu'il arrive, on a discuté avec les femmes du service social, dont je fais partie, je suis président. Du foyer, bien sûr. Déjà pour les portables. Et ce qui se passe c'est qu'ici, tout d'un coup, tout a changé, et les familles et le nouveau service de portable. […] Du coup, dès que le nouveau chef de service est arrivé, tout est un petit peu plus souple, on peut souffler un peu, il y a des choses qui se mettent en place avec l'extérieur, parce qu'à un moment c'était toujours fermé, et grâce au chef de service nouveau, on va faire des expositions dehors, faire des jolies portes ouvertes en partenariat, on a pu faire, même pour les quinze ans, et c'est grâce à lui et à sa femme, le chef de service n'était pas là alors, ça a pu se faire quand même grâce à Monsieur Roussel, et maintenant j'ai un portable. - Oui, madame, il y avait un truc, comme je disais à Arturo, c'est énorme de voler un sac à une amie, un sac à main, il faut que ça soit puni. Le Luxor. J'ai eu peur, il y avait des gens qui faisaient n'importe quoi, ils disaient : "euhhhhh… Vous vous calmez un peu ?" Il y avait des jeunes voyous qui se battaient avec la police et la police était là pour arrêter, pour voir s'il se passait quelque chose, et moi j'ai eu peur, mais les gens du foyer m'ont dit "ne t'inquiète pas, tu es en sécurité". Dans le Luxor, il y avait des gens qui se battaient avec la police, et j'ai eu peur, et les gens m'ont dit : "euhhh vous vous arrêtez là, qu'est-ce qui se passe ?" Du coup, je suis rentré au foyer et je disais "oh mon Dieu, mon Dieu, j'ai peur !!" et après ils ont dit, "ne t'inquiète pas, tu es en sécurité." Le Luxor, c'est l'immeuble qui est en face de l'hôpital Montperrin. Ici, il y a des gens qui vont au cinéma beaucoup mais ils ne savent pas que c'est une projection. C'est un piège, ça m'est arrivé quelques fois, les gens vont voir des films, mais ils s'imaginent pas que c'est un film. Scarface. Avec Al Pacino. Quand j'étais petit, les gens allaient voir ce film et… ahhhh… ils disaient "c'est ça ce que je veux être ! Al Pacino !"

18_01_13


- Entre rêve, réalité, imagination et illusion. - Arrêtez, vous allez trop loin là. C'est un film. Ce n'est pas la réalité. - Si, si. - C'est Brian de Palma, je crois. Oliver Stone a fait le scénario. C'est un beau film, mais le problème c'est que les gens se sont identifiés parce que c'était un gars étranger, comme nous nous le sommes, gars avec des parents étrangers qui parlaient l'arabe, et lui il était aussi étranger et il avait un cœur, il aimait les gens et les enfants et les femmes. Il faisait des bêtises aussi. Mais c'est du cinéma, ce n'est pas la réalité. Même maintenant moi je ne fais pas trop bien la distinction entre la télé et la réalité. - Moi, personnellement, je préfère passer un jour avec une femme qui m'a offert un collier en or, qu'avec une femme une semaine qui m'off re un collier en perles. - Mais qu'est-ce que ça veut dire ? - Ça veut dire, c'est le contraire. J'ai vu une publicité une fois.

- Il y a encore ce film qui parle des rêves… le gars s'endormait et faisait de l'espionnage dans les rêves. J'aimais bien ce film parce que quand je le regardais, je pensais que je rêvais. Le gars dans le film il avait une toupie, et la toupie ça lui servait pour savoir s'il était endormi ou réveillé. Et ça m'a touché parce moi aussi je jouais avec une toupie quand j'étais enfant. Cette toupie revient tout le temps, parce que c'est la terre qui tourne. Un crime parfait ça n'existe pas. Ça n'existe pas parce que ça reste un crime. Mais jusqu'à la mort du coupable, ça reste parfait. Les pires crimes sont ceux qui sont cautionnés par un état. Le génocide. Chaque pays a son passé. L'Amérique du Sud. Tortures, on les a tués. C'est comme un cancer. Adolf Hitler. Il était payé pour écouter les autres. Il avait un bar, il était une oreille. C'était un mouchard. Mais après, ça lui intéressait ce que les autres disaient. Il s'est servi de ça. Il y avait un vieux, à ce moment-là, qui était le responsable de l'Allemagne mais il n'arrivait pas à tenir le coup. Et Hitler, il s'est servi du pub pour arriver au pouvoir. Hindenburg, il s'appelait, celui qui avait les rennes de l'Allemagne. Il savait qu'il allait mourir, parce qu'il y a un temps pour tout, et… il n'était pas bête ce type, il paraît qu'il a fait de la peinture à un certain temps. Il n'était pas bête, il était malade aussi, mais ce n'est pas pour ça qu'on va lui pardonner. Si on est malade, il faut se soigner. Mais lui il était tellement imprégné du pouvoir que même quand les choses n'allaient pas, il a dit d'y aller. C'est le diable. J'ai vu le film L'Héritage de la haine. C'était une histoire qui se passait dans l'Amérique du Nord. Deux enfants se sont disputés et tout est parti comme ça. Ce sont des gamins, hein. […]

- J'adore la pub. - Toutes les personnes couraient, couraient vers le bonheur. Tous habillés en jaune, ils se libéraient pour dormir à la maison, ils couraient vers la plage, vers le bonheur. - Parce que la plage c'est le bonheur ? - C'est comme les panneaux lumineux, les gens investissent dans les panneaux lumineux pour des images qui ne restent pas même trois secondes. On n'est nourri que par ça. Ce n'est pas mauvais, mais… - Dans la télé, il y a les documentaires de sport, les docus sur la nature, les films comme Louis de Funès, Fernandel, DiCaprio et tout ça, bon, des films pacifistes… et des films comme des clips vidéo, du hip hop. Ça c'est bien, ça. - Avant, dans le cinéma, il y avait de la publicité. Et les cartoons. - Mon oncle Michel il fait la paella, il la fait bien. - J'ai horreur des films d'horreur. La télé-réalité, Les anges gardiens, tout ça. Des films fantastiques, comme Total Recall je ne sais pas quoi. Ça ce sont des films que j'aime pas du tout. - Alien ?

Il ne faut pas se disputer. Les animaux ne le font pas. Pour manger, oui. Les fauves. Je viens dans ce lieu, je vois ce que les artistes font, moi aussi, je fais des choses. Moi je viens ici parce qu'il y a beaucoup d'artistes qui passent. C'est pas vivant, Aix. Le gars vient, plante sa sculpture et il se casse. Et alors ? D'où ça sort ça ? On veut poser des questions quand même ! Après les chiens pissent dessus, c'est normal ! Les mecs, ils arrivent je sais pas d'où et pinggggggg ! Nous, nous sommes là toute l'année. On demande rien. Il faut qu'on explique, qu'on soit pédagogue. Je suis d'accord pour l'art, hein. J'ai rien contre l'art. Mais il faut être pédagogue. C'est comme si quelqu'un veut mettre une femme tout nue dans la rue. C'est beau, c'est beau. Mais un enfant qui passe : "maman, maman, il y a une femme là, elle est tout nue !" Et alors ? Qu'est-ce qu'on dit ? Il faut être pédagogue dans l'art. C'est vrai que c'est une trace de l'homme, il vaut mieux laisser des traces comme ça, que laisser des cratères. Ça il faut le dire aussi, comme Adolf, le pauvre, il n'a pas eu de chance. Il n'a pas eu de la chance dans l'art, donc il s'est dit "je vais faire l'oreille". Il n'est pas pauvre, mais quand même, ce sont des gens qui ont fauté parce que on les a poussés, poussés. Tout le monde aime le pouvoir, mais il y a des règles. C'est comme la religion. C'est comme la dame là, elle dit : "ne dis pas ça, dis ça", mais pourquoi ? Il y a une explication pour ça. Il y a une raison à tout. Il faut être pédagogue. On n'explique pas assez les choses. C'est triste, maintenant on voit plein de sculptures et une affiche politique : "Marseille2013, on n'est pas d'accord". Alors, maintenant tu dis ça ? Il fallait dire ça avant ! Il ne faut pas aller trop vite parce qu'il y a des gens qui ne peuvent pas aller trop vite. Je peux lire un livre comme ça. Mais la démarche c'est vouloir le lire. On dit qu'un livre, on le choisit pas, c'est le livre qui nous choisit.

- J'n'aime pas du tout. - La science-fiction, c'est bien. Total Recall Recall, c'est bien parce que ça parle des rêves et des crimes. 18_01_13

18_01_13


DÉSORDRE

20_02_13

- Toutes ces histoires… Depardieu…

- Il y a deux notions qui intéressent Dora et sur lesquelles elle nous propose de discuter. La première, ce sont les rêves.

- Il y a des rêves liés à l'enfance, y'a des rêves liés à des situations auxquelles on s'attendait pas, qui sont arrivés, donc on re-rêve pour essayer de faire un tri. On a parlé, vraiment… des fois on faisait des rêves qui avaient une correspondance avec le passé, parfois avec le présent, la situation qu'on est en train de vivre. Quoi… le passé, le présent, ce qu'on imagine, la situation qu'on vit. Le sujet, je crois que tout le monde pourrait en parler. […] C'est lié à la vie aussi.

- La nuit on rêve de ce qu'on a fait le jour.

- Ça veut dire qu'il y a un côté intrusif de la part des autres dans les rêves.

- Exactement.

- Une des questions, c'est qui rêve ? L'enfant ? La personne qui a vécu la journée d'hier et qui s'est allongée ? Certains croient à des esprits possibles aussi. On est dans un état qui est magnifique. On reçoit des images.

- C'est Émilie qui va animer l'atelier.

- Rêver, ça peut vouloir dire un idéal. Quand on dit "ça c'est un rêve", ça veut dire, tu divagues. Moi je rêve pas, je peux pas divaguer. Ca peut paraître incroyable mais moi je ne rêve pas. J'ai sommeil, j'ai des pensées dans mon sommeil, j'ai des sensations. - L'idée c'est de discuter.

- Après, ça me fait penser à quelqu'un que j'ai connu. - Il y a un religieux qui se posait la question de la réalité. La réalité, est-ce que c'est ce à quoi on veut croire ? - Un cauchemar de la nuit, ce sont des fantômes. Je fais plutôt des beaux rêves. Des beaux rêves, je ne sais pas.

- Le rêve et la réalité. - Comment on fait pour revenir vers la réalité, alors ? Comment on sait qu'on n'est plus dans un rêve ? Est-ce qu'un rêve il faut l'interpréter, est-ce que ça a une signification cachée ? - On dit rêvasser, rêverie, véracité. Quand tu peux savoir que le rêve s'arrête ? Il s'arrête quand le rêve est fini. Quand on dit : "c'est bon, quoi". - Un rêve prémonitoire. Qu'est-ce que c'est un rêve prémonitoire ? Bon, j'y vais. - À bientôt. - Un cauchemar, c'est quand tu fais un mauvais rêve. Un truc qui n'est pas agréable la nuit, que tu as mal dormi. - Oui, je rêve, je rêve de mon visage.

- Moi je pense que le rêve est tellement personnel qui si on laisse quelqu'un y entrer, on a peur que ce rêve n'existe plus aussi. […] Je pense que c'est important de rêver parce que c'est une preuve de vie. Faut pas s'y attacher trop mais tant qu'on rêve de ça, ça va. Tant qu'on rêve pas d'autre chose, je pense qu'il vaut mieux le préserver et pas le dire. Parce que même dans la journée, si on a un beau rêve et qu'on y pense, on se sent bien. Donc il faut s'en servir uniquement pour ça. Faut être conscient de son rêve debout. Je pense qu'il y en a qui ont des problèmes par rapport à ça. Moi je ne me suis jamais posé la question, ça se pose jamais, y'a que ici qu'on s'en pose… Il y en a qui ont du mal à distinguer le rêve de la réalité et ça peut poser un problème. Je crois que le pire, le pire qui puisse arriver à quelqu'un, c'est de rêver debout. C'est le pire. Après ça peut être qualifié… dans la vie terrestre de dangereux, quoi. Après là, j'approche d'un domaine qu'Hamid doit connaître, ou que certaines personnes doivent connaître… Ça peut être problématique après. C'est le fait d'avoir trop de pression, de pas se reposer, de dormir et puis de confondre… C'est pour ça que c'est important de dormir. Ça s'apprend… - Il y a une expression, se pincer pour savoir si on rêve ou pas.

- Oui, ça m'est déjà arrivé, plusieurs fois.

- Ça dépend un peu, la richesse qu'on a eue dans l'enfance. Les choses qu'on a vécues. Je regardais les oiseaux. Tout le monde m'a toujours appelé "le rêveur". Alors que mon frère a vécu une autre époque où c'était pas mauvais d'être un rêveur. Il avait pas la télé, il allait dehors, il rêvait. Après, dans les années quatre-vingt, quatre-vingt-dix, j'étais amoureux… il y avait la télé.

- Est-ce que vous pensez qu'on peut provoquer les rêves, décider de ce qu'on rêve ?

- Donc dans votre enfance, c'était votre jardin secret.

- Non, je pense pas.

- C'est pour ça que les rêves, faut pas y toucher.

- Il y a des rêves éveillés, des rêves endormis, des beaux rêves.

- Faut pas trop les révéler ?

- Comment tu t'appelles ?

- Non, c'est pas les révéler, c'est qu'on se dit, bon, après on a peur de trop s'obséder sur ça, peur de trop… et après passer à côté… faut pas focaliser dessus. J'étais gâté.

- Est-ce que ça vous arrive qu'il y ait des choses qui reviennent dans les rêves ?

- Je m'appelle Joanna. - C'est un nom commun. Ça vient d'où ça ? Tu as des fausses dents. C'est bizarre, parce qu'elle est jeune. 20_02_13

- Mais vous avez quand même réalisé vos rêves. 20_02_13


- Un peu, oui. Mais il reste à vivre, il faut pas s'accrocher trop. Un cauchemar c'est le pire des rêves.

- Vous avez jamais remarqué, que quand on rêve avec des parties du corps, on rêve souvent avec des dents ?

- Selon Freud, la différence, c'est le désir. Dans le cauchemar, le désir n'arrive pas à se réaliser, et du coup c'est insupportable.

- Je sais seulement que, quand on rêve qu'on perd les dents, ça c'est très mauvais.

- Selon Freud. - Mais souvent, on est content quand on se réveille d'un cauchemar, alors que se réveiller pendant un rêve, ça se regrette. Et parfois ce qui nous réveille est dans la réalité, et parfois c'est dans le rêve.

- Peut-être parce que c'est quelque chose qu'on perd dans l'enfance, c'est un symbole de perte. - Et de récompense ! - Mais Kafka, il rêvait seulement des dents.

- Le réveil.

- Mais, quand on raconte un rêve, est-ce que on le raconte vraiment ou on le construit ?

- Ou l'envie de faire pipi.

- Oui, on le construit, c'est une traduction. On essaie, déjà, de l'expliquer. Il y a le fait de passer de l'image au langage donc de traduire une image. Des fois, on peine à trouver le mot exact. Donc on est déjà dans une traduction.

- Je pense que ça peut arriver de faire un rêve qui soit interrompu mais qu'on continue malgré tout, même si on est réveillé, dans la réalité, et d'y penser. Et du coup de faire plus un rêve éveillé. On a commencé un rêve endormi et puis finalement on finit un rêve éveillé. - Ça, ça se passe dans les moments de demi-sommeil, on arrive à peu près à maîtriser, à le diriger, c'est super agréable. - Oui, c'est souvent au petit matin ou pendant la sieste. - J'ai fait un rêve récemment, où j'étais les trois choses à la fois : petite, moyenne, et grande. J'ai vu trois filles, une fille toute petite, une adolescente, et moi, et finalement j'ai pris conscience que c'était moi toutes les trois. - Et est-ce que la personne adulte guidait les autres deux ? - Non. - Moi je pense que tous les personnages d'un rêve ce ne sont que des versions de nous-mêmes. Maintenant la question c'est de savoir quand est-ce que on ne rêve pas ? - Il faut pas entrer trop là dedans. Il faut pas analyser trop les rêves. - Oui, mais déjà, essayer de raconter ce qu'on a rêvé, c'est très difficile, hein. - Moi je me rappelle très bien, quand j'étais tout petit, j'ai rêvé que j'habitais à côté de la plage. C'est comme la météorite, j'ai rêvé de ça aussi. - Inès, tu as eu des rêves prémonitoires aussi ?

- Oui, c'est le surréalisme. - Oui. - Dans un rêve, surtout, on a peur de tout perdre. - Mais le pire, le pire, c'est de rêver debout. - Mais c'est quoi rêver debout ? Des hallucinations ? - Non, pas des hallucinations. Rêver debout c'est ne pas se rendre pas compte qu'on rêve, être sûr de quelque chose comme si c'était la réalité, mais ce n'est pas réel. Être convaincu d'une vie qui n'est pas là. C'est un autre état. Ce n'est pas du vrai rêve, mais on est très proche. J'ai connu un type, il était convaincu que c'était la troisième guerre mondiale, il était terrifié, il demandait à tout le monde de rentrer chez soi, il était convaincu, convaincu, il rêvait debout. - Des crimes dans les rêves ? - Il paraît que dans les rêves il y a toujours des incidents qui déclenchent un fort sentiment de culpabilité. On sait pas exactement qu'est-ce que c'est le crime, mais il s'agit toujours de quelque chose à se reprocher. - Il y a des gens qui font des crimes pour travailler. C'est son travail, le crime. J'ai lu un article, lui c'était un gars normal, marié et tout, mais il avait des missions criminelles. Il raconte tous les détails de ce qu'il a fait, et lui il le fait parce que c'est son métier. - C'est comme le cas de l'athlète sud-africain qui a tué sa copine le jour de la Saint-Valentin. Oui, il pensait qu'elle était un cambrioleur. On sait pas là si c'est un crime, un accident, ou un complot. Ça peut être les trois à la fois. Mais comment il peut vivre avec ça ?

- Des rêves prémonitoires, oui, j'ai rêvé. - Tu as rêvé de quoi ? Tu te rappelles ?

- Oui, mais dans quel état il était, au moment du crime ?

- J'ai rêvé de mon visage. 20_02_13

20_02_13


DÉSORDRE

21_02_13

- Hier, on a beaucoup parlé des rêves, et aujourd'hui on souhaitait travailler sur une phrase qui a été dite le mois dernier : "on a tous quelque chose à cacher, pour moi quelque chose de mal c'est quelque chose de difficile à porter".

- Je le comprends, parce que moi, je suis catholique, bien sûr, et je vais à la messe. J'ai été baptisé quand j'avais un mois, et après j'ai passé ma première communion en 1993, et après j'ai voulu faire ma confirmation et je l'ai fait à Lourdes. En 2010, avec une marraine, qui est sa marraine aussi. Et c'était exceptionnel pour les deux de faire ça.

- Ça dépend. Il faut pas mentir. Le mensonge est quelque chose de mauvais, il faut dire la vérité. Des fois, j'ai du mal à porter, je dois dire, dire aux gens de mon entourage.

- Quand on a fait une faute, on la raconte, on la raconte, on la raconte.

- Il y a des gens qui ne mentent pas, mais ils ne disent pas la vérité, parce qu'ils pensent que c'est mieux de ne pas dire la vérité. - Mais il faut toujours dire la vérité. Un jour ou l'autre, on saura. Et le jour où on se fait attraper, on se fait tenir et ça n'a pas d'importance, il faut dire la vérité, et après on est tranquille. Si on ne dit pas la vérité, on va avoir une punition et ça c'est encore plus grave. - Je ne me suis jamais senti coupable. J'ai jamais fait quelque chose de grave. Parfois des bêtises, comme me couper les cheveux tout seul, mais ce n'est pas grave. Mais voler dans le magasin, ou ne pas dire la vérité, ça c'est vraiment grave. Parfois la menace blanche… l'arme blanche, excusez-moi. Parfois j'ai porté plainte, et on m'a dit qu'il faut des preuves, parfois j'ai porté plainte, quand on m'a volé mon ordinateur, et finalement tout est réglé, mais il fallait des preuves, et moi parfois j'ai peur la nuit. De me faire tabasser. Mais j'ai peur de dire à la police tout de suite. Mais après on m'a dit "ne t'inquiète pas, tu es en sécurité". - Le tout, ce n'est pas d'être coupable, c'est de pouvoir se pardonner à soi-même. Coupable, ce n'est pas à nous de juger, si on est coupable ou pas coupable. Il y a plein d'enchainements qui ont fait qu'on se retrouve dans cette situation. Et on improvise… […] Des fois, c'est que des mots. Des mauvaises interprétations, des gens qui sont dans un état anxieux. - Parfois je dis "bonjour", mais parfois ça m'arrive de les ignorer, parce que je suis dans ma pensée et je ne les vois pas, je pense que j'ai dit bonjour, mais non, parfois je dis bonjour, mais un peu plus tard, parce que je suis dans mes pensées, je pense que je vais faire quelque chose d'extraordinaire dans la vie. - Ce que m'a emmené à l'hôpital, c'était un crime. Même si j'étais inconscient, je m'en veux quand même. C'est quelque chose que j'essaye de cacher.

- Est-ce que raconter ça faute, ça aide à la supporter ?

- À qui ? - Ma faute, je ne l'ai pas raconté, j'avais honte. Je racontais des autres fautes, mais pas ce que j'ai fait là. - Par contre, ma faute… parfois j'ai du mal à me faire entendre. Chaque fois, quand je suis inquiet… - Il y a aussi… et ça… comment dire… la communauté, ils sont très gentils quand tu vas demander une cigarette, mais après… - Moi je ne fume pas. - Il y toujours des gens qui demandent : "tu n'as pas ça, tu n'as pas ceci"… et quand ils demandent, ils sont très gentils, mais… Moi je suis bien d'accord de passer quand j'ai vingt centimes, mais parfois je ne peux pas, parce que je dois garder pour moi. Par contre, ça m'arrive très très rarement que je demande des sous, parce que moi je fais mes comptes. Et ça marche impeccable. C'est un peu inquiétant. - Je supporte pas de demander des clopes et d'en donner. - On repart d'une autre phrase, je vous la lis : "c'est énorme de voler un sac à une amie, il faut que ce soit puni". - C'est logique ! - Qu'est-ce qui est logique ? - Ben, quand on vole un sac, il vaut mieux qu'on soit puni. C'est pas bien de voler. - J'ai volé dans un supermarché. Ce n'était pas voler, c'était une nécessité.

- Quand on se sent coupable, est-ce qu'il y a des moyens ou des solutions pour se sentir mieux ?

- Quand on vole par nécessité, c'est autre chose.

- Oui, ben pour moi, j'ai rencontré Dieu donc ça m'a aidé. Après, c'est peut-être pas le cas de tout le monde. J'ai pas été baptisé à la naissance, c'est moi qui ait choisi. Dieu m'a aidé, le fait que je sois dans un milieu assez protégé, ça m'a permis de me reconstruire petit à petit.

- C'est rare que je vole. J'ai jamais volé, parce que on m'a toujours dit que voler, c'est mauvais. Ça pourrait m'arriver un jour, mais…

- Dieu, ça aurait été une des solutions pour se sentir mieux ?

- En fait, les gens ont besoin de justice des fois. La simple fait que quelqu'un l'ait fait, tout le monde essaye tout le temps… tout le monde a soif de justice.

- Dieu, ça a été une marche que j'ai réussi à gravir.

21_02_13

21_02_13


- La punition ? Par exemple dans mon foyer je n'ai pas volé, mais oui, agressé une personne. Et donc on m'a dit "ta punition, c'est les entretiens généraux". Je me suis excusé et c'était sympa. Entretiens généraux, c'est arroser le jardin, nettoyer les cendriers, faire le repassage, tu le fais, après c'est fini, oublié, mais par contre, une punition grave, comme la prison… - Vous pensez aussi que quand on est puni on a réparé sa faute ? - Non. Faisant une faute : s'excuser. Le fait de réprimander, ça sert à rien. - Quand on est dans l'hôpital, c'est sûr. Moi je suis hospitalisé, et j'ai vu le comportement. - Est-ce que vous pensez qu'il y a toujours une relation entre la faute et sa punition ? Par exemple, dans certains pays, si on vole, on coupe la main. - Ce n'est pas mon cas, parce que je suis d'origine irlandaise, et dans ce pays-là c'est comme la France. - Il y a quand même, aussi en France, un crescendo : petites conneries, une baffe, grandes conneries, une fessée. - Mais normalement quand on est petit, on se fait fesser ou gronder, mais il faut jamais frapper personne, même, même, il faut s'exprimer davantage, et surtout, ne pas frapper les filles. Et les mecs aussi. Par contre, quand je vois que les mecs frappent les mecs ou les filles frappent les filles ou les filles frappent les mecs ou les mecs frappent les filles, je trouve ça honteux. - La chaise électrique est bien pire que couper la main. - Par rapport à la peine de mort, il faut dire que le dernier décapité en France il semblait être innocent. - Hier, au foyer, on a regardé un dvd qui s'appelle Les Mains dans l'air et racontait les gens qui sont été pris en otage, et du coup, du coup, vers la fin, on voyait que les personnes étaient prisonniers, mais… c'était bien joué, honnêtement, et on disait, "levez les mains", et ils sortaient de leur cachette, les mains dans l'air.

- Un ami c'est plus dur, parce que on a un avantage, c'est plus facile parce qu'on nous fait confiance, et on trahit cette confiance, avec le vol. Pendant qu'un ennemi, il se méfie de nous. - Mais qu'est-ce que c'est un ennemi, parce qu'on dit "aimez vos ennemis". D'accord, je comprends, mais les ennemis on les aime pas, parce qu'ils sont le contraire d'un ami, ils sont méchants, on peut pas les aimer. Parce que moi les ennemis, je les aime pas du tout, je préfère les éviter. - Un ennemi, il faut lui rendre son sac. Il faut lui ramener son sac, juste pour voir sa réaction. Comment est-ce qu'il va réagir ? Est-ce qu'il va rester un ennemi, ou il va devenir un ami ? - Les pires crimes sont ceux qui sont cautionnés par un état. - Eh bien, oui, le tabac, l'alcool, les armes, les armes qu'on vend à des amis, les armes qu'on vend à des ennemis. - Moi, la seule faute que j'ai pu faire, c'est que… ce n'est pas une terrible faute, parce que normalement, je ne bois pas et je ne fume pas. D'accord ? Bon, mais, à l'âge de seize ans, dans un lycée professionnel privé, j'ai tenté de fumer pour essayer à quoi ça… grrrrr… je ne supporte pas. L'alcool, je peux en prendre en famille, quand je suis en sécurité, et on est ensemble et on se sent bien, ils peuvent me soigner, mais sinon je ne bois pas. Les armes, sont bien dans les théâtres, parce que c'est un jeu, par contre, en famille avec les amis, quand on tire dans la campagne, il faut quand même faire très très attention, mais en fait, ma pire faute, je veux pas être ordinaire à raconter, mais, la vérité c'est que j'ai jamais touché à l'alcool, ou bien légèrement, comme en famille ou en apéritif, et les cigarettes, une seule fois dans ma vie et je suis tombé malade, j'ai arrêté tout de suite. - Alors, le seul problème, c'est que comme tu as jamais vraiment commencé à fumer, tu n'auras jamais le mérite d'arrêter. - Mais non, mais j'ai arrêté, mais j'ai arrêté tout de suite, je suis tombé malade et j'ai arrêté. - Moi, la trahison, c'est rare que je trahisse, je fais confiance aux uns et aux autres, mais pour l'instant, je n'ai pas trahi, mais c'est vrai que ça peut arriver à tout le monde, tout parfait n'existe pas, tout parfait n'existe pas.

- Voler un ami, c'est dur.

- Mais oui, tu n'as qu'à me regarder !

- Mais est-ce que voler un ennemi, c'est moins pire ?

- Tout parfait n'existe pas ! On peut faire des erreurs, mais on m'a dit, tout parfait n'existe pas. On m'a toujours dit ça, tu as raison, ça peut arriver à tout le monde, tout parfait n'existe pas.

- On peut avoir de la rancœur et se dire "et ben, c'est une bonne action". - Voler, non. Mais le fait que ce soit un ami ou un ennemi, je pense que c'est plus grave un ami, mais le fait de voler, c'est pas bien dans tous les cas. - Ca dépend ce qu'on va en faire du sac… Et pourquoi il est un ennemi… - Définir comme ennemi, associer l'acte du vol à une vengeance, est-ce que c'est la même chose ? Un vol, on règle autre chose là…

21_02_13

- Mais c'est de l'impunité. Tu peux dire : "je ne suis pas parfait" et voler tout le monde. - Parfait, parfait, ça n'existe pas, je voulais être parfait, et on m'a dit, ça n'existe pas. Ça peut arriver, on pardonne, rien n'est parfait. - Il y a un truc pire que parfait, et c'est le plus que parfait. - Tout, j'ai tout dit !!

21_02_13



- Eh, je rigole ! Imparfait, parfait, plus-que-parfait. C'est comme quelqu'un qui est fort, c'est bien. Quelqu'un qui est trop fort, ce n'est pas bien. - Plus que parfait, n'existe pas.

- Un con qui lave. - Mais ne rigolez pas, il peut arriver de se tromper ! - Ah oui, mais à ce point-là ??

- Parfait.

- Mais qu'est-ce que c'est trahir ?

- C'est parfait. Parfait. - Il y a deux choses, trahir et être trahi.

- Trahir la confiance, c'est trahir l'estime qu'on avait en l'autre personne. Et quand elle est pas à la hauteur de vos espérances, et bien, on se sent trahi.

- Et qu'est-ce que c'est trahir ?

- Est-ce que ce n'est pas plutôt renoncer à une illusion ?

- Ça touche… le foie. Non, le cœur. Comme les chinois… ils croient que la colère, c'est dans le foie.

- Pourquoi on trahit ? Qui gagne avec ça ? Et, de quoi on a peur ?

- Trahi… je me sens malade.

- Peur ? De la mort.

- Mais la question, la question que se posent beaucoup des gens, c'est si Dieu existe. Et je te dis, si Dieu n'existait pas, on aurait pas d'appétit.

- Oui, la mort, on en a tous peur, parce on sait pas ce que va arriver.

- Croyez-vous en une troisième guerre mondiale ? Moi j'y crois pas. - Ah, ça reviendra un jour, croisons les doigts. - Par contre, Benoît XVI, avant de mourir, il a voulu démissionner. - Ça c'est important, parce ça veut dire que le pape est un homme de 86 ans et il n'est pas omnipotent.

- Surtout, la mort des autres, la mort des proches. - Moi, je vais manger. - Attends, il faut que tu nous dises de quoi tu as peur. - Moi, peur ? J'ai peur, avec toutes les conneries que j'ai faites, de finir en enfer !

- Jean-Paul II, il avait 84 ans et il a résisté jusqu'au bout. - Oui, mais, quand même, ça prouve que le pape n'est pas omnipotent. - Oui, mais ça n'était pas arrivé, pas depuis le XVe siècle !! - Oui, il a voulu démissionner. - Personne n'est parfait. - Est-ce qu'il y a certains qui pensent que le pape les a trahis en démissionnant ? - Mais, on aura un nouveau pape pour Pâques. Ils vont se réunir le 22 mars. - Oui, un conclave. - Un con quoi ?

21_02_13

21_02_13


DÉSORDRE

22_02_13

- Je pense que c'est important de rêver parce que c'est une preuve de vie.

- Le rêve est une part de récupération par rapport à la réalité. […] Même les animaux rêvent. Le rêve, ça fait évacuer pas mal de choses. - Mais qu'est-ce qu'on récupère ? - La réalité de la journée. -? - C'est tout. - Mais comment est-ce que ça se passe ? - Est-ce que vous n'avez jamais rêvé ? On récupère toute la vie de la journée. On s'endort en 15 secondes. À partir de là, on rêve. C'est important de rêver, même les animaux rêvent. - Alors, c'est vrai, quand on rêve bien, on se repose bien, on est bien pendant la journée. Mais il y a des cauchemars aussi. On les a souvent quand on va au cinéma. Ça dépend aussi beaucoup des films qu'on voit, des films fantastiques. Comment dire ça… oui, oui, c'est une interprétation de la réalité. Parfois on a des difficultés à s'endormir parce qu'on a trop bu de café. Ou l'inquiétude. Comme l'incendie qu'on a eu, ça m'a réveillé. C'était en janvier dernier. C'est très important de rêver, parce quand on rêve, on dort bien et c'est bien, même quand je fais de la danse africaine, ailleurs, on fait les exercices de relaxation, on a envie de rêver, de partir. - Parfois je rêve comme une suite de l'histoire, parfois je recommence à zéro. - Parfois je commence un rêve, et il me plaît pas, et alors je me dis : "bon, voilà, on recommence".

- Le rêve, ça nous aide à vivre, parce que ça nous fait nous projeter dans l'avenir. Même si parfois c'est une source d'angoisse. Et en fait, c'est surtout un signe de vie parce que c'est ce que nous aide à avancer. Le rêve éveillé, c'est un projet. On peut le faire évoluer en bien ou mal. Mais pour moi, le rêve endormi sert à nous libérer des angoisses. Pour moi, le rêve endormi, ça sert à faire sortir des angoisses ou alors à nous aider à être plus dans le concret par rapport à ce qu'on a envie de vivre. Le rêve peut nous servir de leçon aussi. C'est pour ça que c'est porteur de beaucoup de vie. […] En même temps, ça peut nous pousser dans un état secondaire, c'est-à-dire après on est en danger quand on ne fait plus la différence entre le rêve et la réalité. On peut se mettre en danger ou on peut être déçu parce qu'on se fixe un objectif qui est trop haut pour nous, et là on est déçu par la vie. C'est pour ça que le rêve peut nous aider à concrétiser quelque chose, soit, au contraire, ça nous amène vers quelque chose qui est impossible pour nous, parce que on met la barre trop haute, quoi. Mais… c'est nécessaire à la vie je pense. - Je suis tout à fait d'accord. Le rêve, c'est un peu le cinéma qu'on nous impose. C'est comme une projection, un film qu'on met sur soi-même, une sorte de miroir. Des fois, on a pas envie de regarder ce miroir mais des fois on a pas le choix parce qu'on est fatigué, parce qu'on a besoin de rêver, justement pour s'identifier. C'est une identification envers soi-même. On peut pas se mettre dans la peau de quelqu'un d'autre, ou bien oui, on peut se mettre dans la peau de quelqu'un d'autre. C'est le plus beau cinéma qu'il puisse y avoir le rêve… C'est le plus beau cinéma qu'on puisse avoir, le rêve. Le rêve c'est une sorte de frontière qu'on doit pas traverser. - Moi, par rapport à la pathologie, je voulais dire qu'il y a certaines personnes qui sont dans un rêve éveillé. - Des fois, je fais des rêves qui m'angoissent, et alors, on se calme et tout… - Le rêve, c'est une sorte de frontière avec laquelle on peut pas jouer. On peut imaginer jouer dans ses rêves mais on peut pas être maître de ses rêves. - Par rapport à la pathologie, y'a certaines personnes qui sont dans un rêve éveillé et qui ont peur de la réalité, du coup ils arrivent à contrôler leur rêve. C'est un rêve qui coupe la réalité. Et aussi voilà, c'est toujours une frontière entre le rêve et la réalité.

- On dort, on rêve.

- En tout cas, souvent on a envie de discuter du rêve. En parlant de notre rêve, on se confronte à la réalité. Souvent on a besoin de prendre du recul, quand on est dans une impasse, le rêve peut nous emmener au-delà de ces angoisses, à travers des cauchemars, mais c'est souvent en discutant. C'est le rêve qui peut nous aider à évoluer dans notre vie.

- C'est comme un film.

- Les psychologues…

- Oui, quand on a un rêve qui ne me plaît plus, alors je dis, ça va, on change de formule. Dans la conscience, il y a certaines consciences qu'on peut maîtriser.

- Pas forcément, parce que des fois les amis peuvent nous apporter plus que les psychologues. Il y a des gens qui nous connaissent bien et qui ont vécu des choses pareilles et parler avec eux peut nous aider plus que parler avec le psychiatre.

- Parfois je rêve d'être une star qui passe à la télé.

- Ce que j'aime bien, moi, c'est qu'on peut contrôler un peu les rêves. […] Y'a certains rêves dans lesquels on peut changer des trucs. Dans l'inconscient, y'a un truc qu'on peut maitriser. […] Y'a des rêves où je sais que je rêve et des rêves où je crois que c'est la réalité. - Oui, les rêves, quand c'est la réalité, on peut rien faire, pendant qu'on rêve, on peut jouer à créer la réalité.

22_02_13

- Les inconnus. Oui, parfois même les amis nous caressent trop dans le sens du poil. Et moi, comme j'ai un problème, j'ai tendance à marcher la bouche ouverte. Souvent. - Tu trouves ?

22_02_13


- Oui, ehhh… et un mec, qui travaillait dans la rue, il a dit : "ferme ta bouche ! On dirait…" Je le connaissais pas, mais il a dit un truc qui a servi pour moi… j'ai évolué. - Les rêves, on les raconte pas souvent. D'abord il faut se rappeler, et après c'est quelque chose d'intime. On parle plus tard, je pense, une fois que ça a fait un petit chemin dans notre tête, mais les rêves, je pense qu'on a du mal à les raconter, ça nous touche trop, on ne parle pas comme ça. - Il y a aussi des rêves récurrents. Moi j'en ai eu un. C'était un cauchemar, et je voulais me réveiller, et je me réveillais dans le rêve, mais j'étais toujours endormi. Et je me réveillais, je me réveillais, je me réveillais dans le rêve. Mais j'étais toujours endormi. - Les rêves répétitifs, c'est peut-être le reflet de notre vie qui est un peu répétitive et dont on a envie de s'échapper un peu. - En fait, le rêve est source de vie parce que c'est la source de notre imaginaire. Nos idées… ça nous aide à structurer notre pensée. Donc c'est pour ça que c'est porteur d'énormément de vie parce que souvent… même avec les cauchemars, je trouve que souvent le rêve est porteur de vie. - Ça dépend des fois. - Ça dépend des fois, mais je trouve que ça nous aide à faire une mise au point, consciente ou inconsciente. On se laisse souvent surprendre par le rêve et ça nous permet de progresser dans une idée, en bien ou en mal. - Quand on demande à un enfant : "c'est quoi ton rêve ?", il sait pas faire la différence entre le rêve endormi et le rêve éveillé. Dans le cours de la vie d'une personne, c'est un peu ce qui se mélange, on arrive pas à distinguer son propre rêve éveillé… ou endormi. Et après il y a des rêves de gosse qui nous arrivent toujours. Même de la petite enfance. J'ai rêvé que j'étais avec un pote, ça fait quarante ans ! C'est un peu le cinéma qu'on nous impose. Les rêves, on les choisit pas. On peut choisir son film, mais pas son rêve, donc quand on veut se barrer, on peut pas. On peut toujours courir, et on reste toujours sur place. - Rêver debout ? Ca m'arrive parfois. D'habitude, c'est toujours couché, mais ça m'est arrivé de rêver debout. La différence c'est que quand on rêve couché, on se repose, mais quand on rêve debout, on marche, on va trop vite.

- Et ensuite, à propos à la télé, c'est passé la semaine, après… - J'ai pas parlé de la télé moi… - Donc celui qui rêve debout est pas nécessairement perçu comme quelqu'un qui souff re. - Je vais changer maintenant. - Vous ne devez pas changer, c'est simplement qu'on parle pas de la télé. - D'accord. - Alors, tu dis qu'on est perdu, mais comment on sait qu'on est perdu. - Il y a des gens qui se rendent compte qu'ils ne savent plus quelle journée c'est. Ils vont dans la maison de retraite et ils croient qu'ils sont dans un hôtel et veulent absolument payer la note. Et puis il y a des petits moments de lucidité qui font que ça leur fait peur. Parce qu'ils se reconnaissent pas, ils ne se rappellent pas de ce qu'ils ont fait le matin, ou la minute avant. C'est comme si on n'était pas plus acteur de notre vie à un moment donné. Ne pas être maître de soi-même, ça fait peur à tout le monde. - "Alors pour accéder à ce rêve j'ai pensé suivre un guide, les familles et les gens quasi normaux, et même les fauteuils roulants, mais, ils ont fait un chemin de plusieurs kilomètres pour arriver au chemin, et demander : "s'il te plaît", pour accéder à ce rêve." - C'est notre démarche personnelle qui guide nos rêves. On est notre propre guide dans notre propre rêve. Le rêve est toujours déréglé, ce sont des séquences qui nous viennent comme ça… Est-ce que les personnes âgées font des rêves ? Je leur ai jamais posé la question. Parce que, quand on rêve, on se projette dans le futur. Pour eux, l'espoir c'est de voir la suite, mais la suite, ils la verront pas. - On nous impose ces rêves, on nous impose la vie qu'on mène. Rêver, c'est se connaître. […] Le rêve, c'est une création propre à soi-même. […] On est tous égaux par rapport aux rêves. Tout le monde rêve, à sa manière. J'aimerais bien comprendre comment les personnes âgées rêvent.

- Y'a certaines personnes qui vivent dans le rêve tout le temps, et c'est comme ça dans leur tête, et ils vivent pas ça forcément quelque chose de négatif, ils sont dans leur monde et puis c'est tout, quoi… Mais y'en a certains qui sont malheureux quand ils se rendent compte de leur période de délire. C'est le cas des gens atteints de la maladie de… Au début de leur maladie, ils se rendent compte qu'ils ont des périodes de délire et ils sortent complètement de la réalité, ou ils ont des pertes de mémoire. Et c'est quelque chose qui est mal vécu à ce moment-là. Ils sont dans un monde ailleurs où les autres n'ont pas accès. Parfois ce sont des gens assez solitaires parce qu'ils sont perdus dans leur rêve. Et personne les invite à discuter parce que forcément, c'est pas obligatoire. Ils sont partis dans des discours délirants, sur leur passé, complètement autre chose de ce à quoi on leur propose de discuter. Ils ont du mal à entrer dans la réalité, mais ils ne vivent pas forcément comme en prison. Moi j'ai le cas de ma grand-mère paternelle, qui est décédée maintenant, une fois qu'elle est entrée dans la maison de retraite elle pensait que tout le monde qui l'entourait était des domestiques pour lui servir, enfin peu importe. Elle était pas malheureuse elle était dans son monde, ailleurs.

- On est pas tous égaux, parce que l'imagination de tout le monde est différente. […] On peut pas rêver chacun de la même manière.

22_02_13

22_02_13

- Les rêves en banlieue, ils sont vite brisés. Parce qu'il y a des problèmes avec les parents, il y a des problèmes avec des jeunes dans notre quartier… On a tendance à briser les rêves mais on trouve toujours quelqu'un qui nous aide à aller au-delà de cette réalité, au-delà de ce milieu social qu'on cherche à nous imposer malgré nous. On peut toujours trouver une porte ouverte. Les personnes âgées sont un peu pareilles, parce qu'elles ont moins le choix, elles peuvent plus apprendre un métier, par exemple, il y a des choses qu'on pourra plus faire. Mais il faut accepter. - À partir du moment où on prend un guide, c'est qu'on veut se rendre à cet endroit. Et des fois, on a pas envie de rêver. Et des fois, on a pas envie d'un guide aussi.


- "Le sommeil, c'est presque la mort", comme dit la chanson. C'est pas moi qui le dit.

- Même beaucoup.

- Parfois on a peur de dormir, peur de ne pas se réveiller.

- Qui a fait la distinction entre l'homme et l'animal ? C'est l'homme. Tu as dit : peur ancestrale. On a une peur ancestrale de l'obscurité, parce que c'était à ce moment-là que les bêtes pouvaient entrer dans notre grotte et nous bouffer. La peur primitive de l'homme, c'est un peu ça.

- Perdre ses rêves, c'est perdre son envie de vie, quelque part. Des fois, on vit des choses très agréables dans le rêve, qu'on a pas envie de perdre quand on se réveille. […] Il y a toujours quelque chose d'inconnu quand on s'endort, qui nous ramène à la mort. Il y a des gens qui n'aiment pas dormir parce que les rêves sont une source d'angoisse.

- Il y a aussi la peur à ne pouvoir maîtriser la propre sauvagerie. La peur du sauvage c'est la peur de la perte de maîtrise.

- Y'a ceux aussi qui rêvent de religion. Je reviens à la notion de guide, la religion peut nous guider aussi. Il y en a qui ont peur de perdre leur foi et ils rêvent beaucoup à travers leur foi aussi. Y'en a pour qui ça prend une part importante dans leur vie. On a envie de partager, souvent, les rêves, les fantaisies.

- L'animal sent notre peur et a peur de notre peur.

- Oui comme à Lourdes, c'est un miracle quand on fait des prières. Une fois par an, j'ai envie de partir, j'ai fait ma confirmation. Mais Lourdes, justement, c'est un miracle quand on prie, c'est un rêve aussi, une espérance. C'est sympa.

- Et c'était quoi ta question, encore ?

- On espère toujours le lendemain, c'est tout. Si on n'a pas de rêve pour nous porter vers le futur, on aura du mal à avancer. C'est là qu'on a peur de tout perdre. Et puis on a tous envie de garder le contrôle sur nos vies aussi, et même si le rêve permet de nous échapper un peu de tout ça, on a tous besoin, quand même, de repères et d'une vie qui est plus ou moins rythmée par certains évènements. Et si on a pas ça, et ben c'est énorme quoi. On peut avoir envie de contrôler nos rêves mais je pense que c'est l'inconscient qui prend le dessus. Parce qu'on a besoin d'évacuer toute notre journée et tout notre passé. Mais quand la mémoire nous fait défaut, c'est d'autant plus angoissant parce qu'on a des trous de vie qu'on a perdu. Et ça, ça peut être source d'angoisse. Mais je pense qu'on a pas de prise sur nos rêves, justement c'est un espèce d'échappatoire qui peut nous guider.

- Il y a ce film de Truffaut, L'Enfant sauvage. Il avait grandi avec des loups. Comme dans Le Livre de la jungle.

- Mais ce n'était pas une question, c'était un commentaire par rapport à la réponse d'hier d'Inès, qui disait qu'elle avait peur du puma. - C'est curieux, parce que le puma est un animal très exotique, que probablement on rencontrera jamais, et moi je l'imagine surtout en peluche. - Et, ce que c'était curieux, c'est qu'elle nous a dit qu'elle n'avait pas peur du lion.

- Il y a certains médicaments qui gomment certains rêves. - Les rêves, je pense qu'on peut les influencer mais pas les maîtriser. - Un cauchemar reste un rêve. Un cauchemar, c'est un rêve négatif, désagréable. On le subit. Le cauchemar. Donc on a pas envie d'en parler. On a peur de terrifier l'autre des fois. C'est courageux de raconter un cauchemar, parce que c'est les extérioriser de soi-même, c'est les rendre visibles et le fait d'en parler, ça oblige à les assumer. La plupart du temps c'est si terrifiant qu'on veut pas les raconter. Parfois on a des angoissent récurrentes, qui font des cauchemars récurrents. - Raconter des trous de vie. - Je pense qu'on a toujours peur de l'imprévisible. Pour moi, la peur du sauvage, c'est la peur de la perte de la nonmaîtrise. Tout être humain que nous sommes, on attache beaucoup d'importance à maîtriser sa vie et son environnement. Et quand on a peur, c'est qu'on perd pied par rapport à ça et on reste sur des preuves primitives. On mélange l'homme et l'animal parce que malheureusement il y a parfois des hommes qui se comportent comme des animaux et ça fait très peur, peur de devenir cette sorte de personne qui n'est pas prévisible, comme si on avait peur de devenir monstrueux. Quelque fois on est face à des pathologies qui font que la personne n'évolue pas, la personne reste primaire. Il y a certains fous malheureusement qui ont tué des gens.

22_02_13

22_02_13


DÉSORDRE

27_03_13

- Moi je dis que la nuit, je fais une seconde vie parce que je rêve énormément. Parce que je rêve énormément, on dit qu'on fait des rêves paradoxaux, et moi je rêve tout de suite. Je me dis toujours, quand je me couche, je me dis : "à quoi je vais être mêlée cette nuit ? ". Il y a un rêve que je fais très souvent, maintenant plus parce que ma maman est morte, je rêve que je n'ai plus ni son adresse ni son téléphone. C'était un rêve récurrent, chez moi. Il y a des amis qui me disent qu'ils ne rêvent jamais, pendant que moi je suis dans un état d'ébullition la nuit. - On rêve jamais de soi-même. Me voir dans les rêves, ça me ferait peur. Ta propre image dans le rêve, ça me fait peur. - On rêve, certainement pour oublier, ou disons pour évacuer, c'est pareil. - Quand même, quand je rêve de mon mari, je suis ravie. Seulement quand je me réveille, je suis très triste. Et oui. Je le vois ouvrir la porte… et je me réveille. Et je touche la chatte, qui dort à côté de moi, mais ce n'est pas pareil. Parfois je me surprends, en train de toucher la chatte… ce n'est pas lui.

- Dans un crime, il faut être toujours deux. Il faut toujours avoir un complice, on ne peut pas travailler seul. Y'a toujours un interlocuteur qui demande, y'a toujours un commanditaire. - Le crime, on va le qualifier de quelque chose, y'a pas de raison. Tuer quelqu'un, y'a pas de raison, le raisonnable, heu… la plupart du temps, c'est commander un crime. Si c'est organisé, c'est dangereux, ça devient dangereux. La plupart du temps, un bon crime… c'est macabre, mais des fois… j'avais un professeur, qui nous faisait lire Agatha Christie. - Il y a pas de médicaments qui font bien rêver. Ça n'existe pas. - Il y a quelques drogues. - Il faut s'en sortir avec les médicaments. Et moi, moi je sais que la peinture m'a aidée quand je suis tombée dans la dépression. Je sais de quoi je parle ; il faut s'en sortir, pour soi-même, pour les autres. La peinture m'a aidé et le 3 bis f. - Le 3 bis f aide ?

- Le rêve, c'est un peu le cinéma qu'on nous impose.

- Oui, il aide.

- Pourquoi le verbe "imposer" ?

- Si quelqu'un me demande pardon sur son lit de mort, je ne suis pas sûr d'accepter. Parce que je me dis : "ça se règle avant". J'espère ne devoir, ni avoir à demander pardon à quelqu'un sur mon lit de mort, parce que j'espère l'avoir réglé avant. Et surtout qu'on ne me demande pas pardon sur mon lit de mort, parce que je ne dirai pas pardon ; mais après il meurt, et on se retrouve de nouveau avec notre culpabilité.

- C'est entre guillemets. - En termes freudiens, le rêve c'est l'expression de l'inconscient, donc la voie royale pour atteindre l'inconscient, c'est le rêve. Le rêve c'est une fenêtre sur l'inconscient. - Je pense que quand je rêve, je ne peux pas joindre mes parents, c'est parce que j'ai mis ma mère dans un asile, et je regrette toujours et encore ça. Mais je n'ai pas pu faire autrement. - C'est pour ça qu'on a du mal à en parler à un interlocuteur conscient, parce que le rêve c'est de l'inconscient. Après c'est aussi culturel, l'interprétation des rêves ; moi je me rappelle très bien de ce que j'ai rêvé : j'ai rêvé de drapeaux brulés. J'étais un peu troublé, et voilà j'ai rêvé ça, après, trouver une symbolique, je ne suis pas trop pour.

- Tout le monde sait qu'on n'est pas éternel. - Freud au contraire disait que nous nous croyons tous éternels. Inconsciemment, on est tous immortels. Souvent on rêve de la mort de quelqu'un mais rarement de la nôtre. L'homme qui dit à sa femme : "ça va être terrible le jour où l'un de nous meurt. Vraiment, quand l'un de nous meurt, je serai inconsolable". - C'est pour ça que je dis, le jour où je rêve de moi-même, où je me vois moi-même dans mon rêve, je saurai que je vais mourir.

- Moi je rêve que je me perds souvent dans une ville. - Les villes sont faites pour. Pour se perdre. On se perd dans les rêves, ils sont faits pour. Il faut un "TomTom". Un GPS. - Moi, je ne rêve jamais de mes enfants à leur âge. Ils ont maintenant cinquante, soixante ans. Mais je rêve toujours d'eux comme des petits enfants. - La culpabilité, c'est un sentiment universel.

27_03_13

27_03_13


DÉSORDRE

28_03_13

- Ça m'arrive des fois, quand j'étais petit, on me disait : "ah, allez, on vous fait un cadeau, je vous comprends aussi, vous avez perdu quelque chose". Et après, après, c'est pas bien de voler. Parce que quand on vole, on regrette. Si on fait des emprunts, ça va. On peut rembourser, on peut emprunter, on peut rembourser. On dit : "vous devez pas voler, demandez poliment. Je peux vous dépanner". Ce sont des choses qui m'arrivent de temps en temps. Mais autrement, quand j'étais enfant, j'ai volé, je me rappelle aussi, je faisais un caprice pour avoir du vin, mais c'était interdit avant dix ans. - Mais dans le rêve, il y a plein de choses et les choses, elles sont à personne. […] Les choses, elles appartiennent au rêve. Les objets sont là, il n'y a pas de notion de vol. - Quand on se contrôle, on se contrôle, mais quand on fait un caprice… ça dépend. Oui ou non. Quand on est sage, on peut dire non, on n'a pas volé, mais quand on est turbulent ou capricieux, alors on peut dire oui, c'était voler. Mais par rapport au rêve, ça peut arriver quand je rêve on dit : "tu es un sale voleur, un sale étranger et tout". Et c'est un rêve, parce que dans la réalité je suis comme je suis. Je me contrôle, mais dans le rêve, on me dit "sale voleur, sale étranger". Dans mes rêves - c'est pas vrai - j'essaie de voler des choses qui partent vite, comme des cd ou des dvd, et pour rembourser c'était horrible, on m'avait dit : "on doit vous arrêter…". C'était dur pour trouver de l'argent. C'est pas souvent, mais quand on a des rêves comme ça, ça me fait tourner, comme un cauchemar.

- Moi, je crois qu'on peut tous devenir assassin, à partir du moment où on touche à l'intimité de soi, à quelqu'un qui nous est cher, et par rapport à notre parcours aussi. […] Il faut s'entourer pour pas passer à l'acte. Il faut avoir des règles pour pas passer à l'acte. Des règles intérieures. Mais c'est dur. J'ai entendu qu'il y a des systèmes… la police américaine, dans des certains États, vise sur les profils susceptibles de faire un crime. Comme dans le film… les trois personnages… on les arrête juste avant de commettre le crime. Minority Report. Ils ont un logiciel pour voir qui va commettre un crime. Un logiciel qui faisait un profil de chaque personne et on visait les profils qui potentiellement pourraient commettre un crime. Un type de visage, mal rasé… non, non, c'était pas le visage… ce n'est pas bête comme idée. C'est préventif. Ils ont un potentiel. - Ceux qui ont des enfants, ils peuvent être criminels. […] On devient complètement fou si on touche aux enfants. - "J'ai fait un crime, même si j'étais inconscient, je m'en veux quand même, et j'essaie de le cacher." - Le cacher, dans l'inconscient. - L'inconscient, est-ce que c'est soi-même ? - C'est que le je est un autre à ce moment-là.

- Oui, oui, à manger, comme des bonbons, comme des sucettes. Ça m'arrive quand je suis enfant mais maintenant ça ne m'arrive plus. Voilà. Simplement, quand on voit un ennemi qui vole alors il faut régler quelque chose.

- Hier… bon, je pense que la discussion d'hier a travaillé sur moi, parce que hier soir dans mes rêves j'ai tué trois japonais. Je devenais japonais, et j'avais l'équipe du 3 bis f qui… c'était pas vraiment un sentiment de culpabilité, et bon, ces corps disparaissaient, donc, il y avait aucune trace ou souvenir du crime, donc je m'en sortais. Ma culpabilité était partagée avec quelque chose liée au 3 bis f, il y avait un grand désaccord, quelque chose à voir avec un oreiller, un désaccord si fort, qu'on a oublié les japonais, même si j'étais fugitif. Le désaccord était lié au matériel de l'oreiller, qui s'était abîmé. Non, il n'y avait pas un vrai sentiment de culpabilité.

- Un ami ?

- Donc, là tu as vu que le rêve c'est un cinéma qu'on nous impose !

- Un ennemi.

- Oui, là la séance était vraiment bien. Mais moi j'étais dedans, je n'étais pas spectateur.

- Un ami ça va, mais un ennemi dès qu'on voit quelque chose, c'est une vengeance. Il faut pas voler. C'est toujours : "tu te tais, sinon on te menace". Voler un ami…Un ami, c'est un ami, et on peut lui faire confiance. Voler à un ennemi, c'est sûr qu'il peut t'arriver quelque chose de grave. Mais…

- Dans les rêves, on s'en sort toujours.

- Oui, mais quand je dis "voler par nécessité", je pense à voler des choses à manger.

- On a le droit de mourir de faim mais pas de voler… - Je crois que c'est toujours visible, la vérité. C'est visible, un sourire faux, on voit ça. Tu peux sourire pour accueillir, mais tu peux sourire aussi pour signifier une bonne relation avec quelqu'un, mais la vérité, si tu n'aimes pas quelqu'un, c'est visible, comme c'est visible toujours quand tu aimes quelqu'un. - La vérité c'est entre nous, et après on négocie. Si je n'ai pas envie d'écouter quelque chose, tu ne vas pas me le dire. - Pas forcément moi, mais il y a des gens qui peuvent devenir assassins.

28_03_13

- Moi, ça m'est déjà arrivé de mettre très longtemps avant de sortir d'un rêve. Bien sûr, c'est plus le rêve mais toutes les sensations, l'état où on était dans le rêve, ça se prolonge et en plus, c'est plus en accord avec l'extérieur donc c'est encore plus perturbant. On dit : "bon, quand est-ce qu'on se réveille ? " - Au réveil, un crime par exemple, dans un rêve, on s'est vu, on traverse un sentiment de culpabilité parce qu'on s'est vu faire mais on n'a pas fait. C'est l'idée d'avoir vu en acte à quoi pourrait ressembler un passage à l'acte dans la vie réelle. Donc c'est une espèce d'empathie sur soi-même. C'est-à-dire je me suis vu faire et donc maintenant je connais le chemin. Et donc je devine ce que pourrait être un sentiment de culpabilité si je décidais d'emprunter le même chemin dans la vie. C'est aussi ça qui est très troublant. - Moi j'ai entendu quelqu'un qui disait que ce qu'il y avait d'assez intéressant avec les rêves, c'est qu'on ne peut pas dire : "ça n'est pas ça, ça ne veut pas dire ça". Dans un rêve, on ne peut pas dire la négation, on ne peut pas dire "ça n'était pas telle personne", on ne peut pas dire "ça n'est pas". Et je trouve ce truc-là très étrange. 28_03_13


- Le rêve, ce n'est pas autant le fait de révéler ce qui est caché, comme c'est de décharger ce qui est trop lourd. - Il y a les deux, je pense. - J'ai connu quelqu'un qui était d'abord dans une UMD à cause d'un crime qu'il avait commis, et après ici. Et il me disait : "j'étais mieux dans l' UMD". Je ne sais pas ce que ça veut dire, d'ailleurs. - Unité pour des malades difficiles. - Voilà. Et il disait qu'il préférait rester là parce que tout le monde avait fait quelque chose d'atroce, et on se sentait moins coupable. Tu as fait un acte grave, mais tout le monde a fait pareil ; on te juge pas. Alors qu'ici, on peut te juger. L'acte reste le même, mais ici, il y a le jugement. Et pour lui, c'est trop lourd.

DÉSORDRE

29_03_13

- "C'est important de rêver, même les animaux rêvent."

- Bien sûr, oui, c'est important de rêver et même, quand y'a des chiens et des chats qui font partie de la compagnie du domicile, ils peuvent rêver aussi. En fait, même si les animaux rêvent, en fait, simplement, nous on peut rêver aussi, et du coup, comme les animaux ne parlent pas, à moins que s'il faut imaginer qu'ils parlent, ça c'est une marionnette, ben en fait les animaux, tout le long on peut rêver, quand ils dorment toute la journée, que ce soit des chats ou des chiens donc ils sont pas comme nous parce que nous on a des occupations, ou quelque fois aussi quand on fait la sieste, on peut rêver aussi et c'est vraiment important de rêver. - Comment on sait que les animaux rêvent ?

- Mais le jugement doit exister, parce qu'ils sont responsables pour ces actes. L'acte est commis, il est fait, ils étaient là, ils sont responsables. Pour la personne qui a fait l'acte, et qui rentre dans une UMD, c'est comme si on niait l'acte. On lui dit : "tu n'étais pas responsable, tu avais un problème mental." Et cette culpabilité, il doit la porter jusqu'à sa mort, parce qu'il y a eu un crime, mais personne a été condamné. En tout cas, la justice a dégagé toute responsabilité.

- C'est que les animaux, s'ils viennent sur notre lit, il peut dormir tranquillement, ou par terre, ou parce que dans la nuit je peux pas les voir parce que la niche est un peu plus loin. Par contre, les chats, dans leur litière, on peut les mettre à côté de nous.

- Bon, il ne s'est pas retrouvé en prison, mais il s'est retrouvé dans un hôpital, qui n'est pas non plus…

- Oui, je pense qu'ils peuvent partager.

- Tout à l'heure tu parlais de savoir si chacun pouvait devenir assassin. Et je lisais dans la grille TV d'un gratuit, et donc c'est résumé, et j'ai lu comme le résumé d'un film : "un homme pacifique venge le crime de sa femme et de sa fille."

- Les animaux rêvent ?

- Il n'est pas pacifique, alors.

- Est-ce que quelqu'un a des informations scientifiques sur ça ?

- C'est ce que tu as dit tout à l'heure, l'inhumanité de l'humanité.

- Freud n'a pas évoqué la chose.

- Et bien, à demain.

- Je crois que les chiens rêvent. Je crois que j'ai lu ça quelque part. Mais je suis pas sûre. En tous cas, ce sont des rêves très primitifs je crois.

- Et tu penses qu'ils peuvent partager nos rêves ?

- Je ne sais pas. Je ne sais pas si les animaux rêvent.

- On voit des fois les animaux quand ils rêvent, les chiens, ils bougent les pattes et les moustaches. - Et les chats qui miaulent aussi. - Y'a des chats qui miaulent pendant qu'ils dorment ? - Non, qui miaulent pas mais qui remuent la queue, ou… - Mais est-ce que c'est juste des sensations, ou… ? - Je ne sais pas mais ils ont l'air paniqués. Moi, ma chienne, je me rappelle, elle bougeait les quatre pattes, mais vraiment dans un ordre régulier, on avait vraiment l'impression qu'elle traversait un champ à toute vitesse et qu'elle était affolée. Et quand on a le malheur d'essayer de la caresser pour l'apaiser, elle se réveille en sursaut. On sent qu'elle sort de quelque chose de fort. Donc, est-ce que ce sont les mêmes rêves que nous ? Je ne sais pas… 28_03_13

29_03_13


- "On est pas tous égaux parce que l'imagination de tout le monde est différente. […] On peut pas rêver chacun de la même manière. "

- "C'est comme si on n'était pas plus acteur de notre vie à un moment donné. Ne pas être maître de soi-même ça fait peur à tout le monde. "

- Alors là, ça devient très très compliqué. Là, ça devient très compliqué parce que là aussi, ça dépend des rêves de chacun. Parce que quelques fois on peut faire des cauchemars, quelque fois on peut faire des beaux rêves, quelque fois on est pas tous égaux, rien n'est parfait voilà. Dans la vie, rien n'est parfait.

- Acteur, je ne suis pas.

[…]

- Si, je suis acteur de ma vie mais par contre… […] Et ben, ça m'arrive des fois que ça fait peur à tout le monde quand je ne fais pas de moi-même… […] Quand je suis pas maître de moi-même, j'ai peur de tout, voilà.

- Parce que je me rappelle, moi ça m'arrive des fois que quand je rêve, je rêve la même chose, mais par contre, j'ai dit dans les précédents trucs aussi, c'est que je reproduis une histoire quand je fais un rêve. C'est-à-dire, en fait, je la continue l'histoire. Là c'est quand je rêve très bien et que j'ai envie de faire une histoire du rêve et que, même en journée, que je stoppe parce que bon c'est la journée mais bon, quand j'y pense, je stoppe parce que j'y pense. Mais quand on redort, on remet l'histoire au début, pas au début mais dans la continuation, et juste après on repasse, pas repartir, mais on continue à partir sur le sujet où on en était arrêté du rêve et ça fait une histoire. Donc, du coup, là d'accord, ça m'arrive très souvent ça, quand je dors bien ou quand j'ai envie de dormir bien, sans que ça m'empêche de dormir et voilà. - Alors, tes rêves, ce serait comme des épisodes…

- Tu n'es pas acteur de ta vie ?

[…] - Alors, dans quelle situation on n'est pas acteur de sa vie ? Dans les rêves ? - Ah, dans les rêves. Ben on peut rêver, ça ne marchera pas en fait, c'est un rêve. Donc, du coup, c'est pas dans la réalité, hein. Mais par contre, simplement aussi, c'est que dans sa vie on est comme on est et voilà. Et en plus aussi, c'est que j'avais oublié aussi quelque chose, c'est que aussi quand on n'est pas sûr de soi, ben il vaut mieux raconter à des personnes de confiance et puis voilà.

- Voilà. - d'une grande histoire… - Voilà. D'une grande histoire, on dirait que je suis une vedette, une star, et que c'est pas vrai, hein… - Est-ce qu'il y a quelque chose dont vous rêvez de manière récurrente ? C'est-à-dire qui revient ? - Ben, par exemple, ça peut être sur les peurs, sur les angoisses, sur les cauchemars. - Il y a quelque chose dont tu rêves souvent ? La même chose ? - Pas trop souvent parce que quand je fais des beaux rêves, je fais une histoire continue mais c'est rare que je rêve toujours la même chose. Ou c'est quand je dors mal ou quand j'ai quelqu'un qui est perdu dans ma chair, ou… Donc, du coup, c'est différent, c'est pas pareil. - Quelqu'un qui est perdu dans ta chair ? - Quand il y a quelqu'un qui est décédé ou quand il y a quelqu'un qui est malade, mais dramatique et qu'après on dit dans la réalité "ce n'est pas grave, il va s'en sortir" ou tout simplement "il va disparaître et que c'est la vie" et voilà. Mais c'est vrai que quand on est prévenu, ça va, on peut penser tranquillement. Mais des fois, ça peut arriver aussi que quand on est pas prévenu ou quand on est prévenu au dernier moment, les rêves devient un cauchemar, et puis ça fait la même chose, et du coup j'ai du mal à le supporter, je pleure, je suis triste et voilà. Ou alors je suis obligé de me lever voir quelqu'un pour discuter avec le veilleur et puis d'en parler ou d'attendre demain pour en parler avec les animateurs, pour mes angoisses, de mes soucis et voilà. Et après tout ça s'arrange.

29_03_13

29_03_13


ÉD RO ER

"


Jean-Claude Chianale, carnets Un carnet par Atelier, imaginé et réalisé par l'artiste Jean-Claude Chianale, témoigne de la richesse de chaque aventure, croisant regards d'artistes, entretiens avec les salariés, les usagers, et des complicités artistiques apportant un nouvel éclairage sur le projet. À la façon du journal de bord, il garde la trace du processus et de l'environnement atypiques de la création, photographie mouvante d'une œuvre en devenir. Le programme des Ateliers de l'EuroMéditerranée : Marie Angeletti | Pébéo * Marco Baliani | AP-HM – Hôpital Sainte Marguerite Taysir Batniji | Savonnerie Marius Fabre Mustapha Benfodil | Espace Fernand Pouillon Aix-Marseille Université Alice Berni | Bataillon de Marins – Pompiers de Marseille – Caserne Saumaty Mohamed Bourouissa | Pôle emploi Joliette Séverine Bruneton et Laëtitia Cordier | Descours et Cabaud Jean-Michel Bruyère / LFKs | Ecole Nationale Supérieure des Mines de Saint-Etienne – Site Georges Charpak de Gardanne Vincent Bourgeau | Lycée Saint Joseph les Maristes Anne-James Chaton | Maison de l'Avocat – Ordre des Avocats du Barreau de Marseille Sonia Chiambretto | Bureaux Municipaux de Proximité, Ville de Marseille Jean-Claude Chianale | Imprimerie Azur Offset Mathieu Clainchard | Maison de ventes Damien Leclère Gilles Clément | AP-HM – Hôpital Salvator Kathryn Cook | Association Jeunesse Arménienne de France Antoine D'Agata | Archives et Bibliothèque Départementales de Prêt Robin Decourcy | Agence Bleu Ciel * Gilles Desplanques | Club Immobilier Marseille Provence Kitsou Dubois | Équipe de voltige de la base 701, Armée de l'Air Ensemble Musicatreize | Société Marseillaise de Crédit Ymane Fakhir | AP-HM – Hôpital de la Timone Christophe Fiat | Château de la Buzine, Ville de Marseille Gaëlle Gabillet | Le Patio du Bois de l'Aune Dora García | Hôpital Montperrin Anne-Valérie Gasc | Ginger cebtp Demolition gethan&myles | Fondation Logirem – Cité de la Bricarde groupedunes | Apical Technologies - Institut Méditerranéen de Biodiversité et d'Ecologie marine et continentale Mona Hatoum | Arnoux-Industrie et Centre International de Recherche sur le Verre et les Arts plastiques (CIRVA) Célia Houdart et Sébastien Roux | Site du Puits Morandat

Equipe des Ateliers de l'EuroMéditerranée Marseille-Provence 2013 Direction : Sandrina Martins Chef de projets arts vivants / coordination éditoriale des carnets : Mélanie Drouère Chef de projets arts visuels : Erika Negrel Assistant de projets / production : Jean-François Mathieu

Ici-Même (Paris) | Centre Bonneveine Mathieu Immer & Benjamin Lahitte | EDF – Centre de Production Thermique de Martigues Charlie Jeffery | Fondation Logirem - Cité de la Bricarde Katia Kameli | Futur telecom Djamel Kokene | Tribunal de Commerce de Marseille Yohann Lamoulère | Alhambra Le Phun | Domaine de la Tour du Valat Tsaï Ming Liang | Maison de la Région Provence Alpes-Côte d'Azur Cristina Lucas et Dominique Cier | Coordination Patrimoines & Créations Pascal Martinez | CIRVA Olivier Menanteau | La Marseillaise Amina Menia | Agence d'Urbanisme de l'Agglomération Marseillaise (AGAM) Joao García Miguel | Habitat Alternatif Social (HAS) Jean-Marc Munerelle | Fondation Logirem – Cité de la Bricarde Stephan Muntaner | La Poste Yazid Oulab | Centre Richebois Miguel Palma | Batimétal et Domaine de Saint-Ser Hervé Paraponaris | Ecole Nationale Supérieure d'Architecture de Marseille Alexandre Perigot | Groupe Daher Franck Pourcel | Société Nautique de Marseille Marie Reinert | Compagnie maritime Marfret * Etienne Rey | IMéRA Karine Rougier | Vacances Bleues * Ilana Salama Ortar | GW INOX Bettina Samson | OSU-Institut Pythéas Aix-Marseille Université Vanessa Santullo | Joaillerie Frojo * Zareh Sarabian | Boulangerie Farinoman Fou Nicolas Simarik | Newhotel of Marseille Zineb Sedira | Grand Port Maritime de Marseille Alia Sellami | Carniel Wael Shawky | ADEF – Ecole de céramique de Provence et le SATIS/ASTRAM Lab - Faculté des Sciences Aix-Marseille Université * Projets proposés par Mécènes du Sud

Dora García, DÉSORDRE Direction de la publication : Jean-François Chougnet, directeur général de Marseille-Provence 2013 Impression : Imprimerie Azur Offset, Marseille Achevé d'imprimer en avril 2013

-ISBN 978-2-36745-017-9

Dora García, DÉSORDRE Œuvre réalisée en résidence au sein de l'Hôpital Montperrin, Aix-en-Provence dans le cadre du programme des Ateliers de l'EuroMéditerranée – Marseille-Provence 2013 en partenariat avec le 3 bis f. Œuvre vidéo : Dora García. Retranscription d'entretiens : Dora Garcia, en collaboration avec l'équipe du 3 bis f. Centre hospitalier Montperrin / 3 bis f - Aix en provence Le centre hospitalier Montperrin est un établissement psychiatrique pionnier dans le rapprochement de la culture et de la santé. Depuis 1983, il a permis la création et la pérennisation d'un Lieu d'Arts Contemporains / Centre d'Art en son sein : le 3 bis f (www.3bisf.com).

Remerciements au Centre hospitalier Montperrin, à l'ensemble des participants aux trois sessions d'atelier « Conversations filmées » et aux partenaires institutionnels : Hôpital Montperrin - Ministère de la Culture, DRAC Provence-Alpes-Côte d'Azur - Ville d'Aix-en-Provence - Conseil Général des Bouches-du-Rhône - Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - ARS, Agence Régionale de Santé - Communauté du Pays d'Aix. Programmation en 2013 DÉSORDRE, conversation filmée autour des rêves et des crimes, Dora García. Du 2 au 7 mai : 3 bis f, Aix-en-Provence Œuvre vidéo réalisée par Dora García, en collaboration avec Emilie Parendeau et Arturo Solís, en collaboration avec les participants aux 3 sessions d'ateliers « Conversations filmées ». Renseignements : 3 bis f, tél : 04 42 16 17 75 et www.3bisf.com.

L'association Marseille-Provence 2013, présidée par Jacques Pfister (Président de la Chambre de commerce et d'industrie Marseille Provence), remercie ses partenaires : Partenaires officiels La Poste, Société Marseillaise de Crédit, Orange, Eurocopter, EDF Partenaires institutionnels Ministère de la culture et de la communication, Union Européenne, Région Provence-Alpes-Côte d'Azur, Conseil général des Bouches-du-Rhône, Ville de Marseille, Marseille Provence Métropole, Ville d'Aix-en-Provence, Communauté du Pays d'Aix, Ville d'Arles, Arles Crau Camargue Montagnette, Communauté du Pays d'Aubagne et de l'Etoile, Communauté d'agglomération Pays de Martigues, Ville de Salon-de-Provence, Ville d'Istres, Ville de Gardanne, Chambre de commerce et d'industrie Marseille Provence.

www.mp2013.fr


ORDRE

jean-claude chianale,

Carnets les ateliers de l'euroméditerranée de marseille-provence 2013 ISBN 978-2-36745-017-9

5€


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.