Emailhommes

Page 5

Ang Duong C'est donc avec des moyens de fortune que Ang Duong entreprit de restaurer son royaume et d'accroître le niveau de vie de son peuple. Il rebâtit Oudong suivant un plan méthodique et, pour donner à son pays un libre accès à la mer, releva le port de Kampot. Entre les deux villes, il fit construire une route de 140 kilomètres avec, de distance en distance, des gîtes d'étape et des points d'eau. De Oudong au fleuve, on édifia également une chaussée qui subsiste encore et Kompong-Luong, le village où elle aboutissait, redevint un excellent port fluvial d'où les bateaux pouvaient remonter jus¬qu'au Grand Lac ou gagner la mer. En leur garantissant la sécurité, il attira des marchands chinois et indiens et encouragea le commerce extérieur. Le Cambodge n'avait plus de monnaie; l'or et l'argent avaient disparu des transactions depuis l'interrègne, sous Poc ; il ne circulait que des ligatures de sapèques en zinc frappées au Vietnam ou des tic aux siamois. Ang Duong émit des pièces d'argent rondes et épaisses, d'une teneur en fin garantie, portant sur une face la figuration du grand temple d'Angkor et sur l'autre l'oie sacrée(Hamsa). Le roi réorganisa le système fiscal en affermant l'impôt, ce qui lui permettait d'avoir des rentrées sûres et d'établir un budget en équilibre. Il réforma l'administration judiciaire et créa une cour d'appel ; il encouragea l'instruction publique en obligeant les bonzes à multiplier les écoles de pagode; il procéda à un remaniement des provinces auxquelles il s'appliqua à donner à peu près la même superficie et qu'il subdivisa en arrondissements. D'une piété et d'une charité exemplaires - on le vit pendant la peste de 1849 distribuer lui-même du riz cuit et des vêtements aux pauvres ; Ang Duong défendait de chasser le gibier ou de barrer complètement les rivières, rachetait les esclaves pour dettes, réprimait l'usure en rendant obligatoire la signature des reconnaissances d'emprunts, proscrivait l'ivrognerie et l'usage de l'opium et ne souffrait aucune injustice ou abus de pouvoir. C'est avec fermeté, mais sans violence inutile, qu'il réprima des mouvements d'agitation en 1857 et 1858; s'il fit exécuter les meneurs, parce qu'ils auraient pu donner prétexte aux Siamois et aux Vietnamiens pour intervenir, il se borna à disperser les mécontents dans d'autres villages que leurs lieux d'origine. Son fils aîné, Ang Yoddey, lui succéda. Il prit comme nom de règne celui de Norodom que le roi de Siam lui avait donné en 1856 en le nommant obareach. Peu après son accession au trône, ratifiée par le gouvernement de Bangkok, Norodom eut à faire face à la rébellion de son frère cadet, le très populaire prince Votha. Bientôt, Votha eut gagné à sa cause la majeure partie du pays. Norodom prit peur et se réfugia au Siam avec les attributs royaux (août 1861). Alors intervint à nouveau Mgr Miche, vicaire apostolique. A.Dauphin-Meunier Histoire du Cambodge -1967 8 HOMMES ET HISTOIRE DU CAMBODGE

Ang Chan I ANG CHAN I (1548-1567)

Nkø$tEqpI

Le roi Ang Chan I était le fils du roi Prah Ponhea Thommaréachéa et la mnang Tep Sopha. Il naquit en 1481, pendant une éclipse lunaire. C’est ainsi qu’on lui donna le nom de Ang Chan (1). De la reine Prah Phakea vadi srei Tep thida, il eut deux enfants: l’aîné nommé Prah Soroma Reachea né en 1518 et la cadette nommée Prah Tevi Satrei née en 1522. A l’âge de 27 ans, il fut nommé Moha Oparach et chargé par son frère Srei Sokonthabât d’assurer l’ordre dans les régions de la rive Ouest du Mékong. Il résidait alors, depuis 1507, à Phnom Penh. Deux ans plus tard, il fut dupé par le roi Kan et se réfugia à Ayuthia. Au cours du voyage il rencontra le gouverneur de Pursat, l’Oknha Sourkea Lok Moeung. Celui-ci fut choisi par le prince comme homme de confiance et il promit de lui rendre compte de ce qui se passerait au Cambodge. En 1512, son frère Srei Sokonthabât fut assassiné par le roi Kân. Le prince Ang Chan sollicita du roi de Siam une armée pour reprendre le trône. Mais, hélas, ce dernier lui répondit de façon évasive. En 1516, Ang Chan envoya une dizaine de Cambodgiens dans la région Est du Siam répandre la rumeur de l’existence d’un éléphant blanc. Ayant appris cette nouvelle, le roi du Siam qui était passionné pour l’éléphant blanc, était persuadé que seul Ang Chan était capable de le capturer. Le prince cambodgien accepta de le faire très volontiers et pour mener cette affaire à bien, il sollicita du roi de Siam une troupe de 5000 hommes et l’épée Aehnha sik, symbole du pouvoir royal. Ang Chan conduisit rapidement l’armée à la poursuite de l’éléphant. Il se dirigea d’abord vers la région Est du Siam et ensuite entra au Cambodge par le Nord. Quelques jours après, à Ayuthia, la supercherie fut découverte; le roi du Siam ordonna à un général d’armée accompagné d’une troupe de poursuivre le prince. Le chef d’armée siamois ne put rejoindre Ang Chan qu’à Angkor Vat. Ang Chan lui montra l’épée Aehnha siket lui expliqua que sur l’ordre du roi de Siam il avait le droit de vie et de mort sur toute l’armée. Le général siamois ne savait plus quoi dire, repartit avec sa troupe et rentra à Ayuthia. Le prince cambodgien commença à former son armée. En 1517, grâce au gouverneur de la province de Pursat, Oknha Sourkea lok Moeung, il réussit à occuper la province de Pursat et installa son camp à Bâribor. Ensuite il étendit son pouvoir sur les provinces de Stong, Baray, Choeung Prey et Kompong Siem. Sur la demande du roi Kân, une trêve fut décidée afin que les soldats puissent cultiver les rizières. En 1518, la guerre recommença et toutes les provinces de la rive Ouest du Mékong tombèrent sous l’autorité d’Ang Chan. Un an après, trouvant que son autorité se dégradait constamment, le roi Kân demanda à Ang Chan de diviser le Royaume du Cambodge en deux. Mais la proposition fut rejetée par ce dernier. Celui-ci continua à se battre jusqu’en 1525 date à laquelle le roi Kân fut capturé et mis à mort. Ang Chan fit construire la citadelle de Longvêk qui devint désormais capitale du Cambodge jusqu’à la fin du XVIe siècle. Il fut consacré roi en 1529 à l’achèvement de la construction. Parmi ses constructions religieuses, on peut citer: en 1530 les deux pagodes de Traleng Keng et de Prah Ind Tep dans l’enceinte de la citadelle; en 1533, à la colline d’Oudong, il fit ériger la grande statue de Bouddha assis haute de 18 coudées, fit creuser un petit bassin sur le sommet oriental de la colline, fit construire les deux temples d’Atharoeus et de Prah Nipean et également les deux pagodes de Prah Dharmaker et de Po situées respectivement à l’est et à l’ouest de la colline. HOMMES ET HISTOIRE DU CAMBODGE 9


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.