Tout ce pourquoi est de sel

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Peu avant de disparaître, Thierry Metz s’est rendu dans l’atelier de Marc Feld. Il y est resté de longues heures, parcourant les peintures de Marc comme si il (re)trouvait la trace de son propre cheminement. Il y a franchi l’entrée d’une connaissance dont la poésie seule détient la clé, Aller puis revenir atteindre et se taire Quelque douze années plus tard, Thierry Metz et Marc Feld renouent le dialogue intime que la grâce seule sauve de la disparition,

Thierry Metz Marc Feld

Tout ce pourquoi est de sel

Le vrai demeure introuvable si ce n’est qu’il cherche des outils en nous. Quelque chose a plus à voir avec ce qu’il faut abandonner parce que le monde n’est qu’une recherche et que nous n’avons que le temps. L’œuvre seule passe par la terre―– par le vide. C’est toujours le dénuement. Et chaque fois un recommencement. Vers ce qu’on ne sait pas.

ISBN : 978-2-913406-79-7 www.pleinepage.com L’un dans l’autre

P l e i n e Pa g e é d i t e u r



Tout ce pourquoi est de sel


Déjà parus dans la collection L’un dans l’autre : Jean-Pierre faye, Henri Maccheroni, La Sorte, 2007 Zéno Bianu, Marc Feld, Pour Elvin Jones, 2007 De Thierry Metz, chez le même éditeur : L’Homme qui penche, 1997 Terre, 1997 Dialogue avec Suso, 1999 Dans les branches, 1995

© Pleine Page, 2008 ISBN : 978-2-913406-79-7 www.pleinepage.com


Thierry Metz

Tout ce pourquoi est de sel Marc Feld

Ouvrage publié avec le concours du Centre National du Livre

L’un dans l’autre Pleine Page éditeur


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Pourquoi. L’audience des feuilles. Sur ce qui est. Autrement qu’il en est. Tout ce pourquoi est de sel.

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Revenir. Là. Gravement. Jusqu’au souffle. Et puis regarder. L’accompagnement. De la terre.

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Un peu de terre mêlée au nuage. Puis autre chose. Peu de choses. Le reste est blanc. Très simple est l’inévitable.

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De deux traits jusqu’au vide


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Qui est entré l’eau la fenêtre où rien qu’être parce que seul est le parcours du vide.

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Peut-être ne sommes-nous conviés qu’à de blancs apprentissages. Brièvement.

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ils n’avaient que ces papiers brouillons de l’essentiel sur la langue mais pas écrire seulement avec l’enfant dans une autre chambre

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On ne dirait pas c’est comme si là-bas n’avait lieu qu’ici en silence quelqu’un a vu quelque chose déchirures des mots

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Dans l’étendue


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D’une page jamais écrite (écrire pour monter le mot) mais sa demeure est entière l’instant seul suppose jusqu’où aller quand ce n’est nulle part d’aller.

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Ils sont lĂ


C’est là cette absence la recherche du cahier l’entrée par la lumière d’une quelconque parole baraquement du vide tous en un seulement ce qu’il ne faut pas dire mais sa trace comme de l’or n’avoir trouvé cette tombe comme un piège.

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Sur un mur blanc



Aller puis revenir atteindre et se taire. La main n’emplira pas.

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Cela commence-t-il à être chaque visage chaque paupière de l’instant le vide masque le vide.

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Pourquoi dans le pourquoi du jaune ĂŠtamine contre un mur.

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écrire ne sera qu’entendre l’eau et le feu aligner sur la feuille l’abstinence de chaque mot ainsi cette brûlure au seuil du cahier.

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On ne sait pas ce que remue la parole le carcan la prison au mieux n’y a-t-il que le feu et chaque fois c’est l’origine.

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Le multiple est ici le même. Il n’est même pas de savoir où nous allons la grille s’en charge.

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Le croisement ne trouve que son commencement le début de ce qu’on voit montée et séparation de qui cherche.

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Celui qui n’a que le centre comme autant d’abords



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I Le vrai demeure introuvable si ce n’est qu’il cherche des outils en nous. Quelque chose a plus à voir avec ce qu’il faut abandonner parce que le monde n’est qu’une recherche et que nous n’avons que le temps. L’œuvre seule passe par la terre―– par le vide. C’est toujours le dénuement. Et chaque fois un recommencement. Vers ce qu’on ne sait pas.

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II Je n’agis que pour retrouver – et me retrouver – au bord d’un fleuve. L’eau, le sable et la rive : un peu de chaque, mais les bords sont lointains, ne sont que l’inaccessible, ne le seraient sans la main. Quelque chose est au début. Pauvrement. Où ne sont plus que l’intérêt des choses. Là.

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III Dans la main tout s’accorde, même l’étranger, l’autre approche d’un ciel et d’une terre. Que faut-il atteindre de plus ? Quand faut-il être là juste ce qu’il faut ? La chambre est partout pour l’étranger – et partout vide. Figure de celui qui ne peut se rencontrer qu’au hasard des établis un chant une brindille. Frôlement de cet homme qui ne veut pas rester, occupé d’aller, sans tenir compte de la maison. On ne sait de qui il s’agit. Mais le mot s’accorde à d’autres sujets.

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IV En quelqu’un quelque chose Un accès. En accès. La cible ne serait-elle d’un bûcher ? Et l’être ? Peindre alors jusqu’à ce glissement de tout ce qui est nous, sinon comprendre, mais réaliser – entrer dans l’essai de soi, maintenir tant soit peu les origines qu’ouvre une brèche à œuvrer ; cet atelier – mais seulement sur le seuil. Marc ne fait pas autrement. Me laissant quelques cailloux. Et autant de cendres – défiantes.

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Tout l’achevé d’une parole



au moins il y aurait comme s’il n’y avait pas l’œil incendié si pur* pour qu’apparaisse désert tout l’achevé d’une parole

*manuscrit incertain : «peu»

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Matière à feuille et caverne un feu noir exile chaque mot retourne au regard.

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Non ce noir j’écris là avec le noir du poème et quand je reviendra je ne serai plus.

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Atteindre la page


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L’un et l’autre deux sources compliquées s’éloignent de l’eau.

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Toujours la sĂŠparation puis quelques fruits sans arbre que sĂŠpare un verger toute sa force

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Unique regard Sous le pas Ce bouton noir saisi par la main DĂŠvore le printemps.

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À peine dans le visible rayé blanchit presque et au-delà sans rien que le rien maintenance noire brûlée.

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L’un sort l’autre reste mais rien ne les sépare que d’être.

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bleu l’oiseau jusqu’au nid qu’est ce qui ne sera plus tramé dans le blanc taillis.

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Hors d’atteinte presque rien tout part de là ce qu’il faudrait faire mais traqué jusqu’à l’être cerné si bleu de noir.

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Si peu au crayon puis cette tache que rien ne peut atteindre hors peut-être une mère.

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Jusqu’à cet instant de brisure l’enclos s’étoile est-il l’otage d’un rêve

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Pour un peu de lumière


Là-bas ne serait qu’ici autre et même pour le dire la maison ne se voulut que séparée.

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Chaque trait de l’infime ces bleus qui s’occupent de paroles en un silence noir gravés hors de la scène pour un peu de lumière

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C’est l’atelier des traits nuit d’inachèvement dans un feuillet.

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Blessé par ce rouge l’obscur s’y prend qui le dévore

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Peut-ĂŞtre un tapis exubĂŠrance du vol autant de chemins sous la pluie.

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Les ailes regardent l’oiseau Et peut-être s’en passent rejoindre

a tant besoin de l’arbre.

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L’eau l’iris le même ciel au sol ce gars qui se demande quel homme vient de passer ayant vidé ses poches

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Jusqu’à les atteindre sans jamais les rejoindre seulement ce vide oÚ fermente la rose.

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Peut-être n’est ce que le corps ébauche d’arbre chambre des sens mais le visage est de terre l’eau infectée.

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simplement ce trait noir partant d’un bout de crayon ne rien laisser par là sinon rien.

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Presque noir dans la durée d’écrire forge jusqu’où va ce qui est pressé de racines mais jamais l’arbre jusqu’où va ce qui va jusqu’à ce noir filé.

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TOUT CE POURQUOI EST DE SEL Reproduit 47 œuvres sur papier de Marc Feld Liste des œuvres : 1/P6 : 1999-glycéro, huile et pigment sur papier 50X76cm. 2/P9 : 1999-glycéro, huile et pigment sur papier 50X76cm. 3/P11 : 2000-huile sur papier 50X65cm. 4/P14 : 2002-huile, pastel à l’huile et scotch noir sur papier 65X120cm. 5/P16 : 1996-huile sur papier 13X15cm. 6/P18 : 1996-huile et crayon de couleur sur papier 14X19cm. 7/P20 : 1996-huile sur papier 12,5X14cm. 8/P24 : 1999-huile, poudre de marbre et stylo bille sur papier 50X65cm. 9/P26 : 2001- huile et stylo bille sur papier déchiré 45X64cm. 10/P29 : 2001-huile et stylo bille sur papier 45X64cm.11/P32 : 2002-mine de plomb, pigment et moisissures sur papier 38,5X56cm.12/P34 : 2003-huile, poudre de marbre et pigment sur papier.45X64cm.13/P36 : 2003-huile et pigment sur papier.21X29,7cm.14/P37 : 2003-huile et pigment sur papier 21X29,7cm.15/P39 : 1999-glycéro sur papier.50X76cm.16/P40 : 1999-glycéro sur papier.50X76cm.17/P45 : 1999-glycéro sur papier.50X76cm.18/P49 : 2000-huile, pigment et poudre de marbre sur papier 65X100cm.19/P51 : 1997-huile sur papier 21X29,7cm. 20/ P52 : 1997-huile sur papier 21X29,7cm. 21/P54 : 2002-gouache sur papier 21X29,7cm. 22/P55 : 2002-gouache sur papier 21X29,7cm. 23/P57 : 2002-gouache sur papier 21X29,7cm. 24/P58 : 2002-gouache sur papier.21X29,7cm. 25/P65 : 1999-glycéro, huile et pigment sur papier.50X76 cm. 26/P66 : 1999-glycéro, huile et pigment sur papier 50X76 cm. 27/P68 : 2000-huile, mine de plomb et scotch blanc sur papier déchiré 24X32cm. 28/P70 : 2004-huile et poudre de marbre sur papier.50X65cm. 29/P73 : 2004-huile et poudre de marbre sur papier 50X65cm. 30/P74 : 2004-huile et poudre de marbre sur papier.50X65cm. 31/P77 : 2002-huile sur papier 21X29,7cm. 32/P78 : 2003-huile et pigment sur papier calque 61X87cm. 33/P80 : 2003-huile et pigment sur papier calque 61X87cm. 34/P82 : 2002-huile sur papier 24X32cm. 35/P84 : MVF.2003-huile et pigment sur papier calque.61X87cm. 36/P86 : 2003-huile et pigment sur papier calque61X87cm. 37/P89 : 1995-huile sur papier 10X17cm. 38/P91 : 1995-huile sur papier 10X17cm. 39/P93 : 1998-huile sur papier.57X77cm. 40/P95 : 1995-huile sur papier 15X19,5cm. 41/P 96 : 2004-pigment sur papier50X65cm. 42/P99 : 2007-huile sur papier 65X120cm. 43/P103 : 2006-huile, crayon de couleur et mine de plomb sur papier 24X32cm. 44/P104 : 2007-huile sur papier.65X120cm. 45/ P106 : 2007-huile sur papier 65X120cm. 46/P108 : 2007-huile sur papier 65X120cm. 47/P111 : 1999-huile et mine de plomb sur papier.45X64cm.

Achevé d’imprimer en mai 2008 à Bordeaux cette même ville qui eut ton dernier mot


Peu avant de disparaître, Thierry Metz s’est rendu dans l’atelier de Marc Feld. Il y est resté de longues heures, parcourant les peintures de Marc comme si il (re)trouvait la trace de son propre cheminement. Il y a franchi l’entrée d’une connaissance dont la poésie seule détient la clé, Aller puis revenir atteindre et se taire Quelque douze années plus tard, Thierry Metz et Marc Feld renouent le dialogue intime que la grâce seule sauve de la disparition,

Thierry Metz Marc Feld

Tout ce pourquoi est de sel

Le vrai demeure introuvable si ce n’est qu’il cherche des outils en nous. Quelque chose a plus à voir avec ce qu’il faut abandonner parce que le monde n’est qu’une recherche et que nous n’avons que le temps. L’œuvre seule passe par la terre―– par le vide. C’est toujours le dénuement. Et chaque fois un recommencement. Vers ce qu’on ne sait pas.

ISBN : 978-2-913406-79-7 www.pleinepage.com L’un dans l’autre

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