Thierry Gervais. L’Illustration photographique

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Introduction

Adopter les postulats de l’inéluctable ou de l’évidence, c’est faire l’économie de l’histoire, celle du croisement de la photographie et de la presse, et donc celle de l’illustration photographique. Comme en témoigne l’image du fort de Veracruz publiée dans L’Illustration, la rencontre n’a rien d'évident. Avant de rejoindre les colonnes de l’hebdomadaire, le daguerréotype doit passer par les mains du dessinateur puis du graveur, tous deux contribuant à la création d’une nouvelle image dont l’aspect ne se distingue pas des autres illustrations. Plus tard, lorsque la technique de la similigravure autorise La Vie au grand air à se passer des artisans pour publier des photographies, les images, soutenues par des mises en pages audacieuses, s’éloignent du seul régime de l’information pour exploiter le registre du spectaculaire. L’illustration photographique s’intègre à l’économie générale du journal illustré qui existe avant l’apparition et la diffusion du médium argentique et doit répondre à des codes et des exigences. La presse illustrée fait preuve de deux ambitions indissociables : diffuser de l’information et séduire son lectorat par l’image. La photographie et les mises en pages s’adaptent à cette double exigence qui structure le journal illustré. Au-delà des figures du journaliste et du photographe, des acteurs œuvrent en amont et en aval de la production des informations pour réaliser la publication. Ils commandent les articles, sélectionnent les images, trient les nouvelles, sollicitent les graveurs et imposent une ligne éditoriale. Ils maîtrisent les conditions qui règlent le

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