let'smotiv nord & belgique n°72 - mars 2012

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n째72 / mars

2012 / GRATUIT

nord & belgique Cultures et tendances urbaines



Sommaire Let’smotiv - mars 2012 - #72

Woodcuts Winter In Paris © Roman Klonek // Pizzangrillo © DR

06 News Les « Néons » de La Maison Rouge, New Order dans un coffre,

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Marvin Gaye à Ostende, Le FIGRA, La tournée de Pompidou, Le BIFFF

Rencontre Normand Baillargeon : Liliane est au lycée

14 Portfolio Roman Klonek touche du bois 22 Brad Musique The Fall par Luz, M83, Future islands, Hazb'rock, Lee Fields, Mehldau, New Build, La Colonie de vacances, Primus, Breton

38 de Cinéma L'Hybride et la Fête de l'Animation, Les Nouveaux chiens garde, Festival du cinéma européen, 38 Témoins, Oslo 31 août

46 Expositions American Tintypes, Picasso et David Douglas Duncan, Biennale de la Photographie de Liège, Le Baroque en Flandre, Bulles d'antiquité, Une vie à la mode, Bruxelles 2040... Agenda

64 Théâtre Cabaret de curiosités, Festival VIA, Libertés de séjour, Grisélidis, Nicomède et Suréna, Les Sept Doigts de la Main, Festival les Repérages, Salves, Tommorrow's parties... Agenda

84 Littérature Biennale du livre d'artistes d'Arras

86 Livres Patrik Ourednik, Anne Wiazemsky, Maylis de Kerangal,

88 Disques Air, Electricty In Our Homes, Speech Debelle,

90 Agenda concerts

Franck Magloire, Stéphane Bouquet The 2 Bears, Disappears

98 Le mot de la fin Janol Apin, métropolisson


Let’smotiv Nord & Belgique 114 rue Barthélémy Delespaul - F-59000 Lille Tél : +33 362 64 80 09 - Fax : +33 362 64 80 07 redaction.nord@letsmotiv.com redaction.bruxelles@letsmotiv.com

www.letsmotiv.com Let’smotiv Nord & Belgique est édité par la Sarl L'astrolab* - info@lastrolab.com Membre du réseau Let’smotiv Magazines L'astrolab* Sarl au capital de 5 000 euros RCS Lille 538 422 973 Dépôt légal à parution - ISSN : en cours Directeur de l’édition : Nicolas Pattou nicolas.pattou@lastrolab.com Rédaction : Thibaut Allemand Cédric Delvallez redaction.nord@letsmotiv.com GraphisME : Cécile Fauré cecile.faure@lastrolab.com Publicité : pub.nord@letsmotiv.com administration : Laurent Desplat laurent.desplat@lastrolab.com

Let’smotiv est une publication d’Urban Press www.urban-press.com 18 rue des Couteliers - 31000 Toulouse Tél : +33 561 14 03 28 Fax : +33 561 14 25 22 Mail : info@urban-press.com

Ont collaboré à ce n° : Janol Apin, François Annycke, François-Xavier Béague, Madeleine Bourgois, Pascal Cebulski, Clémence Casses, Mathieu Dauchy, Thomas Delafosse, Florent Delval, Isabel Desesquelles, Hugo Dewasmes, Vincent Dierickx, Marine Durand, Grégory Escouflaire, Carole Lafontan, Vincent Lançon, Hakima Lounas, Luz, Stéphanie Meylan, Raphaël Nieuwjaer, Judith Oliver, Baptiste Ostré, Antoine Pecquet, Bérengère Vito, Olivia Volpi Couverture : roman klonek, www.klonek.de diffusion : C*RED (France/Belgique) ; Zoom On Art (Bruxelles)

Directeur de la Publication : Laurent Buoro Directeur du Développement : Loïc Blanc Rédacteur en chef : Nicolas Pattou Direction Artistique : Cécile Fauré, Christophe Gentillon Régie publicitaire : Proxirégie / salvatore@proxiregie.fr Impression : Imprimerie Ménard, 31682 Labège

L’éditeur décline toute responsabilité quant aux visuels, photos, libellé des annonces, fournis par ses annonceurs, omissions ou erreurs figurant dans cette publication. Tous droits d’auteur réservés pour tous pays. Toute reproduction, même partielle, par quelque procédé que ce soit, ainsi que l’enregistrement d’informations par système de traitement de données à des fins professionnelles, sont interdites et donnent lieu à des sanctions pénales. ı Let'smotiv est imprimé sur du papier certifié PEFC. Cette certification assure la chaîne de traçabilité de l’origine du papier et garantit qu'il provient de forêts gérées durablement. Ne pas jeter sur la voie publique.

Papier issu de forêts gérées durablement



Jason Rhoades, Sans titre, 2004 © Courtsey Collection Frank Cohen

En bref… à pleins tubes Qu'il clignote sur les devantures des casinos, ou qu'il grésille au plafond d'une vieille salle de classe, le néon est partout. Il n'avait pourtant jamais fait l'objet d'une exposition. Oubli brillamment rattrapé par la Maison Rouge, qui, en une centaine d'œuvres signées de 83 artistes, nous éclaire sur l'utilisation du célèbre tube fluorescent dans l'art contemporain. Néon (who's afraid of red, yellow and blue ?), révèle de façon éblouissante la poétique propre à ce matériau. Jusqu'au 20.05, Paris, La Maison Rouge, mer>dim, 11h>19h (sf jeu 21h), 7€, +33(0) 1 40 01 08 81

© DR

Retromania ! Tout a commencé par une mauvaise blague, lancée sur le web en 2010 par le site américain Thinkgeek : créer un boitier vintage pour l'iPad, une borne d'arcade à la fois encombrante et un peu clinquante, l'iCade. Devant l'engouement d'internautes nostalgiques du temps d'Asteroids, Pong ou Battlezone, la société ION Audio a commercialisé le produit. Une manière de combiner le bouton poussoir, le stick analogique et l'écran tactile. Tout ça pour la modique somme de 99€ ! - ne reste plus qu'à s'offrir l'iPad... www.ionaudio.com

Télex

« Déjà qu'on n'aura jamais le lundi au soleil, ce serait bien qu'on obtienne au moins des droits sur les images de nos prestations ! » se sont dit les douze Clodettes, qui demandent aujourd'hui 16 000 € chacune à une société de droit des artistes. L'histoire ne dit pas si les ayant-droits de Claude François étaient au courant.


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Unknown treasures

© DR

Raone © DR

Puisqu'un numéro de Let's Motiv ne serait pas tout à fait complet s'il ne mentionnait trois fois New Order ou Joy Division, on ne peut s'empêcher de citer cette anecdote. Alors que Jamie Oliver ouvrait un restaurant dans une ancienne banque de Manchester, le chef fit une descente dans les coffres. Qu'y trouva-t-il ? Outre le menu fretin (un flingue et 1,3 millions d'euros), il mit surtout la main sur des bandes rares et jamais exhumés de la bande à Barney Sumner !

What's going on ?

BIFFF

Au début des 80's, Marvin Gaye, polytoxicomane, confronté à une série de problèmes (séparation d'Anna Gordy, fisc, contrat avec Motown) est au plus bas. Le promoteur Freddy Cousaert l'invite alors à Ostende pour une cure à base d'iode. Cette convalescence flamande lui permet d'écrire Sexual Healing et de renouer avec les charts du monde entier. Amateurs de pélerinages, vous pouvez parcourir la ville avec, dans les oreilles, le récit de ce légendaire épisode belge. Introduite par Jamie Lidell, complétée d'images d'archives et interviews, cette application rappelle l'apport belge dans la soul.

Le Brussels International Film Festival s'est imposé comme ZE place to be pour tous les amateurs de fantastique. A quoi ça tient ? à son atmosphère conviviale, attirant les cinéphiles les plus tarés, (pardons, pointus) comme les curieux de passage. à sa programmation, aussi, mêlant films d'auteur, expérimentaux, premiers longs-métrages, et poids lourds. Pour cette 30e édition, Lloyd Kaufman (fondateur de Troma) et William Friedkin (French Connection, l'Exorciste) seront de la partie ! C'est pas fantastique ?

www.visitoostende.be

Brussels International Film Festival, Bruxelles, Tour & taxis, 5.04>17.04, www.biff.net

C'est le grand mystère du Lokerse Feesten : comment fait-il pour accueillir, chaque année, les plus grandes résurrections ? En 2012, et en attendant le retour du Messie, on retrouvera The Beach Boys. Les Californiens fêtent leur 50e anniversaire avec une date unique en Belgique – et à un prix somme toute modique. Good Vibrations ? Pour sûr !


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Contrôle technique Les élections approchant, le site Owni.fr et iTélé viennent de lancer le véritomètre. Le principe ? Les grands thèmes de la campagne (économie, santé, éducation, immigration, sécurité...) sont abordés à travers les chiffres du chômage, de la dette, des indicateurs de croissance, etc. Tirés de sources officielles (INSEE, ministère de l'intérieur, des finances, etc.), on confronte ensuite ces données aux discours des candidats. Pour l'heure, Marine baratine, quand JeanLuc semble le plus proche des faits. Ludique, ergonomique et utile !

© Pierre Thibaut, CRNP de C.

Chroniques d'un Iran interdit © DR

http://itele.owni.fr/

Quoi de neuf, Doc ?

La tournée de Pompidou

Jamais avare d'un bon mot, Jean-Luc Godard aimait dire que le « le cinéma c'est la vérité vingt-quatre fois par seconde ». On n'a pas calculé, mais le FIGRA doit compter un bon paquet de vérités ! Jugez plutôt : 72 documentaires en compétition, répartis en plusieurs catégories (plus de 40 minutes, moins de 40 minutes, Terre(s) d'Histoire...). Sans parler des rencontres avec des journalistes tels que P. de St-Exupéry (Revue XXI) ou H. Ghesquière (France 3).

Si tu ne viens pas à Pompidou, Pompidou viendra à toi ! Délesté de ses tubes, le Centre Pompidou se glisse dans 3 tentes légères (surface totale : 650 m²) et sillonne nos vertes prairies avec des chefs-d'oeuvre de sa collection. Le thème de cette exposition gratuite ? La couleur au cours du xxe siècle. Accessible à tous (et surtout aux enfants), ces modules accueillent les œuvres d'artistes majeurs comme Picasso, Matisse, Klein, Dubuffet, Léger ou Niki de Saint-Phalle.

21>25.03, Le Touquet Paris-Plage, Pass complet 20€, +33 (0)3 21 06 72 00

Télex

Cambrai, Place du Marché, 18.02>15.05 puis Boulogne S/ Mer, Parking inférieur de la Gare Maritime, 15.06>15.09

Baptisez votre enfant Titeuf, et vous vous ferez appeler Arthur ! C'est ce qui est arrivé à un couple de parents qui voulait nommer son gamin comme le personnage de Zep. Bon, le bambin s'en est tiré pour cette fois, mais l'avenir s'annonce rude, avec des darons aussi bien inspirés.



Triviale poursuite ?

on mmari and e / Fla t Allem Thibau Alain Delorm ¬ r a p © is argeon recueill propos ormand Baill ¬N photo

Normand Baillargeon

Ça commence avec un sous-ministre, Frédéric Lefebvre, qui cite Zadig et Voltaire comme son ouvrage de chevet. Ça continue avec un Nicolas Sarkozy qui évoque Roland Barthes en prononçant « Barthès ». Oui, comme le joueur de foot. Et nous tous de se gausser devant ces ignares qui nous gouvernent. Et ça se conclut avec Normand Baillargeon, essayiste québecois et libertaire, qui pose une question simple : est-il indispensable d'être cultivé ? Derrière cette question provoc', se profile une autre interrogation : qu'est-ce que la culture générale ?


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Comment définiriez-vous la culture générale ? J'essaie d'en proposer un modèle assez modeste. La culture générale serait la manière la plus large possible de parcourir toutes les formes de savoirs. Et je dis bien « la plus large », car bien que qualifiée de « générale », elle néglige souvent de nombreux domaines.

Comme les sciences, auxquelles vous consacrez une belle partie de l'ouvrage ? Par exemple. La culture générale idéalisée est très nettement artistique, littéraire et humaniste. Or, afin que cette culture soit réellement « générale », elle doit être complétée d'un bagage mathématique et scientifique. Il est impossible de comprendre

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le monde et d'exercer une citoyenneté pleine et entière sans maîtriser un minimum de références scientifiques et mathématiques. Cet idéal remonte aux Lumières, à Condorcet : une union des maths, des sciences, des lettres et des humanités. Vous évoquez même un snobisme anti-maths ! Oui. C'est la seule des formes de savoir où l'on peut sans mal être fier d'être incompétent. Personne ne se vante de ne pas savoir qui est Bach, Shakespeare ou Molière. Ce phénomène est étrange, mais universel. Cela tient sans doute à l'enseignement, basé sur l'utilitarisme. Or, les mathématiques ont une valeur intrinsèque qui n'a pas à être justifiée par une utilité supposée.

tard qu'ils n'auraient jamais décodé l'ADN sans le travail de la biologiste moléculaire Rosalind Elsie Franklin, dont le nom est passé à la trappe. Il y a des contre-exemples, comme Marie Curie, mais ce n'est rien à côté de l'immensité des oublis ciblés. La culture générale reste un héritage de l'Histoire et reproduit les conditions matérielles objectives dans laquelle on vit, avec ses biais et ses exclusions. Y-a-t-il des rapprochements entre culture populaire et « haute » culture ? Pendant longtemps, au nom de la distinction, pour reprendre le terme de Pierre Bourdieu, la haute culture se définissait en opposition à la culture populaire. Depuis 50 ans environ, ces rapports changent : à l'université, on peut désormais étudier Hendrix ou les Beatles en musicologie et faire un mémoire de littérature sur Brassens. Je m'en réjouis, car des éléments issus de la culture populaire sont dignes de faire partie de cette culture générale. Mais il faut éviter de tomber dans le relativisme du tout-culturel.

« Internet est la source d'une grande illusion »

Pourquoi dites-vous que la culture générale est « excluante » ? On peut émettre des réserves sur le caractère « général » de cette culture. Je la trouve sexiste, entre autres, car dans beaucoup de formes de savoirs, les contributions féminines ont été occultées. Prenons un exemple : au début des années 1960, James Watson et Francis Crick ont reçu le prix Nobel pour leur découverte de l'ADN. Mais ils ont reconnu plus

à propos de culture populaire, vous évoquez également les bourses du travail du xixe siècle. Je suis frappé, lorsque je viens en


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« Pour critiquer la culture générale il faut justement en avoir » N. Baillargeon

France, par le nombre d'anciennes bourses du travail. C'était des lieux qui, en plus d'être des lieux de combat, de solidarité et d'entraide, étaient marqués par un profond respect pour la culture, le savoir et l'éducation. Soit les trois piliers pour l'émancipation individuelle et collective. Aujourd'hui, la classe ouvrière n'a plus ces endroits, et je le crains, s'est même détournée de l'envie de culture. De son côté, l'école a tendance à répondre aux exigences économiques en préparant à l'emploi. Il s'agit de « compétences » et non de « connaissances ». Le rapport au savoir, et donc à la culture générale, est totalement différent. Internet a-t-il pris le relais de ces bourses du travail ? Pour l'heure, c'est vrai, on peut réel-

lement se cultiver sur le Web. On trouve même de nombreux sites pédagogiques absolument passionnants. Mais c'est également la source d'une grande illusion, selon laquelle la transmission de savoirs ne serait plus nécessaire, puisqu'il suffirait de piocher des informations sur la Toile. Or, un savoir préalable est nécessaire avant de s'attaquer à la masse de données dont dispose Internet, ne serait-ce que pour trier le vrai du faux ! /

à lire /N. Baillargeon, Liliane Est Au Lycée, Éd. Flammarion, Coll. Antidote, 114p., 8€



Roman Klonek

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Touche du bois Sérigraphie, peinture sur bois // Düsseldorf, Allemagne // www.klonek.de

Düsseldorf, fin des années 90 : étudiant en arts graphiques, Roman Klonek se découvre une passion pour la gravure sur bois. 13 ans plus tard, cet illustrateur d'origine polonaise n'en démord pas. Au contraire, il produit encore, à la force de ses mains (et d'un travail fastidieux !), une trentaine d'œuvres par an. Sa démarche obéit toujours au même tiercé gagnant : d'abord, un crayonné sur papier. Puis, le travail de composition sur ordinateur. Enfin, l'étape cruciale : la réalisation. Armé d'une sorte de gouge ou de burin, Klonek découpe sa planche de sorte qu'à chaque passage sous presse, seuls les motifs souhaités d'une couleur donnée apparaissent. Et prend ainsi le contrepied de la norme, en faisant de chaque affiche sérigraphiée une œuvre unique. Son style personnel allie couleurs primaires, teintes fortes et petits personnages


texte ¬ Carole Lafontan

fantasques, « aux confins de l'image de propagande, du folklore traditionnel et de la pop ». Cette esthétique trouve ses racines dans les dessins-animés d'Europe de l'Est des années 30, dont Roman est fan depuis sa tendre enfance – son père collectionnait les vieux films d'animation en Super 8 en provenance de Pologne et de Russie. Klonek s'offre au quidam à travers des expositions visibles dans le monde entier (de Paris à Berlin ou de São Paulo à Londres), dans la presse magazine ou pour des multinationales telles que Pepsi, MTV ou Sony. Mais ne déroge jamais à un principe, valable dans son art comme dans sa vie, celui de l'indépendance : « Je fais toujours ce que je veux ». Encore plus fort qu'un épisode de Bolek i Lolek, une série d'animation télé polonaise qu'on ne saurait que trop vous conseiller.


propos recueillis par ¬ F-X Béague

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The Fall

par Luz

Dessine-moi un orage

The Fall, ou la chute d’une giboulée mancunienne hors-calibre pour ratiboiser ce mois de mars. De quoi lessiver jusqu'à la dernière parcelle de culture bien peignée. Emmené par l'inoxydable Mark E. Smith, The Fall a publié 1586 albums et exécuté le triple de concerts en 30 ans de tumultes, d'afterpunk de post-tout le reste. En guise de bulletin d'alerte rouge, un DJ-set de Luz, franc-tireur et artificier en chef de Charlie-Hebdo. Les platines ou le crayon ? Les deux ! Surtout s’il s’agit de croiser la route de cet irascible Mr. Smith.

Luz et The Fall, c’est une histoire qui remonte à quand ? A la fin des années 90. J'avais passé les 80's à tenter de les oublier, et j’ai dû rattraper mon retard : le punk, le postpunk... Je découvre donc The Fall avec

l'album Cerebral Caustic (ndlr.1995). C'était moderne et surprenant… Au-delà du post-punk, j'avais par ailleurs une grosse culture Krautrock, et The Fall s'est retrouvé à la confluence de mes goûts musicaux. Je suis fasciné par


The Fall © DR

cette détermination à creuser toujours le même sillon, d’album en album. Ce groupe crée et se recrée sans cesse à travers de nouvelles détériorations. Comme l’image toujours plus altérée d’une vieille VHS. « Always the same, always different », disait John Peel. Ca me fascine parce que ça s’appelle, tout bêtement, la vie. Et il y a plus de vie dans un rot de Mark E. Smith que dans toute la discographie des Enfoirés… Vous avez même fait de Mark E. Smith le sujet d'une bande dessinée ? Dans The Joke, j’ai voulu livrer ma petite approche d’un personnage hors du monde, et mettre en exergue sa dimension poétique, à défaut de pouvoir

dire qui il est vraiment. C’est d’ailleurs ce qui suscite tant de discussions : certains le trouvent dur, d’autres ridicule, personne n’est jamais d’accord, à la fin d’un concert de The Fall. Mais qu’on l’ait trouvé génial ou nul, ça parle toujours à tout le monde. Et d'une manière explosive. The Fall pratique assidument le jeu de massacre. Tout comme le dessinateur satirique, non ? Le point commun c’est comment faire de la place autour de soi dans une société qu’on n’aime pas. Mais je suis beaucoup plus lisse dans mon travail ! Je m’occupe du ridicule des autres, quand Smith met ses propres problèmes >


The Fall, en concert, par LUZ - Une bande dessinée parue dans la revue Hit Records n°1, janvier 2002, Stéreoscomic Collection éditeur - c/o Alban Rautenstrauch

sur la table. Il est dans l’autodestruction qui propose, et moi, dans une proposition de destruction… Comment prépare-t-on un DJ-set en ouverture de The Fall ? L’Aéronef m’avait d’abord proposé de passer après le concert. Mais je trouvais plus intéressant de préparer à l’écoute de The Fall, de laisser le point final à Mark E. Smith. Installer une certaine métronomie avant la pulsation particulière de The Fall. Or, c’est dans les mers calmes qu’on fait les plus belles tempêtes… Voilà, c’est ça : le cri des mouettes avant que le tsunami ne vous tombe sur la gueule… Vous l’avez déjà approché personnellement, le tsunami ? Seulement photographié, un jour où il était de bonne humeur. C’était pour

Trois premiers morceaux sans flash, un livre que j’ai réalisé avec mon amie. On était prudent… ça s’est bien passé. Sur la photo, on dirait un petit gamin progériaque. Oui, c'est ça : un vieux gamin qui passe son temps à faire des conneries. Quant à discuter, ce qui devait arriver arriva : je lui ai parlé, il m’a répondu et je n’ai rien compris. Un conseil, pour le lecteur novice, sur le point de se frayer un chemin dans cet univers ? Démerdez-vous ! (rires) Et venez le voir en concert. Pour finir, une faveur : dis, Luz, dessinemoi une chanson de The Fall… Une chanson de The Fall ? (Il dégaine son sketchbook. Silence. Recueillement). Mais c’est n’importe quel dessin ! Pourvu qu’il déchire la feuille ! /

à voir et écouter / The Fall + Luz (DJ-set), 6.03, 20h, Lille, L'Aéronef, 22/18€, +33 (0)3 20 13 50 00 à écouter / Luz et le producteur suisse Kid Chocolat alias Les Scribblers ont sorti un 45t picture disc dont la face B s'appelle... Mark E. Smith à lire / Trois premiers morceaux sans flash de Stefmel et Luz, 32 p., 20€, tiré à 500 ex. seulement, www.stefmeluz.com


« Il y a plus de vie dans un rot de Mark E. Smith que dans toute la discographie des Enfoirés »

Meylan

Mark E. Smith © Stéphanie

DJ Luz


texte ¬ Bérengère Vito photo ¬ Anouck Bertin

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La tête dans les étoiles Comme d’autres groupes français avant lui, M83 a choisi de s’installer dans le pays où sa musique était le mieux accueillie. Adieu Antibes, hello Los Angeles. La tête pensante et chercheuse Anthony Gonzalez peut ainsi continuer de rêver sous les cocotiers, au cœur de l'empire américain. M83 fait une escale dans le coin. Profitons-en ! M83 était au départ un groupe composé de deux jeunots de 20 ans : Anthony Gonzalez et Nicolas Fromageau. Le tandem vouait un culte à Mogwai, mais n'avait jamais entendu parler de My Bloody Valentine. On retrouvait cependant l'amour de ces nappes sonores propices à l'abandon. Emporté dans des échappées grandioses et des élans mélancoliques, l’auditeur retrouvait irrémédiablement son cœur à la limite de l’asphyxie, entre bonheur et tristesse. Resté seul à bord, Anthony Gonzalez drague alors les Américains mais sort un album mi-figue mi-raisin (Saturdays = Youth, 2008). On croyait le groupe perdu mais M83, désormais installé à Los Angeles, est revenu l’an dernier avec Hurry Up, We’re Dreaming. Un double album encombré d'effets et d'ambiances synthétiques qui pêche un peu par son excès. Il n’en offre pas moins et comme toujours des moments de grâce qui nous plongent dans un état second. En live, le groupe s’appuie sur des morceaux plus pop et plus dansants que par le passé, soutenus par une voix féminine. Enveloppé dans un décor scintillant, M83 offre à son public des chansons-communions, qui nous font voyager à 10 000 lieues d’ici, que ce soit dans la Cité des Anges ou dans la fameuse galaxie nommée... M83. / M83 16.03, 20h, Tourcoing, Grand Mix, Complet !



texte ¬ Cédric Delvallez - photo ¬ The Toxic Avenger © Philippe Delacroix

texte ¬ Thibaut Allemandr - photo ¬ Mike Vorassi

musique |

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Future Islands

Hazb'rock

Sur le papier, Future Islands ne ressemble à rien. Ou plutôt, à une incalculable tripotée de groupes dispensables en mode basse-batterie-synthés. Et pourtant, le trio de Baltimore s'est rapidement révélé attachant, en trois albums évoquant à la fois Fujiya & Miyagi et New Order – forcément. Mais qu'a-t-il de plus, finalement ? La réponse est scénique, et limpide. Lorsque claquent basse et batterie mécaniques, le tout survolé par des lignes de synthés lumineuses et enfoncé par le chant enroué du leader ventripotent Samuel T. Herring – ce dernier assurant le spectacle à lui seul. L'ensemble donne vie à des chansons dansantes et mélancoliques, idéales pour les rêves éveillés ou les raves tristes. Ces trois Américains un peu ploucs dégagent une réelle humanité et dessinent une pop synthétique à la maladresse charmante. /

Le Pays Cœur de Flandre ? C’est ce territoire étendu entre Lille et Dunkerque, éclaté en petites communautés, relativement délaissées, voire oubliées par le tatapoum électrique. Heureusement, Hazb’rock voit le jour en 2009, sous la houlette du Centre André Malraux, avec pour objectif de développer les musiques actuelles. Qu'elles soient électroniques (le DJ français The Toxic Avenger, qui a enfin lâché son masque !) ou folk rock (le guitariste anglais Robin Foster, ici accompagné de son ami Dave Pen, tête pensante d' Archive). Cette salutaire caisse de résonance en région soutient aussi la scène locale, des formations comme Unno, Spleenkin et Bison Bisou – supergroupe qui comprend des membres de Sexual Earthquake In Kobe, Tang ou Das Model. Une soirée fédératrice, donc, qui donne un coup de fouet à la Flandre française ! /

5.03, 20h, Tourcoing, Le Grand Mix, 11/8€, +33 (0)3 20 70 10 00

10.03, Hazebrouck, l’Espace Flandre, 20h30, 13/9€, +33 (0)3 28 44 28 58



texte ¬ Hugo Dewasmes - photo ¬ DR

texte ¬ Hakima Lounas - photo ¬ DR

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Lee Fields

Brad Mehldau

Côté pile, Lee Fields met sa voix au service de friandises house comme le fameux Jalousy de Martin Solveig. Côté face, voici un prodigieux crooner de 58 ans, nostalgique de l'âge d'or soul funk des 70's, des cols pelle à tarte et de la fougue de James Brown. Si la ressemblance physique et vocale avec ce dernier est scotchante, Lee Fields ne connaîtra pas le destin glorieux du Godfather of soul. Sa voix rocailleuse et brute, mais caressante et duveteuse, ne s'épanouira vraiment qu'avec sa nouvelle formation, créée en 2009. Musiciens virtuoses, The Expressions flattent chacune des compositions de My World, galette cuivrée d'une perfection et d'une grâce inouïes. Que les détracteurs du revival soul ravalent leurs mauvaise langue, au vu des ébouriffantes prestations livrées l'an dernier, on ne crache pas sur un tel bijou. Même en 2012. /

Si l'on juge la qualité d'un concert au silence qui s'installe dans le public, alors les prestations du trio de Brad Mehldau se hissent parmi les plus remarquables de notre époque. Sur les traces de Bill Evans (qu'il admire), Brad Mehldau s'est imposé, depuis près de vingt ans, comme un des pianistes de jazz les plus créatifs de sa génération. Perpétuellement en quête de l'émotion suscitée par l’art éphémère de l'improvisation, l'Américain développe pourtant des compositions à la solide structure narrative. Pour parfaire cette homogénéité, on retrouve ses complices de longue date, le batteur Jeff Ballard et le contrebassiste Larry Grenadier. Brad Mehldau s’arc-boute sur son piano comme s’il allait l’enlacer et nous invite, avec humilité, à pénétrer dans son intimité musicale. On accepte sans hésiter. /

19.03, 19h30, Louvain, Het Depot, 18/16€, +32 (0)1 622 06 03 // 27.03, 20h, Lille, L'Aéronef, 15/10€, +33 (0)3 20 13 50 00 // 2.04, 19h30, Anvers, Trix, 19€, +32 (0)3 670 09 00

20.03, 20h, Douai, L'Hippodrome, 28/23/18€, + 33 (0)3 27 99 66 66

And The Expressions

Trio



texte ¬ Mathieu Dauchy photo ¬ DR

musique |

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La personne aux 2 personnes C’est un schéma tragiquement fréquent en ces temps de crise : les fins de mois difficiles, les heures sup' pour maintenir un niveau de vie convenable, la solitude de l’open-space… Puis vient le moment fatidique où l’on prend un second boulot. En Grande-Bretagne aussi, on galère. La preuve avec Hot Chip. Soit c’est un pari entre eux, soit les cinq disco-héros de Hot Chip ont décidé d’inonder Internet de projets parallèles à leur formation mère. Après Alexis Taylor et son dispensable About Group ; après le somptueux maxi Gabriel de son comparse Joe Goddard, qu'on a gardé sur la platine et à l'esprit, les discrets Felix Martin et Al Doyle ne pouvaient être en reste. C’est ce dernier, guitariste d’Hot Chip mais aussi ex-LCD Soundsystem (le groupe a mis fin à sa carrière en 2011) qui est à l’origine du projet New Build. Auteur d’un EP très remarqué qui a valu à ses trois membres d’être déjà bookés dans une tripotée de festivals d’été, New Build a certes profité de la bienveillance de l’entourage de ses deux groupes « parents ». Il a surtout convaincu grâce à une pop électronique qui, de sa mélodieuse subtilité, a chassé de nos souvenirs les subwoofers vomissant du Skrillex. Le trio promet de ne pas rester dans son coin et les premiers remix (Dominik Eulberg et Planningtorock) laissent imaginer des collaborations prestigieuses. Ces stakhanovistes d’Hot Chip promettent en plus un album pour le milieu de l’année. à ce rythme-là, c’est le cinquième larron, Owen Clarke, qui va perdre le pari. / new build 23.03, Bruxelles, Le Botanique, 20h, 13/10/7€, +32 (0)2 218 37 32 à lire / chronique de The 2 Bears p. 89



La Colonie de Vacances

texte ¬ Vincent Lançon - photo ¬ DR

musique |

texte ¬ Thibaut Allemand - photo ¬ Gilles Rammant

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Primus

Il y a quelques mois, quatre fleurons du rock indé hexagonal prenaient la route (ensemble) et enchaînaient les petites salles. Au programme ? Le tandem Pneu, dont le math-rock frappadingue suinte l'approximation chirurgicale. Electric Electric, hybride de Shellac et de Slayer, canal hystérique du label Herzfeld. Papier Tigre, amateurs de circonvolutions en 220 Volts et enfin les formidables Marvin, trio guitarebatterie-Moog (et Korg). Bref, la petite troupe alignait les sets, avec une tête d'affiche tirée au sort chaque soir. Marre du hasard ou pressés d'expédier les sets, le carré magique propose désormais un show en quadriphonie ! Les quatre groupes joueront en même temps sur quatre scène, dans une grande partie de squash musical. Un concert qui transpire la franche camaraderie, l'audace et, surtout, vous sort un peu de la routine habituelle. /

Primus, qu'est ce que c'est ? Voyons les enfants, c'est le générique de South Park ! Certes, c'est un peu dur de résumer vingt ans de carrière, quelques pauses et huit albums à une simple chanson débile. Mais au moins, vous situez le propos : une basse prédominante, un groove élastique, une voix nasillarde et des textes outranciers et cartoonesques. Les comparaisons avec Faith No More ou les débuts des Red Hot Chili Peppers n'ont pas manqué de pleuvoir, mais le trio californien s'est toujours situé à part. à quoi ça tient ? Peut-être à un manque de reconnaissance publique. Et peut-être aussi, tout simplement, à des chansons naviguant entre metal rond comme une queue de pelle, funk un peu foufou et country édentée. Bref, autant de genres pas forcément faits pour se rencontrer, mais que Primus a réussi à marier de force, sur disque comme sur scène. /

24.03, 20h, Tourcoing, le Grand Mix, 11/8€, + 33 (0)3 20 70 10

28.03, 20h, Anvers, Trix, 37€, + 32 (0)3 670 09 00 // 31.03, 20h, Lille, L'Aéronef, 22/18€, + 33 (0)3 20 13 50 00 // 2.04, 18h30, Bruxelles, AB, 31€, +32 (0)2 548 24 24



texte ¬ Thibaut Allemand photo ¬ DR

musique |

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Breton Oui, alors, bon. Ce n'est pas le genre de la maison d'être dubitatif – on a plutôt tendance à défendre nos sujets corps et âme, et plus si affinités. Mais dans le cas de Breton, votre fidèle serviteur demeure un peu perplexe. Oh, pas que ces quatre Anglais donnent envie de se jeter par le fenêtre, non. Mais on n'ira pas chanter leurs louanges sur tous les toits, c'est certain. Mais de quoi parle-t-on, au juste ? Tout a commencé dans une banque abandonnée et réinvestie par un collectif d'artistes en tous genres, qui nomment l'endroit le Lab. On pense au Lab Labanque béthunois, mais nous sommes dans le sud de Londres. Parmi ce groupe de créateurs baptisé Breton Labs (en hommage à André, auteur du Manifeste du Surréalisme, nous sommes entre gens lettrés), quatre bricoleurs vidéastes et plasticiens s'essaient au tatapoum, pour sonoriser un film qui ne verra jamais le jour – tiens ! WU LYF avait connu le même genre de déconvenue. Bref, s'en suivent quelques relectures et collaborations tous azimuts (Maps & Atlas, Local Natives, Temper Trap, Tricky...) et une poignée d'EP's naviguant entre new wave, math rock, hip-hop fatigué et inévitables effluves dubstep. Le son de Londres, quoi. Un peu plat sur disque, sautillant et en capuche sur scène, l'ensemble sonne comme des fans de Foals biberonnés aux productions hybrides de Ninja Tune. En attendant, pourquoi ces quatre (Grands-) Bretons sont-ils propulsés en next big thing, à en croire tous les gens bien informés ? Réponse sur les planches. Peut-être. / Breton 1.04, 18h, Roubaix, La Cave Aux Poètes, 8/6€ +33, (0)3 20 27 70 20 11.04, 20h, Bruxelles, La Rotonde, 13/10/7€, +32 (0)2 18 37 32




texte ¬ Cédric Delvallez photo ¬ Piu © DR

cinéma |

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Dessein animé

Plus de 150 films, deux expositions, une flopée de soirées et des rencontres à n’en plus finir... C'est ça, la Fête de l'anim’, et bien plus encore. Un tour d’horizon du monde de l’animation réparti sur trois jours et six lieux mythiques de la métropole lilloise. Le tout organisé d’une main de maitre par les Rencontres Audiovisuelles. « Chaque programme correspond à un lieu », explique le directeur Antoine Manier. Les avant-premières sont par exemple projetées aux Palais des Beaux-Arts de Lille, tandis que les conventions se déroulent à Plaine Images à Tourcoing, nouveau cœur du festival. Ainsi « chacun s’y retrouve et peut établir son propre itinéraire », poursuit-il. « On ne se limite pas au film narratif, type court ou long métrage. Il s’agit de toucher tous les publics en allant sur leur terrain ». Les arts numériques sont notamment mis à l’honneur à la Gare Saint Sauveur, où l’on peut ainsi découvrir les techniques du tracking 3D infrarouge et du mapping – voir B0dysc4pes du collectif 1mn69, créé en résidence à l'Hybride, siège des Rencontres Audiovisuelles... et malheureusement en danger de disparition. Sauvez l'Hybride « C’est une vraie passoire au niveau sonore, et il manque un accès handicapés aux toilettes », souffle Antoine, un peu dépité. Le montant des travaux s’élève à 100 000 €, et seulement 15 000 € ont été récoltés pour l'instant grâce aux adhérents. Côté subvention, le directeur ne se fait pas d'illusion : « les collectivités ne nous soutiennent pas, car nous sommes locataires. Il leur faut des garanties à long terme ». Mais il ne perd pas espoir pour autant : « Si les dons augmentent, elles s'apercevront peut-être de l'importance du lieu ». Réponse avant l'été. D'ici là, profitons-en pour ennuyer le voisinage, à l'origine de tout ce micmac. / La Fête de l'anim' 15>18.03, Lille, Tourcoing, divers lieux, 7/5/3€ (pass : 20€),+ 33 (0)3 20 53 24 84, pour soutenir l'hybride : http://lhybride.org/sauvez-nousn.html


texte ¬ Thibaut Allemand photo ¬ DR

cinéma |

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Franc du collier On ne s'en aperçoit pas toujours en feuilletant ce papier glacé, mais notre rédaction est un champ de bataille. Dernier conflit en date ? Les Nouveaux Chiens De Garde, d'après le pamphlet étayé de Serge Halimi paru en 1997 (et réédité en 2005). Entre les anti, les pro- et les tièdes, il a fallu choisir. Envoyé en décembre à la projection de presse, notre éclaireur revint fourbu : « De l'enfonçage de portes ouvertes qui prêche les convertis... ». D'autres tirailleurs évoquaient le manichéisme, la mauvaise foi... On est allé juger sur pièces. Et resté bouche bée devant cette effarante démonstration. Avec une touche d'ironie bienvenue, Balbastre et Kergoat exposent les relations entre la sphère politique, le monde industriel et les médias. Enfin, les médias... Justement non : en choisissant quelques cibles aussi précises que parlantes (Joffrin, Chabot, Demorand, Barbier...), le documentaire évite la généralisation et démontre comment (et pourquoi) ces courtisans se font les relais de l'idéologie dominante. Sans même parler des « experts » (Attali, Godet...) qui, en pleine crise économique, viennent nous vanter les vertus du libéralisme ! Et si ce film militant enfonce des portes ouvertes, c'est pour les spectateurs déjà rodés à la critique des médias, via le travail de Pierre Carles, de journaux comme Le Plan B ou le site Acrimed.org. Mais pour l'immense majorité, voici un vent d'air frais salutaire, indispensable pour attaquer cette période électorale. / Les Nouveaux Chiens De Garde, de Gilles Balbastre & Yannick Kergoat Avec Arlette Chabot, Laurence Ferrari, David Pujadas, Alain Duhamel, Jean-Pierre Pernaut...



texte ¬ Madeleine Bourgois photo ¬ Birdboy © DR

cinéma |

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Zoom sur la zone euro à 28 ans, ce Festival est un éternel étudiant... qui serait passé pro. Organisé par Prix de Court, association d'élèves de l'EDHEC, cet événement dédié au court-métrage a acquis au fil des ans une solide renommée parmi les professionnels du genre. Cinéastes, jury et public se retrouvent à Lille et Tourcoing, du 30 mars au 6 avril. Le Festival, qui a vu entre autres débuter Cédric Klapisch et Sylvie Testud, est parrainé cette année par David Yates, réalisateur des quatre derniers volets de Harry Potter. Quel lien entre un champion du box-office et près de soixante-dix cinéastes encore méconnus du grand public ? « David Yates a réalisé plusieurs courts-métrage. Et on cherchait une personnalité européenne pour renforcer cette dimension internationale du festival », explique Gabriel Nahoum, l'enthousiaste président de Prix de Court. Européen, donc, le Festival a tout d'un Cannes en court : cérémonie d'ouverture, remise des prix par un jury officiel, ainsi que chaque soir, un événement « Off » , dont la soirée Court Mais Trash, et un ciné-concert où le pianiste virtuose Karol Beffa improvisera sur un film muet. Outre son travail de repérage indéniable, le festival vise un public très large. « Nous n'organisons pas une manifestation de cinéma expérimental. Parmi les 1900 films reçus, nous privilégions les créations de qualité qui restent accessibles à n'importe quel spectateur. » Sans limite de genre, l'essentiel est que ce soit bref. / Festival du cinéma Européen 30.03 > 6.04, Lille, UGC, Cinéma l'Univers / Tourcoing, Le Fresnoy, toutes les séances et soirées Off, 5/3€, sauf soirées spéciales 8/5€, Pass semaine 18/15€, www.filmcourt-lille.com



texte ¬ Madeleine Bourgois - photo ¬ DR

texte ¬ Raphaël Nieuwjaer - photo ¬ DR

cinéma |

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38 Témoins

Oslo, 31 août

Une nuit, une femme est poignardée à mort. Malgré les cris, aucun des habitants de la rue n'a compris. Pas compris, pas vu ou pas entendu. Et pourtant... Il y a bien 38 témoins, qui ont vu, entendu, et laissé faire. 38 témoins qui croient à leur innocence, et se cachent derrière une prétendue impuissance. Très vite, le film délaisse la question du coupable (qui a tué ?) pour celle de la culpabilité, auscultant la manière dont les individus et la société répondent à ce meurtre. Parfois plombé par des dialogues pompiers, le film utilise avec force le potentiel dramaturgique du Havre industriel (son béton, ses docks et ses inquiétants porte-conteneurs), pour tirer le portrait d'une humanité lâche et spectatrice du pire. Glaçant. /

Le cinéaste Joachim Trier est féru de listes. Son film démarre par une énumération de « Je me souviens » où on préfère, nous dit-on, « le mot mélancolie au mot nostalgie ». Il aime aussi les gros plans sur les visages tout juste usés des trentenaires, les grains de beauté, la dent de travers, unique défaut de la jolie fille draguée en boîte. Sa caméra fixe les yeux écarquillés pour tenter de comprendre cet Anders, ex-toxico en fin de traitement. En vagabondage autorisé d'une journée dans Oslo, il a 24 heures pour renouer avec ses proches et poser les jalons d'une nouvelle vie ; c'est trop court et d'ailleurs il n'y croit pas. Introverti, parfois séducteur voire éloquent, puis à nouveau blessé et silencieux, le personnage, en permanence dans le champ de la caméra, avance de retrouvailles en déception, l'été lui accordant des moments de grâce. /

Un film de Lucas Belvaux Avec Yvan Attal, Sophie Quinton, Nicole Garcia, Natacha Régnier,... Sortie le 14.03

Un film de Joachim Trier. Avec Anders Danielsen Lie, Hans Olav Brenner... Sortie le 29.02



exposition |

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Unidentified Young Boy Wearing a Large Hat, 1860s


texte ¬ Grégory Escouflaire photos ¬ DR

Unidentified Young Woman Wearing a Red Scarf, 1870s

A Couple of Unidentified Farmers, Hands Crossed, 1860s

American Tintypes Le passé révélé

Alors que le numérique règne en maître, charriant une foule d’apprentis photographes, la Box Galerie de Bruxelles présente une étonnante exposition de ferrotypes (« tintype » en anglais), soit quelque 150 clichés datant de la seconde moitié du xixe siècle. Un regard sur une certaine mémoire collective, celle des grands mythes couleur sépia d'Outre-Atlantique. Mis au point dans l’Ohio en 1856, le procédé du ferrotype est constitué d’une mince plaque d’acier sur laquelle s’imprime la lumière, et donc l’image photographiée. Le support n’étant pas

transparent, il empêche sa reproduction, ce qui rend chacun de ces clichés unique. Son âge d’or se situe entre les années 1860 et 1890, et s’impose très rapidement en Amérique comme le >


Unidentified Girl Holding Flowers, 1860s

Three Unidentified Pinkerton Agents, 1870s

moyen le plus facile de se faire tirer le portrait : pas cher, finalisé en quelques minutes, le ferrotype permet aux moins nantis d’avoir enfin accès à la photographie - et à nous de mieux saisir ce quotidien, le leur, à la fois si lointain et si proche. En quelques années les studios se multiplient, en ville ou mobiles, afin de battre la campagne au fil des foires et des fêtes locales.

galerie. Alignés en file indienne, tous les clichés rassemblés (environ 150, presque tous au format 6 x 10 cm) montrent l’Américain moyen posant sans apprêts, le plus souvent devant un drap tendu ou une toile carte postale… Et généralement sérieux comme un pape. Le sourire n'est pas encore un... réflexe. Face à tant de nouveauté, le visage est crispé – intimidé par cette postérité qui pointe au bout de l’objectif. Avec l’apparition des appareils « de poche » Kodak en 1888, le déclin du tintype sera vite consommé… L’émotion qui transpire de ces humbles portraits n’en est que plus tangible. Il plane comme un parfum d’éternité. /

Derniers témoins « Ces images racontent vraiment l’histoire profonde des Etats-Unis. Avant cela, les petites gens n’étaient jamais photographiées : le daguerréotype était trop cher et l'ambortype, trop fragile », précise Alain D’Hooghe, co-gérant de la

Jusqu'au 14.04, Bruxelles, Box Galerie, mer>sam, 14h>18h, gratuit, + 32 (0)2 537 95 55, www.boxgalerie.be


Unidentified Medicine School Student, 1870s


exposition |

texte ¬ F-X Béague photo ¬ Le regard de Picasso © David Douglas Duncan

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L’artiste en action Cent cinquante clichés comme autant de fenêtres ouvertes sur la frénésie créative du maître, saisi à l’œuvre et parmi ses œuvres : le legs du photographe David Douglas Duncan, admis à partager tous les moments de l’intimité de Picasso, durant sa villégiature provençale (1956-1973). Il aura suffi d’une recommandation du photojournaliste Robert Capa pour que l’Américain devienne le familier du clan, et jouisse en tant qu’observateur d’une liberté sans entrave (Picasso au bain). Don de confiance qui fait de lui notre meilleur « guide dans l’approche de cette période très féconde », rappelle Stéphanie Ansari, commissaire de l’exposition - avant d’insister sur la valeur documentaire du témoignage : « Pas de mise en scène. Les photos sont toujours prises dans les conditions de luminosité existantes ». Heureuse ascèse, car l’intensité du personnage se passait de tout adjuvant. Mais c’est la scénographie retenue qui donne à ce témoignage tout son relief : en regard des tirages, certaines des œuvres qui en remplissent le cadre recréent l’atmosphère de l’atelier (variété foisonnante des travaux en cours : toiles, estampes, sculptures, poteries…), et manifestent la concrétisation du processus créatif (Les Baigneurs sur la plage de la Garoupe). Plus encore, ces confrontations suscitent d’incessants allers-retours du regard : l’œuvre permet d'entrer de plainpied dans l’image, et l’image de saisir à la volée quelque chose du geste qui a fait advenir l’œuvre. Une belle expérience stéréoscopique, en somme. / Picasso à l’œuvre dans l’objectif de David Douglas Duncan 18.02 > 20.05, Roubaix, La Piscine, mar>jeu, 11h>18h, ven, 11h>20h, sam & dim, 13h>18h, 7/4,5€, +33 (0)3 20 69 23 60




exposition |

texte ¬ Judith Oliver photo ¬ Dans la rue (Affichage Decaux) Georges Thiry © Courtoisie Guy Jungblut / Yellow Now

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Love on the BIP

Elle nous toise depuis sa sucette Decaux, charnelle et imparfaite. Ce modèle fait le plus vieux métier du monde et, comme les autres filles de joie immortalisées avec tendresse par Georges Thiry, elle balise notre route jusqu'à la Biennale Internationale de la Photographie de Liège. Le thème 2012 ? L'amour. De quoi enflammer la Cité Ardente. « La Biennale de Liège a souvent abordé des questions d’actualité et de société. Nous avions envie de modifier la tonalité habituelle de l’événement en choisissant un thème plus intemporel, plus proche des affects », confie Anne-Françoise Lessuisse, directrice artistique de la BIP. On s'en réjouit ! Sur un thème pourtant rebattu, la nouvelle édition décoche des flèches plus efficaces que celles de Cupidon. Loin du traitement trash ou convenu, elle se penche sur la difficulté à représenter l'insaisissable : « l'amour est un problème irrésolu qui oblige les artistes à ruser, à revenir à la question essentielle : comment montrer ? ». La saison des amours Loin d'être réductrice, Anne-Françoise Lessuisse a multiplié « points de vue et tempéraments ». Si elle a charpenté elle-même l'exposition principale au Mamac où sont notamment présentés un slide-show majeur de Nan Goldin, la série Grief d'Erwin Olaf ou les clichés poétiques de JH Engström, elle a fait appel à des commissaires extérieurs pour les autres rendez-vous. « From Holland with love » offre ainsi carte blanche au directeur du Fotomuseum de Rotterdam pour traiter de l'intimité, du machisme ou encore de l'idylle. « Rumours/Rumeurs » fait un pas de côté grâce à Pierre Muylle, du Madmusée, et ses artistes outsider Lee Godie ou Miroslav Tichy. Enfin, l'Annexe accueille un panorama de la jeune photographie liégeoise. L'union (libre) fait la force. / BIENNALE INTERNATIONALE DE LA PHOTOGRAPHIE DE LIEGE #8 11.03>6.05, Liège, Mamac (« Only You, Only Me », avec Goldin, Olaf, Pierre et Gilles, Lazarus, Engström...), Hangar B9 (« From Holland with Love »), Madmusée (« Rumours / Rumeurs »), Brasseurs/ L'Annexe (« A fleur de peau »), rues (Georges Thiry), mer>ven 13h>18h, we 10h>18h, www.bip-liege.org


texte ¬ Cédric Delvallez - photo ¬ Philippe Houzé, Photothèque du département du Nord

exposition |

texte ¬ Cédric Delvallez - photo ¬ Anton van Dyck, Martyre de sainte Catherine © ENSBA, Paris

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Le baroque en Flandre

Bulles d'antiquité

1608. Pierre Paul Rubens quitte l'Italie, berceau de l'art baroque, pour Anvers, où il devient le peintre officiel de l'archiduc Albert. La croissance économique bat son plein et permet la reconstruction des lieux saints dévastés par les guerres de religion. Leur décoration nécessite un travail préparatoire minutieux, des ébauches rendant compte de l'œuvre finale au commanditaire... Ici au nombre de 31, elles sont autant de témoignages du renouveau iconographique baroque (courbes, contrastes...) et des techniques qui le caractérisent (la sanguine, les trois crayons, l'aquarelle...). Signés Van Dyck, Jordaens, Diepenbeck ou encore Van Thulden, ces dessins s'inscrivent dans des genres variés : nature morte, portrait, paysage... et bien sûr la peinture religieuse. Telle cette étude de Rubens préparatoire au Baptême du Christ, jusqu'ici inédite. /

Rome et la BD, c'est une vieille histoire. Le sérieux d'Alix, le documenté Cassio et le très anachronique Astérix ont imprégné notre vision de l'empire romain, parfois plus antique qu'authentique. En passant des séries de référence à la loupe de l'archéologie, le Forum antique de Bavay analyse leur degré de véracité. N'en déplaise à Obélix, les Gaulois préféraient l'élevage de porcs à la chasse aux sangliers. Ailleurs, des auteurs contemporains, tels Laurent Sieurac et Alain Genot, placent leur récit dans un cadre rigoureusement historique – le couteau à lame pliante et manche d'ivoire d'Arelate (2009) est ici exposé. Sans nier la notion de divertissement, Bulles d'antiquité juxtapose ainsi culture populaire et propos scientifique, en une vingtaine de planches originales face à une trentaine d'objets archéologiques. Et rend à César ce qui lui appartient. /

Jusqu'au 28.05, Douai, Musée de la Chartreuse, mer>lun, 10h>12h, 14h>18h, 4,4/2,2€, +33 (0)3 27 71 38 80

Jusqu'au 28.08, Bavay, Forum antique départemental, tlj, 9h>12h, 13h18h (sf mer & dim 13h>18h), 5/3€, +33 (0)3 59 73 15 51



texte ¬ Thibaut Allemand - photo ¬ DR

texte ¬ Cédric Delvallez - photo ¬ Collection FoMu Anvers

exposition |

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Une vie à la mode...

Bruxelles 2040, Trois visions

Avec le soutien de la collection de Jacoba de Jonge, le MoMu sonde l'influence de la haute couture sur la vie des femmes issues des classes moyennes. Quelque 90 robes historiques, complétées d’accessoires et de photographies, illustrent l'évolution des tendances entre 1750 et 1950. « On oppose systématiquement deux silhouettes : d'un côté, un vêtement de luxe et, en miroir, son équivalent chez les classes moyennes. Et il est parfois difficile de distinguer les deux », expliquent Wim Mertens et Karen Van Godtsenhoven, commissaires d'exposition. Réparties en fonction des différents moments de la journée (tenues d'été, robes de l'après-midi, du soir...), ces pièces révèlent le comportement des consommatrices : « L'idée des saisons et l'accélération du processus de consommation sont ici très clairs, ajoutent-ils. Dire que les modes changent encore plus vite aujourd'hui. » /

Son charme cabossé, Bruxelles le doit à des bâtisseurs inconscients. Sans même remonter au schieve architect mégalomane du Palais de Justice, songeons à la deuxième moitié du xxe siècle, où des quartiers populaires furent rasés (le quartier Nord, par exemple), pour ériger des tours et percer des avenues – on appelle ça « bruxellisation », c'est dire l'étendue des dégâts. Afin de planifier les bouleversements à venir (démographiques, infrastructurels ou sociaux), la région de Bruxelles-Capitale a commandé une étude à trois équipes internationales, réunissant architectes, urbanistes et paysagistes. Sont donc présentés leurs projets, à travers vidéos, maquettes, photos et autres plans d'urbanisme. Et si l'on regrette déjà l'aseptisation promise, on compte sur les habitants pour y insuffler un peu de vie. Si mise en pratique il y a… /

21.03>12.08, Anvers, MoMu, mar>dim, 10h>18h, 8/6/1€, +32 (0)3 470 27 70

16.04>15.04, Bruxelles, Bozar, mar>dim, 10h>18h, sf jeu, 10h>21h, entrée libre, + 32 (0)2 507 82 00



exposition |

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agenda Cy Twombly, Yard Sale, © Schirmer Mosel Verlag, Nicola Del Roscio Foundation

L’ordre des choses, Bolivie © Jan Banning

Carlos Kusnir

Marten Toonder

Lab-Labanque s'installe au Garage (toujours à Béthune), le temps de remettre aux normes son siège historique (l'ancienne Banque de France). Et Carlos Kusnir s'approprie pleinement le lieu ! L'Argentin, célèbre pour ses peintures mêlant rigueur et fantaisie, livre quelques-unes de ses lithographies. Syncrétisme d'abstraction, de réalisme et de trompe-l'œil, ses toiles bouleversent notre perception du motif et de l'espace.

On reconnaît la patte de Marten Toonder à ce trait rond, ces animaux personnifiés et ces histoires en trois cases un brin moralistes et joliment désuètes (Panda ou Tom Pouce). Comment cet artiste prolifique et fondateur d'un studio à son nom a pu ainsi tomber dans l'oubli ? C'est que le « Walt Disney européen » plus habitué des quotidiens régionaux, n'a jamais signé une seule BD cartonnée – qui lui aurait, peut-être, assuré une autre postérité.

Béthune, jusqu'au 22.04, Lab-Labanque/ Le Garage, tlj, 14h>19h, +33 (0)3 21 63 04 70

Bruxelles, CBBD, jusqu'au 23.09, mar>dim, 10h>18h, +32 (0)2 219 19 80

Cy Twombly, Photographs 1951-2010

L’ordre des choses Photographies 1958-1988

Cy Twombly est d'abord un peintre, exécutant des motifs figuratifs avec l’énergie gestuelle d’un Jackson Pollock. Ces polaroids apparus juste avant sa mort en 2010 ne sont-ils que de simples curiosités ? Non : même retravaillés, notamment à la photocopieuse, ces clichés respirent l'instantané. L'accrochage rend à ce travail photographique, accumulé en secret depuis les années 50, la place qui lui est due en le confrontant directement au reste de sa production.

Georges Vercheval fut, avec son épouse Jeanne, le fondateur du Musée de la Photographie de Charleroi. Ce beau projet a éclipsé une œuvre personnelle à (re)découvrir en quelque 130 photographies en noir & blanc. La première salle est consacrée à son pays d'origine, entre terrils et corons. La seconde tend à révéler ce que les objets ne montrent pas – en jouant sur des effets d'ombres et de lumière, ces lieux et ces bâtiments se révèlent sous un nouveau jour.

Bruxelles, Bozar, jusqu'au 29.04, mar>dim, 10h>18h, jeu, 21h, + 32 (0)2 507 82 00

Charleroi, Musée de la Photo, jusqu'au 20.05, mar>dim, 10h>18h, + 32 (0)7 143 58 10



exposition |

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agenda Ford Madox Brown, The Irish Girl © Yale Center for British Art, Paul Mellon Fund

Il fait jour Claire Chevrier se penche sur la relation qui unit le corps humain à l'espace de travail : évolution de nos mouvements, appropriation des lieux... Autant de questions primordiales quant au labeur quotidien. En sus de ce vaste accrochage photographique et de l'édition d'un livre, la question sera débattue lors d'une conférence (le 30.03) réunissant C. Chevrier et le philosophe Sidi Mohammed Barkat. Beau travail ! Douchy-les-Mines, Centre régional de la Photographie, jusqu'au 22.04, lun>ven, 13h>17h, sam>dim & jours fériés, 14h>18h, +33 (0)3 27 43 56 50

Dangeureusement Jeune, Oleg Dou, Bambi, Toystory © Courtesy Flatland Gallery

Ford Madox Brown, Pionnier des Préraphaélites Ford Madox Brown (1821 – 1893), n’avait pas fait l’objet d’une exposition importante (85 œuvres ici) depuis près d’un demi-siècle. La puissance de ses toiles tient à la synthèse unique entre différentes écoles : le sens de la ligne italien, l’art flamand de la couleur et le réalisme français. Ajoutez-y le romanesque britannique, et vous obtenez une série de merveilles qui inquiétèrent les tenants de l’académisme victorien. Gand, Musée des Beaux-Arts, jusqu’au 3.06, mar>dim, 10h>18h, 5/3,75/1€, +32 (0)9 240 07 00

Le Grand Atelier

Dangereusement jeune

Si l'art s'apprécie dès le plus jeune âge, prendre du recul et former son esprit critique ne sont pas innés. Le MAC's ne donne ni leçon, ni mode d'emploi. Pensé et conçu pour les enfants, le Grand Atelier leur offre l'occasion de se confronter à une trentaine d'artistes tels que Christian Boltanski, Jacques Duez, Léon Frédéric ou René Magritte. A partir de thèmes simples (la famille, la maison, l'écriture...), cette fenêtre ouverte sur le monde aiguise la curiosité des petits – et des grands, aussi.

Fort d'une scénographie oppressante et d'un casting pléthorique (Paul Klee, Banksy, Diane Arbus, et une centaine d’autres), Dangereusement jeune multiplie l'image de l'enfance en souffrance. Celle-ci traverse des esthétiques diverses telles que le réalisme social, les arts premiers ou des pièces très contemporaines. Loin des « verts paradis », l’enfant s’y dessine comme l’être le plus vulnérable à la démence du monde.

Grand-Hornu, MAC's, mar>dim, 10h>18h, +32 (0)6 565 21 21

Gand, Musée du Dr Guislain, jusqu'au 20.06, mar>ven, 9h>17h, sam & dim, 13h>17h, +32 (0)9 216 35 95



exposition |

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agenda © Jamel Shabazz

Jamel Shabazz Represent : 1980-2011

Markus Raetz, Gaze Aquatinte en couleurs © ADAGP, 2011

Visions fugitives

Depuis plus de 30 ans, ce photographe immortalise des inconnus rencontrés dans la rue. Première mondiale, Represent constitue la seule rétrospective consacrée à ce témoin-clé du hip-hop naissant. Et plus encore. Scénographiée de main de maître par Mikostic & la Yeah ! Produzione et mis en son par Boulaone, Represent invite à croquer dans la Grosse Pomme en découvrant les clichés d'un maître discret.

Une silhouette hésitante sur un panneau de LED, des héros enfantins désincarnés, un voilier fantôme surgissant de la brume quand se présente un spectateur… Ces dessins de l’éphémère signés par 27 artistes révèlent leurs angoisses et espoirs, qu’ils soient collectifs ou individuels. Ainsi de l’Allemand Alexander Schellow qui présente, à l’encre de Chine, trois regards sur la situation politique de l’Albanie. Ancrées dans le réel, ces visions fugitives ouvrent une porte sur l’imaginaire.

Lille, maison Folie de Wazemmes, jusqu'au 25.03, mer>sam, 14h>19h, dim, 10h>19h, +33 (0)3 20 78 20 23

Tourcoing, Le Fresnoy, jusqu'au 15.04, mer, jeu, dim 14h>19h, ven, sam 14h>21h, + 33 (0)3 20 28 38 00

Markus Raetz, estampes, scuptures

Déplacer, déplier, découvrir.

Sophistiquée et ludique, l'œuvre de M. Raetz est marquée par l'anamorphose, le jeu sur la sémantique et exige la participation du spectateur. Afin de voir ce Yes sculpté se transformer en No, par exemple. Quelque 200 dessins, sculptures et estampes de l'Helvète sont réunis en 8 salles, autour de thèmes majeurs (la couleur, la figure, le paysage, jeux de mots et de miroirs...). Tourcoing, MUba Eugène Leroy, 22.03 > 11.06, tlj sf mar, 13h>18h, +33 (0)3 20 28 91 60

à travers les œuvres de M. Barré, J. Degottex, M. Devade, S. Hantaï et M. Parmentier, le LaM explore des démarches artistiques singulières et sous-estimées. Revenant sur des problématiques éternelles (la place de la parole, du silence ou la recherche d'un absolu dans l'art), ces défricheurs picturaux ont pourtant marqué la production française de la seconde moitié du xxe siècle. Un cycle émaillé de nombreuses conférences, afin d'enrichir le débat. V. d'Ascq, Lam, jusqu'au 27.05, mar>dim, 10h>18h, +33 (0)3 20 19 68 88




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texte ¬ Judith Oliver photo ¬ C'est comme ça et me faites pas chier © Christian Berthelot

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Éloge de la folie

Dernière ligne droite de la campagne électorale française. Alors qu'une armée d'experts s’attelle à l'impossible - réduire la pluralité des opinions aux sondages -, le Phénix de Valenciennes propose une alternative salutaire. Son prochain Cabaret de Curiosités se penche sur ce qui échappe aux statistiques, aux mesures... Bref, ce qui relève de l'improbable. Un aveugle qui soliloque, au milieu d'un champ de cymbales. Allongé sur une chaise à bascule immobilisée par des piles de livres, il vante les mérites de l'absence de goût, de toucher, ou encore de la surdité. On nage en plein paradoxe. Précisément : c'est ce terreau fertile que cultive Rodrigo Garcia, fer de lance de la Movida madrilène, dans son dernier objet théâtral non identifié. Rendez-vous phare du prochain Cabaret de Curiosités, C'est comme ça et me faites pas chier nous plonge dans cette zone trouble de la subjectivité, des idées contradictoires, de l'irrationnel. Un théâtre total et poétique, doublé, comme l'indique Romaric Daurier, directeur du Phénix, « d'un exercice de lucidité digne d'un moraliste du xviiie ». Soyez sympa, embobinez ! Le 8e Cabaret de Curiosités collectionne créations et performances hétéroclites. Chacune d'elles à sa façon déjoue nos attentes, qu'il s'agisse de se confronter à un Juke box humain (C. Hocké), à l'hystérie féminine (Les Photographies de A. de F. Laforgue), à une chorégraphie de guingois (mais pas bancale : Les Contes Tordus de J. Nioche et C. Huysman) ou encore aux techniques de dissimulation de l'être humain (M. Benoît). Un véritable éloge de la folie, ou comment nous faire sortir des cases pour mieux nous recadrer. / CABARET DE CURIOSITéS #8 prog : 14&15.03, 20h : Photographies de A. (F. Laforgue) ; 15&16.03, 18h : Le renard ne s'apprivoise pas (M. Benoît) ; 16.03, 22h : Human Juke Box (C. Hocké), 17.03, 18h : Contes Tordus (J. Nioche et C. Huysman), 17&18.03, 20h : C'est comme ça... (R. Garcia)... 13>17.03, Valenciennes, Le Phénix, Espace Pasolini et Musée des Beaux-arts (Parcours décadré, H. Diephuis), divers prix.


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texte ¬ Marine Durand photo ¬ A few minute © Massimo Charradia

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Montréal Calling Né en 1986 dans la seule ville de Maubeuge, VIA fête cette année dix ans de collaboration avec la voisine belge Mons. Toujours aussi imprévisible, ce festival pluridisciplinaire incontournable s’offre un joli cadeau d’anniversaire : la nouvelle scène montréalaise sur un plateau. Et en pleine forme. Un court séjour à Montréal a convaincu Didier Fusillier, directeur du festival, de placer la métropole canadienne au cœur de Via 2012. Danse, théâtre, musique et arts électroniques, les basiques de la manifestation transfrontalière demeurent, mais teintés d’un léger accent québécois... et d’un culot à toute épreuve. à l’instar de Marc Beaupré, 30 ans à peine, qui s’est attaqué sans appréhension au mythique Caligula. Conservant l'essence de la pièce de Camus, le metteur en scène l’enrichit de sons réarrangés. Surprenant et sensible, Caligula remix retrace avec autant de force que son aîné le destin du tyran romain. Face à cette audacieuse jeunesse, Louise Lecavalier, grande dame de la danse contemporaine, revisite quelques-uns de ses plus grands duos. Et l'habituelle exposition sur les nouvelles technologies se pare cette année d'un certain charme rétro : « Low Tech prend le contrepied du hightech, à travers des installations bricolées avec les outils du passé » explique Audrey Ardiet, coordinatrice artistique. Selon elle, cette nouvelle édition offre un avant-goût des grands rendez-vous de 2015 pour Mons et Maubeuge, désignées capitales européenne et régionale de la culture. / Festival VIA - 20>31.03, Maubeuge, Mons, Feignies, 11/8€, Pass 40€, +33 (0)3 27 65 65 40, www.lemanege.com, Low Tech - 22.03>1.04, Maubeuge, Espace Sculfort, tlj sf dim, 10h>12h et 14h>00h, sf les 24, 26 et 31.03, 10h>12h et 14h18h, et les dim, 14h>18h, 3€/grat -10 ans



texte ¬ Thibaut Allemand - photo ¬ Séverine De Streyker

texte ¬ Cédric Delvallez - photo ¬ Vibrations, Cie 1420 © Clement Debailleul

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Libertés de séjour

Grisélidis

Comme chaque année, le Channel confie sa programmation à un artiste, un collectif ou une compagnie. Pour cette cinquième édition, son directeur Francis Peduzzi a choisi d'inviter Étienne Saglio, une figure de la nouvelle magie qu'il a découvert lors d'une représentation du Soir des monstres (2009). « Étienne pose un regard à 360° sur son domaine. C'est idéal pour une carte blanche », confie monsieur Peduzzi. Pendant deux semaines, l'entourage de ce jeune sorcier investit donc les 4000 m² de la Scène nationale de Calais. De son mentor, Raphaël Navarro, à ses frères musiciens, Matthieu et Gabriel, en passant par le chef cuisinier Alexandre Gauthier... Une trentaine d'invités (artistes, Cies ou intervenants) propose une dizaine de spectacles, des rencontres, des ateliers de physiquechimie et autres curiosités. Francis Peduzzi, vos idées ont du génie ! /

Que sait-on de Grisélidis Réal (19292005) ? Une iconoclaste hélvète à l'existence mouvementée et à l'humour ravageur, revendiquant, outre la liberté de son corps, une identité Tzigane. Nomade, donc. « Vous ne me trouverez pas », aimait-elle à répéter. S'est-elle jamais trouvée ? Si, dans l'écriture. Le metteur en scène Denis Laujol s'est emparé de ses nombreux écrits (ouvrages, correspondances, interviews...) pour composer, non pas une biographie (« ce serait la faire mourir une seconde fois ») mais une parole, libre et diffuse, qui traverse les corps et s'attarde sur la chair. Six comédiennes se succèdent au centre d'une scène circulaire, aux faux-airs d'arène. Pour Laujol, cela permet de jouer sur les regards (vers la scène, mais vers le public, aussi). Et d'interroger nos positions sociales, comme l'a toujours fait Grisélidis. /

9>24.03, Calais, le Channel, 3/1€ (sf Le trio d'Alexandre Gauthier : 22€), +33 (0)3 21 46 77 10

20>24.03 et 27>31.03, 20h30, Bruxelles, Théâtre Les Tanneurs, 10/7,5/5/1,25€, +32 (0)2 512 17 84



Nicomède et Suréna

texte ¬ Vincent Dierickx - photo ¬ Ludde Duregard

texte ¬ T. Allemand - photo ¬ Cosimo Mirco Magglioca

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Psy

Une grande table. Pour se restaurer, converser, se réjouir ou négocier, et autour de laquelle se nouent et se dénouent les intrigues, politiques ou sentimentales, entre huit protagonistes. En choisissant de mettre ses personnages à table, Brigitte Jaques-Wajeman confère un nouvel éclairage à ces deux pièces de Corneille, qui n'avaient pas été jouées depuis un bail. Suréna, drame politique, et Nicomède, fausse tragédie au dénouement heureux, sont des pièces « coloniales » – traitant des rapports entre Rome et ses colonies alliées. Elles font évidemment écho à l'actualité, mais Jaques-Wajeman ne tire pas sur cette corde facile. En revanche, spécialiste de l'alexandrin, la metteuse en scène obtient de la Cie Pandora de les faire sonner avec un naturel confondant. L'occasion de prouver que ces textes demeurent plus que jamais pertinents. /

Les 7 Doigts De La Main ? N'y voyez pas une malformation ! Ces sept codirecteurs visent un cirque à taille humaine, aux antipodes des machineries parfaites d’un Cirque du Soleil. Ils ont l'audace et la folie, enchaînent mât chinois, planche sautoir, corde aérienne, trapèze… Et nous explorent : tocs, paranoïa, hypocondrie, obsession… Petite nomenclature des déséquilibres (mentaux) et des équilibres (physiques). C’est une vie qu’on nous raconte ici. Une vie secouée par quelques chorégraphies calibrées, rythmée par des soubresauts hip-hop, et racontée avec légèreté. Les 7 Doigts De La Main sondent les profondeurs du cerveau humain, dans une course à travers des paysages kaléidoscopiques, visions déformées, rêves évanescents et souvenirs fragmentés. Drôles et virtuoses, Les 7 Doigts De La Main ont inventé leur style ! /

Nicomède (13.03) et Suréna (14.03), Théâtre d'Arras, 20h30, 18/12/8€ par soir, +33 (0) 21 71 66 16

21>23.03, 20h30, Roubaix, le Colisée, 32/28/23/21/8€, + 33 (0)3 20 24 07 07



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texte ¬ Clémence Casses photo ¬ Clara Furey © Francis Ducharme

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Sens dessus-dessous Depuis 17 ans, Danse à Lille organise Les Repérages, les rencontres internationales de la jeune chorégraphie. Un festival où la découverte et l’innovation sont les maîtres-mots. Un lieu ouvert à toutes les propositions. Depuis 1995, Danse à Lille a tissé un réseau international de structures culturelles, rassemblant aujourd’hui quinze pays. Le but ? échanger, innover et faire évoluer la danse contemporaine. Chaque année, la moitié des membres du festival présente son coup de cœur chorégraphique à un public de professionnels, mais aussi d’amateurs. C’est l’occasion de découvrir en avant-première les spectacles de jeunes artistes, de confronter des énergies. Ainsi, la compagnie suisse 7273, repérée en 2004, inaugure le festival avec Nil, ballet d'inspiration orientale pour six danseurs d'une grande fluidité qui traite la question du partage, de l'être ensemble. Preuve de l’efficacité du réseau : depuis son passage, 7273 a créé sept spectacles et se produit en France, mais aussi en Espagne, en Colombie, aux Etats Unis, en Afrique du Sud… Si certains thèmes ne semblent pas novateurs - le souvenir (Accidia), le lien entre le graphique et le chorégraphique (Dans les plis) ou encore l’amitié - leur traitement réserve toujours de belles surprises. À noter que la pièce Paroles de femmes, interrogeant la place des femmes dans nos sociétés contemporaines, est proposée par la Tunisie. La danse s'avance ainsi comme un juste reflet du monde ! / FESTIVAL Les Repérages 22>24.03, Roubaix (Condition Publique, Gymnase, CCN), Lille (maison Folie de Wazemmes), Charleroi (Charleroi/Danses, Ecurie, Ancre), 14/7€, pass 20€, +33 (0)3 20 20 70 30



Salves

texte ¬ Florent Delval - photo ¬ Hugo Glendinning

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texte ¬ Pascal Cebulski - photo ¬ Jean-Pierre Maurin

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Tomorrow’s Parties

Figure emblématique de la Jeune danse française, Maguy Marin interroge depuis 35 ans la place de l’homme dans la société moderne. Cette dernière création fait écho à la répétition des catastrophes collectives du xxe siècle. Sur une scène en état d’urgence permanent (coups de feu, sirènes, flashes), sept danseurs s’activent pour créer un décor. Jusqu’à ce qu’un élément (assiette, vase, table ou tableau…), lâché, vole en éclats. Alors, inlassablement, les interprètes tentent de recoller les morceaux. En vain ? Même si Salves met en scène l’éclatement, c’est une pièce sur l’attachement. Ensemble, par de fragiles gestes répétés, les danseurs conjurent leurs peurs. « Quand on est dans la merde jusqu’au cou, il ne reste plus qu’à chanter » disait S. Beckett. Maguy Marin l’illustre bien. Aussi désespérées soient-elles, ses Salves demeurent salvatrices. /

L'industrielle Sheffield, capitale britannique de l'acier, n'a jamais été une cité souriante. Mais en 1984, la compagnie Forced Entertainment a débarqué et on a commencé à rire, jaune. Les blagues du Tim Etchells, moteur de l'équipe, mettent le spectateur face à ses angoisses existentielles en quelques phrases pince-sans-rire. Comme son nom l’indique, ce collectif de six comédiens joue sur l’ambiguïté du bouffon pour créer le malaise. La présence physique des acteurs et l’écriture cultivent la dynamique de l’épuisement. Les textes sont des listes adressées frontalement, au service d’une forme qui contribue à brouiller la limite entre théâtre et performance. Dans ce Tomorrow’s Parties, sur un mode mineur, deux acteurs du groupe, éclairés par une guirlande, imaginent ce qui pourrait nous donner espoir dans le futur… Attendez-vous au pire ! /

27.03, Douai, L'Hippodrome, 20h, 23/9€, +33 (0)3 27 99 66 66, hippodromedouai.com 30&31.03, 20h, 01.04, 16h, Lille, Opéra, 21/5€, +33 (0)820 48 90 00, opera-lille.fr

28>31.03, 20h30, Bruxelles, Kaaistudio's, 16/12€, +32 (0)2 201 59 59, Discussion d'après spectacle le 29.03



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agenda We are not…, Diane Gaidry © Els van Riel

Je me tiens devant toi toute nue © Pauline Miko

We are not afraid of the dark

Réalité Ou Illusion ?

1>3.03

10.03

T. Van Aerschot

La genèse de cette création est sombre : des conversations entre la metteuse en scène et son amie, la comédienne Tracy Wright, frappée par un cancer. Mais We Are Not... évoque la survie et intègre des récits d’explorateurs polaires. Seule en scène, Diane Gaidry est accompagnée de deux esprits – les voix de Claire Marshall (Forced Entertainment) et Don McKellar (homme de théâtre et époux de Tracy Wright). Bruxelles, Kaaitheater, 20h30, 12/10/8€, + 32 (0)2 201 59 59 // Gand, Vooruit, 16>17.03, 13 à 5€ (complet le 17 !), + 32 (0)9 267 28 28 // Anvers, Monty, 23>24.03, 14 à 6€, + 32 (0)3 238 64 97

Je me tiens devant toi nue 2>31.03

J.C. Oates / Cie Biloxi 48

Fondée en 1987, la Cie Biloxi 48 est éclectique (Molière, E. Bond, A. Nothomb ou A. Badiou...). Elle s'attaque ici à un monument américain avec ces dix portraits de femmes signés J. C. Oates. La sobriété de la mise en scène et le jeu incisif des quatre actrices révèlent des écrits majeurs, injustement méconnus de ce côté de l'Atlantique. Bruxelles, Th. Des Martyrs, mer>sam, 20h15, mar, 19h, dim 5 & 18.03, 16h, 9 à 16,5€, +32 (0)2 223 32 08

éric Antoine

Oubliez Copperfield et vos préjugés sur la magie. Éric Antoine ne vous fera pas le coup de la femme coupée en deux. Ce trentenaire azimuté mêle la magie au rire, à la philosophie et à la psychanalyse (on cite Lacan, s'il vous plaît !), à travers des sketches désopilants et des tours ahurissants – ou l'inverse. Mais une chose est sûre : ça fait flipper ! Comines-Warneton, Centre Culturel, 20h, 10 à 20€, +32 (0)5 656 15 15 // et aussi, nouveau spectacle, Mystéric, 1.04 à Lens, Colisée // 2.05, Bruxelles, Comedy festival // 9.05, Lille, le Sébastopol // 11.05, SaintAmand, le Pasino

Au-delà 13>15.03 K. Augustijnen / Ballets C de la B

Entouré de cinq danseurs ayant eux aussi la quarantaine, Koen Augustijnen fait valser le poids des années dans un mélange de robustesse et de légèreté. Délaissant le baroque pour le jazz, cette création raconte les blessures, les joies et les peines d'une vie. Et la mort dans tout ça ? On y pense, mais on célèbre, avant tout, le moment présent. V. d'Ascq, La Rose des vents, 20h, sf jeu, 19h, 20/16/5€, + 33 (0)3 20 61 96 90 // 16.03, Bruges, Cultuurcentrum, 20h, 12€, +32 (0)5 044 30 40 // 22 & 23.03, Leuven, STUK Kunstcentrum // 5.05, Diest, Cultureel Centrum // 23 & 24.05 Anvers, Toneelhuis



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78

agenda Ma chambre froide © Elisabeth Carecchio

Oncle Vania

Les Atomics 13>16.03

Guy Alloucherie - cie HDVZ

Histoire de sortir des théâtres, d'écouter d'autres voix et croiser de nouveaux regards, le collectif HVDZ parcourt le monde, s'installe dans des quartiers populaires pour des résidences de deux semaines. En nait un spectacle, suivi d'une discussion (la Veillée) avec un public rarement habitué au théâtre. Aujourd'hui, ces circassiens, danseurs, vidéastes, acrobates, comédiens et autres plasticiens racontent cette expérience – en utilisant évidemment leurs savoir-faire. Béthune, La Comédie, 20h, 18/12/8/7€, +33 (0)3 21 63 29 19 // 2.06 à Douai, Hippodrome

Ma Chambre Froide 13>23.03

Abattoir © Sébastien Pouilly

Joël Pommerat

Depuis Les Marchands (2006), Joël Pommerat affiche un goût certain pour les « spectacles-mosaïque ». Dans Ma chambre froide, une fois encore, de petits fragments d'histoires anecdotiques et sans rapport apparent se croisent, se mêlent et s'entrechoquent. Avec, au centre de ce décor circulaire et aux confluents des intrigues, Estelle, une jeune caissière exploitée par ses collègues pour sa gentillesse sans faille. Lille, Théâtre du Nord, mar>dim, 20h30 (sf dim 16h) 3 à 23€, +33 (0)3 14 24 24

15&16.03 A. Tchekhov/ R. Dana / Coll. Les Possédé

Au fin fond de la Russie, l'oncle Vania vit entouré des siens. L'arrivée de son beau-frère et de sa jeune épouse bouleverse ce quotidien bien réglé. Ce texte de Tchekhov date de 1897 mais remue toujours autant. Les renoncements et les regrets d'une vie sonnent juste. Créée voici dix ans par le Collectif Les Possédés, la pièce est à nouveau servie par une interprétation magistrale, et surtout par une mise en scène originale : la scène comme un ring, cerné en trois côtés par le public. Armentières, Le Vivat, jeu, 19h30, ven, 20h30, 18/13/6€ + 33 (0)3 20 77 18 77 // et aussi 27> 30.03, Loon-Plage, Salle Coluche, 20h30, 12/9€, +33 (0)3 28 51 40 40

Abattoir 15 & 16.03

B. Appert

Abattoir relève à la fois d'un travail sur la mémoire et sur le quotidien. Dans cette création, Bernadette Appert conte ses souvenirs d'enfance (ses parents tenaient un abattoir à Courrières), mêle ce vécu à la fiction, au désir et à la mort. Cette œuvre paradoxale renvoie parfois à celle d'Annie Ernault dans sa mise à nu de l'intimité. Douai, Hippodrome, 20h, 15/13/8/3€, +33 (0)3 27 99 66 60.



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80

agenda Lou(p) y es-tu ? © Frédéric iovino

C'est comme ça et me faites pas chier 16 & 17.03

Rodrigo Garcia

À l'instar de leurs titres (Et balancez mes cendres sur Mickey, 2007), les pièces de Rodrigo Garcia sont souvent virulentes. C'est moins le cas dans cette « ode au langage » pour trois personnages, que l'auteur considère comme sa pièce la moins « brutale ». Y sont abordés les besoins poétiques de l’homme, les bienfaits de la cécité (!) et de la parole. La mise en scène, d'un bleu glacial, demeure cependant très oppressante. Rodrigo Garcia reste fidèle à lui-même. Valenciennes, Phénix, 20h, 9/3€, +33 (0)3 27 32 32 32

My friends are gonna be there too 17&18.03 É. Durand/Le Théâtre Décomposé

Ces paroles, qui concluent le premier couplet de Highway To Hell, Éric Durand les connait par cœur. Fou d'AC/DC depuis... toujours, il met ici en scène deux fans qui voyagent dans l'univers du groupe. Sous la forme d'un opéra, avec un chœur mixte spécialement formé pour l'occasion, My Friends... revisite le répertoire du célèbre quintette de hard rock. Sans nostalgie aucune. à mille lieues d'un poussif tribute band ! Lille, Maison Folie de Wazemmes, sam 19h & dim 16h, 12/8€, +33 (0)3 20 78 86 86

4.48 Psychose © michel Boermans

Lou(p) y es-tu ? 19.03

C. Maufroid / CCN

Lou(p) y es-tu ? s'empare d'un thème universel (Le petit chaperon rouge) pour le relire sous dle point de vue de chaque protagoniste – adoptant même celui du loup. Benjamin Coyle, Léa Pérat, Clémentine Vanlerberghe posent de nouvelles lunettes à ce fameux conte de notre enfance. « Pour mieux voir les sous-entendus, mon enfant ! » Bruay-La-Buissière, le Temple, 19h30, 5€, + 33 (0)3 21 64 56 25 // et le 28.03, Roubaix, Colisée, 14h30, 18/15/13/8/6€, + 33 (0)3 20 24 07 07

4.48 Psychose 20>31.03

S. Kane/MeS I. Pousseur

4.48, c'est l'heure du réveil, quand l'espoir subsiste encore au désespoir. Psychose, une affection mentale qui, parfois, pousse l'individu à avaler une pleine poignée de barbituriques... À l'image de son titre, 4.48 Psychose se situe à mi-chemin entre l'extase et la détresse, entre la noirceur du texte et la blancheur de la mise en scène, couronnée du prix de la critique en 2008 (meilleur spectacle, interprétation et scénographie). Bruxelles, Th. Océan Nord, 20h30, sf mer, 19h30, relâche dim & lun, 10/7,5€, + 32 (0)2 216 75 55



théâtre & danse |

82

agenda Fugueuses © Thierry du Bois

Fugueuses

Ben

21.03>15.04 P. Palmade & C. Duthuron/D. Michels

23.03

D'abord interprétée par Murielle Robin et Line Renaud, Fugueuses (2007) met en scène deux autostoppeuses en quête d'idéal. L'une fuit sa maison et l'autre, sa maison de retraite. De cette rencontre naît une amitié sincère mais contrariée. Déjà à l'œuvre dans Si c'était à refaire (2005) de Laurent Ruquier, le tandem Louise Rocco et Marie-Hélène Remacle revient sur les chapeaux de roues ! Bruxelles, Th. des Galeries, mar>ven 20h15, sam 15h & 20h15, dim 15h, 13 à 26€, + 32 (0)2 512 04 07

Le Pain Dur 22 & 23.03

Claudel/Alexis & Barsacq

Dans ce volet central de la Trilogie des Coûfontaine (après L’Otage en 1911 et avant Le Père Humilié en 1920), Paul Claudel plonge six personnages dans le contexte de la Révolution industrielle. La fortune de Turelure, grand dignitaire de l'époque, aiguise l'intérêt de ses proches, qui, voulant l'effrayer, le tuent par accident. Très sobre, la mise en scène évoque l'absence d'âme d'un monde moderne dominé par le profit. Tourcoing, Théâtre municipal, jeu 19h30 & ven 20h30, 6 à 18€, +33 (0)3 20 27 13 63

gaspard Proust © Claude Dussex

Son univers absurde l'a distingué des autres impétrants du Jamel Comedy Club. Chroniqueur aux Agités du Bocal sur France 4, puis au Fou du Roi de Stéphane Bern, ce drôle d'hurluberlu déploie des histoires existentielles avec finesse et loufoquerie. Mouscron, Centre Marius Staquet, 20h30, 25€ (ou 50€ avec buffet aux profit des Restau du cœur), + 32 (0)5 634 06 34

Gaspard Proust 28.03

L'ex-banquier suisse monté à Paris affiche des origines slovènes, un humour acerbe, et s'impose comme la voix de la mauvaise conscience. L'humour à froid était orphelin de Desprosges ? Son héritier se nomme Gaspard Proust. Ce gendre idéal tire à vue sur les chrétiens, juifs, musulmans, la droite, la gauche, le sexe, rien ni personne n'est épargné ! Et en dépit d'une popularité croissante, Proust se présente en « cartésien désabusé » : « je pense donc je suis, mais je m'en fous ». 28.03, Armentières, le Vivat, 20h30, 23/18/11€ // 29.03, Lille, th. Sébastopol, 20h, 33€, + 33 (0)3.20.54.44.50 // 30.03, Béthune, Th. Municipal, 20h30, 27/24€, + 33 (0)3 21 64 37 37



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1. Ateliers du Quai de la Batterie, Pierre Lancelin artiste Lithographe (Paris) 2. Presse lithographique de 1970 3. Typographies bois 4. Atelier du Quai de la Batterie, casses de typographie au plombs mobiles 5. Atelier du Quai de la Batterie, Joana Travisco (Portugal) 6. Verlag Kollektiv Tod, Marie Sophie Andre, JoeĚˆlle Dumont, Isabel Baraona, Valeria Pasina, Rita Gada


texte ¬ Judith Oliver photos ¬ DR

littérature |

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édition en sédition

Délier pages et mots pour les relier au monde de l'art. Nombreux sont les militants de la scène septentrionale à défendre une autre acception de l'édition. Parmi ceux-ci, le quai de la Batterie, à Arras. Sa Biennale, assise sur dix-huit années d'expérience, fait sortir le livre de ses gonds. On commence par enfiler des gants pour manipuler des écorces truffées de textes, des rouleaux fins et livres boule. On fouille du regard d'intemporelles tuniques tapissées de caractères grecs. Et l'on finit par ne plus prêter attention aux moulures et cheminées de l'Hôtel de Guînes, joyau arrageois du xviiie qui accueille la 9e édition de « Livres à voir ». La biennale affiche d'ailleurs un nom trompeur. Odorat, toucher... par leur originalité et leurs formats hors-normes, les ouvrages présentés sollicitent bien plus que notre seule vue. Nouvelle page Cette manifestation réunit une centaine de maisons d'édition et d'artistes français, belges, tchèques, canadiens, portugais ou allemands. Depuis 2010, elle se scinde en deux parties. La Galerie de l'écurie expose les vingt productions en lice pour la remise des prix, tandis que les salons de l'hôtel se muent en lieux de vente pour les amateurs d'éditions limitées. Une poignée d'euros suffisent à l'acquisition de livres bonbons ou de carnets ludiques, tandis que les plus beaux exemplaires s'adressent aux (petits) collectionneurs. Reste que pour le prix d'une sortie littéraire, on peut ici défendre typographes, sérigraphes, artistes et micro-éditeurs. Seriez-vous réticents à mettre la main au porte-monnaie ? Mettez-les alors dans le cambouis en vous essayant, à l'étage, à la sérigraphie et la lithographie. Qui sait ? Dans deux ans, on feuillettera peut-être ici même le fruit de votre travail... / BIENNALE DU LIVRE à VOIR #9 17.03>22.04, Arras, Hôtel de Guînes, mer>dim, 14h>18h, entrée libre, +33 (0)3 21 23 43 11. Weekend inaugural des 17&18.03, 10h>18h, animations et ateliers (avec P. Lancelin, Paris, et Adeline Meilliez, Berlin), rencontre des artistes à 18h, spectacle des Chats pitres et Rats Conteurs...


livres |

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CLASSÉ SANS SUITE Patrik Ourednik | Éd. Allia Viktor Dyk coule à Prague des jours paisibles de vieillard misanthrope, et Vilem Lebeda, inspecteur, commence à douter de ses préjugés démocrates. Mais où nous emmènent les deux meurtres, le viol et le suicide suspect de ce thriller métaphysique ? Bientôt, le sens se délite (Oulipo, y es-tu ?), l’intrigue se disperse, et l’auteur, à n’en pas douter, se paie un peu notre tête…Quittez par avance vos prétentions de lecteurs-limiers empressés de débusquer un coupable, car vous passeriez à côté d’un point essentiel : la victime, c’est vous. Vous, ou plutôt l’idée que vous vous faisiez d’un roman et du langage. Il est là le fin mot… mais on ne déflorera pas l'énigme ici, dont la clé se trouve dans une postface qui torpille nos dernières attentes. Restent la virtuosité et la drôlerie du conteur tchèque pour nous réjouir au spectacle de ce sabordage méticuleux. La littérature contemporaine regorge de ces histoires évoquant l’élaboration de textes insensés et demeurés dans un état d’existence théorique (on pense à son compatriote Bohumil Hrabal, à Jorge Luis Borges, d’ailleurs cités en référence). Ourednik est allé plus loin : il en a rédigé un. 176p., 9€. F-X Béague

UNE ANNéE STUDIEUSE Anne Wiazemsky | Éd. Gallimard Elle a 19 ans et lui, pas loin du double. Elle étudie la philosophie, il est À bout de souffle. Il vomit le bourgeois, elle aurait pu en être l’incarnation même. Anne Wiazemsky raconte l’amour selon JeanLuc Godard. Jaloux, exclusif, enfantin et grave. Elle dévoile au jour le jour, la passion en marche qui porte son échec tant ces deux-là s’aiment pour de faux. Pour l’épate ou se sentir vivant. On sera surpris par la mémoire d’Anne Wiazemsky, les détails d’une histoire du passé qu’elle relate comme si c’était hier. On est là, avec eux, on entend réellement la voix du cinéaste du Mépris, cette figure qui peinturlure de bleu Pierrot le fou et bien plus, la mémoire de tous ceux qui se sont vus perdus, tout comme lui, et préfèrent l’ignorer, mais ne l’oublient pas. 261 p., 18€. Isabel Desesquelles


chroniques TANGENTE VERS L'EST

Présents

Maylis de Kerangal | Éd. Verticales

Franck Magloire | Éd. Seuil

Dans son précédent roman, Maylis de Kerangal mettait en scène la construction d'un pont suspendu. Ici, le personnage central est une autre machine démesurée, le Transsibérien, trainmonstre seul capable de défier la Russie d'Ouest en Est. En 3e classe, le jeune conscrit Aliocha prend la route du service militaire le coeur serré, sans même savoir où il va. En première, la française Hélène a échappé à son amant russe pour fuir au hasard. Ils n'ont rien en commun sauf cet interminable trajet. Pourtant Hélène va aider Aliocha dans sa folle tentative de désertion. Bercements, brutalité ou déséquilibres, cette écriture épouse parfaitement le mouvement du train, derrière les vitres duquel se succèdent forêts et lacs, tous immenses. 127 p., 11,50€. Madeleine Bourgois

L'action se déroule en trois temps, durant la même journée : matin, après-midi, soir. Un jeune homme nommé Christophe est renversé par une voiture. Tandis que Brigitte, sa mère est hospitalisée après une attaque. Autour d'eux s'animent cinq protagonistes : le père de Christophe, sa sœur, l'infirmière, le criminel, le témoin. Tour à tour, le narrateur s'attache à leur vision de l'histoire. Christophe et Brigitte, eux, sont moins secondaires qu'ils n'en ont l'air, puisqu'ils apparaissent en creux dans les autres récits et les relient tous. Chacun reste avec ses questions sans réponses, et ses souvenirs en souffrance. Un roman polyphonique construit sur ces errements de vie, l'épaisseur de l'âme humaine. 286p., 18,50€. François Annycke

CLINT FUCKING EASTWOOD Stéphane Bouquet | Éd. Capricci « Dernier ratage en date », selon l'auteur de ce vif essai, J. Edgar (2012) a redressé la cote de Clint Eastwood après les paresseux Invictus (2009) et Au-Delà (2010). Ancien des Cahiers (revue plutôt pro-Eastwood), Stéphane Bouquet dézingue le mythe de l'Inspecteur Harry en évitant le piège des accusations de fascisme qui perdurent depuis les 70's. Sans passer sous silence ses divergences idéologiques, le critique cherche moins à choquer qu'à être suffisamment détaché pour analyser le personnage. Parfois d'une mauvaise foi rapidement excusée par son humour et son esprit, Bouquet décortique notre rapport à un Eastwood fétichisé en icône ultime d'une Amérique en pleine dévirilisation. Nous mettre face à nos contradictions pourrait le rendre énervant. Il est au contraire brillant. 96p., 7,95€. Baptiste Ostré


disques |

88

AIR Le Voyage Dans La Lune | EMI Cela faisait longtemps que le cinéma muet n’avait pas fait autant parler de lui. Après The Artist l'an passé, voilà que Georges Méliès revient sur le devant de la scène, avec un Voyage Dans La Lune enfin haut en couleurs. Cent dix ans après la première sortie du film, ses 15 minutes de féérie fantaisiste ressortent en version originale couleur restaurée : on le découvre psyché avant l’heure (enfin, psyché-pastel). Quel rapport avec la musique ? Tant qu’à le parer de nuances chatoyantes, autant lui donner une bande originale assortie. Le duo Air a saisi ses meilleurs instruments pour l’occasion, peignant touche par touche un habillage sur mesure. Mais quinze minutes, c’est bien court : Air double donc la dose pour ce conceptalbum. Qui réussit le tour de magie de coller à la fois au film et à l’air du temps, moderne malgré (ou grâce à) des synthés et mellotrons d’une autre époque. C’est évidemment cosmique et spatial, planant d’un bout à l’autre. Ici intensément électronique, là parcouru de secousses rock d’une batterie malmenée, sautillant puis angoissant, grave puis léger… On évitera le jeu de mot final sur la place de Air au firmament des étoiles de la musique électronique, mais on n’en pense pas moins. Olivia Volpi

ELECTRICITY IN OUR HOMES Dear Shareholder | Fierce Panda/Module Les trois anglais d’EIOH ont suivi un cursus si classique qu’il en est presque original : formation en 2007, singles, scène, et aujourd’hui –seulement - l’album. Soit cinq ans pour affiner le son et digérer les influences. C’est-à-dire en jouer : les guitares ont beau être abrasives au plus haut point (South Of France), on n’est pas obligé d’y entendre Josef K, car les dissonances y sont mieux dosées, et les morceaux, beaucoup moins linéaires. Plus qu’à un énième accès de rétromania, l’écoute de ce premier essai nous permet d’assister au petit miracle d’un funk blanc, joué pied au plancher, qui retrouve l’évidence pop (Oranges), et d’une pop rendue à sa fausse naïveté (Buddy Lemonade). Une alternative nerveuse à la nostalgie. F-X Béague


chroniques Speech Debelle

The 2 BEARS

Freedom Of Speech | Big Dada / La Baleine

Be Strong | Southern Fried Records

Reconnaissable à son flow si particulier et à sa petite voix qui oscille volontiers, Speech Debelle cultive une œuvre plus généraliste, avec des chansons aux accents révolutionnaires, en écho aux événements qui ont secoué l’Angleterre l'été dernier. Kwes (Micachu, Damon Albarn, Dels, The XX), son producteur fraîchement signé chez Warp est pour beaucoup dans le résultat final de ce deuxième album. Réalisé avec un laptop, un clavier Midi, Freedom Of Speech verse parfois dans le son FM, au risque de s'attirer les foudres de puristes qui sentent le vieux drap. Artiste hip-hop, Speech Debelle l’est pourtant bel et bien, même si son disque dépasse le genre, et en bouscule les codes et règles. Thomas Delafosse

Souvent, les adultes déguisés en peluches ont envie de faire du bien aux autres. Costumés en ours, les 2 Bears Joe Goddard (Hot Chip) et Raf Rundell (label Greco-Roman) veulent qu’autour d’eux les corps s’agitent, suent et rebondissent. Voici donc leur premier album, Be Strong. Piochant avec allégresse dans ce que les clubs ont fait de mieux pour les dancefloors, 2 Bears passent house, funk et autre percussions caribéennes au filtre pop. Quand ils essaient de coller au plus près du modèle d’origine, le résultat est trop propre pour plaire. En revanche, quand ils y ajoutent dérision et légèreté, le résultat est plutôt emballant, chaud et frais, bon remède à la grisaille de saison. On sent la patte de joyeux drilles pour qui le fun, c’est la vie. Olivia Volpi

Disappears Pre Language| Kranky / Differ-ant Troisième LP en trois ans, Pre Language s'inscrit dans la tradition du Velvet, de Suicide, de Neu!, de Spacemen 3, sans oublier Sonic Youth, forcément. Enregistré au Sonic Youth's Echo studio, avec Steve Shelley (de la Jeunesse Sonique) derrière les fûts, l'album s'appuie sur une rythmique de fer dispensée par sa batterie motorik. Des murs de guitares psychédéliques. Des riffs lourds et tranchants. Et la voix de Brian Case (ou serait-ce Iggy Pop ?) pour mener le groupe vers de nouveaux horizons : « Lux se préoccupait de la mort et Guider de la protection. Pre Language parle d’autres choses, d’amour. » Vu la sauvagerie du disque, la copine de Brian a quelques soucis à se faire… Cédric Delvallez


agenda |

90

concerts Jeu 01.03 Perry Rose Bruxelles, L'Ancienne Belgique/ AB Village Music, 12h, grat.

Howlin' Bill Anvers, Trix Club, 20h, 25/22e

Bruxelles, Beursschouwburg, 19h, 10e

Stuck In The Sound Bruxelles, L'Ancienne Belgique/ AB Club, 20h, 12e

Kapitan Korsakov + Transcoder + Maze Bruges, Cactus Muziekcentrum, 19h, 8/5e

AA Bondy Bruxelles, VK* Concerts, 19h, 7e

The Bony King Of Nowhere Gand, Culturell Centrum Vooruit, 20h, 20/16e

Mi and L’Au + Udo und Brigitte Roubaix, La Condition Publique, 19h, 2e

Buraka Som Sistema Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 22e

Steve Diggle Lille, La Péniche, 20h, 8e Big Deal + Alt-J Bruxelles, Le Botanique/Witloof Bar, 20h, 13/10/7e Citizen Cope Bruxelles, L'Ancienne Belgique/ AB Box, 20h, 19/16e Kathleen Edwards Bruxelles, L'Ancienne Belgique/ AB Club, 20h, 12e Skip The Use Bruxelles, Le Botanique/ Rotonde, 20h, 15/12/9e Kill Me This Monday Dunkerque, Les 4 Ecluses, 21h, grat. Simon le Saint Bruxelles, Mr Wrong, 22h, grat. Neon + Davidov + 187 Gand, Culture Club, 22h, 45/32e Fratelli + E-Phonk Gand, Decadance, 22h, grat. Emergency Bloodshed Lille, Le Biplan, 22h, nc

Ven 02.03 Funky Chocolate Bruxelles, Madame Moustache, 18h, 5e Mark Lanegan Band Anvers, Trix, 19h, 25/22e Casiokids Gand, Le Charlatan, 20h, 13/10e

Tonycello Lille, Le Biplan, 20h, 8/6e Hommage à Georges Delerue : ONL Roubaix, Le Colisée, 20h, 30/24/22/12/8e Diaz Connection + Lieutenant Tortion meet Dub Fear Amiens, La Lune des Pirates, 20h, 6e Macka B Dunkerque, Les 4 Ecluses, 21h, 10/7e Douglas & The Beauties + Gachette of the Mastiff Lille, Magazine Club, 21h, 5e Ed & Kim + Jan Van Biesen Anvers, Le Café d'Anvers, 22h, 15/13e Charly Black + Bassment Sound + Bomba Sound Anvers, Petrol, 22h, 15/13e La démence : Jon Doe + Pagano + Micky Friedmann Bruxelles, Fuse, 23h, 20/15/10e

Mark Lanegan Band Anvers, Trix, 19h, 25/22e Farewell Poetry Lille, La Péniche, 20h, 8e The Drums + Chairlift Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 14/11e Jean-Claude Vannier Etterbeek, Atelier 210, 20h, 15/12e Orchestre royal de chambre de Wallonie Mouscron, Centre Culturel Marius Staquet, 20h, 14/12/10e Hommage à Georges Delerue : ONL Roubaix, Le Colisée, 20h, 30/24/22/12/8e Maria False + Molly's Lille, Le Biplan, 22h, 7,5/5,5e La Cafetera Roja Lillers, L'Abattoir, 22h, 8/6e Agoria + Matthus Raman Lille, Magazine Club, 23h, 8e Kompakt Label Night : Michael Mayer + Reinhard Voigt + Issa Maïga + Deg Bruxelles, Fuse, 23h, nc BP + Bartholomeo + Smos Anvers, Le Café d'Anvers, 23h, nc

Sam 03.03

Dim 04.03

Modern Disco Club Bruxelles, Madame Moustache, 18h, 5e

EVOL/VE + C74 Bruxelles, Magasin 4, 19h, 12e

DJ Zeal + Mad About Mountains + Renée Bruxelles, VK* Concerts, 19h, Museum Night Fever, 12/8e The Collectable Few + Dr Vinyl + Joy Wellboy

Siena Root Anvers, Trix Bar, 19h, 13/10e The Drums Anvers, Trix, 19h, 21/18e Zita Swoon Group Bruxelles, L'Ancienne Belgique, 20h, 28/25e


Retrouvez l’intégralité des concerts sur

Le Fonque feat. Breakestra Bruges, Cactus Muziekcentrum, 20h, 17/14e Tagada Jones Liège, InsideOut, 20h, 10e Chairlift Bruxelles, Le Botanique/ Rotonde, 20h, 13/10/7e

Lun 05.03

The Waow + Jarhead Liège, InsideOut, 19h, 6e Zun Zun Egui + Jean Mikili Bruxelles, Magasin 4, 19h, 8e Pontiak Anvers, Trix Bar, 19h, 13/10e Wu Lyf Bruxelles, Le Botanique/ Orangerie, 20h, 16/13/10e

Lady Linn & her Magnificent Seven Anvers, Arenbergschouwburg, 20h, 20e Château Brutal Dunkerque, Les 4 Ecluses, 21h, 12/9e Nelson Toubab Lille, Le Biplan, 22h, 5e

Richie Kotzen + Porn Queen Lille, L'Aéronef, 20h, 15/10e

Rob'n'Zoopsie Bruxelles, Mr Wrong, 22h, grat.

Justice Bruxelles, L'Ancienne Belgique, 20h, Complet !

Musiques Nouvelles String Quartet Mons, Salle des Arbalestriers, 20h, 11/8e

Ven 09.03

Future Islands Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 11/8e

Diagrams + Yeti Lane Bruxelles, L'Ancienne Belgique/ AB Club, 20h, 12e

Uze Lille, Le Biplan, 22h, nc

Example Bruxelles, L'Ancienne Belgique, 20h, 19/16e

Mar 06.03

Lambchop Bruxelles, Le Botanique/ Orangerie, 20h, 22/19/16e

Câlin + Lazer Crystal Lille, La Malterie, 20h, 7/5e

Samiyam + Teebs Bruxelles, L'Ancienne Belgique/ AB Club, 20h, 12e

Babeshadow Gand, Cafe Video, 20h, grat.

Tindersticks Bruges, Cactus Muziekcentrum, 19h, 28/25e Marianne Aya Omac La Louvière, Centre Culturel Régional du Centre, 20h, nc Bai Kamara Jr. Bruxelles, Le Botanique/ Rotonde, 20h, 15/12/9e The Jayhawks Bruxelles, L'Ancienne Belgique/ Flex, 20h, 29/26e Mustard Pimp Lille, La Péniche, 20h, 9e The Fall + Luz (Dj-set) Lille, L'Aéronef, 20h, 22/18e Nick Waterhouse Gand, Le Charlatan, 20h, 14/11e Deer Gand, Cafe Video, 20h, grat.

Jeu 08.03 Uncommonmenfrommars Bruxelles, Magasin 4, 19h, 8e Camo & Krooked Leuven, Het Depot, 19h, 17/14/12e Mina Tindle + Pan Aurora Roubaix, La Condition Publique, 19h, 2e Anne Wolf Trio + Nathalie Loriers Quintet La Louvière, Centre Culturel Régional du Centre, 20h, nc Green Vaughan Lille, La Péniche, 20h, nc Andrew Bird + Dosh Bruxelles, Cirque Royal, 20h, 23/20e

Mer 07.03

Souls of Mischief Gand, Le Charlatan, 20h, 14/17e

Louis Aguilar (Goûter-Concert) Tourcoing, Le Grand Mix, 16h, 4e/grat.

Sting Lille, Zénith Arena, 20h, 63,5 à 102e

Dusty Grooves Bruxelles, Madame Moustache, 18h, 5e Neptune Courtrai, De Kreun, 20h, 10/7e

Chad Vangaalen Anvers, Trix Bar, 20h, 14/11e Team Me + Uno Møller Bruxelles, Le Botanique/ Rotonde, 20h, 13/10/7e Zun Zun Egui Diksmuide, Muziekclub 4AD, 20h, 9/7/5e Sly Johnson Calais, Centre Culturel Gérard Philipe, 20h, 5e Léa Cohen + Marie Mouscron, C. Culturel Marius Staquet, 20h, 14/12/10e Anna C & Barbiche Lille, Le Biplan, 22h, nc El-B + Cluekid + Kryptic Minds + Benton Anvers, Petrol, 22h, 16/13e Dillinja + ShockOne Bruxelles, Fuse, 23h, 10e Franck Biazzi + Jamie Dill + Cantino Pérez + Pierre Lille, Etik Club, 23h, nc


agenda |

92

concerts Audiofly + Martin Buttrich + Tofke + Tom Dazing Anvers, Le Café d'Anvers, 23h, 12e Miss Noa + Clementine Lille, Magazine Club, 23h, 5e

Sam 10.03 50’S Jamboree Bruxelles, Madame Moustache, 18h, 5e Bénabar + Archimède Lille, Zénith Arena, 19h, 25 à 48e School of Seven Bells Bruxelles, Le Botanique/ Rotonde, 20h, 13/10/7e Scratch Lille, La Péniche, 20h, 13e Customs + Softly Spoken Magic Spells + Toybloïd Lille, L'Aéronef, 20h, 12/6e The Scene Bruxelles, L'Ancienne Belgique/ AB Club, 20h, 12e

Hazebrouck, Espace Flandre, 20h, 13/9e Karimouche + Rwan Boulogne-sur-Mer, Espace Faiencerie, 21h, 10/8e Los Tres Puntos Dunkerque, Les 4 Ecluses, 21h, 10/7e Gesaffelstein + The Hacker Liège, La Caserne Fonck, 22h, 13,5e Mr Shine Lille, Le Biplan, 22h, 5e Carl Craig Lille, Magazine Club, 22h, 10e Dave Clarke Bruxelles, Fuse, 23h, 12/8e BP + Joachim Anvers, Le Café d'Anvers, 23h, nc Hardwell + Dj Nicolaz Anvers, Noxx, 23h, 15e Matt Heize + Isaac Fresco Liège, InsideOut, 23h, 5e

Scred Connexion + Kaotik Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 11/8e

Dim 11.03

Anamorphosis

Father Murphy + Bärlin Lille, La Malterie, 18h, 7/5e

Liège, La Zone, 20h, 7e CASS McCOMBS Bruxelles, Le Botanique/ Orangerie, 20h, 13/10/7e Zita Swoon Group Mons, Lotto Club, 20h, 15/10e Little Trouble Kids Bruges, Cactus Muziekcentrum, 20h, 10/7e

Roberto Alagna Bruxelles, Forest National, 19h, 159/109/89/69/59/44e Raphaël Saadiq Bruxelles, L'Ancienne Belgique, 20h, 28/25e

Tower of Power Leuven, Het Depot, 19h, 21/18/16e Head Full of Flames Gand, Cafe Video, 20h, grat. Persian Rabbit Lille, La Péniche, 20h, 7e Chad Vangaalen Bruxelles, Ateliers Claus, 20h, 10/8e

Mar 13.03 Fuck The Facts + Daggers Liège, La Zone, 20h, nc Blurt + Falling Man Gand, Le Charlatan, 20h, 13/10e Chad Vangaalen Lille, La Péniche, 20h, 11e SOUL TIME SESSION : Mayer Hawthorne + Benny Sings + DJ Joe Tex & Brother Jam Lille, L'Aéronef, 20h, 12/6e, Pass SOUL TIME + LEE FIELDS (27.03) 22/12e Thomas Dybdahl Bruxelles, Le Botanique/ Orangerie, 20h, 17/14/11e Joanna Newsom Bruxelles, L'Ancienne Belgique/ Flex, 20h, 33/30e Festival Musikampus : MC2 + Skarbone 14 Arras, Université d'Artois, 20h, 4e Muffler Men Gand, Cafe Video, 20h, grat.

Foxy Jane Liège, InsideOut, 20h, 5e

Mer 14.03

Amour + Subfobias Bruxelles, Magasin 4, 20h, nc

Lun 12.03

Fatras Bruxelles, Magasin 4, 19h, nc

Damien JuradoVangaalen Courtrai, De Kreun, 20h, 12/9e

Bane + Cruel Hand Anvers, Trix Bar, 19h, 15/12e

Le Couronnement de Popée (C. Monteverdi ) : Emmanuelle Haïm + Le Concert d'Astrée Lille, Opéra, 19h, 64/45/28/12/5e

Hazb'rock Festival : The Toxic Avenger + Robin Foster feat. Dave Pen + Unno + Bison Bisou + Spleenkin

Le Couronnement de Popée (C. Monteverdi ) : Emmanuelle Haïm + Le Concert d'Astrée Lille, Opéra, 19h, 64/45/28/12/5e

Earth + Mount Eerie Leuven, Het Depot, 19h,


Retrouvez l’intégralité des concerts sur

18/15/13e Talibam! + DJ Butzenseller Anvers, Trix Bar, 19h, 10/7e Soko + Luke Rathborne Lille, L'Aéronef, 20h, 15/10e Ólafur Arnalds Bruxelles, Le Botanique/ Orangerie, 20h, 18/15/12e Festival Musikampus : Cercueil + Delbi Arras, Université d'Artois, 20h, 4e Thomas Dybdahl Gent, Handelsbeurs, 20h, 17/15,5e Tribute to Billie Holiday : The Swingmasters Louvain-la-Neuve, La Ferme du Biéreau, 20h, 10/9/6e

Jeu 15.03 Der Blutharsch... Bruxelles, Magasin 4, 17h, 20/15e Atomic Suplex Bruxelles, Madame Moustache, 18h, grat. Akalé Wubé + DJ Ango Roubaix, La Condition Publique, 19h, 2e Enter Shikari Anvers, Trix, 19h, 25/22e

Sibelius/Schumann/ Tchaïkowski : ONL Roubaix, Le Colisée, 20h, 30/24/22/12/8e HK et Les Saltimbanks Liévin, Centre Culturel, 20h, 15/13/10e François & The Atlas Mountains + Petit Fantôme Amiens, La Lune des Pirates, 20h, 10/7e Great Mountain Fire Gand, Culturell Centrum Vooruit, 22h, grat. Udo und Brigitte Lille, Le Biplan, 22h, 5e

Ven 16.03 Madball + H2O + Deez Nuts Anvers, Trix, 18h, 21/18e Le Couronnement de Popée (C. Monteverdi ) : Emmanuelle Haïm + Le Concert d'Astrée Lille, Opéra, 19h, 64/45/28/12/5e Wave Festival : Slow Magic + Ralitt + Sun Glitters Arlon, Entrepôt, 20h, 15/12e Magic System Bruxelles, Forest National, 20h, 35,5e Het Zesde Metaal Courtrai, De Kreun, 20h, 10/7e

festival Musikampus : Anakronik Electro Orkestra + DJ Soumnakai Arras, Théâtre d'Arras, 20h, 4e

Les Vedettes La Louvière, Le Splendide (chapiteau) , 20h, nc

Horace Andy + Jupiter & Mai Shi Fai Lille, L'Aéronef, 20h, 17/13e

M83 + Porcelain Raft Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 17/14e

Alfio Origlio Dunkerque, Jazz Club, 20h, 16 à 8e

Pandora Bruxelles, Magasin 4, 20h, 8/6e

Yevgueni Anvers, Arenbergschouwburg, 20h, 16e

Elliott Murphy Bruxelles, Le Botanique/ Orangerie, 20h, 18/15/12e

Enzo Enzo Liévin, Centre Culturel, 20h, 13/11/8e

Apéro Slam : Collectif On A Slamé Sur La Lune Lille, Maison Folie Moulins,

20h, grat. Bush Chemists + Kanka Calais, Centre Culturel Gérard Philipe, 20h, 5e Syd Matters + Frànçois & The Atlas Mountains Beauvais, L'Ouvre-Boîte, 20h, 16/11e Vincent Delerm "Memory" Roubaix, Le Colisée, 20h, 32/28/23/21/8e Ben Mazué Béthune, Théâtre Le Poche, 20h, 7/5/4/3e Arnaud Rebotini Lille, Etik Club, 23h, nc

Sam 17.03 Happy Day Poppée : Le Concert d'Astrée Lille, Opéra, 12h, grat. Rise and Fall + Iron Age + Dead Swans + Hessian Courtrai, De Kreun, 17h, 12/9e Denial Fiend + Cauldron Anvers, Trix Bar, 19h, 15/12e Bruxelles, VK* Concerts, 19h, 23/20e Master of Waha Bruxelles, Magasin 4, 19h, 12/10e Lazer Crystal Bruxelles, Beursschouwburg, 19h, grat. Xiu Xiu Lille, La Péniche, 20h, 11e Soko Bruxelles, Le Botanique/ Orangerie, 20h, 15/12/9e Syd Matters + Thousand Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 17/14e Magic System Liévin, Arena Stade Couvert, 20h, 29e Axelle Red Lille, Théâtre de l'Hotel Casino


agenda |

94

concerts Barrière, 20h, 41/38e

AB Club, 20h, 12e

Rotonde, 20h, 15/12/9e

Vincent Delerm "Memory" Béthune, Théâtre de Béthune, 20h, 19/16/3e

Laura Marling + Pete Roe Bruxelles, L'Ancienne Belgique/ Flex, 20h, 21/18e

Anna Aaron + Tricot Machine Lille, L'Aéronef, 20h, 10e

Eric Fusillier Quartet Mouscron, Centre Culturel Marius Staquet, 20h, 12/10/8e Markus Mann & The Movers + Geda Lille, Maison Folie Moulins, 20h, grat. L'Orchestre du Vent Lille, Le Biplan, 22h, nc Hermanez + Patrick Schmidt + Bartholomeo Anvers, Le Café d'Anvers, 23h, nc

Dim 18.03 Le Couronnement de Popée (C. Monteverdi ) : Emmanuelle Haïm + Le Concert d'Astrée Lille, Opéra, 16h, 64/45/28/12/5e Gala Drop Lille, La Péniche, 18h, 9e Ovo + Nadja Bruxelles, Magasin 4, 19h, 8e Het Zesde Metaal Gand, Culturell Centrum Vooruit, 19h, 13/11,5e Heather Nova Gand, Culturell Centrum Vooruit, 20h, 32e The Waterboys Bruxelles, L'Ancienne Belgique/ Flex, 20h, 30/27e

Mar 20.03

Graveyard + Horisont Bruxelles, L'Ancienne Belgique/ AB Club, 20h, 12e

Le Couronnement de Popée (C. Monteverdi ) : Emmanuelle Haïm + Le Concert d'Astrée Lille, Opéra, 19h, 64/45/28/12/5e

't Hof van Commerce Bruxelles, L'Ancienne Belgique/ AB Box, 20h, 19/16e

Bénabar Bruxelles, Forest National, 19h, 47,5/34,5e

Shiko Shiko + Zun Zun Egui Amiens, La Lune des Pirates, 20h, grat.

Birdy Nam Nam Lille, L'Aéronef, 20h, 31e

Time to Live Blues Lille, Le Biplan, 22h, 5e

Lonely Drifter Karen Bruxelles, L'Ancienne Belgique/ AB Club, 20h, 12e

Jeu 22.03

La Goutte Lille, Maison Folie de Wazemmes, 20h, 3e

The Craving Deer Gand, Cafe Video, 20h, grat.

Le Couronnement de Popée (C. Monteverdi ) : Emmanuelle Haïm + Le Concert d'Astrée Lille, Opéra, 19h, 64/45/28/12/5e

Terez Montcalm Valenciennes, Le Phénix, 20h, 22/20/17/9e

Mina May + June Bug Roubaix, La Condition Publique, 19h, 2e

Brad Meldhau Douai, L'Hippodrome, 20h, 28/23/18e

Gala Drop + Bepotel Bruxelles, Ateliers Claus, 20h, 8e

Los Nordpadcalos Lille, Le Biplan, 21h, grat.

The Me in You Bruxelles, L'Ancienne Belgique/ AB Club, 20h, 12e

We Have Band Bruxelles, Le Botanique/ Rotonde, 20h, 15/12/9e

Mer 21.03

The Felice Brothers Bruxelles, L'Ancienne Belgique/ AB Box, 20h, 19/16e

Lun 19.03

Il Nerone (Cantates Romaines pour basse et continuo) : Les Solistes du Concert d'Astrée Lille, Opéra, 18h, 8/5e

Lee Fields Leuven, Het Depot, 19h, 21/18/16e

Stromae Gand, Culturell Centrum Vooruit, 19h, 26/23,5e

King Volcano + Surfer Rosa Lille, La Péniche, 20h, 5e

Gordo Spacemonkey Gand, Cafe Video, 20h, grat.

Rick Ross Lille, Zénith Arena, 20h, 43e

Humatronic + The Hexen Liège, InsideOut, 20h, 5e

Veronica Falls Bruxelles, L'Ancienne Belgique/

Marc Morgan Bruxelles, Le Botanique/

Shemekia Copeland Hénin-Beaumont, L'Escapade,

Karel Michiels + Groove Station Courtrai, De Kreun, 20h, grat.


Retrouvez l’intégralité des concerts sur

20h, 10/8e Lynda Lemay Lille, Théâtre de l'Hotel Casino Barrière, 20h, 41/38e Coenguen Lille, Le Biplan, 22h, 8/6e Kambo Don Bruxelles, Fuse, 22h, 6/5/2,5e

Ven 23.03 Mina May + DJ Wait @ See Bruxelles, Madame Moustache, 18h, 5e Backfire Anvers, Trix Club, 19h, 16/13e Sioen + Binti Gand, Culturell Centrum Vooruit, 19h, 16/14,5e Feist Lille, Théâtre Sébastopol, 20h, 39,50/34e Séville 82 Lille, La Péniche, 20h, 12e Stromae Bruay-la-Buissière, C. Culturel Grossemy, 20h, 20 à 8e Balkan Baroque Band Valenciennes, Le Phénix, 20h, 22/20/17/9e

Lisa Portelli + Julien Biget Béthune, Théâtre Le Poche, 20h, 7/5/4/3e Zohair Lille, Le Biplan, 22h, nc Mosca + Ben Ufo Gand, Culturell Centrum Vooruit, 23h, 14/12,5e

Sam 24.03 The Anomalys Bruxelles, Madame Moustache, 18h, 5e

Piers Faccini + Ellis Bell Lille, L'Aéronef, 20h, 17/13e Biga Ranx + Noble Society Lille, Le Biplan, 22h, nc

Connan Mockasin Bruxelles, Le Botanique/ Orangerie, 20h, 16/13/10e

La Colonie de Vacances Concert quadriphonique: Pneu + Marvin + Electric Electric + Papier Tigre Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 11/8e

Les Femmes s’en Mêlent #15 : My Brightest Diamond + Ladylike Lily Amiens, La Lune des Pirates, 20h, 10/7e

The Inspector Cluzo & The FB's Horns Lille, L'Aéronef, 20h, 12/6e Giana Factory Lille, La Péniche, 20h, 7e

The Green Dolphins Namur, Belvédère, 20h, 12/7e

Liesa Van der Aa Diksmuide, Muziekclub 4AD, 20h, 10/8/6e

Morkobot + Papier Tigre Bruxelles, Magasin 4, 19h, 8e

Lun 26.03

Korn Bruxelles, L'Ancienne Belgique, 20h, 51/48e

Mustang + Martin Angor Amiens, La Lune des Pirates, 20h, 11/8e

Booba Mons, Lotto Mons Expo, 14h, 39e

Alex Winston Bruxelles, L'Ancienne Belgique/ AB Club, 20h, 12e

Bl!ndman Gent, Handelsbeurs, 20h, 17/13/5e

Front 242 Charleroi, Coliseum, 20h, 26/22e

Dim 25.03

Danakil Bruxelles, L'Ancienne Belgique, 20h, 28/25e

Julien Clerc - Symphonique Lille, Zénith Arena, 20h, 35 à 60e

New Build Bruxelles, Le Botanique/ Rotonde, 20h, 13/10/7e

All Naked Export Lille, Etik Club, 23h, nc

An Orange Car Crashed Arlon, Entrepôt, 20h, 10/8e Nougaro Electro(n) libre & Ma bande originale » : Lulu Presque Oui Béthune, Théâtre de Béthune, 20h, 14/10/3e Yordan Lille, Le Biplan, 22h, 5e Captain Storm Béthune, Oxford Café, 22h, nc Miss Noa + Jeff Delby Courtrai, De Kreun, 23h, nc

Mar 27.03 Les Femmes S'en Mêlent #15 : My Brightest Diamond + Thus : Owl Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 11/8e Pierrot Lunaire : Quatuor Prazak Lille, Opéra, 20h, 21/16/12/8/5e Still Corners + DJ Jasper Gand, Le Charlatan, 20h, 14/11e Dan Ar Braz et Carlos Nunez Lille, Théâtre Sébastopol, 20h, nc The Civil Wars Bruxelles, L'Ancienne Belgique/ AB Club, 20h, 12e Lee Fields and The Expressions Lille, L'Aéronef, 20h, 15/10e, pass SOUL TIME + M. HAWTHORNE (13.03) 22/12e


agenda |

96

concerts R. Wan + Veence Hanao Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h, 10/8/6e

Mer 28.03 ¡ ESPAÑA ! Mélodies et Zarzuelas de Granados, Obradors, Turina... : Maria Virginia Savastano + Inaki Encina Oyon Lille, Opéra, 18h, 8/5e Primus Anvers, Trix, 19h, 38/35e White Hills Bruxelles, Le Botanique/ Rotonde, 20h, 15/12/9e Morning Parade Bruxelles, Le Botanique/Witloof Bar, 20h, 16/13/10e Kiss the Anus of a Black Cat + Mittland och Leo Gand, Culturell Centrum Vooruit, 20h, 13/9e Disappears + Drums Are For Parades Tourcoing, Le Grand Mix, 20h, 11/8e Da Silva Bruxelles, Le Botanique/ Orangerie, 20h, 20/17/14e The Jezabels Bruxelles, L'Ancienne Belgique/ AB Club, 20h, 12e

Retrouvez l’intégralité des concerts sur

Bruxelles, Le Botanique/ Rotonde, 20h, 18/15/12e

Bruxelles, L'Ancienne Belgique/ AB Club, 20h, 19/12e

David Bartholomé Opwijk, Nijdrop, 20h, 5e

Fauré Quartett Gent, Handelsbeurs, 20h, 22/18/5e

Skip The Use Lille, Splendid, 20h, 19,80e Isbells + Renée Bruxelles, L'Ancienne Belgique/ AB Club, 20h, 12e Kap Bambino Roubaix, La Cave aux Poètes, 20h, 10/8/6e Louis Bertignac Boulogne-sur-Mer, Espace Faiencerie, 21h, 18/14e Alexis O'Hara Mons, Salle des Arbalestriers, 21h, grat. Marc Ribot Gand, Culturell Centrum Vooruit, 22h, 16/14/12e Bob et Hercule Lille, Le Biplan, 22h, nc Tristesse Contemporaine Bruxelles, Mr Wrong, 22h, grat.

Ven 30.03 The Pink Slips Bruxelles, Madame Moustache, 18h, 5e

Rock in Chair Lille, Le Biplan, 22h, nc

The Subs + Arnaud Rebotini + Partyharders Bruxelles, L'Ancienne Belgique, 19h, 24/21e

Jeu 29.03

Napalm Death Anvers, Trix Club, 19h, 19/16e

Koritni + Wild Dawn Bruxelles, Magasin 4, 19h, 12e

Talib Kweli Leuven, Het Depot, 19h, 21/18/15e

Mr Day + Guest Roubaix, La Condition Publique, 19h, 2e

Miossec + Joseph d'Anvers Lille, Splendid, 20h, 24e

Chimaira + Re-Armed Anvers, Trix Club, 19h, 18/15e

Selah Sue Lille, Zénith Arena, 20h, 30 à 33e

Sioen Leuven, Het Depot, 19h, 17/14/12e

Beth Jeans Houghton Bruxelles, Le Botanique/Witloof Bar, 20h, 13/10/7e

Shearwater

Baba Zula

The Headshakers Lille, Maison Folie Moulins, 20h, 5e Grace + Amélie Calais, Centre Culturel Gérard Philipe, 20h, 5e Obscura + Gorod Dunkerque, Les 4 Ecluses, 21h, 13/10e Mistercrash + Dj Baz Liège, InsideOut, 23h, 5/3e

Sam 31.03 Mickael Miro Lille, Splendid, 20h, 25e Dead Elvis & His One Man Grave + Hola Ghost Bruxelles, Magasin 4, 20h, 8e Pokey Lafarge and The South City Three Bruxelles, L'Ancienne Belgique/ AB Club, 20h, 12e Cali La Louvière, Le Splendide (chapiteau) , 20h, 30/28e Primus Lille, L'Aéronef, 20h, 22/18e Black Breath + Victims + Tormented + DJ Levy Courtrai, De Kreun, 20h, 10/7e Bed Rugs Anvers, Arenbergschouwburg, 20h, 10e Ladylike Dragons Beauvais, L'Ouvre-Boîte, 20h, 10/6e Gavroche + Cherry Lyly Darling Amiens, La Lune des Pirates, 20h, 8e Nina Attal + The Headshakers Dunkerque, Les 4 Ecluses, 21h, 11/8e



le mot de la fin |

98

Photographe pour l'AFP le jour, Janol Apin ne rejoint pas son terrier le soir venu. Non ! Cet adepte du jeu de mots et de la mise en scène insolite court d'autres lièvres dans le métro parisien. L'animal bondit de station en station et signe des clichés poétiques et ludiques. À lire / Métropolisson (Éd. Lacarothe) - À visiter / www.janol-apin.com




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