Le Bonbon Nuit 23

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Nuit

Juillet / Ao没t 2012 - n掳 23



édito Bonne Nuit Le véritable drame de ce début de décennie à Paris, c’est l’augmentation de la consommation de caféine. Non mais franchement, c’est vrai, on trouve maintenant du café partout, et dans tous les milieux. C’est un fait, le prix du café a baissé, il s’est démocratisé, son usage s’est banalisé, voire normalisé. Ainsi, il n’est pas rare de voir des lycéens, des employés de bureaux ou des petits commerçants s’envoyer des quantités astronomiques de café. Et à ce petit jeu-là, c’est tout de même le monde de la nuit qui remporte la palme : les DJs, les barmen, les journalistes musicaux, les physios, les mondains ou autres starlettes du showbiz sont pratiquement tous connus pour être des caféinomanes invétérés. Faut dire aussi que les producteurs de café font bien leur taf, les potes de Jacques Vabre en Colombie ne lésinent pas sur les moyens. Les vendeurs de café eux-aussi ne chôment pas, puisqu’ils font désormais de la vente à emporter, hop, un petit coup de fil et les voilà en scooter prêts à vous livrer en une demi-heure votre dose de caféine. Alors forcément, au bout d’un moment, on pète les plombs, on devient complètement accrocs à la molécule, on ne s’imagine plus sortir sans avoir pris une tasse. Il faut alors se désintoxiquer, aller dans un centre spécialisé, faire preuve d’une putain de volonté, puisque tout le monde vous propose ce maudit café. Moi, perso, j’ai choisi la voie de la substitution, je me suis mis au thé, c’est pas mal non plus le thé, surtout avec un peu de lait. Mais bon, je vous avoue que je me ferais bien une dernière tasse de jus, juste pour la route… Pour moi ? Un expresso bien serré, hein, et sans sucre. Michael Pécot-Kleiner Rédacteur en chef adjoint

Rédactrice en chef — Violaine Schütz michael@lebonbon.fr

violaine@lebonbon.fr

| Rédacteur en chef adjoint — Michaël Pécot-Kleiner

| Directeur artistique — Tom Gordonovitch

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| Président — Jacques de la Chaise

Photo couverture — A$AP Rocky par Nicola Delorme | Secrétaire de rédaction — Pascaline Laporte Régie publicitaire — regiepub@lebonbon.fr Lionel 06 33 54 65 95 | Contactez-nous — nuit@lebonbon.fr Siret — 510 580 301 00016 | Siège social — 31 bis, rue Victor-Massé, 75009 Paris 1—

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05/07 21H BLACK MINOU 06/07 21H BROKENCANDYS THE UNDEREMPLOYED THE TAPE 00H Soirée Bonbon 21H 07/07 ULMANN KARAROCKÉ

THE COPPERFIELD + PLYMOUTH FURY KING OF CONSPIRACY 00H Soirée Bonbon 14/07 21H THE CHIMERICAL + MATHILDE FORGET 20/07 21H EKHO + DUKES OF PARIS 00H Soirée Bonbon 13/07

21H


sommaire Le Bonbon Nuit

p. 05

le bon timing

la bonne étoile

A$AP Rocky

p. 07

le bon musicien

Twin Shadow

p. 10

Luz

p. 14

Swinging London !

p. 18

Juveniles

p.20

Maeva Schublin

p. 26

Agoria

p. 30

Best-Of des Terrasses

p. 32

Monia Chokri

p. 36

Mère dans la Tourmente

p. 40

Mona Chollet

p. 42

Concorde

p.44

le bon oiseau de nuit

la bonne virée

la bonne jeunesse

la bonne présentatrice

le bon producteur

le bon plan

la bonne actrice

la bonne rencontre

le bon livre

la bonne playlist

trousse de secours

p.45

le bon agenda

p.48

3—

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le Bon Timing Les événements à ne pas manquer ME.008 Ostgut Ton Un week-end « Made In Berlin ». 48 heures pour présenter l’incroyable scène berlinoise, avec les résidents des mythiques Berghain et Panorama Bar. Quoi de plus normal que d’inviter pour l’occasion Ostgut Ton, le label issu de ces clubs, à investir pendant une nuit et un après-midi le Cabaret Sauvage. Samedi 21 Juillet et Dimanche 22 Juillet au Cabaret Sauvage.

Wim Delvoye au Louvre De la relecture triviale du gothique jusqu’aux déformations baroques de crucifix, l’art populaire et décoratif de Wim Delvoye, qui plonge ses racines dans un détournement ironique des styles du passé, trouve dans le Louvre un écho particulièrement sonore. Il sera invité à intervenir dans divers lieux du musée. C’est Bernard Arnault qui va être content ! Tout l’été au Musée du Louvre

Swinging at the top :Yacht Club Le 12 Juillet prochain à la Maison des Canaux, nouveau lieu dément sur les quais de Seine (l’Ourcq) juste à côté du MK2. La DA est confiée au graffeur et producteur GREMS, qui a carte blanche pour repeindre le lieu et faire une partie de la prog’ (McLuvin, The Name). Le 12 juillet à la Maison des Canaux

Les 5 ans du Vélib Le vélo le plus célèbre de la capitale fête ses 5 ans. Pour l’occasion, le Bonbon organise une grosse fiesta le 21 juillet à la Machine du Moulin Rouge avec, DR / DR / DR / DR

entre autres, le duo électro-pop Exotica et la Djette Violaine Schütz. En attendant, bonnes balades dans la ville sur votre deux roues. Le mieux, c’est la nuit, comme le chantait Katerine. Le 21 juillet à la Machine du Moulin Rouge 5—

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la bonne étoile ® Flora Desprats Ω Brock Fetch

a$ap rocky L’enfant prodige

Le Bataclan un mercredi pluvieux. Le concert ne commence pas avant trois heures et déjà des kids commencent à s’agglutiner sous la pluie…

Dans ma tête résonne encore LiveLoveA$AP, la mixtape plus que prometteuse de l’artiste. Je me fraye un passage parmi les bandanas et les sweets à capuche. La comparaison avec un passé old school est inévitable. À la vue des ravissantes en talons, aux bouches rouges et des leggings criards, je ne peux m’empêcher de me remémorer, qu’il y a presque vingt ans quand avec mes copines nous nous rendions à peine pubères dans ce genre de concert, nous étions obligées de nous travestir sous des énormes capuches et des baggy Carhartt. Il a bien changé le public hip-hop. C’est moins clanique, moins tribal. Je vois des hipsters, des ados de bonne famille, des vieux rockeurs. Ce qui prouve la démocratisation de cette culture. Car aujourd’hui, c’est normal d’écouter du rap. À l’image de cette photo qui circule sur facebook où Patrick Bruel est bras dessus bras dessous avec Jay Z au fameux concert de Bercy. Ça me fout le cafard. Car comme beaucoup de gens de la trentaine qui ont tellement écouté de rap dans les années 90, ma ferveur à cette culture s’est un peu émoussée. Aujourd’hui, Joey Starr passe à la télé aux heures de grandes écoutes et les vocodeurs de Kanye m’ont un peu saoulée. Ok, il reste des trucs 7—

mais il faut fouiller. Le hip-hop est pour moi une veille madeleine, bref presque une posture mondaine dont on se souvient comme d’un premier amour devenu un peu nul. Pourtant là, on nous brandit A$AP comme un phénomène, comme la relève d’une culture vieillissante. Grace à une savoureuse mixtape qui se trouve partout sur le net et quelque featuring, le rappeur de 23 ans, « from Harlem » vient de signer un mirobolant contrat de 3 millions de dollars avec Sony. Le mec a une street cred impeccable avec un enfance à la Zola version NYC avec un père en prison pour deal et un frère parti trop tôt sous le poids des balles. Mais ce n’est pas cela qui fait de lui un prodige. Déjà Rakim Mayers (de son vrai nom en hommage au rappeur) rappe comme un dieu. Mais surtout l’enfant n’est jamais là où l’on l’attend. Il se refuse aux clichés du genre, comme les carcans culturels et géographiques. En bon new-yorkais qu’il est, son influence majeure vient du rap du sud et du son screwed & chopped (cf. encadré) du rock, mais aussi de la mode. En plus de crier son affection pour Bone Thugs and Harmony, Mobb Deep et le Wu-Tang, Rocky pose son flow sur l’instru hautement pop de Bitter Sweet Symphony et avoue avoir grandi avec Nirvana. Aux lyrics codéines, il ajoute une vraie passion pour la mode. Exit les baggys au mi-fessier et Nuit


A$AP Rocky

“la seule chose dont je suis sûr c’est que ma vie je la passerai et la finirai à Harlem.”

textos de mes amis qui seraient prêts à vendre leur mère pour assister au show. Je n’aurai pas plus de dix minutes pour en savoir plus. Le photographe de Libé, un hétéro quarantenaire fan de Dylan ressort le souffle coupé par la beauté du mec. Ma collègue du Be à le sourire aux lèvres par tant de gentillesse. à mon tour ! Une serviette panthère sous la casquette et des muscles saillants sous son débardeur Pigalle. A$AP est souriant mais baille un peu. C’est une bombe. Au bout de ses doigts, une femme africaine finit sa manucure. Le concert est imminent, je n’aurai que quelques minutes, mais pleines de convictions. Bonjour, je ne vais pas te demander tes inflences ?

Oh non c’est la question qu’on me pose le plus souvent ? Ok tu veux une liste. Camron, les diplomates, le rap de Huston, Bone thugs and Harmony mais aussi des trucs plus pop et qui n’ont rien à voir. Tu es fatigué ? Tu as fais quoi ce matin ?

Je suis passé vite fait chez Colette mais j’ai rien acheté, j’ai pas eu le temps. Oui c’est vrai que tu as des passions inattendues pour un rappeur. Tu es végétarien, tu aimes la mode

les Timberlands desserrées. L’homme a du goût. Il passe ses jeunes années au faire du window shopping dans Manathan. Aujourd’hui son placard comprend du Marc Jacob, du Rick Owen, Martin Margiela du Jeremy Scott, du Alesander Wang qui sont d’ailleurs son pote. Car A$AP n’est pas homophobe. Les filles, il les consomme à la pelle et les gays sont ses sausses. Déjà, le concept met de bonne humeur ! C’est la queue devant sa loge. Des journalistes de Vice mais aussi Libé et Vogue. Ça sent la weed. Il y a un va-et-vient de potes, dont les mecs de Pigalle, grands copains de la star. J’attends patiemment mon tour et fait mine d’ignorer les 8—

et tu n’es pas homophobe.

Bah homophobe, ça sert à quoi ? Non je mange de la viande et bien sûr j’aime les vêtements je vais pas sortir à poil dans la rue. Bravo pour le contrat à 3 millions de Dollars. Tu rappes depuis longtemps ?

Petit, mon frère me lançait sur un sujet, il tapait avec ses doigts sur la table et je me lançais. J’adorais ça. Lui ça le faisait marrer. Ensuite, j’ai fait du rap avec mon crew, mais je ne pensais pas que cela irait aussi vite. À mon premier concert, Drake était dans la salle. Directement, j’ai fait ses premières parties.

Nuit


A$AP Rocky C’est toi qui fais tes clips ? Mais pour ton album tu penses à qui ? Tu vas pas prendre Jay Z ou Kanye West pour te produire ? Tu es le genre de garçon à vouloir des trucs un peu différents des autres ?

Oui en effet. Je fais mes clips, je ne fais pas que de la musique. Tout m’intéresse l’art, le cinéma. Pour le son de mon album, j’ai envie d’inattendu. La seule chose que je peux te dire c’est que ce que j’ai fait pour l’instant, c’est rien à côté de ce que je vais faire. Ça va tuer ! Et pour les collaborations, je peux simplement te dire que je vais bosser avec Gnarls Barkley et Georges Clinton. Trop bien !

de ses potes parmi eux, les mecs de Pigalle. Ça saute, ça boit, ça danse comme des vénères. Le son sature un peu. La foule lève les mains. A$AP distille ses tubes purple swag, Goldie… On est au Bataclan et non à Bercy. Le show est simple, propre, concis. J’en ai vu de meilleurs comme des pires. Mais le début d’un truc grand pointe son nez. Avec d’autres artistes comme sa vieille copine Azealia Banks, Krendrick Lamar où encore ses prétendus rivaux d’Odd Futur, A$AP est en train de faire du flambant neuf avec du vieux. Et c’est normalement, c’est le propre du magicien. En tout cas, il va se passer quelque chose. J’ai hâte. Live Love A$AP !

Ha ouais tu sais qui c’est Georges Clinton ? Bah ouais quand même.

A$AP Rocky — LongLiveA$AP

Tu restes pour le show ce soir ?

— Screwed et chopped :

Bah ouais quand même !

Le son screwed & chopped est créé par Dj Screw au

Ça va être fat ! J’ai envie de m’éclater !

fin fond du Texas au milieu des années 90. Le tempo

Tu sens bon c’est quoi ton parfum ?

(scratché) pour assurer la rythmique. Certains mots

Merci, c’est de l’eau de Cologne. Tu crois que je mets mes dents en or pour la photo de couverture.

sont doublés, les voix s’aggravent. Le morceau

du disque est ralenti (screwed) et le son « choppé »

devient cotonneux. L’inspiration de cette technique lui est venue de la sensation que lui procure une dro-

À mort !

gue : le sirop de codéine (Sizzurp) au gout enfantin et

Bon salut il faut que j’y aille.

à la jolie couleur violette. Au même titre que le fried chicken et les dents en or, ce sirop est l’un des piliers

Attends ! Tu voyages partout, tu es promis à une

de la culture rap dans le sud des États-Unis. C’est

renommée mondiale, tu le vois comment ton futur ?

pour cela que les rappeurs du Sud vouent un culte

Ecoute, rien n’est certain. Mais la seule chose dont je suis sûr c’est que ma vie je la passerai et la finirai à Harlem.

à la couleur violette et qu’il y a du « purple » partout dans leurs lyrics et dans leurs artworks. Aujourd’hui, le sizzurp est la drogue à la mode dans le milieu du rap ( est ce mieux que le crack ?) et les majors sortent

En un éclair, il se lève et prend la pause avec son dentier en or devant notre photographe. Je vais dans la salle qui est déjà bien pleine : des kids en furie, des trentenaires un peu blazés. Au bar, Jean Baptiste Mondino et Emanuel De Burtel discutent. Les lumières s’éteignent. A$AP rentre sur scène accompagné d’une vingtaine 9—

les albums de Hip Hop du Sud en version « screwed & chopped ». Ce son influence désormais le rap mondial et notamment celui d’A$AP ROCKY. En France, Dj Raze qui joue un peu partout dans la capital est le représentant de ce son. Il a même fait version screwed des morceaux de Gainsbourg.

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le bon musicien ® Mathias Deshours Ω Tina Tyrell

twin shadow La fureur de (sur)vivre

Son premier album avait beau s’appeler Forget, impossible d’oublier Georges Lewis Jr. (alias Twin Shadow) depuis. Deux ans se sont écoulés et Georges est toujours une des moustaches les plus attirantes de la pop moderne. Il sort ce mois-ci Confess et comme il semble mûr pour les confessions, Le Bonbon Nuit en a profité pour le faire passer aux aveux.

Peut-être est-ce parce qu’il déballe tout dans ses albums mais lors de ses interviews, Georges a presque autant de mal à se mettre à table qu’un mafieux corse. Pourtant Georges ne te snobe pas et ce n’est pas un timide. Georges est un blouson noir au grand cœur. Un James Dean de la pop contemporaine, écorché vif à la fureur de vivre qui considère que le temps passé en interview est celui où il ne crée pas. Ça se défend. Un écorché vif non pas antipathique mais pressé d’en finir (avec l’entretien). Un écorché vif poussant sa désinvolture de loulou jusqu’à manger durant l’interview. Un écorché vif qui fera même la vaisselle durant notre discussion (bref, un écorché vif bon à marier). Rebel sans cause (mais avec moto)

Twin Shadow c’est un peu Le Rebelle, la série avec Lorenzo Lamas (si si souvenez-vous). Déjà, parce que Georges c’est un solitaire : « c’est toujours 11 —

une nécessité pour moi de composer seul, tu sais. Ça m’aide à faire les choses plus rapidement. Après je ne recherche jamais à transmettre de la solitude dans mes chansons, ça transpire naturellement je pense ». Ensuite, parce le dada de Georges, c’est la moto. Tout amoureux de New York qu’il est, si Twin Shadow a enregistré cet album à Los Angeles c’est parce que : « j’avais envie de conduire ma moto et que je ne pouvais pas le faire à NYC. À L.A, c’est juste plus simple pour ça ». Au-delà d’être un sujet le déridant en interview, son engin de l’enfer est un tenant et un aboutissant de ce deuxième album. Au même titre que Kavinsky ou les Chromatics (mais dans un autre genre) Georges incarne la road music, des œuvres nourries de sa boulimie de bitume et de vitesse : « Tu sais, j’ai passé une bonne partie de ma vie dans une voiture, à conduire de longues distances pour voir mes amis, déménager ou voyager. La route est un endroit qui m’est familier. Conduire est vraiment quelque chose d’important par rapport à ma musique. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai enregistré mon album à L.A : rouler en moto là-bas, c’est magique. Ça m’aide à trouver l’inspiration de prendre mon engin et de parcourir la route… Ça me vide l’esprit et le remplit d’idées, d’harmonies. Donc oui, bien sûr, quelque part, consciemment ou pas, la route est une source d’inspiration ».

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Twin Shadow

“finalement Il s’agit toujours d’avancer. Tourner la page.” Les accidents du bonheur

La route, sa muse avec laquelle il échangeait jadis des «je t’aime, moi non plus». L’addiction à la vitesse connaît aussi ses overdoses et Georges eut, il y a quelques temps de cela, un accident. C’était sans gravité (rassurez-vous), il va bien, merci pour lui. Plus de peur que de mal pour Georges l’écorché (tout court) qui trouve le moyen d’en tirer une certaine volupté : «Ce qui m’a vraiment marqué dans cet accident, c’est la béatitude que tu ressens lors de cette seconde de calme se déroulant au ralenti, juste après la surprise et juste avant les regrets». Logiquement, l’accident va bouleverser sa conception des choses, le poussant à apprécier l’instant présent et à tout observer d’un œil nouveau : « Après l’accident, il m’est venu à l’idée que je pouvais mourir. Vraiment. Je l’ai ressenti dans ma chair. Mais malgré tout, j’ai acheté une nouvelle moto, pour tourner la page et je me suis senti vraiment bien. J’aurais pu arrêter mais j’ai décidé de continuer, de remonter en selle… C’est ce sur quoi cet album porte finalement, il y a toutes ces choses terribles qui t’arrivent, toutes ces relations qui ne marchent pas et bien que tu aies envie de tout stopper, l’album ne parle pas d’abandon mais de continuer à s’accrocher et à apprécier les choses 12 —

pour ce qu’elles sont». C’est ça Confess : les accidents et leurs bienfaits. Les accidents du bonheur en somme. Tourner la page

Parmi ces bienfaits, on trouve chez Twin Shadow cette faculté à aller de l’avant. Ce move forward radoté toutes les deux phrases, il le porte en lui depuis son premier album, c’est sa boussole et la raison pour laquelle il chapitre les épisodes de sa vie en album : « Même si Confess est destiné à des tas de gens qui font partie de ma vie maintenant et qu’il est rempli de choses que j’ai à leur dire et que je ne parviens pas à déclamer dans le blanc des yeux, ce nouvel album… me sert à la même chose que le premier finalement : Il s’agit toujours d’avancer. Tourner la page ». Sur le carnet de santé de Georges, il est inscrit qu’il souffre d’une sévère allergie au passé. Forget, son premier LP se consacrait à « oublier ». Ce deuxième album, quant à lui, passe aux « confessions » pour se purger. En somme, chaque album est une page à tourner sur laquelle Georges ne veut plus revenir. Twin Shadow est pour Georges ce jumeau des jours passés lui collant au cul comme une ombre. D’ailleurs, tel un individu sujet au vertige et fasciné par le vide, cette allergie au passé ne s’applique pas à tous les champs. Si l’on se penche sur l’ADN de Confess on retrouve toutes les gloires des 80’s recalées du Panthéon du Rock. Le Soft Rock de Tom Petty & The Heartbrakers ou de Rod Stewart, le Hard FM de Bon Jovi et Bryan Adams ou encore (et toujours) le post-punk au cœur lourd de The Smiths… Twin Shadow continue à jouer avec les déchets d’antan pour en faire de beaux objets. Même en musique le tri sélectif a du bon et en allant à Confess vous ne clamerez pas le contraire.

Twin Shadow — Confess 4AD/Beggars ≥ twinshadow.net

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LE BON volatile ® MPK Ω Stefmel

LUZ

Dessinez c’est gagné

Que ce soient des gueules pour Charlie Hebdo,

Le fait d’être dessinateur demande une bonne dose

des vinyles lorsqu’il est derrière les platines, ou

d’observation. Tu retrouves cette qualité dans l’art

des choses bizarres quand il se la colle en soirée, Luz

de passer des disques ? On peut jeter des ponts

aime croquer tout ce qui lui passe devant le nez. Fin

entre ces deux activités.

observateur et spécialiste des virées à long cours, il

Sur l’observation, on est absolument d’accord. En tant que dessinateur satyrique, tu es obligé d’avoir cette faculté, tout comme dans un mix, si on ne lève pas la tête pour capter son auditoire, ça ne sert à rien d’être derrière les platines. Tu ne mixes pas devant ton public, ni contre ton public, tu mixes avec lui. Ce sentiment de mise en confiance est quasi-obligatoire. L’autre point commun entre ces deux activités, c’est aussi le fait de savoir raconter une histoire.

ne pouvait être que l’interlocuteur rêvé pour dresser un portrait sans concession des nuits parisiennes. Hello Luz. Quelle est la tronche de DJ la plus caricaturable ?

Evidemment David Guetta. Parce que c’est le seul DJ qui sourit tout le temps et qui ne prend pas de drogue. Alors que je connais plein de DJ qui font la gueule, et pourtant, eux s’en foutent plein le nez.

Tu bosses pour Charlie, tu traites de politique. EstT’es sûr qu’il ne prend pas de drogue David Guetta ?

ce que pour toi danser est un acte politique ?

Ben écoute il m’a fait un procès pour ça. J’avais fait une BD qui s’appelait The King of Klub, où j’avais laissé entendre qu’il prenait de la drogue. Dans le scénario, lui et sa femme allaient dans le cosmos dans une canette d’Energy drink, et ils amenaient leur chien qui s’appelait Lacoke. Et donc Cathy Guetta à un moment dit : « Vite, vite, David, montons dans notre canette et n’oublions pas de prendre Lacoke. » Suite à cette histoire, ils se sont énervés contre l’éditeur et m’ont collé un procès au cul.

Oui, si t’arrives à te réveiller pour aller voter, c’est bien ! (rires) J’avais une copine qui avait comme ambition de monter une association qui s’appelait Clubbing et Citoyenneté mais bon je crois qu’elle a dû tout de suite arrêté tellement le nom était ridicule. L’enjeu était plutôt pas mal, mais elle n’a pas réussi à convaincre grand monde. Elle était toute seule dans son association. Maintenant, mais ça faut pas le dire, elle bosse pour Ségolène Royal, comme quoi le clubbing ça peut mener à tout.

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Luz

“je crois que les meilleures soirées que j’ai passées à Paris sont celles organisées par les lesbiennes.”

je pense que les afters appart’ soient plus sympas, parce que c’est justement rempli de gens qui se sont faits refouler du Baron. À part le Baron et les apparts, tu as des bons petits plans after à nous donner ?

Il y a la Pompon dans le 10e qui fait after si tu connais les patrons. En trucs un peu cracra il y a le Zorba ou chez Carmen, j’y suis allé d’ailleurs pour la première fois de ma vie à jeun, c’était très étrange. Y’a un truc aussi qui est très sympa pour se finir, c’est le Fox à Pigalle, et c’est tenu par les anciennes nanas de Chez Moune. Ce n’est pas pour faire de la pub, mais je crois que les meilleures soirées que j’ai passées à Paris sont celles organisées par les lesbiennes. Tu embarques parfois certains de tes collègues de Charlie dans tes virées nocturnes ?

Les copains de Charlie, c’est quand même assez rare car ils sont pour la plupart plus vieux que moi. Une fois j’avais fait un vernissage d’un des mes bouquins au Truskel, et j’avais demandé à tous les personnages du bouquin de mixer chacun une vingtaine de minutes. Du coup j’ai réussi à faire mixer Charb, et si mes souvenirs sont bons, il avait mis Motörhead, Tom Jones, les Dead Kennedys et un chant militaire palestinien. Et mon père avait mis du Cannibal Corpse et ma mère du Vitalic. T’arrives-t-il de faire tomber de la bière sur tes dessins quand tu dessines en concert ? Plus sérieu-

Tu pourrais faire une typologie succincte des club-

sement, quelles sont tes techniques pour capter

bers parisiens ?

l’énergie de la musique ?

En fait le problème du clubbing, c’est qu’on ne sait pas trop à quoi ça ressemble. Y’en a qui disent que c’est pour danser, mais en général, ils vont en club plutôt pour pécho de la meuf et se défoncer. Pour tenter de répondre à ta question, disons qu’il y a deux sortes de clubbers : ceux qui font leurs after en appart’ et ceux qui se terminent au Baron. Tu peux te marrer dans les deux, bien que

Faire tomber de la bière sur mes dessins, ça m’arrive pratiquement tout le temps, c’est la base ! Et la bière, c’est pas ce qu’il y a de pire. Le pire, c’est dessiner défoncé. La seule technique c’est de se laisser aller, et quand tu es dans un concert, pour pouvoir capter les mouvements de la foule, je ferme les yeux puis les re-ouvre pour pouvoir utiliser la perception rétinienne. Grâce à ça, tu

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Luz peux avoir dans les grandes lignes le dessin que tu veux reproduire. Qu’est-ce qui peut t’emmerder dans la nuit parisienne ?

Pour moi ce qui me fait chier, ce sont les gens qui veulent sans cesse aller se finir au Baron. Y’a un autre truc qui me saoule, c’est quand tu as envie de pisser et qu’il y a quatre personnes devant toi qui attendent pour prendre de la coke et que ça met une heure.

Quel est le dernier DJ set que tu as vu a Paris qui t’a particulièrement retourné la tête ?

Hum, ça remonte déjà à y’a un an. C’était un mix de James Murphy à une We Love. Il avait commencé son set avec un morceau que j’adore, Hammer, le dernier morceau enregistré par l’ancien batteur des Chk Chk Chk avant qu’il ne meurt dans un accident d’ascenseur. Ce son, c’était juste du pur sexe. Après du mauvais Champagne, c’était absolument parfait. Tu as un remède contre la gueule de bois ?

Vu que le Baron revient souvent dans tes propos, tu as un petit message à faire passer à Bak, l’intraitable physio des lieux ?

Oui, faudrait que la prochaine fois il laisse passer les flics qui m’accompagnent. Les flics ?!

Oui, depuis l’affaire Charlie sur Mahomet, je suis sous protection policière jusqu’à nouvel ordre. Du coup la dernière fois que je suis allé au Baron, il y avait des policiers qui étaient avec moi, mais il se sont faits sortir parce qu’ils portaient des pompes en cuir craignos.

Il y a longtemps j’avais dit que le remède contre la gueule de bois, c’était d’écouter un morceau de Michael Mayer, mais en fait je disais ça juste pour faire le malin. En fait, moi, j’ai deux sortes de gueule de bois : les gueules de bois à Paris, et les gueules de bois qui ne sont pas à Paris. Le remède pour les premières, c’est d’écouter France Info, et pour les deuxièmes, et bien il faut se remettre une cuite !

Pour revenir à des choses plus légères, quels sont les labels électroniques qui te touchent particulièrement ?

C’est assez con, mais je suis resté quand même vachement Kompakt. J’aime les premiers Michael Mayer, les premiers Superpitcher etc… J’ai écouté aussi récemment un mix qu’Ivan Smagghe a fait, et ça m’a particulièrement vrillé la tête. La house pouet-pouet sud africaine, c’est également très bien pour faire du jogging.

Luz ≥ www.stefmeluz.com 2005 : Claudiquant sur le dancefloor Hoëbeke 2006 : Faire danser les filles Hoëbeke 2007 : J’aime pas la chanson française Hoëbeke 2008 : Quand deux chiens se rencontrent Les Échappés 2009 : Les Sarkozy gèrent la France Les Échappés 2010 : Robokozy Les Échappés

Tu fais du jogging ?

2010 : King of klub Les Échappés

Oui, une fois j’ai eu la chiasse pendant une semaine et c’est le jogging qui m’a sauvé.

— Image issue du projet Hyperwoman vs Hyperman de Stefmel et Luz, visible sur www.stefmeluz.com

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la bonne virée ® Le Bonbon Ω DR

Swinging london ! Jupiter

≥ Khas Tandoori

Duo électro pop franco-anglais

Un délicieux restaurant indien sur Chamberlayne Road (pas comme ceux de Brick Lane !). ≥ Birthdays

Un bar super cool pour écouter de la super musique. ≥ Hampstead Heath

C’est pas à Paris que tu peux voir un parc aussi énorme ! C’est parfait pour les lendemains de gueule de bois, on nourrit les canards, on regarde l’incroyable vue sur la ville et on prend le soleil (quand il y en a…) ≥ Le Sebright Arms

On peut y voir de très bons concerts et manger un bon burger. ≥ Topshop

C’est cliché parce que tout le monde connaît mais ça reste le meilleur endroit pour s’acheter des fringues ! Violaine Schütz

≥ Rough Trade (celui de Brick Lane)

Rédactrice en chef du Bonbon

Ce n’est pas un magasin de disques mais une institution. On oublie pas de faire des photomatons et de ramener le tote bag.

Nuit, journaliste et Djette

≥ The Old Blue Last

Un super pub sur Great Eastern Street avec des concerts ultra pointus de groupes locaux surtout mais aussi internationaux. J’y avais vu Kap Bambino live, l’ambiance était survoltée. ≥ Andaz

Un sublime hôtel que Kate Moss adore, dans une des salles ils ont retrouvé un plafond maçonnique doré superbe. ≥ Le Lounge Lover

C’est dans le quartier qui bouge en ce moment à Shoreditch. Un bar très bien décoré avec de super DJ’s. Sinon il y a toujours le Baron Londres pour aller danser et j’aime aussi beaucoup l’ambiance caliente de la Favela chic version London.

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Swinging London ! Quentin Merabet

≥ Nomad Club

Acteur français au charme british

Au 58 Old Street, un club avec beaucoup de live, jazz et électro. ≥ Electric Cinema

Au 191 Portobello Road, c’est le plus ancien et le plus beau cinéma de la capitale, en plein Notting Hill. ≥ Hunky Dory Vintage

Au 226 Brick Lane, une boutique de fringues vintage, véritable machine à remonter le temps. ≥ Queen Of Hoxton

Un bar/club en plein East End qui propose de bon snacks, des expos, des concerts et une terrasse avec vue panoramique. ≥ The Lexington

Pour les soirées Paris Is Burning. Valentine Leys

≥ Frank’s campari bar

Traductrice franco-anglais,

Siroter des Campari sur le toit d’un parking qui fait galerie d’art, en regardant le soleil se coucher sur la plus belle vue de Londres.

journaliste

≥ Towpath Cafe

Se poser au bord du regent’s canal en revenant de son shopping bio sur Broadway market, regarder passer les canards, les péniches et les fixies, boire des cafés latte. ≥ Hurwundeki

Pour les sapes, c’est mon endroit fétiche. Une mini-chaine de trois boutiques, classe et abordable, bien aussi pour les garçons (maigres). ≥ Redchurch street

On y trouve des boutiques design, des petits pop up shop mode, la boutique tweed/chic Aubin and wills, l’épicerie et café Albion, les produits de beauté australiens trop beaux de chez Aesop, et le pub The owl and Pussycat. Grasscut

≥ Abney Park Cemetery, Stoke Newington

Duo électro anglais

An old country estate turned into an urban cemetery and park. Look closely around the stone lion, and you might find a cassette…. ≥ Union Chapel, Islington A beautiful and atmospheric venue in an old church in North London. We played one of our first gigs here. ≥ The Bridge Coffee Shop, Shoreditch

Deep armchairs, good coffee, and a great place to talk. ≥ St Dunstans’s in The East, City of London

A bombed out ruined Church originally built by Christopher Wren, now a green and peaceful space hidden in the middle of the City.

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la bonne jeunesse ® MPK Ω Richard Dumas

JUVENILES Cure de Jouvence

Quelques mois après la sortie remarquée de leur

Donc ll n’est pas parti à cause d’une engueulade.

hymne générationnel We are young, Juveniles nous

J-S : Non carrément pas. Quand il a su qu’il allait arrêter, il est quand même resté avec nous pour nos lives alors que ça lui prenait du temps sur ses études.

gratifie de leur premier EP éponyme. Revitalisant l’honorable tradition synth wave made in France, les rennais confirment avec ce 6 titres leur statut de newcomer de talent. Avec en prime, une petite mention spéciale pour le remix de Through the Night des

Vous avez trouvé quelqu’un pour le remplacer ?

excellents Breton.

Thibaut : Oui, on fait les lives avec Christophe, qui est un ancien Russian Sexstoy (ndlr : groupe de rock rennais.) Par rapport à nos compositions, on se voyait mal faire des lives qu’à deux à la Housse de Racket, guitare/batterie avec plein de synthés, ou se taper un trip homme/machine à la Rebotini.

Pour ceux qui ne vous connaissent pas encore, vous pouvez rapidement vous présenter ?

Jean-Sylvain : Thibaut et moi, ça fait un an qu’on a monté le groupe, on était à Rennes et on faisait tous partie d’une même bande de potes liée à la scène musicale rennaise. Moi, j’habitais avec Pierre, on était en collocation et on jouait de la musique ensemble. On a commencé à faire nos premiers concerts, à enregistrer nos premiers trucs. C’est à partir de We are young que tout à vraiment débuté pour Juveniles. Justement, où est passé Pierre, le troisième larron de la bande ?

J-S : Et bien Pierre fait des études de médecine. Quand le groupe a commencé à exploser, il nous a dit qu’il ne pouvait pas suivre. Ça a été une solution assez intelligente, car nous nous sommes tous les trois concertés. Ça fait quand même un peu chier qu’il ne soit plus là, car c’est un super pote. 21 —

Pourquoi n’êtes-vous pas rester chez Kitsuné pour ce premier EP ? AZ vous offrait de meilleures garanties ?

T : En fait, on n’a pas vraiment changé de maison de disques. On a signé deux singles chez Kitsuné, We are young l’année dernière et Ambitions en début d’année. Ces morceaux sont sortis sur deux compilations Kitsuné Parisien. Leur politique est plutôt de sortir des one-shots sur des compiles. J-S : Oui, des vrais artistes Kitsuné, il doit y en avoir que 6 ou 7. Dans notre cas, ils ont réellement lancé la machine avec We are young, et ensuite il y a eu un réel intérêt autour du groupe par plusieurs labels. Nuit


Juveniles

“quand on aura la trentaine nous ferons du rock gavroche avec des bandanas autour du cou.” T : …Et on a eu la chance de trouver des gens qui nous permettent de travailler comme on voulait le faire, de monter nous-même notre label…

T : The Cure aussi, même si ce qu’ils sont devenus ne me plaît pas trop. J-S : C’est dur de trouver des groupes de rock qui arrivent à bien vieillir… Les Stones par exemple, même si c’est moins notre truc. T : Les vieux qui continuent… hummmm… J-S : À partir de quand on est vieux ? Iggy Pop il sort pas un album de reprises chelous ? T : Sinon Alain Bashung… Nous qui sommes des égocentriques de parisiens, vous pouvez nous présenter la scène rennaise ? Vous êtes tous potes ?

J-S : C’est vrai qu’on est très copains avec la scène actuelle comme les Popopopops, Manceau qui est un groupe de pop produit par Tahiti 80, les Wankin’ Noodles dont Thibault a été le guitariste pendant un moment, Wonderboy, Splash Wave avec qui on a joué pendant les Transmusicales. T : Rennes, c’est pas une grande ville, il doit y avoir 300 000 habitants, mais il y a une culture rock très imprégnée et des endroits comme l’Ubu qui fédère un peu tout ce qui se passe. On a quelques bars où on se retrouve avec tous les musiciens. Il y a une nouvelle vague qui commence à émerger, et plein de personnes qui buzzent autour des Transmusicales. J-S : Il y a pas mal d’artistes qui sont venus de Rennes comme Etienne Daho, Niagara, Marquis de Sade…

Vous avez un label aussi ?

T : Il s’appelle Paradis. Avec ce label, on fait nos enregistrements, on se mixe, on se produit, on fait nos clips et nos visuels, et derrière on bosse avec AZ pour toute l’exploitation du disque. Vous qui revendiquez une glorification de la jeunesse assumée, c’est quoi les groupes de vieux que vous aimez ?

J-S : Nous, on adore New Order mais apparemment leurs dernières prestations lives frisent un peu le ridicule… 22 —

Si je vais passer mes vacances à Rennes, vous pouvez me donner des tuyaux pour sortir ?

J-S : Si tu veux du garage, tu vas soit au Melody Maker, soit au Sambre, soit au Mondo Bizarro, même si ce dernier est un peu éloigné. Il font une quinzaine de concerts par mois, et c’est entre le garage et le punk métal. Il y a encore une fois l’Ubu qui fait plus salle de concert, mais qui parfois fait des soirées club qui s’appellent la Crab cake. Et puis on a un peu le syndrome français des boîtes de nuit avec de la musique pourrie, genre Nuit


Juveniles l’Espace, une boîte avec des cages et des lasers. T : Il y a une salle mythique qui s’appelle la Cité, même s’il y a moins en moins de trucs cool qui sont programmés là-bas. Vous pouvez avoir de nombreux motifs de satisfaction par rapport à votre musique. L’un d’eux concerne le secteur vocal. J-S, as-tu une technique particulière pour travailler ta voix ? Bois-tu du lait, mangestu du piment, fumes-tu la pipe ?

T : (rires)…Vas-y J-S, lâche une connerie ! J-S : Ça va faire un peu pépère mémère, mais en fait je bois beaucoup de thé ! Vos références sont clairement identifiables : New

Vous n’êtes pas tentés de venir habiter à Paris ?

T : Comme on disait tout à l’heure, Rennes on s’y plait bien, et puis on est pas trop loin de la capitale, on a tous nos potes de la scène rennaise qui sont là-bas, nos techniciens, notre ingé son qui fait vraiment partie du groupe. J-S : Là on le voit vraiment à une petite échelle, mais quand tu voyages et que t’es un peu déphasé, et que tu reviens dans la ville où tu connais tout le monde, c’est vraiment ressourçant. On comprend mieux les gars de Yelle qui habitent toujours à Saint-Brieuc, où ceux de la scène rémoise qui sont restés à Reims. À court terme, bouger habiter dans la capitale n’est pas à l’ordre du jour, même si la vie parisienne m’attire carrément.

Order, The Smith, plus récemment Cut Copy, The Maccabees ou Hot Chip. Mais qu’est-ce qui ne vous

Il y a des adresses que vous aimez ici ?

influence absolument pas ?

T : On était au Silencio hier soir… J-S : On y a mixé hier, ouais, mais c’était pas avec la clientèle habituelle puisque c’était pour un groupe de presse, c’était rempli de meufs… Sinon on avait aussi mixé pour la release party des Stuck’in the Sound au Bus Palladium.

T : La scène Raï ne m’attire pas vraiment… J-S : Moi je ne suis pas super fan de Kassav’. T : Peut-être quand on aura la trentaine bien tapée nous ferons du rock gavroche avec des bandanas rouges autour du cou…(rires) J-S : Y’a un groupe comme ça qui s’appelle The Juveniles et qui fait du balluche anglais, donc pourquoi pas, pour plus tard, on va y penser. Y’a peut-être un truc à faire. La jeunesse est souvent synonyme de révolte. La votre de révolte, c’est laquelle ?

T : On n’a pas vraiment de message politique. J-S : Il y a plus un côté perdu et fataliste. À la base, j’avais écrit We are young dans ma chambre, c’était quelque chose de super perso. J’ai arrêté mes études pour faire de la musique en 2011, et j’ai vraiment choisi ma période, le moment bien pourri où tout s’effondre, le moment où t’étais certain de ne pas avoir d’avenir en faisant ça. Il y avait un certain fatalisme en sachant que j’allais dans le mur. Je savais que c’était la merde donc je me suis dit autant profiter de la jeunesse.

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Vous avez des solutions contre les matins difficiles ?

T : Ah, le Quick ! J-S : Non c’est pas bon ! Nous on milite pour le retour des Burger King. T : C’est vrai que lorsqu’on va à Londres, il y a un Burger King que l’on connaît bien et où on s’arrête tout le temps. Parce que là on ressort d’un Quick, et c’est vraiment bof bof. Mais parce que vous vous êtes pris une cuite hier au Silencio ?

J-S : En quelque sorte oui, je crois vraiment que Thibault a bu un verre de trop hier soir. T : Oui, j’ai poussé un peu trop loin les limites… Juveniles - Juveniles EP/AZ ≥ juvenilesmusic.com

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Paris La Nuit  Emmanuel Plougoulm www.emmanuelplougoulm.fr


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la bonne présentatrice ® Alexandre Jonette Ω Fuma Courtis

Maeva Schublin nuits métisses

La nuit parisienne a fait connaissance avec la jolie Maeva Schublin. C’était il y a 2 ans maintenant lorsqu’elle prenait les commandes de son émission Ô bout de la nuit, diffusée tous les vendredis à 22h30 sur France Ô. Elle se glisse, se faufile et se fait une

le bureau de Stéphane Simon, producteur entre autres de Paris Dernière et SLT qui vous dit : « Tu aimerais être payée pour sortir le soir et découvrir tous les bons plans et les trucs les plus fous à faire à Paris ? » Je n’ai pas refusé.

place partout où elle passe. Avec sa fraîcheur et ses punchlines, c’est la fille à suivre by night in Paris.

Après les deux premières saisons d’Ô bout de la nuit,

Chaque semaine Maeva part à la rencontre d’ar-

que retiens-tu des nuits parisiennes ?

tistes, de performeurs et d’insolite. Et la nuit lui va

On pense souvent que les nuits parisiennes sont à l’image des Parisiens, ce qui n’est pas forcément un compliment, mais c’est en fait loin de la réalité. Les gens mettent du temps à se lâcher, par contre quand ils le font, ce n’est pas à moitié ! Paris n’a rien à envier aux autres capitales, et la nuit d’ici demeure pleine de surprises…

si bien. Maeva, tu as l’air métisse mais tu portes un nom qui n’a rien de métissé, tu viens d’où ?

Je suis née en Allemagne, j’ai grandi entre l’est de la France, le pays de l’Oktoberfest, et l’océan Indien. Je suis d’origine réunionnaise par ma mère, alsacienne mais mahoraise d’adoption par mon père, mon prénom est tahitien et j’ai le type méditerranéen. Imagine le bordel lorsque je passe la douane… Comment arrive-t-on sur une émission comme

Dans l’émission, tu es prête à tout tester, à tout voir. Quelles sont tes limites ?

Hum… Ne blesser personne ? Et éviter de me blesser moi-même, vu que j’ai déjà pas mal de contusions, de bleus et un nez cassé à mon actif sur les tournages.

Ô bout de la nuit ?

On passe par pas mal de petites chaînes de la TNT, on bifurque dans la presse écrite indé et la radio, on bosse un peu dans la com’ et l’événementiel parisien et puis on se retrouve un matin dans 27 —

Je me souviens d’une séquence au Bus Palladium. Tu étais sur scène pour le Kararocké de Nicolas Ullmann, c’était complètement dingue. Tu es un peu une rock star du petit écran ? Nuit


Maeva Schublin J’aurais adoré être une rock star, et c’est sans doute pour ça que je me suis autant lâchée sur la scène du Bus, mais je crois qu’au final, je suis plutôt sage, et que la vie de musicien est assez éloignée de la mienne. Rentrer de tournage à 5h du mat’ et déposer ta fille à la maternelle à 8h, c’est rock, mais pas vraiment rock star, non ?

Sans hésiter le 18e, le bon mix du Paris qu’on aime. Toutes les communautés s’y croisent. Plusieurs looks, tous les types de soirées y sont possibles et imaginables.

Une troisième saison est en préparation, qu’at-

Et pour un bon dîner ?

tends-tu de celle-ci ?

Toujours le 18e, un Paris authentique que j’aime découvrir au fil de ses menus. L’un de mes QG c’est le Square Marcadet (227 bis, rue Marcadet), une carte à tomber, et le brunch le dimanche est un délice.

Continuer à faire de belles rencontres, et en profiter à fond. La nouveauté, c’est toutes les semaines chez nous tu sais… Aucune nuit ne ressemble jamais à une autre, j’ai donc la chance de ne jamais m’ennuyer, et d’attaquer cette troisième saison comme si c’était la première.

Toi qui connais bien la ville lumière, quel est le meilleur arrondissement pour passer les plus belles soirées ?

Où fais-tu ton shopping ?

Oui, je pars d’ailleurs dans quelques heures pour l’île de la Réunion, l’occasion de faire une émission spéciale chez moi et de commencer notre tournée hors de Paris en beauté !

9e, 3e, 2e… Un peu fashionista je l’avoue donc je peux traverser tout Paris en une journée pour trouver la pièce de mes rêves ! Et pour la déco et le mobilier, je suis une vintage addict, qui n’hésite pas à partir en mission en Picardie le samedi pour trouver la coiffeuse années 30 parfaite.

Parmi les lieux que tu as découvert lors de tes péré-

Maeva, c’est le mot de la fin, comment va s’organiser

grinations nocturnes, lesquelles recommanderais-

ta nuit ?

tu ?

Ce soir, c’est dans l’avion direction la Réunion… Mais demain ce sera coucher de soleil sur ma planche de surf, et barbecue sur la plage pour des retrouvailles entre amis. Pas très parisien, mais plutôt sympa quand même !

L’émission va-t-elle s’exporter la saison prochaine ?

Les Pâtes Vivantes, restaurant rue Montmartre qui sert des pâtes chinoises fraîches absolument délicieuses et faites sous vos yeux… Entre amis, La Lucha Libre et son ring de catch mis à dispo des clients, histoire de passer une soirée originale entre potes. Pour sortir, j’avoue adorer l’ambiance rock et les lives du Bus Palladium. Et pour cet été je recommande « la Friendly » au Pavillon du Lac tous les dimanches de l’été. Le spot, niché au cœur des Buttes Chaumont est simplement magnifique et il y a de super DJ’s. Ton Paris à toi en un seul mot ?

Surprenant, il n’y a pas d’autre mot.

Pour suivre les aventures de Maeva : ≥ Facebook : Ô Bout de la Nuit

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le bon producteur ® Irina Aupetit-Ionesco Ω Loic Peoch

agoria L’homme sans prétention

Agoria est un peu ce que nous pouvons appeler vulgairement un homme orchestre. Nous l’avons rencontré lors de la dixième édition des Nuits Sonores dont il est l’un des fondateurs. Le touche-à-tout sera de retour à Paris pour un projet qu’il présentera lors du festival Rock en Seine, et sera surtout le parrain de la Technoparade le 15 septembre 2012. Depuis combien de temps fais-tu de la musique ?

Depuis 13 ou 14 ans, quelque chose comme ça. J’ai commencé en étant DJ ; je devais avoir 18 ans. Je faisais mes premières soirées, mes premières rave parties. La musique, en revanche, je m’y suis mis beaucoup plus tard, car j’étais une feignasse. Je n’avais pas du tout envie de me mettre derrière des machines et de passer mes journées sur des ordinateurs. J’ai donc commencé la production à 23 ans. Aujourd’hui les ordinateurs se sont démocratisés alors qu’à l’époque tout ce qui était Atari, Commodore, c’était un enfer. Ça m’a donc pris du temps de passer par l’apprentissage du langage informatique. Pour tout te dire, j’y suis allé un peu forcé car on m’y a poussé. Mais finalement mes proches avaient raison. Quel regard portes-tu sur ta carrière ?

Cette question est horrible. Je crois que c’est plutôt aux journalistes de répondre à ça (rires). Je ne 31 —

renie rien de ma carrière, du premier au dernier morceau même si tout n’est pas fantastique. Les choses dont je suis le plus fier ne sont pas forcément des aboutissements personnels. C’est plutôt de voir un festival comme les Nuits Sonores qui arrivent à fédérer autant de monde. Ce qui est beau et ce qui m’excite ce sont les envolées collectives. C’est d’ailleurs ce que j’aimais dans les rave parties et qui m’a donné cette passion. On partait avec cinq voitures, on était quinze, on ne savait pas où on allait, on se perdait, et j’adorais ça, car il y avait un côté collectif, assez familial. La musique électronique est quelque chose de très personnel, où tu es très seul. Donc finalement les choses que je retiens le plus sont celles que j’ai faites en collectivité. Pourquoi avoir choisi de t’établir à Lyon plutôt qu’à Paris ?

Autour de moi tout le monde me pousse à aller vivre à Paris. Si j’avais dû bouger ça aurait été à Londres ou à Berlin. Je n’ai jamais senti de lien avec la ville de Paris. J’ai toujours aimé Lyon, car c’est mon point de chute ; j’y suis entouré de ma famille, de mes amis. Je voyage énormément, et j’adore retrouver mes racines lorsque le temps me le permet.

Nuit


Agoria

“Ce qui est beau et ce qui m’excite ce sont les envolées collectives. C’est d’ailleurs ce que j’aimais dans les raves party et qui m’a donné cette passion.” 32 —

Tes influences ont-elles évolué où es-tu toujours un fan inconditionnel de la musique techno de Detroit ?

Je resterai toujours fan de Detroit. Lorsque tu fais un remix pour Underground Résistance, quand tu signes des morceaux avec Carl Craig, ou quand tu remixes Inner City, tu es forcement très influencé par Detroit. Aujourd’hui on baigne tellement dans la musique, le fait d’avoir eu un label comme Infiné pendant quelque temps, le fait d’avoir fait des rencontres donne envie de faire des mélanges. J’ai toujours eu des velléités à mélanger l’acoustique et l’électronique. J’ai un côté feu follet à me frotter à tous les styles de musiques car j’ai cette ouverture. Certains pourront dire que c’est un manque de personnalité, mais au contraire, je pense que c’est une vraie envie. À terme, je trouverai le truc qui me définit le plus. On disait de toi il y a dix ans que tu es « un mec ambitieux et bosseur ». Est-ce toujours le cas ? Comment fais-tu pour garder ton enthousiasme ?

À l’époque tous mes potes se moquaient un peu de moi en me disaient : « Seb, relaxe-toi ! ». Le fait est que c’est comme ça que j’ai réussi à signer chez PIAS qui est quand même un label important. L’ambition est un truc mal vécu en France, mal vu car souvent associé à un côté parvenu, à cette idée de marcher sur les autres. Alors que moi l’ambition ça n’était pas du tout ça, c’était juste le fait d’avoir envie de faire des choses, d’avancer. J’aime faire des choses, bâtir. Mon père est architecte et je crois que j’ai ce truc de construction. À propos de l’enthousiasme, je ne me pose plus trop la question, car c’est quelque chose qui peut vite être déprimant dans le milieu dans lequel on est. On voyage énormément, on dort très peu, et en même temps on doit faire de la musique. Il y a ce côté infernal où le cercle ne s’arrête jamais. Le jour où j’arrêterai, ça sera le jour où je serai usé physiquement, mais ça ne sera pas une usure de l’enthousiasme, mais uniquement physique.

Nuit


Agoria Avec qui aimerais-tu travailler ?

Avec les jeunes, toujours. J’adorerais une rencontre avec Ricardo (ndlr : Villalobos), James Brown et moi dans un studio mais dans la réalité c’est avec les jeunes que je me sens bien. Ils ont cette énergie, et ça c’est extrêmement important. Pourquoi es-tu toujours associé à Laurent Garnier et notamment sur les Nuits Sonores ?

Nous nous sommes rencontrés à l’époque de la 11e Marche, et puis j’ai voulu l’inviter aux Nuits Sonores. Nous avons beaucoup de choses en commun, nous sommes proches des gens, nous avons toujours envie de défendre la musique, on ne se prend pas la tête par rapport à d’autres…

pour quelques festival cet été. C’est un peu les origines de la techno. Je vais y jouer beaucoup de morceaux d’entre 1995 et 2005, avec deux ou trois trucs actuels. Il y a beaucoup de passages écrits comme sur mes compilations Laborantine, ou Fabric 57. J’ai bossé avec le collectif Scale qui a fait tout l’habillage scénique autour de ça. Ils m’ont mis dans une sorte de bateau de l’espace. J’aime bien cette idée de mettre l’artiste en retrait. Ça va être joué à Rock en Seine, à Paris.

Es-tu un oiseau de nuit ?

Forcément. Ma femme te le dirait : je ne peux jamais me coucher avant 3 heures du matin. En revanche être un oiseau de nuit qui sort pour sortir, non. Je ne suis pas un noctambule.

Agoria — Impermanence www.myspace.com/agoriagoria www.facebook.com/agoriaofficial

Quel regard portes-tu sur la nuit ?

www.infine-music.com

Un regard affectif. Heureusement que la nuit a ce côté positif. Ça sert à ça : on sort pour oublier, pour mentir, pour rigoler. Si c’était aussi chiant que la journée ça serait dramatique.

— Sélection non exhaustive : Bel Air Street EP UMF 2000 La 11ème Marche Tekmics 2001 Frying Pan EP UMF 2001

Où aimes-tu sortir ?

Spinach Girl Different PIAS 2003

À Paris, j’aime le Rex car ils ont une identité qui me colle à la peau, et là récemment j’ai découvert le Cirque Bonheur. C’est un mélange de freaks, de modeux, de bling bling, et tout ça fonctionne plutôt assez bien. J’aime beaucoup le métissage. J’adore jouer au Brésil et y faire la fête. Surtout à Sao Paulo, dans le club D Edge.

Stereolove Different PIAS 2004 Les Beaux Jours Different PIAS 2005 Les Violons Ivres Different PIAS 2007 Grande Torino Infiné 2010 Balance 016.1 EQ Recordings 2010 Heart Beating (Mark E / Argy Remixes) Infiné 2011 — ≥ Le 2 juillet au Cabaret Sauvage dans le cadre du

Quels sont tes projets futurs ?

festival ME.006

Je viens de produire le dernier album de Kid A qui va sortir en octobre. J’adore cette nana ; c’est une jeune chanteuse de 22 ans, qui vient de Washington. J’ai aussi un projet qui s’appel Forms

≥ Le 3 juillet à Calvi pour la InFiné Beach Party dans

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le cadre du festival Calvi on the Rocks ≥ Le 25 août au festival Rock en Seine

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Le bon plan ® Pascaline Lechène & Raphaël Bosse-Platière

Best-of des terrasses Pour un café, une menthe à

Le Mansart, pour un apéro bobo au bistrot

l’eau, ou une bonne bière, voici qu’on aime beaucoup au Bon-

Tout le 9e oscille entre le Sans Souci et le Mansart, et c’est vrai que la terrasse (bondée) prend tout son sens dès le printemps, juste en face du Carmen.

bon Nuit. On ne vous parle pas

≥ 1, rue Mansart – 75009 – Tel. : 01 48 74 63 30

une

sélection

des

terrasses

de repas gastronomique, ici, on y va surtout pour la vue et pour

25 Degrés Est, au bord des quais de Seine

« critiquer » les passants.

Vers Stalingrad, on parle beaucoup de la Rotonde, mais il ne faudrait pas oublier ce bon vieux café, dans lequel on mange plutôt bien, à la cool et à la déco sympa, le tout au bord de l’eau, à la fraîche. ≥ 10, place de la Bataille Stalingrad – 75019 – Tel. : 01 42 09 66 74 Le Rosa Bonheur et le Pavillon du Lac, ambiance guinguette

Il a été vu, revu et re-revu, mais le Rosa ne perd pas son charme… si on sait quand y aller. On s’y prend tôt et en horaires décalés, et c’est le pied. Sinon, on peut aussi s’installer au Pavillon du Lac, superbe bâtisse de l’autre côté du parc aux excellents tapas et DJ’s. ≥ Dans le parc des Buttes Chaumont – 75019 La Palette, pour voir et se faire voir

Véritable institution et repère ultime des étudiants des Beaux-Arts, de Sciences Po, et toute la jeunesse dynamique de la rive gauche. Du beau monde donc, à observer depuis la terrasse qui offre un super spot pour boire un café au soleil et fumer sa clope en groupe. ≥ 43, rue de Seine – 75006 – Tel. : 01 43 26 68 15 Le Rendez-vous des Amis, plus haut, plus fort

Il faut grimper pour y arriver, mais ça vaut le coup. Que ce soit pour un apéro ou un grog de lendemain de teuf, il est toujours agréable de se poser en extérieur et d’observer les touristes essoufflés. ≥ 23, rue Gabrielle – 75018 – Tel. : 01 46 06 01 60

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Best-Of des Terrasses La Perle, toujours incontournable

Avec ou sans John, sa terrasse reste un classique du quartier. Le soir, même si c’est un peu blindé, il n’est pas rare de boire sa bière sur le trottoir en fumant une clope avec un(e) inconnu(e). ≥ 78, rue Vieille du Temple – 75003 – Tel. : 01 42 72 69 93

Le Café A, Trésor caché

Vous connaissez le Café A ? Espace hybride très étonnant, comme il en fleurit partout dans Paris, à l’instar du Comptoir Général. Surtout, une grande cour intérieure qui promet de beaux apéros. ≥ 148, rue Fbg St Martin – 75010 – Tel. : 01 79 25 43 57 Les Jardins du Marais, à l’ombre des arbres

Hôtel, concept en plein Marais, comme son nom l’indique finalement, il possède un jardinet très sympa, puisque muni de banquettes, petits fauteuils avec table basse, le tout fleuri pour se poser à plusieurs tranquillement. Dans le même genre, le jardin du musée de la vie romantique (à côté de Pigalle) vaut également le détour. ≥ 74, rue Amelot – 75011 – Tel. : 01 40 21 20 00

Le Haut Paris, la plus belle de vue de Paris, depuis Belleville

Pour dire ça avec classe, retenue et volupté : la vue déchire grave. Voilà voilà, on a même pas envie d’ajouter quoi que ce soit. ≥ 1, rue des Envierges – 75020 – Tél. : 01 43 58 29 43

Café Marly, Ô, Pariiis

Ah là, c’est Paris dans tout ce qu’il y a de plus cliché, mais c’est beau. Prendre son verre devant la pyramide du Louvre, ça n’a pas de prix. ≥ 93, rue de Rivoli – 75001 – Tel. : 01 49 26 07 06

Le Georges, « C’est trop beau »

Vision 360°, résa obligatoire, accueil hyper sympa (mais attention, il faut être ponctuel), prix à la vue. Pour la culture, et pour se « faire un gros kiff ». ≥ 19, rue Beaubourg – 75004 – Tel. : 01 44 78 47 99 Chez Julien, avant de traverser la Seine

Une petite rue pavée, entre le marais et l’île Saint Louis, avec tout plein de petites tables, chaises, parasols. Ambiance « Ferret/île d’Yeu », quand on prend le temps de siroter entre la plage et la maison. ≥ 1, rue du Pont Louis-Philippe – 75004

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La bonne actrice ® Violaine Schütz Ω Maxyme G. Delisle

Monia Chokri Un bel imaginaire

sionnante.

C’était bien mauvais, donc je ne vous dirai pas lequel. Sinon, j’ai aimé Bullhead dans lequel j’ai découvert Matthias Schoenaerts, c’est un acteur plein de grâce et de charisme. J’ai aussi beaucoup aimé Moneyball et Une Séparation, dont je trouve les scénarios impeccables.

Tu seras à l’affiche le 18 juillet du film de Xavier

Peux-tu nous raconter quelques anecdotes sur ce

Dolan Laurence Anyways qui était en sélection offi-

tournage ? Quelles ont été tes relations avec Melvil

cielle dans la catégorie « Un Certain Regard », peux-

Poupaud et Nathalie Baye ?

tu nous en dire plus sur ton rôle dans ce film ?

Les plateaux de Xavier sont uniques pour moi. D’une part, c’est le plaisir de travailler avec un grand ami, de l’autre, le bonheur d’une équipe qui a l’âme d’une famille. J’ai retrouvé les gens avec qui j’avais travaillé sur Les Amours Imaginaires. Non seulement des acteurs, mais aussi les gens du son, de l’image, et les chauffeurs de plateau. Les tournages de Xavier se font dans la joie et la détente. On rit sans cesse, l’énergie est constante. C’est un excellent directeur d’acteurs. Contrairement à une image faussement répandue, c’est quelqu’un de très respectueux, généreux et qui ne prend jamais les gens de haut. Travailler avec Melvil et Nathalie allait dans ce sens. Les deux se sont investis à fond dans le processus du film.

L’actrice d’origine québécoise, éblouissante dans le film culte Les Amours Imaginaires de Xavier Dolan, crève l’écran dans le nouveau film du jeune réalisateur prodige, Laurence Anyways, sur les écrans le 18 juillet. Rencontre avec une comédienne/DJette pas-

J’interprète le rôle de Stéphanie Bélair, la bellesœur de Laurence (Melvil Poupaud). Comme le personnage de ce dernier, Stéphanie est un être marginal et pourtant, assez réactionnaire face à la décision de Laurence de changer de sexe. C’est ce qui fait sa richesse. Ce n’est pas parce qu’on est différent, que l’on accepte que les autres le soient. Elle est aussi un des ressorts comiques du film. Comment s’est passé la projo et l’accueil de Laurence Anyways de Cannes ? Et quels films as-tu aimé cette année au cinéma, et à Cannes ?

La projo s’est très très bien passée, la réaction était chaleureuse et vive. Le film était présenté à 22h et dure 2h40. La grande majorité est restée jusqu’à la fin et je sentais qu’ils étaient attentifs. Sinon je ne suis restée que deux jours à Cannes, je n’ai pu voir qu’un seul film, hormis Laurence Anyways. 37 —

Est-ce que Xavier s’est inspiré de toi, de ta personnalité pour ce film, comme pour son précédent film Les Amours Imaginaires ? Nuit


Monia Chokri Pas du tout. Laurence était écrit avant qu’il me propose le rôle. C’est vrai qu’il a écrit le personnage de Marie dans Les Amours en pensant à moi. Mais Xavier est aussi acteur et il sait bien qu’un comédien cherche à interpréter un personnage et non à mettre en avant sa propre personnalité. Je n’ai rien à faire de me jouer moi-même : ça n’a strictement aucun intérêt. J’espère être bien loin des personnages de Marie et de Stéphanie car à deux, elles cumulent un nombre incalculable de défauts majeurs. Marie est un personnage mal dans sa peau, c’est la cause de son débordement esthétique (sa focalisation sur les robes vintage) notamment. C’est moins mon cas. J’aime le style, j’aime m’habiller mais je n’en fais pas une obsession. Comment as-tu rencontré Xavier Dolan ?

Quand il avait 17 ans par un ami commun. Il était verbeux, énergique et très drôle. On a échangé sur le cinéma et l’art en général. J’ai alors découvert quelqu’un de très profond et cultivé. Un jour, il m’a dit : « Je vais réaliser un film, tu veux lire le scénario ? » C’était J’ai tué ma mère. Cette lecture m’a bouleversée et tout de suite, j’ai compris que ce serait un grand film. Et puis notre amitié s’est développée. Il est très important dans ma vie quotidienne, je le considère comme un frère. On partage le même humour, une capacité à rêver et à réaliser nos ambitions, un côté kitsh et le culte que nous portons à Woody Allen, à mon chat Lola et aux Dragibus. Laurence Anyways parle d’acceptation de la différence, est-ce tu t’es déjà sentie différente, en tant qu’actrice ou avant, dans ton adolescence ?

Je viens de la ville de Québec, qui est un peu l’équivalent de Lyon : une ville très riche et très conservatrice. Donc, toute mon adolescence, je l’ai passée à me sentir décalée. Ma différence a toujours fait partie intégrante de mon parcours de vie. Dans une ville très blanche, j’étais un des seuls 38 —

enfants issus de mariage mixte (elle est moitié tunisienne, ndlr). Aujourd’hui, je vis dans un pays qui n’est pas le mien, je suis de culture étrangère, mon approche du jeu et du travail d’acteur est différente. En art, la différence ne fait pas souffrir, au contraire, c’est une richesse qu’il faut cultiver pour son travail. C’est de la différence que naît l’inattendu, le surprenant. Quel a été ton parcours, tu étais d’abord beaucoup au théâtre ?

J’ai terminé le conservatoire en 2005 et c’est d’abord le théâtre qui est venu vers moi. Je pense que, comme acteur, on ne choisit pas toujours son parcours, il est fait de hasard. C’est vrai que j’ai beaucoup aimé travailler au théâtre et je continue toujours de pratiquer cette forme d’art. Je pense que c’est l’hygiène de l’acteur, ça nous permet de garder notre corps et notre esprit en forme puisque le travail au théâtre demande au comédien un investissement plus profond dans la compréhension d’un texte, et une grande dextérité physique. Quelle est la différence avec le ciné et la télé (pour laquelle tu travailles aussi) ?

On dit que le cinéma est l’art du réalisateur, la télévision, celui du scénariste et le théâtre celui de l’acteur. Au cinéma, je n’ai pas la décision finale de ce qui sera montré/conservé de mon travail. Je dois donc avoir une concentration soutenue sur toute la durée du tournage pour tenter de donner une performance impeccable à chaque prise. Puisqu’on ne répète pas beaucoup, mon travail en amont est primordial mais souvent solitaire. Le cinéma et la télé demandent une grande autonomie. Au théâtre, puisque l’on répète souvent plus même que l’on ne joue la pièce, la marge d’erreur est plus vaste. C’est l’opportunité pour moi de créer toutes sortes de personnages et d’explorer un travail physique que je récupère souvent dans mes personnages à l’écran.

Nuit


Monia Chokri Quelles actrices/acteurs et films t’ont donné envie de faire ce métier ?

Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri pour l’ensemble de leur oeuvre. Isabelle Adjani dans Camille Claudel et La Reine Margot. Isabelle Huppert, tout ce qu’elle interprète se transforme en or. Adam Sandler dans Punch-Drunk Love et toute l’oeuvre de Paul Thomas Anderson, parcours irréprochable comme cinéaste. Judy Davis, surtout dans Husbands and Wives de Woody Allen. Tout Woody Allen. Cate Blanchett dans I’m not there. À tout prendre de Claude Jutra, grand cinéaste québécois. Jean-Louis Trintignant, Marlon Brando, Jacques Audiard, Louis Malle, Blier… Tu aimerais tourner en France ? C’est prévu ?

Je viens de terminer deux projets à Paris. Clémenceau, un téléfilm sur la fin de sa vie pour France 3 et Gare du Nord remix de Claire Simon. J’aime beaucoup tourner en France, cela me permet de multiplier les occasions de tourner et de voyager en même temps, mes deux passions finalement. Et puis j’aime beaucoup le cinéma français. Adolescente, c’est par la Nouvelle Vague que j’ai développé ma cinéphilie. Mes parents, qui ont vécu en France, m’ont transmis l’amour de ce pays essentiellement par sa musique et son cinéma. Enfant, j’ai regardé beaucoup de films français. Mon premier souvenir marquant de cinéma est L’Effrontée de Miller avec Charlotte Gainsbourg. Quand je suis à Paris, j’en profite pour voir tout ce qui ce fait en matière de cinéma d’ici, même la plus grosse daube. Je vais tout voir. Quelles sont tes adresses fétiches à Paris ?

Pour les cheveux : Le salon d’Isabelle Luzet dans le 9e. Pour les vêtements: Acne et la boutique Démocratie, un ovni dans le quartier Saint-Michel. Deux soeurs tiennent cette boutique/concept store où l’on trouve des vêtements importés de Londres et des USA. Pour les yeux : Le MK2 Odéon. Pour la tête : La Hune. Pour mon ventre : 39 —

La Briciola dans le Marais. Pour la soif : Le café A dans le 10e. Et pour embrasser quelqu’un : Les jardins du Palais Royal. Tu es DJ à côté de ton métier d’actrice, comment as-tu débuté là-dedans ?

Un peu par hasard. Je suis une grande mélomane depuis l’adolescence. Un ami de mon frère gérant d’un bar avait besoin de DJ’s. Mon frère m’a présentée à lui et j’ai commencé comme cela il y a 7 ans. J’adore être DJ, c’est la meilleure excuse pour ne pas être obligée de danser ! Qu’écoutes-tu comme musique ?

En ce moment j’écoute beaucoup le dernier album d’Avec pas d’casque, un groupe de Montréal dont le leader est le cinéaste Stéphane Lafleur. Le dernier album de Patrick Watson, Azealia Banks, Grimes, Lee Moses et plein de vieux hip hop. Si on va à Québec, que faut-il absolument aller voir là-bas ?

Il faut se balader dans le Mile End à Montréal l’été, mon quartier que j’adore. Marcher sur le Mont-Royal, aller se baigner dans un lac, n’importe lequel, vous avez le choix, il y en a environ 500 000, no joke. Quels sont tes projets ?

Je tourne cet été une série au Québec, Le Gentleman. Au début de l’année prochaine le quatrième film de Xavier Dolan, au mois de mars une pièce de théâtre autour de l’oeuvre de Nelly Arcand et un film à Paris, mais je ne vous dis pas encore de quoi il s’agit… Je vous laisse la surprise.

Laurence Anyways de Xavier Dolan ≥ Sur les écrans le 18 juillet

Nuit


la bonne rencontre ® Manon Troppo

mère dans la tourmente Pluie la nuit durant, beau temps au levant

Comme l’été s’entêtait à paraître automne, nous avons interrompu notre balade digestive quand Dieu a commencé à nous pisser dessus. Les parasols résonnaient de toute leur toile sous les litres d’urine dont le big boss se soulageait. Certains clients parlaient de « fin du monde », les serveurs s’inquiétaient de « saison morte », personne n’y trouvait son compte. Je ne sais pas pourquoi les êtres humains tiennent absolument à connaître la météo du jour avant de décider de leur humeur ; je ne comprends pas davantage la morosité qui s’installe quand il pleut de l’eau sur les jupes trop courtes que les filles ont tenu à mettre alors qu’elles sont abonnées aux alertes météo France. Un petit bout d’humanité s’était réunie, collée serrée, sous un store, à communiquer sans complexe. S’il avait fait beau, chacun y serait allé de son plus beau polo et aucune fille n’aurait accepté de converser avec un type qui commence sa phrase par « ah ben ça, c’est de l’orage hein, je me demande comment vont les géraniums de ma femme. » Mais, dès qu’il pleut en juin, tout le monde devient amis pour la vie le temps d’un éclair. Moi, la météo, ça m’en touche une sans faire bouger l’autre. Nous avions dû nous abriter au Tambour. J’étais en terrasse, pas pour commenter la foudre mais pour mettre de la nicotine dans mon sang. Un peu lasse, malpolie aussi, je poussais des affaires 40 —

éparses pour m’installer. À vrai dire, je n’avais eu aucun scrupule à virer sèchement un k-way, un sac à dos et 3 couvertures. « Pardon. Excusez-moi. Ouhlala. Je me suis étalée. - Tout ça c’est à vous ? - Oui. Pardon. - Pas de problème. - Tout n’est pas vraiment à moi, vous savez. - Pas de problème. J’ai senti qu’elle voulait parler quand pile poil je me réjouissais d’être là, à l’air frais, à ne pas me préoccuper de la météo et des conversations s’y rattachant. - Il y a des affaires à mon mari… les couvertures, il les a achetées cet après midi pour un camping. Comme mon briquet ne marchait pas, elle me tendait le sien, et je savais qu’accepter le briquet, c’était accepter aussi le blabla. Mais j’avais vraiment envie de cette cigarette. - Il est à ma fille. La plus grande. Quand elle a arrêté, elle me l’a offert. Elle l’a acheté en 92, pour ses 20 ans. J’avais beau n’écouter que d’une oreille, le calcul était vite fait : si la fille avait 20 ans en 1992, c’est qu’elle en avait 40 aujourd’hui. Et cette femme n’avait pas plus de 50 ans. Finalement, j’étais curieuse. Je me sentais d’humeur Columbo. - Je ne veux pas paraître indiscrète, mais si votre fille Nuit


Mère de la toumente a 40 ans… - Je l’ai eu à 14 ans. - Ah oui, quand même ! - J’en ai 4 autres. La dernière a 17 ans. C’est à cause d’elle qu’on s’est disputés, mon mari et moi. Il a jeté les courses par terre et il est parti. Il n’est pas à l’hôtel. Il doit vider un bar quelque part à l’heure qu’il est. Finalement, l’enquête n’avait pas réclamé beaucoup d’investigation. - Les parents se disputent souvent à cause de leurs enfants. - Mais là c’est pas pareil. Je sentais bien qu’elle brûlait d’impatience de me raconter le pourquoi du comment, je n’osais pourtant pas l’encourager. Ça ne sentait pas franchement l’histoire drôle. - Je vais nous commander 2 cognacs. Après le feu, l’alcool ; décidément, cette femme me prenait par les sentiments. - Ma fille, Laurène, elle a disparu. Elle parlait avec un garçon sur internet. Depuis 6 mois. Je suis allée dans son ordi. Je sais, c’est mal. Mais j’étais inquiète. - Un garçon… plus âgé ? Je croisais les doigts pour qu’on ne tombe pas dans un épisode de New York Unité Spéciale mais finissais tout de même mon cognac d’une traite. Comme l’aurait fait un flic de série B. - Ah non, c’est pas une histoire comme ça. Il a 19 ans. J’ai vu son âge sur son Facebook. - Vous fouillez beaucoup, je lui dis avec tendresse. - Votre mère a certainement fait pareil. On peut pas s’en empêcher. - Peut-être… Et ce garçon ? - Il m’inspire rien de bien. - Voyou ? - Dans ses intérêts, sur Facebook, il y a Bruce Lee. C’est tout. Rien en littérature. Pas un seul livre. Je riais. Maladroitement. - Vous savez, dans les miens, il doit y avoir Marilyn Monroe et Pastis 51. Pourtant j’adore lire. Autre chose que la vie de Marilyn. Et sobre. Ça compte pas ces trucs là. 41 —

- Peut-être. N’empêche que depuis que je lui ai interdit de le voir, elle a disparu. - Une ado en fugue pour un flirt, c’est pas… - Je sais, ça arrive tout le temps. Mais ça ne m’était jamais arrivée à moi. - Qu’est ce que vous allez faire ? - On a rendez-vous demain, à Opéra, avec elle. Et lui. - Super, vous allez pouvoir parler. - Non, elle m’a dit qu’elle voulait son passeport, c’est tout. - Ah. Pas super, en effet. Elle baissait la tête et m’attrapait la main. - Vous êtes jeune, donnez-moi un conseil, dites-moi ce que je dois faire. J’étais pas jeune à ce point. À vrai dire, je me positionnais presque plutôt de son côté. Les pimbêches qui s’amourachent d’un fan de Bruce Lee et font des cheveux blancs à leur mère, je te les foutrais au pain sec et à l’eau qu’elles y repenseraient à 2 fois. - Piégez-là. Faites lui croire que vous aimez ce type. - Mais je l’aime pas. - C’est pour ça que vous allez la piéger. - Mais je l’aime vraiment pas. - Invitez-les à dîner, ils vont pas refuser un vrai bon repas. Soyez adorable. Et dites à votre fille que vous vous êtes trompée, que vous trouvez ce garçon tout à fait super. - Et après ? - Et après, elle, elle ne le trouvera plus du tout tout à fait super. - Vous croyez ? » Le lendemain, Yvonne apparaissait dans mon courrier indésirable : « Ca s’est passé comme vous aviez prévu. Je vous suis reconnaissante comme une mère peut l’être. C’est à dire infiniment. Vous êtes la bienvenue à Marseille. Donnez-moi des nouvelles. Tendrement, Yvonne ». Ce jour là, à Marseille, il faisait 30 degrés à l’ombre. J’irai peut-être lui faire un coucou. Nuit


le bon livre ® Charles Conte Ω Marylin dans “7 ans de réflexion”

Mona Chollet Le piège de la beauté

Peu de magazines ont parlé de Mona Chollet et de sa petite bombe artisanale parue à La Découverte : Beauté fatale : Les nouveaux visages d’une aliénation féminine. Comme si, comme d’habitude, le discours féministe sur l’apparence et la mode était dépassé, tenu par des frustrées mal baisées moches et/ou lesbiennes. Chollet réussit à mettre des mots dessus. Un peu comme King Kong Théorie l’avait fait lors de sa sortie, sauf que Despentes a une caution rock qui lui permet de se faufiler là où elle fera parler d’elle ; Chollet, journaliste au Monde Diplo, moins. Rendons-lui justice. T’es laide ? Fuck you.

La théorie est connue et pourtant, on a toujours l’impression qu’elle ne concerne que les autres, les filles superficielles qui n’ont rien d’autre qu’une « routine beauté » à se mettre dans le it-bag. Les injonctions liées à la jeunesse, à la beauté, à la minceur, à la blondeur, à la fragilité ne touchent pas uniquement les mannequins ou les actrices qui en font leur gagne-pain. Chollet parle d’un « complexe mode-beauté » qui englobe une société entière. Des filles intellos, des profs, des médecins, des chercheuses, qui, chefs d’entreprises, se retrouvent à se poser quotidiennement, obsessionnellement malgré leurs compétences, la 42 —

question de l’apparence. Plus elles atteignent un haut niveau d’indépendance, de puissance ou de salaire, plus les femmes auraient tendance à se « fragiliser » volontairement, à se punir en s’imposant régimes, séances de rhinoplastie, achats extravagants pour rester aussi soumises et conformistes que la machine magazines/mode/consommation leur demande. « C’est pire chez les intellectuelles : le fait de devenir une intellectuelle reste toujours une forme de transgression. Il y a une sorte d’anxiété encore plus grande devant l’idée de rester une vraie femme, de s’écarter de la norme féminine. Il y a la peur d’être trop jolie, la peur de ne pas être assez jolie. C’est une représentation assez misogyne que de se dire que les mannequins sont des filles stupides victimes de l’industrie. C’est facile de les renvoyer à des femmes sans cervelle » nous dit Chollet. Fashion Fascism

Avant d’écrire sur le complexe mode-beauté, Mona Chollet avait fait paraître un livre sur Sarkozy et la société bling-bling que les « rêves de droite » font constamment miroiter. D’une certaine manière, il s’agit du même sujet pris dans un angle différent : comment une société intègre des modèles imposés de success story plutôt que de remettre en cause le système. Les mannequins Nuit


incarnent l’essence même de la success story : repérées dans des villages de l’est de l’Europe ou dans un aéroport comme la jeune Kate Moss, elles font croire à un conte de fée qui fascine. « On n’est jamais tranquille avec ça. Les plus jolies filles sont souvent les plus inquiètes, les plus névrosées. Pour une femme, il n’y a rien qui soit plus valorisé socialement que la jeunesse et la beauté. Une jeune fille qui montre très jeune des prédispositions pour ça, et qui devient mannequin, toute sa valeur se réfugie dans son apparence. Il y a vraiment de quoi devenir folle, sauf qu’on reprochera ensuite aux mannequins leur superficialité. C’est quelque chose de beaucoup plus profond que la simple frivolité liée à l’apparence. »

magazines féminins, les féministes elles-mêmes, Sofia Coppola et son cinéma rempli de gâteaux et de jupes pastel, les séries télé type Gossip Girl ou Mad Men, le phénomène des « égéries »… Avec des références qui renvoient à la fois aux blogueuses beauté et aux théoriciennes américaines (notamment le Beauty Myth de Naomi Wolf, jamais traduit en France), Chollet réussit à mettre des mots là où la sociologie ou les théories féministes se heurtent souvent. De quoi lire à la plage pour rester punk.

Mona Chollet, Beauté Fatale : Les Nouveaux visages d’une aliénation féminine.

Dans Beauté Fatale, tout le monde en prend pour son grade : les entreprises de cosmétiques, les 43 —

La Découverte, coll. Zones, Paris, 2012.

Nuit


la bonne playlist Ω Misha Taylor

concorde

David Bowie - Sound & Vision

Finalement un titre de Bowie assez instrumental avec une structure un peu alambiquée qui reste en tronche des jours. La descente de synthé et les choeurs sont énormes. ESG - Six Pack

L’excellent groupe d’électro pop

C’est drôle car ce groupe composé de trois soeurs n’est pas hyper carré mais ça groove la mort. C’est un peu l’exemple du « comment être à la ramasse techniquement et en être complètement décomplexé ». C’est vraiment un groupe qui incite à la danse… hors temps.

français (ex Candy Clash) sort un premier album épatant teinté

Beach House - Wishes

de new wave et d’indie rock

On se rejoint sur le nom de notre album et on adore l’influence Lynch, on écoute cette chanson en boucle depuis quelques jours.

ensoleillé, Summer House (chez Sister Records). La bande son de notre été. Ils nous livrent la leur.

Blind Digital Citizen - War

Que dire, belle musique et belle amitié.

www.withconcorde.com Lescop - La Fôret

Vu en live à Cannes, depuis ce track nous évoque plein de choses de notre enfance, Daho ,Niagara… envie d’être de nouveau ado. Alain Bashung - Volontaire

Simplement la rencontre de nos deux héros français. Animal Collective - Fireworks

Quand tu écoutes ton passé et ton futur dans ton présent, tu te dis qu’en fait c’était pas mieux avant, et ça fait du bien. The Durutti Column - Sketch For Summer

C’est un super morceau pour accompagner un été. Joakim - Forever Young

Ce morceau est sublime, on aime tout dedans, la mélodie, les synthés, la drum, la prod… tout est vraiment magique. Ça sonne 2012 mais en même temps y’a un truc assez intemporel et old school, c’est vraiment un grand titre ! Brian Eno - Here Comes The Warm Jets

La nappe ultime. L’album dont ce morceau est issu est majeur pour nous. On aurait pu s’appeler « The Warm Jets » mais c’était déjà pris !

44 —

Nuit


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Thing , Flako Et Häzel

Jean Tonique et Kartell

Samedi 07/07 21h 114 Gratuit

Jeudi 19/07 21h 114 Gratuit

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00h

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Rex Club 12 € Dimanche 29/07 16h Le Quai Branly Gratuit

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