Le Bonbon Nuit 15

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Nuit

Novembre 2011 - n째 15


10 novembre 2 0 11 23h - au batacl a n

dég u sug iseme gér nt é!

metropolis party

dj freddy

slove live

anteros & thanaton

violaine schütz

+ guests

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édito Bonne Nuit Le journalisme souterrain n’aura eu de cesse de glorifier la nuit : ses excès, sa décadence, sa cruauté, ses silences… Des représentations chics aux tribulations les plus trash, tout y sera passé, on aura vu défiler entre ses lignes les écrivains maudits, les tignasses de rockers, le mascara bavant d’un mannequin paumé, ou la sueur d’un DJ en extase. Un club select ou un rade dégueulasse formeront évidemment les cadres nécessaires pour compléter le mythe héroïque des chevauchées nocturnes, et définir ce fantasme esthétique que nous nommons soirées parisiennes. Et pourtant, il manque à ce tableau idyllique, quoique tragicomique, un élément passé sous silence. Peut-être parce que trop prosaïque, peut-être parce que nous rattachant déjà au lendemain, ce grand absent se concrétise par quelques grammes de poudre de synthèse, sans qui la nuit ne serait plus vraiment la nuit… Ami lecteur, je veux bien entendu te parler de l’aspirine. Car qu’il soit un hipster raffiné ou un clubber hardcore, le noctambule averti, une fois la caravane passée, s’en remettra indéniablement à son effervescence salvatrice comme incontournable antidote à ses abus. Moins glamour qu’un cocktail dernier cri, moins virile qu’un shot de whisky, l’aspirine, dans sa discrète humilité, est là pour nous rappeler que nous sommes en définitive tous égaux devant la gueule de bois. En toute sobriété donc, le Bonbon Nuit se devait de rendre - en utilisant cet édito - un hommage sincère à cette substance essentielle aux couche-tard. Louanges à toi, Aspegic 500 ! Du fond de ma migraine. Michaël Pécot-Kleiner Rédacteur en chef adjoint

Rédactrice en chef — Violaine Schütz michael@lebonbon.fr

violaine@lebonbon.fr

| Redacteur en chef adjoint — Michaël Pécot-Kleiner

| Directeur artistique — Tom Gordonovitch tom@lebonbon.fr | Directeur de la publication — Jacques de

© Géraldine Eelbode

la Chaise | Photo couverture — Xavier de Rosnay & Gaspard Augé par Nicola Delorme | Secrétaire de rédaction — Anne-Charlotte Anris-Vanek | Contributeurs — Denys Beaumatin, Mary Brown, Peanut Butler, Amélie Chassary, Crame, Claire Duport, Nicolas George, Marine Goutal, Anthony Lee Watson, Xavier Magot, Fabrice Montignier, Chill Okubo, ParisLaNuit.fr, Perou, Unison, Thibaut Victor, Manon Troppo | Régie publicitaire — regiepub@lebonbon.fr Jean 06 48 26 88 53 ou Matthieu 06 50 71 92 7 | Contactez-nous — nuit@lebonbon.fr | Siret — 510 580 301 00016 | Siège social — 31 bis, rue Victor-Massé, 75009 Paris 1—

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04/11

KARMASTONE + FANNY LEEB + GREGGY AND THE GREGUETTES 00H Soirée Bonbon 21H 05/11 ULMANN KARAROCKÉ 09/11 21H BECOMING THE ARCHETYPE + IMMORTAL SOULS + BEYOND THE DUST 11/11 21H GLASS PETALS + A BACKWARD GLANCE… + MINORS 00H Soirée Bonbon 21H

12/11 18/11

PMs BETTER + STONED POPES + CITY OF GLASS 21H THE HATRICKS 00H Soirée Bonbon 19/11 21H VERTIGO 22/11 21H URGE OVERKILL 26/11 21H DAWN + FRASER ANDERSON 29/11 21H JARLE BERNHOFT 21H


sommaire Le Bonbon Nuit

p. 05

le bon timing

Justice

p. 07

Jean-Paul Goude

p. 11

Snoop Dogg

p. 19

Bref

p. 21

la bonne illustration

Claire Duport

p.25

le bon organisateur

Maxime Iko

p. 27

Espace d'une nuit

p. 31

les bons musiciens

le bon art

le bon culte

la bonne série

la bonne ombre

p.33

la bonne séance

Fabrice Montignier

p. 34

Jared Leto

p. 37

le bon en arrière

Une nuit surréaliste

p. 38

le casse bonbon

Dimanche noir

p.41

paris la nuit

la bonne étoile

p. 43

le bon look

la playlist de

Unison

p.44

trousse de secours

p. 45

le bon agenda

p. 48

3—

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tables de poker, billards, multicolore. ouvert tous les jours de 13h à l'aube 84, rue de clichy Paris 9e 01 48 78 32 85 | clichy-montmartre.com | pokercm.fr Pièce d'identité obligatoire | Interdit aux mineurs


le Bon Timing Les événements à ne pas manquer Metropolis Party Le Bonbon organise LA soirée SF électro de la rentrée. Sortez déguisements futuristes, accessoires de science-fiction et folies en tout genre ! Le magazine investira pour la première fois le mythique Bataclan avec pour thème Metropolis et en donnera sa vision, déguisée, animée et décomplexée. Jeudi 10 novembre, veille de jour férié, au Bataclan. 15€ en prévente sur digitick.com (recommandé)

Lana Del Rey en vrai La sublime new-yorkaise Lana Del Rey, “Gangster Nancy Sinatra”, comme elle se surnomme, est à 24 ans la bimbo phénomène de la musique indé pour hipsters. Mais pour savoir si elle tient la route en vrai, bref si elle sait chanter, rendez-vous à son premier concert parisien. Le 7 novembre au Nouveau Casino. www.nouveaucasino.net

Michael Mayer et Superpitcher au Rex Ils ont fortement contribué au développement de la musique électronique allemande. C’est grâce au label Kompakt, créé par Michael Mayer, que de nombreux artistes phares de la scène internationale ont pu émerger… Les deux compères se partageront les platines all night long, entre vieux classiques et inédits, le tout mixé avec élégance et savoir-faire. Jeudi 17 novembre au Rex Club.

We Love DFA Malgré la mort de LCD Soundsystem, le label DFA est encore bien vivant et le prouve avec une soirée concert et DJ sets sous la grande nef du 104. Au proDR / DR / DR / DR

gramme, The Rapture, Shit Robot, Planningtorock Prinzhorn Dance School, Juan Maclean (DJ set) et d’autres. Que du bon. Le 19 novembre au 104, de 20h à 2h. 31,80€ www.weloveart.net 5—

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Les bons musiciens ® Michaël Pécot Kleiner Ω Perou

justice Veni, vedi, vici

Second album très attendu de Justice, Audio, Video,

Vous êtes quand même de furieux hitmakers…

Disco est un beau disque minéral et éthéré, empreint

X. : En vérité, on ne sait jamais ce qu’il faut faire pour toucher le plus grand nombre, ou alors, l’idée que l’on en a ne nous donne pas forcément envie de le faire. Et c’est risqué. On parle souvent des “gens” ou de “plaire au gens”, mais ces notions restent abstraites et trompeuses, parce que trop complexes. On n’a aucune idée de ce que le public du premier disque attend de nous non plus. Et donc, partant de ce constat, il est impossible de satisfaire qui que ce soit, à part nous.

d’une nette influence prog-rock. À l’occasion de sa sortie, nous avons rencontré le duo afin qu’il nous livre sa vision très personnelle de la pop, qu’il nous parle de musique, oui, de musique, mais aussi de tatouages en latin, de rhum et des nuits parisiennes… Avec en prime, une recette de grand-mère contre l’ostéoporose signé Gaspard Augé… Quelle direction avez-vous voulu prendre avec ce second album ?

Xavier : On explore toujours les mêmes choses depuis que l’on a commencé à faire de la musique. Le but et l’intention est de faire ce que l’on imagine être une pop actuelle, ni futuriste, ni rétro. De la pop, c’est-à-dire toucher le plus grand nombre ?

X. : Quand on parle de pop, on ne parle pas de la musique “qui marche” ou de musique mainstream que l’on écoute à la radio. Notre définition de la pop se retrouve plutôt dans un transport particulier des émotions, un mélange de sentiments épiques et mélancoliques, toujours au premier degré, sans ironie… Au fond, c’est quelque chose de très naïf. 7—

À l’écoute de l’album, il y a bien toujours la patte Justice, on sent pourtant une évolution, voire un tournant…

X. : On trouve effectivement une continuité avec ce que l’on a fait précédemment, mais depuis 2008, nous essayons d’explorer une autre esthétique. La musique électronique est souvent nocturne et mondaine. Avec ce disque, nous avons eu la volonté de faire de la musique de jour, écoutable chez soi, et surtout de faire quelque chose de rustique, qui ramène à un environnement austère… austère comme les cailloux. Gaspard : Oui, brut. X. : C’est la façon dont sonne l’album. Bien qu’il Nuit


Justice

“nous avons eu la volonté de faire de la musique de jour, écoutable chez soi, de faire quelque chose de rustique, qui ramène à un environnement austère.”

y ait une multitude de petits détails dans chaque morceau, on a produit le disque de manière super sèche, en utilisant presque aucun effet, aucune réverbe, parce qu’on préfère écouter la musique lorsqu’elle est plus proche de soi, débarrassée de toutes les paillettes électro. Comment s’est traduite cette “rusticité” lors des séances d’enregistrement ?

X. : On a décidé d’enregistrer les tracks de l’album comme des démos, ou comme lors d’une répétition qui a un bon son. L’effet voulu était de donner un peu de proximité et de spontanéité à une musique qui n’en a absolument pas, puisque le processus d’enregistrement s’est étalé sur plus d’un an et demi, et que deux ans auparavant, nous avons réfléchi à ce qu’on allait faire. Pour tout te résumer, on a écrit le disque d’une manière maximale, pour ensuite le produire d’une manière minimale. On connaît votre sens de l’imagerie. Quelles sont les images qui vous ont inspirées pour Audio, Video, Disco ?

X. : Ce disque a commencé presque par sa pochette (ndlr : une immense croix en béton couchée dans un pré rocailleux.). On s’est dit que cet album ressemblerait à ça. Quid de vos influences rock’n’roll ?

G. : Que ce soit le métal, le prog-rock ou le classique, c’est plutôt le fantasme qu’on s’en fait qui nous intéresse. X. : C’est vrai que le hard ne nous passionne pas plus que ça. Finalement, la musique que l’on sort ressemble assez peu à celle que j’écoute beaucoup. Moi, j’aime bien les trucs soft et romantiques. Revenons sur le titre de l’album : Audio, Video, Disco. A-t-il un sens particulier ?

G. : Ce sont des mots qui ont l’air contemporain, que tout le monde connaît, mais qui ont une 8—

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Justice signification ancienne. Il s’agit d’une devise latine qui signifie « J’entends, je vois, j’apprends » et c’est assez cohérent avec notre façon de voir la musique. X. : Son double sens représente parfaitement ce que nous faisons : une musique avec une forme assez classique, sous un déguisement moderne. C’est vrai que vous avez cette phrase tatouée sur le bras ?

X. : (sourire) Ouais, ça fait deux ans… Vous pouvez me les montrer ? (Ils soulèvent leurs manches).

X. : Moi, c’est Pedro qui me l’a fait, mais il est un peu raté (rires).

Finalement, la fête s’est déplacée dans les bars…

G. : En quelque sorte, oui. Et ce n’est pas plus mal qu’elle ne soit pas confinée dans les clubs select. Vous avez une botte secrète contre la gueule de bois ?

X. : Moi, j’ai jamais la gueule de bois, je peux boire des hectolitres de rhum sans jamais tomber malade ! G. : Ça n’a rien à voir, mais j’ai lu un truc l’autre jour sur un remède de grand-mère pour soigner l’ostéoporose : il faut laisser imbiber une coquille d’œuf dans du jus de citron, laisser le calcium fondre et boire cette mixture le matin. C’est, paraît-il, imparable…

Mais vous avez fait ça avec une aiguille à tricoter ?

G. : Non, non, avec une machine à piquer. X. : On s’est nous même tatoués tous les trois, avec Pedro, un peu comme des gosses font un pacte de sang… C’est qui le plus fêtard de vous deux ?

X. : Les Parisiens savent très bien que l’on peut trouver Gaspard à tout moment dans un rade ! Justement, la nuit parisienne, vous en pensez quoi ?

G. : Quand je sortais à Paris il y a 5 ans, il n’y avait pas énormément de choix : le Rex, le Pulp, le Triptyque… X. : Ah ouais !? Y’a 5 ans, les soirées au Paris Paris n’étaient pas si mal… G. : C’est vrai que les soirées Johnson étaient mortelles… Et puis, après que le Paris Paris a fermé, ça s’est enchaîné avec le Pulp, il y avait encore moins d’options pour sortir, j’avais un peu l’impression d’être dans un désert. Jusqu’à récemment, parce qu’il s’est créé tout un renouveau de la nuit à côté de chez moi, dans le 9e avec un triangle des Bermudes comprenant le Mansart, le Sans-Souci, le Lautrec et Chez Moune. J’aime bien aussi la programmation du Social Club. 9—

Justice — Video, Audio, Disco Elektra Records, Ed Banger Records ≥ dans les bacs — Leurs adresses, la nuit : Le Mansart 1, rue Mansart, 9 e Le Sans-Souci 65, rue Jean-Baptiste-Pigalle, 9 e Le Lautrec 3, rue Jean-Baptise-Pigalle, 9 e — www.facebook.com/etjusticepourtous www.myspace.com/etjusticepourtous

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Page suivante : Cry now, laugh later, Grace. Photo peinte, ruban adhésif, et carton, New York, 1982.

Ci-dessus : Portrait de Jean-Paul Goude.

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le bon art ® Thibaut Victor Ω Jean-Paul Goude

Jean-Paul Goude J’aurai voulu être un artiste…

À contre-courant du service public, les Arts décoratifs passent à la coupure publicitaire. Époque FR3. Tendance Jean-Paul Goude. Soit une rétrospective des quarante ans de carrière d’un grand faiseur d’images - souvent publicitaires - qui se rêvait artiste. Des pubs donc, mais pas que.

Un spot Chanel avec une Vanessa Paradis en cage, des “kodakettes” en mouvements syncopés pour nous vendre des pellicules photos, une tête de Grace Jones qui laisse échapper de sa mâchoire géante une Citroën CX… Résumer les créations de Jean-Paul Goude à des moins de 30 ans nécessiterait presque un lexique d’un autre millénaire : Vanessa Paradis n’a pas toujours été chiante et mariée à Johnny Depp, les appareils photos n’ont pas toujours été numériques et fonctionnaient avec des pellicules qu’on oubliait, perdait ou bousillait à base de tirages flous, noirs ou surex qu’un photographe nous offrait par pitié. Et oui, Citroën faisait des voitures de grand-père. Bref, une rétrospective Jean-Paul Goude est d’abord une démarche archéologique. L’homme a toujours senti l’air du temps. De son époque. Difficile donc aujourd’hui de ressentir le 11 —

même étonnement face à la galerie de minets parisiens qu’il dessine pour le magasin Brummel en 1964, alors qu’il suffit aujourd’hui de traîner rue de Bretagne, rue des Martyrs, rue des Abbesses, rue… enfin dans Paris quoi. Ou face à sa capacité à capter la montée en puissance de nouvelles communautés - afro-américaines, beurs, hispaniques, gays -, alors qu’elles ont nourri la culture mainstream depuis. Oui, le gay est mainstream. On l’appelle même métrosexuel. Ou hétérosensible. L’air du temps s’est dissipé. La grande originalité de cette rétrospective tient sans doute à ce qu’elle prend à contre-pied un argumentaire classique. Redécouvrir l’œuvre du publicitaire, illustrateur et réalisateur Jean-Paul Goude ne réactualise en rien la modernité de son travail. Au contraire, au-delà des sujets forcément vintage, c’est sa démarche qui nous plonge dans une civilisation d’un autre temps. Celle où l’utopie politique pouvait se vivre au premier degré. En contrepoint à l’ironie et au désenchantement contemporain. Car l’univers de Jean-Paul Goude ne se réduit pas à de jolies images mariant les références à l’art nègre et un amour de l’exotisme et de l’ailleurs. Le défilé qu’il organise pour le Nuit


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Jean-Paul Goude

“une rétrospective Jean-Paul Goude est d’abord une démarche archéologique.” bicentenaire de la Révolution française en est l’incarnation : ses tableaux multiethniques encadrant la black Jessye Norman enveloppée dans un drapeau tricolore est l’apothéose du monde multiculturel auquel il aspire. Cette aspiration est aussi la limite de son travail. Car si l’inventivité créative et foutraque de Goude laisse sans voix, elle laisse aussi sans questions. Contrairement à un art qui interroge – sur la capacité d’une société à intégrer, à vivre ensemble ou à affronter les problèmes sociaux souvent relégués à l’arrière-plan des clichés ethniques –, Goude préfère offrir une vision utopique et harmonieuse comme réponse définitive.

le redécouvrir. Artisan minutieux à la recherche d’une beauté qu’il construit littéralement, paire de ciseaux et scotch à la main, prêt à remodeler le monde. Une obsession qu’il qualifie de « french correction » alors qu’il est directeur de la création du magazine U.S. Esquire. Et qui s’attaque autant à son personnage – il aime à rappeler son affection pour les épaulettes et les talonnettes qui « améliorent » sa silhouette – qu’à ses muses qu’il façonne comme un pygmalion. Ou plutôt comme un « goudemalion » corrige Edgar Morin, expression qui donnera son nom à l’exposition. Car contrairement au professeur du My Fair Lady de Shawn, l’homme ne s’intéresse pas à la transformation d’une femme en une autre sublimée. Mais plutôt à la transfiguration d’une femme en une pure image. Ce sera tour à tour Grace Jones puis la mannequin et actrice Farida Khelfa qui passeront en retouches, telles des poupées de Bellmer. Une obsession de la perfection qui tient du control freak impulsif et qui parviendra à déranger les parangons du politiquement correct : des féministes qui lui reprochent d’enfermer la femme dans le rôle d’objet de ses fantasmes aux antiracistes qui lui reprochent de jouer avec les clichés ethniques. En total contresens. Finalement, Goude aura relevé la gageure d’être à la fois iconodule et iconoclaste, quitte à laisser la question d’être un artiste à Claude Dubois.

Goudemalion. Jean-Paul Goude une rétrospective. ≥ Du 11 novembre 2011 au 18 mars 2012. Musée des Arts décoratifs

Alors ce n’est peut-être pas en artiste qu’il rêve d’être mais en génial créatif qu’il est nécessaire de 14 —

107, rue de Rivoli, Paris 1er

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Ci-dessus : Carolina, photo peinte, New York, 1973.

Page suivante : Hispaniques, Williamsburg, Brooklyn, 1975.

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le bon culte ® Nicolas George Ω Anthony Mandler

Snoop Dogg

les plus célèbres nattes du hip-hop

Croisé au détour d’un festival à l’étranger, on a réussi

Vous êtes toujours dans l’esprit West Coast de vos

à poser (malgré deux lapins et quatre heures d’at-

débuts ?

tente) quelques questions au Snoop. L’icône de la

avait bossé avec Guetta…

Obligé mec : West Coast Rules. Mais bon, tout évolue et le rap, notre rap, aussi. Et c’est tant mieux. C’est aux jeunes d’appréhender cette musique et de continuer à la faire circuler partout dans le monde. Et de la faire grandir. C’est ça, le plus important.

Tu participes à Detox, le prochain album de Dr Dre.

Qu’est-ce qui tourne dans ton iPod en ce moment ?

Que peux-tu nous révéler dès aujourd’hui là-des-

J’écoute pas mal Tinie Tempah. Ce mec-là est en train de tout déchirer aux États-Unis. Y’a aussi MistaJam, Far East Movement, Wiz Khalifa…

West Coast sera notamment présent sur le nouvel album de son pote Dr Dre, l’un des albums rap les plus attendus de ces prochains mois. Et puis c’était l’occasion (enfin) de savoir pourquoi, bon sang, il

sus ?

Attends, il n’est pas sorti encore (rires)… Mais ce que Dre a déjà concocté, c’est du lourd, du très lourd. Eminem sera de la partie et plein d’autres gars super aussi. Cet album a pris le temps d’être fait mais franchement, c’est l’une des plus grosses tueries que j’ai eu l’occasion d’écouter ces dernières années. Dr Dre / Snoop Dogg, c’est une histoire qui dure depuis votre collaboration sur la B.O. du film Deep

David Guetta qui collabore avec Snoop Dogg… Les puristes de ton son ont failli s’étrangler, tu sais ?

Ah ouais nigger ? Bah écoute, Guetta, il a apporté une vraie touche de fraîcheur à mon son, comme tu dis. J’étais là en train d’écouter mon original de Sweat et franchement, ça ne le faisait pas. Pas du tout. Guetta passe derrière et ça devient un tube mondial car le morceau acquiert, enfin, une âme…

Cover et l’album The Chronic, c’était il y a presque 20 ans…

Tu y as passé quelques belles nuits, plutôt bien

Dre, c’est avant tout un fuckin’nigger que je respecte énormément. C’est aussi un ami et un maître musical. On bosse ensemble tout le temps en studio, on s’est construit un peu ensemble, l’un avec l’autre… Difficile de nous séparer !

entouré… Je parle de Paris, bien entendu. C’est tou-

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jours une ville particulière à tes yeux ?

Ouais mec. T’as des bonnes vibrations ici, des bons spots où j’aime aller comme le VIP Room pour les belles nanas qui y traînent. Les nuits parisiennes restent un passage obligé pour le Snoop. Nuit


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la bonne série ® Michaël Pécot-Kleiner Ω Lauren Binetruy & Jennifer Gabou Bokobza

bref Phénoménologie amphétaminée

En 100 secondes chrono et trois fois par semaine,

Bonjour Harry, qui es-tu ?

Bref dynamite Le Grand Journal de Canal+ en déli-

Harry : Je suis leur producteur. Et le manager de Kyan depuis deux ans. Et je peux te dire que le pilote a exactement été tourné le 28 mars.

vrant un condensé de vie puissamment identificatoire. L’équipe au complet s’est posée le temps d’une soirée pour élucubrer en toute tranquillité. Extraits.

Et vous l’avez présenté à Canal+ tout de suite après ? Question con. Pourquoi appeler ce programme Bref ?

Bruno (co-scénariste, co-réal) : Ne te dévalorise pas comme ça voyons, ta question n’est pas si con. Bref ? Parce qu’on voulait un mot qu’on puisse mettre en début et en fin de série. L’idée de base, c’était de faire comme si on arrivait au milieu d’une conversation, et de donner la sensation de rentrer tout de suite dedans. La genèse de Bref, c’est quoi ?

Bruno : J’ai rencontré Kyan il y a trois ans. On s’est mis à travailler ensemble il y a à peu près un an sur son spectacle et un jour il m’a dit : « Hey, j’aimerais bien faire un programme qui va vite et où on résume des tranches de vie. » On s’est pris un après-midi et on a écrit ce qui est devenu le premier épisode… C’était en mars de cette année. Après on l’a montré à Harry et il m’a dit qu’il fallait le piloter.

Harry : J’étais en contact avec eux parce que j’avais déjà eu un programme à l’antenne qui s’appelait Deux mecs qui bossent à Canal, et qui était diffusé tout l’été à 20h15 en clair. Je suis allé voir les gens de la chaîne avec le programme sur mon iPad, et dans le bureau de… Harry ne fait pas dans la dentelle, c’est un vrai pro, il n’est pas prod’ pour rien. Il se met à me citer une ribambelle de noms de dirigeants de Canal+… je suis un peu paumé avec ce massif name dropping. … et ils nous ont demandé d’écrire quatre autres épisodes en test, ce qui a été fait par Kyan et Bruno de manière magistrale. Ça a permis de convaincre Canal et on est partis sur 40 épisodes. Vous avez une technique particulière pour capter les petits détails du quotidien ?

Bruno : Je co-écris et co-réalise tout avec Kyan. Il 21 —

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Bref a un carnet, j’ai un iPhone, et on note les thèmes que l’on va aborder, ensuite on fait des fichiers de partage sur Internet.

Harry : Là, on vient de tourner 40 épisodes et Canal nous en a commandé 40 de plus. On va finir très certainement l’année avec eux…

Combien de temps pour écrire un épisode ?

Avez-vous la tentation d’un long-métrage ?

Bruno : Quand la vie est belle ou quand on est obligés de travailler vite ?

Bruno : On nous a déjà proposé de faire des B.D., mais on a refusé. Harry : Pour un film, il faudrait que cela donne une valeur ajoutée, on ne veut pas dénaturer nos propos. Bruno : On peut mettre le son, je crois qu’on passe à la télé !

Les deux ?!

Bruno : Si la vie était belle, il nous faudrait deux mois. Comme la vie est ce qu’elle est, c’est deux à trois semaines de taf intensif. C’est la première fois que l’on entend de l’électro sur une série française !

Harry : Oui, c’est essentiellement pour une question de rythme… Bruno : On peut allumer la télé en mode muet ? Explication : l’interview se déroule dans l’appart de Jennifer, notre photographe. Il y a un joli écran plat et l’équipe veut guetter la diffusion de leur épisode. Normal.

Pause de l’interview. Je suis content : je mate un épisode de Bref avec l’équipe de Bref à mes côtés. Sensation inexplicable. Reprise de l’interview. Pourquoi cette récurrence de la masturbation ?

Bruno : C’est n’est pas tant une obsession que ça. On voulait parler d’un vrai trentenaire qui traîne sur Internet, et les vrais trentenaires qui traînent sur Internet souvent se branlent. Mais il y a une évolution du personnage et il va se masturber de moins en moins.

Le succès, la médiatisation soudaine, ça pourrait vous donner le melon ?

Vos influences cinématographiques ?

Bruno : Non, pas vraiment. En fait, on ne se rend pas compte de notre succès, parce qu’on bosse trop. Après il y a des indicateurs qui nous montrent que Bref marche bien, comme le fait de passer aux Guignols.

Bruno : Il y a quelque chose que l’on apprécie particulièrement ; à chaque fois qu’un film est tiré d’un bouquin et que le réal décide de garder la narration à la première personne, il y a une voix off. C’est le cas dans Fight Club, 99 francs, Les Lois de l’attraction et beaucoup d’autres films qui nous ont électrocutés quand on était jeunes… Ce genre de procédé a été repris pour Bref, avec une couche de comique stand-up par-dessus, car c’est avant tout du comique d’observation.

Sur Internet aussi, vous commencez à être très populaires !

Bruno : Oui, sur Facebook, on a déjà plus d’un million de fans et des dizaines de millions de vues sur YouTube. Mais je tiens à préciser que nous sommes nous-mêmes nos propres community managers, et que l’on hésite pas à répondre aux questions des internautes. Vous êtes programmés jusqu’à quand ? 22 —

En stand-up, vos références ?

Bruno : Sans aucun doute, Kheiron ! (rires) Kheiron (le pote vicelard du héros) : Mon cinq majeur est composé de Jerry Seinfeld, Eddie Izzard, Jeff Dunham, Dave Chapelle et Chris Rock. Nuit


Bref quand je suis rentré au Jamel Comedy Club. Bérengère (le plan cul régulier) : Oui, on s’est tous connus en faisant des scènes ouvertes. Par contre, je ne peux pas te dire pourquoi ils ont pensé à moi pour ce rôle. Et toi, Alice ?

Alice (la jolie “Cette fille”) : J’ai rencontré Kyan sur le tournage d’un film qui ne s’est pas fait. On est restés en contact et finalement, il m’a appelée pour ce projet. J’abuse si je dis que vous êtes une grande famille ?

Kheiron : Bref, c’est un peu la route de Kyan depuis quelques années… Et la somme de gens qu’il a rencontrés et aimés dans des projets qui ont abouti ou pas. Famille ? Le mot est un peu galvaudé mais il y a un esprit très familial, cela se ressent dans l’ambiance du tournage… Dernière question. C’est lequel le bar où vous tournez vos scènes ?

Harry : Au chat noir, à Oberkampf !

Et Michel Denisot ?

Tous : Il est adorable ! Kheiron : Toute la journée, on se fait des battles de vannes par téléphone. Il en a souvent des très bonnes ! Vous êtes des “fils de” cachés ?

Bruno : Lorsque j’ai quitté l’école à 16 ans, on m’a effectivement pistonné pour être coursier chez des notaires. Kheiron : Quand on était plus jeunes, Bruno a essayé de me faire rentrer dans une boîte de phoning, mais ça n’a pas marché.

Bref ≥ 3X par semaine à 20h30 en clair sur Canal+ et en streaming sur le site www.canalplus.fr — Leurs adresses fétiches : Le Face Bar : 82, rue des Archives 3e

Mais vous vous connaissiez tous avant ?

La pizzeria Santa Lucia : 22, rue des Canettes 6 e

Kheiron : Bruno et moi, on est des potes d’enfance… Et on a commencé notre collaboration

Le Floors : 100, rue Myrha 18e

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 Claire Duport claireduport.tumblr.com



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le bon organisateur ® Crame Ω Chill Okubo

Maxime Iko Royal cône

Maxime Iko a fondé avec quelques amis Cancan, un

musique que vous défendez, qui a une image assez

collectif qui s’emploie à relever les jupons d’une nuit

sérieuse ?

parisienne moins frileuse qu’il n’y paraît. Mélange

C’est justement ce paradoxe qui nous intéresse. Pour nous c’est le mélange idéal. Une belle fête, c’est un plaisir visuel, une énergie, et la musique qui nous fait vibrer : house, électro, disco... Comme c’est notre amour de la musique qui nous pousse à organiser des fêtes avant tout, il faut un vrai travail de dee-jaying. Le côté pouet-pouet, comme tu dis, est véhiculé par un certain humour. On ne se prend pas au sérieux. Il faut qu’il y ait du plaisir, c’est tout.

de gens, musique électro raffinée et esthétique de garçons coquins, le DJ nous raconte son parcours et son idée de ce qu’est une belle fête. Et si, derrière les apparences les plus spécialisées, celles de la niche, de la micro-communauté, se cachait la plus grande ouverture d’esprit ? Le mot “Cancan” évoque un Paris canaille, interlope. Pourquoi avoir choisi ce nom ? Ce Paris-là est encore possible ?

Le cancan correspond historiquement à notre idée de la fête : le mélange des gens - artistes, musiciens, prostituées, dandys... On essaye d’adapter à l’esprit d’aujourd’hui cette idée d’ouverture, de mélange des styles, de partage. Et on a un petit côté rétro. Lors de nos premières soirées, on accrochait au mur des phrases en argot, comme “J’ai le cul bordé de couilles”. Dans nos vidéos, on utilise de vieilles images de cinéma, de beefcakes (messieurs musclés dénudés dans les années 1920 à 1950, ndlr) notamment. N’y a-t-il pas un paradoxe entre cet esprit rétro et coquin, un peu “pouet-pouet”, d’un côté, et la 27 —

Ce mélange sérieux / sexy / drôle, vous ne le trouviez pas à Paris ?

Ce qui se rapprochait le plus de ce qu’on avait envie de faire, c’était les soirées Eyes Need Sugar qui n’existaient déjà plus lorsque nous avons commencé. Elles nous correspondaient au niveau de la musique et de l’ambiance, plutôt garçons mais mixte - filles hétéros, filles lesbiennes, garçons travestis, etc. On a aussi essayé de développer le côté performances. Le collectif comprend une troupe, Boubouland, qui prépare un show différent à chaque fois. Cinq danseurs - un garçon androgyne, deux “cockoboys” plutôt fluets, loin des clichés gogos bodybuildés, une petite pépée, Nuit


Maxime Iko

“Je m’habillais comme Marilyn Manson, avec des portejarretelles. C’est dans les soirées gothiques que j’ai découvert l’électro allemande.”

une poupée burlesque - proposent 15-20 minutes de chorégraphie, d’effeuillage sur une bande son que je prépare. Eux disent qu’ils “se salissent”, mais ils se salissent joliment. À Nantes, c’était un effeuillage à la chantilly ; au Rex, un ventilateur balançait des paillettes sur eux. Cockorico est une soirée “queer for everyone”. Pourquoi d’abord l’affirmer comme “queer” ? Et “for everyone”, n’est-ce pas un peu utopique ?

Queer parce qu’on est en majorité gays et qu’on a envie de s’amuser autour de ça. L’esthétique est orientée garçons - il y a de belles images avec des bites - mais il n’y a pas de tri en fonction de ça. À l’origine, on positionnait nos soirées de façon plus ouverte, plus hétéroclite. Et bizarrement, c’est à partir du moment où l’on a utilisé l’érotisme masculin et appelé nos soirées Cockorico (“cock” est la traduction anglaise de “pénis”, ndlr) que nos soirées ont rassemblé le plus de monde différent, de gouines, de travelos, d’hétéros... C’est en accentuant le côté gay qu’on a obtenu le vrai mélange. Et où peut-on les trouver, ces fameuses soirées Cockorico ?

On a eu une résidence d’un an à la Scène Bastille, puis une résidence d’été au Rex. Elles auront lieu au Point éphémère à partir de février. Et en attendant, on organise de plus petites éditions au 4 Éléments. Parlons un peu de toi. Est-ce que tu vis du deejaying ?

Non, je suis à 50% DJ, 50% vendeur dans une boutique de chaussures. Je n’ai pas encore assez de deals avec des labels ni d’assez gros cachets pour pouvoir en vivre. C’est mon rêve, parce que j’ai aussi un groupe, Big Daddy’s Dead, qui demande beaucoup de temps. Mais bon, j’ai la chance de pouvoir me consacrer entièrement à la musique trois jours par semaine, c’est déjà un luxe. Tu as quel âge ? Tu viens d’où ? Tu sors depuis quand ?

28 —

Nuit


Maxime Iko J’ai 29 ans. Je viens de Melun, Seine-et-Marne, pays des betteraves. J’ai commencé à sortir à 17 ans, dans le milieu gothique : caves Saint-Sabin, caves Le Chapelet... Je m’habillais comme Marilyn Manson, avec des porte-jarretelles. C’est dans les soirées gothiques que j’ai découvert l’électro allemande. Il y avait pas mal d’indus, d’électro très pointue, pas minimale bien sûr, mais ça a été mon initiation. J’ai adoré cette période. Comment as-tu évolué après ça ?

J’ai rejoint le circuit gay classique, le Queen, le Scorp. Et comme le Scorp était sous le Pulp, j’ai découvert le Pulp. Ça a été un déclic. Je pense que Chloé, Cardini, Smagghe (célèbres résidents du Pulp, ndlr) ont participé à mon éveil musical. J’ai eu de plus en plus envie d’écouter de la musique, puis plus seulement de l’écouter mais de la toucher. Et à partir de ce moment-là, ça a été la merde. À l’époque, je m’occupais de joaillerie chez Dior. C’était un univers qui me plaisait, mais quand je me suis rendu compte que je passais mes journées au back-office à acheter de la musique sur Internet plutôt qu’à m’occuper des livraisons fournisseurs, je me suis dit que je n’étais plus à ma place, que je devais tenter quelque chose. J’ai quitté mon job, j’ai pris un crédit pour acheter du matériel (je n’ai pas encore fini de le rembourser) et la nuit j’ai été serveur aux Bains-Douches. J’ai appris à mixer comme ça et j’ai eu ma première date de DJ en 2008.

Je pense le contraire. À Paris, tu peux t’amuser. Il y a de plus en plus de soirées. Ça bouge, il y a encore eu un super festival au Cabaret sauvage il n’y a pas longtemps. Il y a des afters sur des bateaux qui cartonnent, avec des très gros line-up... Non, vraiment, il y a du choix. Tu n’éprouves pas une certaine nostalgie ?

Non, je n’ai pas la nostalgie d’endroits qui ont fermé, par exemple. Je regarde plutôt vers l’avant, ce qu’on peut faire maintenant avec les moyens qu’on a. Le Palace, par exemple, tu t’en fous.

Non, c’est bien de ne pas oublier, mais bon, on n’y était pas. Même le Pulp, c’était un endroit génial très important pour moi, mais il faut aller de l’avant. Inspirons-nous de ce qui était bien, essayons de le retranscrire, de le ré-utiliser. “Avant c’était mieux”, ça veut dire que tu vas te faire chier toute ta vie ? Non, ce n’est pas possible.

Et comment le collectif Cancan s’est-il créé ?

Au départ, nous étions une bande de copains qui avions envie de faire la fête, des soirées à notre image : styles différents et bonne musique. Nous devons être une quinzaine, maintenant, dont cinq DJ, avec chacun son emprunte musicale. Qu’est-ce que tu penses de Paris ? De la vague idée

≥ Pour se tenir au courant de l’actu et des soirées

assez répandue selon laquelle la nuit parisienne est

du collectif : collectifcancan.blogspot.com

en train de mourir ? 29 —

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30 —

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la bonne ombre ® Thibaut Victor Ω Guillaume Guerin

ESPACE D’UNE NUIT Les architectes de la night

On connaît la litanie des galères du Paris by night : fermeture de lieux, manque d’ambition, législation sécuritaire. Mais la ritournelle funéraire n’a pas fait tourner toutes les têtes. Et 2011 a vu naître de beaux succès, partageant un certain sens du lieu de nuit.

Stéphane Vatinel, nouveau directeur de la Machine du Moulin Rouge (ex-club la Loco), met les pieds dans le plat : « Tous ces nouveaux lieux parisiens aménagés à l’épure, c’est joli mais ce n’est que joli. Je ne vois pas de poésie ni de romantisme.» Et c’est vrai que si les nouveaux lieux design – traduction contemporaine du lounge des années 90 – font toujours parler d’eux, le succès public de la réouverture du Trianon en salle de concert, de la Machine du Moulin Rouge ou de la Candelaria, cantine mexicaine qui cache derrière une porte dérobée un bar à cocktails, démontre la réussite d’une démarche particulière. Celle qui allie la compréhension d’une architecture, l’envie de partager une histoire personnelle plus que marketing et des aspirations simples : se sentir chez soi et vivre une expérience de nuit sincère. Pourtant, pour Raphaël Bertrand, l’enjeu pour la transformation du théâtre du Trianon en salle de 31 —

concert a d’abord été technique : rénover la façade historique en créant un nouveau balcon et une arche centrale. Mais derrière la technologie 3D de cette rénovation et quelques autres gadgets hightech (fauteuils se rangeant automatiquement sous terre pour passer d’une salle de concert classique à un format club ; ensemble des luminaires vintage entièrement géré par réseau informatique), c’est bien l’envie de préserver l’âme du théâtre devenu salle de cinéma au cours du siècle qui domine. Direction la Chine, le Maroc et Saint-Ouen pour chiner matériaux et autres éléments de déco. On retrouve finalement au mur un patchwork de tissus de fins de stocks. Même chose pour le bar qui provient du dernier fabricant de zinc en France : « On a même été jusqu’à fouetter à la chaîne le zinc pour lui donner les marques et les rayures qu’on attend d’un vrai bar. » Authentique. À la Machine du Moulin Rouge, le lieu et son histoire ont aussi dicté leur loi : « C’est par la morphologie de l’espace que je me suis dit que le projet était hyper intéressant », se souvient Stéphane Vatinel. « Le lieu est tellement vaste et à géométrie variable (salle principale, sous-sol, bar à bulles) que tu peux aussi bien y faire des concerts, du club intimiste que Nuit


Espace d’une nuit

“Tous ces nouveaux lieux parisiens aménagés à l’épure, c’est joli mais Je ne vois pas de poésie ni de romantisme.” berlinois avec 1 500 personnes. » Mais là encore, le budget coince face à l’ampleur du projet. Ou comment un problème de tunes permet d’être créatif et de respecter un lieu et son histoire : « Avec nos 250 000 euros, on a pas vraiment eu le choix. On a déjà payé des nettoyeurs pendant trois semaines. Ça puait tellement… Et avec le peu qui nous restait, on a “surfacé” avec pour idée d’assumer ce qu’avait été la Loco mais de rendre le nouveau lieu à notre image. » Soit des chauffeuses d’origine ressemelées, la locomotive de l’entrée transformée en petit train d’une Inde fantasmée et des partis pris forts  : « La 32 —

dimension commune aux hommes et aux femmes, c’est la féminité. On a donc voulu un univers fantasmé, coloré et onirique. Ça a donné ce papier peint fleuri, l’usage du rouge comme hommage au Moulin et ce décor à la Alice au pays des merveilles plongé dans un univers de machines au sous-sol. » Au bar de la Candelaria, pas d’histoire à préserver mais plutôt à imaginer. Et toujours une même idée : « On a d’abord fait un lieu dans lequel on aimerait aller : notre cantine », nous prévient David Rager qui s’est occupé de la D.A. avec sa femme Cheri. « L’idée des propriétaires était simplement de faire un bar à tacos mexicains et à cocktails. Mais c’est quand ils ont découvert le lieu dans le Marais avec ce petit espace à l’entrée, puis cette pièce plus grande à l’arrière, presque cachée, que l’idée de deux lieux distincts est née. D’un côté, une cantine blanche et lumineuse comme un bar sur une plage californienne. Et de l’autre, une salle cachée à l’arrière pour les cocktails, avec un esprit plus after-sunset. Mais, là encore, on n’avait pas d’emblée pensé à cacher le bar à cocktails de la rue. On s’est juste rendu compte qu’en condamnant les fenêtres, on avait un rendu plus cosy. » Qui transforme l’expérience de la Candelaria en une plongée en pleine Prohibition. L’espace d’une nuit, toute une histoire.

La Candelaria 52, rue de Saintonge, Paris 3 candelariaparis.com La Machine du Moulin Rouge 90, boulevard de Clichy, Paris 18 lamachinedumoulinrouge.com Le Trianon 80, boulevard de Rochechouart, Paris 18 letrianon.fr

Nuit


la bonne séance ® Xavier Magot Ω DR Les Géants de B. Lanners avec Z. Chasseriaud, M. Nissen et P. Bartel 9/10

Acteur belge découvert en France grâce à ses apparitions toujours remarquées dans les films de Gustave de Kervern et Benoît Delépine, Bouli Lanners marque tout autant de sa patte chacun de ses films en tant que réalisateur. Avec Les Géants, son troisième essai, il prouve qu’il n’a rien à envier aux plus grands metteurs en scène contemporains. Cette plongée dans la vie morne de trois jeunes ados paumés tape dans le mille et émeut sans jamais jouer sur la corde sensible ou le pathos, en général de rigueur. Filmant les rivières de Belgique comme le Bayou et les prolos wallons comme autant de Rednecks américains, Lanners livre sa vision personnelle de Stand by me tout en conservant les spécificités de son pays. Et que dire de la performance hallucinante de ses trois jeunes comédiens… Que du bien, foncez ! ≥ Sortie le 02 novembre. Sleeping Beauty de Julia Leigh avec Emily Browning 8/10

Premier film de Julia Leigh, jeune réalisatrice australienne ardemment soutenue par Jane Campion, cette belle au bois dormant 2.0 louche largement plus du côté de Buñuel et de son Belle de jour que d’une énième production Disney. Avec sa perversion rentrée (rien n’est jamais vraiment montré) et son tempo lent comme un songe mortifère, cette beauté dormante envoûte, trouble, dérange. Tenu de part en part par les frêles bras de son actrice principale, Emily Browning, cette petite merveille doit, il faut l’admettre, tout autant pour sa mise en scène. Faisant la part belle au plan séquence, le plus souvent fixe, c’est grâce à la magie de ses cadres qui rendent chaque composition irréelle que Sleeping Beauty finit de nous plonger dans un état second et vicié. Une découverte dont il ne faut absolument pas se priver. ≥ Sortie le 16 novembre. Kidnappés de Miguel Angel Vivas avec Fernando Cayo 8/10

En plus d’être un véritable pari technique, puisque tourné en 12 plans séquence, Kidnappés est un survival urbain pur jus, sec et violent sans une once de second degré. Vrai “feel bad movie” poisseux à souhait, ce petit bijou de noirceur ne vous laissera pas indemne malgré un postulat de départ pour le moins éculé : alors qu’elle vient d’emménager dans un quartier résidentiel huppé, une famille modèle va vivre l’enfer en subissant l’attaque d’une bande de raquetteurs cagoulés. Ultra référencé (Irréversible, Panic Room) et jusqu’auboutiste dans ses partis pris comme dans sa représentation de la société actuelle, Kidnappés est la bonne surprise de cette rentrée. Décidément le cinéma espagnol n’a pas fini de nous épater. ≥ Sortie le 30 novembre. 33 —

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Paris la Nuit  Fabrice Montignier www.fabricemontignier.com



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la bonne étoile ® Denys Beaumatin Ω DR

jared leto Life on Mars

Jared Leto, l’acteur qui dézingue l’écran dans le Requiem for a dream d’Aronofsky, égérie d’Hugo

plus anodins, banals en apparence renferment beaucoup de poids et de vérité.

Boss, frappe encore mais cette fois en France avec la tournée de son groupe de rock alternatif ésotérique,

Quel message souhaiteriez-vous que les gens devi-

30 Seconds To Mars. Il jouera son nouvel album This

nent lors de votre tournée en France ?

is War les 11 et 12 novembre prochains au Zénith à

Qu’on vous aime tous tellement, que nous sommes si reconnaissants pour la deuxième maison que vous nous avez donnée.

guichet fermé. Interview à connotation martienne. Quelle est la différence entre la Terre et Mars ?

Une grande quantité d’eau et d’oxygène.

Quelle est votre citation préférée sur terre et sur Mars ?

Qu’est-ce que la création sur Mars ?

La réalisation de quelque chose à partir de rien. Pourquoi êtes-vous si proche de Mars ?

Je n’en suis pas particulièrement proche. Néanmoins, Mars reste relativement proche d’une planète comme la Terre et donc visible dans le ciel, elle a été souvent mystifiée à travers les âges.

J’aime beaucoup les textes de Nietzsche à propos de l’individualisme : la forme critique de l’individualisme est liée à sa notion de surhomme et de noblesse d’esprit. Il exprime la résistance que les consciences individuelles (les esprits libres) peuvent opposer à la normalisation sociale étatique et au conformisme ambiant. Quels sont vos projets en France ?

Qui sont les artistes ou les hommes qui t’ont le plus inspiré sur terre ?

Je suis inspiré par les rêveurs. Par des gens qui veulent plus de vie dans leur vie. Par ceux qui créent, imaginent et réalisent. Et surtout par des gens comme ma mère qui, malgré les obstacles apparemment insurmontables, les a surmontés et a réussi à faire sa vie et aider sa famille.

Tournée régionale jusqu’en décembre dont nous sommes très fiers et très excités. Pensez-vous travailler à nouveau avec Darren Aronofsky ? Requiem for a dream est un film culte…

J’aimerais un jour, si Darren me le propose. Pourquoi pas sur Mars ? 30 Seconds to Mars ≥ Au Zénith les 11 et 12 novembre.

Quel sera le sujet de votre prochain album ?

Je ne sais pas encore, mais souvent les sujets les 37 —

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le bon en arrière ® Marine Goutal Ω Peanut Butler

Une nuit surréaliste Dans la tradition artistique du XXe siècle, depuis le retrait de la Fontaine de Duchamp, le scandale fait partie du dadaïsme et de ses suites surréalistes. Retour sur l’inauguration de l’Exposition surréaliste de 1938 et son final en clair-obscur.

« Dans une odeur de café grillé, sous une voûte de sacs de charbon, parmi les contorsions d’une somnambule, on a verni cette nuit l’Exposition internationale surréaliste. » C’est ainsi que débute l’un des articles écris au lendemain de l’inauguration de l’Expo surréaliste du 17 janvier 1938. La bande des surréalistes et ses électrons libres ont allié leurs talents à la galerie des Beaux-arts du 140 rue du Faubourg-Saint-Honoré, à travers une exposition qui rassemble plus de 60 artistes de différents pays et montre environ 300 peintures, objets, collages, photographies et installations. Les organisateurs sont André Breton, Marcel Duchamp et Paul Éluard épaulés par Salvador Dalí et Max Ernst. Dès l’entrée, on est reçu par Le Taxi pluvieux de Dalí, où une belle blonde (de cire) subit les assauts d’escargots vivants. Les allées de la galerie sont renommées comme les appellations des rues d’une ville : la Rue surréaliste, le Passage des odoramas, la Rue de la transfusion de sang. Dans la galerie, le long du couloir, l’attraction principale n’est toutefois pas la peinture. Il s’agit d’une rangée de seize mannequins loués par l’équipée, que les artistes surréalistes ont décoré : femme en cage, prise dans des filets, surmontée d’une chauve-souris et tête de coq servent de couvre-chefs. Man Ray, quant 38 —

à lui, laisse son mannequin nu avec des larmes de verre sur le visage et des bulles de savon de verre dans les cheveux. Duchamp, à l’origine de l’exposition pose simplement sur le mannequin le veston et le chapeau qu’il venait d’enlever. Le poète Benjamin Péret, qui a vécu en Amérique du Sud, installe un torréfacteur dont les effluves assaillent les narines des invités. On entend des rires hystériques enregistrés dans un asile d’aliénés, provenant d’un phonographe invisible, ce qui d’après Man Ray « coupa court l’envie qu’auraient pu avoir les visiteurs de rire ou de plaisanter ». Le public est totalement désorienté. L’idée ? Dynamiter le Paris bourgeois. Hormis les mannequins et l’installation olfactive pionnière, le happening réside bien dans le final, qui consiste en un black-out total, le soir du vernissage. Dans l’histoire du surréalisme, on ne compte plus les scandales, - Kiki de Montparnasse, par exemple, fut condamnée à six mois de prison pour voies de fait, dans le sud de la France. En l’occurrence, ce soir-là, le final surréaliste tint au hasard. Le soir du vernissage quand des milliers de gens se présentent, il n’y a pas de lumière. Un homme assis à l’entrée, devant une grande caisse, donne à chaque visiteur qui entre dans la galerie sombre, une lampe de poche. Inutile de dire, comme le souligne Man Ray dans ses Mémoires, que ces lampes furent dirigées sur les visages des invités plus que sur les tableaux exposés et qu’elles furent emportées par les visiteurs, selon un geste d’appropriation de l’objet en parfait accord surréaliste. Nuit


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Nuit


le casse bonbon ® Manon Troppo

dimanche Noir Nous étions d’attaque. 19h30 : Rv au supermarché pour s’approvisionner. 20h : Nos courses ressemblent à s’y méprendre à celles d’un 14 Juillet dans le Sud: bière X7, vin X4, gin X2, pizzas X4, bonbons, beaucoup de cigarettes et des iPod rechargés. 21h : Arrivée au bunker, extinction des portables, fermeture des fenêtres et des Internet. 22h : Débat d’idées sur Delanoë. Bien qu’il refuse d’admettre ses torts, nous le savons, nous, que c’est lui le coupable. 23h : Souvenirs de la 1e édition. Le Muséum d’histoire naturelle sous champi, c’était cool. Le lit de Sophie Calle au dernier étage de la tour Eiffel en descente, c’était magique. Jouer à Tétris sur la BNF après un pétard, c’était hilarant. Le métro fantôme de la ligne 5 après quatre bières, c’était transportant. Mais c’était en 2002. À l’époque, Bertrand avait conclu son CP par : « Au moment de vous dire bonne nuit, je forme le vœu que celle-ci soit étonnante, riche et conviviale. » Et ça avait été le cas. Nous étions peu, nous étions 40 —

jeunes, nous avions des transports toute la nuit. Dix ans après, la Nuit blanche est, au même titre que la Fête de la musique, synonyme de foule hagarde, d’événements éventés, de réseaux surchargés et d’effluves de merguez dans les cheveux. Dix ans après, la Nuit blanche et la Fête de la musique sont synonymes de Paris Plage. Plutôt mourir. Nous n’avons pas besoin d’opé pour aimer Paris, pour aimer la nuit, pour aimer Paris la nuit. Nous n’avons besoin de personne pour passer des nuits blanches. Nous sommes ronchons, prétentieux, snobs et insomniaques. Nous sommes Pa-ri-siens. Nous n’avons pas envie d’attendre 45 minutes pour voir l’installation Purple Rain alors qu’on se débrouille pour avoir des pass au concert de Prince. Merci. Nous n’attendons pas après la mairie du 3° pour découvrir le Cabaret contemporain. Nous avons Twitter pour ça. Merci, encore. Nous serions bien imbéciles de n’avoir pas connu Jacques Monory avant de nous pointer au lycée Chaptal. Nous prenons le RER, merci bien, et à chaque arrêt Musée d’Orsay, son bleu nous transcende depuis 1987.

Nuit


Dimanche noir 00h : Le débat n’en est pas un puisque nous sommes d’accord. 01h : On se raconte comment, l’année dernière, nous avions voulu aller boire un coup tout en évitant les méandres de ce grand guignol. 01h10 : C’était impossible. Les taxis, d’habitude déjà frileux, avaient déserté les lieux. Nos bars, d’habitude déjà remplis, avaient épuisé tous leurs fûts. Les touristes, d’habitude déjà anglais, avaient vomi sur nos chaussures. 01h50 : Nous sommes bienheureux de ne pas savoir ce qu’il se passe dans la ville, et fort aises de ne pas en faire partie ce soir. Nous sommes conscients, aussi, que ce genre de théorie fait de nous le Parisien que d’aucuns exècrent. Ronchons, prétentieux, snobs. Ok. Mais heureux, ce soir. 02h : Nous dérivons sur la soirée cocooning que nous avons pour le moins délaissée depuis que Jean Vedreine officie dans la ville. Nous dissertons sur la joie simple de partager une 16 sur un canap’ pendant que deux d’entre nous se battent pour passer leurs morceaux. 02h30 : Réflexion sur un événement qui plairait vraiment aux Parisiens. 03h : L’événement qui remporte le plus grand succès tient en peu de mots : des métros toute la nuit et des bières moins chères. 03h10 : Nous formulons chronologiquement l’événement. Ce sera donc : des bières moins chères et des transports toute la nuit. 03h40 : La bataille d’iPod fait rage. 04h10 : On sonne à la porte. J’habite au-dessus d’anciens fonctionnaires de la police qui m’ont invitée au tribunal de grande instance trois fois déjà. On sonne à la porte et je demande aux copains, parce qu’à force, je doute : On est d’accord, on fait pas plus de bruit que les mecs en bas qui boivent et vomissent leur vodka ? (Ma rue est relativement polonaise) « On est d’accord », qu’ils me disent. 04h11 : On re-sonne. 41 —

- Bonsoir. - Bonsoir mademoiselle. Vous avez une pièce d’identité s’il vous plaît ? - Non. - Non ? - Que me vaut l’honneur de votre visite, on pourrait commencer par ça, qu’en pensez-vous ? - Vos voisins se sont plaints. - Ceux qui se plaignent quatre fois par semaine même quand je suis en vacances ? - … Oui. - Ceux qui se plaignent quatre fois par semaine même quand je suis en vacances et qui réussissent quand même à me convoquer au tribunal ? - Heu… Vous avez une pièce d’identité ? - Je vous ai dit non. - Nous allons procéder à une verbalisation mademoiselle. - Pour quelle raison ? - Tapage nocturne. - Vous trouvez qu’il y raison d’invoquer un tapage nocturne ? Vous voyez qu’on est que cinq ici ? Vous savez qu’il y a 2,6 millions de personnes qui font du grabuge dehors ? - En effet. Mais. Enfin. Bon. Nous allons tout de même vous verbaliser. - Ok, comme je ne signerai pas cet aveu de mensonge et de corruption, je vais claquer la porte. Laissez l’acte sur le palier. 04h30 : Tout le monde part. Une nuit blanche, peut-être, mais surtout un lendemain gris, où je dois commencer à économiser pour une amende qui, je le sais, peut atteindre 600 euros. Une nuit blanche, c’est sûr, à maudire ces opérations politiciennes coûteuses pour faire croire à une ville qui s’amuse trois fois par an, alors qu’elle doit systématiquement payer pour vivre toutes les nuits. Mais le vrai problème de la nuit à Paris, c’est qu’elle est toujours trop courte.

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le bon look Ω Amélie Chassary 7 Anthony Lee Watson

Deila Vogur Comédienne — Robe Gant

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Le Bon Look

Cedrano Chanteur / Auteur — Blouson Teddy Gant Polo Lacoste

43 —

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la playlist de Ω Romain Le Cam

unison

1

My Bloody Valentine — Only Shallow

Le plus grand groupe du monde. Notre principale influence. Loin devant tous les autres. Puissance, bruit, mélodie, rêve éveillé… 2

Sebadoh — Spoiled

C’est un des plus beaux morceaux jamais créés, lo-fi à souhait, avec un son de mélotron magnifique à la fin… 3

Dinosaur JR — Poledo

C’est plombant mais planant également. Une lueur divine qui perce à travers les accords plaqués d’une ritournelle folk flippante. Le duo parisien Unison, composé

4

de Julien Camarena et Mélanie

Des génies du bricolage électronique intuitif. Salem est noir, incroyablement triste et torturé. On les adore.

Moran, sort un premier disque de

Salem — Piggyhog

witch-house réussi. Il nous livre sa playlist de chansons cultes qui

5

les ont influencés.

De la Witch House. On a été très contents d’être assimilés à ce mouvement, sans avoir rien demandé à personne.

White Ring — Felt U

Unison Lentonia Records / Module http://weareunison.com

6

Ritualz — gOth bb

Toujours de la witch house, mais ils sont très au-dessus du lot, avec Pictureplane, GR†LL GR†LL, oOoOO, Sleep ∞ Over, … 7

Light Asylum — A Certain Person

Quelque part entre Grace Jones et Nina Simone. Shannon Funchess, la chanteuse, est notre amie depuis les débuts d’Unison. 8

Aphex Twin — To Cure A Weakling Child

Richard D. James LP a marqué un tournant dans la musique avec son mélange de pureté enfantine et de monstruosité psychopathe. 9

The Third Eye Foundation — A Galaxy Of Scars

Empilement de couches de samples pour un résultat complètement psychotique. Battucadas + gémissements plaintifs et shoegaze. 10

Public Enemy — Who Stole The Soul

Des boucles de soul-funk qui deviennent des murs de son. Des cris, des bruits de scies sauteuses de l’enfer. À la fois terriblement dansant et acide/noisy. Fear Of A Black Planet, meilleur album de rap de l’univers.

44 —

Nuit


trousse de secours Ouvert toute la nuit ! Pharmacies de garde

Épicerie Shell

Chez Tina

84, av. des Champs-Élysées 8e

6, boulevard Raspail 7e

1, rue Lepic 18e

≥ 01 45 62 02 41

≥ 7/7 — 24/24

d≥j jusqu'à 4h30 / v≥s jusqu'à 7h

6, place de Clichy 9 e

Minimarket fruits et légumes

Boulangerie Salem

≥ 01 48 74 65 18

11, boulevard de Clichy 9 e

20, boulevard de Clichy 18e ≥ 7/7 — 24/24

6, place Félix-Éboué 12

≥ 7/7 — jusqu'à 7h

≥ 01 43 43 19 03

Alimentation 8 à Huit

Livraison médicaments 24/24

151, rue de la Convention 15e

Fleuristes

≥ 01 42 42 42 50

≥ 7/7 — 24/24

Chez Violette, au Pot de fer fleuri

Supérette 77

78, rue Monge 5e

Urgences

77, boulevard Barbès 18e

≥ 01 45 35 17 42

SOS dépression

≥ Mardi au dimanche jusqu'à 5h

Relais Fleury

e

≥ 08 92 70 12 38

114, rue Caulaincourt 18e

Urgences psychiatrie

Resto

Se déplace sur région parisienne

L’Endroit, 67, place du Docteur-

≥ 01 46 06 63 97

≥ 01 40 47 04 47

Félix-Lobligeois 17e 01 42 29 50 00

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Drogue, alcool, tabac info service

≥ tlj de 11h à 1h, jeudi, vendredi,

Paris Autolavage 7/7 — 24/24

≥ 0800 23 13 13 / 01 70 23 13 13

samedi de 10h à 5h

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www.sweet-delivery.fr/

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52, av. des Champs-Élysées 8e

≥ 7/7 — jusqu'à 6h

≥ 7/7 — jusqu'à 3h

≥ jusqu'à minuit

Tabac Saint-Paul

Librairie Boulinier

Livraison alcool + food

127, rue Saint-Antoine 4e

20, boulevard Saint-Michel 6 e

Nemo 01 47 03 33 84

≥ 7/7 — jusqu'à minuit

v≥l jusqu'à 00h, m≥j jusqu'à 23h

≥ 7/7 — jusqu'à 6h

Le Pigalle

Faim de Nuit 01 43 44 04 88

22, boulevard de Clichy 18e

Kiosques à journaux 24/24

≥ 7/7 — jusqu'à 7h

≥ Vendredi et samedi jusqu'à 5h

38, av. des Champs-Élysées 8e

Allô Hector 01 43 07 70 70

16, boulevard de la Madeleine 8e

≥ 7/7 — jusqu'à 6h

Poste de nuit

2, boulevard Montmartre 9 e

Apéritissimo 01 48 74 34 66

52, rue du Louvre 1er M° Louvre-

Place de Clichy 18e

≥ 7/7 — jusqu'à 4h

Rivoli / Étienne-Marcel

Allô Glaçons

Boulangeries

53, rue de la Harpe 5e

01 46 75 05 05 ≥ 7/7 — 24/24

Snac Time

≥ 01 44 07 38 89

97, boulevard Saint-Germain 6 e

20, rue du Fg-Saint-Antoine 12e

Épiceries

≥ 7/7 — 24/24

≥ 01 43 40 03 00

L'Épicerie de nuit

Boulangerie pâtisserie

Internet 24/24

35, rue Claude-Bernard 5e

99, avenue de Clichy 17e

Envoyez-nous vos bons plans

≥ Vendredi et samedi jusqu'à 3h30

≥ 7/7 — 24/24

ouverts la nuit : nuit@lebonbon.fr

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Nuit



Bonbon Nuit Party | Tous les vendredis au Bus Palladium â„Ś Mary Brown


le bon agenda La sélection de ParisLaNuit.fr Vendredi 4/11 23H Social Club 15€

Jeudi 17/11 23:30 Rex Club 15€

≥ Zone w/ Dave Clarke, The Hacker Soundscriber

≥ Michael Meyer & Superpitcher (Kompakt)

23h

La Machine du Moulin Rouge 10€

≥ Redbull Threestyle Finale France w/ Raekwon

Vendredi 18/11 23h Social Club 15€ ≥ Numbers w/ Rustie live (Warp), Jackmaster, Spen-

Samedi 5/11 23h La Bellevilloise 15€

cer, Kool Clap

≥ Excuse My French w/ Sayem Live, DSL, Benjamin

23h

Diamond, Akil Dasan, R-Ash & Mr Viktor, Playma

≥ Corps vs Machine (Techno) 23h

Chez Moune Gratuit Showcase 15€

Mercredi 9/11 19h Social Club 15€

≥ Border Community Label Night w/ James Holden,

≥ Frank Ocean live (Odd Future)

Fairmont, Margot, Kate Wax Live

23h

Petit Social Gratuit

≥ The Boogieman, Para One, Surkin, Kidbravas, Busy P, Riton

Samedi 19/11 20h Le Trianon 30€ ≥ Nneka 20h

Le CentQuatre 32€

Jeudi 10/11 23h Le Bataclan 15€

≥ We Love DFA w/ The Rapture, Shit Robot (DJ set),

≥ Metropolis Party avec DJ Freddy, Slove Live, Ante-

Planningtorock, Prinzhorn Dance School, Juan Maclean (DJ set)

ros & Thanaton+ surprises 23h

La Bellevilloise 15€

23h

La Machine du Moulin Rouge 24€

≥ Free Your Funk Party avec Exile (Aloe Blacc’s DJ),

≥ Versatile 15 ans w/ Gilb’r, I:Cube, Zombie Zombie,

Rocé, DJ Karve, Arthur King

Joakim, Busy P, Dixon, Trevor Jackson…

Vendredi 11/11 23h Social Club 15€

Mercredi 23/11 19h30 Le Trianon 28€

≥ Full Moon Party w/Fake Blood + Guests 23h

≥ Yuksek en live

La Machine du Moulin Rouge 20€

00h

≥ Samiyam, Free The Robotos, Jackson, Nasty

Chez Moune Gratuit

≥ Yuksel aftershow w/ Yuksek & ses invités

Nasty, Manaré, Web 7.0 Vendredi 25/11 23h Showcase 15€ Dimanche 13/11

19h

≥ Junior Boys Curate w/ Junior Boys, Caribou Bang

La Bellevilloise 25€

≥ Free Your Funk Festival avec Elzhi & Live Band,

& Olufsen, Diamond Rings

Moka Only & Chef, The Hop, Cool Connexion

23h

La Machine du Moulin Rouge 25€

≥ Bonobo (Ninja Tune) & Friends Mardi 15/11 20h30 La Machine du Moulin Rouge 27€ Samedi 26/11 00h Social Club 15€

≥ Battles (Warp) en live

≥ Your w/ Sascha Funk, Gebrueber Teichman, YaMercredi 16/11 20h Le Glazart 15€

kine, Simon Baxter

≥ Noise Magazine présente Mondkopf Live, Mardi 29/11 19h Casino de Paris 35€

Ddamage 23:30

≥ Aloe Blacc

Rex Club 20€

≥ Limited Blackness w/ Laurent Garnier & AkhenaEnvoyez votre prog à : emmanuel@parislanuit.fr

ton (IAM)

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Nuit



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19 NOVEMBRE > 4 DECEMBRE PARIS-BASTILLE / ENTREE GRATUITE

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