Bonbon 17eme - Avril 2012

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le bon artisan

Texte Cécile Grandcour Photo Carré des Batignolles

Sophie de Courtis La céramique c’est fantastique ! Au 54 rue la Condamine, se niche, côté jardin, l’ate-

et il combinera peut-être les qualités de l’une et de

lier de Sophie de Courtis, céramiste membre de

l’autre…»

l’association Carré des Batignolles. Côté rue, c’est une galerie ouverte aux passants, aux voisins, aux

Cette passion, Sophie de Courtis a à coeur de la par-

amis. Un long établi, trois tours, deux fours électri-

tager ; d’ailleurs après avoir appris la céramique,

ques, des pains de terre et de porcelaine et quelques

certains élèves choisissent d’en faire leur métier.

seaux emplis d’émaux côtoient joyeusement les piè-

« Mon savoir-faire de céramiste, en tournage et en

ces tournées.

fabrication des émaux, j’ai le désir de le transmettre. C’est un enseignement délicat car la céramique place

Après avoir participé à la création d’expositions

ces élèves déjà avancés en âge dans des attitudes

scientifiques à la Cité des Sciences, avoir fait de la

nouvelles, éventuellement bouleversantes, par rap-

poterie son métier, « une passion autant qu’un art

port à leur vie quotidienne. Il n’y a pas d’immédiateté

de vivre », Sophie de Courtis se prend d’amour aussi

dans la réalisation d’une pièce, mais au contraire un

pour la céramique. « Créer des céramiques revient à

apprentissage, des étapes successives, où le temps

mener des expériences, à chercher avec patience et

joue, et ce n’est pas toujours facile à accepter. Abor-

détermination, à explorer et travailler beaucoup mais

der la céramique signifie cesser d’être dans la per-

cela implique, au-delà ou en deçà de la céramique à

formance, et surtout être dans le ressenti, et c’est un

proprement parler, d’inventer aussi des manières de

peu contraire à l’époque… Revenir au toucher, tout

faire, et sans doute d’être », confie-t-elle.

simplement, est la chose que j’ai parfois à faire réap-

La terre que Sophie travaille le plus ? La porcelaine

prendre, tout comme retrouver des formes de pré-

tendre, pour sa blancheur, sa translucidité, et la

sence, d’intensité de présence. La terre est vivante,

douceur du kaolin (argile blanche à la base de la

la relation avec elle l’est aussi, on ne peut pas faire

fabrication de la porcelaine), qui caresse les mains

semblant d’être là : corps, sens et esprit sont enga-

pendant l’étape du tournage. C’est aussi la plus diffi-

gés ». Bref, Sophie nous offre d’apprendre bien plus

cile à travailler  : « C’est une pâte très exigeante, sans

qu’un simple passe-temps artistique, un retour

beaucoup de plasticité, ce qui suppose un geste sûr.

nécessaire aux fondamentaux, et une possibilité de

La porcelaine a d’ailleurs une forme de mémoire du

se retrouver soi-même.

geste : après la cuisson, elle peut exprimer un état du tournage antérieur à l’état final, dont elle aura gardé

Sophie des Courtis

la trace. Pour les très grosses pièces, j’utilise le grès,

54, rue la Condamine.

en particulier un grès de Saint-Amand. Le grès por-

Tél. 01 74 30 07 92

celainique est arrivé aussi depuis peu sur mon tour,

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