La Russie d'Aujourd'hui

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Ces graffeurs repeignent Moscou Ils s'inspirent de Rembrandt, tout en restant fidèles à l'atmosphère urbaine dont ils sont issus. P. 6

Exposition de Vassily Kandinski à Bruxelles Des oeuvres méconnues éclairent sous un nouvel angle la naissance de l'art abstrait. P. 6

Produit de Russia Beyond the Headlines

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Ce supplément est édité et publié par Rossiyskaya Gazeta (Moscou, Russie) qui assume seule l'entière responsabilité de son contenu Mardi 5 mars 2013

Le 7 février, exactement un an avant le début des Jeux, les premiers billets ont été mis en vente. Les prix seront moins chers que ceux de Londres, mais plus élevés que ceux de Vancouver.

C'est un grand chantier pour la Russie. Après les Jeux d’été de Moscou en 1980, en pleine Guerre froide, le pays veut faire de ce rendez-vous un vrai succès.

Sotchi à un an des Jeux olympiques d’hiver

ALEXANDRE KILYAKOV

© GETTY IMAGES/FOTOBANK

LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

Des tarifs abordables

Ils sont loin les Jeux de Moscou, que les Américains avaient boycottés à cause de l’invasion soviétique de l’Afghanistan. Sotchi se présente dans un autre contexte et le Comité international olympique (CIO) dit la ville organisatrice prête pour les Jeux d'hiver de 2014 : « Les promesses faites au Guatemala en 2007 sont aujourd’hui réalisées », a déclaré Jean-Claude Killy, visitant les sites début février avec le Président Vladimir Poutine. « Peu de pays peuvent réaliser un tel programme en six ans. Lors du championnat d’Europe de ski alpin et des épreuves tests, pas un seul athlète ne s’est plaint. Pour nous, c’est un très bon indicateur », a ajouté l’ancien champion olympique français et président de la commission du CIO chargée des Jeux de Sotchi. Selon le CIO, 80% des sites et des infrastructures sont achevés. Seul demeure le problème de la piste de saut à ski, pour la construction de laquelle « il ne faut pas perdre une minute ». Organisateurs et Comité estiment que les délais seront respectés.

Dans la capitale britannique, les prix pouvaient atteindre 2 500 euros. Les Jeux d’été de Londres auront été les plus chers de l’histoire. Pour les Jeux d’hiver deVancouver, le prix maximal ne dépassait pas 825 euros. Sotchi sera loin d’être inabordable pour les Russes, estime Dmitri Tchernychenko, président du comité organisateur : « Nous voulons que nos supporteurs viennent en aussi grand nombre que possible soutenir nos couleurs ; c’est pourquoi 42% des billets coûteront moins de 3 000 roubles [75 euros, ndlr] ». Les JO se dérouleront sur deux sites : le village olympique balnéaire et le village olympique de montagne. L’élément principal du village balnéaire est la patinoire qui accueillera la compétition de hockey, de patinage artistique et de vitesse ainsi que d’autres disciplines. Le village de montagne se situe à 40 kilomètres de la côte. Son centre est la station de ski de Krasnaïa Poliana, où auront lieu toutes les épreuves « de neige ». SUITE EN PAGE 2

Régions Un nom synonyme d’héroïsme et du passé soviétique

PHOTO DU MOIS

ÉCONOMIE

Stalingrad : la bataille est présente dans la ville

Les zèbres aiment le froid

Gros plan sur des start-ups prometteuses

Le septantième anniversaire de la bataille historique est l’occasion de visiter la ville rebaptisée Volgograd, riche en monuments. Et en émotions. KSÉNIA BOURMENKO LA RUSSIE D’AUJOURD’HUI

La Maison Pavlov, un bâtiment tenu par les soldats soviétiques.

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Deux zèbres s'ébrouent dans la neige du zoo de Roïev Routchei, près de Krasnoïarsk.

©SERVICE DE PRESSE

EN LIGNE SUR LARUSSIEDAUJOURDHUI.BE

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place, vous pourrez vérifier l’heure sur l’horloge de la tour de la gare et admirer à gauche et à droite de l’escalier de parade les basreliefs : l’un est consacré aux événements de la guerre civile, l’autre à la deuxième guerre mondiale et à la bataille de Stalingrad. Cette année, le 70ème anniversaire de cette bataille historique résonne tel un leitmotiv dans la ville. À cette occasion, l’Univer-

© REUTERS

© GEOPHOTO

La majorité des visiteurs se rend àVolgograd en train. Alors si vous en faites partie, ne vous hâtez pas trop de quitter la gare, prenez le temps de l’observer. Elle ne ressemble en rien aux immenses « hubs » modernes tout de béton et de verre revêtus, mais possède au contraire son propre visage. Elle est à elle seule un monument de l’époque soviétique dont l’histoire est narrée dans les fresques qui couvrent les plafonds du bâtiment. Il est probable que, pour des raisons de sécurité, vous deviez vous soumettre aux détecteurs de métaux. Mais lorsque vous les traverserez, souvenez-vous que vous passez sous un arc de triomphe. Quand vous serez sortis sur la

sité pédagogique de Volgograd a organisé des cours spéciaux pour former les guides en français, anglais, allemand et espagnol pour accueillir les touristes. Malgré son nouveau nom,Volgograd est considérée comme la ville la plus « soviétique » de Russie. De nos jours, le nom de Stalingrad, en vigueur de 1925 à 1961, reste attaché à une période bien précise de l’histoire. La ville a obtenu ses lettres de noblesse à l’époque où elle s’appelait Stalingrad et ses monuments de guerre sont demeurés célèbres, comme le kourgane Mamaïev avec la gigantesque statue « Rodina mat zoviot ! » (« La MèrePatrie appelle ! ») ou le musée panorama « La bataille de Stalingrad ». De plus, la ville a été détruite pendant la guerre et le centre ville, entièrement reconstruit, incarne parfaitement, par son architecture, le style « Empire stalinien ».

Découvrez deux start-ups russes axées sur des produits originaux. Lancée en 2010, Displair est à l’origine d’un dispositif tout à fait innovant qui permet d’afficher des images avec l'air pour seul support ; des débuts prometteurs et une entrée sur le marché prévue en 2018. Créée en 2009, Lesnoï Dozor s’intéresse à un tout autre domaine, la lutte contre les feux de forêts grâce à un système de vidéosurveillance à distance. Son projet : s’implanter dans quarante régions russes et à l’étranger.

D'improbables pin-ups apparaissent sur des affiches inspirées de la propagande. LARUSSIEDAUJOURDHUI.BE/21827

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Politique & Société

Sotchi peaufine les derniers détails de la préparation L’une des conditions posées par le CIO pour les JO de Sotchi était l’accroissement des capacités de transport de la ville. Les travaux d’infrastructure se sont heurtés à plusieurs défis. Les montagnes se dressent sur le tracé de la rocade qui contourne Sotchi pour relier la ville à l’aéroport. Celuici, qui a dû être reconstruit presque entièrement (il est appelé à devenir le sixième du pays en termes de flux de passagers), se situe à mi-chemin entre Sotchi et Krasnaïa Poliana. La rocade s’étendra sur une distance de 48 km ; sa construction devrait être achevée en décembre 2013 pour un coût total de 5,25 milliards d’euros, que les entrepreneurs justifient par les conditions de travail rendues difficiles par le terrain montagneux.

Dépassement budgétaire Selon les estimations des autorités russes, les travaux d’aménagement de Sotchi 2014 pourraient être les plus chers de l’histoire des JO. Initialement, la réalisation des infrastructures, qui doivent par ailleurs contribuer au développement de la vocation touristique de Sotchi, ville balnéaire, devait engendrer des dépenses d’environ 8 milliards d’euros. En six ans, les prévisions ont quintuplé pour atteindre 38 milliards d’euros. Les crédits ont été très majoritairement affectés aux infrastructures de la ville : seuls 5 milliards d’euros

Avec ses 40000 places, le stade olympique accueillera les cérémonies d'ouverture et de fermeture des JO.

On peut se les procurer sur le site www.tickets.sochi2014.com soit auprès du Comité olympique de n’importe quel pays participant. Les organisateurs pensent vendre 70% des billets aux Russes et 30% aux étrangers. Les prix démarrent à 13 euros. Le prix moyen d’un billet, selon les estimations des médias russes, sera de 160 euros. Les places les plus chères atteindront 1 250 euros et correspondent comme d'habitude au secteur VIP pour les cérémonies d’ouverture et de clôture des J.O.

Les équipements olympiques en construction

© NATALIA MIKHAYLENKO ; ITAR-TASS

Effort sur les transports

©MIKHAIL MORDASOV/FOCUSPICTURES

ont été utilisés pour la construction des sites olympiques, le reste étant réservé à l’accueil des invités. « S’il n’y avait pas eu les JO d’hiver, Sotchi aurait encore pu attendre cent ans avant de recevoir de tels investissements et connaître ce développement. Et maintenant, non seulement sont construits des routes, des ponts et des tunnels, mais aussi des canalisations et des conduites de gaz au fond de la mer et à travers les montagnes », a déclaré en 2011 Vladimir Poutine. Avant l’estimation totale des dépenses, la Russie était en avance sur la Chine, qui a investi jusqu’à 30 milliards d’euros pendant les Jeux Olympiques de Pékin en 2008. Mais les Jeux d’hiver sont moins chers car moins gourmands en infrastructures. Les dépassements sont inévitables. Prenons par exemple le tremplin à ski, qui devrait être terminé en juillet avec un retard de plus de deux ans sur l'échéances initiale. Il devait au départ coûter 30 millions d’euros. Or, on l’estime aujourd’hui à 200 millions d’euros. Le responsable de sa construction, Ahmed Bilalov, qui est également vice-président du Comité olympique en Russie, a été remercié le 19 février. Selon Vladimir Poutine, dans le cas de projets de cette ampleur, il est impossible de ne pas dépasser les coûts prévus, mais ces coûts doivent être précisément justifiés. Le président du Comité olym-

SUITE DE LA PREMIÈRE PAGE

Trouver un billet

pique russe, Alexandre Joukov, estime que l’impact des investissements à Sotchi se fait déjà sentir, mais que le meilleur est à venir : « L’impact économique

se mesure à long terme. Ce n’est pas seulement la création d’emplois et tout ce qui a été réalisé pour les Olympiades, mais les apports induits du développe-

ment de la station de ski, sa composante touristique ». Les résultats des Jeux olympiques de Pékin en 2008 ont indirectement confirmé ces propos. Les

autorités chinoises comptaient sur 0,3 à 0,4% de PIB en plus chaque année, pendant sept ans après les Jeux. Pour l’instant, les retombées dépassent leurs espoirs.

Reportage Visite d’une institution modèle avec les orphelins qui attendent leurs familles biologiques ou non

EN BREF

Un orphelinat dédié au placement en famille

Hollande se rend à Moscou pour parler affaires

La loi interdisant aux citoyens des États-Unis d’adopter des enfants russes a brusquement braqué les projecteurs sur les conditions dans lesquelles vivent les orphelins. VERA TURKINA

Aux alentours de Iaroslavl, au bout d’une longue route longée de bouleaux, au creux d’un quartier résidentiel, se niche « l’Orphelinat spécial numéro 1 ». À l’origine, le bâtiment de trois étages en brique grise abritait une école maternelle. Puis il a été adapté pour accueillir les enfants abandonnés de la naissance à l’âge de cinq ans. L’orphelinat abrite aujourd’hui 96 enfants en bas âge. À vue d’œil, ils ne manquent de rien. Le bâtiment est en bon état. Les pièces de jeu croulent sous les jouets. Les ac-

© SERGEY PONOMAREV

LA RUSSIE D'AUJOURD'HUI

L'orphelinat offre des salles de loisirs croulant sous les jouets.

tivités sont variées : sport, activités manuelles, chant… La plupart des résidents de l’institution, comme c’est le cas

dans tous les orphelinats de Russie, sont des « orphelins sociaux », c’est-à-dire que leurs parents sont en vie mais se sont séparés de leur

progéniture. Le plus souvent, ils ont été limités dans leurs droits parentaux, parfois ils en ont été privés. Les enfants placés dans les institutions ont des statuts différents. Ceux dont les parents n’ont pas été privés de droits ne peuvent pas être adoptés, mais seulement placés dans des familles d’accueil. Ne sont éligibles à l’adoption que les enfants dont les parents n’ont plus aucun droit sur eux. En Russie, des mesures de prévention contre l’abandon ont été prises par les orphelinats. « Nous aidons les mères à créer les conditions nécessaires pour récupérer leur enfant », explique Lioubov Rogovskaïa, qui dirige l’orphelinat depuis trente ans. Les mères s’engagent à venir voir régulièrement leurs petits. Lors de ces visites, des psychologues, médecins et pédagogues travaillent avec elles. « Notre objectif est que tous nos pupilles retrouvent des foyers. Les leurs, ou d’autres », confirme Sofia Valerieva, infirmière en chef de l’établissement. 92 enfants ont intégré l’Orphelinat n°1 l’an dernier et 84 l’ont quitté, pour être placés dans des familles, ou ont été transférés dans un orphelinat

pour les 5-18 ans. 25 enfants ont retrouvé leur famille biologique. Pour encadrer la centaine d’orphelins, l’établissement emploie 197 personnes. Mais c’est insuffisant, regrette Valerieva. Il n’y a que 63 infirmières, il en faudrait deux fois plus. Mais l’orphelinat a perdu beaucoup de personnel car les salaires sont trop bas. Dans chaque groupe, six ou sept enfants sont à la charge de deux adultes. En voyant arriver le visiteur, les enfants lèvent des regards curieux, mais restent sur leurs gardes. Certains montrent fièrement ce qu’ils savent faire. Artiom, quatre ans, planté au milieu de la salle de spectacles, chante à tue-tête une chanson. Dans les sections pour nourrissons, des nounous s’occupent individuellement de chaque bébé. Beaucoup d'enfants ont des retards de développement, d’autres sont arrivés après avoir été longuement maltraités, sous-nourris, livrés à eux-mêmes. Certes, l’Orphelinat n°1 semble être un asile confortable et sûr pour les petits orphelins qui ne manquent de rien, hormis l’essentiel. « Aucun confort matériel ne remplace la chaleur d’une vraie famille », admet Rogovskaïa.

© AP

Fin février, François Hollande a effectué sa première visite officielle en Russie en tant que président français. À cette occasion, il a notamment promis de contribuer à l'assouplissement des barrières liées à l'attribution des visas, pour stimuler les échanges y compris économiques entre la Russie et l'Union européenne. Des contrats ont aussi été signés, la Russie et la France mettront en orbite six satellites au deuxième semestre de 2013. Quant aux relations personnelles entre Poutine et Hollande, le président russe a invité les journalistes à approcher pour sentir eux-mêmes la chaleur....

LES SUPPLÉMENTS SPÉCIAUX ET SECTIONS SUR LA RUSSIE SONT PRODUITS ET PUBLIÉS PAR RUSSIA BEYOND THE HEADLINES, UNE FILLIALE DE ROSSIYSKAYA GAZETA (RUSSIE), DANS LES QUOTIDIENS INTERNATIONAUX: • LE SOIR, BELGIQUE • LE FIGARO, FRANCE • THE DAILY TELEGRAPH, GRANDE BRETAGNE • SÜDDEUTSCHE ZEITUNG, ALLEMAGNE • EL PAÍS, ESPAGNE • LA REPUBBLICA, ITALIE •DUMA, BULGARIE • POLITIKA, GEOPOLITIKA, SERBIE • THE WASHINGTON POST, THE NEW YORK TIMES ET THE WALL STREET JOURNAL, ÉTATS-UNIS • ECONOMIC TIMES, NAVBHARAT TIMES, INDE • MAINICHI SHIMBUN, JAPON • GLOBAL TIMES CHINE • SOUTH CHINA MORNING POST, CHINE (HONG KONG) • LA NATION, ARGENTINE • FOLHA DO SAO PAOLO, BRÉSIL • EL OBSERVADOR, URUGUAY • SYDNEY MORNING HERALD, THE AGE, AUSTRALIE • ELEUTHEROS TYPOS, GRÈCE • JOONGANG ILBO, CORÉE DU SUD • GULF NEWS, AL KHALEEJ, ÉMIRATS ARABES UNIS • NOVA MAKEDONIJA, MACÉDOINE. EMAIL : REDAC@LARUSSIEDAUJOURDHUI.BE. POUR EN SAVOIR PLUS CONSULTEZ LARUSSIEDAUJOURDHUI.BE. LE SOIR EST PUBLIÉ PAR SA ROSSEL ET CIE. RUE ROYALE. 100 - 1000 BRUXELLES - BELGIQUE . TÉL: 0032/2/225.55.55. IMPRESSION : ROSSEL PRINTING COMPANY SA. DIFFUSION : 94.800 EXEMPLAIRES


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Régions

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Stalingrad, ville héroïque © MIKHAIL MORDASOV/FOCUSPICTURES (2)

CHRONOLOGIE

Cinq mois de combats 1942 JUILLET • La 6ème armée de terre allemande, les 4ème et 1ère Panzer Armées atteignent la grande boucle du Don. La mission de la 6ème armée est de prendre Stalingrad.

La gare, entièrement reconstruite après sa destruction durant la Seconde Guerre mondiale. SUITE DE LA PREMIÈRE PAGE

Le kourgane Mamaïev ou le livre du souvenir Pour éprouver toute la grandeur et la peine, la souffrance et la fierté concentrées dans la pierre (la bataille a fait 750 000 morts chez les combattants et 250 000 chez les civils), il vous faudra gravir les marches du kourgane Mamaïev. Ce monument grandiose peut « se feuilleter » comme un livre. Et chaque page est unique : l’allée des Peupliers, la place des Résistants, les ruines et le lac des Larmes, le Panthéon de la gloire... Et pour couronner le tout, la statue de la Mère-Patrie sur son piédestal qui surplombe la ville et une vue imprenable sur les paysages de la Volga. Le kourgane (tumulus) Mamaïev est aussi une nécropole de plus de 36 000 tombeaux de combattants soviétiques. Après la guerre, lors de la reconstruction de la ville, les corps retrouvés étaient amenés et enterrés en ce lieu. Les noms de bien des soldats restent encore inconnus aujourd’hui.

Lampadaires témoins Ce sont les lieux cultes de Volgograd. Mais tout le centre-ville est également un véritable monument à la gloire de ses défenseurs. Tout arbre ou lampadaire peut s’avérer un monument historique. C’est d’ailleurs le cas. Comme par exemple ce lampadaire témoin de

la bataille de Stalingrad, portant des traces de balles et d’éclats d’obus, qui se trouve sur la place de la gare près du musée historique (10, rue de Gogol). Ou ce peuplier qui pousse au milieu de l’asphalte le long de l’allée des Héros et casse la perspective d’ensemble. Même s’il détonne un peu, personne n’y touche car c’est le seul arbre rescapé après la bataille qui a vu la ville entièrement mise à feu. Pas étonnant que les habitants de Volgograd aient un faible pour les espaces verts. Les quais et l’allée des Héros sont comme un grand parc, tandis que la perspective Lénine ressemble davantage à un boulevard avec sa large zone piétonne.

Les sakura de Volgograd Au printemps, la ville refleurit, d’abord grâce aux abricotiers qui parsèment les rues et les cours (on les appelle les « sakura de Volgograd ») ; puis viennent les lilas, les acacias, les catalpas et les marronniers. À cette époque, il fait bon flâner dans la rue de la Paix, la première à avoir été reconstruite après la bataille, d’où son nom. Au bout de la rue, vous tomberez sur l’Observatoire, dont la coupole est surplombée d’une sculpture de la célèbre artiste soviétique Véra Moukhina (auteure du légendaire « L’Ouvrier et la Kholkozienne »).Vous ne trouverez nulle part de spectacle plus authentiquement « socialiste » !

EN IMAGES

© INTERFOTO/VOSTOCK-PHOTO

AUTOMNE • Combats acharnés dans les environs de Stalingrad et dans la ville. Les troupes soviétiques sont renforcées en équipement ; la mise en œuvre du plan de contre-attaque commence.

Pour s’y rendre © LORI/LEGION MEDIA

Le musée-panorama « La bataille de Stalingrad » au bord de la Volga (www.stalingrad-battle.ru, 47, rue du Maréchal Tchouïkov) est l’un des lieux mythiques de Volgograd. Outre la fresque grandiose représentant une vue panoramique du champ de bataille, le musée possède une riche collection de documents et d’objets, comme les drapeaux des régiments, accrochés dans la Salle Triomphale. Et une autre de cadeaux de reconnaissance, venant des quatre coins du monde pour honorer le courage exemplaire des combattants : des statuettes en bronze, les fameuses sculptures de Rodin offertes en 1945 par Lady Westmacott, épouse de l’ambassadeur britannique de l'époque, ou l’épée sertie de diamants du roi George VI du Royaume-Uni, offerte en 1943 pour la victoire de Stalingrad... Pour les 70 ans de la bataille de Stalingrad, le musée-panorama accueille l’exposition « Une pour tous... », où sont présentés uniformes, armes, trophées et objets du quotidien, documents d’époque et correspondances des soldats de régiments, de grades, de professions et de nationalités différents. Non loin du musée-panorama se situe la fameuse Maison Pavlov, défendue durant 58 jours par une quinzaine de soldats soviétiques. Le bâtiment de quatre étages se dressait sur une colline et constituait une position stratégique importante pour les Russes comme pour les Alle-

mands. La Maison Pavlov, avec ses murs décorés de bas-reliefs, est aujourd’hui encore habitée et fait partie de l’ensemble architectural de la place Lénine.

Un cimetière mixte abritant des tombes de soldats allemands et soviétiques.

La statue « Rodina Mat zoviot !» (La Mère-Patrie appelle !).

Le vol de Bruxelles à destination de Volgograd (via Moscou) coûte environ 500 euros pour 7 à 10 heures de trajet. Le train « Volgograd » vous emmène de Moscou à Volgograd en 18 heures. Le billet coûte entre 50 (2ème classe) et 150 euros (1ère classe).

© ITAR-TASS

19-23 NOVEMBRE • Les groupes de frappe de l’Armée rouge passent à l’attaque. Les troupes des fronts Stalingrad et Sud-ouest se réunissent, refermant l’encerclement.

Où se loger

EN LIGNE Chronique de la bataille de Stalingrad et bien d'autres informations : larussiedaujourdhui. be/21753

À L'AFFICHE

L’hôtel « Volgograd » est situé sur l’allée aux Héros, dans un bâtiment historique restauré après la guerre. Dans la cour de l’hôtel « Intourist », les caves du centre commercial Univermag abritent le musée « Mémoire », où a été fait prisonnier le général allemand Paulus.

70E ANNIVERSAIRE DE LA BATAILLE DE STALINGRAD

Où se restaurer

DU 15 AU 22 MARS, CCSR, BRUXELLES

Le choix est large, de la cuisine européenne aux plats japonais et caucasiens. Les brochettes sont omniprésentes. Un plat fait fureur : la « boulette à la Kiev » (viande hachée de poulet fourrée au beurre).

À l'exposition au Centre Culturel et Scientifique de la Russie, les visiteurs auront l'occasion de découvrir des photos historiques retraçant les épisodes de la guerre et d'autres sur la vie actuelle à Volgograd. › www.bel.rs.gov.ru

© RICARDO MARQUINA (5)

Grandiose reconstitution de la bataille finale

© RIA NOVOSTI

22 DÉCEMBRE • Défaite du groupe d’armées allemandes Don, qui cherchait à débloquer la 6ème armée prise en étau.

1943 8 JANVIER • Le commandement du groupe allemand encerclé refuse l’ultimatum lui enjoignant de cesser la résistance.

25-31 JANVIER • Les unités du front Don se réunissent dans la zone de Mamaïev Kourgan avec les troupes de la 62ème armée du Front Stalingrad, divisant le groupe allemand en deux parties. Le commandant de la 6ème armée, le général Paulus, est fait prisonnier.

2 FÉVRIER • Les troupes soviétiques anéantissent dans la partie nord de la ville le dernier groupe ennemi.

Le 2 février, des amateurs d’histoire militaire de toute la région de Volgograd ont reconstitué la débâcle du 11ème corps d’armée allemand dirigé par le général Stecker, qui occupait le nord de la ville. La défaite de ce corps a été annoncée par le général Rokossovski à 16 heures le 2 février 1943, marquant la fin de la bataille de Stalingrad. La reconstitution s’est déroulée sur le lieu d’une ancienne fabrique située dans un quartier différent de l’affrontement, mais du point de vue du décor, le site et ses usines en partie délabrées étaient bien choisis.

© ITAR-TASS

Pour en savoir plus larussiedaujourdhui.be


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Économie

START-UPS

EN BREF

Aux portes du succès

Un diamant de 145,44 carats extrait en Iakoutie ©SERVICE DE PRESSE

En décembre 2012, « La Russie d'Aujourd'hui » présentait, en coopération avec Digital October et le Centre des Technologies et de l'Innovation de Pricewaterhou-

seCoopers, un classement des start-ups russes. L'objectif est de promouvoir et de stimuler le développement des jeunes entreprises créées en Russie. Nous publierons

désormais des informations sur les projets les plus prometteurs dans la sphère des technologies de l'information, des hautes technologies et des biotechnologies.

Displair : l'écran tactile du futur Vous souvenez-vous des écrans tactiles transparents de Minority Report, le film avec Tom Cruise ? La fiction est devenue réalité, sous la forme d'un moniteur formé à partir d'air et d'eau.

INFO

Displair DATE DE CRÉATION : 08/2010 SITE INTERNET : DISPLAIR.COM

KIRILL ROUDENKO LA RUSSIE D'AUJOURD'HUI

DESCRIPTION : Système d'affichage interactif, qui permet de manipuler l'image dans l'air. UNIQUE : Premier écran interactif à air avec système multi-touch. FINANCEMENT : Round préliminaire d'investissements : 109 500 euros ; tranche supplémentaire : 750 000 euros. Investisseurs privés. ©SERVICE DE PRESSE

en raison de leur tension superficielle, sans laisser d'empreintes humides. Avec leur prototype, les inventeurs venus d'Astrakhan ont remporté toutes les compétitions russes d'innovation, y compris la Coupe Technovation-2011, Système Sarov-2011, et le prix Zvorykine, qui leur ont permis d'atteindre une célébrité mondiale. « Une fois que le projet russe a été décrit par TechCrunch et Mashable, la messagerie de la société a littéralement explosé sous une avalanche de mails d'investisseurs enthousiastes et de personnes voulant juste savoir où et quand on pourrait acheter ce nouveau produit », a déclaré le directeur

L'appareil génère un écran de 60 x 45 cm pouvant lire un texte.

opérationnel de Displair Andreï Melnikov. La chasse aux investissements a apporté 109 500 euros, qui ont servi à louer un premier bureau

Lesnoï dozor lutte contre les incendies La Russie se souvient avec amertume de la vague d'incendies de l'été 2010. Le projet « Lesnoï dozor » a été développé pour que ce cauchemar ne se reproduise plus. SERGUEÏ TITOV LA RUSSIE D'AUJOURD'HUI

Après ses études à la faculté de radiophysique de l’Université d’État de Nijni Novgorod, Ivan Chichalov élabore en 2009 un système de surveillance de la circulation. Immédiatement, le ministère de l’Exploitation forestière s'y intéresse et lui demande de mettre au point un système de détection des incendies. Chichalov et son collègue Iaroslav Soloviov basent ce système sur un processeur de détection des embouteillages. Il s'agit de placer des caméras sur les antennes des opérateurs de téléphonie mobile et de surveiller les débuts d’incendie grâce à un logiciel conçu par Chichalov et Soloviov. Les deux hommes comprennent l'opportunité de réaliser des affaires avec leur système de détection des incendies, fondent la société « Systèmes de contrôle à distance » (DSK en russe) et bap-

PROJETS DE DÉVELOPPEMENT : Mars 2013 : lancement des ventes internationales. 2018 : entrée sur le marché de grande consommation.

La technologie développée par Kamanine et Melnikov projette des images composées d'air et d'eau.

©SERVICE DE PRESSE

L'idée est née dans l'esprit du directeur général de Displair, Maxim Kamanine, au début de l'année 2010, alors qu'il terminait sa formation à l'Université technique d'État d'Astrakhan. Après avoir étudié les théories physiques, il est arrivé à la conclusion que ce projet était réalisable avec les technologies existantes. Et c'est avec l'aide de son frère et de son père qu'il assemble le premier prototype. Initialement, le dispositif Displair était la combinaison d'un projecteur et d'un système d'affichage sans écran, permettant simplement d'obtenir une image depuis un ordinateur. En 2011, l'équipe, composée d'amis motivés par leur seul enthousiasme, a produit le premier prototype expérimental d'afficheur utilisant la technologie multi-touch de contrôle de l'image avec des gestes. Le système peut enregistrer simultanément jusqu'à un millier d'effleurements avec un temps de réponse inférieur à 0,2 secondes, ce qui permet au dispositif d'être manipulé par plusieurs utilisateurs simultanément. La base de l'image est un flux d'air de 4mm d'épaisseur intégrant des microparticules d'eau. La taille des particules est si petite que lorsqu'elles sont heurtées par des objets physiques – les doigts de l'utilisateur ou tout autre objet –, elles restent solides

tisent leur invention « Lesnoï dozor » (« Patrouille forestière »). Les fonctionnaires s'étant montrés satisfaits, le groupe a reçu en 2010 de nouvelles commandes de la région de Tver. Le bouche à oreille a donc bien fonctionné. Leur marché s'est élargi de 5 à 20 régions de Russie. Et des clients du Belarus, du Kazakhstan et d’Ukraine s'y intéressent.

Grâce au bouche à oreille, le marché s'étend et l'expansion internationale a commencé Les caméras, capables de définir et de transmettre les coordonnées du foyer des incendies sans intervention humaine, ont été installées par l’entreprise Axis, avec laquelle les deux collaborateurs avaient déjà travaillé pour le contrôle de la circulation. En 2011, l’entreprise a dégagé 225 000 euros de bénéfice et elle table sur 500 000 euros en 2012. Le carnet de commandes atteint 1,7 million d'euros. « Nos princi-

paux clients sont les structures publiques responsables de la prévention des incendies de forêt. Il s’agit de départements du secteur forestier, du ministère de l’Exploitation forestière de différentes régions et aussi, désormais, du ministère des Situations d’urgence du pays », précise Chichalov. Afin de ne pas dépendre uniquement des commandes publiques, l’entreprise prévoit une expansion internationale. Selon Chichalov, les clients potentiels se trouvent en Europe orientale, en Espagne et même en Amérique du Sud. « Il existe évidemment d'autres systèmes de vidéosurveillance, mais en matière de détection pure d’incendies de forêt, nous faisons partie des meilleurs au monde », souligne le CEO. DSK étudie d’autres possibilités de développement en plus de la prévention des incendies. « Des licences pourraient se matérialiser afin d’élaborer d’autres projets de vidéosurveillance », précise-ton au sein de l’entreprise. Aujourd’hui, la société possède deux brevets et quatre programmes informatiques protégés par les droits d’auteur.

et à l'embaucher de personnel. Displair compte aujourd'hui 50 employés. La tranche supplémentaire d'un million de dollars a servi à une plateforme expérimentale de production et à la création d'un prototype. « Un dispositif fondamentalement nouveau exige la mise en place d'un réseau international, afin de ne pas se retrouver limité au marché régional », explique Maxime. L'appareil génère un écran de 60 x 45 centimètres avec une diagonale de 30 pouces, la qualité de l'écran permettant de lire un texte. L'idée d'un tel dispositif est en réalité connue depuis le début des années 2000, quand la société fin-

landaise Fog Screen a lancé le premier système de projection. En plus de la Finlande, la technologie d' « écran à air » est développée par des entreprises américaines et russes, mais l'équipe de Displair ne les considère pas comme des concurrents directs. « Leurs produits sont beaucoup moins compacts – le poids de l'appareil oscille entre 80 et 200 kg, alors que notre système n'en pèse que 10 », note Andreï. « La deuxième chose importante est qu'il s'agit d'un dispositif interactif. Personne, à part Displair, n'offre de contrôle multi-touch. Et enfin, parmi toutes les sociétés qui développent des "écrans à air", seul Displair vise le grand public ».

Comment le système fonctionne-t-il ?

©NATALIA MIKHAYLENKO

INFO

LesnoÏ Dozor DATE DE CRÉATION : 12/2012 SITE INTERNET : LESDOZOR.RU

DESCRIPTION : Un système de vidéosurveillance à distance destiné à observer et prévenir les incendies de forêt sur de grands espaces. UNIQUE : L’opérateur surveille les forêts à l’aide de capteurs et d’un logiciel spécial. Un opérateur peut contrôler près de 10 capteurs.

FINANCEMENT : Subventions des autorités régionales (110 000 d'euros) ; investissements privés (plus de 250 000 d'euros entre 2011 et 2013) ; revenus des ventes. PROJETS DE DÉVELOPPEMENT : Réalisation du projet dans quarante régions russes, États de la CEI et trois ou quatre pays étrangers (Europe orientale, Amérique du Sud), et lancement d’une nouvelle version du logiciel vers la fin 2013.

Le producteur russe de diamants ALROSA a annoncé avoir extrait en Iakoutie (nord-est de la Sibérie) un diamant de 145,44 carats, évalué à près d'un million de dollars. Extrait fin janvier dernier dans la mine de Ioubileinaya, ce diamant est un cristal naturel à huit faces. Jaune et transparent, il contient des inclusions de sulfure de graphite. Une de ses faces présente une fissure superficielle. ALROSA domine 25% de la production mondiale de diamants et figure parmi les dix entreprises russes les plus efficaces. Détenu à 50,9% par l'État, le groupe produit 97% des diamants russes. En octobre dernier, ce même groupe avait extrait un diamant de 888,15 carats. De couleur gris vert, cette pierre précieuse est le quatrième diamant le plus lourd extrait en Russie.

Boryszew assemble

©ITAR-TASS

Le holding européen Boryszew investira 40 millions d’euros dans la production de pièces pour intérieurs de voitures (boîtes à gants, tapis et d’autres encore) à Dzerjinski, dans la région de Nijni Novgorod. Destinée aux usines russes de Volkswagen, la production sera lancée en septembre 2013 sur le territoire du parc Oka-Polimere et devrait générer un chiffre d'affaires annuel de 25 millions d'euros. Au total, pas moins de 40 millions d’euros seront injectés pour l’ouverture de l’entreprise. Au vu du partenariat garanti avecVolkswagen, Boryszew n’aura pas de problème pour commercialiser la production, estiment les observateurs. Créé en 1991 en Belgique, Boryszew déploie ses activités en Pologne et en Allemagne. Ses bénéfices annuels s’élèvent à près de 1 milliard d’euros.


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Opinions

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LA RUSSIE EST UN PAYS NORMAL Leonid Radzikhovski POLITOLOGUE

hose étrange, la phrase « la Russie est un pays normal » résonne comme une insulte personnelle pour beaucoup de Russes. Et pour beaucoup à l'Ouest, cela sonne comme un paradoxe ou de la propagande financée par le Kremlin. La diabolisation de la Russie par les médias occidentaux n’est pas une conspiration, ou une intrigue maçonnique et mondialiste financée par la CIA. C’est une mode. L’intellectuel occidental doit forcément être de gauche. Il se doit de défendre les « minorités sexuelles », avoir de la compassion pour les peuples d'Afrique ou le dalaï-lama, condamner l'impérialisme américain, Israël et la « dictature de Poutine ». Le conservateur occidental refuse de pleurer sur le sort terrible des minorités sexuelles, mais se sent obligé d’évoquer la « menace islamique » et le « socialisme d'Obama », il doit protéger les « valeurs traditionnelles occidentales » et peut défendre Israël. Mais « la Russie de Poutine », il la condamne non moins que son adversaire gauchiste. La série « Russie - mafia - fonctionnaires corrompus - ivrognes combattants courageux contre la dictature - peuple passif et souffrant » est un cliché. Comme si on jugeait les USA en se basant sur Pulp Fiction. En Russie il y a bien la mafia et des pots de vin. Mais nous n’avons pas plus de sans-abri qu'à Paris. Les statistiques de la criminalité sont plus élevées qu'en Europe, et même qu'aux ÉtatsUnis, mais c’est une moyenne. L'écologie et la médecine y sont pires que dans l'UE. La fiscalité meilleure. Pour le service et la consommation, c’est à peu près la même chose. Les possibilités de carrière et de gagner de l'argent

C

CETTE MENACE ISLAMISTE QUI NOUS RAPPROCHE Philippe Migault POLITOLOGUE

ournant ou formalité diplomatique ? La visite de François Hollande en Russie fin février intervient en pleine offensive militaire lancée au Mali par un gouvernement affichant sa haine du néo-colonialisme. Ces opérations révèlent une prise de conscience française visà-vis de la menace djihadiste. Manuel Valls, le ministre de l’Intérieur, a raison de dénoncer le « fascisme islamiste qui monte un peu partout ». Car les masques tombent. Le mythe des printemps arabes démocratiques s’est aujourd’hui effondré. Salafistes en Tunisie, Frères musulmans en Égypte ou soi-disant « combattants de la liberté » de Benghazi montrent aujourd’hui leur vrai visage. C’est le même que celui de Mohamed Merah. Le même que celui des milices fondamentalistes composant une bonne partie des forces rebelles en Syrie. Celui de la haine. Ce péril, la Russie y est également confrontée dans le Caucase, au Tatarstan et demain sans doute, en Asie centrale, après le retrait d’Afghanistan des forces

T

de l’OTAN. Entre Paris et Moscou, l’alliance fait donc sens. D’autant plus sens que suivant une ligne de fracture nord-sud les fronts se multiplient : de Toulouse à Domodedovo, de Gao à Mogadiscio, nous sommes confrontés à un fondamentalisme sunnite qui entend bien détruire toute opposition. Musulmans laïcs ou modérés, Chiites, Alaouites, Chrétiens coptes, maronites, orthodoxes ou catholiques, femmes refusant l’asservissement, enfants ayant commis le crime d’être nés juifs à Toulouse ou russes à Beslan… Nous sommes tous dans la ligne de mire des partisans du Califat mondial. Au-delà de nos dissensions, des contentieux actuels ou séculaires, nous partageons donc un intérêt commun, celui de la défaite des « fascistes ». Il faut à présent tirer les leçons de cette donne et de nos erreurs. Oui, Kadhafi était un monstre. Mais l’intervention française en Libye était une absurdité que nous payons tous les jours. Du Mali à Marseille, toutes les Kalashnikov viennent de Benghazi. Oui, le régime de Bachar-al-Assad est totalitaire et répressif. Mais sa chute signifierait sans doute la victoire de l’Islam radi-

cal. Entre la peste et le choléra il faut donc trancher, au mieux de nos intérêts. La France et la Russie restent les seules puissances militaires significatives en Europe. Certes,

France et Russie sont dans le même bateau face à la menace terroriste des mouvements islamistes

Oui, le régime syrien est totalitaire. Mais sa chute pourrait entraîner la victoire de l’Islam radical le Royaume-Uni dispose encore de forces armées performantes. Mais Londres est lourdement engagé en Afghanistan. Quant aux autres Européens, Allemands, Polonais, Italiens, Espagnols, Scandinaves… ils ne peuvent ou ne veulent intervenir. Beaucoup n’en ont plus les moyens financiers.

Combien de temps, d’ailleurs, la France les aura-t-elle encore ? D’autres n’en ont plus les moyens militaires. Certains enfin, c’est le cas notamment de l’Allemagne, sont ravis d'exporter des armes. En revanche ils se désolidarisent de leurs alliés dès qu’il s’agit de faire la guerre. Or, les opérations au Sahel seront encore longues. Les troupes françaises ont tué plusieurs centaines de djihadistes, partiellement détruit la chaîne logistique. Il faut maintenant sécuriser le terrain, poursuivre et détruire les dernières bandes djihadistes. Nous n’y parviendrons pas seuls. Ce ne sont pas les États africains qui pourront le faire. Compte tenu de la situation, la Russie pourrait, dans le cadre d’une résolution de l’ONU, dépêcher des forces. Français et Russes ont merveilleusement coopéré au Kosovo. Notre culture stratégique est proche. Il est temps de sortir des « partenariats stratégiques » qui n’engagent à rien pour s’engager vraiment. Ensemble.

Pendant que la France et l’Angleterre donnaient aux homosexuels le droit au mariage pour tous et à l’adoption, la Russie, elle, a fait passer une loi perçue comme homophobe par une partie de la population, « contre la propagande de l’homosexualité parmi les enfants ». L’homosexualité reste un sujet tabou et problématique pour l’ensemble de la société russe, qui observe avec curiosité ou incompréhension les expérimentations européennes. Préparé par Veronika Dorman

Leonid Radzikhovski est politologue. Article publié dans Rossiyskaya Gazeta

Philippe Migault est directeur de recherche à l’Institut de Relations internationales et stratégiques (IRIS).

LU DANS LA PRESSE DROITS DES GAYS : RUSSIE ET FRANCE EN SENS INVERSE

sont meilleures. « Depardieu citoyen russe » est un indicateur intéressant. Il possède un avantage sur nous - il peut comparer ! La situation en France, il connaît ! Ainsi, en comparant, par exemple, les bureaucrates européens, les impôts de l’UE et la bureaucratie russe, il « choisit la Russie ». Depardieu n’est pas la vérité ultime, mais son « choix » indique que, sous certains aspects, notre réalité n’est pas pire. La frontière entre l'UE et la Russie n’est pas un rideau de fer, ni un fossé enflammé. Il existe une migration constante de part et d’autre. En 2010, selon Rosstat, sont partis : en Allemagne, 3 700 personnes, aux États-Unis, 1400, en Israël, 900. En 2010, ont établi leur résidence permanente en Russie : d'Allemagne, 2 600 personnes, des USA, 650 et d'Israël, 800. Les Occidentaux vivant en Russie savent que l'image de notre pays dans les médias est une caricature. Même dans notre pays, nous sommes habitués soit à nous vanter sans retenue de la « grandeur de la Patrie » soit à déchirer notre chemise en nous lamentant sur ce « pays de cons ». Oui, notre vie politique est qualitativement différente de l'Occident. Pas la même concurrence, pas la même liberté d'expression. Mais nous n'avons pas le monopole de la démocratie dirigée. Notez les dynasties Bush ou Clinton. La manipulation en Occident est plus raffinée que chez nous. Et pourtant, Poutine est élu par une majorité de Russes. La raison ? On mange mieux, on est plus libre et tranquille que jamais auparavant. Est-ce grâce à lui ou non ? On peut en discuter à l'infini.

LA « QUESTION GAY »

LES NOUVELLES NORMES

RÉFORME SANS CONSENSUS

Denis Mironov-Tverskoï

Arina Kholina

Maxime Ioussine

MOSKOVSKI KOMSOMOLETS/ 08.02

IZVESTIA/ 07.02

KOMMERSANT.FM/ 14.02

Obama s’est battu pour les droits des homosexuels dans l’armée parce que c’est la dernière chose qui fait peur aux Talibans. Pour la France, pas de mystères non plus : l’économie se détériore, le niveau de vie baisse, le chômage et la criminalité augmentent. Sur ce fond, la « question gay » a été le clou de la campagne présidentielle de 2012. Pendant que des manifestants brandissaient des pancartes : « Nous avons besoin d’emplois, pas de mariage gay », le PS au pouvoir s’est concentré sur les droits des minorités. C’est vrai qu’Hollande l’aura mauvaise si les riches gays commencent à quitter le pays à la suite des acteurs.

En France et en Grande-Bretagne, les relations homosexuelles font partie de l’ordinaire. Le débat actuel ne porte que sur les définitions du mariage. Car tout le monde sait que ni la prison ni la peine de mort ne pourraient empêcher les gays de l’être. En Russie, c’est le chaos, et la plupart des gens choisissent de qualifier l’homosexualité de perversion. Mais les homophobes ne comprennent pas que les gens deviennent homosexuels grâce à eux. Celui qui considère que tout ce qu’il y a de « féminin » dans un homme est honteux pousse les garçons à devenir gays. Ou les filles à devenir lesbiennes, ne supportant plus les mâles répressifs.

Les députés français n’ont pas laissé le choix à l’enfant qui atterrit dans une famille sans maman mais avec deux papas. Il n’a presqu’aucune chance de fonder une famille traditionnelle, puisqu’il n’aura pas eu de modèle sous les yeux. Les députés français ont décidé pour ces enfants, tout comme les députés russes ont décidé pour les orphelins russes qui ne pourront plus être adoptés par des étrangers. France et Russie sont très différentes du point de vue des droits de l’homme, mais les parlementaires semblent atteints de la même maladie professionnelle : décider à la place des enfants comment ils vont vivre, dans quel pays, et dans quel genre de famille.

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Culture & Loisirs

Exposition Une série d'œuvres méconnues du grand peintre Vassily Kandinsky sont exposées à Bruxelles au Musée des Beaux-Arts

Aux sources russes de l'art abstrait

©BRIDGEMAN/ FOTODOM(3)

Du 8 mars au 30 juin, les Musées royaux des Beaux-Arts de Bruxelles retracent les origines de l'art de Kandinsky dans une exposition-événement « Kandinsky & Russie ». DARIA MOUDROLIOUBOVA LA RUSSIE D'AUJOURD'HUI

Le Bateau (1918), Maisons à Murnau (1909), Avec nuage doré (1918).

BIOGRAPHIE

Vassily Kandinsky NÉ : LE 16 DÉCEMBRE 1866 NÉ À : MOSCOU

©ALAMY/LEGION MEDIA

« L'idée de cette exposition est de montrer un Kandinsky que les gens ne s'attendent pas à voir », explique Claudia Beltramo Ceppi, commissaire de l'exposition aux côtés d'Evgenia Petrova, directrice adjointe du Musée Russe de Saint-Pétersbourg. Kandinsky est surtout connu pour la période abstraite des 20 dernières années de sa vie passées en Allemagne puis en France. Mais, lorsque Kandinsky quitte la Russie, il a déjà 55 ans, et bien peu connaissent son oeuvre avant cette époque. Les oeuvres de la période russe de Kandinsky - de 1901, où il fait ses débuts dans la peinture, à 1922 où il est contraint de quitter la Russie - n'avaient jamais été ex-

Kandinsky étudie le droit et l’économie à l’Université de Moscou avant d’entamer des études de peinture sur le tard, à 30 ans, à l'Académie des Beaux-Arts de Munich. En 1911, il s'établit à Murnau où il réalise Tableau avec cercle, la première œuvre abstraite dans l'histoire de la peinture.

thésie, trouble neurologique rare dont il est atteint et qui interconnecte chez lui la vue et l'ouïe, lui fait apercevoir des couleurs lorsqu'il entend de la musique, et inversement. Lorsque, étudiant en droit, il est fasciné par les couleurs Lohengrin de Wagner et découvre, la même année, la musique des Meules de foin de Monet, la peinture n'est encore pour lui qu'un passe-temps. Ce n'est qu'après un voyage àVologda dans le Nord russe, que Kandinsky âgé de 35 ans décide d'abandonner la carrière juridique. Frappé par la décoration des isbas, il avouait être, à ce moment-là, « rentré dans le Tableau ».

posées en Europe avant les années 1990. « Á l'époque, se rappelle Beltramo Ceppi, cela avait changé notre façon de voir et d'interpréter l'oeuvre de Kandinsky ». Ces oeuvres rassemblées pour l'exposition restent encore une découverte pour le public de nombreux pays. L'originalité de l'exposition est aussi d'avoir su recréer à la fois le contexte culturel et la tradition russe dans lesquels Kandinsky a baigné et évolué. Enfant, Kandinsky écoute, émerveillé, les contes russes et allemands racontés par sa tante. Comme tout enfant de bonne famille, il prend alors des cours de peinture et de musique. La synes-

L'exposition fait découvrir le monde des contes russes illustrés par Bilibine, Vroubel et Roerich. Au-delà des oeuvres conservées au Musée Russe, d'autres proviennent de grands musées de provinces russes - Vladivostok, Omsk, Kazan, Tiumen, Nijni Novgorod. « Ces prêts sont importants non seulement parce qu'il s'agit là d'oeuvres rarement montrées, mais surtout parce qu'elles nous ont permis de reconstruire le processus de création de l'alphabet de signes qui, à partir de la culture traditionnelle russe, a servi à la construction de l'alphabet et de la syntaxe de l'abstraction », explique Claudia Beltramo Ceppi. Entre la Russie et l'Allemagne, intégré dans les milieux d'avantgarde des deux pays, Kandinsky se nourrit des deux traditions autant qu'il les relie entre elles. Ses oeuvres sont exposées parmi celles de ses amis et contemporains de ces deux cultures, parmi lesquels Malévitch, Gontcharova et Larionov, Munter, Jawlensky, Werefkin et le compositeur Schönberg, dont la musique atonale amènera Kandinsky à l'abstraction. La Première Guerre Mondiale marque le retour de Kandinsky en Russie où il soutient les premières années de la révolution. C'est aussi, pour lui, un retour vers l'art réaliste, folklorique. Quatre peintures sur verre réalisées en 1918 sont particulièrement étonnantes car elles révèlent un retour vers la culture traditionnelle pour laquelle Kandinsky se passionnait tant à ses débuts. Ce sera l'une des dernières fois où il trempera le pied dans l'art antique avant de retourner définitivement vers l'abstraction.

Street art Ils s'inspirent de Rembrandt mais restent fidèles à l'éthique de la rue

Les graffeurs de Zuk Club repeignent les quartiers de Moscou Dans la rue, dans les galeries et surtout, pour une somme d’argent, le groupe de graffeurs moscovites Zuk Club fait fi des traditions et repeint le monde à coups de zèbres et de gnomes. BENJAMIN HUTTER LA RUSSIE D'AUJOURD'HUI

LE TOP-12 DES STATIONS DE SKI DE LA RUSSIE larussiedaujourdhui.be/21187

continué à peindre d’énormes murs illégalement puis, après avoir découvert le travail de Shepard Fairey [l’auteur de l’affiche Hope de Barack Obama, en 2008, ndlr] nous avons migré vers les posters », raconte Sergueï Ovseïkine. Une méthode qui permet de peindre à la maison et de coller

Dali, van Gogh, Warhol.

Festival « Desvel arte », Espagne.

©SERVICE DE PRESSE(3)

Ils exposent à Moscou, Paris, Vienne. Leurs peintures servent également de toile de fond aux publicités d'une grande banque russe, ou sont commandées par la ville de Rome. Pourtant, les artistes du Zuk Club n’en démordent pas : ils font du street art, pas de l’art conventionnel. En 2002, la culture hip hop déferle sur Moscou. Et pénètre jusqu’à l’école n°1220. À deux pas

du métro VDNKh, trois jeunes Moscovites suivent les traces de milliers de New-Yorkais, Parisiens ou Madrilènes avant eux. Ils achètent des bombes de peinture et repeignent les rues de leur quartier. Des ennuis avec la police, ils en ont connu, comme tout graffeur. « À Moscou ce n'est pas bien grave : il suffit d’avoir un peu d’argent sur soi pour régler le problème », ironise Sergueï Ovseïkine, membre fondateur du Zuk Club. Très vite, ils reçoivent des commandes. Le père d’un ami leur propose de repeindre son garage pour quelques roubles. Tout au long des années 2000, ils peaufinent leur style. « Nous avons

rapidement le poster sur un mur. En Europe ou aux États-Unis, un graffeur exposé en galerie est un « vendu ». Le Zuk Club se moque de ces conventions. Les publicités pour la banque font vivre le groupe, répondent-ils. Aujourd’hui, le collectif rassemble cinq artistes, tous vivant de leur art. Ils recouvrent ainsi de gnomes, de zèbres ou de fresques de plusieurs dizaines de mètres les murs d’Espagne, d’Autriche ou de République Tchèque. Un peu moins ceux de Moscou. « Je veux commencer à séparer l’art de mes revenus. L’art pour l’art. L’argent pour l’argent. Aujourd’hui, je me sens trop limité par nos commanditaires », regrette Sergueï. Il veut pouvoir peindre pour rien. Et revenir aux sources de cet art urbain.

Festival « Sretenka design week », Moscou, 2010.

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