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Rufisco
1843 L’Abbé Boilat confirme les origines lusophones des Goréens
LES SIGNARES AVANT GORÉE ET SAINT-LOUIS
Cent quarante deux ans après que le gouverneur André Brue se soit rapproché de la signare Cattelina, gouvernante de Rufisco, un métis, l’abbé Boilat, rappelle les origines portugaises de la communauté mulâtre dans ses écrits de 1853 : Gorée fut peuplée par des habitants de la presqu’île du cap Vert (Dakar), de Rufisque, Portudal et Joal, dont nous parlerons plus tard, et des descendants des différents Européens qui l’occupèrent. De là l’origine des mulâtres, dont les hommes prirent le nom d’habitants, et les femmes celui de signares, du mot portugais signora (dames). Ces dénominations se sont conservées jusqu’à présent. La population des noirs libres porte le nom de gourmets. Les habitants et les signares ont toujours été chrétiens* dès le principe, à cause de la religion de leurs pères. Les gourmets, étant les plus intelligents parmi les noirs et approchant de plus près les Européens, sont chrétiens aussi. Les habitants ont toujours tenu à baptiser les captifs ou esclaves qui étaient de bonne volonté. Ces captifs étaient traités comme des enfants de la maison ; ils n’étaient jamais vendus qu’en punition de quelques crimes**. Je ne parle point des esclaves de traite***, ceux-là n’avaient pas le temps d’être connus de leurs maîtres : ils étaient bientôt embarqués pour l’Amérique.¹
Source : ¹ Boillat David (Abbé) Esquisses Sénégalaises Paris, Éditions Karthala, 1983.
* De Gorée ** Viol et meurtre *** Achetés par les administrateurs de la compagnie royale ou des officiers du Roi en poste à Gorée. www.signare.com