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Le Conseil des Jeunes de Strasbourg # Égalité

Le Conseil des Jeunes de Strasbourg # Égalité

HARCÈLEMENT, CÈLEMENT T, BRISONS LE SILENCE !

HARCÈLEMENT, CÈLEMENT T, BRISONS LE SILENCE !

LA COMMISSION ÉGALITÉ DU CONSEIL DES JEUNES DE STRASBOURG BA Khady # BATAILLOU Mariluz # BAUMERT Anaïs # BENCHAIB Narjis # BUCHY Laura # FILIZ Élisa # FLORENTINO Maëlys # KNIBIEHLY Yazid # KÖKSAL Batuhan # LEMLE Marine # LEVEQUE Bastien # MANIEN Julia # MARZOUK Inès # MEICHEL Margot # NEUFELD Lucas # SCHMITT Marc # SCHREIBER Lorelei

COORDINATION Laurence MAULER, Responsable de la mission Jeunesse - Ville de Strasbourg

ISBN : 2-8451-2063-1

Avril 2014


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Enfants en danger ? Parents en difficulté ?

Good Eye’D I 01 74 71 03 33

Le mieux, c’est d’en parler !

www.allo119.gouv.fr


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QUE FAITES-VOUS DE NOUS ?


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SOMMAIRE

6 / PRÉAMBULE 8 / L’EXPRESSION DES JEUNES HABITANTS 38 / L’EXPRESSION DES JEUNES CONSEILLERS DE STRASBOURG 52 / RÉFÉRENCES 60 / CONCLUSION

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La commission Égalité du Conseil des Jeunes de la Ville de Strasbourg se réfère à la Convention internationale des droits de l’enfant et rappelle que les jeunes aussi ont droit à l’égalité, à l’expression et à la protection.

Tous les enfants sont égaux en droits : filles, garçons, quelles que soient leurs origines ou celles de leurs parents. Aucun enfant ne doit subir de violence, qu’elle vienne des adultes ou des autres enfants, qu’elle soit physique, psychologique ou sexuelle. L’enfant a le droit d’avoir une correspondance privée, des relations amicales, etc., sans être surveillé et contrôlé de façon abusive. Ses données personnelles (nom, prénom, image…) doivent être protégées, notamment dans les médias et sur internet. Aucun enfant ne doit subir de violence, qu'elle vienne des adultes ou des autres enfants, qu'elle soit physique, psychologique ou sexuelle.

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PRÉAMBULE

L’égalité est un sujet important dont nous avons beaucoup parlé. L’égalité, c’est une valeur comme la liberté ou la fraternité. L’égalité, c’est aussi un droit que nous avons tous. L’égalité, la société doit pouvoir la garantir à tous les citoyens, enfants, jeunes, filles, garçons, femmes, hommes…, mais elle n’y arrive pas toujours. La preuve dans ce livre… Dans ce livre, nous avons donné la parole aux jeunes habitants de Strasbourg sur le vaste problème du harcèlement. Plus qu’une simple question d’actualité, le harcèlement est un phénomène qui nous préoccupe et nous interroge. Nous ne sommes pas égaux en droit en matière de protection contre les violences verbales ou physiques. Il est bon de rappeler ici que les adultes qui nous entourent doivent assurer notre protection. C’est une obligation légale. Pourtant, trop souvent les adultes préfèrent ne pas voir, ne pas entendre, ne pas dialoguer et ne rien faire…

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Ces quelques pages s’adressent à tous, jeunes et moins jeunes, car chacun a une responsabilité quand il est question de bien-être ou de mal-être de l’autre. La loi, les obligations des adultes et nos comportements à tous devraient pouvoir nous permettre de réunir les conditions du bien vivre ensemble. Or, dès notre plus jeune âge, nous faisons l’expérience de la cruauté, du rejet, de la mise à l’écart, de la loi du plus fort. Briser le silence est une première étape. Ensuite, il nous appartient à tous, jeunes et moins jeunes, d’apprendre à vivre ensemble autrement. Se construire une place à l’école, dans la famille, dans un groupe, dans la société peut se faire sans humilier, insulter, rabaisser ou menacer l’autre… À toutes les victimes, ce livre vous aidera peut-être à tourner une première page. Puis, on vous le souhaite, d’écrire ensuite une plus belle histoire sur ces années de votre jeunesse qui devraient être les plus belles.

La commission Égalité du Conseil des Jeunes Avril 2014

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L’EXPRESSION DES JEUNES HABITANTS

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Que veut dire le harcèlement, Ce mot est-il si violent ? Dans ton regard je vois de la peur Car sans cesse tu penses à ce râleur Qui te traumatise depuis tes 6 ans. Penses-tu à lui pendant tes prières As-tu peur que toi et lui respiriez le même air Pour toutes les fois où ta mère te dit « tu mens » ? Je peux te dire qu’il y a des associations anti-harcèlement Nous t’offrons notre aide à bras ouverts Et en ces jours tu vivras une nouvelle ère. En tournant ces pages Tu verras des personnes d’un certain âge. Alors moi je te dédie ce poème ou chanson Car mon cher ou ma chère je n’ai que 11 ans. Je le dédie à une mère fantastique qui a subi un harcèlement.

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J’ai vu cette affiche, aujourd’hui dans le couloir. J’ai vu ce cri, le même que je pousse dans le noir. Un cri étouffé par le rire de ces autres. Ceux-là qu’on aime et qu’on hait comme des apôtres. Mais est-ce que vous, là, oui vous ! Vous qui lisez ça, que faites-vous de nous ? Je vais vous dire qui j’étais Avant toutes ces écoles qui m’ont brisée. J’étais une petite fille qui souriait tout le temps. J’étais celle qui savait encore aimer tous les vents. Je suis arrivée dans la plus petite classe. Celle dont on dit qu’elle vient comme elle passe. Mais ça, je n’aurais jamais dû le taire Car dès le début commence mon calvaire. Deux, trois A en plus dans les bacs, Et c’était fini, prise la main dans le sac. Je me souviens des blessures, J’ai encore les cicatrices Que certains enfants censés être purs Ont imposées sans savoir les risques. Pendant 5 ans ils ont tout changé, Et la petite fille au sourire de lumière A disparu, elle s’est envolée. À la place, cette pré-ado de qui les parents étaient fiers, Mais c’était tout.

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Plus de caractère, envolé avec la fierté. Brisée à l’éternel par ces gens qui au fond étaient fous. En grandissant rien ne s’était arrêté. J’aurais voulu pleurer À force, mes yeux étaient trop secs. J’aurais voulu hurler. Ma voix était rouée à force de me taire. Je suis arrivée au collège Loin de tout ça, loin d’eux. J’espérais que tout s’arrange ! Loin de là, c’était peu… J’étais arrivée avec une carapace toute neuve : Une adolescente, cette fois. Une jeune qui avait fait ses preuves Légèrement folle, très logique, sûre d’elle. J’avais tout construit pièce par pièce Reconstruit ma vie, mon monde, et le reste. De là, je me suis bâti ma façade. À tout ce qui m’arrivait, un seul mot d’ordre : reste froide. C’est là que je perds mes mots même en prose, Alors en rimes, maintenant, il faut que j’ose : Haïe, détestée, pour des fautes non commises Meurtrie, rejetée, perdu l’espoir d’avoir des amis. Alors je suis restée dans mon coin

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Attendant patiemment la fin. J’ai écouté des musiques s’accordant avec mon état J’ai écrit et lu des choses où les gens me ressemblaient, à moi. Et au final, j’ai fini par sombrer Par me dire qu’ils avaient raison Qu’au final, j’étais bonne à jeter. Et j’ai accepté, sans aucun son. J’utilisais tellement de masques, et je les ai encore Mon masque fille modèle, puis celui dans la norme, La musicienne, l’artiste, la mature, sensorielle. Et j’entendais chuchoter dans mon dos : c’est elle. Et la seule chose que je voulais, c’était leur hurler Non ! Ce n’est pas moi ! Ce n’est personne ! Mais ils n’ont vu que ça. Ça me mettait en rogne. Je n’ai pas le choix. Je n’arrive plus à changer. J’essaie, mais leur haine et leurs remarques M’enlevant la force, à chaque mot je me sens tomber. Et je ne dis rien. Non, rien ne me marque. Je reste de glace, parfaite impassible. Et ensuite je joue. Je parais enjouée, réelle ! Bon sang, mais qu’ils sont tous risibles ! Ne rien voir, comprendre que je me prends pour « la belle ». Je ne suis pas belle Je ne suis rien

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Je ne suis plus rien. Je repars du collège avec plus de blessures en quatre ans Que je n’en ai jamais eu en cinq avant… Les coups, les blessures, même si ce n’était pas du sang M’ont frappée sournoisement, lentement. Voilà qui je suis. Je ne sais pas ce que je suis. Juste qu’on a tout cassé, Et que c’était juste pour rire. Juste qu’on a tout détruit, Pour une fausse carapace forgée. C’est dans ma tête et mon cœur qu’a coulé ce sang. Alors, ceux qui disent que je devrais faire attention à d’autres ! Si je ne peux plus le faire, maintenant Je vous le redemande : est-ce vraiment ma faute ?

Une fille de troisième

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Voici une histoire, mon histoire. J’habitais à la campagne jusqu’à mon CM1. À mes sept ans, mes parents ont divorcé. J’ai toujours bien vécu à la campagne. J’avais plein d’amis, tout allait bien, même très bien. Après le divorce, ma mère parlait d’aller habiter en ville, à Strasbourg. Mon frère jumeau et moi on ne savait pas trop… Un jour, on devait passer un test dans une école privée. Nous fûmes acceptés. Au départ, tout allait pour le mieux. Au bout d’un moment, mon frère et moi, nous nous rendîmes compte qu’on n’était pas faits comme les élèves de cette école. Nous, nos parents étaient divorcés depuis la maternelle, alors on connaissait déjà un peu la vie. Puis nous sommes entrés dans une école publique. Là-bas aussi tout allait bien au début, puis moins bien, moins bien, moins bien et encore moins bien. Régulièrement je me faisais passer à tabac. J’étais le sujet de la plupart des moqueries. Ce qui me rendait le plus triste, c’était quand mes camarades me volaient mon bonnet que ma mère m’avait offert. C’était un beau bonnet rouge tissé à la main. J’en pleurais même, ce qui leur faisait encore plus plaisir. Ces problèmes, je n’en ai jamais parlé à mon père, seulement à ma mère qui est bien plus douce. D’après moi, j’ai toujours été sensible car dans ma première école (à la campagne), je ne connaissais pas les moqueries, on était ensemble depuis la maternelle, nous étions vraiment soudés. Ma mère me disait : si tu en as marre de te faire frapper, défends-toi !

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J’ai réussi un jour à l’appliquer, car j’avais attaqué par-derrière. Ensuite, au collège, je pensais que ça irait mieux, aujourd’hui ce n’est pas le cas… À l’heure où j’écris ce texte, mes relations se sont un peu améliorées avec les autres élèves, mais ce n’est pas encore la paix complète. Ce texte n’est peut-être pas un texte de Victor Hugo ni un poème de Jacques Prévert, mais c’est ce qui m’est vraiment arrivé.

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H arceler c’est mauvais A rrêter de harceler, R acketter, insulter, provoquer, C ’est mauvais, E couter, s’entraider, donner L a recette de la Joie E et n’oublie pas R respecte l’autre.

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Pourquoi ne vient-il plus à l’école ? Car il n’est qu’une victime de vol ! Qui l’empêche de prendre son envol. Il est donc toujours cloué au sol. Il est toujours volé, harcelé, Il est tout le temps insulté, Il est sans cesse exclu, rejeté, À chaque fois, il est persécuté. Au final, il en a parlé, Et de toujours le harceler, Les autres élèves ont arrêté, Il est maintenant libéré.

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Je pensais que c’était juste un jeu, je ne pensais pas me retrouver là. Ça a commencé par une demande d’ajout d’ami, sur Facebook. D’abord des messages pour faire connaissance, une relation d’amitié va naître. Il m’a demandé mon numéro de téléphone, je lui ai donné, puis des informations sur moi. Je n’aurais pas dû lui dire tout cela. Je pensais qu’il était mon ami. Je me suis confiée à un inconnu. Je n’avais pas de raisons mais à cette période-là j’étais vulnérable. À l’école personne ne faisait attention à moi. Ils me montraient du doigt et rigolaient de moi. J’avais enfin trouvé quelqu’un pour m’écouter. Jusqu’au jour où il s’est montré dénudé et m’a demandé de faire la même chose. Il a pris des photos. Prise par la peur, j’ai désactivé mon compte mais je ne pouvais plus récupérer mes photos. J’ai enfin osé en parler à des amis…

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Comment le mensonge peut détruire une famille. Tom, 12 ans, a volé de l’argent à sa mère pour acheter ses camarades en leur payant des bonbons, des tours de manège… Un jour, sa mère a remarqué qu’il lui manquait 50 euros. Il a monté toute une histoire pour faire croire à ses parents qu’il était victime de harcèlement : faux fax, faux SMS, appel anonyme… Après avoir mis la faute sur ses camarades, il s’est attaqué à son professeur principal par mail. Sa mère a porté plainte pour harcèlement. Après enquête, la police a découvert le jeu de Tom. Cette situation de mensonge a causé une tension dans la famille ; Tom, après un conseil de discipline, fut renvoyé de l’établissement. Ses parents se sont séparés.

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Réflexions sur le harcèlement Nous n’avons pas été victimes de harcèlement. Mais nous pensons que le harcèlement c’est mal, car il peut faire perdre confiance à une personne. Elle peut se sentir mal dans sa peau. Le harcèlement peut être physique ou moral. Celui qui harcèle se croit obligé de faire du mal aux autres pour se sentir exister ou plus puissant, car il n’est pas bien dans sa peau. Il veut faire payer ce que lui-même a vécu. Le harcèlement est plus fréquent que l’on pourrait le penser. Tout le monde peut être harcelé à tout moment. Celui qui harcèle est un proche de la victime. Le harcèlement laisse des séquelles psychologiques et physiologiques et parfois le suicide. Il peut marquer à vie la victime. Le harcèlement, c’est triste et dangereux. Celui qui est harcelé doit parler, se confier à un adulte. Le harcèlement atteint le cœur et la dignité de la personne.

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Mon amie est victime de harcèlement sur internet et dans son collège. Tout a commencé par une fausse page Facebook qui montrait des messages insultants, des injures. Pendant les cours elle était menacée, pendant la récréation victime de bagarres, et elle recevait des messages sur son portable. Elle a craqué, elle a arrêté de manger et a fait deux tentatives de suicide en s’ouvrant les veines. Le harceleur était allé trop loin. Le harcèlement l’avait déjà trop atteinte, qu’il était difficile de l’aider ! La fille qui harcelait avait été manipulée, usurpation d’identité. À l’heure actuelle, la police recherche toujours qui est ce harceleur.

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Le harcèlement est quelque chose de très grave. Moi, je suis contre le harcèlement car ça ne sert à rien de harceler quelqu’un. Nous sommes tous égaux, tous humains. Chacun a le droit d’avoir une intimité, une identité et ses propres croyances. Je connais quelqu’un qui s’est fait harceler par un groupe de jeunes gens. Elle s’est fait harceler sur son intimité et je trouve cela irrespectueux. Maintenant, elle est traumatisée par ce groupe de jeunes. Elle s’est fait insulter et critiquer, tout cela à cause de jeunes qui racontent beaucoup de choses et n’importe quoi. C’est terrible, le nombre de personnes qui se font agresser par jour. Moi-même j’ai eu droit à un harcèlement sur les réseaux sociaux. Je sais ce qu’endurent les personnes harcelées. C’est affreux. Je demande juste que cela disparaisse, car des jeunes du collège se font harceler et souvent ces agissements mènent au suicide, à la peur de revenir au collège, à la peur d’être soi-même.

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Elle était harcelée physiquement, frappée moralement, Elle voulait en finir avec la vie, Elle se mutilait. Elle était harcelée, Des rumeurs circulaient sur sa famille, Elle se sentait humiliée par tous. Elle se faisait harceler, Elle devait faire les devoirs d’un autre, Elle était menacée verbalement, Elle pleurait. Elle était sans cesse frappée par ses camarades, Sa maman a réagi auprès de l’établissement, Elle n’a plus été frappée, Mais elle a cherché comment s’isoler du reste de ses camarades, En racontant des mensonges sur elle-même. Elle était harcelée, Elle a perdu confiance en elle, Elle avait peur des réactions de l’autre, Elle est devenue plus timide. Elle était là avec ses questions : Comment me situer ? Comment exister ? Heureusement que ses parents étaient là pour l’aider. Aujourd’hui, elle a changé d’établissement, Elle essaie de s’intégrer dans sa nouvelle classe. Elle a envie de crier à tous « non au harcèlement » Elle a envie de dire à tous « Toute personne a le droit de vivre heureuse, d’être libre. »

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Pour ma 6e, je suis allée dans un établissement scolaire où un autre univers s’ouvrait à moi, un autre mode de vie, d’autres camarades, voilà justement le problème. Je n’ai jamais compris pourquoi, mais une fille m’insultait et me traitait de tous les noms sans cesse tous les jours, que ce soit à la récréation ou en sortant de l’école. Elle se moquait de moi dès qu’elle en avait l’occasion. Au début, je prenais tout cela très à cœur, mais voyant que ma tristesse lui procurait du plaisir, je n’y accordais plus aucune importance (ou du moins j’essayais). Ma meilleure amie (qui ne l’est plus aujourd’hui) s’est liée d’amitié avec cette personne et devint aussi méchante qu’elle. Puis, au lieu qu’il n’y en ait qu’une qui m’insulte, elles le firent à deux. L’année d’après, je pensais avoir dépassé ce stade et elles aussi – mais non. J’étais amie avec l’une de mes camarades (et le suis toujours), mais elle le devint aussi avec les deux filles dont je vous ai précédemment parlé. Ces dernières n’arrêtaient pas de créer des disputes chaque jour, toujours pour la même raison. Elles ne supportaient pas de me voir amie avec une fille de leur groupe tellement elles étaient haineuses et jalouses. Certains soirs, j’en pleurais secrètement car ces histoires empiraient et je ne savais plus quoi faire, au point où elles en arrivèrent même à m’envoyer de pires messages d’injures que ceux qu’elles me disaient à l’école. Chaque heure de la journée, un nouveau message était affiché sur l’écran de mon téléphone. J’en recevais même en pleine nuit. Elles me faisaient aussi passer des petits mots en classe, toujours pour les mêmes raisons.

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L’une de ces deux filles n’étant plus là, je n’ai plus reçu d’injures par téléphone ni en classe ni en récréation ou même en sortant de l’école. Depuis, à cause de cela, je suis devenue un peu plus autoritaire que je ne l’étais avant et quelquefois j’en deviens insupportable. À cause de ces deux filles contre lesquelles j’ai toujours voulu me défendre, mais contre qui je n’ai jamais rien fait…

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Bonjour, voici le témoignage d’une infime partie de ce que j’ai vécu pendant deux ans dans un collège privé strasbourgeois. Merci à vous de vous intéresser à un sujet dont on parle si peu mais dont on garde les blessures et les souvenirs à vie, qui peuvent avoir des conséquences graves : J’avais les mains moites, tous les muscles de mon corps étaient crispés. Me voilà devant cette grande porte bleue qui m’effrayait tant. Je sentis tous les regards rivés sur moi. En tout cas c’est ce que je croyais. J’entendis les gens chuchoter, j’avais la nette impression que tout le monde me pointait du doigt. J’étais à deux doigts de m’évanouir. Je repris mon souffle et la porte s’ouvrit, laissant tous les élèves s’engouffrer dans mon pire cauchemar. Je rentrais moi aussi, mais mes jambes ne voulaient plus m’obéir, je réussis finalement à atteindre la cour. Je vis toutes ces personnes et mon niveau de stress augmenta. Je cherchais du regard quelqu’un que je connaissais, une de mes soi-disant amies. Je vis un garçon au loin qui me faisait peur et je me figeai sur place. Je m’efforçais de continuer à marcher et j’aperçus une amie. Je m’avançais vers elle et la salua tout en esquissant un petit sourire. Je discutais avec elle puis la cloche sonna, marquant le début des cours. En classe, je ne pus m’empêcher de rester crispée, tous mes membres me faisaient mal, mais c’était dû au stress. J’angoissais tout le temps à l’idée que le prof ne m’interroge. À la pause de midi, je ne pus pas manger avec mes amies car il y avait une très grande table, elles y étaient toutes rassemblées, il ne restait qu’une place, la mienne – enfin c’est ce que je croyais car un garçon s’assit à ma place. Mais mes copines ne me défendirent pas, elles préférèrent

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rester avec ce garçon avec qui elles ne dialoguaient presque pas plutôt que de manger avec moi. Après le repas que je dus manger toute seule, avec des troisièmes qui m’étaient inconnues, je rejoignis mes copines dehors comme si de rien n’était. Je vis une de mes copines pleurer parce qu’elle se sentait délaissée, elle, la fille populaire qui plaisait à tous les garçons et que tout le monde adorait. Mais je la réconfortais quand même, moi, dont tout le monde s’en fichait de ce que je pouvais ressentir. Puis nous formions un groupe pour discuter mais bien évidemment, je n’arrivais pas à m’intégrer, je dus alors monter sur le banc en pierre qui se trouvait juste derrière moi. Et je n’arrivais pas à placer une phrase, personne ne m’écoutait, de toute façon tout ce que je disais paraissait bête à leurs yeux autant qu’aux miens. Alors je descendis du banc, car personne ne m’écoutait. Soudain je sentis un grand coup de poing ou coup de pied, je ne le sais pas – je ne réussis pas à le distinguer dans mon dos. Je tombais à terre. Quand je relevais la tête je vis tout le monde former un cercle autour de moi, il y en avait plein qui encourageaient mon tortionnaire et qui rigolaient, je me relevais et on m’asséna un deuxième coup plus violent qui me fit m’effondrer. Je me relevais une nouvelle fois et découvris ce même garçon qui m’effrayait tant, tout fier de son exploit. Mais moi j’étais humiliée, j’étais blessée, honteuse, et j’avais tellement mal au dos. Mais je ne dis rien et pris mon sac pour aller rejoindre mes traîtres d’amies qui ne m’avaient même pas défendue et qui, sûrement, l’avaient également encouragé.

S., 15 ans

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Je suis française, mais je suis née en Allemagne. Quand je suis arrivée en France, au CM1, toute ma classe me détestait pendant à peu près toute ma primaire plus mon collège. Ils ont fait différentes choses pour me faire craquer, entre autres me faire des croche-pieds dans la cour de récréation pendant les jeux, me planter un compas dans le dos, me faire sortir avec un garçon pour un pari, se renseigner sur moi pour pouvoir me faire du mal… Voilà, plein de choses comme cela, très agréables…

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J’ai 17 ans, je suis en terminale S. Pour moi, le harcèlement, ça peut être simplement une mise à l’écart, ça peut être une violence physique ou morale, et j’ai remarqué que c’est souvent à l’encontre de ceux qui sont différents. J’ai été victime de harcèlement moral et physique. J’ai toujours été un peu plus intelligente que les autres et j’ai refusé de me fondre dans la masse. Ça a commencé par des insultes ou des moqueries. Ensuite, ils ont commencé à me frapper, donc j’ai dû rendre les coups pour qu’ils arrêtent. Mais les injures, moqueries et mises à l’écart ont toujours continué, quelquefois même aujourd’hui encore.

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J’ai 18 ans, je suis en terminale. Pour moi, le harcèlement, c’est une personne qui se fait injurier, qui se fait taquiner pour des différences physiques ou autres. J’ai été victime de harcèlement au collège. Mon histoire, c’est qu’il y a eu une période où je n’avais pas beaucoup d’amis, et du coup, tout le monde se moquait un peu de moi. Je n’étais pas très jolie non plus, donc voilà… Je trouve que ça ne se fait pas, parce qu’on n’a pas à insulter les personnes, de surcroît si elles n’ont pas d’amis. Au lieu de se moquer d’elles, il vaut mieux essayer justement de devenir leur ami pour éviter de les laisser seules. Mais le problème est réglé, parce que je ne me suis plus laissée faire au bout d’un moment. Il faut réagir.

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L’année dernière, j’ai été victime de racket. Il y a des jeunes qui m’avaient piégé dans les toilettes et qui m’avaient demandé de l’argent, mais ça s’est vite réglé, parce que je suis allé le dire à mes parents.

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Moi, on me blâmait quand j’étais en sixième parce que j’étais bouboule et de plus, j’ai une tache de naissance. Donc j’en avais marre, je séchais les cours et maintenant, je me retrouve en foyer.

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Au collège, de ma sixième à ma quatrième, c’était encore vraiment des gamins et ils avaient tendance à chercher pour n’importe quoi, à vouloir trouver quelqu’un à embêter. Je ne disais jamais rien, je maintenais cette colère en moi. On devient nerveux à cause de ça.

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J’ai 18 ans, je suis en première. Pour moi, le harcèlement, c’est une injustice faite sur autrui qui peut porter préjudice, moralement, physiquement et même au-delà. C’est vraiment quelque chose qui détruit. Étant petite, j’ai été victime de harcèlement. Je ne pouvais pas sortir sans mon doudou jusqu’à l’âge de 10 ans, tout le monde se moquait de moi à cause de mon doudou tout sale parce que je l’ai depuis que je suis bébé, et on me disait « tu es moche avec ton doudou ».

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J’ai une amie qui est victime de harcèlement. Quand elle rentre dans la classe par exemple, les gens l’appellent par des surnoms, lui disent « on va te frapper », « si tu as des lunettes on ne va pas te frapper », « viens te battre », et cela continue durant toute l’heure de la classe. Elle sort en pleurs, elle veut arrêter le collège à cause de cela. C’est de la pression, elle ne se sent pas belle, elle ne veut même pas aller au lycée, car elle se dit que ces gens vont la suivre au lycée et la harceler toute sa vie. Elle dit qu’elle n’est pas jolie, qu’elle ne vaut rien. J’ai peur que ça aille de mal en pis et qu’elle tombe dans une dépression à cause de ça. Ça peut aller très loin. Ce qu’elle me dit, c’est qu’elle ne sera jamais assez bien pour personne, qu’elle va arrêter le collège ou le lycée, qu’elle veut rester à la maison tout le temps pour ne plus sortir parce qu’elle se fait insulter tout le temps.

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Quand je suis arrivée en France, j’avais 11 ans. J’avais un accent car auparavant, j’habitais en Afrique. J’ai été scolarisé dans un collège de Lingolsheim et en fait, les jeunes n’étaient pas super gentils avec moi et m’insultaient par rapport à mon accent. C’était souvent des jeunes garçons qui me disaient « va manger des bananes, retourne en Afrique ». Et comme je m’appelle Antoinette, c’était souvent « Antoinette gant de toilette », ou d’autres choses pas très gentilles. Le CM2 s’est bien passé, je n’avais pas de problèmes par rapport à mon accent, mon prénom ou ma couleur de peau. C’est une fois en sixième que j’ai eu droit à toutes sortes d’insultes à ce sujet. Souvent, à la récréation, on me charriait, on se moquait de moi et ça marchait bien parce que je m’énervais, donc ils continuaient… Cela a duré jusqu’à la cinquième, jusqu’à ce que je change de collège. Ensuite, ça s’est arrêté. Les garçons dont il est question, je ne les ai plus revus. Ou plutôt si, je crois que j’en ai recroisé un ou deux en grandissant, mais ils n’ont même pas pris conscience qu’ils m’avaient fait du mal étant plus jeunes. Ils me disent bonjour, ils me font des sourires alors que moi, je n’ai pas vraiment envie de leur parler.

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J’ai souffert pendant exactement toute mon enfance, étant donné que j’étais petite, que j’étais blonde, que j’avais des lunettes et que je louchais. Tout le monde se foutait de moi, et ça s’est calmé quand je suis arrivée en troisième. J’en ai plutôt souffert, avec des complexes qui te restent toute ta vie, c’est super intéressant…

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L’EXPRESSION DES JEUNES CONSEILLERS DE STRASBOURG

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Pourquoi avoir choisi cette commission ? Il y a beaucoup de raisons pour lesquelles j’ai choisi de m’investir dans la commission Égalité plutôt qu’une autre. Le nom déjà : égalité. C’est un nom plutôt attrayant, on a l’impression que rien qu’en le disant on peut changer plein de choses. Justement, qu’est-ce qu’on voudrait changer ? Qu’est-ce que j’avais envie de changer ? Là encore, la réponse est : plein de choses. Est-ce que malgré tout ce que l’on dit, il y a une vraie égalité entre filles et garçons ? Et entre les personnes de différentes origines ? De différentes religions ? Je pensais (et le pense toujours) pouvoir dire NON ! Ce n’est pas parce qu’une loi ou une société punit les discriminations que les gens ne vont pas faire de différences et être insultants, voire blessants. Punit-on vraiment les discriminations ? NON ! Ou peut-être que si, mais en tant que simples citoyens, nous ne sommes pas assez au courant de nos droits envers les discriminations. Ce qui me mène à dire qu’on ne punit pas vraiment les discriminations. C’est pour ça que j’avais décidé, le 19 décembre 2012, de travailler dans la commission Égalité pour les deux prochaines années qui suivraient. Et je n’ai pas été déçue ! Ces deux années ont été deux magnifiques années durant lesquelles j’ai fait d’incroyables rencontres et pris beaucoup de plaisir (même si le sujet n’était pas facile) à travailler sur l’égalité. Nous y revoilà, l’égalité. Je me suis inscrite dans la commission avec une idée que je croyais précise du mot égalité. Au bout de trois réunions, j’ai compris qu’on pouvait nommer égalité tout un tas de situations ! Je pensais qu’il n’y avait pour seules non-égalités que les différences hommes-femmes et celles des origines et des religions. Je « sors » maintenant de ces deux années avec une tout

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autre idée du mot égalité. Je me suis rendu compte que ce que je prenais pour des situations injustes et cruelles – comme celles du harcèlement – pouvait aussi être considéré comme égalités non respectées. Je me suis aussi rendu compte qu’on ne pourra jamais savoir ce qui peut être considéré comme une égalité et ce qui ne le peut pas. Alors voilà, au bout de deux-trois mois avec les autres jeunes de ma commission, nous savions quel sujet nous voulions traiter : l’égalité entre jeunes. On ne pouvait pas trouver mieux pour aider et changer la vie des jeunes de Strasbourg ! Nous avions tous déjà été témoins ou victimes d’inégalité. À un degré plus ou moins élevé. Justement, j’aimerais « parler » de ma propre expérience face au harcèlement et autres horreurs qui existaient partout, mais particulièrement chez les jeunes. Je connais mes amies depuis toujours. C’est-à-dire depuis plus de 10 ans ! On a toujours été collées les unes aux autres, un vrai groupe de filles ! Déjà en élémentaire régnaient des tensions entre nous, mais rien de très important, le type de tensions qu’on rencontre dans toutes les cours de récréation. C’est le mot : « des tensions » de cours de récréation. Après nos années primaires (qui, malgré le nombre incalculable de disputes, furent magnifiques !), nous sommes toutes allées dans le même collège. Nous avions toutes très hâte ! Nous étions des grandes filles ! Nous allions au collège ! Mais qui dit grandes filles et collège dit aussi disputes de grandes filles. C’est là que les ennuis ont vraiment commencé. Notre groupe de « meilleures amies pour la vie » a tout doucement commencé à ressembler à un champ de bataille ! Des alliances entre

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filles se formaient, des camps se créaient. De plus, nous étions maintenant mélangées à d’autres élèves, d’autres filles. Se rapprocher de ces autres filles était considéré comme une trahison pour certaines d’entre nous et, là encore, de nouvelles tensions sont apparues. Tous les prétextes étaient bons pour « faire la gueule » à machin ou à bidule. Comme je l’ai dit avant, nous étions un grand groupe – une dizaine de filles environ – et comme dans chaque clique, il y a différents caractères, celles qui dominent et celles qui sont dominées. Manque de bol, je n’ai jamais été une leadeuse. De là à dire que j’étais dominée je n’irais pas, n’empêche que je faisais partie de la catégorie « oui, chef ! ». J’étais la gentille du groupe, celle à qui on pouvait tout dire parce qu’elle avait toujours les bons mots pour consoler, parce qu’elle ne disait jamais – au grand jamais – NON ! Bien que je sois la gentille petite du groupe, mes amies m’appréciaient vraiment et ne me considéraient pas comme une moins que rien (du moins pas encore). J’avais même une meilleure amie ! Justement, ma meilleure amie… Les choses se sont vraiment corsées au collège ! Elle se rapprochait d’une autre fille et commençait lentement mais sûrement à m’abandonner, oui, m’abandonner. Et cela me blessait profondément, ça me bouffait clairement ! Je prenais cet abandon très mal et commençais à douter énormément de moi ! Toutes les filles de ma bande étaient si cool, si sûres d’elles ! Elles rayonnaient toutes, je me considérais indigne de leur amitié, je me sentais un peu comme une tache dans ce magnifique groupe de filles ! Au début mes amies me souriaient, me montraient que j’avais de l’importance, qu’elles m’aimaient, m’adoraient. Puis les jours, les mois passaient, on se rapprochait toujours un peu plus des « nouveaux » de la classe, de nouvelles amitiés naissaient. Certaines les considéraient toujours comme

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une trahison, mais ne disaient plus rien. Je me suis fait de nouvelles amies, de vraies perles ! Toujours là pour moi, on partageait de superbes moments, tout simplement j’étais bien avec elles. Plus le temps passait, plus ma meilleure amie et moi nous éloignions l’une de l’autre. Je n’avais pas l’impression que notre éloignement lui faisait beaucoup de peine et cela me faisait très mal ! Je pensais que si cela ne l’attristait même pas un peu, cela voulait dire que je n’avais pas d’importance à ses yeux. Encore une fois, un gros problème de confiance en soi. Puis, au bout de deux ans, le nœud de tension entre tout notre groupe a explosé. L’épée de Damoclès au-dessus de nos têtes s’est écroulée sans prévenir. Elle a épargné certaines, mais en a fait souffrir d’autres. Tout juste ! Je faisais bien évidemment partie de ce petit nombre de filles qui ont souffert de cette chute. Mes « meilleures amies pour la vie » se sont toutes liguées contre moi et ont trouvé des tas d’excuses pour me faire des reproches sur des choses que je n’ai jamais faites ou dites, elles m’ont insultée (dans mon dos sinon ce n’est pas drôle !) et m’ont clairement fait comprendre, sans jamais rien dire pourtant, que je n’avais plus ma place dans leur clique. Évidemment, cela m’a achevée. C’était la fin de ma vie. Les filles. Ces filles qui représentaient tout pour moi m’avaient d’un simple geste effacée de leur vie. Je n’étais plus qu’une fille dans leur classe. Bien sûr, si on leur demande, elles répondront que ce n’est pas vrai, qu’elles ne me détestaient pas, que je compte toujours, que c’était une simple période. Seulement, peuton pardonner ce genre de choses ? Ces méchancetés ? Sous prétexte que ce n’est qu’une période, que ça va aussi vite que ça vient. Je réponds NON ! Personne ne devrait avoir à subir ces horreurs ! Personne ne devrait penser qu’on ne vaut rien, qu’on est nul, moche, inutile… Nous sommes tous importants !

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Maintenant j’ai moins d’amies qu’avant, mais celles que j’ai sont de vraies amies, pas le type de filles qui ne vivent que sur l’apparence et la popularité. Car oui c’est ce qu’elles sont, des filles basées sur l’apparence et qui n’hésiteraient pas à exclure quelqu’un juste parce qu’elle/il n’est pas assez bien pour elles ! C’est à cause de ces filles – ou peut-être grâce à elles – que j’ai décidé d’être dans la commission Égalité. Je ne souhaite à personne d’être exclu(e), de se sentir nul. Je veux que ces personnes sachent qu’il y aura toujours quelqu’un pour eux. C’est l’une des pires choses que de perdre ses amies d’enfance, mais peut-on les appeler amies si elles vous font souffrir et qu’elles n’essaient pas d’arrêter ? Je pense et j’espère que tous les écrits dans ce livre vous feront réfléchir et que vous ferez plus attention la prochaine fois que vous vous moquerez de quelqu’un (même si c’est « pour rire »), réfléchissez à la réaction que l’autre va avoir, à l’effet que votre moquerie lui fera ! Ce projet de livre est une merveilleuse idée et je suis très contente d’en avoir fait partie !

Inès Marzouk

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Le harcèlement pour moi est un flagrant manque de respect. Le respect, chaque être humain y a droit, il en va de sa propre dignité. Je crois que le manque de respect est la conséquence de l’ignorance. Ignorance des règles, ignorance de la politesse, ignorance de l’autre. J’espère donc que ce livre, cher(e) lecteur(trice), t’aura fait sortir de l’ignorance et donné l’envie de respecter l’autre comme lui te respecte.

Yazid Knibiehly

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Il y a longtemps que de mon CE1, il ne me restait que très peu de souvenirs ; en réalité, la plupart de mes souvenirs s’étaient effacés d’eux-mêmes lorsque j’avais changé de collège pour faire ma quatrième ailleurs qu’à Sarreguemines, et pour venir à Strasbourg ; les seuls souvenirs, donc, qu’il me restait étaient en rapport avec mon écriture : les principaux problèmes que j’avais avec elle étaient au niveau de mes « m », je les faisais souvent avec quatre boucles et parfois avec cinq boucles ou à la manière d’un médecin ; les « n » posaient les mêmes problèmes que les « m », ainsi que les « u », les « v » et bien sûr les « w ». Heureusement, j’arrivais à me relire, mais pas la professeure : ce qui a entraîné des rendez-vous entre mes parents et elle, aboutissant généralement à un échec, et ainsi, au fil des jours, les remarques « soin ! » et « écrire mieux » se succédaient dans mes cahiers, et le soir c’était souvent « recopiage » : un système avait été mis en place par mes parents pour voir si je devais recopier ou non. Un smiley content et vert dans mes cahiers signifiait « pas de recopiage », un smiley mitigé et jaune indiquait « recopiage de la partie indiquée entre crochets », et un smiley mécontent et rouge voulait dire « recopiage de toute la leçon ». Généralement, j’avais le droit à un smiley rouge ou jaune et pratiquement jamais à un smiley vert ; une petite misère en somme… Mais maintenant que mon écriture s’est améliorée, le système s’est arrêté et tout va pour le mieux ! En réalité, tous mes souvenirs étaient morts. Jusqu’à ce jour où tout a basculé. C’était un jour comme les autres, j’étais en stage chez ma mère dans un petit village isolé dans un pays perdu, le pays de Bitche, et pourtant chef-lieu de canton ! Mon stage se déroulait donc dans une pharmacie, assez exiguë à vrai dire, mais je m’y sentais bien, ce qui n’était pas le fruit du hasard puisque j’y étais déjà venu auparavant, pendant les vacances scolaires, au lieu de rester seul à la maison.

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Ma mère m’avait demandé si je voulais l’aider à déchiffrer l’écriture d’un médecin, je refusai d’abord, sans doute à cause de mes mauvais souvenirs du CE1, mais je ne sais pourquoi, je me ravisai et acceptai. Nous sommes donc allés au comptoir et en voyant l’écriture, les « m », les « n », « u », « v » et les « w », j’ai eu une sorte d’impression bizarre, cette ordonnance m’avait rappelé quelque chose, je ne savais pas encore quoi. Cette sensation me fit frissonner. Je me suis très vite repris avant que les clients, les employés ou ma mère ne remarquent quoi que ce soit. Comme j’avais fermé les yeux en voyant cette écriture, j’ai dû faire un effort considérable pour les rouvrir et, en voyant à nouveau l’ordonnance, la même sensation m’envahit, mais au troisième regard porté sur cette feuille, elle diminua : la troisième fois m’avait apporté moins que la deuxième qui m’avait apporté moins que la première. Il fallait que je m’arrête tout de suite ou bien je risquais de ne jamais découvrir en quoi consistait cette impression, j’ai donc dit à ma mère que je n’arrivais pas à lire cette écriture et je suis allé à l’arrière de la pharmacie pour souffler et méditer un peu : cette réflexion consista à me dire que je la ferais le soir même. Le soir, donc, après le repas et après m’être couché, j’ai essayé de me rappeler la sensation du matin. J’y suis parvenu, mais que cachait-elle ? Un souvenir ? Ou une sorte de présage ? Je n’en avais pas la moindre idée. Cette chose cachée avait une forme ronde, c’était comme si j’avais un globe miniature dans le champ de vision de mon esprit, comme si un de mes souvenirs correspondait à une petite partie de la Terre, comme dans un gigantesque palais mental, mais encore fallait-il avoir le billet d’entrée pour accéder à une autre partie : ce billet d’entrée, je l’avais reçu le matin même, mais vers quelle destination ? Et mon esprit, réussira-t-il à le déchiffrer ? Seul lui pouvait le faire entrer dans la lumière. Je m’y suis essayé à plusieurs reprises, sans succès.

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Le lendemain, à la pharmacie, je m’occupais du déballage des commandes qui venaient tout juste d’arriver quand ma mère est venue me demander si je voulais l’aider à déchiffrer l’écriture d’un médecin, curieusement le même que la veille ; j’ai accepté et nous sommes allés au comptoir. En voyant cette écriture, le billet fut composté et je suis reparti des années en arrière. Tous les faits marquants dans la période de ma vie qui allait de mon CE1 jusqu’à la fin de ma cinquième défilèrent dans le champ de vision de mon esprit, dans le laps de temps équivalant à celui nécessaire pour le compostage d’un billet. J’ai tout revu dans les moindres détails. Je me suis souvenu d’un petit détail qui, en fait, n’en était pas un : un garçon, en maternelle, m’opprimait en me tirant journellement les oreilles sans que je me défende ; plus tard, du CP au CM1, il y avait un groupe d’élèves, constitué notamment de la deuxième et du troisième de classe ainsi que ce garçon de la maternelle, qui était mécontent que je sois le premier de la classe et qui voulait soi-disant me « le faire payer » : à chaque récréation, ou presque, ils me frappaient, me rouaient de coups, j’en étais au point de dire à mon père, quand il me ramenait à l’école, de rouler moins vite, que ce n’était pas la peine d’arriver en avance… J’en étais au point de supplier mes parents pour avoir une autorisation de rester en classe pour balayer ou lire pendant les récréations ; cela a bien sûr abouti à des rendez-vous entre mes parents et ma professeure : elle ne se rendait pas compte de la gravité de la situation… Devant son incompréhension, mes parents m’ont donné leur autorisation pour me défendre, mais non violemment, ce que je mis en application immédiatement le lendemain : le groupe s’approcha, ils commencèrent à me frapper mais peu violemment, j’ai repoussé la plupart de leurs coups, mais ils ont hurlé assez fort pour être entendus des professeurs qui me virent

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en train de repousser leurs coups. Malheureusement pour moi, ce groupe avait l’art de dissimuler les coups, et cela se produisait à chaque récréation ou presque ; ces incidents remontèrent chez la directrice, entraînant des rendez-vous entre elle et mes parents. C’était une vieille – elle me paraissait vieille – et arrogante directrice à deux ans de la retraite. Sans doute pensait-elle que cette affaire, que ce dossier, que mon dossier ne la concernait plus et effectivement, ce n’est qu’avec le nouveau directeur que tout s’est arrangé, pour une certaine durée… Je me suis souvenu avec ardeur d’une de ses incessantes et blessantes remarques adressées à mes parents : « Votre fils démarre au quart de tour ! » Je pense que c’est ce qui m’a le plus marqué… Heureusement, enfin, au CM1, grâce au nouveau directeur, j’ai pu sauter le CM1 : je me rappelle que je suis arrivé au CM2 le 15 avril 2010 et que toute la semaine précédente j’avais tellement peur que j’en étais malade, mais tout s’est très bien passé, je me suis bien intégré. Par malheur, en sixième, j’étais de nouveau premier de la classe et les mêmes problèmes sont réapparus. Tout ceci s’est terminé par un changement de collège : j’ai quitté Sainte-Chrétienne à Sarreguemines pour venir à Notre-Dame de Sion à Strasbourg et depuis la quatrième, j’ai des copains, je ne suis plus le premier de la classe, je peux enfin fêter un anniversaire : tout va pour le mieux ! Mais pourquoi et comment une, ou plutôt deux ordonnances avaientelles pu déclencher un pareil phénomène ? Sans doute à cause de la ressemblance entre mon ancienne écriture et celle du médecin… Ou peut-être parce que mon écriture s’est améliorée… Histoire vraie de Marc Schmitt

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« T’es jamais là alors pourquoi tu viens en cours ? » « Salope », « J’te déteste », « Meurs ça sera plus simple »… Voilà ce que j’entendais chaque jour. « Crève », « Sale pute »… Je n’en pouvais plus, j’avais mal, j’en souffrais… On me jugeait sans arrêt, on me regardait de haut pour me faire tomber. Je me faisais dresser, insulter, frapper, harceler… Sur Facebook, dans la rue, au bahut, toujours, sans arrêt… On me prenait pour une conne… J’suis dégoûtée, dégoûtée de la vie, dégoûtée de moi, dégoûtée de tout le monde sans exception… Je pleure, j’ai mal, j’suis en dépression, je mange plus, je sors plus, j’deviens schizophrène, j’ai une ambiance : celle d’être aimée par tout le monde… J’fume pour m’niquer la vie, oublier mes peines, mes problèmes, j’bois pour être saoule et être affichée, je souris pour cacher le fait que tout va mal… C’est moche de ne pas avoir de vie en dehors de Facebook… Tout ce que je fais c’est pour eux, j’ai jamais rien fait pour moi… J’suis perdue dans le sens où j’resterai une gosse dans le corps d’une femme, on me pousse à faire des choses que j’devrais pas… Je déteste l’école, je déteste ma classe, je déteste les jaloux… Je voulais mourir. Je voulais être en paix.

Victoria K

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Papa, t’es déçu ? T’as l’air abattu… Quand t’as su la vérité, qu’ta fille a voulu se suicider, tu t’es effondré. Pour toi elle avait l’air comblée, mais sache qu’en secret elle fumait, qu’ses larmes continuaient de couler, elle ne pouvait pas s’empêcher de pleurer car sa mère venait d’être enterrée. Elle voyait très peu son petit frère, elle préférait aller fumer, frimer avec ses nouveaux « frères », parfois elle s’absentait de l’école, tantôt elle se faisait frapper, tantôt elle se faisait insulter, ses amis la laissaient tomber, elle ne pensait plus qu’à se venger et puis un jour elle décida de fuguer, elle partit loin le temps d’un week-end, elle est revenue et pour elle tout avait changé, elle n’était plus la même, elle avait peur de ceux qui la retiennent, un soir, le couteau à la main, elle n’osait pas aller plus loin, Papa sache que pour elle tout ira bien, ce n’est plus ta petite fille mais une jeune femme, qui revient pour ne pas encore baisser les bras ! Elle était endettée, elle perdait son temps à travailler, en cours elle s’ennuyait, elle trouvait pas le temps d’étudier et c’est dans sa tristesse qu’elle s’est noyée ! Elle a pris tous les médicaments qu’elle voyait, que tu avais cachés bien secrètement au fond de l’armoire bombée, elle se faisait racketter, elle en a pris 32 exactement, à cet instant elle perdit connaissance mais ensuite, au lieu d’aller aux urgences, elle s’endormit quelques heures. Par chance, elle se réveilla et comprit que son heure n’était pas pour cette fois. Papa, elle est encore si fragile, et mentalement si naïve, malgré ses folies ses maladresses, petite fille, reste encore une princesse. Elle voudrait remonter le temps faire semblant que tout redevienne comme avant, même si tu n’as pas su comprendre sa détresse, sache qu’elle t’aime et qu’aux vautours elle survivra. Tu vois Papa, je suis comme ça. Victoria K

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Le harcèlement touche une grande partie des jeunes mais n’est pas une importante préoccupation pour les adultes, pourtant ça devrait l’être. Le harcèlement est souvent présent à l’école, mais il peut être aussi présent sur internet car comme nous le savons, derrière un écran nous sommes toujours plus forts. Le harcèlement provoque des suicides et des renfermements de la part des jeunes alors qu’ils devraient s’épanouir dans leur jeunesse. Malgré les nombreux suicides et le mal-être des jeunes, les adultes ne font rien. Ils se disent sûrement que ce ne sont que des gamineries alors que cela provoque de graves conséquences scolaires, sociales, physiques et psychologiques qui restent à long terme. Nous savons qu’avec ce livre, nous n’allons pas changer les problèmes de harcèlement, mais nous espérons en faire réfléchir certains comme ceux qui harcèlent et surtout les adultes, afin qu’ils voient combien le harcèlement est partout, qu’il est important, qu’il faut agir et ne pas rester à rien faire comme s’il ne se passait rien.

Laura Buchy

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RÉFÉRENCES

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Code pénal - articles 222-7 à 222-16-3 : Peines encourues en cas de violences ou harcèlement téléphonique Code pénal - article 223-13 : Peines encourues en cas de provocation au suicide Code pénal articles 222-17 à 222-18-3 : Peines encourues en cas de menaces de mort Loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse articles 32 et 33 : Peines encourues en cas d’injure ou de diffamation publiques Code pénal articles R621-1 à R621-2 : Peines encourues en cas d’injure ou de diffamation non publiques Code pénal articles R624-3 et R624-4 : Peines encourues en cas d’injure ou de diffamation non publiques discriminatoires Code civil articles 1382 à 1386 : Responsabilité des parents des auteurs Code de procédure pénale article 40 : Obligation de dénonciation au procureur Code de l’éducation article L911-4 : Responsabilité de l’État

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Le harcèlement scolaire ne correspond pas à une infraction précise : différentes qualifications pénales peuvent être choisies (violences, menaces…). En cas de condamnation, les parents des auteurs mineurs peuvent être amenés à indemniser les parents d’une victime. L’État est, lui, responsable des fautes des personnels éducatifs.

Infractions concernées Les coupables de ces faits âgés de plus de 13 ans risquent des peines de prison et des amendes, les mineurs de 10 à 13 ans risquent des mesures ou sanctions éducatives.

Violences volontaires Les violences incriminées peuvent être physiques ou psychologiques (brimades, humiliations…). Les séquelles peuvent donc être aussi bien un bras cassé qu’une anxiété ou une dépression. Leur gravité se mesure en jours d’incapacité totale de travail constatés par un médecin. Cette échelle de mesure s’applique autant aux adultes salariés (qui sont absents au travail) qu’aux enfants scolarisés (qui ratent des cours).

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En cas de violences physiques ou psychologiques au sein d’un établissement scolaire ayant entraîné une incapacité totale de travail de plus de 8 jours, le coupable risque : • 5 ans de prison et 75 000 € d’amende s’il est majeur, • 2 ans et demi de prison et 7 500 € d’amende si c’est un mineur de plus de 13 ans. Il existe plusieurs cas de circonstances aggravantes, notamment : • victime âgée de moins de 15 ans, • victime particulièrement vulnérable (handicap, infirmité…), • violences avec des motifs racistes, • violences avec des motifs sexistes ou homophobes, • ou actes commis par plusieurs personnes en même temps. Si les violences scolaires ont été commises avec une seule de ces circonstances, la peine encourue passe à : • 7 ans de prison et 100 000 € d’amende (pour un majeur), • 3 ans et demi de prison et 7 500 € d’amende (pour un mineur de plus de 13 ans). Si les violences scolaires ont été commises dans au moins deux des conditions citées précédemment, la peine encourue est de : • 10 ans de prison et 150 000 € d’amende pour les majeurs, • 5 ans de prison et 7 500 € d’amende pour les plus de 13 ans. À savoir : le mineur victime de telles violences a jusqu’à ses 28 ans pour porter plainte.

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Provocation au suicide Le fait de provoquer quelqu’un au suicide, si cette provocation a été suivie du suicide ou d’une tentative de suicide, est puni de : • 3 ans de prison et 45 000 € d’amende pour un majeur, • 1 an et demi de prison et 7 500 € d’amende pour un mineur de plus de 13 ans. Si la victime a moins de 15 ans, ces peines sont portées à : • 5 ans de prison et 75 000 € d’amende si le coupable est majeur, • 2 ans et demi de prison et 7 500 € d’amende si c’est un mineur de plus de 13 ans.

Harcèlement par SMS ou téléphone Les envois de SMS ou appels téléphoniques malveillants et réitérés ayant pour but de troubler la tranquillité de la victime sont punis de : • 1 an de prison et de 15 000 € d’amende si le coupable est majeur, • 6 mois de prison et 7 500 € d’amende si c’est un mineur de plus de 13 ans.

Menaces de mort Une menace de mort, lorsqu’elle est réitérée et/ou matérialisée par un écrit (mail, message sur un réseau social…), une image ou tout autre support, peut être punie de : • 3 ans de prison et 45 000 € d’amende pour un majeur, • 1 an et demi de prison et 7 500 € pour un mineur de plus de 13 ans.

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Ces peines sont aggravées si les menaces ont des motifs racistes, sexistes ou homophobes : • 5 ans de prison et 75 000 € d’amende pour un majeur, • 2 ans et demi de prison et 7 500 € d’amende pour les mineurs de plus de 13 ans. Injures et diffamation Une diffamation est l’imputation d’un fait précis mais non avéré qui porte atteinte à l’honneur ou à la considération de la victime. Le fait imputé doit pouvoir se vérifier (accusation de vol, de tricherie…). Une injure est une expression outrageante ou méprisante, mais qui n’impute aucun fait précis à la victime (moqueries sur le physique, le nom de famille…). Si l’injure ou la diffamation sont publiques, c’est-à-dire publiées sur un support accessible à n’importe qui (comme un blog), la peine encourue est de : • 12 000 € d’amende pour un majeur, • 7 500 € d’amende pour un mineur. Si la diffamation publique a des motifs racistes, sexistes ou homophobes, elle peut être punie de : • 1 an de prison et 45 000 € d’amende pour un majeur, • 6 mois de prison et 7 500 € d’amende pour un mineur de plus de 13 ans. Avec ces mêmes motifs discriminatoires, l’injure publique peut être punie de : • 6 mois de prison et 22 500 € d’amende pour un majeur, • 3 mois de prison et 7 500 € d’amende pour un mineur de plus de 13 ans.

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Si l’injure ou la diffamation sont non publiques, c’est-à-dire accessibles qu’à la victime ou à un cercle restreint et déterminé (par SMS, mail…), la peine est une contravention de 38 €. Si l’injure ou la diffamation non publiques ont des motifs racistes, sexistes ou homophobes, la contravention est de 750 €.

Responsabilité des parents des auteurs Les parents des auteurs mineurs sont responsables civilement des actes de leur enfant, même s’il a plus de 13 ans. Ce sont eux qui devront payer des dommages et intérêts aux parents de la victime, un mineur ne pouvant se porter lui-même partie civile.

Responsabilité du personnel éducatif En cas de harcèlement scolaire, la victime ou ses parents peuvent prévenir la direction de l’établissement. Des mesures pourront être prises pour résoudre le cas. En outre, tout personnel éducatif (enseignant, chef d’établissement…) qui a connaissance de faits de harcèlement scolaire assimilables à un délit doit avertir sans délai le procureur de la République et lui transmettre tous les renseignements adéquats. Si les parents estiment qu’un enseignant ou tout autre personnel éducatif dénommé a une responsabilité dans ces faits de harcèlement scolaire, ils ne peuvent agir directement contre cette personne. Pour obtenir réparation, ils doivent poursuivre l’État devant un tribunal civil.

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Source des pages précédentes site officiel de l’Administration française http://vosdroits.service-public.fr/particuliers/F31985.xhtml

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CONCLUSION

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« Que faites-vous de nous ? » Une question qui s’adresse à nous ? Nous, jeunes auteurs de cette démarche ? Notre réponse est simple : nous avons voulu vous donner la parole, à vous, jeunes habitants, sur ce sujet délicat du harcèlement. Nous voulions vous permettre avant tout de vous exprimer. Que vos écrits et vos dessins puissent inspirer la réflexion et l’action de celles et ceux qui doivent garantir le respect de vos droits et assurer votre protection. « Que faites-vous de nous ? » Une question qui s’adresse à vous ? Vous, lecteur de ce livre ? Votre réponse se traduira dans vos actes, maintenant que vous savez et comprenez mieux… « Que faites-vous de nous ? » Une question qui s’adresse à vous ? Vous, adulte responsable de notre protection ? Que faites-vous aujourd’hui ? Que ferez-vous demain ? Allez-vous enfin voir, entendre ? Ce livre vous aura peut-être permis de mieux comprendre notre vie de jeunes, les mécanismes, les souffrances…, mais surtout comprendre que nous avons besoin de vous, que nous comptons sur vous pour nous protéger et nous aider à faire l’expérience de relations sociales épanouissantes. Le temps qui passe et le silence semblent nous donner l’impression que les problèmes se règlent… Le temps et le silence ne sont pas des réponses au harcèlement, le temps et le silence laissent le harcèlement s’installer et se propager. Ne laissons pas gagner le silence et le temps. Il faut agir… Agir, pour que la jeunesse et les problèmes dont elle souffre ne soient pas oubliés.

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REMERCIEMENTS Les jeunes habitants qui se sont exprimés Les équipes éducatives des collèges publics et privés de Strasbourg Le service Imprimerie-Reprographie de la Communauté urbaine de Strasbourg La médiathèque André-Malraux pour son accueil La mission Jeunesse de la Ville de Strasbourg

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Couverture imposée (4,3 mm)_Mise en page 1 26/05/14 13:03 Page2

Enfants en danger ? Parents en difficulté ?

Good Eye’D I 01 74 71 03 33

Le mieux, c’est d’en parler !

www.allo119.gouv.fr


Couverture imposée (4,3 mm)_Mise en page 1 26/05/14 13:03 Page1

Le Conseil des Jeunes de Strasbourg # Égalité

Le Conseil des Jeunes de Strasbourg # Égalité

HARCÈLEMENT, CÈLEMENT T, BRISONS LE SILENCE !

HARCÈLEMENT, CÈLEMENT T, BRISONS LE SILENCE !

LA COMMISSION ÉGALITÉ DU CONSEIL DES JEUNES DE STRASBOURG BA Khady # BATAILLOU Mariluz # BAUMERT Anaïs # BENCHAIB Narjis # BUCHY Laura # FILIZ Élisa # FLORENTINO Maëlys # KNIBIEHLY Yazid # KÖKSAL Batuhan # LEMLE Marine # LEVEQUE Bastien # MANIEN Julia # MARZOUK Inès # MEICHEL Margot # NEUFELD Lucas # SCHMITT Marc # SCHREIBER Lorelei

COORDINATION Laurence MAULER, Responsable de la mission Jeunesse - Ville de Strasbourg

ISBN : 2-8451-2063-1

Avril 2014


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