Extrait de "Miss.Tic, femme de l'être"

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extrait


Sommaire Une poétique de la rencontre

Je me suis heurté à un mur Démystification et malentendus Le mauvais genre

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Pochoirs ou tags ? Un conflit de valeurs

Miss.Tic fait-elle des graffitis ? Miss.Tic la dégraffeuse : la fin ne justifie pas tous les moyens Un espace qui ne manque pas d’air L’inexorable fuite du temps Une ville à vivre au plus juste Un autre contexte : Toi et Moi Un geste d’amitié Une marque de caractère internationalement reconnue « Je t’aime temps » ou le bombage en devenir

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Le dernier procès du XXe siècle contre l’art

Législation et légitimation Quels sont les faits reprochés ? Que dit la loi ? Le débat contradictoire et les décisions de justice Les conséquences du procès sur le travail de Miss.Tic

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À quoi reconnaît-on un Miss.Tic ?

Une signature ou comment se faire un nom Des images peu sages Un texte : aphorismes, épigraphes, épigrammes

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« Poétiquement vôtre » : Miss.Tic dans le corps du texte

Les « mots cœurs » ou les jeux de maux missticiens Un art poétique « Poète vos papiers »

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L’ œ u v r e e n d e v e n i r

Recyclages Cycles Le pochoir en voie de légitimation : Je ferai jolie sur les trottoirs de l’histoire de l’art Éros dans tous ses états Le pochoir entre l’un et le multiple

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Miss.Tic et la politique

« Pute et insoumise » La Présidence au féminin singulier Deux figures libertaires : Sulak et Vaneigem

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Miss.Tic : une image de marque ?

Des produits à la dérive Les commandes institutionnelles

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« To u t a c h e t e r s a u f l e d é s i r »

Esthétique du minimum relationnel De l’éphémère à l’icône

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Tr a d u c t i o n e n l a n g u e a n g l a i s e

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Annexes :

Glossaire Biblio-webographie Notes Miss.tic, expositions et réalisations

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Les termes définis dans le glossaire sont signalés par un astérisque. Dans l’ensemble les œuvres de Miss.Tic sont des pochoirs sauf mention contraire signalée en légende.

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UNE POÉTIQUE DE LA RENCONTRE



Une poétique de la rencontre

Je me suis heurté à un mur

« Je serai ta gueuse », 2003, Paris 13e. Photographie Roswitha Guillemin.

Au hasard d’une promenade dans Paris, dans le doux quartier de la Butte aux cailles, aux allures villageoises, un pochoir que je découvris à l’improviste suscita en moi émotion et curiosité : Je serai ta gueuse. La déclaration d’amour était provocante et directe. L’inconnue affirmait son désir en se donnant en spectacle. La belle ne me regardait pas, mais se savait regardée, occupée à soigner sa pose. Une femme ainsi à la rue ne pouvait être qu’une fille de mauvaise vie. Et il faut l’être pour oser s’afficher ainsi. Elle se tenait au coin de la rue. La rue de l’Espérance. Jamais rue ne fut si bien nommée. Cette femme m’apostrophe et exhibe son désir. Sa pose suggestive mime déjà le glissement d’une caresse, le frôlement d’une épaule, une nuque qui s’offre aux baisers et des paupières qui se recueillent sur le plaisir tout juste cueilli. Elle m’interpelle même au nom de ce désir : elle veut être mienne. Elle me prend à parti et m’implique dans son jeu. Lascive, son envie n’existe que de se sentir elle-même désirée en retour. Ça me parle : tu seras ma gueuse et je serai ton roi ! Nous sommes faits l’un pour l’autre, « félins pour l’autre » ajoutera-t-elle ailleurs comme une promesse d’amours féroces. Voilà que son apostrophe éveille en moi un désir d’aimer, un désir de connaître. Te voilà à la rue, et me voici à ta rencontre. Et c’est là que je me suis heurté à un mur. Cette parole de désir n’était qu’un fantasme, de l’encre sur un enduit. Cette image était la projection parfaite de mon désir de désir. Cette gueuse sexy avait tout pour plaire, trop belle pour être vraie. Elle portait la panoplie complète de la photographie de charme ou de lingerie fine. Pas une jarretelle ne manquait. Et j’ai donné dans le panneau ! « Les images des femmes que je représente, écrit Miss.Tic, sont issues des magazines féminins, je les détourne. Je développe une certaine image de la femme non pour la promouvoir mais pour la questionner. Je fais une sorte d’inventaire des positions féminines. Quelles postures choisissons-nous dans l’existence ? » 1 9


MISS.TIC, FEMME DE L'ÊTRE

En fait cette gueuse ne me parlait pas de son attirance, mais de la mienne: de mon rêve masculin qui veut la femme désirable et désirante, projeté sur les murs de Paris. Elle m’a pris au piège de mes propres représentations. Cette figure aguicheuse était la parabole de mes turpitudes. Me voilà leurré par une Salomé dont la danse dévoilée me fit perdre la tête. J’ai pris ses mots pleins d’esprit pour des mots d’amour quand ils étaient un mot d’auteur. Ces lettres pochées sur la pierre ravivaient en moi la mémoire de lettres d’amours 10

« Ce qui m’éloigne de toi me sépare des autres », 2002, Paris 13e. Photographie Raoul.


Une poétique de la rencontre

anciennes, de ce temps béni où un seul mot lu dilatait les poumons, ouvrait l’espace, ensoleillait l’horizon d’une promesse de légèreté. Ce jeu du désir, ce dialogue entre toi et moi, l’un par l’autre et l’un pour l’autre, n’était donc qu’un jeu de mots, une saillie, un glissement de sens sur les signes : « ta gueuse » serait une tagueuse. Et voilà que sur les murs des surprises, sur les lèvres attentives, bien au-dessus du silence, tu écris ton nom : Miss.Tic. Il porte l’attrait au niveau du mystique, là où les mots ne jouent plus parce qu’ils réfèrent à un sens au-delà des sens.

Démystification et malentendus « Et alors ? », diront les inévitables esprits chagrins. « Ce ne sont que jeux de mots », renchériront les détracteurs. Miss.Tic est amusante toujours, piquante parfois, intéressante à l’occasion, mais il n’y a pas lieu de s’y attarder. Son art du pochoir vaut ce que vaut la rue : un espace de passage. « Car quoi ?, que dire de ses épigrammes ? Comment analyser ses jeux de mots ? », se demanderont les fâcheux. Rien de plus ennuyeux que de décortiquer l’humour. «Et que penser de ses pochoirs ? » Les critiques s’accumulent. Pour les uns, elle se répète, car c’est toujours des histoires de femmes. Pour les autres, c’est une bonne dessinatrice, sans plus, son travail étant parfait pour de la publicité ou des affiches. D’ailleurs Ucar a songé à elle avec succès, et le théâtre ou le cinéma l’ont employée à bon escient. Pour d’autres encore, son imagination est décorative et distrayante, idéale pour de la lingerie fine. D’ailleurs elle en a dessiné. Pour de tels grincheux ce n’est guère plus qu’une graphiste de talent qui ne sera jamais une grande artiste. D’ailleurs peu de ses œuvres ont été achetées par les musées d’art contemporain, c’est dire si sa reconnaissance est limitée… Ainsi d’une façon ou d’une autre Miss.Tic doit être rangée dans une espèce préétablie, ce qu’on appelle savamment 11


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les catégories esthétiques déclinant les modalités du beau et de la spiritualité, ou encore les genres artistiques, grands ou petits, voire les hiérarchies entre arts majeurs et arts mineurs. Selon ces classifications traditionnelles Miss.Tic relève de l’humoresque*, de la peinture de genre qu’est la scène familière, des arts mineurs que sont les arts décoratifs, le pochoir étant d’ailleurs une technique décorative à la portée de tous, ou des arts appliqués dans lesquels on range souvent la bande dessinée. De nouveau, voilà ses œuvres jetées à la rue, cette fois-ci parce que les temples de l’art réputé noble, les musées, ne voudraient pas d’elle. Se pose donc un problème de reconnaissance sociale. Pourtant Jean-Michel Basquiat et Keith Haring n’étaient-ils pas des artistes des rues et des murs eux aussi ? Et partout on vante leur spontanéité détonante. Faut-il attendre que Miss.Tic meure pour l’honorer ? On dira que se joue dans la peinture de Basquiat les affres d’une âme tourmentée, d’une existence déracinée. Miss.Tic serait-elle donc victime de son élégance qui habille d’humour son sens aigu de la tragédie humaine ? Sa légèreté résulte d’un long travail sur soi qui lui a donné le sens de l’existence et la valeur des jours heureux. Elle en tire des observations générales, ciselées en formules percutantes. Miss.Tic a fait un autre choix existentiel : le trait d’esprit. Alors que l’humour est un choix éthique qui conduit à vouloir sourire des situations absurdes et de ses propres faiblesses, le trait d’esprit est le rapprochement incongru, mais pertinent, de deux ordres qui semblaient à tort éloignés. Le sourire naît lorsque apparaît, par delà la surprise de l’incongruité, l’intelligence du propos. Miss.Tic ne fait donc pas de simples plaisanteries, mais propose par ses épigrammes une vision synthétique d’attitudes existentielles. « L'ado au mur »,

Un exemple ? L’ado au mur une bombe à retardement Ce jeu de mots semble travailler la langue en deux sens. 12

2006, Paris 13e. Photographie Miss.Tic.



MISS.TIC, FEMME DE L'ÊTRE

D’un côté, un détournement phonétique et sémantique de l’expression « le dos au mur » en « l’ado au mur », ce qui en soi est un jeu de mots banal. D’un autre côté, l’amalgame de deux formulations, « être une bombe », désignant une femme très sexy, et « bombe à retardement ». Or ce rapprochement d’expressions, venant commenter l’image d’une adolescente songeuse appuyée contre un mur, donne une profondeur à cette situation. Une jeune femme séduisante, acculée à se livrer à la rue, causera beaucoup de soucis à ceux qui en sont responsables, mais surtout des dégâts à ellemême. Un parent reconnaissant dans cette adolescente l’image de sa fille désinvolte prendra ce trait d’esprit à la légère, l’observation de Miss.Tic donnera à cette contrariété personnelle une dimension générale, prêtant à sourire, car, comme on dit, « il faut que jeunesse se passe ! ». Mais cette légèreté a son versant grave, car une jeune fille à la rue est un désastre programmé qu’on ne comprend que plus tard, quand l’âge de la sagesse nous fait dire « j’ai gâché mes plus belles années ! ». Descendre Dans La rue Ou Y finir.

Ce « ou » marque, par son isolement, l’alternative exclusive dont la rue est l’objet, lieu de luttes pour mieux vivre ou couloir de la mort. Espace à vivre, la rue peut également être un lieu de fin de vie. Le tout est d’en avoir conscience. Miss.Tic mérite donc plus qu’un simple attachement amusé. Toujours est-il qu’elle suscite des jugements contradictoires. D’emblée elle plaît, son sens du mot en situation amuse et étonne, son dessin clair et direct procure une satisfaction esthétique. Mais par la suite, on la délaisse, on la déclasse en mode mineur. Pourquoi donc cette dévaluation entre l’émotion première et le jugement dernier ? Parce que 14


Une poétique de la rencontre

se rejoue avec elle ce qui s’est joué depuis des siècles dans l’histoire des femmes artistes : un cantonnement dans les petits genres. De façon larvée, le même préjugé machiste, selon lequel une femme ne peut avoir de profondeur autre que physique, renaît sous d’autres formes. La Miss a beau clamer qu’elle travaille tous les supports depuis les années 1980, elle a beau remplir ses carnets d’aphorismes poétiques, elle a beau exposer ses toiles grand format, peu importe : pour beaucoup elle reste encore une femme de la rue, une muraliste. Voilà le cœur du malentendu: pour Miss.Tic, le mur n’est qu’un mode d’exposition ou d’expression parmi d’autres. La maturité venant, elle se lasse d’être cataloguée comme « artiste des rues féministe », ce qui, il est vrai, réduit son œuvre d’auteur, de peintre multi-supports aux techniques mixtes, et la cantonne dans le rôle de la bonne diablesse sans comprendre ce que son esprit donne à penser. Toutefois, il est notoire qu’une œuvre dit plus que ce que l’artiste a voulu ou cru y mettre. C’est pourquoi un public peu au fait de l’art contemporain, peu familier des galeries, peu aventurier, en reste à cette expérience esthétique immédiate, abordable et accessible que constitue la rencontre d’un pochoir dans la rue. En ce sens, Miss.Tic est victime de sa générosité. Cette forme d’amitié et de tendresse qui transparaît de ses pochoirs en fait une sorte de phénomène que tout le monde veut voir et connaître sans vraiment prendre le temps de regarder, comme si la première impression donnée par ces pochoirs était la bonne, c’est-à-dire la seule à retenir là où il faudrait un temps de latence pour laisser affleurer ce qui sommeille en eux et voir le lien avec le reste de l’œuvre.

Le mauvais genre Une femme à la rue qui dégrade les murs de Paris avec ses dessins, une femme qui s’expose et affiche son désir, ça fait mauvais genre. Cette expression de « mauvais genre » doit 15


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s’entendre dans la richesse de son équivoque et Miss.Tic joue de ces ambiguïtés. D’abord, le mauvais genre selon les beaux-arts. La théorie des genres, élaborée par les grands théoriciens de l’art, d’Aristote à Diderot, a produit des délimitations, des hiérarchies, des légitimités et des exclusions. Ainsi le grand genre qui narre la sublime légende des dieux, des héros, des saints et des grands hommes par l’épopée ou la tragédie, s’oppose aux petits genres comme le portrait, la vie de famille ou la bagatelle. Les graffitis de Miss.Tic font mauvais genre. Estce même un genre pour les plasticiens? La chose est en débat. Et pour les historiens de l’art ? Les plus éclairés, comme Denys Riout, y voient un nouveau genre 2. Ensuite, le mauvais genre selon la théorie esthétique désigne un auteur sans style et sans école. En outre, une théorie sociale du goût, disqualifie comme mauvais genre le domaine populaire qui présente des manières vulgaires, manque de distinction ou de raffinement. Ou encore, le mauvais genre selon la morale qui veut qu’une femme à la rue soit une fille de mauvaises mœurs. Enfin, ce prétendu mauvais « genre » que dénonce le féminisme, le féminin étant perçu comme le genre de tous les dangers, vu que, selon la règle grammaticale en vigueur, le masculin l’emporte 3. Ce dernier point rassemble tous les préjugés. Dans la tradition des beaux-arts, les femmes étaient cantonnées dans des arts et des thèmes précis. N’ayant pas le droit, pour raison de décence, d’œuvrer d’après des modèles déshabillés, la sculpture et la peinture de nus académiques leur étaient refusées, tout comme la peinture d’histoire mettant en scène des nus « héroïques ». De grandes femmes peintres comme Vallayer-Coster ou Vigée-Lebrun durent se contenter d’une illustration liée institutionnellement à la condition féminine : portrait, bouquets de fleurs, vie de famille, intérieurs. À la femme revenait une tradition intimiste et pudique. Selon les apparences du bon goût, Miss.Tic cumule donc ces dépréciations. Mais c’est pour mieux les retourner en sa faveur. 16


Une poétique de la rencontre

« Pour des vits meilleurs », 2003, encre aérosol sur papier Arches, 50 x 65 cm.

Le pochoir est-il un art populaire à la portée de tous les talents et de toutes les bourses ou réduit à une décoration, supposée être sans grande créativité ? Miss.Tic en fait la marque d’une nouvelle école parisienne, réhabilite la figuration au plus près des émotions populaires là où un art d’élite se complaît dans un conceptualisme du vide. Elle lui donne la touche d’un style propre, multipliant les combinaisons et les variations. 17


MISS.TIC, FEMME DE L'ÊTRE

Elle rejette donc cette idée d’un art en mode mineur. Pour elle la femme est majeure, politiquement, moralement, financièrement, sexuellement et artistiquement. Le combat de rue est donc bien le terrain de cette majorité puisque ce qui faisait « mauvais » genre – le comique, le peuple, la rue, la sensualité – est retourné en beau genre. Ce qui faisait petit genre est agrandi aux dimensions de l’espace public : le portrait, en gros plan ou sur pied, devient monumental. Elle abolit la scission entre intimité féminine et extériorité masculine en projetant l’intériorité sur les façades d’une ville. Elle porte haut la clameur des blessés de la vie. Elle sort la manière féminine de ses conventions, la féminité n’étant plus la pudeur, mais la félinité. Sur ce point la série Muses et hommes est caractéristique. En effet, le bon genre prend soin de distinguer le musée de la rue. D’un côté les grandes collections dans de grands monuments qui sont autant de mémoriaux des grands hommes ; d’un autre côté, les placards, les affiches, les graffitis qui sont les traces ordinaires du menu peuple, même si les épigraphistes doivent parfois s’en contenter. Miss.Tic abat ces cloisons. Elle rend caduque l’opposition entre la copie et l’original. Comment définir ces reprises de Delacroix, d’Ingres, de Renoir ? Copies, pastiches, hommages, appropriations, études, détournements ? Des révélations, au sens photographique. Ces pochoirs rendent visible l’image latente du grand genre : la femme battue, victime récurrente d’un imaginaire masculin dominateur. Elle assume donc tous les reproches. Ils ne sont ni justes ni faux : ils sont d’une autre époque. Car son genre, ni bon ni mauvais, est libre. Je pense que la Miss est une artiste de bagatelles. J’entends bagatelle* dans son sens ordinaire de frivolité assumée, dans son sens libertin de sensualité revendiquée, et dans son sens artistique de pièce volontairement légère. Avec Miss.Tic la bagatelle affichée a du corps, et reste superficielle avec profondeur : « je prête à rire mais je donne à penser ». 18

« Je prête à rire mais je donne à penser », 2006, Paris 13e. Photographie Francis Beddok.



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Miss.Tic est-elle une artiste majeure ? L’histoire jugera. J’aimerais montrer que sa poétique s’inscrit dans une évolution qui, outre l’expérience d’une rencontre, devient l’histoire de l’art quand les mauvais genres assumés forment une promesse de bonheur. Il ne s’agit pas seulement de rendre justice à la Miss, de montrer l’intérêt de son œuvre, mais encore de comprendre en quoi sa légèreté de ton, avec ses formes brèves et ses fonds mêlés, est l’art de notre temps et touche le fond de l’âme. Faut-il pour cela en faire un commentaire savant ? D’aucuns, dès qu’ils ont un lustre de philosophie, veulent interpréter son œuvre comme l’illustration d’une doctrine. Et comme elle nous parle du désir, la voilà étiquetée platonicienne, spinoziste, sadienne, lacanienne ou deleuzienne… Pour ma part, je délaisse ma bibliothèque. Je pars de son travail, de ses outils, de ses œuvres évidemment, de son histoire, de ses scrupules, de ses choix, de sa joie, de ses espoirs, de ses lectures, de ses maîtres, de ses amis. Car une œuvre d’art n’est pas une idée tombée du ciel, mais le fruit de mille efforts combinés dans une heureuse trouvaille.

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[…]


OUVRAGE PARU EN NOVEMBRE 2014 Une femme s’expose, se met en scène et prend la parole. Une artiste paraît. Cette féminité fait corps avec son art. Elle est la proclamation d’une identité. Pour exister au regard des autres, elle se donne un nom : Miss.Tic. Cette artiste se joue avec humour du désir et de ses images de séduction stéréotypées. Son œuvre est l’affirmation d’une femme d’esprit contre toutes les formes de soumission. Christophe Genin, par cet essai, veut cerner l’originalité de Miss.Tic, artiste polymorphe qui allie le mot et l’image, l’aphorisme et le graphisme, et dont la technique particulière – le pochoir – lui permet de passer du poème au dessin, des arts plastiques au design, du musée à la communication visuelle. L’originalité tient également à ce jeu sur le genre féminin, auquel il convient de rendre justice. Cette nouvelle édition comporte un cahier supplémentaire, qui revient sur les cinq dernières années de la carrière de l’artiste et enrichit cette première étude publiée sur Miss.Tic, nourrie de nombreux entretiens avec l’artiste et de photographies originales. Elle couvre l’ensemble de son œuvre en analysant ses diverses formes artistiques, des premiers pochoirs de rue aux dernières toiles, des poèmes aux affiches, et en s’intéressant à l’évolution de son statut social, de l’illégalité vers la reconnaissance officielle.

RETROUVEZ-NOUS SUR : www.lesimpressionsnouvelles.com www.missticinparis.com

DIFFUSION/DISTRIBUTION : HARMONIA MUNDI EAN : 9782874492310 ISBN : 978-2-87449-231-0 208 PAGES - 26,50 €


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