Grains de Sel n°73

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Rencontre

> “Le polar, c’est le genre idéal pour entrer en littérature” Les éditions Syros ont un principe : ne pas faire travailler les auteurs spécialisés pour la jeunesse sur les livres destinés aux enfants ou adolescents. “ Cela donne donc des romans jeunesse assez singuliers” constate Romain Slocombe, auteur de plusieurs polars dans la collection Souris noire chez Syros. Après avoir écrit un premier roman punk dans les années 80, l’écrivain, fasciné par la BD underground et la culture japonaise, a travaillé comme illustrateur pour Je bouquine, avant de commencer à publier pour les adultes – son dernier roman, Shangaï Connexion, vient de sortir chez Fayard -, et pour la jeunesse chez Syros. Un livre sur les boat people, puis des polars. “Le polar, c’est le genre idéal pour entrer en littérature car il y a tout de suite une intrigue qui accroche, du suspens” estime Romain Slocombe, qui milite activement pour éveiller le plaisir de la lecture chez les jeunes. Récemment, en intervenant dans une école, l’écrivain a découvert que “les caïds de la classe avaient décrété que c’était nul de lire ; du coup, les mômes n’osaient plus lire, c’est grave ! Car la lecture fait travailler l’intelligence, donne des armes et des ailes pour le futur” estime-t-il. Quand il écrit pour la jeunesse, Romain Slocombe se met “dans la peau du gamin” qu’il était et pense “avant tout au plaisir du lecteur”. Il évite d’être “trop lourd sur la sexualité et la violence”, tout en essayant de montrer les choses telles qu’elles sont. “J’écris souvent à partir de la réalité” explique-t-il. Son dernier polar jeunesse, Faux détective, part d’une situation, observée, de violence sur un parking. Le prochain, Détective sur cour, sorte de remake de Fenêtre sur cour d’Hitchcock, s’inspire d’un vrai récit d’ado lu sur Internet. “Les auteurs de noir doivent avoir l’œil ouvert sur la réalité sociale et politique ; la part d’imaginaire réside dans la manière d’organiser tout ça” estime-t-il. C’est d’ailleurs le conseil qu’il donne aux enfants qui partiront de la situation initiale de son dernier roman pour concourir au prix des nouvelles jeunesse de Quais du polar*. “Inspirez-vous de ce que vous connaissez ; le quotidien peut se transformer en policier !” L’histoire est également une importante source d’inspiration pour Romain Slocombe : Monsieur le commandant explore la seconde guerre mondiale du côté d’un “salaud” qui rédige une lettre de dénonciation. Les lycéens, “très éveillés sur ces thèmes du racisme et de la collaboration” d’après Slocombe, ont choisi ce livre intriguant comme finaliste du prix Goncourt des lycéens 2011.  En partenariat avec Grains de Sel. La meilleure nouvelle sera publiée dans notre numéro d’avril. Remise du prix le 1er avril à 15h.

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