Atlas du Pays de Herve

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ATLAS DU PAYS DE HERVE Une réalisation collective des étudiants de 3ème BAC en Géographie Année académique 2013­2014


Table des matières

ÉVOLUTION DE LA POPULATION, par Violaine Coulon POPULATION ÉTRANGÈRE, par Charlotte Orban

LES SECTEURS D'ACTIVITÉ ÉCONOMIQUE, par Antoine Dille AGRICULTURE, par Barbara Estiévenart SYLVICULTURE, par John Doulié LES NAVETTES, par Laura Gutierrez Florez

UNE DISPERSION DES REVENUS INATTENDUE, par Louise Kesteloot CHÔMAGE, par Corentin Sanchez Trenado

LE PAYSAGE POLITIQUE, par Niels Regnier

ACCUEIL DE LA PETITE ENFANCE, par Roxane Gossart LE TRANSPORT EN COMMUN, par Bianca Drepper LE LOGEMENT SOCIAL, par Astrid Dujeu


Présentation Cet Atlas a été réalisé par les étudiants de troisième BAC en Géographie à l'Université Libre de Bruxelles, dans le cadre du cours « Analyses et représentations spatiales », encadrés par Eléonore Wolff, Christian Dessouroux et Alice Romainville. La zone étudiée est composée de 37 communes de l’est de la Belgique. Elle est limitée à l’ouest par la Meuse, au nord et à l’est par la frontière nationale, au sud par le plateau des Hautes-Fagnes. Du point de vue des régions paysagères, elle comprend essentiellement l’entre-Vesdre-et-Meuse, ou pays de Herve, et une partie de l’Ardenne. Du point de vue administratif, elle comprend une partie de l’arrondissement de Verviers (dont plusieurs communes germanophones), une partie de l’arrondissement de Liège, et la commune des Fourons (en région flamande). Elle comprend l’ensemble de la région urbaine de Verviers, et la partie est de la région urbaine de Liège.

Avertissement important : les planches intégrées à cet atlas sont celles dont le contenu a été jugé suffisamment fiable pour être diffusé. Des erreurs peuvent toutefois subsister !


EVOLUTION DE LA POPULATION Les composantes de l’évolution de la population D’un point de vue démographique, l’évolution de la population dépend de trois phénomènes : la natalité, la mortalité et les migrations, qui constituent ainsi les composantes de l’évolution des populations. Ensemble, les deux premières composantes déterminent le taux d’accroissement naturel de la population. Au début du 19ème siècle, la Belgique a débuté sa transition démographique, c’est-à-dire qu’elle est passée d’un régime démographique caractérisé par une natalité et une mortalité élevées à un régime démographique caractérisé par une natalité et une mortalité faibles (figure 1). Cette transition a débuté par une baisse régulière de la mortalité à partir du début du 19ème siècle, et cela grâce, entre autres, aux améliorations de l’agriculture et donc de l’alimentation, puis à une meilleure hygiène de vie et finalement grâce aux progrès de la médecine. Les comportements de fécondité ont, eux, mis plus longtemps à se réduire. C’est en effet seulement à partir de la fin du 19ème siècle que la natalité a à son tour entamé son déclin, et cela suite à un contrôle des naissances qui sera permis par l’apparition de nouveaux comportements ainsi que de nouvelles techniques (DE LAET S. et al, 2014, p.12). La population a donc fortement augmenté au cours du 19ème siècle, comme le montrent les figures 1 et 4, et ce suite à un accroissement naturel élevé de la population. Ce phénomène démographique, qui s’inscrit dans la lignée des autres pays d’Europe occidentale, permet donc de comprendre une part importante des tendances mises en évidence sur les cartes de l’évolution de la population du pays de Herve de 1831 à 2001. Les valeurs du taux d’accroissement moyen du pays de Herve sont d’ailleurs indiquées sur la figure 3 pour chacune des périodes étudiées et permettent de mettre en évidence les différentes étapes de la transition démographique. Mis à part ces phénomènes naturels, les migrations jouent également un rôle très important dans la compréhension des phénomènes démographiques. Ces dernières sont étroitement liées aux modalités du développement économique de la région concernée au cours du temps.

Figure 1 : La transition démographique en Belgique Source : DEBUISSON M. et al, 2000, p.11.

Figure 2 : Carte de la densité de population du pays de Herve en 1831

Le bouleversement de la révolution industrielle Jusqu’en 1830, la Wallonie reste peu peuplée par rapport à la Flandre, où se concentre la population suite au développement dans cette région d’une proto-industrie rurale lainière. Toutefois, la ville de Liège se détache en tant que la plus grande ville wallonne. Elle constitue également un pôle démographique important à l’échelle du pays. Cette prééminence de Liège s’explique d’une part par son ancien statut de ville-capitale d’une principauté ecclésiastique et d’autre part par la précocité de sa révolution industrielle. Cette dernière s’est notamment appuyée sur la bourgeoisie locale ainsi que sur une tradition artisanale de fabrications métalliques. La ville de Verviers représente elle aussi un pôle démographique important à l’échelle wallonne suite à son activité économique lainière rapidement industrialisée. Celle-ci a été permise notamment par la présence de réserves de maind’œuvre dans les bocages herviens, visibles sur la figure 2 (VANDERMOTTEN C. ET DECROLY J-M., 1995). La carte des densités de 1831 du pays de Herve nous montre ainsi les villes de Liège et de Verviers qui se distinguent par leur forte densité. Dès 1840, la proto-industrie flamande s’effondre suite à la concurrence anglaise ainsi qu’au désintérêt du capital belge qui va se tourner vers le charbon et l’industrie lourde. La Belgique entre alors dans une phase économique caractérisée par l’émergence des chemins de fer et de la sidérurgie. C’est le sillon wallon situé le long de la Sambre, de la Haine et de la Meuse qui sera le lieu d’une révolution industrielle associant le charbon et la métallurgie lourde. En effet, au début du développement industriel, le chemin de fer n’est pas encore développé, limitant ainsi les conditions techniques de transport. Le coût encore élevé de ce dernier va donc imposer la proximité entre les mines, les sidérurgies et les industries au niveau des gisements charbonniers du sillon wallon (VANDERMOTTEN, 2003, p.193). La Wallonie connaît ainsi une croissance plus importante qu’en Flandre, inversant les tendances d’avant 1830. Dans le pays de Herve, la croissance démographique au cours de la période 1831-1866 (figure 3) est particulièrement marquée le long, d’une part, des vallées de la Meuse et de la Haine constituant le sillon wallon et où se développe une industrie métallurgie lourde, et d’autre part, le long de la Vesdre où se déploie une

Figure 3 : Cartes de l’évolution de la population du pays de Herve de 1831 à 2001

industrie textile à partir de Verviers. Les centres urbains de Liège et de Verviers, grâce à leur développement industriel, sont donc non seulement les plus peuplés (figure 2), mais possèdent également des taux de croissance de la population élevés suite à un afflux massif de travailleurs (figure 3). Notons que l’essor des fabrications métalliques est plus important à Liège qu’au sein du reste du sillon wallon hervien car les développements peuvent s’y appuyer sur des traditions artisanales (VANDERMOTTEN, 2003, p.195). Afin d’alimenter le prolétariat industriel, qu’il soit métallurgique ou textile, un mouvement de migration des populations rurales, qui serviront de réservoir de main-d’œuvre, vers les zones industrielles se met en place. Toutefois, l’accroissement naturel l’emporte encore sur les migrations rurales. On observe ainsi dans les communes rurales des taux d’accroissement faibles, et plus rarement négatifs (figure 3).

Comme développé précédemment, la croissance démographique liée au développement industriel des communes du sillon wallon s’inscrit dans une phase générale d’essor démographique induite par le début de la transition démographique. Cependant, les cartes de l’évolution de la population du pays de Herve des deux premières périodes (figure 3), correspondant au développement industriel, nous montrent que les variations locales sont plutôt liées aux mouvements migratoires internes qu’à la transition démographique elle-même. En effet, un important mouvement d’exode rural, soutenu par l’amélioration progressive des techniques agricoles, draine les populations des communes rurales vers le sillon industriel où les besoins en main-d’œuvre sont très importants. C’est donc l’évolution économique et plus particulièrement industrielle de l’époque qui permet de comprendre les tendances observées (DE LAET S. et al, 2014, p.12).

Au cours de la période 1866-1910 (figure3), les tendances restent assez similaires. Le phénomène d’exode rural se dessine toutefois plus nettement : aux taux d’accroissements de population positifs des zones industrielles sont associés des taux négatifs dans les zones rurales. Les taux de croissance positifs de certaines communes rurales plus éloignées peuvent s’expliquer par la croissance naturelle de leur population (DE LAET S. et al, 2014, p.15).

La fin de la transition démographique De 1910 à 1961, l’évolution de la population du pays de Herve est marquée par des tendances nettement différentes. En effet, la figure 3 nous montre que le sillon industriel ainsi que la vallée de la Vesdre se fondent dans les taux décroissants de l’ensemble de la région. Dans cette première moitié du 20ème siècle, la croissance s’estompe dans toutes les communes du pays de Herve à l’exception de celles de la périphérie liégeoise.


Figure 4 : Graphique de l'évolution moyenne de la population, ainsi qu'en zone urbaine (Liège) et rurale (Herve) de 1831 à 2001 Source : INS, recensements belges et allemands

Une première explication de ce phénomène est le fait que cette période coïncide avec le début de la baisse de la natalité belge, engendrant ainsi la phase finale de la transition démographique et donc une diminution de la croissance naturelle (DE LAET S. et al, 2014, p.17). Une seconde explication est le dynamisme capitaliste particulièrement médiocre que l’on observe en Belgique des années 1870 jusqu’à l’entre-deux-guerres, lié à un manque d’initiative et d’agressivité commerciale du capital industriel national belge. De plus, grâce au développement des moyens de transport, on observe un déplacement du centre de gravité de l’industrie belge vers l’axe métropolitain BruxellesAnvers. Seuls les secteurs industriels impérativement liés au charbon vont se maintenir au sein du sillon wallon (VANDERMOTTEN C, 2003, p. 201-207). Ainsi, seule la ville de Liège, où se maintient une activité sidérurgique, demeure un espace attractif. Toutefois, la croissance de son centre-ville est nettement moins prononcée, voire nulle, alors que la population croît dans les communes de sa périphérie : les banlieues se développent. Cette prémisse de périurbanisation sera permise, dès 1880, par le développement d’un réseau de tramways vicinaux ainsi que d’abonnements ouvriers. La ville de Verviers a, quant à elle, perdu son caractère attractif suite au déclin de son industrie lainière et connaît une diminution continue de sa population. Dans les campagnes, l’amélioration continue des techniques agricoles favorise toujours un exode rural. Malgré la diminution de l’attractivité des pôles industriel, cet exode rural est plus marqué encore qu’au cours des périodes précédentes car il est de moins en moins atténué par la croissance naturelle de la population.

La perte d’attractivité des villes et les débuts de la périurbanisation Au cours de la dernière période 1960-2001 (figure 3), la ville de Liège commence également à afficher des taux de croissance de population négatifs. En effet, à partir des années 60 et surtout des années 70 (figure 4), les classes moyennes des zones urbaines ont tendance à migrer vers les espaces périphériques ruraux. L’ampleur de ce processus, appelé périurbanisation, est permise

par différents facteurs tels que la généralisation de l’automobile, le plus faible prix des terrains en périphérie et l’encouragement des pouvoirs publics par la mise en place de prêts à taux favorables pour l’acquisition à la propriété (DE LAET S. et al, 2014, p.18). En plus de ce phénomène de périurbanisation, la crise de l’industrie wallonne aura tendance à intensifier les migrations depuis les villes. Cette crise, qui s’annonçait dès la fin des années 1950 suite à la multiplication des fermetures de charbonnages, se concrétise dans les années 1960. La diminution importante du nombre d’emploi qui en découle accentue la perte d’attractivité des villes ainsi que des communes industrielles du sillon wallon (DE LAET S. et al, 2014, p.18). Toutefois, certaines de ces communes au passé industriel présentent tout de même des taux de croissance de population positifs au cours de la seconde moitié du 20ème siècle. Ce phénomène peut s’expliquer par la migration périurbaine des populations des villes de Liège ou de Verviers vers ces communes industrielles, sans doute favorisée par le faible prix des terrains. A partir des années 60, le taux d’accroissement naturel de la population belge devient négatif (figure 1). Cela confirme que l’augmentation de la population dans les communes périurbaines est bien le résultat de mouvements migratoires importants. Précisons toutefois que depuis le début des années 2000, la population du centre-ville liégeois tend à réaugmenter suite à la tertiarisation de l’économie. En effet, les centres des plus grandes villes concentrent les activités aux valeurs ajoutées les plus élevées, la finance, les services aux entreprises et les fonctions administratives majeures (VANDERMOTTEN C, 2003, p. 225). De manière générale, nous pouvons donc conclure que le bilan naturel ne permet pas d’expliquer les évolutions démographiques de la région. C’est plutôt l’étude des mouvements migratoires qui est à même de fournir une explication pertinente de l’histoire de la population du pays de Herve au cours des deux derniers siècles (JAEGERS A., 2013, p.16). En effet, au cours du 19ème siècle, la révolution industrielle va fortement transformer le paysage hervien : les campagnes se vident afin d’alimenter le prolétariat urbain (ce phénomène est visible sur la figure 4 comparant l’évolution de la population d’une commune urbaine et d’une commune rurale). Dans un premier temps, les déplacements se font à pied. La population se fixe donc dans les environs directs des industries. A partir du dernier tiers du 19ème siècle apparaît un système d’abonnements d’ouvriers pour le transport et un réseau de tramways vicinaux, permettant le développement de déplacements quotidiens des travailleurs depuis un domicile plus éloigné de leur lieu de travail. Cette tendance à l’installation des populations en périphérie des centres urbains se concrétise à partir des années 60 avec le développement du processus de périurbanisation. La perte d’attractivité des villes sera également soutenue par la crise de l’industrie wallonne et la baisse radicale de l’offre d’emploi urbain qui en découle.

Comment se sont marquées les différentes périodes d’évolution de la population dans le paysage du pays de Herve ? Pour chacune des périodes considérées, le type d’habitat est un excellent indice du passé démographique. En effet, à chaque étape de l’évolution démographique peut être associé un type d’habitat caractéristique.

La migration des populations de classe moyenne vers les périphéries urbaines se fera vers deux types de commune périphérique : des communes au passé industriel et des communes rurales. Dans le premier type, le nouvel habitat périurbain contraste avec le logement ouvrier caractéristique de la période de croissance industrielle.

Le passé industriel des pôles industriels de Liège et de Verviers ainsi que des communes des vallées de la Meuse, de la Vesdre et de la Haine se marque encore aujourd’hui dans le paysage. Ainsi, au cours des deux premières périodes, caractérisées par un développement industriel, la croissance démographique liée à un apport de main-d’œuvre a été associée à un développement important de logements ouvriers, dont un exemple est visible sur la photo ci-dessous. Figure 7 : Contraste entre les logements ouvrier et périurbain dans la commune de Sprimont

Dans les communes rurales, la périurbanisation engendrera le développement de deux types d’habitat distincts. Le premier de ces types d’habitat est la maison familiale quatre façades avec jardin, très caractéristique du phénomène de périurbanisation.

Figure 5 : Photographie de logements ouvriers à Liège

A partir de la seconde moitié du 20ème siècle, la perte de l’attractivité des pôles urbains conjuguée au développement du processus de périurbanisation va entraîner un dépeuplement des centres urbains au profit des périphéries, ce qui va également laisser des traces dans le paysage. Figure 8 : Photographie d'habitat périurbain dans la commune de Olne

Dans les centres urbains, les taux de croissance de la population négatifs (dès le début du 20ème siècle pour Verviers et à partir des années 60 pour Liège) vont entraîner un abandon de logements, plus particulièrement des logements ouvriers, marquant fortement le paysage urbain.

Le second type d’habitat est constitué de fermes anciennes, rénovées et réaménagées. La photo ci-dessous montre le contraste entre les deux types d’habitats périurbains.

Figure 6 : Dépeuplement du centre-ville de Verviers

Figure 9 : Contraste entre les deux types d'habitat périurbain

Violaine Coulon


Population étrangère Qu'est ce qu'un étranger ? Les personnes comptabilisées comme étant « étrangères » par le Registre National sont les personnes possédant uniquement une nationalité étrangère. Les personnes ayant une double nationalité, dont une belge, sont comptabilisées dans la population belge. Depuis le 1er février 1995, les candidats réfugiés ou demandeurs d'asile, inscrits dans le registre d'attente, ne sont pas comptabilisés même si le demandeur d'asile a le droit de résider en Belgique pendant le traitement de son dossier. La première loi sur la naturalisation est entrée en vigueur en 1984 et depuis 2001, tout étranger vivant légalement depuis 7 ans sur le territoire peut acquérir la nationalité belge. (SPF Economie, 2014). Les étrangers en Belgique En 2011, près de 10 % de la population était étrangère dont 66% étaient des ressortissants de l’Union Européenne. Les nationalités les mieux représentées sont : l’italienne, la française, la néerlandaise et la marocaine, qui représentent presque la moitié de la population belge. Depuis ces 15 dernières années, le nombre d’étrangers augmente ainsi que le nombre de naturalisés. La population étrangère est répartie inégalement sur le territoire. Elle est concentrée essentiellement dans trois zones : 1) Les grandes agglomérations : Bruxelles principalement mais aussi Gand et Anvers. 2) Les communes frontalières, bordées par les agglomérations de Lille ( France), d’Aix-la-Chapelle (Allemagne), de Maastricht (Pays-Bas) et de Luxembourg. 3) L’ancien axe industriel wallon. Intéressons-nous maintenant aux raisons historiques qui ont mené à cette répartition de population. ( SPF Economie, 2012, p10).

Histoire de l’immigration en Belgique Au 19ème siècle, en Belgique, débute l’urbanisation permise par l’industrialisation. A cette époque, le pays est une terre d’émigration plutôt qu’une terre d’accueil. Ce sont donc les Belges qui travaillent dans les industries du charbon et du métal. Le peu d’étrangers présents sur le territoire viennent de ses quatre pays limitrophes ( France, Pays-Bas, Allemagne et Luxembourg). L’immigration en Belgique ne commence véritablement qu’après la Première Guerre Mondiale. En effet, les conditions de vie des Belges se sont améliorées si bien que nombre d’entre eux se désintéressent des activités industrielles, trop difficiles et dangereuses. Le manque d’ouvriers dans le secteur minier va être compensé par un apport de main d’œuvre italienne mais aussi d’Europe Centrale et de l’Est, encouragé par les politiques d’immigration.

Avec la crise des années 30, l’immigration est limitée. Cependant, elle reprendra quelques années plus tard, après la Seconde Guerre Mondiale. Des Italiens arrivent en masse pour travailler dans les mines du sillon industriel wallon. En 1956 a lieu la catastrophe du Bois de Cazier à Marcinelle : un incendie s’est déclaré dans le charbonnage, faisant 262 victimes dont la moitié sont d’origine italienne. Cet événement dramatique et éclairant sur les conditions de vie désastreuses des ouvriers va stopper les accords de recrutement entre l’Italie et la Belgique. Le recrutement des travailleurs étrangers s’étend vers des pays plus lointains comme l’Espagne, la Grèce, la Turquie ou le Maroc.

Durant les Golden Sixties, les activités économiques se développent et la population vieillit. L’immigration de jeunes actifs est alors encouragée surtout à Bruxelles. En 73-74, avec la crise liée au choc pétrolier, l’immigration va être contrôlée et ralentie. Les permis de travail ne seront octroyés qu’aux jeunes qualifiés. Fin ‘80, l’immigration, qui était jusqu’ici organisée par l’Etat Belge, se fait de manière plus spontanée, à l’initiative des étrangers. Des population pauvres venant du Tiers-Monde, d’Asie ou d’Europe de l’Est s’installent dans les centres villes pour trouver du travail. (MANDIN J., GSIR S. , 2012, p17)

Etrangers au Pays de Herve Maintenant que nous connaissons les logiques de répartition spatiale à l’échelle du pays, nous allons nous focaliser sur le Pays de Herve et plus particulièrement à quelques communes présentant une proportion d’étrangers importante (voir carte cidessous).


Herstal – Liège – Saint-Nicolas – Seraing La présence d’Italiens y est très importante. Ils représentent près de 50% des étrangers. Cette présence due aux industries est historiques (voir « Histoire de l’immigration en Belgique »).

Verviers – Dison Ces deux communes ont une proportion importante d ’Italiens, Marocains, Turcs, Espagnols et Français. Verviers connaît un essor économique dès 1815 grâce à son industrie lainière. Avec la crise des années ‘30, Verviers, qui jusque là était prospère, décline. C’est pourquoi la présence d’Italiens à Verviers est nettement moins marquée qu’à Liège, Herstal, Saint-Nicolas ou Seraing. Les Turcs et Marocains y sont plus présents car l’immigration s’y est déroulée plus tardivement.

Baelen – Eupen – La Calamine – Lontzen – Plombières – Raeren Parmi les étrangers, plus de trois quarts sont allemands. Ce nombre important d’Allemands s’explique par le fait que ces communes (sauf Baelen et Plombières qui sont des communes à facilités) font partie des Cantons de l’Est qui ont été cédés par l’Allemagne à la Belgique en 1919 en vertu du Traité de Versailles. Actuellement, elles font partie de la Communauté Germanophone de Belgique.

Fourons Ecrasante majorité de Néerlandais. En effet, les Fourons sont situés le long de la frontière avec les Pays-Bas. De plus, le prix de l’essence ainsi que de l’immobilier y sont plus avantageux.(1)

(1) http://www.levif.be

Spa Spa est très multiculturelle car dès le 16ème siècle, elle connaît un essor économique grâce à l’activité touristique créée par la présence d’eaux thermales. Spa devient un lieu de plaisance et de cure pour la noblesse européenne, elle sera surnommée « Le café de l’Europe ». Charlotte Orban


LES SECTEURS D’ACTIVITE ECONOMIQUE: L’économie d’une entité est subdivisée en différents secteurs selon la nature de l’activité mise en œuvre (services, extraction, transformation,…) ; ce sont les secteurs d’activité économique. Il existe de nombreuses méthodes de classification de ces différents secteurs, elles varient principalement en fonction de l’échelle utilisée. Les différents secteurs ont ici été classés selon la Nomenclature européenne des activités économiques dans sa version belge NACE-BEL-2008, qui est divisée en 20 classes. A partir des chiffres de l’emploi sectoriel par commune ; délivrés par l’INASTI pour les travailleurs indépendants et l’ONSS pour les travailleurs salariés, l’indicateur réalisé montre la part des 6 principaux secteurs de la région dans l’emploi de chaque commune, ainsi que le nombre total d’emplois de chaque commune. Ces 6 secteurs sont classés par l’ordre d’importance qu’ils ont dans toute la région, cela permet ainsi de comparer le poids d’un secteur dans une commune par rapport à la moyenne du pays de Herve. La province de Liège a vu son économie subir de grandes modifications au cours du XXe siècle : d’abord bastion de la révolution industrielle, avec un secteur primaire et secondaire très important, c’est aujourd’hui le secteur tertiaire qui, comme dans la majorité des espaces centraux européens, représente le principal secteur économique avec ici en l’occurrence près de 80% des emplois. Cette région connait ainsi aujourd’hui une évolution majeure de sa structure économique qui se caractérise par une stagnation voire un déclin des anciens secteurs traditionnels forts et l’émergence de nouvelles filières.

La répartition spatiale des principaux secteurs de l’économie belge : La Belgique se trouve au sein de l’espace central européen, ce qui se marque par un poids structurel important de la finance et des services aux entreprises (secteurs hautement qualifiés) par rapport à la moyenne européenne. Toutefois, les considérations générales sur l’économie belge masquent des contrastes importants entre les différentes régions du pays : -les services de haut niveau sont concentrés dans la capitale -il existe une forte spécificité dans l’industrie légère en Flandre -l’industrie lourde est en important déclin en Wallonie (province du Hainaut et de Liège), et le secteur non-marchand est surreprésenté par rapport à la moyenne européenne ; ce qui traduirait la faiblesse de son économie puisque c’est surtout à

défaut d’autres activités performantes et du poids toujours important du service public.

Regardons maintenant à une échelle plus fine les disparités que l’on peut observer en tâchant de comprendre leurs origines.

Ces dernières années, on note un déclin accéléré de l’emploi industriel avec, en parallèle, une croissance impressionnante du secteur des services aux entreprises. Ensemble, ces évolutions traduisent la transition de plus en plus marquée de l’activité économique vers un « capitalisme flexible ». Le secteur de l’administration est également en déclin à l’échelle de la Belgique, ce qui traduit les évolutions idéologiques actuelles, prônant une moindre intervention de l’état dans l’économie. Enfin, il est intéressant de noter la progression de la part de l’emploi dans le secteur de la santé ; secteur principal par ailleurs dans les 3 plus grandes communes du pays de Herve ; cette évolution reflèterait toutefois plus des changements démographiques et sociaux (vieillissement de la population,…) qu’une véritable mutation économique. (VANDERMOTTEN C. et al, 2006, p 26-40)

Liège: Liège, en offrant plus du tiers des emplois, est de loin le plus grand centre d’emploi de la région. Sa place de chef-lieu de province, d’arrondissement et le phénomène de métropolisation qui se met en place en parallèle permettent d’expliquer en grande partie la place importante des principaux secteurs. La ville, de par sa taille et sa position, va ainsi concentrer les services à la population, tels les grands hôpitaux, les universités et hautes écoles, les tribunaux,… Ceci permet donc d’expliquer en grande partie la place qu’ont les secteurs de la santé, de l’éducation ou encore de l’administration. De par son passé industriel majeur, on se serait peut-être attendu à une présence importante du secteur de l’industrie manufacturière, or, ce secteur ne représente plus aujourd’hui que 6% de l’emploi de la commune. Liège, comme la majorité des grandes villes européennes, « subit » ces dernières années un processus de tertiarisation important de son économie, les industries ont soit disparu (en parallèle avec une globalisation croissante de l’économie et des progrès technologiques qui

Quelles sont les structures sectorielles de l’emploi dans le pays de Herve ?

engendrent le besoin d’une main-d’œuvre de plus en plus réduite (VANDERMOTTEN C. et al, 2006, p 30)), soit se sont déplacées vers les communes avoisinantes (Seraing, Herstal,…) disposant de larges terrains à prix inférieurs et probablement un environnement plus propice aux industries lourdes de la région. Seraing, Herstal, Oupeye : Ces deux premières communes sont de même taille (20 000 emplois), Oupeye est plus petite, mais ces trois communes de la périphérie de Liège disposent d’une structure sectorielle de l’emploi très comparable, dominée par la présence de l’industrie manufacturière.

Verviers : Verviers est le deuxième centre d’emploi le plus important de la région étudiée, il propose plus de 22 000 emplois. Le secteur le plus important est, comme à Liège, le secteur de la santé, ce qui s’accorde bien avec la place que ce secteur a pris dans l’économie du pays. L’industrie manufacturière y est de nos jours assez peu présente (moins de 10% des emplois), surtout comparée au passé

Il est tout d’abord intéressant de se pencher sur les grandes tendances que l’on peut observer sur cette carte. - Si l’on étudie les disparités spatiales dans le nombre d’emplois par commune on voit bien apparaître les grands bassins d’emplois décrits au chapitre précédent, avec tout d’abord le grand bassin d’emploi que forme Liège et ses deux communes voisines du bord de Meuse : Seraing et Herstal. A elles trois, elles contiennent plus de 53% de l’emploi de la région étudiée. Ensuite on peut considérer deux autres centres d’emploi : Verviers et Eupen, qui sont tous deux assez important à l’échelle du Pays de Herve avec respectivement 22 000 et 12 000 emplois. Enfin, il reste 32 des 37 communes qui proposent chacune entre 1000 et 7000 emplois. - La répartition des 6 principaux secteurs varie quant à elle assez peu entre les communes. Cette part ne dépasse presque jamais le ¼ des emplois dans une grande commune ; pour les plus petites c’est alors un effet de taille qui peut amener à une surreprésentation d’un secteur, nous y reviendrons par la suite. Le secteur du Commerce est le secteur le plus important de la région avec en moyenne 16% de la part du total des emplois par commune ; mais il est surtout intéressant de noter que sa proportion est partout élevée, dans aucune commune étudiée elle ne descend en dessous des 10%. Au contraire par exemple de l’industrie manufacturière (15%), deuxième secteur le plus important de la région, mais dont la part connait de grandes variations entre les communes, passant de 2% aux Fourons à plus de 25 % à Herstal, voir même 40% dans des petites communes. Figure 1: Les secteurs d'activité économique dans le Pays de Herve


80 70 60 50 40 30 20 10 0

40000 30000 20000 10000

2008

1997

1990

1982

1974

1961

1947

1937

1930

1910

1896

1880

0

1846

Nombre d'emploi

50000

%

industriel important de cette commune et sa région. Cette dernière fut en effet un des grands centres européens de l’industrie textile (lainière) jusqu’au milieu du XXe (DESAMA C., 2013). Cette « disparition » témoigne parfaitement des modifications sectorielles auxquelles une région peut être confrontée, nous allons donc l’étudier un peu plus en détail. Aujourd’hui, le secteur de l’industrie textile ne représente plus que 800 emplois sur tout l’arrondissement de Verviers, alors qu’au début du XXe siècle par exemple, près de 25 000 personnes y travaillaient, ce qui représentait 65% de l’emploi industriel. Ces transformations se voient clairement sur le graphique ci-dessous, la part de l’emploi textile dans l’industrie n’a fait que diminuer dès le milieu du XIXe, même si en nombre absolu l’industrie textile à Verviers a connu son apogée au début du XXe siècle.

commune et donc du faible « marché » ; les habitants étant redirigés vers une commune voisine de plus grande taille qui concentre ces services. L’absence de ces services peut être combinée à la présence d’une entreprise de taille relativement importante dont le marché n’est pas limité à la commune, qui peut alors « fausser » la lecture des diagrammes sectoriels. Ce phénomène se produit d’autant plus que le nombre d’emplois est restreint.

Conclusion : Pour conclure nous allons observer la répartition des emplois selon les trois grands secteurs économiques : secteur primaire (concerne la collecte et l’exploitation des ressources naturelles), secteur secondaire (concerne la transformation de ces matières premières) et secteur tertiaire (qui regroupe les services, le commerce,…). On remarque ainsi la quasi-absence du secteur primaire en termes de nombre d’emploi, qui n’apparait plus que dans quelques petites communes rurales. La tertiarisation de l’économie apparait clairement, surtout dans les grandes villes où ce secteur à aujourd’hui une place majeur, comme à Liège où il représente près de 90% des emplois. Cette transformation s’observe dans la plupart des grandes villes européennes, avec des évolutions à l’intérieur même du tertiaire et ainsi un poids croissant du secteur très qualifié des services aux entreprises.

Figure 3 : Illustration des transformations sectorielles à Verviers On est ici sur le Pont du Chêne, à quelques centaines de mètres du centre de Verviers sur la Vesdre. L’image de gauche (www.delcampe.be) date de 1907, l’industrie textile est à son apogée et on peut y voir de nombreuses cheminées surmontant de grands bâtiments, signe de la présence de nombreuses usines. A droite, l’image a été prise en avril 2014, on y reconnait l’Eglise et la rivière. Toutes les fabriques présentes au début du XXe siècle ont disparu, laissant la place à une route et une berge dégagée.

Textile et confection Emploi industriel total (sans la construction) Part du textile dans l'emploi industriel total (en %)

Antoine Dille

Figure 2: Evolution de l'emploi industriel dans l'arrondissement de Verviers source : Recensements industriels, Belgique

Ce secteur a donc presque disparu de la région ; aujourd’hui de nombreuses anciennes usines et entrepôts témoignent de ce passé prospère ; certaines sont à l’abandon, beaucoup ont été détruites, mais d’autres ont également été réaffectées avec la présence d’une nouvelle entreprise ou même comme logements.

Petites communes : Ce dernier groupe renferme les 32 des 37 communes étudiées comprenant entre 1000 et 7000 emplois. La place des différents secteurs dans l’emploi de ces communes ne suit pas vraiment de tendance générale. On peut par exemple retrouver dans une commune un secteur concentrant plus de 40% de la main d’œuvre et, en parallèle, des secteurs n’y apparaissant pas. Ces secteurs fortement représentés étant différents entre les communes. Cette apparente spécialisation relève en fait plus d’une spécialisation « par défaut », elle est due à l’absence de certains secteurs (par exemple des services à la population tels que certaines administrations publiques, des centres de santé, des grandes surfaces,…) du fait de la petite taille de la

Figure 4: La part des trois principaux secteurs de l'économie dans l'emploi du pays de Herve


Agriculture

Carte 1 : Typologie culturale des communes wallonnes ( 2010)

Tour d'horizon de l'agriculture belge : L'agriculture a connu de nombreuses évolutions au cours de ce dernier siècle et plus particulièrement ces cinquante dernières années. Si la part de l’agriculture dans l’ensemble de l’économie de la Belgique est de 1,36% en 1995 et tombe sous la barre des 1 % ( 0,92%) en 20101 du produit intérieur brut (PIB), la part des produits de l’agriculture dans les exportations totales de la Belgique s’élève pourtant à environ 11,5 % en 1995 et 11,2 % en 20102.

En effet, on retrouve quelques terres limoneuses au sein du bassin mais la majorité des terres sont impropres à la culture dû au relief important. Ensuite, on note que les communes du centre (Verviers, Chaudfontaine) possèdent des surfaces agricoles moindre par rapport à la périphérie. Ceci s'explique par le fait que l'ensemble des communes du centre et du bassin de la Meuse comportent de grands centres urbains. Les périphéries urbaines s'étalant dans les campagnes, les terres agricoles disponibles s'amenuisent.

En 2010, 81.000 personnes sont occupées dans l’agriculture, soit 2 % de la population active. En 1950, il y avait encore 539.000 personnes, ce qui représentait 14% de la population active3.

Les communes du sud du pays de Herve sont caractérisées par des surfaces agricoles utiles relativement élevées. Cependant, la surface boisée de ces communes semblent prévaloir. La question de la place de l'agriculture peut donc être posée. Comme cité précédemment, la majorité des exploitations agricoles du pays de Herve sont des exploitations laitières qui ne nécessitent pas de vastes terres fertiles pour de grandes cultures. Les prairies herbagères servant à l'alimentation des vaches, peuvent être réparties entre différentes parcelles boisées.

En trente ans (de 1980 à 2010), le nombre d'exploitations professionnelles a diminué de 63 %. Cette diminution du nombre d’exploitations va de pair avec une augmentation de leur taille moyenne qui a plus que doublée en Wallonie durant la même période. La dimension moyenne d’une ferme est passée de 20,8 ha en 1980 à 51,1 ha en 20104.

Le pays de Herve au sein de la région Wallonne : La structure du pays de Herve reflète les logiques de développement économique qu'a connu la région, qui dépendent, elles mêmes de la richesse du milieu naturel. Les spécificités agricoles de la région sont l'herbage, la production de lait, les fruitiers, le maraîchage et l'élevage. Le paysage se dessine sous forme de bocages et de vergers. On le nomme parfois « région herbagère de l'est de la Belgique » ( carte 1). Le pays de Herve est constitué principalement de petites et moyennes exploitations de type familial ; c'est-à-dire d'exploitations à taille humaine dont l'activité principale est actuellement la production de lait. Cette petite taille s'illustre par le fait que la surface agricole moyenne de la région est de 30 ha alors que la moyenne pour la région Wallonne est de 51,1 ha 5. On note une homogénéité au niveau de la surface des exploitations (carte 2). En effet, peu de communes se distinguent de la moyenne de la région. Cependant, on remarque que les communes se situant dans le bassin de la Meuse sont caractérisées par des exploitations de tailles supérieures à la moyenne. Le facteur qui va varier d'une commune à l'autre est le nombre d'exploitations agricoles. Ce nombre d'exploitations est plus restreint dans le bassin de la Meuse ainsi que dans la région Verviétoise. On note la présence d'un anneau périphérique composé de surface agricole totale plus élevée qu'au centre. Dans l'ensemble, la surface agricole totale est proportionnelle à la surface de la commune. Ces observations peuvent être expliquées par différents aspects du territoire. 1 Source : SPF économie, données en valeurs à prix courants 2 Source : Belgo Stat,selon le concept communautaire,Nacebel. 3 Source : Eurostat et SPF économie 4 Source : SPF Economie 5 Source : Mérenne B., Le pays de Herve, Froidthier 2002

La première spécificité que l'on observe sur la carte 2 est le cas du bassin de la Meuse. Cette région fortement industrialisée a majoritairement orientée son économie vers l'industrie lourde et laissé peu de place au secteur primaire tel que l'agriculture. De plus, d'un point de vue du relief, les zones fertiles, utiles à l'agriculture, sont plus rares que dans le reste de la zone étudiée.

Carte 2 :


Quelques repères dans l'évolution de l'agriculture L'évolution de la capitalisation des exploitations La première observation qui transparait sur ces graphiques ( fig. 1 et fig. 2), est le fait que les prestations de travail par hectare en pays de Herve : agricoles en Wallonie : Les années soixante vont marquer un tournant important pour le monde agricole. En effet, la mécanisation fait son entrée sur le marché et va bouleverser en profondeur les habitudes des fermiers. Beaucoup d'agriculteurs arrêtent la spéculation porcine et se spécialisent uniquement dans la vache laitière. Pour vivre, un agriculteur et sa femme ont besoin de 15 ha et de 30 vaches laitières.6 On remarque un abandon de la fabrication de fromage et de beurre à la ferme, les collectes de lait vont dans les laiteries. En 1962, l'Europe instaure la PAC (Politique Agricole Commune). Dans les années septante, la mécanisation et l'intensification de l’industrialisation des fermes se poursuivent. On constate une forte augmentation des rendements par vache et par hectare. Pour vivre un agriculteur et son épouse travaillent 20 hectares et possèdent 40 vaches laitières 7. En 1984, on instaure un quota laitier dans l'ensemble des pays de l'Union Européenne. En 1992, la réforme de la P.A.C. nommée "Mac Sharry" est mise en place, elle marque le début du démantèlement de la politique des prix garantis pour s'orienter vers une politique d’ouverture aux marchés mondiaux. Au début des années 2000, on observe la coexistence de fermes de différents modèles avec toujours le besoin d'agrandissement pour faire face à l'endettement dû aux reprises de ferme(s), au investissements en bâtiment, en matériel et à l'achat de quota(s). En effet, pour pouvoir augmenter la taille de sa ferme, un agriculteur va acheter un droit de produire supplémentaire. Pour s'en sortir, ou pour leur image, nombre d'épouses ne travaillent plus à la ferme et vont chercher un revenu à l'extérieur. En 2009, a lieu la crise du lait, de nombreuses exploitations de la région seront en grande difficulté. Le prix du lait au niveau mondial est si bas que les fermiers vendent à perte. Une nouvelle crise du lait aura lieu en 2012 8.

La main-d’œuvre est en diminution constante au rythme de -3,2 % l’an9. Parallèlement, la taille moyenne des exploitations agricoles est en perpétuelle augmentation. Afin de palier à cette pression, l’adoption des progrès techniques et de méthodes de simplification du travail est vitale. On va donc substituer le capital au travail. Une tendance observée au sein des exploitations est la spécialisation des activités. En effet, le montant des capitaux spécifiques à chaque spéculation (polycultures, lait, viandes, …) est tel que le nombre de spéculations pratiquées au sein d'une ferme se réduit drastiquement. Il est donc très compliqué de se reconvertir dans un autre secteur d'activité agricole. Pourtant, les gains de productivité en agriculture ont été colossaux ces cinquante dernières années 10. Par ailleurs, il est délicat de quantifier le temps de travail en agriculture. En effet, la main-d’œuvre non salariée est importante et son temps de travail presté n'est pas automatiquement enregistré. On va donc se baser sur des conventions et on parlera habituellement d'unité de travail en faisant appel à la notion de disponibilité de main-d’œuvre. Figure 1 : Heures de travail par ha prestées en 1963 selon la superficie de l’exploitation

Figure 4 : Actif de l’exploitation selon la superficie de l’exploitation en 2011 (en € )

diminuent lorsque la superficie agricole utile augmente. Cela est d'autant plus marquant pour les données de 2011. Les principaux éléments explicatifs de cette situation consistent en la possibilité pour les grandes exploitations d'employer un matériel à plus grand rendement, d'engager des entrepreneurs pour les grands travaux dans l'exploitation, et le fait que la superficie moyenne des parcelles est plus grande ce qui entraîne une réduction des temps morts (déplacements, transports, tournants, …). De plus, la différence en nombre d'heure de travail par hectare entre 1963 et 2011 est très frappante. En effet, on passe de 140 h/ha pour les grandes unités ( ± 65 ha) en 1963 à 30h/ha en 2011 ( ± 160 ha). Cette différence est encore plus marquante pour les exploitations de petite taille. Le nombre d'heure de travail en 1963 ( 700h/ha , ± 7 ha) est quasiment divisé par sept en 2011 ( 110 h/ha, ± 35 ha)11. Cette diminution globale des heures de travail par hectare s'explique par l'adoption de moyens mécaniques (tracteurs, salle de traite mécanisée, ...) à haut rendement. Cependant, cette mécanisation massive des exploitations a un coût. Sur les figures 3 et 4 ci-dessous, on peut observer l'évolution du capital (hors foncier) des fermes entre 1963 et 2011. Pour les petites unités, on passe de 3000 € (480 € /ha) en 1963 à 341 000 € (9900 € /ha) en 2011. Alors que pour les grandes exploitations, l'évolution va de 25 000 € (380 € /ha) en 1963 à 1 500 000 € ( 9 150 € /ha) en 201112 13. Figure 3 : Actif de l’exploitation selon la superficie de l’exploitation en 1963 (en € )

Source : réseau comptable de la Direction de l’Analyse économique agricole, SPW

Conclusion : L'agriculture en pays de Herve est en constante évolution depuis les années 1950. La diminution de la main-d’œuvre agricole, la disparition de plus en plus rapide des exploitations agricoles, la forte croissance du prix des terrains agricoles vont devoir mener nos politiques vers une réflexion en profondeur du système agricole actuel. La croissance de la population étant en constante augmentation, les politiques agricoles vont devoir s'adapter à cette demande croissante tout en respectant l'environnement.

Source : réseau comptable de la Direction de l’Analyse économique agricole, SPW

Figure 2 : Heures de travail prestées par ha en 2011 selon la superficie de l’exploitation Source : réseau comptable de la Direction de l’Analyse économique agricole, SPW

Estiévenart Barbara

6 Source : BUBLOT, G., L'exploitation agricole. Economie. Gestion. Analyse, 1965, p. 157. 7 Source : Mérenne B., Le pays de Herve, Froidthier 2002 8 Source : Mérenne B., Le pays de Herve, Froidthier 2002

Source : réseau comptable de la Direction de l’Analyse économique agricole, SPW

9 Source : DGSIE (INS) - Enquête agricole 10 Source : DAEA, réseau comptable

11 Source : réseau comptable de la Direction de l’Analyse économique agricole, SPW 12 Source : réseau comptable de la Direction de l’Analyse économique agricole, SPW 13 Les euros sont exprimés en euros constants


Bien que l’on ne s’en rende pas toujours compte, la Wallonie demeure globalement une terre de forêts. Celle-ci couvre une occupation effective du sol de 553.000 hectares pour les 16844 km2 du territoire régional wallon, soit près de 33 % de la surface de cette région. Cependant, cette couverture n’est pas uniforme sur l’ensemble de la Wallonie car la proportion des espaces forestiers varie, bien entendu, selon les régions naturelles. Par exemple, si les zones forestières occupent seulement 7 % du territoire de la région limoneuse, elles zones plus de 50 % de celui de l’Ardenne, qui est ainsi la région naturelle la plus boisée de Wallonie (voir FIG. 1). Le territoire analysé au travers de cet atlas synthétise bien cette disparité, puisqu’il est lui-même constitué de diverses régions et sous-régions naturelles distinctes. Il est le carrefour de quatre ensembles naturels (à savoir : la Hesbaye liégeoise, le Condroz, le Pays de Herve et l’Ardenne) dont chacun offre une morphologie forestière spécifique. De manière globale, la moitié sud de cet espace – et plus spécifiquement son cadran Est/Sud-Est - peut être considéré comme fortement boisé. Cette partie de forte couverture forestière correspond d’ailleurs à la limite Nord-Ouest de l’Ardenne.

Une disponibilité d’exploitation

contrastée

des

surfaces

Si l’on évoque une occupation forestière du territoire wallon – c’est-à-dire correspondant à un espace de densité de population élevée et notamment soumis à la pression de l’expansion de l’urbanisation -, il est intéressant d’approcher un peu plus en profondeur la morphologie générale de ces forêts afin d’en envisager les impacts sur le secteur de la sylviculture. Il existe deux grands types de propriétés forestières : les forêts publiques et les forêts privées. Environ 50 % des surfaces forestières appartiennent au domaine public. Ces forêts publiques étaient détenues en 2007 à raison de 57.400 ha par la Région wallonne (forêts domaniales ou indivises), de 1.660 ha par les provinces, de 193.500 ha par 175 communes ou indivisions de communes (soit une moyenne de 1.100 ha par commune) et le reste par divers organismes publics dont 294 CPAS et Fabriques d’églises (Rapport analytique sur l’état de l’environnement wallon, 2006-2007, p. 184). C’est ce que l’on définit comme étant le bois soumis, c’est-àdire, les propriétés soumises au régime forestier, relevant du code forestier. La majorité des bois soumis sont constitués de domaines de taille appréciable, compatible avec une gestion permettant une organisation régulière dans l’espace et dans le temps des travaux forestiers et des récoltes.

FIG. 1 : Répartition des taux de boisements en Région Wallonne

FIG. 2 : Évolution des volumes de bois fort tige sur pied en Région Wallonne entre 1979-1983 et 1994-2005 Volume bois fort tige sur pied (milliers de m3)

Sylviculture

120000 100000 80000 60000 40000 20000 0 soumis

non soumis

total

soumis

situation 1984 Zones forestières par régime forestier ensemble des feuillus

ensemble des résineux

non soumis

total

situation 2005

total zones forestières

Source : Rapport analytique sur l’état de l’environnement wallon, 2006-2007 – Auteur : J. Doulié, 2014

Les 50 autres % de la forêt wallonne sont des propriétés privées dites non-soumises. Car la gestion des forêts privées est de la responsabilité des propriétaires dans le respect de la législation en vigueur. Et ici, la morphologie des surfaces boisées est toute autre et beaucoup plus contrastée. En forêt privée, le morcellement des surfaces est très élevé avec une tendance à l’accentuation. En 2007, un peu moins de 50 % des forêts privées correspondent à des surfaces boisées de plus de 20 ha. Et celles-ci appartiennent à seulement 2 % des 100.000 propriétaires privés recensés. En réalité, 70 % des propriétaires privés possèdent moins d’un hectare de bois (mais ne représentent que 10 % des surfaces totales). La moitié des superficies des bois privés est donc constituée de domaines de taille difficilement compatible avec une gestion sylvicole régulière et uniforme, dans l’espace et dans le temps. Une difficulté d’exploitation également renforcée par les exigences économiques et les contraintes de commercialisation du marché du bois. Ces différences notables dans les surfaces forestières wallonnes potentiellement exploitables présentent donc des incidences directes dans la stratégie de gestion d’une parcelle et in fine dans la vie économique du secteur de la sylviculture.

Le bois wallon : une offre déficitaire Globalement les superficies boisées sont stables dans le temps en Région Wallonne. Elles ont même augmenté de 13.000 ha ces vingt dernières années, en raison notamment de modifications de stratégies de gestion et de repeuplement. Cette augmentation de

surface va de pair avec les estimations de volumes de bois sur pied1, surtout pour le bois soumis. En l’espace de vingt ans, le volume de bois fort tige a augmenté de 30 % du volume total produit en 1984, soit une progression de 26.123 milliers de m3 (voir FIG. 2). Cependant, la production de bois en Wallonie est toujours nettement insuffisante pour absorber la demande dans les produits dérivés de cette ressource naturelle. On estime à moins de 50 % la part de consommation de bois couverte par la production intérieure (seuls certains domaines comme le papier recyclé et les panneaux présentent un excédent de production). Ce faible potentiel d’auto-approvisionnement s’expliquerait par la forte densité de la population belge (on considère une moyenne de 6 ares de forêt par habitant).

La forêt, premier maillon d’une longue chaîne L’exploitation forestière est à la base d’un secteur économique faisant intervenir de nombreux acteurs et richesses dans le processus de transformation du bois en divers produits-finis. Cette filière bois, loin d’être un moteur de l’économie wallonne, constitue néanmoins un secteur d’activités non négligeable. Il rassemble 18.800 travailleurs (dont 13.300 salariés et 5.500 indépendants) ainsi que 2.400 entreprises en personne morale et 5.500 entreprises en personne physique (OEWB 2014). La sylviculture alimente ainsi la filière bois en matière première pour une valeur sur pied de 100 millions d’euros, correspondant à environ 3,5 millions de m3. 1

Le bois sur pied s’entend sous deux aspects d’estimation de son volume. Il existe le « bois fort tige » qui correspond à la tige de l’arbre, jusqu’à sa découpe à la circonférence de 22 cm ; tandis que le volume de « bois rond » est le volume commercial comprenant le tronc et les branches du houppier jusqu’à leur découpe à 22 cm de circonférence.


autoroutier ou de centres urbains. C’est, par exemple, le cas le long de l’autoroute Liège-Bastogne ou aux abords des villes d’Eupen et de Spa. Une corrélation avec des facilités de transport est à soulever. Car il s’agit bien d’entreprises acheminant, par camions grumiers, du bois de la forêt aux zones de stockage et/ou de sciage des sièges d’exploitation. A cet égard, il faut noter qu’une des trois principales entreprises de sylviculture étudiée est sise à Herstal, au Nord de Liège, dans une zone clairement distante du moindre couvert forestier. Ce qui pourrait apparaître comme une anomalie ne l’est pas tant que cela au regard de ce site situé en pleine zone industrielle (impact moindres des coûts d’établissement pour une activité vampirisant beaucoup d’espace de stockage) et le long de deux voies de transport (l’autoroute et la Meuse). Cette localisation semble bien indiquer le lien étroit nécessaire entre un certain volume de production et le réseau de transport. Enfin, il faut noter que dans cette répartition spatiale, la région d’Eupen-Verviers - ainsi que dans une moindre mesure celle de Spa – se détache légèrement en concentrant un plus grand nombre d’entreprises sur une surface restreinte. Eupen rassemble d’ailleurs deux des trois plus grandes entreprises du secteur. Cette ville étant située en bordure Nord-Ouest du massif forestier des Hautes-Fagnes, il n’y a qu’un pas à franchir pour établir une seconde corrélation spatiale…

Quelques caractéristiques de l’emploi sylvicole

Spatialité des entreprises du secteur sylvicole

On peut considérer que la sylviculture forme un sous-secteur de la filière bois. En termes structurels et d’emplois, elle présente généralement des caractéristiques communes au travers des différentes régions de Wallonie. En effet, les acteurs intervenants dans l’exploitation du bois sont tout d’abord massivement représentés par des indépendants. Par exemple, en 2002, l’examen des données sur le nombre d’entreprises d’exploitation assujetties à la TVA selon le SPF Economie – DGSIE (INS) indique pour la Belgique 1.807 entreprises sans salariés, soit environ 1.500 indépendants (éventuellement en activité complémentaire) en Wallonie. Ensuite, le travail sylvicole présente des pics de travail saisonniers ; ce qui implique que certains professionnels du secteur y travaillent de manière ponctuelle. Enfin, les tâches sylvicoles nécessitent une forte mécanisation.

Sur cette carte, la répartition spatiale des entreprises de sylviculture n’est pas homogène sur ce territoire.

Ces constantes se retrouvent également dans la FIG. 3. Cette carte de répartition reprend 52 entreprises sylvicoles réparties sur le territoire étudié dans cet atlas. Parmi ces 52 entreprises répertoriées dans la base de données des entreprises belges « Belfirst » du Bureau Van Dijk (version 2010), 36 ne possèdent aucun employé, 7 entreprises emploient un travailleur et seules 9 entreprises sont formées de plus d’un employé (dont 3 possèdent entre 14 et 18 travailleurs).

Toutefois, il est loisible de constater que cette répartition spatiale pourrait suivre des logiques moins évidentes. La plupart des entreprises sont disséminées à proximité de zones boisées. Les plus petites (de 0 employés, donc probablement des indépendants) sont régulièrement localisées au sein de villages, parfois fort éloignés des principales voies de communication routières. Les entreprises plus importantes, de 2 à 9 employés ou de 14 à 18 employés, sont quant à elles quasi systématiquement localisées à proximité immédiate du réseau

FIG. 5 : Vue de l’impact visuel d’une coupe à blanc sur une colline aux alentours de La Reid (à droite dans la pessière). (crédit photo : J. Doulié)

Impacts de l’exploitation forestière Les forêts, peut-être davantage encore que d’autres ressources naturelles présentes sur le territoire de la Région wallonne, remplissent de nombreuses fonctions, tant sur les plans économique et environnemental que social ou culturel. Ce pourquoi, aujourd’hui, on ne peut plus ne pas parler de la multifonctionnalité de la forêt. En outre, comme l’agriculture, la sylviculture est un agent de premier plan dans la gestion et l’aménagement de nos territoires. Son action peut très rapidement se faire remarquer dans nos paysages. Il peut arriver que, selon les conditions de terrain et les techniques utilisées, les activités sylvicoles exercent un impact négatif sur la qualité des écosystèmes forestiers (particulièrement sur les eaux et les sols forestiers). Le cas le plus visible est celui de la « coupe à blanc » ou « coupe rase » (voir FIG. 5), une pratique radicale de prélèvement de peuplements boisés. Au-delà du résultat paysager, les conséquences écologiques d’une coupe à blanc peuvent être importantes, surtout sur les fortes pentes. C’est la raison pour laquelle en Région Wallonne la taille des mises à blanc est limitée dans de nombreuses situations.

Sans disposition particulière, elle expose au premier abord un tissu lâche et sans ordre ou hiérarchie apparente. La plupart des entreprises sont disposées en léger arc de cercle convexe dans la partie méridionale de ce territoire, allant de la zone liégeoise à Eupen en passant par Aywaille, Spa et Verviers. A l’exception de trois petites entreprises situées aux abords de la zone boisée transfrontalière de La Calamine, la partie Nord de cet espace ne comprend aucune entreprise sylvicole. Pour rappel, il s’agit d’une région de paysage semi-ouverts et de bocages où la couverture forestière n’est que très peu marquée. A l’inverse – et de manière fort cohérente -, l’intérieur des massifs forestiers ne comporte aucun siège d’entreprise.

John Doulié

FIG. 4 : Vues de grumes (en haut) et de zones de stockage (en bas) dans une grande entreprise de sylviculture en région liégeoise. (crédit photo : J. Doulié)


LES NAVETTES « L’espace économique belge est structuré par les concentrations spatiales de l’emploi, et les mouvements de navettes quotidiennes que celles-ci induisent sur de larges zones autour d’elles. » (MARISSAL (et al.), 2008, 114) Les concepts de pôles et bassins d’emploi permettent ainsi d’illustrer un phénomène bien connu en Belgique, celui de la navette domicile - travail. Pour étudier l’extension spatiale de celle-ci, il s’agit de déterminer à la fois les zones qui attirent le plus de travailleurs, « les pôles d’emplois », et les aires d’influence qu’exercent chacun de ces centres, « les bassins d’emplois » et de déceler les logiques économiques et sociales que cela sous-tend.

Méthodologie Pour analyser et représenter spatialement la navette liée à l'emploi, il faut en premier lieu la définir. Celle ci est identifiée comme le « mouvement pendulaire » quotidien entre le lieu de résidence et le lieu de travail. Le concept de migration alternante est utilisé lorsque les limites communales sont franchies par la navette. Cet indicateur porte donc sur la population active et occupée. Son intérêt spatial est de donner des informations sur la localisation des flux quotidiens de main d’œuvre. Comme nous pouvons l’observer sur la carte, l’espace est polarisé entre des « communes de travail » et des « communes de résidence » qui forment des centres d’emplois et des bassins d’emplois. Les pôles d’emplois sont définis ici, de manière classique (CPDT (Conférence Permanente du Développement Territorial), 2001), sur base de deux critères respectivement liés, au taux d'emploi (à l'intensité) et au nombre d'emplois (au volume). Pour être considérée centre d’emploi, une commune doit concentrer plus d’emplois que de travailleurs résidents ; elle doit avoir un seuil du taux d'emploi de plus de 1,25 %, ce qui suppose un afflux de travailleurs venant d’autres communes. Cependant, elle doit aussi avoir un volume d’emploi qui dépasse 15000 emplois (pour tenir compte de la taille inégale des communes). Par rapport à ces pôles d’emploi, les bassins d’emploi ont été définis comme l’ensemble des communes y envoyant une partie de leurs navetteurs résidents. Nous avons déterminé qu’une commune fait partie d’un bassin d’emploi si une proportion de 10% ou plus des travailleurs qui l’habitent « navettent » pour aller travailler vers un même centre d’emploi. Ainsi les communes peuvent appartenir à différents centres d’emplois. Nous aurions pu attribuer à chaque commune un centre d'emploi en fonction de la première destination de navette, mais étant donné que celle-ci peut concerner un très petit nombre de travailleurs, il semble plus judicieux d’utiliser un seuil d’au moins 10% des travailleurs résidents qui se déplacent pour réellement considérer qu’une commune fait partie d’un bassin d’emploi. Pour affiner la représentation du phénomène, une commune pourra donc appartenir à plusieurs bassins d’emplois différents. Cependant, pour une question de commodité cartographique, nous avons choisi de ne représenter que les deux destinations préférentielles des navetteurs (bassin primaire et bassin secondaire, représenté par des hachures chevauchantes).

Répartition spatiale La polarisation par l’emploi de la région étudiée est largement mise en évidence par la carte. Quatre pôles d’emploi

apparaissent comme des centres attractifs : l’ensemble LiègeHerstal-Seraing, la ville de Verviers, celle de Spa et celle d’Eupen. En ce qui concerne les bassins d’emploi, on peut en déterminer quatre, celui de Liège-Herstal-Seraing, de Verviers, d’Eupen et un dernier bassin attiré par des pôles à « l’étranger »). En termes de tendance il faut souligner l’importance du pôle de Liège-Herstal-Seraing. Celui-ci attire la plus part des communes de la région, principalement celles qui l’entourent et qui occupent ainsi la plus grande surface de la région (environ 90 000 navetteurs de la région étudiée s’y rendent). Le bassin d’emploi liégeois se présente de manière vraisemblablement

homogène, l’attraction des communes étant fort uniforme (peu de communes de ce bassin sont attirées par un autre pôle de la région). A l’inverse, les deux autres bassins qui se dégagent ; celui de Verviers et celui d’Eupen, sont beaucoup plus hétérogènes. Le bassin verviétois est aussi tourné vers Liège, tandis que le bassin eupénois et aussi tourné vers l’étranger (principalement vers Aix la Chapelle en Allemagne). D’autre part, ces pôles attirent beaucoup de travailleurs dans leur communes (plus de 16 000 pour Verviers et environ 8000 pour Eupen) mais « envoient » par ailleurs nombreux de leurs travailleurs vers d’autres pôles (il y à aussi des flux sortants), ce qui font d’elles à la fois des pôles et des bassins d’emplois pour d’autre pôles. Il s’agit donc d’espaces plus mixtes ou

hétérogènes que précédemment. On peut soumettre l’hypothèse que ce caractère moins continu est lié à leur localisation spatiale précisément, dans le sens ou tant Verviers que Eupen sont entourés et proches de pôles d’emplois plus importants (Liège et Aix la Chapelle), ce qui ferait de ces bassins des sortes d’espaces de transition. Le pôle d’emploi de Spa attire plus de 3000 navetteurs quotidiens mais cependant son bassin n’est pas apparent. Cela est du au fait qu’on ne représente que les deux premières destinations préférentielles pour chaque commune. A titre d’exemple, Jalhay, commune voisine de Spa fait partie du bassin de Spa (plus de 10% des travailleurs qui y résident se rendent à Spa), cependant la commune envoie encore un plus grand nombre de travailleurs vers Verviers et vers Liège. La


dernière observation à souligner en termes de répartition spatiale du phénomène est l’absence de vides dans cette carte. Ceci témoigne d’un certain degré d’importance de l’utilisation de la navette dans la région ; en effet, sur base du même indicateur, une carte de l’ensemble de la Belgique, et même de la Wallonie, ferait apparaître des vides, à savoir des lieux ou la navette existe mais est très diversifiée ou ne dépasse pas les 10% d’habitants.

Émergence et essor de la navette Si le nombre de navetteurs semble assez impressionnant (on compte plus de 235 000 navetteurs pour la région étudiée), cette donnée est à remettre dans le contexte de la Belgique. Cette tradition de navettes quotidiennes de travail intenses s’est mise en place en deux phases historiques (à la fin du XIXé siècle et surtout dans la seconde partie du XXé siècle), fondamentalement liées au contexte économique belge, durant lesquelles tant les lieux de production que les lieux d’habitat des travailleurs se sont mués. Au XIXé siècle, suite à l'essor de la révolution industrielle, les bouleversements productifs vont se cristalliser dans l'espace urbain et dans la mobilité des travailleurs. Les premières usines vont généralement se situer dans les villes, quoiqu’un peu en dehors du noyau historique, et seront flanquées de logements ouvriers. Le manque d’infrastructures et le prix des transports vont pousser les ouvriers à vivre près des usines, ce qui entraine un exode rural important et l’arrivée massive de main d'œuvre ouvrière dans les villes. Cette phase initiale est une phase de croissance des villes qui très vite va créer ses propres contradictions liées à la proximité spatiale nouvelle entre une bourgeoisie et un prolétariat naissant. C’est précisément par peur de la « banlieue rouge », pour réduire les concentrations ouvrières urbaines que différentes décisions politiques seront prises par les gouvernements dès la seconde moitié du XIXé siècle afin de privilégier les navettes quotidiennes (ou hebdomadaires à l’époque). Les plus importantes concernent la démocratisation du rail (avec le réseau le plus dense au monde) encore réservé au transport de marchandises ou aux classes aisées. Dès la fin des années 1860, un système d’abonnement ouvrier bon marché sera introduit. Cette politique portera réellement ces fruits avec la création en 1885 de la Société Nationale des Chemins de fer Vicinaux (SNCV), société publique qui eut la mission d'établir des lignes de chemin de fer d'intérêt local, aussi appelées des tramways vicinaux (par opposition aux lignes urbaines), sur l'ensemble du territoire belge dans le but d'offrir un service public de transport nécessaire aux travailleurs, à nouveau via la mise en place d’abonnement ouvriers. Grâce à un réseau très dense (qui atteignit à son apogée plus de 5 500 km de voies), les autorités publiques encouragèrent l’expansion urbaine spatiale. Tout en promouvant le fait que « la vie traditionnellement peu couteuse à la campagne pouvait désormais être combinées avec du travail et des salaires plus élevés en ville » (VERHETSEL (et al.), 2009, 12), la classe politique avait aussi pour but d’éloigner les ouvriers en campagne ; « les risques politiques étaient ainsi diminués et la progression des salaires contenue par le maintient d’une liaison entre les ouvriers et l’agriculture d’autosubsistance » (VANDERMOTEN, 2010). Après la première guerre mondiale, la couronne urbaine continue à se développer du fait de l’implantation d’activités secondaires

et tertiaires importantes (peu à peu ces activités se développeront dans des zones industrielles propres), mais aussi car d’autre part, les citadins aisés commencent à quitter le centre surpeuplé pour s’installer en banlieue, dans des espaces aérés. C’est les prémisses du mouvement de périurbanisation qui prendra toute son ampleur dans la seconde moitié du XXe siècle. Après la seconde guerre mondiale en effet, les pouvoirs publics vont mener différentes politiques volontaristes keynésiennes et encourager la relance par la consommation. Celle-ci va porter essentiellement sur l’accès à la propriété principalement en périphérie (au travers de crédits avantageux, à l’image de la Loi de Taeye de 1948, qui garantit un nouveau type de prêts hypothécaires à taux réduit). Ces politiques vont encourager massivement à la périurbanisation, terme qui apparaît précisément pour décrire cet « étalement spatial de l’urbanisation par extension d’un tissu d’habitat pavillonnaire dans des périphéries jusque là non urbanisées » (VAN CRIEKINGEN, 2014, 49). L'essor de l'automobile individuelle à partir de la seconde guerre mondiale est une condition nécessaire à la réalisation de la périurbanisation dans les années 1960. Ainsi, l'Etat keyneso-fordiste investit massivement dans les infrastructures routières et autoroutières (au dépend des transports publics notamment du rail) et fait de la Belgique l'un des pays européens les plus denses en matière de routes. A la fois cause et conséquence, la voiture va amplifier le nombre de navetteurs dorénavant dépendants de la voiture, ce qui entrainera de nombreuses problématiques encore d’actualité : embouteillage, pollution atmosphérique, projets politiques avortés (taxe verte, taxe automobile, …). La période s'étalant des années 1990 à aujourd'hui voit se confirmer ces tendances ; aujourd’hui plus de 55% des actifs belges sont des navetteurs (63% si on ne prend pas en compte les travailleurs à domicile), la voiture est leur moyen de transport dominant (elle concerne 66% des déplacements et est liée à l’offre relativement restreinte en transport en commun). Bruxelles est le pôle d’emploi le plus attrayant, suivie par Anvers, Gand, Liège, Hasselt-Genk, Charleroi, qui accueillent tous plus de 100 000 navetteurs par jour. A titre d’information Bruxelles en accueille 1 127 000, Liège 246 000 (dont 89 00 environ, soit plus d’un tiers viennent du Pays de Herve) et Charleroi 180 000. Ces chiffres sont liés aux bassins d’emploi selon la direction de navette prépondérante. Il est évident qu’en fonction des échelles prises en compte les zone d’influence des grandes villes différent zone d’influence des villes régionales (ici Liège intègre les bassins de Verviers, de Spa et dans une moindre mesure d’Eupen).

A l’échelle nationale, « cette proportion est particulièrement élevée dans les régions centrales urbaines et périurbaines et se réduit dans les proportions les plus périphériques du territoire, moins bien desservies, plus éloignées des grands pôles d’emploi et où en outre l’emploi agricole et indépendant est proportionnellement plus développé » (VANDERMOTTEN, 2010, 89). La tendance générale est à l’augmentation des navetteurs parmi les travailleurs. Ceci est du à différents facteurs liés au stade développé du capitalisme actuel qui vont se manifestés par une division accrue du travail social et spatial. Le modèle fordiste de la grande industrie mécanisée va perdre du terrain face à un modèle flexible, des chaines logistiques, qui s'associe a des territoires productifs plus dispersés, recouvert de multiples PME et de sous-traitants. Ces évolutions ont provoqué une baisse de l’emploi dans le secteur primaire, une croissance du salariat, mais aussi au recours à des travailleurs très qualifiées (ce qui impose un élargissement des aires de recrutement) notamment dans les grandes villes de Wallonie telle Liège. Ces mutations et continuités se marquent dans l’espace (cf. les cartes d’occupation du sol (augmentation du bâti (+5% en 7 ans (de 2007 à 2013)) et de densité de population (les villes décroissent)).

Typologie des périphéries Comme nous l’avons évoqué, la navette est un fait social qui s’inscrit dans un contexte donné ; toutes les communes de navetteurs ne sont donc pas homogènes. Selon différents facteurs, mais principalement selon la structure de l’emploi au lieu de résidence des actifs on peut mettre en évidence une typologie qui regroupe les communes dont les spécificités sectorielles sont proches (selon certaines spécificités par secteur dans la valeur ajoutée nationale) pour construire des ensembles plus homogènes (VANDERMOTTEN, 2010, 93). Ainsi dans la région étudiée, on peut déceler environ sept types différents, ce qui témoigne d’une forte hétérogénéité. Un premier type correspond au noyau des régions wallonnes d’ancienne industrialisation (tel Charleroi ou la Louvière) et concerne la périphérie historique de Liège, à savoir les communes de Seraing, Herstal, Oupaye et Saint Nicolas (et aux quelles s’ajoutent de nombreuse communes de l’ouest et du sud du bassin). Ces communes restent encore caractérisées par les traditionnelles spécialisations en métallurgie lourde et par les fabrications métalliques, malgré la crise et les récents licenciements collectifs dans ces secteurs (d’ou le fait que ces régions sont caractérisées par un chômage important). Il s’agit donc essentiellement de banlieues ouvrières, situées le long des voies d’eau et des chemins de fer (car lié à localisation première des industries). Un second type correspond aux périphéries périurbaines de Liège, les communes boisées du sud-est de Neupré, Esneux, Chaudefontaine et Olne. Ces zones sont caractéristiques du phénomène de périurbanisation à l’œuvre dans les années 60, proches d’axes routiers importants et habitées par des classes socialement aisées (liées à la présence d’institutions d’enseignement et de recherche développement (cf. carte revenus ou du niveau d’instruction)).

La ville de Liège incarne à elle seule un type de commune proche, en termes de secteur de l’emploi au lieu de résidence, des villes régionales flamandes (Bruges, Gand, Hasselt) et des franges externes du bassin d’emploi bruxellois. Elle est caractérisé par une bonne présence du tertiaire, des transports et communications, des banques, de l’administration, mais conserve des aspects industriels. Cette composition variée rend compte des navettes de certaines catégories d’employés vers la capitale. En effet, malgré que çe ne soit pas perceptible sur la carte, Liège envoie plus de 4000 travailleurs quotidiennement à Bruxelles. Un quatrième type est formé par les communes de l’est autour d’Eupen : Lontzen, Aubel, Thimster-Clermont, Welkenraedt et Baelen. Ces communes conservent des spécificités propres dans les contructions mécanisques, qui la rattachent à l’ensemble plus large des zones d’industrialisation périphérique flamandes. Elles sont cependant fort attirées par le pôle d’Aix la Chappelle, à l’image des communes de Raeren, Kelmis et Plombières, qui forment un cinquième type, celui de zones transfrontalières (cf. le schéma de l’Eurorégion Meuse-Rhin). Spa intègre un sixième type en pleine mutation, caractérisé antérieurement par des spécificités agricoles fortes. Malgré que le paysage soit encore marqué par la ruralité, l’agriculture moderne y occupe peu de main d’œuvre, et la plus part des travailleurs sont occupés dans le non marchand, soit sur place, soit dans les villes vers lesquels ils font la navette, comme Verviers. L’ensemble des communes restantes, les communes du centre de la région, y compris Verviers sont caractéristiques d’une Wallonie non industrialise ou désindustrialisé (cf. Tournai, Mons et Namur). Ces bassins d’emploi relèvent plus encore de spécificités marquées par un poids élevé du secteur non marchand, surtout de l’administration publique (avec une industrie et des services marchands en particulier commerciaux et aux entreprises assez faibles). Cette typologie montre que si beaucoup de petits bassins d’emploi couvrent des zones homogènes en termes sectoriels, il n’en va pas de même pour les grands pôles, comme pour la ville de Liège. Ainsi, les évolutions économiques dans le pôle d’emploi liégeois aura forcément des impacts différents sur l’espace selon qu’elles un secteur où un autre (comme cela à été le cas pour la sidérurgie). Le fait de prendre en compte les caractéristiques de communes périphériques qui forment les bassins d’emploi permet de pouvoir appréhender les conséquences sociales des évolutions économiques locales et leur répercutions dans l’espace, notamment en termes de diminution d’accessibilité aux services. Dans un contexte d’économie flexible, qui met aussi en compétition les territoires, il semble que les inégalités locales se creusent, l’espace économique belge étant de plus en plus morcelé, tel un « espace en pièce ». Laura GUTIERREZ FLOREZ


Une dispersion des revenus inattendue Mesurer la dispersion des revenus La dispersion des revenus est souvent mesurée à l’aide du coefficient interquartile. Cet indicateur permet de mesurer la dispersion des revenus autour du revenu médian pour 50% de la population sans tenir compte des 25% les plus pauvres et des 25% les plus riches. On le calcule en rapportant la différence entre le premier quartile et le troisième quartile à la médiane. Le premier quartile Q1 correspond au revenu central dans la série du revenu le plus bas au revenu médian (classé par ordre croissant). Le troisième quartile Q3 correspond au revenu central dans la série du revenu médian au revenu le plus haut1. La différence interquartile est calculée en soustrayant Q3 à Q1 et donne une idée de la dispersion des revenus autour de la médiane.

Fréquence

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aurait une valeur de 0. Si au contraire, il y a une infinité de revenus allant des plus bas revenus aux plus hauts, le coefficient interquartile serait très élevé pour cette même région. Il est important de savoir que le coefficient interquartile ne donne pas d’information concernant le niveau de revenu. Il peut y avoir une égalité des revenus, mais tous les habitants peuvent toucher un revenu très faible ou au contraire très élevé. Il est donc nécessaire d’avoir une information complémentaire sur les revenus, tel que le revenu médian par habitant pour distinguer des régions pauvres des régions riches.

Plombières La Calamine

Aubel

Liège Eupen

Par contre, la formule démontre aussi que pour obtenir un coefficient égal à cent, la différence interquartile doit être égale au revenu médian. En conséquence, les différences interquartile dans les régions riches doivent être plus grandes que dans les régions pauvres pour obtenir un même coefficient. Ce coefficient permet donc de comparer des unités spatiales, selon que la différence interquartile soit supérieure ou inférieure au revenu médian (valeurs respectivement au dessus ou en dessous de cent).

Soumagne Beyne-Heusay Fléron

Limbourg Verviers

Chaudfontaine

Spa

Qu’en est-il pour la Belgique ? Revenu Source: www.wikipedia.org

Au plus la différence interquartile est grande, au plus les revenus sont dispersés autour du revenu médian. Au plus la différence interquartile est petite, au plus les revenus sont regroupés autour de la médiane. Pour pouvoir comparer cet indicateur de dispersion entre plusieurs unités spatiales, on divise la différence interquartile par le revenu médian. Cela permet d’obtenir un chiffre sans unité, qui élimine l’influence du niveau du revenu médian sur la différence interquartile. Il est en effet évident, que plus le revenu médian est élevé, plus il est facile d’obtenir une différence interquartile élevée. Le coefficient interquartile est habituellement multiplié par 100. Il se calcule comme suit : Coefficient interquartile = [(Q3 - Q1) / revenu médian]* 100. Au plus bas le coefficient, au plus les revenus des 50% de la population sont regroupés autour de la médiane. Au plus haut le coefficient, au plus la dispersion autour de la médiane est grande. Admettons que nous ayons une population dont toutes les personnes touchent le même revenu (qui est alors égale au revenu médian) pour une région, le coefficient interquartile 1

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En Belgique, le coefficient interquartile a une moyenne de 100, ce qui signifie une différence interquartile correspondant au revenu médian. Les valeurs minimales du coefficient interquartile sont de l’ordre de 30, si on exclut le secteur avec un nombre trop faible de déclarants. Ce sont souvent des secteurs statistiques où les habitants touchent des revenus qui sont proches du revenu médian, soit 14 000€ en 2011. On peut donc parler de secteurs statistiques homogènes avec une faible diversité socioéconomique, dont la plupart des habitants touchent un revenu faible. Les valeurs les plus élevées dépassent 250, et se retrouvent souvent dans des quartiers universitaires où étudiants et personnel académique cohabitent. Les revenus médians y sont souvent faibles2. Les habitants y touchent des revenus très variables qui sont éloignés du revenu médian. On peut donc parler de secteurs statistiques hétérogènes avec une grande diversité socio-économique. Cependant, on découvre en général une certaine corrélation entre le revenu médian par habitant et le coefficient interquartile. Quand le revenu médian est faible, le

2

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coefficient interquartile est faible et inversement, quand le revenu médian est élevé, le coefficient interquartile est élevé.

Une dispersion faible en ville Pour la région analysée, la variation du coefficient interquartile est moins grande que pour la Belgique, mais tout de même non négligeable. Les coefficients varient de 48 à 200. Nous divisons la dispersion des revenus en 5 classes avec des valeurs pour le coefficient interquartiles comme suit :

-

Très faible : 48-76 Faible : 77-100 Moyenne : 101-120 Elevée : 121-156 Très élevée : 157-200

En analysant la carte, on peut distinguer les zones de dispersion faibles et les zones de dispersion élevée. Liège a une dispersion des revenus très faible et cette tendance s’étend sur l’axe nordsud le long de la Meuse. Verviers est aussi un centre avec une faible dispersion des revenus. La même chose s’observe le long de la Vesdre à Limbourg et Eupen, ainsi que dans les anciennes communes minières à l’est de Liège (Beyne-Heusay, Fléron et Soumagne) et celles liées au métaux non-ferreux au nord-est de la région (La Calamine et Plombières). Dans les zones périurbaines, plus éloignées des centres comme Liège ou Verviers, la dispersion des revenus est plus élevée. Au niveau spatial, cela se traduit par un centre villageois avec une dispersion faible et tout autour une zone rurbaine avec une dispersion élevée. On peut supposer que les nouveaux habitants périurbains, relativement aisés, parce que capables d’accéder à a propriété, acquièrent des terrains à bâtir à l’extérieur de la limite


des noyaux villageois, étendant ainsi l’habitat habitat le long des routes d’accès. Par rapport à la carte des revenus, deux zones tranchent, dans le sens où les dispersions sont plus élevées que ce que le niveau du revenu médian laisserait entendre : d’une part le flanc occidental de la vallée de la Meuse à Liège et d’autre part, le secteur nord nordest de la région étudiée. On retrouve le même schéma à l’échelle de la Belgique : les centres connaissent une dispersion faible et les régions rurales connaissent des dispersions de revenus plus élevés. Cette tendance signifie en fait que la dispersion des revenus est très élevée chez les riches et faible chez les pauvres. Cela se vérifie en analysant les écarts entre les limites supérieures des déciles de revenus. Les chiffres de l’arrondissement de Verviers sont représentatif représentatifs pour une grande partie de la région étudiée : l’écart entre le deuxième et le cinquième décile n’est que de 2700€, €, alors qu’entre ce dernier et le dixième (où où il faut considérer la valeur supérieure du 99ième percentile pour des raisons de protection de la vie privée), il est de 17000€3. Le graphique montre la corrélation entre le coefficient interquartile sur l’axe des y et le revenu médian par déclaration sur l’axe des x. Les secteurs statistiques ues avec moins de 100 déclarations sont éliminés de l’analyse lyse pour éviter des effets aléatoires dus aux petit nombre d’observ bservations. Le coefficient de corrélation R est de 0,615 ce qui démontre une relation positive entre dispersion des revenus et revenu médian médian. Ceci peut donc expliquer en partie que la carte reprodui reproduise partiellement celle du revenu médian.

Une dispersion élevée en zone rurale ou périurbaine Une autre piste pour expliquer la dispersion des revenus plus élevée en région rurale est le prix du logement. En règle générale, les prix des logements sont plus élevés en ville qu’en campagne. Mais les lois du marché du logement sont moins moin fortes dans les régions rurales que qu dans les villes. Cela veut dire qu’en ville, les prix sont fixés en fonction de l’offre et la demande. Comme la demande y est élevée, les prix sont élevés. En région rurale, le jeu de l’offre et la demande est plus lâche et ne suit pas toujours les règles. On y trouve donc des logements pas chers car la demande est plus faible, mais on trouve aussi des logements chers pour d’autres raisons. On peut donc avoir une maison chère ère (la villa nouvellement construite par un périurbain) à côté d’un logement pas cher (la maison villageoise ouvrière) ce qui implique des différences socio-économiques socio dans un même secteur statistique. En ville, on retrouve aussi ces contrastes socio-économiques mais bien plus entre en les secteurs statistiques qu’à l’intérieur des secteurs statistiques. Il y a une ségrégation qui est fort présente mais au niveau des quartiers voir même des communes. Certains quartiers sont chics chic et chers, d’autres sont populaires et pauvres.

En ville, il y a donc une homogénéité au niveau des secteurs statistiquess alors qu’à la campagne les contrastes sont marqués à l’intérieur des secteurs statistiques. Cette hypothèse peut expliquer en partie pourquoi il y a une forte dispersion des revenus en région rurale. La périphérie de Liège et en moindre mesure celle de Verviers montrent des écarts élevés entre les revenus. Les deux zones sur la carte où les écarts de revenus sont plus élevés qu’attendu sur base du revenu médian, sont des zones où il est probablement question d’arrivée de revenus plus élevés. On peut supposer s que dans le premier cas (les flancs occidentaux de la Meuse à Liège), le coefficient de dispersion soit augmenté par un processus de gentrification, alors que dans le second (le nord-est nord de la région), c’est la progression de la périurbanisation voire de rurbanisation qui engendre une plus périurbanisation, grande diversité de revenus dans les secteurs statistiques concernés.

steloot Louise Kesteloot

Cette relation permet de comprendre les limites du coefficient de dispersion comme mesure de mixité sociale. L La ville est synonyme de mixité, de différents niveaux de vie et non d’unité socio-économique. Alors pourquoi urquoi la dispersion des revenus est faible en ville et élevée à la campagne ? Les personnes avec des revenus élevés ont tendance à ne pas habiter en ville mais de vivre dans une maison quatre façades dans un environnement calme et vert. Pourtant, la ville le abrite aussi des personnes très précaires,, des personnes sans domicile fixe, des chômeurs, des personnes dépendantes du CPAS et autres autres. Heureusement ces personnes nes reçoivent des aides financières de l’état l’état, mais les revenus qu’ils touchent sont tellement bas qu’il qu’ils ne sont pas pris en compte dans le coefficient interquartile. Deux cas de figure illustrent ce propos : ouu bien le revenus est trop bas et ces personnes ne remplissent pas de déclaration d’impôts, ou bien le revenu est déclaré mais il fait partie des 25% les plus pauvres et n’est donc pas comptabilisé dans le calcul du coefficient interquartile. Pour rappel, cet indicateur écarte les 25% les plus pauvres et les 25% les plus riches pour éviter les aaberrations. Donc les plus pauvres ne sont pas pris en compte dans le calcul du coefficient interquartile et les plus riches ne vivent pas en ville, c’est pourquoi dispersion des revenus est faible en ville.

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Source: www.statbel.fgov.be Auteur Louise Kesteloot


s'installeront des sociétés qui deviendront plus tard Cockerill-Sambre, Ougrée-Marihaye, Angleur-Athus, EspéranceLongdoz. Bien que familiales au départ, ces sociétés évolueront bien vite en sociétés anonymes soutenues par les banques. Ce développement de la sidérurgie va également stimuler la création d'entreprises en aval comme par exemple dans le secteur de la mécanique. Les crises successives aboutiront peu à peu à la concentration des sociétés en vastes ensembles 2. Cependant, l'épuisement des gisements charbonniers et miniers, l'absence de réelle modernisation sectorielle et l'organisation croissante des travailleurs vont faire fuir le grand capital national ce qui, combiné avec la faiblesse de l'entrepreneuriat local, va se solder par une désindustrialisation brutale, non compensée par la tertiarisation2 (voir tableau n°1) (VANDERMOT-

Chômage Objectifs Cette planche d'atlas a pour objectif de décrire et expliquer la répartition spatiale du chômage dans la région de l'Entre-Vesdre-et-Meuse ainsi que dans une partie des Ardennes. Une attention particulière sera accordée à la répartition et aux causes du chômage structurel que connaît la région.

Définition et mesure du chômage Taux de Nombre de demandeurs d'emploi = chômage Population active

TEN C., 2010 ; STIENNON J., 1991).

L'indicateur choisi, le taux de chômage, est un indicateur simple et très répandu mais, selon les définitions du chômage, il peut représenter des situations différentes. Les données utilisées étant établies à partir des données de l’ONEM, donc à partir des personnes recevant des allocations de chômage payées par l’ONEM, les jeunes en période d’attente et certains statuts de demandeurs d'emploi ne sont pas repris. De plus, tout comme dans le cas des chômeur BIT, cette définition ne prend pas non plus en compte la population temporairement inactive, la population inactive mais disponible pour travailler et les travailleurs à temps partiel sous employés. Par ailleurs, la population active occupée est établie sur base des données de la sécurité sociale belge et ne comprend donc pas les travailleurs des institutions internationales ni les transfrontaliers (Observatoire bruxellois de l’Emploi, 2009).

Un chômage très polarisé Le chômage dans la région du pays de Herve est relativement concentré autour des deux pôles principaux que sont Liège et Verviers. En effet les 23 secteurs statistiques avec les taux de chômages les plus élevés (>40%) sont regroupés dans les centres et les banlieues ouvrières de ces deux villes (dans les communes de Liège, Seraing, Herstal, Visé, Verviers et Dison) à l'exception d'un secteur dans la commune de Raeren, à l'est de la région. En effet la zone frontalière se démarque également par des taux de chômage plus élevés ou moyennement élevés. Cependant, dans ce dernier cas, les valeurs sont contestables et peuvent s'expliquer par la définition utilisée pour la population active. En effet celle-ci ne considère par les actifs travaillant à l'étranger. Ceux-ci occupant une part importante de la population active de cette région frontalière (voir bassin d'emploi), le chômage est probablement surévalué. De plus les secteurs présentant les taux de chômage les plus élevés comportent souvent peu d'actifs en général (entre 50-70) ce qui renforce encore ces taux anormalement élevés.

Par contre les zones rurales entre ces deux pôles mais aussi au nord et à l'est de la région, ont des taux de chômage beaucoup plus faibles. Entre ces deux zones, se trouvent en général des communes avec des taux de chômage intermédiaires. On constate également des taux de chômage plus élevés le long des voies de communications mais surtout le long des voies navigables. Enfin, la grande majorité des secteurs statistiques comportant moins de 50 actifs correspondent en général à des régions forestières ou industrielles (voir carte de l'occupation du sol).

Une polarisation ancienne Aux origines du chômage Pour remonter aux origines de cette répartition du chômage, il faut tout d'abord s'intéresser à l'histoire industrielle de la région. En effet la région de Liège fait partie de ces régions d'Europe d'ancienne industrialisation lourde et charbonnière, avec une faible diversité sectorielle et connaissant aujourd'hui d'importants problèmes de reconversion (VANDERMOTTEN C., 2010).

La région liégeoise est depuis très longtemps spécialisée dans l'industrie charbonnière et sidérurgique (qui occupait déjà une place relativement importante avant la révolution industrielle). C'est donc vers le début du 19ème siècle que

À Verviers, le développement industriel se fera majoritairement dans le textile, sous l'impulsion de quelques grands fabricants verviétois enrichis par le commerce du draps et de la laine et grâce aux innovations techniques apportées par l'anglais William Cockerill. Cette industrialisation va donner lieu a une concentration horizontale et verticale au profit de grandes entreprises familiales, causant donc la disparition des petits fabricants indépendants. A partir de 1850, les activités drapières traditionnelles se déplacent à Dison, tandis que l'industrie verviétoise se spécialise dans les étoffes colorées (dites « de fantaisie ») et la production de fil (DESAMA C., 2013). Cependant la grande crise économique des années 1873-96 va mettre un terme à cette croissance et l'industrie textile va s'effondrer au début du XXème siècle pour différentes raisons : faibles performances face à la concurrence internationale, essor des fibres synthétiques, manque crucial d'investissements, absence de modernisation sectorielle et main d’œuvre de plus

Evolution de l'emploi secondaire et tertiaire dans l'arrondissement de Liège Tableau n°1 : Evolution de l'emploi secondaire et tertiaire dans l'arrondissement de Liège Comme on peut le voir les pertes importantes dans l'emploi industrielle n'ont été que partiellement compensées par les gains dans le secteur tertiaire. Source : B. Merenne Schoumaker , 1990

Emplois du secteur secondaire Nb

% du total

% de la valeur de départ

D'après les données INS 1961 146 455 58,1 100 1970 117 327 49,8 80,1 1981 79 163 36,8 54,1 D'après les données ONSS + INASTI 1970 128 403 52,10 100,0 1972 123 423 50,20 96,1 1974 120 568 47,80 93,9 1976 108 716 45,60 84,7 1978 95 687 41,50 74,5 1980 91 198 39,20 71,0 1982 81 565 36,90 63,5 1984 73 242 34,50 57,0 1986 67 542 32,60 52,6 1988 59 816 28,60 46,6 Solde 1961 – ± perte de 87 000, soit 60 % des emplois indus1988 triels de 1961

Emplois du secteur tertiaire Nb

% du total

% de la valeur de départ

100 823 115 237 134 027

40,0 49,9 62,3

100,0 114,3 132,9

114 771 119 727 128 907 127 451 132 384 139 366 137 247 137 136 137 813 147 049

46,6 48,7 51,2 53,4 57,5 59,9 62,1 64,5 66,4 70,4

100,0 104,3 112,3 111,0 115,3 121,4 119,6 119,5 120,1 128,1

± gain de 46 000, soit 46 % des emplois tertiaires de 1961


en plus onéreuse1 (Université de Liège, 1997). • •

Il faut cependant remarquer que le chômage lui-même ne devient massif qu'à partir des années 80. En effet la mise à la pension précoce des anciens mineurs et l'immigration des jeunes les plus qualifiés vers les métropoles a dans un premier temps contribué à un niveau de chômage modéré dans la région (VANDERMOTTEN C., 2010).

Les causes du chômage structurel Comme énoncé au point précédent, les crises qui ont frappé l'économie liégeoise sont en grande partie responsables de la montée du chômage dans la région. Cependant elles ne suffisent pas à expliquer le maintien du chômage dans la région et les difficultés de reconversion que celle-ci connaît.

ment une large proportion de jeunes) l'environnement dégradé et les friches industrielles une économie urbaine peu diversifiée et des conurbations ouvrières diffuses et mal structurées une priorité politique donnée à la gestion des solidarités sociales plutôt qu'à la définition de perspectives stratégiques la valorisation, dans un premier temps, de la « vocation industrielle »

(VANDERMOTTEN C., 2010 ; DE LAET S. et al., 2014)

1

2

Renforcement des disparités territoriales

Par contre, les communes en périphérie des agglomérations affichant des taux de chômage plus bas, possèdent une faible proportion de chômeurs de longue durée.

Carte n°1 : Taux de chômage administratif de longue durée (2 ans et plus) en 2010 Au même titre qu'une grande part du sillon industriel Wallon, les régions de Lièges et Verviers connaissent un important chômage de longue durée.

Source : IWEPS, 2012

On constate que le chômage des jeunes est principalement situé dans les régions de chômage important et suit une répartition semblable à celle du chômage de longue durée. Cependant les taux sont dans ce cas ci beaucoup plus élevés.

Source : IWEPS, 2012

En effet, comme le montre la carte n°1, les anciennes zones industrielles du sillon industriel wallon, dont celles des régions de Liège et de Verviers, en plus de taux de chômage importants, présentent également une proportion élevée de chômeurs de longue durée (> 2 ans).

Les principaux obstacles à la reconversion de la région sont : • la rigidité des structures sociales • le rôle central des grandes entreprises en faillite dans la vie économique • la faiblesse de l'entrepreneuriat local (grand capital national) • peu de PME (concentration en grandes industries) • des structures managériales et services aux entreprises insuffisants • le manque de qualification des chômeurs (notam-

Carte n°2 : Taux de chômage administratif des 15-24 ans en 2010

Logements ouvriers dégradés dans le quartier industriel liégeois de Slcessin (ancienne commune d'Ougrée). Dans l'arrière plan de la photo n°1 on aperçoit les usines de Cockerill-Sambre dont l'arrêt de la phase à chaud a été annoncé depuis le 14 octobre 2011. Source : Photographies personnelles

Comme de nombreuse villes belges, Liège a subi une périurbanisation assez importante. Bien que dépassant le cadre de ma thématique, ce phénomène a eu pour conséquence de renforcer les disparités territoriales de la région. En effet, encore aujourd'hui, de nombreux ménages quittent la ville à la recherche d'une propriété spacieuse dans un environnement campagnard. Ce choix est généralement conforté par la dégradation du milieu urbain et des événements d'ordre personnel ou professionnel (HALLEUX J-M., 1999). Il en résulte une structure caractérisée d'une part par une population péri-urbaine plus aisée (voir carte des revenus), qualifiée (voir carte du niveau d'instruction), connaissant des taux de chômage plus faibles et occupant généralement un emploi tertiaire dans les centres urbains (DE LAET S. et al., 2014) (voir cartes des bassins d'emploi et des secteurs d'activité). Le contraire se réalise dans les centres urbains qui cependant, en tant que centres de l'activité économique, présentent les PIB/hab les plus élevés de la région.

Chômage et voies de communication On constate une certaine corrélation entre le réseau de communications et des taux de chômage plus élevés que la moyenne régionale. En effet les long des voies navigables et des voies de chemin de fer on trouve en moyenne des taux de chômage respectivement de 22 et 18% par rapport à une moyenne régionale de 16%. Par contre, concernant le réseau autoroutier, l'écart est moins marqué, avec un taux de chômage moyen de 17%. Ce phénomène peut s'expliquer par le lien entre le mode de transport et le type de structure urbaine. En effet le chemin de fer et les voies d'eau sont des moyens de transports typiques des banlieues ouvrières et des sites industriels du 19ème siècle, fournis-

sant à ceux-ci la main d’œuvre et les matières premières nécessaires. On retrouve donc des zones de chômage plus élevé le long des ces axes. Par contre le réseau autoroutier est caractéristique des étalements péri-urbains des années 60 et correspond donc à des zones de plus faible chômage (HALLEUX J-M., 1999).

Conclusion En conclusion la répartition du chômage et de l'emploi dans la régions du pays de Herve peut être résumée en 3 types de zones : • les pôles de chômage structurel important autour de Liège et Verviers, avec un chômage des jeunes élevé et une population peu qualifiée dans les banlieues ouvrières. • les zones péri-urbaines et rurales avec des taux de chômage plus faibles et une population qualifiée travaillant dans les emplois tertiaires des centres urbains. • les zones frontalières dont une importante part de la population travaille à l'étranger et comportant en réalité un chômage modéré à faible (contrairement à l'impression donnée par la carte). Sanchez Trenado Corentin

1.

2.

Site de la ville de Verviers (consulté le 05/05/2014): http://www.verviers.be/economie/presentation/historique Site de l'ULg (consulté le 27/05/2014) : de http://culture.ulg.ac.be


Le paysage politique

Tout au long de la planche qui suit, nous allons mettre en évidence la spatialité de la situation politique dans le pays de Herve. Premièrement, nous expliquerons la construction de la carte utilisée pour représenter la situation spatiale du pays de Herve. Deuxièmement, nous analyserons la situation du pays de Herve d'un point de vue purement descriptif. Troisièmement, nous replacerons la situation observée dans le pays de Herve dans son contexte national et dans l'évolution du paysage politique à l'échelle nationale en tentant de mettre en évidence les différentes causes historiques expliquant la mise en place d'une telle structure spatiale du paysage politique national. Enfin, quatrièmement, après avoir mis en évidence les grandes causes structurantes du paysage politique à l'échelle nationale, nous tenterons de replacer et de discerner les causes influençant le paysage politique du pays de Herve en tant que tel.

La cartographie politique du Pays de Herve La carte ci-contre repose sur trois indicateurs différents ayant pour rôle de mettre en évidence la situation politique de la région liégeoise. Elle se base sur les résultats des élections de 2010 pour lesquels les limites territoriales sont définies par cantons. Ces données sont donc obtenues à partir d'une part importante de la population et non à partir d'un échantillon (le taux d'abstention à l'échelle nationale est de plus ou moins 5%). Le premier indicateur est le parti qui est arrivé premier aux élections. Le second indicateur est le nom du parti qui est arrivé deuxième aux élections. Enfin, le troisième indicateurs est le pourcentage obtenu par le premier parti lors des dernières élections, il nous permet donc de savoir si ce parti a dominé les dernières élections ou si il a obtenu une courte avance sur ses poursuivants.

La région du Nord-Ouest (Liége, Herstal, Saint-Nicolas) est un véritable bastion du parti socialiste avec des pourcentages allant de 30% à 50 % pour ce parti. La partie du Sud-Est est beaucoup plus hétéroclite. En effet, trois cantons sont aux mains du PS mais avec, pour deux d'entre eux, moins de 30% des voix (Verviers et Spa). Ensuite, quatre cantons sont aux mains du MR mais toujours avec moins de 30% des voix. Enfin, les deux derniers cantons sont aux mains de la N-VA et du CDH, le premier avec quasi 50% des votes en sa faveur tandis que le deuxième engrange moins de 30% des votes. En conclusion, on peut mettre en évidence la domination PS dans les sept cantons du Nord-Ouest qui correspondent à la région urbaine liégeoise où il possède une avance confortable sur le MR qui arrive deuxième dans l'ensemble des cantons. Ensuite, le Sud-Est, lui, possède un caractère beaucoup plus hétéroclite au niveau des partis arrivant premier et deuxième aux élections. Ces partis arrivent, de plus, premiers avec généralement de courtes avances. On peut donc imaginer que la région du SudEst est beaucoup plus sensible à de faibles variations dans les intentions de votes pour un parti ou pour un autre.

Le paysage politique à l'échelle description, évolution et explication

nationale:

le Sud-Est de Bruxelles, c'est-à-dire les communes aisées. La Wallonie est, comme à son habitude marquée par une hégémonie socialiste avec 37.7% des voix en faveur du parti socialiste, le vote socialiste se concentrant essentiellement sur l'ancien sillon industriel, c'est-à-dire Liège et le Hainaut. Plus spécifiquement, à l'intérieur de la région Wallonne, le Limbourg présente un vote chrétien important tandis que les libéraux sont essentiellement présents dans le Brabant Wallon, à l'Est de Liège et dans le SudEst Namurois. [Vandermotten,C., Vandeburie, J., 2011, p. 358]

Le Pays de Herve, bastion socialiste Dans un second temps, nous allons analyser la carte suivante, en tentant d'en extraire les grands courants. Premièrement, nous pouvons mettre en évidence que le PS est le parti qui arrive premier dans de nombreux cantons. En effet, ce dernier arrive premier dans dix cantons sur seize, ce qui fait de ce dernier le parti dominant indéniablement au niveau de la région. Ensuite, le MR, lui, arrive premier dans 'seulement' quatre cantons. Le CDH et la N-VA se partagent enfin les deux derniers cantons : Aubel pour le premier et les Fourons pour le deuxième ; les Fourons étant le seul canton néerlandophone de la région. Deuxièmement, au niveau du second parti, le parti qui arrive le plus souvent deuxième est le MR. Il arrive en effet deuxième dans onze cantons sur seize. De plus, il arrive deuxième dans l'ensemble des cantons où le PS arrive premier. Il a donc un statut aussi dominant au niveau des seconds partis que le PS au niveau des premiers partis. Le reste des cantons sont répartis entre le PS(2), Ecolo(1), le CD&V(1) et le CDH(1). Troisièmement, la part du premier parti varie fortement régionalement.

KaterBegemot,elections-en-europe.net , consulté le 06/05/2014

Nous allons commencer par décrire la situation politique de la Belgique à l'échelle nationale avant de zoomer sur la situation particulière du pays de Herve. D'un point de vue purement descriptif, le parti qui obtient le plus de voix en 2010 au niveau du royaume est le PS, avec 23% des voix. Mais il existe néanmoins de grandes différences entre les trois régions. En Flandre, le premier parti lors des élections fédérales de 2010 est la N-VA avec 28.7% des voix. De plus, il est important de signaler qu'une part importante des cantons flamands a voté pour la N-VA. Le reste des cantons flamands a été partagé entre l'Open-VLD et surtout le CD&V. A Bruxelles, le premier parti était le parti libérale qui contrôlera essentiellement

Historiquement, les partis politiques en Belgique sont édifiés selon trois grands clivages : le clivage philosophique (EtatEglise), le clivage possédants-travailleurs, c'est-à-dire le niveau socio-économique des individus et, finalement, le clivage centrepériphérie qui est actuellement souvent ramené aux questions linguistiques ou communautaires. Bien sûr, l'importance de chacun de ces clivages a varié au cours du temps. Le clivage philosophique concernant le rapport entre l'Etat et la place accordée à l'Eglise dans la société civile est, par exemple, le clivage prépondérant au cours de la formation de l'état belge, avant de perdre de son importance au cours du 20ème siècle avec un renforcement de l'importance des clivages socioéconomiques et linguistiques. [Delwit, P., Van Haute, E., 2007, p. 9]

Au niveau de l'évolution de la scène politique en Belgique, les partis traditionnels, c'est-à-dire les socialistes, les libéraux et les chrétiens ont dominé celle-ci et monopolisé historiquement la majorité des intentions de vote. La scène politique a été dominée par les sociaux-chrétiens de 1893 (date du premier élargissement majeur du droit de suffrage) à 1999. En effet, ceux-ci ont rarement été absents des responsabilités exécutives durant le 20ème siècle. Leur période d'opposition, à partir de 1999, apparait donc comme un fait rare. Historiquement, l'implantation électorale des démocrates-chrétiens apparait comme asymétrique avec une présence très forte en Flandre et une relative absence en Wallonie. [Delwit, P., Van Haute, E., 2007, p. 10] Les socialistes, quant à eux, ont constitué pendant de nombreuses années la deuxième force politique nationale derrière les chrétiens. Le POB, ancêtre du parti socialiste, a été fondé en 1885 comme formation politique visant à l'élargissement des droits politiques et sociaux. Leur géographie électorale est opposée par rapport au vote catholique et asymétrique. Le parti socialiste est très bien implanté en Wallonie et bien plus faible en Flandre. [Delwit, P., Van Haute, E., 2007, p. 10]

Le statut des libéraux dans le paysage politique belge a, lui, connu de nombreux soubresauts au cours de son histoire. Durant une bonne partie du 19éme siècle, au moment du suffrage censitaire, les libéraux étaient le premier parti dans l’opposition et s'opposait donc à la majorité chrétienne, notamment sur les thématiques philosophiques. Néanmoins, l'émergence des questions sociales, la naissance du POB, l'élargissement du droit


au suffrage, etc. affecteront fortement leur popularité. Ils ne retrouveront une proportion importante d’électeurs qu'au cours des années 1960 en abandonnent complètement leur identité et, notamment, leur posture anticléricale pour promouvoir une idéologie d'économie de marché et la réduction de la fiscalité directe. Ce réalignement leur permettra d'attirer une frange catholique de droite. [Delwit, P., Van Haute, E., 2007, p 11]

du votant et le patrimoine économique sa richesse financière. [Medina, P., Vandermotten,C., Van Hamme, G., 2007 , p. 62]

Le second mécanisme est un mécanisme qui se produit à l'intérieur de la famille et qui est la transmission via la tradition, l'héritage d'une idéologie politique, de père en fils. [Delwit, P., Van

Enfin, l'apparition et l'émergence des partis communautaires dans les années 50 et 60 et des partis écologistes et d'extrême droite durant les années 80 traduisent une fragmentation du paysage politique et, notamment avec l'émergence des partis communautaristes, l'importance dans le débat politique contemporain du clivage communautaire. [Delwit, P., Van Haute, E., 2007,

Haute, E., 2007, p. 9 ; Van Hamme, G., 2009, pp. 106-107]

La domination socialiste

p. 12]

En conclusion, nous assistons en Wallonie comme en Flandre, à partir des années soixante, globalement, à une diminution du poids de la famille chrétienne, avec la mise en place de politique de laïcisation. Le CD&V comptabilisait 56,23% des voix en 1946 pour seulement 29,64% en 2007, avec un minimum atteint en 2003 avec 'seulement' 21,35 % des voix. On assiste aussi à une stabilisation de la famille PS, après les années 1960, que ce soit en Wallonie ou en Flandre. Le poids libéral, quant à lui, se renforce, avec un passage de seulement 9,25% des voix en 1946 pour atteindre 25,39 % des voix en 1965.Le poids du parti libéral se stabilisera ensuite à mesure qu'il abandonnera son discours anticlérical.[Delwit, P., Van Haute, E., 2007, p. 12, 14 ; Vandermotten,C., Vandeburie, J., 2011, p. 347]

libéral. Ces piliers rassemblent un parti, une organisation syndicale, une mutualité et encore bon nombre d'autres organisations socio-culturelles ou économiques. Ils confèrent aux partis politiques une possibilité d'intégration sociale et de partis de masse.

Medina, P., Vandermotten,C., Van Hamme, G., Atlas de Belgique. 1. Géographie politque, 2007, p.62

Nous pouvons expliquer cette spatialité politique par l’existence d'une corrélation entre les structures de classes et les scores électoraux, même si ce lien est actuellement moins significatif qu’en 1950, date qui constitue le paroxysme du lien entre classes sociales et vote électoral. En effet, les partis s'appuient encore sur des classes sociales significativement différentes : les socialistes continuent d'attirer les classes non qualifiées, notamment les ouvriers mais également des classes salariées intermédiaires ; les libéraux attirent pour l'essentiel des électeurs au sein des classes sociales supérieures et au sein des indépendants ; le vote social-chrétien reste un vote interclassiste, en Flandre du moins ; le vote écologiste, quant à lui, est surreprésenté au sein des classes salariées tertiaires et sous représenté parmi les indépendants et les ouvriers non-qualifiés ; enfin, le vote d’extrême droite est surtout spécifique des ouvriers, surtout non qualifiés. [Van Hamme, G., 2009, p. 63]

En analysant le graphique ci-dessus, on peut donc constater que dans les partis traditionnels, les électeurs du parti socialiste sont ceux pour qui le patrimoine économique et culturel est le plus faible, surtout en Wallonie, par opposition aux partis chrétiens et libéraux qui attirent les populations plus aisées même si il existe des différences régionales. En Flandre, les électeurs libéraux semblent disposer de plus de ressources que ceux du parti chrétien qui, lui, est un parti interclassiste. En Wallonie et à Bruxelles, l'ordre est inversé, lié à l'incapacité des chrétiens francophones à conserver leur électorat ouvrier. Le parti chrétien wallon s'est donc centré sur les classes supérieure ou moyenne alors que les libéraux, eux, ont plutôt attiré les petits indépendants. Les chrétiens francophones sont donc les seuls à avoir un niveau de patrimoine supérieur à leurs homologues flamands. Enfin, dans le cadre des partis non-traditionnels, il est important de remarquer la forte opposition entre les électeurs écologistes fortement qualifiés et l'électorat d'extrême droite dont le patrimoine culturel est extrêmement faible. [ Medina, P.,

Pour étayer mes propos, le graphique ci-contre montre la corrélation qui existe entre le vote pour un parti politique et le patrimoine économique et culturel d'un individu qui détermine globalement la classe sociale d'un individu.Le patrimoine culturel est déterminé grâce à une variable crée à partir de divers indicateurs qui sont : le niveau d'étude des électeurs, la qualification de leur éventuel emploi ainsi que, dans une moindre mesure, le niveau d'étude de leur éventuel conjoint.Enfin, en ce qui concerne le patrimoine économique d'un individu, celui-ci est déterminé également à travers 'une variable synthétique' déterminée par le revenu déclaré des votants, la perception subjective du revenu (est-ce-que celui-ci est jugé suffisant ou insuffisant), le statut d'occupation du logement et la possession de certains éléments du patrimoine.En conclusion, le patrimoine culturel représente le niveau d'études

Vandermotten,C., Van Hamme, G., 2007 , p.62]

A cette corrélation entre classes sociales et vote électoral, s'ajoute deux autres mécanismes influençant les intentions de vote. Le premier est un mécanisme prenant place à l’extérieur du cercle familial et regroupant un ensemble de réseaux de socialisation tels que les maisons du peuple, les églises ou encore les maisons de jeunesse. Ces différents réseaux constituent ce qu'on appelle les « piliers » qui ont permis l'encadrement des individus et leur adhésion à une idéologie. En effet, historiquement, le système politique belge est aussi articulé sur une pilarisation de la société. A la fin du XIXème siècle, deux mondes politico-sociaux se sont construits et se sont développés : il s'agit du pilier catholique et du pilier socialiste, auxquels s'ajoute un pilier de moindre importance, le pilier

A présent, tournons-nous vers le pays de Herve qui nous intéresse plus spécifiquement. Premièrement, il est important de mettre en évidence que la région liégeoise est un ancien foyer industriel qui était donc tourné vers l'extraction de charbon et l'industrie lourde. Ce passé industriel est la cause principale de la prépondérance du vote socialiste dans la région. Il brasse en effet une masse ouvrière qui sera très vite prise en charge et encadrée par le parti socialiste et les syndicats, contrairement, notamment postérieurement ou antérieurement, aux régions industrielles flamandes qui resteront bien moins encadrées par le parti socialiste que les ouvriers dans le sillon industriel wallon. Ceci met en évidence la raison historique expliquant l'importance du parti socialiste dans la région : l'encadrement précoce des ouvriers wallons par le parti. Néanmoins, actuellement le sillon wallon connait une forte désindustrialisation et une diminution forte de la part des ouvriers dans la population. Malgré cela, le parti socialiste conserve à l'heure actuelle un encadrement des structures de la société civile locale très fort. De plus, l'adhésion au parti socialiste à l'époque actuelle dépasse le contour de la classe ouvrière traditionnelle. En conclusion, la prépondérance du vote socialiste a été mise en place pendant la période industrielle et sera maintenue par une série de mécanismes permettant la perpétuation à travers les âges des intentions de vote. Ces mécanismes sont soit intra-familiaux (transmission de l'idéologie socialiste de père en fils), soit extérieurs au cercle familial (maison du peuple). Ceci explique le maintien de la primauté du vote socialiste dans la région malgré la diminution de la part d'ouvriers dans la population.[Vandermotten,C., Vandeburie, J., 2011 ]

En outre, cet avènement du vote socialiste dans la région aura comme conséquence une laïcisation précoce du sillon industriel wallon, provoquant une baisse de l'influence des partis chrétiens dans la région et influençant également, comme nous l'avons vu ci-dessus, l'importance de la famille chrétienne en Wallonie en général et plus spécifiquement encore dans le sillon industriel. [Vandermotten,C., Vandeburie, J., 2011]

Pour montrer la relation entre vote socialiste et la part d'ouvriers dans la population, nous proposons quatre cartes qui se trouve ci-contre.Les deux dernières cartes nous montrent qu'il n'existe pas, à notre époque, de lien évident entre la part d'ouvriers dans la population et le vote socialiste actuel, que même si le sillon reste une zone relativement ouvrière (corrélée avec la part d'ouvriers), ce n'est pas le cas pour la Flandre qui présente pourtant une part bien plus importante d’ouvriers dans sa population.

Van Hamme, G., Classes sociales et Géographie des comportements politques en Europe occidentale, ULB, http://theses.ulb.ac.be/ETD-db/collection availableULBetd-08312009110739/unrestricted/these_gilles.pdf, consulté le 04/06/2014

Néanmoins, les deux premières cartes montrent que ce lien entre « part d'ouvriers dans la population » et « socialisme » était beaucoup plus fort à la sortie de la deuxième guerre mondiale. Enfin, il est intéressant de préciser qu'il existe une corrélation entre les maisons du peuple et la part d'ouvriers dans la population actuelle. Les maisons du peuple constituent donc le véritable lieu de formation de l'idéologie socialiste. [Vandermotten,C., Vandeburie, J., 2011, p. 325 ;Van Hamme, G., 2009, p. 59]

En outre, concernant le Sud-Est du pays de Herve, la région est une région majoritairement libérale. Cet état de fait est lié, premièrement, à la situation économique plus favorable de ses habitants (voir carte revenus) qui sont des habitants plus aisés ayant été s'installer en périphérie et donc d'une classe sociale différente. Mais il peut également s'expliquer, deuxièmement, par la présence dans le passé d'un siège marchand autonome et de dissidences économiques dans la région liégeoise, favorisant la mise en place, à partir de la seconde guerre mondiale, d'un mouvement libéral plus important que dans la région du Hainaut. Une troisième pourrait être la laïcisation précoce de la région (expliquant aussi la faiblesse du parti chrétien dans cette dernière). [Vandermotten,C., Vandeburie, J., 2011, p. 321] Enfin, dans le cadre du canton des Fourons, la domination des flamingants peut être expliquée par deux facteurs principaux : premièrement, par la présence de classes ouvrières déçues par le pouvoir dissident et non encadrées par le parti socialiste comme en Wallonie ; deuxièmement, par la présence d'une bourgeoisie flamande qui veut couper les liens avec une Wallonie à la traine. [Vandermotten,C., Vandeburie, J., 2011, p. 347]

REGNIER NIELS


Accueil de la petite enfance Avec le développement du travail des femmes et les divorces, les noyaux familiaux et leur organisation ont fortement changé. Traditionnellement, les mamans s’occupaient de leurs enfants à la maison, alors que le papa allait travailler. Aujourd’hui, quand la femme travaille, la conciliation difficile entre la vie professionnelle et la vie familiale implique de trouver une solution pour garder les enfants en bas âge. Cette section présente un aperçu des services concernant l’accueil collectif des enfants de moins de trois ans, en théorie. En pratique, les enfants pris en charge dans les structures d’accueil sont âgés de 0 mois à 2,5 ans (âge à partir duquel ils peuvent commencer à fréquenter l’école maternelle). L’accueil informel (accueil fourni par les grands-parents, les amis ou les connaissances des parents, qu’il ait lieu au domicile de l’enfant ou de la personne qui l’accueille (Vanden Gaer E., 2013, p.23)) ne sera pas traité ici. Offre et demande de la petite enfance en Europe De manière globale, au sein de l’Europe, le nombre de places d’accueil pour la petite enfance est insuffisant par rapport à la demande (Damon J., 2001, p.1), bien que le manque de données harmonisées empêche une analyse précise. Une offre basse en Belgique… L’accueil de la petite enfance en Belgique est régi par trois services publics gérés par les trois Communautés belges : l’Office de la Naissance et de l’Enfance (ONE) pour la partie francophone, Kind&Gezin (K&G) pour la partie néerlandophone, et Dienst für Kind und Familie pour la communauté germanophone. En 2010, le taux de couverture1 belge pour les enfants de 0 à 2,5 ans était de 34%, et celui en Flandre était de 38,6 % (IDETA et IEG, 2010, p.34) (mais concernant les enfants de 0 à 3 ans). …et encore inférieure en Wallonie Comme c’est le cas au niveau européen, l’accueil de la petite enfance ne couvre pas les besoins en Wallonie. En 2010, le taux de couverture d’accueil des enfants entre 0 et 2,5 ans n’était que de 29,4 % (IDETA et IEG, 2010, p.34) en Wallonie, presque 10% inférieur à celui en Flandre. Qu’est-ce que le taux de couverture ?

L’analyse est faite à l’échelle des anciennes communes, localités qui offrent un compromis entre les secteurs statistiques (avec une superficie trop faible, et donc beaucoup de quartiers sans crèches), et les communes actuelles, territoires plus importants (qui masqueraient trop les divergences entre entités).

Pour mesurer l’accueil de la petite enfance (ici les enfants de 0 mois à 3 ans, selon les données disponibles), la carte présente simultanément le taux de couverture et la capacité d’accueil totale dans les différentes structures d’accueil collectives situées Le taux de couverture est calculé comme le rapport entre le dans le pays de Herve. nombre de places d’accueil disponibles dans les milieux d’accueil, et le nombre d’enfants âgés de moins de 3 ans.

La demande en structures d’accueil dépend de nombreux facteurs, impossibles à traiter ici, dont : la part du travail féminin, du secteur de l’accueil informel, ou encore la durée des congés parentaux. Ces derniers s’étendent, en Belgique2, sur une durée d’arrêt total de travail de maximum 4 mois, ou, si le travailleur continue de travailler à mi-temps, 8 mois. Le

trtravailleur peut également réduire son temps de travail d’un cinquième pendant 20 mois, s’il le souhaite. 3

3

3

Service public fédéral Emploi, Travail et Concertation sociale

Une offre globalement déficitaire En observant cette carte, on peut dire que l’accueil de la petite enfance dans le Pays de Herve est partout insuffisante : 3478 Service public fédéral Emploi, Travail et Concertation sociale


places d’accueil pour 22 322 enfants, donc un taux moyen de couverture de 16 %. En moyenne, les structures d’accueil présentes sur le terrain ont une capacité de 24 places4, et 88 des 148 localités n’hébergent aucune structure d’accueil. Cependant, plusieurs tendances se dessinent : l’accueil est plus important dans la moitié Ouest de la région qu’à l’Est, dans les régions les plus densément peuplées, et beaucoup d’anciennes communes n’ont pas de places d’accueil (le Nord et l’extrême Est du Pays de Herve particulièrement). Plus précisément, Liège et sa périphérie se démarquent, tout comme Verviers, et la région Sud (Sprimont, Theux, Spa). Seules deux petites anciennes communes ne contiennent pas d’enfants de moins de trois ans : au Sud-Est de la commune actuelle de Herstal et au Nord-Ouest de celle de Fléront, anciennement la commune de Beyne-Heusay (en jaune sur la carte). Les anciennes communes du Nord du Pays de Herve, actuellement regroupées dans la commune des Fourons, ne contiennent qu’une seule crèche, subventionnée par Kind&Gezin car cette commune appartient à la communauté flamande. C’est une commune peu densément peuplée (de 1 à 100 habitants/km²). L’extrême Est de la région contient peu de structures d’accueil : seulement deux, à Eupen (26 places, avec un taux de couverture de 6%), et à Jalhay (numéro 4 sur la carte) (18 places mais un taux de couverture de 15%). Le fait qu’il n’existe que deux structures d’accueil pour une si grande superficie est dû au fait que ces communes sont très peu peuplées (moins d’un habitant par km²). La région traversée par la Meuse est celle qui comprend le plus de structures d’accueil, et la plus densément peuplée, mais le taux de couverture y est modéré. Liège est l’entité comprenant le plus de places d’accueil : 638 places, mais a cependant un faible taux de couverture (27%), ce qui est inférieur à la moyenne belge, au contraire de Vis, ou d’Esneux (avec respectivement 33 places d’accueil mais le plus haut taux de couverture, 85 % et 16 places et 73% pour Esneux). La périphérie directe de Liège offre peu de places dans les milieux d’accueil collectifs en regard du nombre d’enfants : moins de 20% d’enfants ont une place dans un milieu d’accueil collectif, alors que les taux remontent quand on s’écarte plus de cette grande ville.

Les différentes structures d'accueil théorique en Wallonie d’après 6 cléfs pour ouvrir son centre d’accueil, Brochure ONE, p15-24 * horaire fixe = au minimum 10 heures par jour, 5 jours par semaine et 220 jours par an Accueillant conventionné

Accueillant autonome

Crèche parentale

Crèche

Prégardiennat

Âge des enfants

0 à 3 ans

1.5 à 3 ans

0 à 6 ans

0 à 6 ans

0 à 6 ans

0 à 6 ans

0 à 6 ans

0 à 6 ans

0 à 3 ans

Capacité

18 à 48 places

18 à 48 places

12 à 24 places

9 à 24 places

Variable

Non spécifié

1 à 4 places

1 à 4 places

14 places

Horaires fixes

Oui *

Oui *

Oui *

Oui mais fixé par le milieu d’accueil

Non

Oui *

Oui mais fixé par le milieu d’accueil

Oui mais fixé par le milieu d’accueil

Oui *

Prix fixé par un barème de l’ONE

Que pour les crèches subventionnées

Oui

Oui

Non

Non

Oui

Oui

Oui

Oui

Organisé par les pouvoirs publics (CPAS, … ) ou ASBL

Oui

Oui

Oui

Non

Non

Oui

Non précisé

Non précisé

Oui

Formation initiale exigée

Oui

Oui

Oui

Oui

Non

Oui

Oui

Oui

Oui

Subvention ONE

Pour une partie du personnel

Pour une partie du personnel

Par place d’enfant par jour et par présence (min 12 places jusqu’à 3 ans)

Non

Non

Enfants 0 à 3 ans, prestations de l’assistant social, frais administratifs

Indemnité payée par SAEC

Non

Pour une partie du personnel

Nombre de milieux d’accueil dans la région étudiée

43

2

18

39

9

3

?

76

?

Comme décrit ci-dessus, le taux de couverture utilisé est calculé à partir du nombre d’enfants en âge d’aller dans une structure d’accueil. Il existe une différence non négligeable entre les enfants en âge de profiter de cet accueil, et ceux qui en ont besoin. Cependant, il est difficile de mesurer cette partie de la population. Une piste d’analyse peut être la répartition du taux d’activité des femmes, bien qu’elles ne soient pas les seules susceptibles de garder leur enfant. Le taux d’activité des femmes est calculé à partir du nombre de femmes de 15 à 64 ans, ce qui comprend un nombre de femmes plus important que celles concernées par l’accueil de la petite enfance. Les femmes de plus de 50 ans ont en effet peu de probabilités d’avoir des enfants de moins de 3 ans. Taux d’activité des femmes (%)

Maison d’enfants

importants (le plus faible taux représenté est 49%), mais plus faibles dans la partie nord-est (où il n’y a pas ou peu d’offres d’accueil pour les enfants), mais il est également faible à Verviers, où le taux de couverture d’accueil est faible (14%) alors que la capacité d’accueil est importante (172 places). Par ailleurs, alors que l’offre d’accueil est relativement importante près de Liège, environ la moitié des femmes ne se présentent pas sur le marché du travail. La relation entre l’activité féminine et l’accueil à la petite enfance n’est donc pas univoque. Il est difficile d’explique la répartition du taux de couverture des milieux d’accueil à partir du taux d’emploi féminin car de nombreux facteurs entrent en compte dans l’accueil des enfants : le prix des structures d’accueil, les comportements clturels, l’activité des parents, la structure du noyau familial, la densité de population, l’accessibilité des milieux d’accueil, …

Alternatives

Des taux moyens (entre 34 et 56%) mais des capacités absolues faibles (environ 60 places) se situent à Sprimont, Theux et Spa.

La demande est-elle réellement importante ?

Communes non étudiées CUNIC – IWEPS, Comptes de l’emploi wallon, août 2010

4

Les données concernant l’effectif des enfants proviennent du registre national : SPF Économie P.M.E., classes moyennes et énergie (01/01/2007), et celles sur les structures d’accueil proviennent de l’Office de la Naissance et de l’Enfance, ONE.be et de Kind&Gezin, kindengezin.be

Halte accueil

Service d’Accueillants d’Enfants Conventionnés (SAEC)

Maison Communale d’Accueil de l’Enfance (MCAE)

Les taux d’activité des femmes dans le Pays de Herve sont

Comme expliqué précédemment, l’offre des services publics pour l’accueil collectif des enfants de moins de trois ans est déficitaire. Dès lors, quelles alternatives au secteur formel sont offertes aux parents qui désirent faire garder leurs jeunes enfants lorsqu’ils travaillent ? Et l’offre formelle d’accueil des enfants entre 0 mois et 3 ans est-elle différente en communauté francophone et néerlandophone ?

En théorie, en Wallonie, 9 structures d’accueil peuvent exister. Dans les 4 structures non reprises dans la carte 5 (en gris dans le tableau), 3 accueillent un public plus large : de 0 à 6 ans. Les accueillants autonomes, non présentés dans la carte, sont pourtant les plus nombreux dans la zone étudiée : 76 dans la région du Pays de Herve, dont presque un tiers (24) rien que dans la commune de Liège, les autres étant fortement distribués sur le territoire (en moyenne 2 accueillants autonomes par commune, en excluant la valeur extrême de Liège). Les services d’accueillants d’enfants conventionnés sont pas contre peu nombreux : 3, mais pas les moins représentés car il n’y a que 2 prégardiennats (un à Liège et un à Fléront). A titre d’exemple, 5 structures d’accueil différentes peuvent être mises en place en Flandre, à savoir : des crèches subventionnées et indépendants, des parents d’accueil subventionnés, indépendants ou connectés. Il est cependant important de préciser que les structures prévues en théorie ne sont pas forcément bien implantées sur le terrain (comme c’est le cas en Wallonie). Il nous est donc impossible de préciser si l’accueil est plus important en Wallonie qu’en Flandre sur simple base de la diversité des formes d’accueil. Roxane GOSSART

5

N’ont été cartographiées que les milieux d’accueil collectifs




Le logement social « Un logement social est un logement destiné, suite à une initiative publique ou privée, à des personnes à revenus modestes qui auraient des difficultés à se loger sur le marché libre» (THOMAS I., VANNESTE D., QUERRIAU X., 2011, p42) . Au sein de l'Union européenne, les conceptions du logement social varient fortement d'un pays à l'autre, ainsi que les politiques qui régissent le type d'occupation, les fournisseurs, les bénéficiaires et les modes de financement. En Belgique comme dans la majorité des pays, le logement social est le plus souvent de type locatif public, mais il existe également des situations mixtes, avec des partenariats public/privé. Cette situation est bien différente de celle de la Grèce, où l'accès à un logement à loyer modéré se fait principalement par accession à une propriété à bas prix.1 Le parc locatif social représente environ 8% du parc total des logements en Belgique. Cette moyenne est assez faible au regard de pays comme les Pays-Bas (35%), la Suède (21%) ou le Royaume-Uni (21%), mais est quand même plus élevée que celle de la plupart des pays du sud et de l'est de l'Europe, où les moyennes sont généralement inférieures à 5% (GHEKIERE L, 2007). Cette moyenne s'élève également à 8% en Wallonie et à Bruxelles, mais seulement à 6% en Flandre.2

Une carte dominée par le vide Cette faible moyenne du parc locatif social se marque bien sur la carte « Part des logements sociaux dans le total des logements », où le vide domine. On peut également remarquer que la plupart des secteurs statistiques où la part des logements sociaux est forte, se trouvent à proximité des villes et dans une moindre mesure des routes. De la même manière, on peut remarquer que les zones de concentration de logements sociaux sont principalement situées près des anciens bassins industriels (Liège, Seraing, Verviers...). Pour tenter d'expliquer cette répartition spatiale, un petit historique de la question du logement social s'impose.

Petit historique du logement social La question du logement social apparaît au XIX è siècle, suite à l'afflux de main d’œuvre dans les villes, conséquence de la révolution industrielle. Cet afflux provoqua le développement de quartiers ouvriers de plus en plus peuplés et de plus en plus insalubres. La question du logement décent était donc l'une des revendications des grèves qui survinrent en 1886 dans les bassins houillers de Liège et du Borinage. Suite à ces grèves, la loi de 1889 inaugure l'intervention étatique dans la sphère du logement. Mais cette loi n'eut pas beaucoup d'applications en termes quantitatifs. Par contre celle de 1919 marqua réellement le début de l'intervention étatique dans les politiques de logement. Celle-ci prévoyait la création de la Société Nationale des Habitations et Logements Bon Marché qui était chargée de construire, via des sociétés locales ou régionales, des logements sociaux à bas prix et de les louer à des personnes à faibles revenus. (ROSENOER A., 2009, pp7-8) 1 www.housingeurope.eu 2 www.housingeurope.eu


Depuis 1918, la Belgique est gouvernée par une coalition socialistes-catholiqueslibéraux. Trois familles politiques avec autant de conceptions différentes du logement ouvrier. Alors que les catholiques veulent disperser les ouvriers à la périphérie des villes dans des propriétés individuelles, essayant ainsi de contrer la propagation du socialisme, le Parti Ouvrier Belge voulait construire des ensembles locatifs sociaux au sein des villes. Quant aux libéraux, ils prônaient la non-intervention de l'Etat dans la sphère du logement comme c'était le cas jusqu'en 1919. Un compromis est alors trouvé dans le modèle la citéjardin. Ces cités sont composées de petites maisons individuelles ou petits immeubles plurifamiliaux comprenant un jardin. Elles étaient le plus souvent localisées en périphérie des villes, où se trouvaient des terrains à bon marché. Les cités-jardins qui étaient situées loin des lieux de travail avaient pour priorité la qualité du cadre de vie. Celles-ci furent le modèle dominant en matière de logement social jusqu'à la fin de la décennie 1920. (VAN CRIEKINGEN M., 2011-2012, p46 et ROSENOER A., 2009, p9) (illustration : archive.journeesdupatrimoine.be) Dans les années 1930, ce sont les projets d'envergure qui dominent la production de logements à loyers modérés. Ce sont donc de grands ensembles construits en hauteur qui ont vu le jour dans un style cubiste et fonctionnel. Dans ces quartiers, l'accent est porté sur l'hygiène, plutôt que sur la qualité du cadre de vie. (ROSENOER A., 2009, p10) (illustration : electronic-eye.skynetblogs.be) La sortie de la deuxième Guerre Mondiale est marquée par une pénurie de logements pour les classes les moins aisées. De plus en plus de citadins se retrouvent dans l'incapacité de se loger décemment. Cette augmentation quantitative de « mal lotis » est due non seulement aux destructions pendant la Guerre, mais aussi à l'exode rural, à la croissance démographique qui fait suite au baby-boom d'après-guerre, ainsi qu'à l'immigration de travailleurs (VAN CRIEKINGEN M., 2011-2012, p50). C'est dans ce contexte qu'un pic historique de constructions de logements sociaux est atteint au cours des années 1950-1970. De nombreux quartiers résidentiels monofonctionnels ont alors vu le jour en périphérie des noyaux d'habitat, obéissant ainsi à la loi de rente foncière. Aujourd'hui, suite à l'étalement du tissu urbain, ces quartiers sont souvent inclus dans la ville ( THOMAS I., VANNESTE D., QUERRIAU X., 2011, p42). Dans une moindre mesure, les années 1950-1970 ont aussi été marquées par la construction de grands ensembles d'inspiration moderniste, comme celui de Droixhe à Liège, alliant habitations et infrastructures

d'équipements collectifs (crèches, commerces, plaines de jeux...)3. (ROSENOER A., 2009, p12) (illustration : histoiresdeliege.skynetblogs.be)

ainsi 20 ans de dégradation du parc. (ROSENOER A., 2009, p22)

les logements sociaux sont majoritaires.

Alternatives Toutes ces conditions d'admissions conjuguées au déficit de logements publics, induisent des situations de logements plus informels. On en retrouve trois principaux types : les habitats solidaires, les habitats permanents dans les campings et les occupations d'immeubles vides.7

Pénurie ?

Dès le début des années 1980, ces complexes construits durant les Trente Glorieuses se sont dégradés. En effet, suite aux crises pétrolières et à la régionalisation de la compétence du logement social, de très faibles budgets publics ont été attribués au parc locatif social, d'autant que la mise en place des nouveaux outils régionaux ne s'est pas faite du jour au lendemain. En 1984 est créée la Société Wallonne du Logement, qui est chargée de coordonner, pour compte du gouvernement wallon, le développement et la gestion locative des logements publics, au travers des Sociétés de Logements de Service Public 4. (ROSENOER A., 2009, pp 15, 20) A partir des années 1990, la Région wallonne investit dans la rénovation et la construction de logements sociaux. Mais la politique qui prévaut cette fois est l'intégration du logement social à proximité des infrastructures publiques, commerciales, sociales et culturelles. Cette nouvelle politique passe par la réaffectation de bâtiments désaffectés (souvent industriels) et la revitalisation de certains quartiers dégradés. (ROSENOER A., 2009, p17) (illustration : www.actionlogement125.be)

En 1998, le logement social devient également une compétence communale, avec pour but de doter chaque commune d'un société de logements et d'ainsi assurer un développement territorial du logement social cohérent avec les spécificités locales et permettre une proximité entre les locataires et les organes de gestion du patrimoine. (ROSENOER A., 2009, p19) De 2003 à 2009, un vaste programme de rénovation du parc locatif social a été mené par la Région wallonne résorbant 3 histoiresdeliege.skynetblogs.be 4 www.swl.be

Aujourd'hui, on compte aux alentours de 100 000 habitations sociales en Wallonie (8% du parc total du logement), et presque 40 000 demandes sur listes d'attente avec un délais moyen de 4 à 5 ans5. En outre, des études ont démontré que l'évolution démographique prévue pour les prochaines années va augmenter cette demande de 40%. Afin de répondre à l'augmentation de la demande en logements publics, le Gouvernement wallon exige de ses communes la mise en place d'un plan « logement » afin que celles-ci disposent chacune de 10% de logements sociaux sur leur territoire. On dénombre dès lors 500 à 700 nouveaux logements pour la location chaque année depuis l'an 2000. La plupart étant le fruit de rénovation d'anciens logements plutôt que de constructions à proprement parler. Vous pouvez constater en regardant la carte ci-dessus que cet objectif est loin d'être atteint dans certaines communes. (ROSENOER A., 2009, pp22-29)

Qui sont les locataires ? Pour pouvoir prétendre à un logement social, certaines conditions doivent être remplies. La première concerne les revenus de la personne ou du ménage qui en fait la demande. Dans le cas d'une personne isolée, le maximum de revenus imposables est porté à 39 900 euro par an. Ce montant s'élève à 48 200 euro dans le cas d'un ménage. Les personnes ou ménages qui entrent dans ces conditions doivent ensuite choisir cinq communes où elle veulent bien s'installer par ordre de préférence. Lorsqu'un logement social se libère dans l'une de ces communes, priorité va aux personnes ou ménages pour qui le logement est le mieux proportionné, afin de ne pas gaspiller l'espace (par exemple en attribuant un logement avec trois chambres à une famille qui ne comprend seulement qu'un enfant). Parmi les locataires éligibles qui restent, la priorité sera donnée à ceux qui accumulent le plus de points. Ces point de priorité portent sur les difficultés de logement actuelles (occupation d'une caravane ou d'un abri précaire, sans-abri...), et sur les difficultés personnelles des membres du ménage (victime de violence, revenus inférieurs à 30 100 euro, handicap...).6 (illustration : www.swl.be)

Un habitat solidaire se définit comme « un milieu et un projet de vie dans lequel évoluent une ou plusieurs personnes dont au moins une est socialement vulnérable (se trouve en situation de précarité sociale) ou en passe de le devenir. (...) Cet habitat solidaire se matérialise par un habitat de type groupé : c'est à dire un ensemble d'habitations autonomes mais groupées comportant un ou des espaces communs occupés par plus de deux adultes qui ne sont pas liés par d'autres liens que cet ensemble d'habitation». Ce type d'habitat en Belgique est cependant très restreint quantitativement pour des raisons de législation, et ne constitue donc actuellement pas une solution au manque de logements sociaux. En Wallonie, on dénombre au moins 12 000 personnes qui sont installées de façon permanente dans des lieux qui sont normalement destinés au tourisme. Le Gouvernement wallon a mis en place en 2002 un plan pour remédier à cette situation qui ne devrait être que temporaire. Ce plan comprend deux phases : la première est la réinsertion dans un habitat décent des personnes dont la caravane se trouve sur un terrain soumis au risque d'inondation, la seconde est la réinsertion des personnes qui n'occupent pas les zones inondables. Malgré ce plan, l'installation dans des campings et équipements touristiques demeure une réponse courante à la crise du logement abordable. L'occupation d'immeubles vides par des personnes en mal de logement souligne la contradiction qui existe entre l'immensité du parc de logements vides et les difficultés qu'éprouvent certaines personnes démunies à se loger. Elle représente une solution pragmatique et bon marché à la crise du logement, mais est une solution reconnue comme illégale par les autorités. La recherche de formes d'habitats alternatives met en évidence l'insuffisance de l'offre de logements sociaux à l'heure actuelle. Une situation d'autant plus alarmante, que la demande devrait s’accroître dans les prochaines années suite à l'augmentation de la population. Sachant que 80% des personnes en attente d'un logement social se trouvent en situation de précarité, la thématique du logement social est plus que jamais d'actualité. (ROSENOER A., 2009, p27) Astrid Dujeu

En comparant la carte ci-dessus avec la carte des revenus (d'Hugo Périlleux Sanchez), vous pourrez voir qu'effectivement les secteurs statistiques les plus pauvres sont ceux dans lesquels 5 www.luttepauvrete.be 6 www.swl.be

7 www.luttepauvrete.be


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