Eclectiques - Freelance France Japon #3 > Independance et Appartenance

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gravi les échelons pour atteindre le haut de la hiérarchie, comme codirectrice, à la tête de deux cents employés environ. Divorcée à trente-cinq ans, elle a élevé ses enfants seule. Raretés qui la rendraient marginale ? Ses propos corroborent ceux de Ken : « Le Japon est encore une société de domination masculine qui ne reconnaît pas la femme pour son expérience, mais seulement pour sa jeunesse. Quand je sors ma carte de visite, mes collaborateurs et clients me regardent de haut, puis le respect s’installe en parlant, car je maîtrise mon domaine. Mais j’ai beaucoup travaillé pour arriver ou j’en suis, malgré la jalousie et la rivalité de certains subordonnés. Alors que les hommes, en général, prennent du pouvoir en fonction de leur ancienneté, pas de leurs compétences. Le problème au Japon c’est qu’ils rentrent très jeunes dans l’entreprise dans laquelle ils restent toute leur vie. Une expression dit que l’entreprise est la seconde famille. Pour moi, comme pour les hommes, l’entreprise a dû devenir ma priorité pour réussir. » Kazuko me raconte une blague ethnique : - C’est cliché, mais c’est très drôle, écoute ! Lors d’un naufrage, le capitaine dit aux femmes et aux enfants de plonger en premier. Les Français ne plongent pas par esprit de contradiction… et les Japonais plongent tous ! » Je fais semblant de ne pas comprendre pour cacher mes préjugés : - Pourquoi les Japonais plongent tous ? - Parce qu’ils pensent et font comme tout le monde. Mais je ne sais pas pourquoi… Elle réfléchit. « Je pense qu’en général les hommes veulent conserver les traditions. Peut-être parce qu’ils n’ont pas confiance en eux et qu’ils ne veulent pas être mal vus. La communauté est importante, mais il y a quand même de la compétition. Mais ils aiment ça, parce qu’ils n’ont pas d’anxiété quand ils sont au sein d’une communauté. Mais c’est mon avis, je suis une exception. Il ne faut pas faire une référence de ce que je dis. » M. Hirata, 62 ans, un visage rond et souriant comme celui d’un enfant qui n’a presque pas vécu. Et pourtant… Il a travaillé dans une banque française, puis dans le domaine culturel, et actuellement dans une entreprise d’équipements médicaux. Il cultive également une petite parcelle de champs depuis deux ans, afin de se relaxer et de méditer le zen.

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