Syndicats FGTB n°21

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DOSSIER

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SYNDICATS • N°21 • 09 DÉCEMBRE 2011

BUDGET ET "RÉFORMES STRUCTURELLES" LE PROJET D’ACCORD INTERPROFESSIONNEL 4 P AG

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Au-delà du soulagement, la colère Ouf! Après 535 jours de crise, la première réaction de tout un chacun ne peut être que le soulagement. On a un accord institutionnel et on peut espérer ne plus entendre parler de BHV pendant quelques années. On a évité la partition du pays, en tout cas dans l’immédiat. Et même si elle va vociférer de plus belle, on a mis la N-VA au coin pour un moment.

naces de grève? Il faut être irresponsable pour menacer les fragiles équilibres obtenus à l’arraché après des mois et des mois de négociations et de guerre des tranchées…

Ouf! On a un gouvernement pour tenir la barre dans la tempête. Le risque d’une nouvelle dégradation de la notation de la Belgique s’éloigne un peu, surtout après le succès de l’emprunt d’Etat qui a envoyé un message clair aux prêteurs institutionnels: «vous n’êtes pas les seuls sur le marché. L’épargne privée peut vous concurrencer. Arrêtez de nous racketter…».

Si nous protestons, c’est que l’emballage ne nous suffit pas. Passées les premières réactions dictées par la lassitude, le découragement ou l’inquiétude, il faut maintenant se pencher sur ce qu’il y a dans le paquet. Et notre constat c’est qu’on a fait des cadeaux aux partis libéraux et aux intérêts qu’ils représentent. On n’a par contre pas fait de cadeaux aux travailleurs, ni même aux classes moyennes que les libéraux prétendent défendre. C’est que les «réformes», du chômage, des prépensions, des pensions… ne sont pas des réformes mais de reculs sociaux et sociétaux.

Ouf! Le risque d’une sanction européenne s’éloigne aussi, même si le prix à payer est la soumission aux «recommandations» de l’Europe, à savoir un plan d’austérité et des «réformes structurelles» purement idéologiques dans le domaine des pensions, du chômage, des services publics. Ouf! On n’a pas touché à l’index, ni à l’âge de la retraite à 65 ans. Motif supplémentaire de satisfaction pour une partie du peuple de gauche et en particulier les francophones: on a pour la première fois depuis 38 ans un Premier ministre socialiste et francophone de surcroît bien que mauvais bilingue… Irresponsables? Dans un tel contexte de crise, que demander de plus à la vie? Pourquoi cette agitation, ces manifestations, ces me-

C’est ce qu’on nous dit: nous sommes «irresponsables», «inconscients de la gravité de la situation», «conservateurs, sourds à toute réforme».

Alors oui, il fallait un Gouvernement. Oui il faut assainir les finances publiques et réduire la dette. Nous ne contestons pas le principe. Nous contestons la manière. Nous dénonçons l’injustice des mesures qui pèseront sur les travailleurs, sur les chômeurs, sur les pensionnés, sur les jeunes, sur les malades, sur les travailleurs des services publics et sur les services au public. La marque bleue Nous contestons la logique libérale qui a prévalu au cours des négociations et qui consiste à tailler des croupières dans les budgets de l’Etat et de la sécurité sociale pour réduire la contribution des revenus du capital. Nous contestons l’idée même que le bud-

get est «équilibré». Car ce n’est pas parce qu’on met la balle au centre que l’équilibre est atteint. Ce n’est pas parce que «tout le monde va payer» que c’est juste. Le budget aurait été équilibré s’il avait mis à contribution de manière plus significative d’abord les responsables de la crise: les banques. S’il avait réellement mis à contribution les grosses fortunes, les revenus du capital au-delà de quelques pourcents de précompte. S’il avait osé aller plus loin dans la taxation de la rente nucléaire. S’il avait mis le holà aux intérêts notionnels qui coûtent et ne rapportent rien. S’il avait osé s’attaquer résolument à la fraude fiscale au lieu de se contenter du dixième des recettes potentielles qu’elle pourrait engendrer. Moins pire mais mauvais Au lieu de cela, on pique des milliards à la sécu. Sous couleur de réforme, - et même si cela ne rapporte au budget que des clopinettes - on pénalise les chômeurs, les jeunes sans emploi tout en sachant que les perspectives d’emploi vont encore se réduire vu les prévisions de récession. On ferme les portes de sortie des travailleurs âgés avec un Pacte des générations «bis» mais trois fois plus salé que le premier. On sème dans le budget des mesures qui passent inaperçues mais qui coûteront aux ménages ordinaires, ces «classes moyennes» qui travaillent. Et encore ne faut-il pas oublier le report sur les Régions et Communautés non

seulement de leur part d’austérité mais de la réduction de moyens qu’entraînera le transfert de certaines compétences sans l’intégralité des moyens qui vont avec. Alors, non. Nous ne sommes pas irresponsables. Nous disons que le budget n’est pas équilibré. Qu’il n’est pas juste. Pire: qu’outre l’appauvrissement des plus faibles qu’il induit, ce budget d’austérité hypothèque même toute relance de l’emploi et nous enfoncera encore un peu plus dans la crise, même s’il est moins pire que les budgets d’austérité adoptés chez la plupart des pays de la zone euro. Que l’on s’en prenne plutôt aux vrais irresponsables: les spéculateurs, les banques et les agences de notation. La dérégulation, les privatisations les ont déchaînés. La cupidité et l’appât du gain les ont aveuglés. C’est à eux que l’on doit les inégalités croissantes et la montagne de la dette à laquelle nous sommes confrontés. Anne Demelenne Secrétaire générale

Rudy De Leeuw Président


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