L'mmigration en France. Dépenses, recettes, investissements, rentabilité.

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N° 27 Novembre 2012

Les Monographies de Contribuables Associés

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L’immigration en France

Dépenses, recettes, investissements, rentabilité par Jean-Paul Gourévitch, expert international en ressources humaines, spécialiste de l’Afrique et des migrations

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N° 27 Novembre 2012

L’immigration en France Dépenses, recettes, investissements, rentabilité

Sommaire

Avant-Propos ...................................................................................................................................... p. 4 I. L’orientation de la recherche I.1. A droite en France.......................................................................................................................... p. 6 I.2. A gauche en France

..................................................................................................................... p. 8

I.3. Au plan international

........................................................................................................... p. 12

I.4. Les paramètres adoptés

.................................................................................................... p. 13

II. Les bases de données II.1. La population française

................................................................................................... p. 15

II.2. Les immigrés en France........................................................................................................ p. 15 II.3. Les descendants d’immigrés......................................................................................... p. 16 II.4. Les immigrés en situation régulière.................................................................. p. 18 II.5. Les immigrés en situation irrégulière............................................................. p. 19 II.6. Nos bases de données quantitatives.................................................................. p. 23 II.7. La situation des immigrés au regard de l’emploi et des salaires.............................................................................................. p. 25

III. Typologie des coûts III.1. Les coûts pour le pays d’origine

......................................................................... p. 29

III.2. Les coûts pour le migrant lui-même III.3. Les coûts pour le pays d’accueil

.............................................................. p. 30

........................................................................ p. 30

IV. Les dépenses consenties pour l’immigration régulière IV.1. Les coûts de structure IV.2. Les coûts sécuritaires

................................................................................................... p. 31

...................................................................................................... p. 32

IV.3. Les coûts fiscaux et sociétaux

.............................................................................. p. 37

IV.4. Les coûts de la protection sociale

................................................................. p. 46

IV.5. Les coûts éducatifs hors investissement IV.6. Les prestations logement

................................................ p. 52

............................................................................................. p. 53

IV.7. Total des dépenses dues à l’immigration régulière

................... p. 53


V. Les surcoûts de l’immigration irrégulière V.1. Méthodologie

.................................................................................................................................. p. 54

V.2. Les coûts spécifiques V.3. Les coûts partagés

........................................................................................................... p. 54

.................................................................................................................. p. 58

V.4. Les coûts proportionnels

............................................................................................. p. 60

V.5. Bilan DES dépenses des migrations irrégulières V.6. Les recettes

............................. p. 62

...................................................................................................................................... p. 62

Conclusion : bilan déficitaire de l’immigration irrégulière

....... p. 63

VI. Les recettes dues à l’immigration régulière VI.1. Méthodologie................................................................................................................................... p. 64 VI.2. Recettes de cotisations sociales sur les revenus du travail............................................................................................................................................. p. 65 VI.3. Recettes de cotisations sociales sur les revenus du capital............................................................................................................................................. p. 70 VI.4. Les contributions fiscales au budget de l’Etat VI.5. Recettes concernant la fiscalité locale VI.6. Totalisation des recettes fiscales

.............................. p. 71

.............................................. p. 73

.................................................................. p. 75

Conclusion sur la balance dépenses/recettes de l’immigration ...................................................................................................................................... p. 75

VII. Les investissements de l’Etat et leur rentabilité VII.1. L’aide au pays d’origine

.................................................................................................... p. 76

VII.2. La politique d’intégration

........................................................................................... p. 80

VII.3. La rentabilité des investissements

................................................................. p. 90

VII.4. Bilan : des balances relativement déséquilibrées

..................... p. 91

Conclusion : Comment réduire le déficit de l’immigration ? ................................................................................................................. p. 92 ANNEXE ........................................................................................................................................................... p. 95 LISTE DES ABRéVIATIONS ................................................................................................... p. 96

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AVANT-PROPOS Voici la cinquième1 monographie publiée par Contribuables Associés sur les flux migratoires. Certains diront que c’est quatre de trop et qu’à force de taper sur les clous, on va les tordre au lieu d’afficher nos états des lieux sur le mur de l’information. Nous ne le pensons pas. Chacune des monographies avait un objectif particulier. Si nous avons décidé d’actualiser celle sur le coût de l’immigration, c’est pour plusieurs raisons : • Depuis mars 2008, le nombre d’immigrés a évolué, les législations, les politiques, les coûts unitaires aussi.

Le nombre d’immigrés a évolué, les législations, les politiques, les coûts unitaires aussi.

• La monographie de 2008 tenait insuffisamment compte des coûts de l’immigration irrégulière. Or ceux-ci sont spécifiques et les solutions pour contenir cette forme d’immigration et en diminuer les coûts le sont également. Nous considérerons ici que les éléments publiés en 2011 dans la monographie n°25 peuvent être pris comme une base de travail à peu près fiable. • La monographie de 2008 ne tenait compte que de l’immigration en métropole. Les enquêtes menées depuis et notamment le rapport 2011 de la Cour des Comptes permettent d’élargir l’analyse à l’ensemble du territoire français même si l’Outremer relève d’une approche spécifique. • Depuis 2008, plusieurs ouvrages ou études sont sortis proposant une analyse ou une évaluation de ces coûts. On en trouvera ci-après une recension sommaire. En revanche, pour tout ce qui est de la définition des termes, de la préhistoire des coûts et du contexte des recherches précédentes sur le sujet, nous renvoyons à la monographie de mars 2008. • Ajoutons pour être précis qu’il y avait dans la première monographie quelques coquilles et erreurs de détail mais aussi une erreur de méthode concernant l’emploi des travailleurs immigrés dans des entreprises implantées sur le territoire national. Certains lecteurs nous l’ont signalée et deux de nos contradicteurs s’en sont délectés avec gourmandise. Nous en avons tenu compte dans les articles publiés depuis. Cette monographie est une occasion de remettre le train sur les rails. Nous profitons de cette opportunité pour demander à nos lecteurs de ne pas hésiter à nous faire connaître leurs objections. Sur un sujet aussi controversé, l’auteur de ces lignes ne prétend pas détenir la vérité révélée. Certaines informations statistiques sont dispersées, contradictoires ou tout simplement impossibles à obtenir. Il n’est pas toujours indiqué 1. Sont parus le coût réel de l’immigration en France (n° 14 mars 2008), le coût de l’émigration (ces Français qui quittent la France, n° 21 mars 2009), le coût de la politique migratoire de la France (n° 23 mars 2010), ce que nous coûte l’immigration irrégulière (N° 25 juin 2011). L’auteur a par ailleurs collaboré au Hors Série n° 3 du Cri du Contribuable : Immigration les chiffres qu’on vous cache (juin 2010). Il a d’autre part publié chez Larousse en septembre 2009 un petit précis l’immigration ça coûte ou ça rapporte ?

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si elles concernent la métropole ou l’ensemble des territoires français. Il nous a été impossible de nous caler sur l’année 2012. Même pour 2011, certaines données ne sont pas actuellement disponibles. Seuls les chiffres de 2010 qui sont à peu près exhaustifs peuvent être considérés comme cohérents. Nous avons donc été obligés de naviguer entre ces années ce qui nous a contraints à certaines distorsions même si elles n’affectent pas significativement la structure ni le volume des coûts et bénéfices. D’autre part le volume restreint de cette publication conduit parfois à des schématisations discutables. Pour l’approche des coûts, nous avons souvent procédé par estimations au risque d’être approximatif. Notre souci est moins d’inviter nos lecteurs à explorer les arcanes de la recherche que de fournir des résultats les plus fiables possibles en précisant la démarche suivie afin de contribuer à un débat démocratique plus que jamais nécessaire sur cette question en ces temps de crise. Enfin on n’oubliera pas que l’immigration ne peut pas se réduire à son approche économique. Les migrations ne sont pas seulement l’arithmétique des entrées et des sorties, l’équation entre les dépenses et les recettes ou la cartographie parfois chaotique des parcours. Chaque migrant porte en lui l’espoir d’une vie meilleure pour lui et sa famille, la conscience des sacrifices consentis pour y accéder, des craintes quant à la découverte d’un monde sans repères où il doit trouver sa place, se refabriquer une identité et surtout réussir. Une politique nationale et plus encore multinationale suppose une prise en compte de l’ensemble des dimensions des flux migratoires. Elle doit éviter le compassionnel et la victimisation, contrôler la véracité des témoignages recueillis et des chiffres produits mais elle ne peut se faire contre les communautés des immigrés et de leurs enfants surtout quand ils possèdent la nationalité du pays d’accueil.

Notre souci est moins d’inviter nos lecteurs à explorer les arcanes de la recherche que de fournir des résultats les plus fiables possibles.

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I. L’orientation de la recherche Depuis 2008, de nombreux rapports, études ou ouvrages ont été publiés sur cette question. Certains revendiquent une approche que, pour simplifier, nous considérerons comme « de gauche ». D’autres affichent clairement une orientation « à droite » voire à l’extrême-droite. Enfin plusieurs se démarquent ouvertement de cette dichotomie en considérant que l’immigration n’est pas un problème de droite ou de gauche mais qu’elle concerne la nation toute entière et l’ensemble de ses responsables. Ces publications se situent dans un contexte international de recherche dont on dira, pour résumer, qu’il met en lumière - aujourd’hui plus qu’hier - l’impact économique de l’immigration même s’il n’entend pas réduire les flux migratoires à cette seule dimension.

Nous laisserons de côté les sempiternelles diatribes sur l’immigrationinvasion.

De par ses publications, l’auteur de ces lignes s’est trouvé plusieurs fois en première ligne dans ce débat, critiqué voire agressé par les uns, encensé par d’autres, non sans déformation ou instrumentalisation de ses écrits. Nous nous permettons de signaler ici une de ces péripéties2 non pour solder des comptes mais parce que de telles réactions nous paraissent témoigner du caractère passionnel et parfois outrancier d’un débat où les faits et les chiffres sont corrélés à l’idéologie supposée de celui qui les relate ou les rapporte.

1.1. A droite en France Nous laisserons de côté les sempiternelles diatribes sur l’immigration-invasion, et les amalgames immigration / islamisme / insécurité, et nous ne citerons que pour mémoire la nouvelle édition du brûlot d’Arnaud Raffard de Brienne la désinformation autour de l’immigration (atelier Folfer juillet 2012) qui dénonce la sous-estimation du coût de l’immigration, la « liste illimitée des surcoûts » et « l’échec généralisé de l’intégration ». Là où on attendait une méthodologie pour calculer « le coût effrayant de l’immigration », on ne trouve en effet qu’une recension des travaux antérieurs de Pierre Milloz, de l’IGP, de la monographie de 2008 et du professeur Birg sans une estimation chiffrée qui les synthétise. Dans un colloque tenu le 16 février 2012, l’Institut de Géopolitique des Populations animé par Yves Laulan dont on connaît les nombreuses publications sur la question, a souhaité faire le point sur ce débat controversé en réunissant un panel de spécialistes et de politiques (mais tous les politiques et journalistes de gauche ont décliné l’invitation) autour du sujet « Peut-on raisonnablement calculer le coût de l’immigration ?

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2. L’auteur a en effet été victime d’ insultes qui dépassent largement le caractère professionnel, de la part d’Alexis Corbière, bras droit de Jean-Luc Mélanchon sur son site et sur celui de Mediapart et de David Doucet, journaliste aux Inrocks sur France-Culture et cinq mois après à nouveau dans son journal. Il est à noter que si le producteur de l’émission de France-Culture Jean-Marc Four a accepté de passer un droit de réponse sur l’antenne et sur le site de la station, ni Alexis Corbière, ni Mediapart, ni Audrey Pulvar et la direction de la rédaction des Inrocks n’ont donné suite à sa demande. Toutefois, le site Atlantico mis en cause pour avoir accueilli une de nos contributions a publié la lettre que nous avons envoyée aux Inrocks, lettre reprise par d’autres sites. Les Inrocks se sont alors décidés à publier notre droit de réponse mais en redonnant aussitôt la parole à David Doucet sur une demie page pour une « réponse des Inrocks » plus habile mais tout aussi diffamatoire. Le feuilleton continue...


La confrontation d’estimations parfois contradictoires, mais toujours déficitaires, ne laisse toutefois pas place au doute. L’immigration en ces temps de crise est une charge très lourde pour les finances publiques. On notera particulièrement la contribution d’Yves Laulan dont la précédente analyse en 2004, exposée dans la monographie n°14, aboutissait à un déficit total de 36 milliards d’euros3. Aujourd’hui elle se situerait entre 72 et 73,3 milliards d’euros, selon deux modes de calcul différents. Ce quasi-doublement s’explique, selon l’auteur, à la fois par l’augmentation du nombre d’immigrés, notamment en provenance du Tiers Monde entre 2005 et 2011, et le renchérissement des coûts accentué par un chômage qui pèse sur ces populations. Depuis juin 1996, la publication La Voix des Français, animée aujourd’hui par Henri de Lesquen (par ailleurs directeur du Club de l’Horloge et de Radio-Courtoisie), mène un combat sans trêve pour l’arrêt immédiat de l’immigration. Selon les tracts de cette association qui se veut indépendante des partis politiques, « le coût annuel dépasse maintenant 50 milliards d’euros soit depuis 30 ans un coût d’au moins 1.000 milliards d’euros alors que... la France aujourd’hui ruinée n’a ni emploi ni logement à offrir à de nouveaux immigrés ». Nous avons cherché la justification de ce chiffre dans la publication elle-même... et nous n’avons trouvé qu’un tract qui semble dater de 2009 et, amalgamant les études de Jacques Bichot, Yves-Marie Laulan et celles de la monographie de 2008 aboutit à un coût de 46 milliards d’euros par an (88 milliards d’euros de dépenses4, 42 milliards de recettes). L’estimation actuelle de plus de 50 milliards d’euros serait donc une extrapolation sur la base des précédents travaux et de l’augmentation du flux d’immigrés. Dans son numéro d’avril 2012 cette publication reprend les chiffres d’Yves Laulan sur les flux d’entrée à savoir annuellement 200.000 entrées légales plus 250.000 entrées illégales avec des naturalisations de 100.000 par an et une immigration par mariage proche de 50.000 entrées par an. Les flux de sortie ne sont pas comptabilisés.

L’immigration en ces temps de crise est une charge très lourde pour les finances publiques.

L’équipe de Polemia animée par Jean-Yves Le Gallou qui se présente comme un « incubateur d’idées5 », a produit plusieurs opuscules sur l’immigration6 et propose une approche différente. La démarche consiste, à partir du nombre de titres de séjour délivrés et de demandes d’asile de personnes qui ne l’obtiendront pas toutes mais dont « la majorité restera en France... en attendant d’être régularisée », à calculer le surcoût annuel pour l’Etat de ces flux. Aux coûts habituels (chômage, prestations sociales, fonctionnement des services publics...) est ajouté l’amortissement des structures d’accueil (établissements scolaires et universitaires, centres de rétention, prisons) et de transport. Il aboutit ainsi à un chiffre 3. Dont 24 pour les coûts d’immigration et 12 pour les coûts d’intégration 4. 23,3 pour le RMI et les ASSEDIC, 20 pour la CMU et l’AME, 14,40 pour l’enseignement, 11,2 pour les fraudes sur impôts et le travail au noir, 6,5 pour l’intégration, 5,5 pour les Allocations familiales, 3,6 pour la justice et le maintien de l’ordre, 3,5 pour l’aide au logement. A noter que les dépenses relatives à l’immigration irrégulière hors AME n’y figurent pas. 5. Voir son site www.polemia.com. 6. Dont Immigration: l’illusion de l’intégration septembre 2008.

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de 18 milliards d’euros par an et fait remarquer que chaque immigré supplémentaire a un coût moyen six fois supérieur à celui que la dépense publique alloue à chaque citoyen de l’hexagone. Gérard Pince, expert auprès de la Banque Mondiale, a réalisé en 2009 pour Free World Academy une étude fondée sur la séparation entre les dépenses et recettes des pouvoirs publics concernant d’une part, les personnes issues du Tiers Monde (les immigrés et leurs descendants directs), d’autre part, celui de la population européenne immigrée ou autochtone. En prenant en compte les dépenses régaliennes de l’Etat (diplomatie, défense), ce que beaucoup d’économistes ne font pas, il aboutit au constat que le déficit imputable à l’immigration du Tiers Monde s’établit à 71 milliards d’euros soit un tiers de plus que sa précédente étude de 2004.7

L’omerta pratiquée par les medias sur les véritables chiffres de l’immigration ne permet pas à l’opinion publique d’agir ni de réagir.

Ces différentes estimations considérées comme « catastrophistes » par leurs détracteurs mais dont la réfutation n’a pas été entreprise, convergent sur un constat commun : en ces temps de crise où la maîtrise des déficits publics est une condition sine qua non du rétablissement de notre crédibilité, la poursuite de l’immigration plombe gravement notre économie et l’omerta pratiquée par les medias sur les véritables chiffres de l’immigration ne permet pas à l’opinion publique d’agir ni de réagir. Pour terminer, on mentionnera la convention organisée à l’Assemblée Nationale par l’UMP le 11 juillet 2011 sur « les défis de l’immigration ». Cette tribune ayant été, dans un esprit de débat démocratique, largement ouverte à des adversaires comme la CIMADE, une certaine confusion s’est instaurée tant autour des données chiffrées que de leur contexte. JeanFrançois Copé s’est contenté de se réjouir que la convention ait permis de « partager sans tabous nos idées et tenter de le faire en sortant des postures et des idéologies ».

1.2. A gauche en France C’est un rapport de 2010 de l’Université de Lille sous la direction du professeur Xavier Chojnicki, maître de conférences, qui a allumé le feu. Ce document intitulé « Migrations et protection sociale : étude sur les liens et les impacts de court et long terme » a bénéficié d’un extraordinaire impact médiatique, bien au-delà des attentes de leurs rédacteurs dont certains se sont démarqués des commentaires journalistiques. On a en effet pu lire et entendre un peu partout que « l’immigration rapporte 12 milliards d’euros à la France », en oubliant que cette estimation ne concerne que... l’année 2006 comme le reconnaît l’auteur lui-même.8 Pourtant, comme son titre l’indique et comme nous l’avons fait remarquer, ce document ne traite que des coûts de la protection sociale, pas-

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7. Où ce déficit était estimé à 53 milliards d’euros alors que l’ensemble français + immigrés européens ne coûtait que 7 milliards d’euros au budget de l’Etat. 8. Les grands dossiers de la présidentielle Journal Le Parisien 7 mars 2012.


sant sous silence ceux de l’immigration irrégulière, les coûts de structure, les coûts sécuritaires et les coûts sociétaux, et se fonde sur des chiffres officiels de dépenses et de recettes déjà anciens (2005) et parfois même antiques pour les cotisations sociales (1993). En ce qui concerne les recettes provenant des immigrés, l’étude Chojnicki opère un vrai tour de prestidigitation. Elle se fonde, comme pour les dépenses, sur l’enquête Budget des Ménages 2006 qui concerne dans ce domaine 19.752 personnes dont 2.310 immigrés. Après avoir affirmé qu’elle utilisait la méthode de la comptabilité générationnelle et avoir présenté des graphiques de structures par âges des transferts, prélèvements et taxes mais sans aucun chiffre, contrairement à ce qui avait été fait pour les dépenses, le rapport se contente de la formule lapidaire suivante que nous reproduisons in extenso ci-dessous : « En appliquant à chacun des paiements nets par âge et origine la structure de la population pour l’année 2005, on en déduit l’impact net instantané des populations immigrées et autochtones au budget des APU. La contribution nette globale de l’immigration au budget des APU serait ainsi positive et de l’ordre de 12 milliards d’euros pour l’année 2005. Dès lors, pour l’année 2005, un immigré aurait effectué un paiement net de l’ordre de 2.250 euros contre un peu plus de 1.500 euros en moyenne pour un autochtone ». 
 C’est pourtant ce chiffre de 12 milliards d’euros, qui ne correspond à aucune démonstration9, sur lequel les médias se sont précipités pour expliquer que l’immigration était d’un bon rapport pour l’Etat. Nos lecteurs apprécieront le procédé. L’auteur a souhaité revenir dans le débat public lors des élections présidentielles et législatives en publiant avec Lionel Ragot, un des auteurs du précédent rapport, L’immigration coûte cher à la France. Qu’en pensent les économistes (éditions Eyrolles avril 2012, collection « On entend dire »). Dans ce précis, ils prétendent dépasser « la seule protection sociale » pour se situer « au niveau de l’ensemble général des finances publiques ». Les paramètres (volontairement ? ) omis sont pourtant les mêmes. S’ils reconnaissent une « surreprésentation des immigrés non communautaires dans les bénéficiaires des aides sociales en France », ils concluent qu’en raison des accords de Schengen, des politiques de regroupement familial et du droit d’asile, une « politique stricte » de l’immigration n’est pas applicable. D’ailleurs « les véritables enjeux de l’immigration ne se situent pas dans le champ économique ». Ils justifient leur approche par des graphiques savants mais dont les chiffres restent scotchés à 2005 et les analyses à des études publiées essentiellement à l’étranger et au XXe siècle. Une critique de la monographie n°23 est formulée. Nous y reviendrons. Cette équation des 9. Le rapport reconnaît toutefois que « cette approche purement statique ne permet pas de connaître avec précision l’ampleur et le signe de la contribution nette des migrants au système de transferts sociaux » ni « des prestations et contributions futures des immigrés (telles que les retraites) ni des contributions nettes des descendants des immigrés... L’analyse des comptes générationnels fait ressortir que la contribution budgétaire des immigrés présents en France en 2005 sur le restant de leur vie serait donc plutôt négative mais d’un ordre de grandeur extrêmement faible (- 8.737 euros)... En comparaison, la contribution moyenne des générations autochtones de 2005 sur le restant de leur vie serait de 28.210 euros ».

Le chiffre de 12 milliards d’euros de bénéfices ne correspond à aucune démonstration.

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« bons comptes de l’immigration » puisqu’elle génère 12 milliards de bénéfices, colportée sans aucun souci d’analyse critique ni de retour aux sources par des journaux aussi sérieux que Les Echos et Courrier International, et des vedettes aussi médiatiques que Jamel Debbouze, s’est imposée comme la doxa de la gauche. Des publications spécialisées comme Capital ou Alternatives Economiques et des journaux à grand tirage comme le JDD ou L’Express se sont empressés de diffuser ces résultats, en soulignant, sans aucune recherche, qu’il n’existait aucune étude alternative sérieuse sur la question.

L’aide au développement […] loin de freiner les flux migratoires, les renforce.

Dans une perspective proche, on citera le document « A la rencontre du frère venu d’ailleurs» produit par 21 organismes chrétiens (CCFD, CIMADE, ACO...) et présenté en conférence de presse le 24 mai 2012. Soucieux à juste titre de dénoncer les préjugés qui s’attachent à la représentation des immigrés, les auteurs affirment, pour étayer leur démonstration, que « des études universitaires ont montré que les migrants apportent plus à l’économie française qu’ils ne reçoivent » et citent évidemment Lionel Ragot : « Globalement la contribution des immigrés au budget de l’administration publique en 2005 était positive de l’ordre de 12 milliards d’euros ». Et d’enchaîner les aphorismes : « La migration est une chance pour l’économie française » (comme si tous les migrants venaient occuper des emplois). « La migration est une chance pour l’aide au développement » (dont on montrera que loin de freiner les flux migratoires, elle les renforce). Mais c’est ce que veut entendre la pensée dominante. Le collectif « Cette France-là », animé par la députée socialiste Sandrine Mazetier, qui rassemble des parlementaires français et européens de gauche et d’extrême-gauche renforcés par quelques transfuges de droite comme Etienne Pinte, se proposait d’organiser « un audit de la politique d’immigration menée sous l’égide de Nicolas Sarkozy ». Il a produit deux documents de contre-expertise en 2009 et 2010 et surtout a publié en mai 2011 un rapport intitulé « À de mauvaises questions, apporter de pires réponses », démontrant que la politique d’immigration menée était cruelle pour les immigrés qui la subissent, dégradante pour ceux qui l’exécutent et déraisonnable économiquement. Ce rapport totalement à charge contre la politique de l’ancien quinquennat présente, à côté d’informations ou d’opinion émises par ceux qui ont été entendus, des extrapolations incontrôlables et parfois surréalistes comme nous le montrerons. Ce groupe qui initialement avait prévu de m’auditionner a repoussé cinq fois le rendezvous prévu pour m’annoncer après la sortie du rapport qu’ils n’avaient pas besoin de mes informations. Dont acte. Le think tank Terra Nova, très proche du PS, souhaitait lui aussi donner un substrat économique à une politique d’immigration. Il s’est donc adressé à l’auteur de ces lignes en lui demandant un court document méthodologique

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à remettre en juin 2011 sur l’établissement du calcul des coûts de l’immigration. Ce qui a été fait. Malheureusement cette note « extrêmement documentée » et « très riche » selon le think tank laissait entendre que les coûts de l’immigration étaient supérieurs à ses bénéfices, ce qui n’était pas acceptable pour le vice-président de Terra Nova, directeur du « cabinet des experts ». Aussi, après des explications embarrassées, il décida ne pas la publier en ajoutant que « le groupe de travail sur l’ensemble des questions d’immigration, animé par El Mouhoub Mouhoud, évoque lui aussi, dans son rapport qui sera diffusé à la rentrée, la question des coûts de l’immigration. Et nous ne souhaitons pas diffuser de notes sur des sujets identiques avec un angle trop différent ». Interpellé sur cette question après la publication dans le journal Le Monde du 15/05/2012 d’une tribune d’El Mouhoub Mouhoud qui aurait pu être un résumé de ce fameux rapport, notre interlocuteur a été obligé de reconnaître par courriel du 30 juillet 2012 qu’aucun rapport sur cette question n’avait été jusqu’ici diffusé par Terra Nova. Au-delà de l’anecdote, cet épisode traduit la frilosité d’une partie de la gauche française qui sait que son électorat est sensibilisé sur le sujet mais n’ose pas l’aborder franchement par peur de déplaire à ses caciques et de voir remettre en question une idéologie qu’elle est aujourd’hui à peu près seule à défendre dans toute l’Europe. La tribune sus citée d’El Mouhoub Mouhoud s’inscrit dans la même démarche. Sous le titre consensuel « immigration, la nouvelle donne », on assiste en fait à une apologie de l’immigration appuyée sur des données fallacieuses. Pour ce professeur d’économie à Paris-Dauphine, la France présente en effet l’un des taux d’immigration les plus faibles parmi les pays de l’OCDE (il ne se fonde que sur la cohorte des 20-24 ans en 2009), le flux d’entrée des immigrés permanents se situe entre 160.000 et 180.000 par an (en fait 189.455 premiers titres de séjour délivrés en 2010 et 182.595 en 2011 régularisations non comprises) et « la seule estimation dont nous disposons » sur les migrations irrégulières « avance un chiffre de 200.000 à 400.000 en stock » (la Monographie n°25 donne prudemment un chiffre constant de 550.000).

La frilosité d’une partie de la gauche française qui sait que son électorat est sensibilisé sur le sujet mais n’ose pas l’aborder franchement.

Pour clore ce panorama, signalons la sortie d’un ouvrage qui se veut exhaustif, le Dictionnaire de l’immigration en France publié par Larousse en avril 2012 sous la direction de Smaïn Laacher10 qui réussit la prouesse de se citer 21 fois dans les références bibliographiques en faisant l’ impasse totale sur ses aspects économiques, et même sur l’ouvrage paru chez ce même éditeur en 2009 : L’immigration ça coûte ou ça rapporte ? En définitive, la convergence en pleine période électorale de ces publications qui devaient accréditer dans l’opinion l’idée que l’immigration était une chance pour la France, semble avoir eu moins d’impact que ses promoteurs ne l’espéraient. 10. Le même auteur a publié en septembre 2012 au Cavalier Bleu un joli ouvrage illustré Ce qu’immigrer veut dire, dans lequel, sous couvert de dénoncer des idées reçues (de droite) il entend proposer « une compréhension rigoureuse du fait migratoire ». car l’immigration est « une épreuve nationale ». Mais les coûts sont absents, les rares chiffres ne font pas la différence entre les flux et les stocks (65.000 étudiants étrangers au lieu de 285.000) et la bibliographie du chercheur ne mentionne aucun ouvrage de droite ou mettant en cause les idées qu’il exprime.

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1.3. Au plan international Pendant ce temps d’autres expertises ont été produites sur le plan national et international qui abordent directement ou indirectement les coûts et bénéfices de l’immigration. On mentionnera entre autres : • le rapport de l’UNHCR publié en juin 2009 «Tendances mondiales en 2008 : Réfugiés, demandeurs d’asile, rapatriés, personnes déplacées à l’intérieur de leur pays et apatrides» ; • le document de travail du National Bureau of Economic Research d’avril 2009 qui, au terme d’une étude faite sur 14 pays de l’OCDE entre 1980 et 2005, montre qu’un immigré travailleur qui s’installe crée un emploi dans le pays d’accueil. Le même bureau a étudié l’évolution des salaires aux Etats-Unis entre 1960 et 2006 d’où il ressort que l’arrivée de travailleurs immigrés ne diminue pas le salaire des travailleurs natifs mais l’augmente, surtout pour les plus qualifiés ; • l’ouvrage de Christophe Jaffrelot et Christian Lequesne (dir) L’enjeu mondial : les migrations Presses de Sciences Po et l’Express 2009 ;

D’autres expertises ont été produites sur le plan national et international.

• la nouvelle édition de l’Atlas des Migrations de Catherine Wihtol de Wenden (Autrement 2009) ; • le rapport du PNUD de 2009 établi par Jeni Klugman intitulé « lever les barrières : mobilités et développement humain » qui laisse entendre qu’une fois la récession passée, l’immigration sera à long terme un facteur de développement pour les pays riches en matière de main-d’oeuvre. Nous l’avons analysé dans le numéro de Libération du 21/10/2009 dont la rédaction, sans modifier le texte, a toutefois transformé notre titre qui était « Lever les barrières ? Les coûts des migrations » en « Et si l’immigration était bénéfique pour la France ? » ; • le rapport de G. Saint-Paul sur Immigration, qualifications et marché du travail La documentation française 2009 ; • l’étude de l’Institut Fraser Mass immigration on Canadian Living Standards and Society de juin 2009 sur l’impact négatif de l’immigration au Canada, aux Etats-Unis et en France ; • l’ouvrage de Virginie Guiraudon sur les effets de l’européanisation des politiques d’immigration et d’asile (L’Harmattan 2010) ; • l’ouvrage du député socialiste allemand Thilo Sarrazin : L’Allemagne s’autodétruit (2010), (Deutsche Verlags-Anstalt, Munich, 2010) best-seller de la rentrée qui a entraîné son éviction du directoire de la Bundesbank ; • le document Migreurop Aux frontières de l’Europe : contrôles, enfermement et expulsions (2010)11; • l’édition 2010 du rapport de l’OCDE Perspectives des migrations internationales ; 11. Consultable sur le site www.migreurop.org

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• le rapport de l’Organisation Internationale pour les Migrations de décembre 2010 intitulé Etat de la migration dans le monde 2010 dont l’objectif économique est clairement mentionné : « La migration est un phénomène constant et dynamique qui, de plus en plus, appelle des mesures politiques variées afin de maximiser ses avantages potentiels et de réduire au minimum les coûts qu’il entraîne, non seulement pour les pays d’origine et de destination, mais aussi pour les migrants » ; • le rapport au Parlement du Secrétariat général du Comité Interministériel de contrôle de l’immigration : Les orientations de la politique d’immigration et d’intégration (mars 2011) ; • le numéro 31 de la revue Respect du 4e trimestre 2011 « 100 % Noirs de France » ; • le bilan 2012 de la CIMADE ; • l’enquête Trajectoires et Origines menée depuis 2008 par l’INED et l’INSEE et publiée en 2012 sur les parcours scolaires des enfants d’immigrés portant sur 22.000 immigrés et descendants12. On n’oubliera pas les articles parus dans les revues spécialisées comme Population et Avenir, Migrations Société, Hommes et migrations, Migrinter, les ouvrages publiés chez l’Harmattan ou Karthala comme ceux dirigés par Ali Bensaad ou Michel Peraldi sur les migrants d’Afrique subsaharienne au Maghreb, ainsi que les nombreux sites internationaux consacrés à l’immigration13. Il ne manque donc pas de littérature nationale et internationale sur la question. Force est pourtant de constater qu’elle est ignorée par la grande majorité des medias et parfois instrumentalisée par la petite minorité qui y fait référence.

Si nous voulons établir le coût de l’immigration […] les descendants d’immigrés doivent être comptés.

1.4. Les paramètres adoptés On rappelle ici les facteurs pris en compte dans notre démarche sans revenir en détail sur les explications fournies dans la monographie n°14. Le public concerné est celui des immigrés présents sur le sol national, qu’ils aient acquis ou non la nationalité française, et de leurs descendants directs nés en France ou à l’étranger. En effet, si nous voulons établir le coût de l’immigration et notamment le rapport investissement / rentabilité, les descendants d’immigrés doivent être comptés comme population d’origine étrangère s’ils sont nés de deux parents immigrés et pour la moitié s’ils sont nés d’un couple mixte. Quand nous parlerons, pour faire court, des « immigrés » cela comprendra aussi, sauf cas dûment signalé, cette dernière population.

12. Cette étude montre que la réussite des filles d’immigrés d’origine asiatique est supérieure à celle des garçons, alors que celles d’origine algérienne ou turque accusent des retards importants tant dans leur scolarité que dans leur présence sur le marché du travail. 13. Voir par exemple le site www.migrationwatchuk.org.

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Les coûts de l’immigration sont ceux supportés par le pays d’origine, par le migrant lui-même et par le pays d’accueil. C’est cette dernière dimension qui sera plus largement développée. Ces coûts sont ventilés en deux parties, les dépenses et les recettes. Les coûts unitaires de l’immigration régulière sont différents de ceux de l’immigration irrégulière qui ont été spécifiquement étudiés dans la monographie n°25. Quand les dépenses et les recettes toucheront l’ensemble des populations concernées, ils seront exposés dans les chapitres correspondants. Quand ils ne s’appliqueront qu’à l’immigration irrégulière (reconduites, emplois d’étrangers sans titre de travail, ...) ils seront traités dans le chapitre « Les surcoûts de l’immigration irrégulière ». Les chiffres exposés ne concernent que l’Etat et les collectivités territoriales qu’il s’agisse des bénéfices apportés par la présence des immigrés ou des dépenses consenties pour eux. Nous ne prenons pas ici en compte ce qu’ils coûtent ou qu’ils rapportent aux entreprises qui les emploient.

Les coûts de l’immigration sont ceux supportés par le pays d’origine, par le migrant lui-même et par le pays d’accueil.

Dans les dépenses de l’Etat, on séparera les dépenses proprement dites et les investissements. Cette dichotomie recoupe en partie, mais pas totalement, la différence entre coûts d’immigration et coûts d’intégration. Elle a été souvent mal perçue par nos collègues de la recherche. Quand un pays d’accueil met en place une politique d’aide ou de développement solidaire avec les pays d’origine, c’est qu’il escompte qu’elle va ralentir les flux migratoires entre ces deux pays. Quand il consacre une partie de son budget à la formation des migrants, à l’éducation de leurs enfants ou à l’amélioration de leurs conditions de vie, c’est qu’il attend une plus value en matière de productivité pour la communauté nationale. Quand il subventionne des associations d’aide aux migrants, c’est qu’il souhaite transférer sur elles des coûts qu’il supportait précédemment et qui sont susceptibles d’améliorer leur quotidien, de faciliter la constitution de leurs diasporas ou les transferts de fonds vers les pays d’origine. On doit donc référer ce qui relève des dépenses de l’Etat aux recettes encaissées par lui et ce qui relève des investissements de l’Etat à la rentabilité de ces investissements. Les coûts religieux ne seront pas abordés ici. Même si la majorité des immigrés présents sur le sol national et de ceux qui arrivent sont de religion musulmane et si l’Etat français subventionne en partie les organismes musulmans cultuels et culturels ainsi que leurs réalisations, comme nous l’avons montré dans notre dernier ouvrage14, tous les immigrés et leurs descendants ne sont pas musulmans et tous les musulmans ne sont pas d’origine étrangère. Même si une partie des coûts peut abonder ceux de l’immigration, nous ne disposons actuellement d’aucune méthodologie pour en rendre compte. 14. La croisade islamiste sous-titrée « pour en finir avec les idées reçues » (Pascal Galodé novembre 2011).

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II. Les bases de données Avant de préciser les paramètres quantitatifs que nous avons retenus, on examinera ci-après pour chaque catégorie des populations concernées les principales données existantes et les sources disponibles.

II.1. La population française Selon l’INSEE, la population française légale était, au 1er janvier 2012, de 65,350 millions d’habitants dont 63,46 en France métropolitaine et 1,89 dans les DOM sauf Mayotte qui est considérée comme un département français depuis le 31 mars 2011. Ces chiffres sont-ils fiables ? Les statistiques de l’INSEE sont faussées du fait qu’elles sont établies sur la base d’un recensement officiel qui ne compte que ceux qui ont voulu ou pu se faire recenser. Les experts de l’INSEE estiment entre 1,5 et 3 % la proportion de ceux qui ont échappé au recensement, parmi lesquels il y a évidemment, mais pas seulement, les migrants en situation irrégulière. Si nous prenons un chiffre moyen de 2 %, cela voudrait dire que la population française réelle à la même date serait de 65,35 x 1,02 soit 66,658 M d’habitants (dont 64,542 en France métropolitaine, 0,189 à Mayotte et 1,927 dans les autres COM). Parmi cette population, 78 % auraient plus de 18 ans et 22 % moins.

II.2. Les immigrés en France La source Internet la plus connue, Wikipedia, annonce que selon la définition internationale de l’immigré (personne née dans un autre pays que celui où elle réside) la France accueillait, en 2010, 7,2 millions d’immigrés soit 11,1 % de sa population dont 70,8 % nés hors de l’Union Européenne, ce qui lui donne le 5e rang mondial en valeur absolue et le second dans l’Union Européenne derrière l’Allemagne (9,8 millions). Elle se situe au premier rang des pays pour le nombre de personnes issues de l’immigration dans la tranche des 25-54 ans (13,1 % d’immigrés plus 13,5 % d’enfants dont au moins un des parents est immigré).

La France accueillait en 2010 7,2 millions d’immigrés soit 11,1 % de sa population.

L’annuaire d’Eurostat 2011 (« L’Europe en chiffres ») qui se fonde sur des statistiques gouvernementales établies entre 2008 et 2010, mais exclut dans une partie de ses statistiques l’outremer français, propose une balance des flux migratoires 2009-2010 sur la base du différentiel entre immigrants et émigrants. Entre le 1er janvier 2009 et le 1er janvier 2010, la France serait passée de 64,367 M d’habitants à 64,7138 soit une augmentation de 0,53 % par an. L’accroissement naturel interviendrait pour 275.800 habitants et le solde migratoire pour 71.100. A la différence de ses voisins belges, italiens,

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grecs, portugais... l’augmentation de la population française serait due pour 80% à l’accroissement naturel et pour 20% à l’immigration. Ce qui veut dire que la population immigrée ne s’accroîtrait que de 0,106% par an (0,53 x 0,2).Ces chiffres sont contradictoires avec ceux de l’INSEE. Nous y reviendrons dans le chapitre 2.4. Pour Eurostat, en 2010, la France entière compterait 7,196 M personnes nés à l’étranger soit 11,1 % dont 5,078 hors de l’Union Européenne. Les chiffres de l’INSEE qui datent de 2008 sont plus restrictifs se limitant à 5,3 millions d’immigrés, chiffres redressés dans une livraison de 2010 où le nombre d’immigrés résidant en France se monte à 6,7 millions dont 41 % auraient acquis la nationalité française.

II.3. Les descendants d’immigrés

Aux descendants d’immigrés de moins de 18 ans, il faudrait donc ajouter la population d’origine étrangère de plus de 18 ans.

L’INSEE a adopté la définition de l’immigré telle qu’elle est codifiée par le Haut Conseil de l’Intégration (personne née étrangère à l’étranger et résidant en France). Dans ce contexte, les enfants d’immigrés nés en France ne sont pas comptés comme immigrés. Aux moins de 18 ans, il faudrait donc ajouter la population d’origine étrangère (deux parents étrangers + la moitié de ceux nés de couples mixtes) de plus de 18 ans donc née avant 1994. Il n’est pas facile de retrouver de tels chiffres, le sujet n’ayant été que peu abordé dans les diverses publications du fait de l’ignorance du statut de personnes d’origine étrangère reclassées dans une dichotomie réductrice : (Français par acquisition/étrangers) et de l’absence de prise en compte de la spécificité des populations françaises d’Outremer. Par ailleurs dans les statistiques de l’INSEE, à partir de 1983, les enfants mineurs devenus français par l’effet collectif lié à la naturalisation ou à la réintégration de leurs parents ne sont plus pris en compte. Les acquisitions par manifestations de la volonté instituées par la loi de 1993 et supprimées en 1998 par le gouvernement socialiste ne le sont plus non plus. Il faudrait donc théoriquement, pour tenter de reconstituer des cohortes, comparer les moins de 18 ans d’origine étrangère avant 1983, entre 1983 et 1993, entre 1994 et 1998 en réintégrant les manifestations de volonté et à partir de 1999. Mais il faudrait également soustraire ceux qui, parents ou descendants, sont décédés depuis, repartis dans leur pays ou dans un autre. Nous disposons bien des éditions de 1997 et de 2005 du document Les immigrés en France (INSEE) mais l’analyse de Philippe Bourcier de Carbon15 montre les biais utilisés par l’INSEE pour ses redressements et les marges d’obscurité persistantes. L’INSEE décompte 6,5 millions d’enfants d’immigrés, chiffres repris en 2010 par la revue INSEE-Première qui se fonde sur les nouvelles enquêtes

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15. In Ces migrants qui changent la face de l’Europe sous la direction de Jacques Dupâquier et Yves-Marie Laulan (L’Harmattan-IGP 2004).


de recensement pour les moins de 18 ans, l’enquête TeO (trajectoires et Origines) INED-INSEE sur 22.000 personnes âgées de 18-50 ans et l’enquête Emploi sur les plus de 50 ans sur un échantillon de près de 80.000 personnes. Selon Michèle Tribalat, démographe à l’INED et auteur du célèbre Les yeux grands fermés (l’immigration en France) paru chez Denoël en 2010, « la population d’origine étrangère sur deux générations (immigrés + enfants d’au moins un parent immigré), statistique courante dans d’autres pays européens, serait donc de 11,7 millions en 2008, soit près de 19 % de la population totale ». En fait et malgré toutes les critiques qu’on peut faire à cet institut, l’INSEE fournit des chiffres précis sur la cohorte d’enfants nés entre 1998 et 2010 qu’on retrouve dans le tableau ci-après où les parents nés en France comprennent aussi ceux originaires des DOM-TOM. Comme indiqué plus haut, on considérera comme descendants d’immigrés ceux qui sont nés de deux parents nés à l’étranger et la moitié de ceux qui sont nés d’un parent né en France et d’un parent né à l’étranger. Les chiffres sont exprimés en milliers d’enfants et arrondis au millier le plus voisin. Suivi des naissances de 1998 à 2010 en fonction du lieu de naissance des parents

1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010

Total naissances

738 745 775 771 762 761 768 774 797 786 796 793 802

2 parents nés en France

566 577 601 595 581 576 575 576 590 580 585 578 584

1 parent né en France

102 99 102 102 104 107 110 114 119 120 122 125 129

2 parents nés à l’étranger

70 70 72 74 77 79 83 85 88 87 89 90 90

Population retenue

121 119,5 123 125 129 132,5 138 142 147,5 147 150 152,5 154,5

soit en %

16,4 16,0 15,9 16,2 16,9 17,4 18,0 18,3 18,5 18,7 18,8 19,2 19,3

On considérera comme descendants d’immigrés ceux qui sont nés de deux parents nés à l’étranger et la moitié de ceux qui sont nés d’un parent né en France et d’un parent né à l’étranger.

Il apparaît clairement même si la série n’est pas complète et si nous ne disposons pas des chiffres pour 2011 et 2012 que la proportion des enfants nés de l’immigration est en progression constante. On considérera que les mineurs sont tous ceux nés entre 1994 et 2012. En mettant le curseur au milieu, on adoptera un ratio prudent de 17,5 % de mineurs issus de l’immigration auxquels on ajoutera les 2,5 % de moins de 18 ans nés à l’étranger soit une proportion totale de 20 %.

17


L’étude Chojnicki-Ragot passe sous silence les descendants d’immigrés mais admet qu’on pourrait effectivement en tenir compte. Elle critique néanmoins nos travaux antérieurs dans lesquels nous nous sommes limités à la population d’origine étrangère des moins de 18 ans alors qu’elle comporte aussi des actifs qui ont dépassé cet âge ce qui modifie les taux de chômage, de prestations sociales ainsi que les recettes pour la collectivité. Cette critique nous semble justifiée, mais va mathématiquement diminuer dans les actifs la part des seuls immigrés au sens de la définition de l’INSEE, ce qui aura également des conséquences sur les dépenses et les recettes.

Nous garderons pour notre étude le chiffre de 1,1 M de personnes issues de couples mixtes.

Selon le recensement général de la population de 1999, la population résidant en France légalement née d’au moins un parent étranger avec les rectifications apportées par l’INSEE lui-même est de 6.429 M d’habitants en métropole dont 4.308 M comptés comme immigrés selon la définition de l’INSEE. La différence est de 2,121 M d’habitants, que l’on peut sommairement décompter comme n’ayant qu’un seul parent étranger. Si nous enlevons de cette catégorie les moins de 18 ans, soit les personnes de cette catégorie nées entre 1981 et 1999 toujours vivantes et résidant en France métropolitaine, estimés globalement à 830.000, il reste environ 1,3 M de plus de 18 ans. Sans doute, du fait du solde d’entrée positif des flux migratoires et du différentiel de fécondité entre femmes autochtones (1,8) et femmes d’origine étrangère toutes origines confondues (2,6), cette population est en augmentation comme le montrent les statistiques sur son niveau d’activité lequel est cependant évalué à partir de l’âge de 15 ans et non de celui de 18. Cette augmentation est toutefois limitée par le fait qu’il ne s’agit pas de l’immigration actuelle mais de personnes essentiellement nées entre 1952 (et qui auraient aujourd’hui 60 ans) et 1994. Nous considérerons prudemment, sur la base des données de l’INSEE, qu’entre 1952 et 1981, le solde annuel de cette catégorie n’est pas supérieur à 30.000 personnes. En neutralisant la variable descendants de couples mixtes/descendants ou immigrés décédés et en ne tenant pas compte de l’Outremer, on aboutit à une évaluation sommaire de : 1,3 million de plus de 18 ans + 0,9 million (30.000 personnes par an x 30 ans) = 2,2 M d’habitants. En appliquant le ratio de 0,5 précédemment expliqué, nous garderons pour notre étude le chiffre de 1,1 M de personnes supplémentaires.

II.4. Les immigrés en situation régulière Pour estimer la proportion d’immigrés en situation légale, il faut défalquer les migrants irréguliers de la population réelle. Ces migrants avaient été estimés par nous en 2011 à 550.000 en métropole, 60.000 à Mayotte et

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71.500 arrondis à 72.000 dans le reste des DOM-TOM. Il faut enfin faire l’hypothèse que la proportion d’immigrés en situation légale non recensée est sensiblement identique à celle de la population autochtone non recensée. Bien que le site de l’INSEE mentionne une actualisation en avril 2012, les chiffres qu’il propose concernant les immigrés à savoir 62,135 M d’habitants dont 5,237 M d’immigrés (soit 8,4 %) datent... du 1er janvier 2008. Une actualisation selon une règle de trois est d’autre part impossible car elle supposerait que la proportion d’immigrés est constante en France. Or selon l’INSEE lui-même, cette proportion qui était étale et égale à 7,4 % de 1975 à 1999 a bondi en 2008 à 8,4 %. Catherine Borrel et Jean-Michel Durr dans leur collecte de données 200416 écrivent « 4,5 millions de personnes immigrées âgées de 18 ans ou plus résident en France métropolitaine soit 9,6 % de l’ensemble de la population du même âge contre 8,9 % en 1999 ». Si l’on s’en tient à cette statistique, il paraît clair que la population immigrée a augmenté en pourcentage d’environ 0,15% par an. C’est cette proportion que nous adopterons. Cette progression a continué du fait d’une part, du solde positif des entrées de personnes immigrées en provenance des seuls pays tiers (185.000 entrées annuelles en moyenne mais le système français n’enregistre pas les sorties sauf les reconduites et retours volontaires) et d’autre part, du solde négatif de l’émigration (65.000) imputable en quasi totalité aux Français d’origine. La progression au même rythme de cette population âgée de plus de 18 ans donnerait un pourcentage de 10,6 % pour l’ensemble de l’année 2011.

La population immigrée a augmenté en pourcentage d’environ 0,15% par an.

II.5. Les immigrés en situation irrégulière Pour évaluer leur nombre avec précision, il faudrait connaître le stock d’immigrés en situation irrégulière présents en France, ainsi que le flux d’entrées et de sorties annuelles. Aucun de ces chiffres n’est disponible avec une précision scientifique. Dans ses rapports de 2004 et de 2008 la Cour des Comptes constate qu’en raison des difficultés d’approche statistique, aucun ordre de grandeur ne peut être fourni. La commission d’enquête du Sénat sur les migrations irrégulières, instituée en octobre 2005 et dont le rapport a été remis en avril 2006, après avoir estimé que « la mesure de l’immigration irrégulière doit... être regardée comme un préalable, car on ne bâtit rien sur l’ignorance » prend acte du désaccord statistique entre Nicolas Sarkozy, Ministre d’Etat à l’époque et François Héran, directeur de l’INED. Le premier, sur la base des 500.000 entrées illégales par an dans l’Union Européenne (chiffre fourni par la Commission Européenne), l’évaluait à 80.000 à 100.000 entrées illégales par an en France pour un stock compris entre 200.000 et 400.000. Le second, dans le numéro de 16. Revue INSEE Première n° 101 janvier 2005.

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Population et Avenir de janvier 2004, l’estimait à un flux annuel de 13.000 pour un flux d’immigration régulière de 50.000, à partir des extrapolations faites sur les régularisations de 1997-98, et d’une durée moyenne de séjour de 10 ans avant régularisation. Ce dernier reconnut toutefois ultérieurement devant la commission d’enquête que ces chiffres n’étaient valables que pour la période 1989-1998. En 2004 le stock était de 200.000 selon la DICCILEC, de 400.000 selon le BIT. En 2009, Colisée (Comité d’Information sur l’Europe de l’Est) n’excluait pas qu’il ait atteint les 800.000. Comment sortir de cette confusion ? On partira d’un article de juin 2008 de l’association Pénombre, espace de réflexion critique et d’échanges sur l’usage du nombre dans le débat public, qui tente de faire le point sur le nombre de personnes en situation irrégulière à cette époque17 et des rapports annuels du Comité Interministériel de Contrôle de l’Immigration (CICI).

Il convient de définir des critères pour approcher les stocks et les flux de migrants irréguliers.

En faisant l’historique de son action depuis 1996, Pénombre explique qu’elle a été confrontée à des chiffres divers : 150.000 selon la DICCILEC, 150.000 à 200.000 selon Laurent Joffrin, patron de Libération, entre 200.000 et 400.000 selon Lionel Jospin, 350.000 selon le Bureau International du Travail, entre 350.000 et 400.000 selon le sénateur José Balarello, rapporteur d’une commission d’enquête au Sénat sur l’immigration irrégulière, 800.000 selon les parlementaires Charles-Amédée de Courson et Gérard Léonard auteurs d’un rapport sur les fraudes, plusieurs millions selon le Front National. Comme le CICI, elle s’est efforcée de définir des critères pour approcher les stocks et les flux de migrants irréguliers que nous nous efforçons d’actualiser ci-dessous : • le nombre de demandes de régularisation déposées (170.000 selon la grande régularisation de 1997-98) et de régularisations opérées (130.000) ; • le nombre de régularisation opérées et de titres de séjour délivrés à des étrangers déclarant être entrés illégalement en France (environ 30.000 chaque année depuis le début du XXIe siècle) ; • le nombre de refoulés aux frontières (205.000 entre 2002 et 2008) ; • le nombre de reconduites aux frontières y inclus les retours volontaires et les éloignements humanitaires (environ 30.000 par an) ; • le nombre de demandeurs d’asile déboutés dont une part restant en France augmente le stock de migrants irréguliers (entre 250.000 et 280.000 selon le Directeur des libertés publiques entre 2000 et 2006) ; • le nombre d’interpellations et d’infractions constatées quant à la législation sur les étrangers (60.000 par an). Cet indicateur doit toutefois être examiné avec prudence. D’une part il dépend de la fréquence des contrôles policiers. D’autre part un étranger peut être interpellé plusieurs fois sans qu’il soit mis en rétention ; 17. Consultable sur le site du GISTI (association de défense des sans-papiers).

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• le nombre de personnes mises en cause pour infraction à la législation relative à l’entrée et au séjour des étrangers : 51.359 en 2000, 64.000 en 2004, 111.692 dont 30.225 dans les DOM-TOM en 2008, 96.109 dont 35.088 dans les DOM-TOM en 2009, 90.670 en 2010 ; • le nombre de placements en rétention passés de 29.257 en 2005 à 33.692 en 2010 mais si on ajoute les locaux de rétention administrative et les centres de Mayotte, de Guyane et de la Réunion ils atteindraient 60.282 ; • le nombre de mesures d’éloignement non exécutées (OQTF : Obligation de Quitter le Territoire français et APREF : arrêtés préfectoraux de reconduite aux frontières) soit 334.000 entre 1996 et 2005. L’OQTF concerne les personnes auxquelles on refuse la délivrance ou le renouvellement d’un titre de séjour. L’APREF touche tous ceux qui arrivent ou qui se maintiennent en France de façon irrégulière. Le directeur de l’INED a d’ailleurs stigmatisé le principe d’un « mur infranchissable dressé entre les admis et les bannis » ; • le nombre de bénéficiaires de l’AME (Aide Médicale d’Etat) en sachant que tous les migrants en situation irrégulière n’y recourent pas. Nous disposons dans ce domaine d’une statistique18 qui montre la croissance régulière du nombre de bénéficiaires de l’AME de droit commun : Nombre de bénéficiaires (et coût en millions d’euros) de l’AME : 2000 fin fin fin fin fin fin fin fin Années (création) 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010

Bénéficiaires métropole

77 589 171 732 142 697 172 834 183 791 202 396 181 454 192 227 202 403

Bénéficiaires France entière

79 361 180 415 154 971 189 284 202 396 194 615 202 503 215 763 226 611

Coûts

378(*)

505,47 422,45

376,9

465,79 469,71 580,24

630

Cette statistique montre la croissance régulière du nombre de bénéficiaires de l’AME.

623 (**) programmées

* en 2002 ** les dépenses réelles ne sont pas égales aux dépenses programmées. Ainsi en 2009 les dépenses de soins urgents ont représenté 84M d’euros au lieu de 40M prévus.

• On notera toutefois : - que la progression des bénéficiaires est corrélée au fait que les déboutés du droit d’asile ne bénéficient plus de la CMU après avoir reçu l’OQTF ; - que les originaires de l’Outremer qui représentaient au départ une part marginale des bénéficiaires en représentent aujourd’hui plus de 11 % compte tenu des migrations irrégulières en Guadeloupe et surtout en Guyane et à Mayotte ; 18. Chiffres principalement extraits du rapport de la mission Goasguen-Sirugue d’évaluation du dispositif de l’AME pour le Comité d’Evaluation et de Contrôle des Politiques Publiques et de la monographie n°25.

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- que l’AME de droit commun ne concerne qu’une partie des dépenses de santé. Il faut en effet y ajouter le coût de la procédure d’étranger malade (84,25 M en 2009) et celui de l’AME humanitaire (6,6 M en 2009). On peut y ajouter deux critères plus politiques : • les objectifs quantitatifs de rétention et d’expulsion assignés aux Ministères de l’Immigration puis de l’Intérieur lesquels peuvent avoir pour objet de favoriser le mieux vivre ensemble aux dépens de l’affrontement entre communautés mais qui sont de nature politique sans base statistique ; • les discours des Ministres eux-mêmes lesquels aboutissent, si on prend au pied de la lettre celui de Brice Hortefeux, à 480.000 migrants irréguliers vivant en permanence sur le sol français.

Aucun de ces indicateurs ne peut à l’évidence nous donner une vision statistique précise du stock et du flux de migrants irréguliers.

Aucun de ces indicateurs ne peut à l’évidence nous donner une vision statistique précise du stock et du flux de migrants irréguliers mais leur combinaison peut permettre de rétrécir la fourchette des estimations comme le montre le tableau suivant qui cumule les demandeurs d’asile déboutés (DAB), les Infractions à la législation (IL), les placements en rétention (PR), les arrêtés préfectoraux de reconduite à la frontière non exécutés (APRFN) et en retranche les reconduites et les régularisations. Estimation d’après quelques statistiques officielles des flux de migrants irréguliers Années 2005 2006 2007 2008 2009 2010 DAB(1)

60 000

27 700

24 700

18 736

37 313(2)

42 442

IL

89 938

98 636

111 842

119 761

96 109

85 137

PR

29 257

32 817

35 246

41 283

35 557

33 692

APRFN(3)

46 698

47 999

38 880

33 865

34 566

29 694

Total

225 893

207 152

210 668

213 645

166 232

190 965

REC

20 000

19 000

25 000

29 796

29 288

28 087

REG

31 650

32 001

27 827

30 300

33 503

32 810

Total

51 650

51 001

52 827

60 096

62 791

60 897

Reste

174 243

156 151

157 841

153 549

103 441

130 068

(1) Les déboutés du droit d’asile correspondent en général aux demandes faites l’année précédente et non acceptées dont il faut retrancher les rééxamens positifs. (2) Les chiffres de 2009 et 2010 n’intégrent pas les éventuels réadmis après un recours devant la CNDA. (3) Ces statistiques ne comprennent pas les OQTF non exécutées.

22


Cette

totalisation qui aboutirait sur 6 ans à une augmentation du stock de migrants irréguliers de 875.293 personnes est éminemment discutable. Une même personne peut être déboutée du droit d’asile avec un arrêté de reconduite non exécuté puis à nouveau interpellée pour infraction à la législation sur les étrangers et placée en situation de rétention. La même année, une personne peut être plusieurs fois interpellée. Certains migrants en situation irrégulière peuvent repartir d’eux-mêmes vers leur pays d’origine ou vers un autre pays notamment dans l’espace Schengen. L’augmentation du stock de migrants irréguliers est donc très largement inférieure au montant précité. Il n’en reste pas moins vrai, si l’on compare par exemple ce tableau à celui des bénéficiaires de l’AME, que malgré des reconduites et des régularisations qui progressent légèrement, le stock de migrants irréguliers, loin de diminuer, continue d’augmenter même si c’est à un rythme beaucoup plus faible que les années précédentes. Cette progression se fait par paliers dont chacun correspond avec un décalage d’un an à l’application d’une politique de contrôle des flux migratoires : 2005, Sarkozy Ministre d’Etat et 2008, création du nouveau Ministère de l’immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du développement.

II.6. Nos bases de données quantitatives On séparera la population légale au 1er janvier 2012 en trois segments : 1. la population légale résidant dans les départements français sauf Mayotte soit 64 M d’habitants. 2. Mayotte, qui bien que département français, présente une situation tout à fait exceptionnelle dont nous avions rendu compte dans la monographie n°25 : à l’époque 186.000 habitants dont 15.000 immigrés légaux et environ 60.000 migrants irréguliers. 3. les autres COM avec une population légale de 1.855.000 habitants.

Le stock de migrants irréguliers, loin de diminuer, continue d’augmenter.

La population métropolitaine légale compte 10,6 % d’immigrés de plus de 18 ans soit 5,29 millions d’habitants (64 x 0,78 x 0,106) et 20 % de personnes d’origine étrangère de moins de 18 ans soit 2,82 millions d’habitants (64 x 0,22 x 0,2). Notre décompte des descendants d’immigrés de plus de 18 ans selon la clef de calcul mentionnée plus haut, (la moitié des naissances issues de couples mixtes) doit donc s’augmenter de 1,1 million de personnes On considérera donc pour évaluer le coût de l’immigration que les plus de 18 ans concernés sont au nombre de 5,29 + 1,10 = 6,39 M d’habitants soit 12,8 % de cette classe d’âge. Il est impossible d’appliquer de tels ratios aux COM et surtout à Mayotte dont la population est plus jeune et les taux d’immigration légale plus faibles.

23


La population légale résidant à Mayotte est de 129.000 habitants. L’âge moyen des Mahorais est de 22 ans (population la plus jeune de France). Les moins de 18 ans sont légèrement supérieurs à 50 %. L’immigration légale 17.000/129.000 représente 13,2 % de cette population. La population légale résidant dans les autres COM représente 1,855 M d’habitants. Parmi ces collectivités, la Guyane se distingue par sa jeunesse (42 % de moins de 18 ans) tandis que la Réunion n’en comporte qu’un tiers, la Martinique 27,5 % et la Guadeloupe 29,5 %. Au total, l’ensemble des migrants légaux représente 70.000 personnes soit 3,8 % (70.000/1.855.000) dont un peu plus de 20.000 ayant moins de 18 ans. La totalisation nous donnerait un nombre de personnes d’origine étrangère de 9,292 millions de personnes sur une population légale de 65.980 millions d’habitants soit 14,1 %. Sur cette population d’origine étrangère, 6,448 M ont plus de 18 ans (12,6 % de cette classe d’âge ) et 2,844 M moins de 18 ans (soit 19,4 % de cette classe d’âge).

Le pourcentage de personnes d’origine étrangère est de 15 % de la population française.

La même totalisation incluant les migrants en situation irrégulière et rapportée à la population réelle aboutirait à un total de 9,974 millions et à un pourcentage de personnes d’origine étrangère de 15 %. La segmentation par âges est impossible à faire sur les migrants irréguliers. D’autre part cette population représente moins de 1,05 % de la population française et seulement 7,2 % de l’ensemble des personnes d’origine étrangère. Son impact sur la répartition par âges est relativement négligeable même s’il apparaît à l’évidence que le pourcentage de moins de 18 ans est relativement faible. Quand il s’agira de la population réelle, les répartitions par âge seront redressées à 13 % pour les plus de 18 ans et à 18 % pour les moins de 18 ans. Le récapitulatif apparaît dans les tableaux suivants : Population immigrée régulière et irrégulière en fonction de l’âge (en milliers)

Population immigrée Immigration Immigration Total Population régulière irrégulière et descendants irrégulière et régulière

Totale ≥18 ans

<18 ans Totale ≥18 ans <18 ans Totale Totale

Métropole 64 542 63 992 49 944 14 048

24

9 205

6 390

2 815

550

9 755

Mayotte 189 129 63 66 17 8 9

60

77

COM

1 927

72

142

Total

66 658 65 976 51 302 14 674

9 292

6 448

2 844

682

9 974

arrondi à

66 660 65 980 51 300 14 675

9 290

6 450

2 845

680

9 975

1 855

1 295

560

70 50 20


Population immigrée régulière et irrégulière en fonction de l’âge (en %)

Immigration Population immigrée Immigration Population régulière irrégulière et descendants régulière et régulière

Nb habitants

≥ 18 ans < 18 ans

≥ 18 ans

< 18 ans

Total Total

Métropole

78,0% 22,0%

12,8% 20,0%

14,4% 15,1%

Mayotte

48,8% 51,2%

12,7% 13,6%

13,2% 40,7%

COM

69,8% 30,2%

3,9%

3,6%

3,8% 7,4%

Total

77,8% 22,2%

12,6% 19,4%

14,1% 15,0%

II.7. La situation des immigrés au regard de l’emploi et des salaires A - Le CHôMAGE Selon les indicateurs retenus par l’équipe Chojnicki, il y aurait en France, en 2010, 28,1 M d’actifs dont 2,6 M d’immigrés. Leur taux de chômage est de 16 % contre 8,7 % pour les autochtones. Ces chiffres sont globalement calés sur l’approche INSEE pour la seule France métropolitaine qui indique que la population active âgée de 15 ans et plus est estimée à 28,3 M de personnes soit un taux d’activité de 56,7 % avec 25,7 M ayant un emploi et 2,7 M étant au chômage. Le reste de la population est inactive c’est à dire qu’elle ne travaille pas, ne recherche pas activement un emploi ou n’est pas disponible rapidement pour en occuper un. Ils en déduisent à partir de l’enquête emploi INSEE publiée en 2007 que le taux d’activité moyen des immigrés soit 67,8 % est très proche de celui des autochtones (70,5 %). Mais le biais qui consiste à retenir comme actif les 15-64 ans alors que la discrimination des âges a été faite entre les plus de 18 ans et les moins de 18 ans peut fausser les statistiques. Enfin, les descendants d’immigrés sont ignorés.

Les immigrés et les descendants des pays tiers gardent un taux de chômage deux fois supérieur au reste de la population.

Nous partirons donc du n°31 de janvier 2012 d’Info migrations produit par le département des études, des statistiques et de la documentation du Ministère de l’Intérieur (secrétariat général à l’Immigration et à l’Intégration). Selon ce document, on compte en 2010, 2,6 millions d’immigrés actifs dont les deux tiers originaires des pays tiers et 2,4 millions de descendants d’immigrés actifs dont 40 % originaires des pays tiers. « Les immigrés et les descendants des pays tiers gardent un taux de chômage deux fois supérieur au reste de la population ». Nous conserverons ces proportions en appliquant aux descendants d’immigrés le ratio sommaire d’un sur deux, dans l’incapacité où nous sommes de déterminer si, dans l’étude, ces descendants sont issus de deux parents immigrés - et comptés de fait dans l’ensemble immigrés -, d’un couple

25


mixte, ou s’il n’y a qu’un seul parent et de quelle origine résidant sur le territoire national. Le total des descendants d’immigrés retenu sera donc d’1,2 million de personnes.19 Les immigrés de l’EEE (Espace Economique Européen) ont un taux de chômage de 7,9 %. Ceux des immigrés des pays tiers de 20,2 %. Les descendants des immigrés de l’EEE ont un taux de chômage de 9,2 %, ceux des descendants des pays tiers de 24,2 %. Cette constatation, qui peut sembler paradoxale, tient à la durée d’implantation en France des immigrés et au fait que les descendants sont souvent à la recherche de leur premier emploi. Les enquêtes INSEE 2004-2010 et ELIPA 2009 montrent la corrélation étroite entre la date d’arrivée en France et le taux de chômage (cf. Tableau ci-dessous). Taux de chômage des immigrés en fonction de leur durée de présence sur le territoire (en %)

Les enquêtes […] montrent la corrélation étroite entre la date d’arrivée en France et le taux de chômage.

Hommes Femmes

installés depuis moins d’un an

35

67

installés entre 1 et 5 ans

17,7

26,5

installés depuis plus de 5 ans

14,5

16,3 (*)

* mais 22 pour les femmes des pays tiers

Sur la base des ratios exprimés plus haut cela nous donne une population concernée de 3,8 millions d’actifs sur 28,15 M soit 13,5 %, globalement en phase avec la proportion de la population concernée. En revanche, alors que la moyenne de la population nationale a un taux de chômage de 9,4 %, le chômage de la population étudiée concerne : • immigrés actifs EEE : 2,6 x 0,079/3 = 68.000
 ; • immigrés actifs non EEE : 2,6 x 0,202 x 2/3 = 350.000
 ; • descendants d’immigrés EEE (un sur deux) : 1,2 x 0,6 x 0,092 = 66.240 arrondis à 66.000 ; • descendants d’immigrés non EEE (un sur deux) : 1,2 x 0,4 x 0,242 = 116.000 ; soit un total de : 68.000 + 350.000 + 66.000 + 116.000 = 600.000 soit 15,8 % de la population concernée. B - la structure de l’emploi En 2010, les immigrés actifs sont salariés à 86,7 %, non salariés à 13,3 %. 4 % des immigrés sont cadres contre 10 % pour les non-immigrés. 8 % des descendants d’immigrés sont cadres (20 % pour le reste des descendants

26

19. Ce chiffre approximatif, qui concerne les descendants d’immigrés actifs, est légèrement différent du chiffre de 1,1 million déterminé dans le chapitre 2.3. et utilisé au chapitre 2.6. pour évaluer la population. En effet, les sources d’information ne sont pas les mêmes. Il s’en rapproche néanmoins considérablement si on utilise la variable chômage.


de non-immigrés). Le document Parès-analyses n°58 de septembre 2012 précise toutefois que la mobilité ascendante est plus forte pour les descendants d’immigrés que pour le reste de la population, ceci quelles que soient les origines (35,6 % contre 29,4 % pour les hommes, 28,1 % contre 22,3 % pour les femmes). Il nous semble par ailleurs que le nombre de salariés est surestimé étant donné l’importance du travail indépendant chez les personnes d’origine étrangère. Nous le redressons à 15 %. En ce qui concerne la fonction publique dont on connaît les difficultés d’accès pour les immigrés (souvent corrélées à un critère de nationalité) : 8 % des pères immigrés y occupaient un emploi quand leur enfant avait 15 ans contre 22 % pour les non-immigrés, mais pour leurs descendants le retour à l’équilibre est progressif : 17,4 % contre 19,3 % pour les hommes, 29,3 % contre 30,9 % pour les femmes. c - les salaires Selon les études de l’INSEE et de l’INED, il n’y a pas de différence significative de salaire à niveau de compétences égal entre un immigré européen et un autochtone. Les personnes originaires du Maghreb, de Turquie, d’Afrique subsaharienne et leurs descendants ont un niveau de salaire d’environ 15 % plus faible, bien qu’ils soient surdiplômés par rapport à leur pays d’origine. L’étude ne traite malheureusement pas du salaire des descendants d’immigrés dont nous considérerons, suite à l’analyse exposée ci-dessus, qu’il est supérieur au salaire de l’immigré. La péréquation pour les 1.733.000 immigrés des pays tiers (2/3 de 2,6 Millions) et les 480.000 (40% d’1,2 million) descendants d’immigrés aboutira donc à une décote moyenne de :

0,15 x (1.733 + 480) = 0,087 soit 8,7 % (2.600 + 1.200)

Les personnes originaires du Maghreb, de Turquie, d’Afrique subsaharienne et leurs descendants ont un niveau de salaire d’environ 15 % plus faible.

En 2010 selon l’INSEE, dans une étude rendue publique en juin 2012, le salaire mensuel moyen brut, toutes primes et avantages confondus, y compris les heures supplémentaires, est de 2.764 euros et le net de 2.082. Compte tenu de la décote, le salaire moyen de la population étudiée sera donc en brut de 2.523 euros et le net de 1.901. A titre indicatif, le salaire moyen net mensuel des cadres en France est de 3.953 euros, celui des ouvriers de 1.583. d - nos données Après péréquation entre ces diverses données, nous adopterons pour nos estimations les paramètres suivants : • Population active concernée par notre étude : 3,8 M de personnes ; • Population occupée : 3,2 M de personnes ;

27


• Non-salariés : 480.000 ; • Salariés de la fonction publique : 350.000 ; • Salariés du privé et autres : 2.370.000 ; • Parmi les salariés, la proportion de cadres est de 8 % soit 220.000 et de non cadres est de 92 % soit 2.500.000 ; • salaire moyen brut mensuel du salarié20: 2.523 euros ; • salaire moyen brut mensuel du cadre immigré : 4.325 euros ; • salaire moyen brut mensuel du non-cadre immigré : 2.350 euros. Sur ces salaires, les cotisations sociales sont régies par un plafond réévalué chaque année qui sépare les tranches A (en dessous du plafond), les tranches B (au-dessus du plafond) et les tranches C, très au dessus du plafond21. Nous éliminerons la tranche C qui concerne un nombre probablement très faible d’immigrés et nous garderons la segmentation entre ceux qui sont dans la tranche A et dans la tranche B sur les bases suivantes : - salaire moyen pour ceux en dessous du plafond : 2.340 et - salaire moyen pour ceux dépassant le plafond : 4.41422. L’assiette, les seuils et les taux servant de base de calcul pour ces cotisations se trouvent en annexe de cette monographie. Nombre de personnes immigrées en fonction de leur situation salariale (en milliers) Total non-cadre non-cadre Total cadre cadre Total cadres + public privé non-cadres public privé cadres non-cadres

Tranche A

28

305,5

2 119,5

Tranche B 16,5

58,5

Total

2 178

322

2 425 20,5 34,5 55 75

7,5 157,5 165

2 500 28 192 220

2 480 240 2 720

20. Pour les non-salariés, appellation qui recouvre une très grande variété de situations et dont certains sont souvent taxés sur leur chiffre d’affaires déclaré, on considérera par souci de simplification et sans méconnaître les biais introduits que tout se passe comme si leur revenu était identique à celui des salariés. 21. En effet, au 1er janvier 2012, cette tranche représentait un salaire mensuel compris entre 12.124 et 24.248 euros par mois. 22. Pour les calculs des plafonds de cotisations sociales on considérera schématiquement que 5 % des non-cadres soit 75.000 et 75 % des cadres soit 165.000 dépassent le plafond. 10 % d’entre eux soit 24.000 sont dans la fonction publique.


III. Typologie des coûts On reprendra ici les analyses faites dans la monographie n°14 en actualisant les données.

III.1. Les coûts pour le pays d’origine Les bénéfices de la migration sont constitués : • par les transferts de fonds formels ou informels que le migrant envoie au pays soit par des agences comme Western Union ou Moneygram, soit par des commerçants disposant d’antennes dans les pays d’origine, soit par des aller-retours mutualisés grâce à la diaspora. Les migrants résidant en France enverraient au pays 4,82 milliards d’euros par an dont 3,5 vers le continent africain. Ce sont davantage des amortisseurs de difficultés pour les familles que des investissements lesquels se portent principalement vers la construction d’écoles ou de bâtiments religieux, l’accès à l’eau et à l’électricité, l’achat ou l’agrandissement d’habitations locatives ou de commerces ; • par les retombées de son activité à l’étranger sur les ressources du pays et par les transferts de savoir-faire qu’il peut apporter à ceux qui sont restés au pays. Ceci n’est pas comptabilisable ; • par l’augmentation de la demande d’éducation que crée le success story de la migration et l’augmentation corrélative du nombre de diplômés ; • par la plus-value apportée par les migrations de retour ; • par les opérations de partenariat ou d’aide, engagées par les pays d’accueil vers les pays d’origine dont une des finalités est de freiner le désir de migration. C’est l’objectif du programme 301 du Ministère de l’Intérieur « migrations et développement solidaire » (28 M d’euros en 2012) et surtout de l’aide publique au développement (9.751 M d’euros en 2010).

Les migrants résidant en France enverraient au pays 4,82 milliards d’euros par an.

Les coûts de la migration sont constitués : • par le non-recouvrement par le pays d’origine des dépenses engagées notamment en matière d’éducation et de santé pour financer les services fournis ; • par l’augmentation des coûts d’éducation pour correspondre à une demande croissante ; • par la perte de main d’oeuvre, de compétences et de ressources engendrée par le départ du migrant et le cas échéant celui de sa famille peu après ; • par l’impact de ces départs sur la vie économique et culturelle du pays et sur la stabilité des structures familiales : désertification des régions rurales et concentration urbaine, dissociation des ménages et tensions familiales, délinquance, assistanat ;

29


• par l’attraction exercée par les success stories de ceux qui reviennent et qui renforcent la tentation migratoire. Selon une étude de l’Université de Buenos-Aires, l’Afrique laisserait ainsi échapper annuellement 17,5 Mds d’euros soit près de la moitié de l’aide qu’elle reçoit des bailleurs de fonds du Nord qui se rembourseraient ainsi de leurs dons et de leurs prêts.

III.2. Les coûts pour le migrant lui-même Les bénéfices sont constitués :

En définitive, la migration représente pour le migrant un investissement et un pari sur l’avenir.

• par l’augmentation de sa rémunération, (en moyenne le migrant quadruple ses gains) et les nouvelles possibilités de carrière qui s’offrent à lui ; • par l’accès à l’éducation, à la santé, et à des prestations sociales souvent absentes dans son pays d’origine ; • par la possibilité de s’enrichir intellectuellement à travers une communauté du savoir elle-même porteuse de capital intellectuel ; • par le volant de sécurité que constituent les aides de toute nature reçues du pays d’accueil même en cas d’échec de carrière et qui, toutes choses égales, sont très supérieures à ce qu’il aurait gagné dans son pays d’origine ; • par la fierté d’être reconnu pour sa réussite dans son pays d’accueil comme dans son pays d’origine. Les coûts sont de nature psychologique (solitude morale, affective et sexuelle), intellectuelle (nouvelles traditions, difficulté de se faire reconnaître) mais surtout financière. Pour partir, en effet, il lui faut disposer d’un capital pour payer le transport alors qu’il doit économiser de quoi subsister et se préparer à rembourser ceux qui lui ont prêté. En définitive la migration représente pour le migrant un investissement et un pari sur l’avenir et c’est pourquoi, pour une moyenne annuelle de 100.000 départs d’Afrique vers la France, il n’y a guère plus de 10.000 retours et de 20.000 sorties, soit un solde migratoire d’environ 70.000.

III.3. Les coûts pour le pays d’accueil C’est l’objet des chapitres suivants qui étudient successivement : n les dépenses consenties pour l’immigration régulière ; n le surcoût des migrations irrégulières ; n les recettes engendrées par la migration ; d’où l’on tire une première balance dépenses / recettes. Il faut y ajouter la balance investissements/rentabilité en comptabilisant d’une part les coûts pour freiner la pression migratoire et améliorer le sort des migrants présents et de leurs descendants, d’autre part la rentabilité de ces coûts.

30


IV. L es dépenses consenties pour l’immigration régulière On identifiera successivement les chapitres suivants : • les coûts de structure ; • les coûts sécuritaires ; • les coûts fiscaux et sociétaux ; • les coûts sociaux ; • les coûts éducatifs hors investissement. Pour chacun des coûts, on ne reprendra pas les analyses méthodologiques exposées dans la monographie n°14 (sauf quand l’environnement a changé comme c’est le cas pour les coûts de structure). En revanche on rectifiera l’erreur commise sur les coûts sociaux et l’on utilisera des chiffres actualisés.

IV.1. Les coûts de structure Au temps des Ministères Hortefeux puis Besson, une partie des coûts de structure était facilement identifiable à partir du budget du ministère concerné. L’immigration étant maintenant rattachée au Ministère de l’Intérieur et à ses services déconcentrés, le coût ne peut être approché que par les programmes qui y sont inclus, lesquels sont en fait quasi analogues aux programmes précédents. La mission « Immigration, asile et intégration » comprend : • un programme 303 immigration et asile ; • un programme 104 intégration et accès à la nationalité française.

Au temps des Ministères Hortefeux puis Besson, une partie des coûts de structure était facilement identifiable.

A - Les programmes 303 et 104 Le programme 303 représente, pour 2012, 560,32 M de crédits de paiement ventilés dans le tableau a ; le programme 104 représente pour 2012, 71,63 M de crédits de paiement ventilés dans le tableau b. a. Crédits de paiement du programme « immigration et asile » (en M euros) Intitulé du programme et de l’action Montant Circulation des étrangers et politique des visas

2,55

Garantie de l’exercice du droit d’asile

408,91

Lutte contre l’immigration irrégulière

85,4

Actions de soutien

63,46

TOTAL 560,32

31


b. Crédits de paiement du programme « intégration et accès à la nationalité française » (en M euros) Intitulé du programme et de l’action Montant Accueil et formation linguistique des primo-arrivants

13,34

Intégration des étrangers en situation régulière

41,78

Naturalisation et accès à la nationalité

1,85

Intégration des réfugiés

14,66

TOTAL 71,63

Au total les crédits de paiement de la mission demandés pour 2012 se montent donc à 631,95 M d’euros. Ces montants prennent en charge l’ensemble des loyers et immobilisations, des crédits de personnels (587 ETPT), de fonctionnement, d’intervention et notamment la partie du financement à la charge du Ministère de l’OFPRA (34, 35 M d’euros), de l’OFII (13, 34 M d’euros), de la CNHI (2, 78 M d’euros) et le transfert de charges au profit de la CNDA (1, 92 M d’euros). En revanche, il ne comprend pas les Fonds De Concours et les Attributions De Produits attendus. B - Ventilation des programmes Dans ces coûts de structure, et pour simplifier, le programme 303 figurera dans les dépenses pour l’immigration régulière à l’exception de la lutte contre l’immigration irrégulière, soit pour un montant de : 560,32 - 85,40 soit 474,92 arrondis à 475 M d’euros. La totalité du programme 104 sera affectée aux investissements pour l’intégration.

IV.2. Les coûts sécuritaires Nous avons détaillé dans la monographie n°14 la part des coûts sécuritaires relevant de l’immigration dans les budgets de la police nationale, de la gendarmerie nationale et de la justice. Nous reprendrons à partir des nouveaux budgets les ratios utilisés en 2008. En 2011 la Mission sécurité qui finance la police et la gendarmerie représente 16,82 Mds d’euros soit 70 % du budget du Ministère de l’intérieur, ce qui se traduit en crédits de paiements par 9,088 Mds pour la police (9,27 prévus pour 2012) et 7,731 pour la gendarmerie (7,853 prévus en 2012). Le Ministère de la justice y consacre 7,138 Mds d’euros (7,42 pour 2012).

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A - Les coûts de personnel Au Ministère de l’Intérieur, la baisse du personnel liée à la révision générale des politiques publiques (RGPP) s’est traduite par 3.473 ETPT en moins de 2009 à 2011 pour la police nationale et 2.170 ETPT en moins pour la gendarmerie pour la même époque. Les crédits du personnel de la police nationale sont de 8,12 Mds d’euros soit 89,3 % de l’ensemble des crédits. Pour la gendarmerie, ils sont de 6,5 Mds d’euros. Le total est donc de 14,62 Mds d’euros. Dans cet ensemble, certaines missions sont sans aucun rapport avec l’immigration (exemple : les contrôles routiers) ou avec des rapports très ténus (exemple : le corps des pompiers, la protection des personnalités). L’ensemble des personnels mobilisés par ces dernières missions représente environ 2,70 Mds d’euros. On réduira donc les coûts du personnel engagé dans des opérations sécuritaires en termes de maintien de l’ordre à 11,92 M d’euros. Si la population immigrée et issue de l’immigration se comportait comme la population autochtone, la part des coûts sécuritaires imputable à l’immigration serait pour la mission sécurité de : 11,92 x 0,15 soit 1,788 Mds d’euros. Mais la délinquance imputable à la communauté d’origine étrangère, en particulier la petite délinquance qui représente la plus grande partie des actions de prévention et de répression de la mission sécurité est plus forte que celle de la moyenne de la communauté nationale. Le débat sur la surdélinquance des personnes étrangères et des immigrés, notamment d’origine maghrébine ou d’Afrique subsaharienne, a été enrichi par diverses contributions parfois contradictoires. On trouvera les principaux éléments d’analyse dans l’article « L’immigration en France » de Wikipedia.

La surdélinquance des personnes étrangères […] est plus forte que celle de la moyenne de la communauté nationale.

La première étude détaillée réalisée par l’INSEE en 1999 montrait que « 40 % des détenus ont un père né à l’étranger, 25 % ont un père né au Maghreb. Les hommes nés en Roumanie et ex- Yougoslavie sont 3,3 fois plus représentés en prison, suivis des hommes nés au Maghreb et en Afrique subsaharienne respectivement 3 fois et 2,7 fois plus représentés. » Analyse confirmée par l’ouvrage de Sébastien Roché sur la délinquance des jeunes : les 13-19 ans racontent leurs délits (Seuil 2001). En 2002 un rapport de commission d’enquête du Sénat de 2002 sur la délinquance des mineurs évoque aussi « une surdélinquance des jeunes issus de l’immigration ... Les adolescents dont les deux parents sont nés hors de France commettent 46 % des actes graves... et 32 % des actes peu graves... Parmi les délinquants vivant en HLM, les jeunes d’origine maghrébine représentent 39 % des actes peu graves et 47 % des actes graves ». En avril 2004, le journal Le Monde relatait une monographie faite en Isère selon laquelle les deux tiers des mineurs délinquants seraient d’origine étrangère.

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En février 2006 le même quotidien faisait état d’un rapport des Renseignements Généraux précisant l’origine des délinquants opérant en « bandes » dans les quartiers à forte population immigrée. A partir de l’étude de 436 meneurs recensés dans 24 quartiers sensibles, les RG déterminaient des profils types : « 87 % ont la nationalité française. 67 % sont d’origine maghrébine, 17 % d’origine africaine (Afrique subsaharienne) . 9 % sont des Français d’origine. » Ces statistiques ont poussé le MRAP et SOS Racisme à dénoncer « un fichage ethnique des délinquants ». SOS-Racisme a porté plainte.

La part des mineurs mis en cause dans la délinquance est relativement constante depuis 2008 et se situe autour de 18%.

En avril 2010, dans son ouvrage Le déni des cultures Hugues Lagrange, chercheur au CNRS et professeur à Sciences-Po, fait un lien particulier entre immigration et délinquance, privilégiant le contexte culturel sur les facteurs sociaux -économiques. Il conclut qu’à statut social égal, « les adolescents éduqués dans les familles [originaires de pays] du Sahel sont trois à quatre fois plus souvent impliqués comme auteurs de délits que les adolescents élevés dans des familles autochtones ; et ceux qui sont éduqués dans des familles maghrébines, deux fois plus. » Il tempère toutefois cette constatation dans une interview à l’Express en 2011 par le fait que les contrôles policiers visent principalement les Noirs et les Arabes ce qui « crée un cercle vicieux car, en arrêtant plus de Noirs et d’Arabes, on trouvera, mécaniquement, plus de délinquants noirs et arabes que de blancs ». Il nous paraît donc légitime de conserver les paramètres utilisés dans la monographie n°14, à savoir un coefficient de surreprésentation de 2,3 dans les délits de petite délinquance pour les plus de 18 ans et de 3 pour les moins de 18 ans. Ceci nous donne pour l’ensemble de la population légale métropolitaine les coûts suivants : • Pour les plus de 18 ans 11,92 x 0,78 x 0,126 x 2,3 soit 2,694 Mds d’euros ; • Pour les moins de 18 ans 11,92 x0,22 x 0,194 x 3 soit 1,526 Md d’euros ; ce qui nous donne un total de : 2,694 Mds + 1,526 Md = 4,220 Mds d’euros. En ce qui concerne le Ministère de la justice, les frais de personnel ne représentent que 4,375 Mds d’euros dont seulement 3 Mds (3.000 millions) environ concernent la délinquance. La part des mineurs mis en cause dans la délinquance est relativement constante depuis 2008 et se situe autour de 18 % avec des pics de 55 % pour les vols de deux roues, de 50 % pour les vols avec violence sans armes à feu et de 49 % pour les incendies volontaires. Ce qui nous donnerait, en prenant en compte les mêmes ratios concernant les personnes d’origine étrangère en situation légale et en appliquant aux mineurs le coefficient de 18 % :

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• Pour les plus de 18 ans 3.000 x (1 – 0,18) x 0,126 x 2,3 soit 713 M d’euros ; • Pour les moins de 18 ans 3.000 x 0,18 x 0,194 x 3 soit 314 M d’euros ; ce qui nous fait un total de : 713 + 314 = 1.027 millions, soit 1,027 Md d’euros23. Il faut ajouter des coûts spécifiques. B - les coûts spécifiques L’aide juridictionnelle L’aide juridictionnelle (soit 300 M d’euros par an) est depuis 2006 également accordée aux migrants en situation irrégulière ce qui sera étudié dans les surcoûts. Au titre de l’immigration régulière, en prenant le ratio population légale issue de l’immigration / ensemble de la population légale, le coût imputable à l’immigration se monte à : 300 x 0,141 = 42,3 arrondis à 42 M d’euros. L’extension du domaine carcéral La surpopulation et les conditions de vie déplorables des prisons ont été largement soulignées par toutes les enquêtes, et la prison est d’ailleurs loin d’être toujours la solution la plus adaptée en matière de délinquance. En juillet 2012, 78.110 personnes exécutaient leurs peines dont 67.373 en milieu fermé et 10.737 en milieu ouvert. Le plan 2002-2011 d’extension du domaine carcéral avec 13.000 places supplémentaires devait aboutir à 63.000 places disponibles dans les prisons. Il en existe moins de 58.000 ce qui nous donne une surpopulation de 16 %. La précédente législature avait envisagé l’ouverture de 6.000 places supplémentaires. On ne sait pas si l’actuelle majorité va ou non poursuivre cette politique. Mais il est certain qu’on ne pourra pas avec une augmentation moyenne de 4 % par an du nombre de condamnations, pratiquer à la fois une mise en place importante de peines alternatives comme la peine de probation voulue par Christiane Taubira et un plan de construction et de rénovation du domaine carcéral existant. Le coût chargé d’une place dans une nouvelle construction est globalement de 100.000 euros par maison d’arrêt, de 200.000 par maison centrale et aujourd’hui de près de 250.000 dans un centre pour mineurs. En faisant l’hypothèse d’une construction de 6.000 places sur 5 ans, soit 1200 par an, la dépense annuelle se monte à 200 M d’euros24. Sur cette base la part dévolue à l’immigration serait selon les ratios cités plus haut pour la délinquance :

L’aide juridictionnelle est depuis 2006 également accordée aux migrants en situation irrégulière.

• pour les plus de 18 ans : 150 x 0,78 x 0,126 x 2,3 = 34 M d’euros ; • pour les moins de 18 ans : 50 x 0,22 x 0,194 x 3 = 6 M d’euros ; soit un total de : 34 + 6 = 40 M d’euros par an. 23. Ne disposant pas de statistiques spécifiques ni pour Mayotte, ni pour l’ensemble des COM, nous sommes obligés de traiter ces territoires comme le reste de la métropole. 24. Avec la répartition suivante : 500 places en maisons d’arrêt, 500 places en maisons centrales et 200 places en centres pour mineurs.

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Le stress qui taraude les personnels de sécurité est bien lié à la lutte contre la délinquance.

C - Les coûts indirects Dans la monographie n°14, nous avions compté les coûts indirects résultant des atteintes physiques et morales faites aux personnels concernés qui sont plus importantes que celles des autres administrations puisque chaque année 7,7 % des agents de la police nationale sont victimes d’accidents de travail et de service contre 1,7 % pour la moyenne des autres administrations. Ces coûts créent des absences elles-mêmes créatrices d’engorgement. Ainsi, alors que les agents des autres administrations sont en moyenne absents 13 jours par an sur 217 jours travaillés, ce chiffre s’élève à 19 pour ceux de la police nationale, à 16 pour ceux de la gendarmerie et à 14 pour ceux de la justice. Les témoignages montrent que le stress qui taraude ces personnages est bien lié à la lutte contre la délinquance. Nous en avions déduit des coûts indirects de 79,65 M d’euros. Cette statistique a été critiquée car « reposant sur des bases psychologiques » et non sur des critères scientifiques. Nous nous en tiendrons donc prudemment au seul différentiel de présence soit 4,5 jours pour l’ensemble police-gendarmerie ((6+3)/2) et 1 jour pour la justice que nous apprécierons globalement en fonction du ratio population d’origine étrangère / ensemble de la population ce qui nous donnera : • Pour la police et la gendarmerie : 11.920 x 4,5 x 0,15 = 37 M d’euros
 ; 217 • Pour la justice : 3000 x 1 x 0, 15 = 2 M d’euros
 ; 217 soit un total de coûts indirects de : 37 + 2 = 39 M d’euros. D - Totalisation Total des coûts sécuritaires imputables à l’immigration (en Millions d’euros) Postes de dépenses Montants Frais de personnel police et gendarmerie

4 220

Frais de personnel justice

1 027

Aide juridictionnelle

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Extension du domaine carcéral

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Coûts indirects

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TOTAL

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5 368 (soit 5,368 Mds d’euros)


Certains pourront s’étonner de ce que ces coûts sécuritaires soient restés proches de notre estimation de 2008 (5.237 M d’euros) alors que la population concernée a augmenté en nombre et en pourcentage et la délinquance également. La monographie n°14 intégrait l’ensemble des coûts liés à l’immigration régulière et à l’immigration irrégulière. Ici les surcoûts de l’immigration irrégulière seront étudiés à part.

IV.3. Les coûts fiscaux et sociétaux Nous abordons ici un chapitre souvent omis dans les études sur les coûts et qui pourtant concerne directement la population immigrée et celle issue de l’immigration. Il s’agit de l’économie informelle qui, selon les divers pays d’Europe, représente entre un sixième et un tiers du PIB, du travail illégal (à l’exception de l’emploi d’étrangers sans titre de travail qui figurera dans les surcoûts de l’immigration) de la contrefaçon et du piratage, de la fraude, de la prostitution, toutes activités qui ne sont pas imputables en totalité à l’immigration mais où celle-ci prend une large part. Il est certain que par définition ces domaines échappent à la statistique et que les données que nous avons rassemblées ne sont que des estimations. Elles permettent toutefois de cerner un domaine qui est une double perte pour l’Etat : d’une part les pertes financières et les non-recouvrements, d’autre part le manque à gagner pour l’économie. Plus profondément l’économie informelle est aujourd’hui une gangrène pour l’économie réelle. Pourquoi chercher du travail si l’on peut se procurer des ressources bien supérieures par des trafics rémunérateurs ou par les ressources d’un assistanat bien compris ? Pourquoi se lancer dans un parcours éducatif semé d’embûches et qui débouchera peut-être sur du chômage alors que l’économie informelle permet des gains immédiats et l’affichage d’un train de vie enviable ? Pourquoi ne pas suivre l’exemple des petits génies de l’informatique ou des as de la contrefaçon qui bâtissent des fortunes en surfant sur les niches de la législation ou la carence des services de douane et de contrôle ? On trouvera ci-après les principaux postes de dépenses. Les amendes et redressements récupérés seront comptabilisés en recettes.

Plus profondément l’économie informelle est aujourd’hui une gangrène pour l’économie réelle.

A - Le travail illégal Si l’on met à part l’emploi d’étrangers sans titre de travail étudié plus loin, le manque à gagner pour l’Etat est important de la part de ceux qui emploient des Français ou des étrangers sans les déclarer ou en ne les déclarant que partiellement et en fraudant sur les bas salaires. Selon un rapport parlementaire publié en 2011, corroboré par les enquêtes de l’URSSAF de 2012 sur 4.000 entreprises, le travail au noir constituerait une perte de 15 milliards d’euros pour l’Etat dont 75 % correspondent au

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travail dissimulé et toucherait 7 % des entreprises, essentiellement dans l’hôtellerie, la restauration, la coiffure et l’esthétique. Ceci ne correspond qu’à une extrapolation des enquêtes faites. Déjà en 2009 une enquête de l’URSSAF ciblant des entreprises dans le collimateur infligeait un redressement fiscal à 63 % d’entre elles. Sous diverses formes parfois conviviales comme l’échange de services (« tu donnes des cours à mon fils et je repeins ta cuisine ») ou des secteurs opaques comme l’aide à la personne et les travaux domestiques, sa pratique est beaucoup plus répandue malgré les incitations fiscales tendant à le faire disparaître. En 2009, Xavier Darcos estimait que l’ensemble du travail au noir entraînait un manque à gagner pour l’Etat de 60 milliards d’euros de taxes, soit 4 % du PIB.

1,5 million d’immigrés dont 20 % en situation irrégulière sont employés dans des entreprises marchandes.

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Il n’existe aucune statistique à notre connaissance permettant de savoir où placer le curseur entre 15 et 60 milliards. L’étude que nous avions faite dans la monographie n°25 était à minima et se fondait sur l’hypothèse de1,5 million d’immigrés employés dans des entreprises marchandes dont 20 % d’immigrés en situation irrégulière. Elle aboutissait pour les immigrés légaux à 3,048 milliards d’euros auxquels il faut ajouter une toute petite part du coût des structures de type OCLTI (Office central de la lutte contre le travail illégal), que nous arrondissons donc à 3,05 Mds d’euros. B - La Fraude Ce vaste secteur souvent abordé dans la presse grand public mais avec des amalgames et des simplifications qui en limitent la portée se divise en fait en quatre sous-secteurs : • la fraude sociale estimée globalement à 10 milliards d’euros ; • la fraude fiscale (impôts directs et indirects y inclus impôts sur les sociétés) estimée globalement à 20 milliards d’euros hors ISF ; • la fraude à la TVA estimée globalement à 10 milliards d’euros ; • la fraude aux transports publics et aux amendes qui pour la seule région Ile-de-France (comme le montrera une prochaine étude) dépasse le milliard d’euros. Toutes ces fraudes ne sont pas uniquement imputables à l’immigration régulière ou irrégulière et il faut admettre que dans ce domaine la porosité des chiffres, la frilosité des contrôles et les oppositions frontales entre ceux qui veulent surtout épingler la fraude sociale (à droite) et ceux qui s’attachent principalement à dénoncer la fraude fiscale (à gauche) ne simplifient pas la lecture du paysage. On connaît le dicton : « les petits fraudent le bus, les gros fraudent le fisc ». C’est dire que du côté de la population d’origine étrangère dont le niveau de vie est plus faible que le niveau moyen de la population, c’est largement vers la fraude sociale et les transports en commun qu’elle s’exprime plutôt que sur la fraude fiscale.


La fraude sociale Elle constitue une littérature pléthorique essentiellement consacrée à la fraude aux prestations sociales par les particuliers ; on notera que les professionnels de santé et le travail au noir (déjà répertorié plus haut) y contribuent encore plus largement. Malheureusement les fraudes constatées ne représentent qu’une petite partie des fraudes potentielles. Sur le site officiel de la Sécurité sociale, il est indiqué que la fraude à la sécurité sociale détectée en 2011 atteint 479 M d’euros dont 220 M pour la fraude aux cotisations sociales, 120 M pour la fraude aux prestations maladie, 101,5 M d’euros pour la fraude aux prestations familiales, 14 M d’euros pour la fraude aux retraites, 24 M d’euros pour la fraude à la mutualité sociale agricole et au régime des indépendants. Il s’agit des fraudes détectées et qui ont fait l’objet de redressements comptabilisés dans les budgets de l’organisme, pas du niveau réel des fraudes. Deux prises de position permettent d’approcher le montant des fraudes. Selon des responsables de la CNAF, 200.000 bénéficiaires des allocations familiales seraient des fraudeurs soit 2,15 % des allocataires pour un montant compris entre 500 et 800 M d’euros. La fraude au RSA pèserait pour 70 % des fraudes aux allocations familiales et représenterait 3,6 % des versements. Selon le rapport du Sénat pour 2012, le coût du dispositif RSA serait d’environ 10 milliards d’euros. La fraude serait donc d’environ 360 M d’euros. L’allocation de parent isolé était également un domaine où la fraude est conséquente, comme d’ailleurs une affaire récente de polygamie l’a porté à la connaissance du public. Elle a été remplacée par le RSA. La CNAF versant annuellement 60 Mds de prestations, la fraude se situerait plutôt vers 1,30 milliard d’euros.

Fraude sociale aux allocations familiales [...] au RSA […] et à l’assurance maladie : 2,8 Mds d’euros.

Pour le directeur de l’assurance maladie, la fraude toucherait 1 % des prestataires pour 1,5 Md d’euros. En matière médicale sur 156 M de fraudes détectées en 2010, la part des professionnels serait de 120 M, celle des assurés sociaux de 36 M. Une étude sur les indemnités journalières indûment perçues et les arrêts de travail abusifs fait état de 398 M d’euros récupérés par arrêts interrompus (l’Expansion du 15/11/2011). Si nous nous limitons à ces deux principaux domaines de la fraude, celleci coûterait à l’Etat environ 2,8 milliards d’euros. Quelle est la part des immigrés et de leurs descendants dans ce domaine ? Il est bien difficile de le déterminer sans tomber dans les amalgames. Il serait angélique de penser que cette part de fraude n’est pas plus élevée que la moyenne nationale. L’immigration régulière et irrégulière pèse indiscutablement sur le montant de la fraude d’autant plus qu’il n’y a pas d’étanchéité entre ces deux populations du fait des trafics d’identité des premiers vers les

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seconds pour obtenir des papiers, des autorisations de travail et des accès aux prestations médicales et sociales. Par ailleurs de nombreux contrôles ont montré que des migrants réguliers avaient mis en place des réseaux leur permettant de toucher plusieurs fois des prestations sociales dues ou de percevoir des prestations sociales indues. L’exemple pris dans l’étude de 2008 avait été celui de la Seine-Saint-Denis où la majorité des résidents sont d’origine étrangère. Nous avions conclu prudemment à un ratio d’un tiers des fraudes dues à l’immigration. L’application d’un tel ratio à l’ensemble des fraudes sociales répertoriées dans ce chapitre entraînerait un manque à gagner pour l’Etat de 933 M d’euros.

Nous avions conclu prudemment à un ratio d’un tiers des fraudes dues à l’immigration.

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La fraude fiscale Sur la fraude fiscale, nous reprendrons sans la modifier considérablement notre étude de 2008 faite également sur le Département de Seine-SaintDenis avec un taux de fraude sensiblement égal à la moyenne nationale. Mais ce chiffre doit être minoré d’environ 20 % du fait que le taux de chômage des immigrés est supérieur à la moyenne nationale et que leur revenu moyen est inférieur. D’autre part ce sont les ménages et les personnes de plus de 18 ans qui paient l’impôt et non la totalité des immigrés. Sur la base d’une fraude estimée à 20 milliards, la part des immigrés serait donc : 20 x 0,126 x (1 - 0,2) = 2,016 Mds d’euros. La fraude à l’ISF Nous avions en 2008 sciemment omis la fraude à l’ISF considérant que le nombre d’immigrés assujettis était peu nombreux, ce qui nous a été reproché. Le produit global de l’ISF était en 2010, avant la réforme Sarkozy, de 4,46 Mds d’euros pour 562.000 foyers contributeurs soit près de 8.000 euros par foyer imposable, moyenne qui en matière d’ISF n’a d’ailleurs pas grande signification. Il n’est pas toujours systématiquement prélevé dans les collectivités d’outre-mer. Les chiffres de la fraude sont par nature invérifiables. Les contrôles faits en 2008 et en 2009 ont abouti à des redressements respectifs de 273 et 257 M d’euros. Mais toutes les déclarations ne sont pas contrôlées d’autant plus que parmi les fraudeurs il y a ceux qui minorent l’ISF et ceux qui ne le déclarent pas alors qu’ils en sont passibles. Dans un mémoire de Master 2 consultable sur le net, dirigé par François Bourguignon sous la direction du célèbre économiste Thomas Piketty, le nombre de non-déclarations et de sous-déclarations aboutit en 2006 à un montant de 220 M d’euros. Cette estimation nous paraît très loin de la réalité actuelle et pas seulement parce que depuis 2006 le patrimoine des ménages s’est valorisé, ne serait-ce qu’en raison de la hausse des coûts de l’immobilier. Si l’on compare les redressements opérés à ceux qui l’ont été dans d’autres domaines comme le travail illégal, on constate qu’ils représentent au maximum 25 % de la fraude


estimée. Celle à l’ISF serait donc au minimum de 1,12 Mds d’euros et sans doute beaucoup plus importante Mais la plupart des fraudeurs ont su l’anticiper en prenant le chemin de l’étranger comme la plupart de nos vedettes du spectacle, du sport, de la littérature ou de l’industrie ou en élaborant des montages compliqués qui ont pour effet de rendre non déclarable une grande partie de leur patrimoine. On rappellera à l’inverse que dans le département 93, les quatre villes les plus peuplées (Montreuil, Saint-Denis, Aubervilliers et Aulnay-Sous-Bois) ne comptent respectivement que 423, 109, 101 et 332 assujettis à l’ISF pour des impôts moyens compris entre 3.832 et 5.477 euros. L’impact de l’ISF sur la population d’origine étrangère reste marginal et sans doute inférieur à 2 %. Même en prenant des coûts proportionnels, le montant de la fraude n’est sans doute pas supérieur à 20 M d’euros. La fraude à la TVA Il n’en est pas de même pour la fraude à la TVA qui est estimée aux alentours de 10 Mds d’euros sur le plan national pour des recettes de 132 Mds d’euros en 2011. Nous avons montré en prenant l’exemple de la Seine-Saint-Denis que près d’un quart des restaurants, cafés et hôtels pratiquent la fraude à la TVA et que les gérants de ces établissements étaient pour une grande part d’origine étrangère. En extrapolant les contrôles faits à l’ensemble des établissements, la fraude montait à 45 %. Cette extrapolation n’est - bien entendu - pas de mise, et par ailleurs là encore, la fraude n’est pratiquée que par des adultes. Nous garderons donc le taux avancé en 2008 de 18 % ce qui nous donne un montant de : 10 x 0,18 = 1,800 Md d’euros. La fraude aux transports en commun Nous nous limiterons ici à l’Ile-de-France, non seulement parce que c’est là que se trouve la plus forte concentration de transports et de personnes d’origine étrangère, mais aussi parce que travaillant dans ce domaine sur cette région, nous avons déjà pu remarquer que les résultats ne sont pas extrapolables à la France entière. Cette estimation sera donc a minima.

Il existe des situations de non-droit que chaque francilien peut constater chaque jour dans le métro.

L’abandon quasi complet des contrôles sur les transports de surface, le RER et certains trains de banlieue aux heures de grande affluence, l’absence de plus en plus fréquence de personnes au guichet, la dissuasion opérée par des bandes qui n’hésitent pas à caillasser les bus et à molester les contrôleurs ou machinistes trop légalistes ont généré des situations de non-droit que chaque francilien peut constater chaque jour dans le métro : portillons en permanence ouverts dans les stations sensibles, franchis d’un bond ou par plusieurs personnes dans d’autres, entrées par les sorties en appuyant sur les boutons pressions et non-paiement des tickets dans les autobus et les tramways notamment lorsqu’ils ont plusieurs entrées et que le contrevenant n’est pas obligé de passer devant le conducteur. La RATP qui se

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défend d’établir des statistiques ethniques est parfaitement au courant de la situation et du profil des fraudeurs mais elle a choisi de baisser les bras alors que la SNCF tente courageusement de communiquer sur le montant de la fraude et de procéder à des contrôles sur les longs trajets y compris à partir des gares de départ mais admet qu’elle ne peut pas faire grand chose dans les TER. On peut considérer, comme nous le démontrerons dans une prochaine étude que cette fraude provient au moins à 50 % de personnes d’origine étrangère. Rien que pour les transports parisiens, la fraude se monte à plus d’un milliard d’euros. Le chiffre de 500 M imputable à l’immigration est donc un chiffre minimal puisqu’il ne tient compte que de cette seule région. Le total de la fraude imputable à l’immigration se monte donc à : 0,933 + 2,016 + 0,020 + 1,800 + 0,500 = 5,269 Mds d’euros.

Les immigrés sont particulièrement bien placés dans le domaine de la contrefaçon.

C - La contrefaçon et le piratage Ces formes, en général non violentes, d’économie informelle n’en ont pas moins un très fort impact dans la mesure où elles incitent à l’achat le consommateur lambda qui croit faire une économie. « La contrefaçon, écrit Danielle Rapoport, agit de manière à pervertir le système dans la non reconnaissance du lien entre travail et prix, la déflation de la valeur de soi et de l’autre, la banalisation du mode d’accès, l’interchangeabilité d’un produit non innovant, “trop” disponible, moins engageant ». Mais surtout, elle représente aujourd’hui 10 à 15 % du commerce mondial et selon l’OCDE 200 Mds de dollars par an, malgré les mesures prises par les gouvernants et les saisies opérées par les douanes car elle est d’un excellent rapport (10 fois l’investissement initial). Le seul chiffre d’affaires des faux médicaments est de 75 milliards de dollars par an. La contrefaçon nourrit les échanges informels mais représente surtout une perte d’emplois qui est chiffrée par les experts pour la France entre 30.000 et 40.000 par an soit un manque à gagner pour l’Etat d’environ 800 M d’euros. Les immigrés sont particulièrement bien placés dans ce domaine qui relève largement des migrations entrepreneuriales et utilise fréquemment des prête-noms pour les intermédiaires. Le ratio que nous avions donné en 2008 de 33 % est une estimation qui nous paraît très modérée. Mais cette contrefaçon a aussi un effet sur des produits qui échappent ainsi à la TVA. En 2010, 6,2 millions d’articles dont un million provenant de commandes sur Internet avaient été saisis pour 421 M d’euros soit une perte pour la TVA de 84 M extérieure à la fraude pratiquée sur la TVA. Encore ceci ne représente-t-il qu’une partie des articles qui rentrent en France qu’on peut au maximum chiffrer à 20 %. Malgré des sanctions lourdes (300.000 à 500.000 euros et 3 à 5 ans de prison) ce commerce

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est en pleine expansion : habillement, alimentation, jouets, téléphonie mobile, médicaments, équipement ménager, logiciels, musique et films... La perte pour l’Etat en 2011 dépasse les 500 M d’euros. Sur le même ratio, la part minimale imputable à l’immigration est de : (800 + 500) x 0,33 = 429 M d’euros. D - La prostitution Ce chapitre de la monographie n°14 a fait l’objet de critiques sous prétexte qu’il ne s’agissait pas d’un coût de l’immigration mais d’un manque à gagner pour l’Etat et que de toute façon la prostitution zéro n’existerait pas. Ceci est vrai mais il n’en reste pas moins : • que dans la situation actuelle qui est celle d’une activité libérale, l’Etat n’y trouve comme profit que les impôts payés par ceux qui la déclarent c’est-à-dire une très faible minorité de ceux qui la pratiquent ; • que la majorité des prostituées sont d’origine étrangère et souvent en situation irrégulière : elles viennent principalement d’Afrique (Nigéria, Cameroun, Sierra Leone...) et d’Europe de l’Est, les hommes venant majoritairement d’Amérique du sud plus une minorité maghrébine ; • que les souteneurs qui les emploient sont eux-mêmes majoritairement d’origine étrangère et organisés en filières (ghanéenne, nigériane, maghrébine, albanaise, bulgare, ukrainienne, chinois de Wenzhou...). Dès 2003, Jean-Michel Colombani relevait que 35, 5 % venaient d’Afrique et 49,5 % d’Europe de l’Est ; • que le démantèlement des réseaux (39 recensés par l’OCRTEH en 2010) n’a qu’une influence marginale sur le développement de la prostitution.

La majorité des prostituées sont d’origine étrangère et souvent en situation irrégulière.

Ces activités concernant à la fois des étrangers en situation régulière et en situation irrégulière, nous avons choisi de les regrouper sous cette même rubrique. Il n’y aura donc pas de surcoût concernant la prostitution et le proxénétisme exercés par des étrangers en situation irrégulière. On peut reprendre les chiffres fournis par les organismes chargés de la lutte contre la prostitution et le trafic d’êtres humains. En 2010, les revenus annuels sont estimés, selon une source citée par Wikipedia, à plus de 187 Mds de dollars (146 Mds d’euros). L’analyse économique menée par S.D.Levitt et S.J.Dubner aux Etats-Unis dans leur best-seller Freakonomics révèle qu’en bas de l’échelle sur la base d’une seule relation par jour, une prostituée gagnerait en moyenne 1.250 euros par mois (tous frais déduits y compris la commission au souteneur) alors que le souteneur en gagnerait 3.250 ce qui conduit évidemment à multiplier les échanges, les clients et les « marmites ». En haut de l’échelle, les « hétaïres »

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qui travaillent à 500 euros de l’heure ont évidemment des revenus dix fois supérieurs.

Au-delà des débats sur le fait de savoir s’il faut pénaliser les clients, les travailleurs du sexe ou leurs employeurs, c’est la question des coûts qui nous intéresse.

En France l’OCRTEH (Office Central de Répression de la Traite des Etres Humains) décomptait dans son rapport de 2009, 18.000 à 20.000 personnes s’adonnant à la prostitution. Cette estimation est jugée minimaliste par plusieurs experts et associations dont le STRASS (Syndicat du Travail Sexuel) qui font remarquer que l’OCRTEH se limite à la prostitution de rue et non celle pratiquée en demeures particulières, en hôtels, dans des salons de massage, dans des congrès avec des escort girls, qu’il ignore des secteurs entiers de la prostitution comme la prostitution chinoise ou estudiantine, d’autres qui relèvent d’échanges de services (par exemple contre un logement) ou de spectacles (tournage de films porno, scènes de zoophilie ou de sorcellerie), qu’ils ont une connaissance faible des « sex tours » et que par rapport au nombre de personnes concernées en Allemagne (400.000) ce chiffre serait dérisoire. Il importe toutefois de différencier ceux pour qui la prostitution est un métier permanent et ceux qui ne la pratiquent que de façon occasionnelle. Au-delà des débats sur le fait de savoir s’il faut pénaliser les clients, les travailleurs du sexe ou leurs employeurs, c’est la question des coûts qui nous intéresse ici. Le rapport sur la prostitution présenté à l’Assemblée nationale par le député Guy Geoffroy en 2011 (plus de 350 pages !) tente de faire le point sur cette réalité complexe. Sur la prostitution de rue, les chiffres donnés par les associations sont en moyenne le double de ceux de l’OCRTEH et pointent une prostitution de mineures entre 4.000 et 10.000 (dont certaines se présentent comme majeures) que l’OCRTEH limite à quelques dizaines. Les évaluations sont plus proches sur la prostitution discrète (salons de massage, bars…) mais pointent le fait qu’environ 5.000 « indépendants » exercent par le biais du Net. La prostitution étudiante (essentiellement occasionnelle) concernerait environ 1 % de cette population soit une vingtaine de milliers d’étudiant(e)s. La prostitution serait à 87 % féminine, le reste se répartissant entre les « garçons » et les « transgenres ». 91 % serait étrangère selon l’ OCRTEH, mais le STRASS avance des chiffres plus faibles, considérant que les interpellations visent massivement les étrangers. 64 % des proxénètes seraient étrangers auxquels il faudrait ajouter les étrangers devenus Français. On notera qu’une partie de la prostitution vise à payer le coût du passage, 7 à 15.000 euros pour les Chinois mais jusqu’à 60.000 pour certains Africains. La zone de Roissy et le Tribunal de Bobigny selon cette commission sont devenus ouvertement des zones de rabatteurs. Le chantage,

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la violence, les pratiques d’envoûtement sont des modes d’endoctrinement empêchant ces prostituées d’échapper à leurs maîtres. Les chiffres recueillis (1.500 à 2.000 euros par mois dans le bas de gamme, 15.000 euros par mois dans l’escorting), correspondent bien aux coûts unitaires de l’acte : de 30/50 euros à 500. La mission pointe que le gain des prostitué(e)s permanent(e)s est un engrenage qui se traduit par la recherche de biens narcissiques de compensation. L’escorting par son côté glamour génère une véritable attraction. Le régime fiscal applicable aux personnes prostituées selon le droit français est le suivant. Les personnes prostituées doivent s’acquitter de cotisations sociales auprès de l’URSSAF si elles se déclarent sous une autre étiquette (hôtesse, activités de massage ou de relaxation) et sont assujetties à l’impôt sur le revenu au titre des bénéfices non commerciaux en ayant la capacité de déduire les sommes rétrocédées aux proxénètes. En outre, la prostitution indépendante donne lieu au versement de la TVA. Elles sont en revanche exonérées de la contribution économique territoriale. Ceci reste toutefois théorique. Les prostituées bénéficient de la CMU ou de l’AME si elles peuvent présenter des papiers d’identité, et des prestations sociales comme le RSA une fois qu’elles n’exercent plus leur activité. Aucune poursuite n’est plus engagée par l’URSSAF. En revanche elles sont passibles d’amendes au titre du racolage d’une moyenne qui s’est établie pour les contrevenantes verbalisées (à peine plus de 200 en 2009) à 324 euros. Le proxénète risque lui jusqu’à 15 ans d’emprisonnement et 3 M d’euros d’amende. Environ 1.000 condamnations ont été prononcées par an dont la moitié pour proxénétisme aggravé. Les condamnations au titre du proxénétisme sur mineurs sont très faibles (31 en 2009). Les victimes peuvent bénéficier d’un droit au séjour en cas de « collaboration » avec la police, d’une allocation temporaire d’attente et d’une protection policière. C’est également le secteur associatif qui s’occupe de leur réinsertion éventuelle (environ 90 associations actives qui reçoivent 350.000 euros), de leur suivi sanitaire (400.000 euros) et de leur hébergement (dont une vingtaine reçoivent à ce titre 2 M d’euros). Les CHRS spécialisés dans l’accueil des prostituées reçoivent environ 3,5 M euros annuellement. Les collectivités locales y participent également. Le total se monte au minimum à 7 M d’euros.

On peut estimer le nombre de personnes s’adonnant à la prostitution de façon permanente à environ 50.000.

De ces informations on tirera les conclusions suivantes : On peut estimer le nombre de personnes s’adonnant à la prostitution de façon permanente à environ 50.000 avec un chiffre d’affaires moyen (déduction faite des reversements aux proxénètes) de 30.000 euros par an soit au total 1,5 Mds d’euros. Les amendes étant dérisoires et les personnes déclarant leur activité n’étant pas légion, on

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peut estimer le manque à gagner pour l’Etat à environ 95 % de cette somme. Si ces personnes réglaient leurs cotisations sociales et fiscales, elles reverseraient à l’Etat environ 36 % de leurs gains soit : 50.000 x 30.000 x 0,95 x 0,36 = 513 M d’euros ; • 80 % des prostituées ayant des souteneurs, ceux-ci même si leurs « entreprises » étaient exonérées de l’impôts sur les sociétés devraient normalement acquitter des cotisations employeurs et payer leurs impôts personnels soit : 50.000 x 30.000 x 0, 80 x 0, 95 x 0, 55 = 627 M d’euros ; • si l’on considère que 80 % sont d’origine étrangère la part consacrée à l’immigration est de : 513 + 627 x 0,8 = 912 M d’euros, auxquels il faut ajouter pour 80 % les frais de structure OCRTEH (déjà comptés dans le budget de la police nationale) et les subventions aux associations et centres spécialisés soit : 7 x 0,8 = 5,6 M arrondis à 6 M d’euros. Le « coût immigration » de la prostitution, y inclus le manque à gagner pour l’Etat, s’établit donc à : 513 + 627 + 6 = 1,146 Md d’euros.

Coûts fiscaux et sociétaux imputables à l’immigration : 9,894 Mds d’euros.

E - Totalisation Coûts fiscaux et sociétaux imputables à l’immigration (en Millions d’euros) Postes de dépenses Montants Travail illégal (sauf emploi d’étrangers sans titre)

3 050

Fraude

5 269

Contrefaçon et piratage Prostitution et proxénétisme TOTAL

429 1 146 9 894 (soit 9,894 Mds d’euros)

On ne s’étonnera pas que cette estimation soit plus faible que celle de 2008 (12.782). Cette dernière regroupait à la fois les coûts de l’immigration régulière et ceux de l’immigration irrégulière qui font ici l’objet d’un surcoût étudié à part.

IV.4. Les coûts de la protection sociale A - Méthodologie Ce chapitre représente le coût principal de l’immigration. Sur le montant global nous sommes plutôt en phase avec l’équipe du professeur Chojnicki. Alors que nous l’avions chiffré en 2008 à 51,9 Mds d’euros à

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partir de données de 2006 et de 2007, il l’établit sur la base de données de 2005 à 47,845 Mds d’euros qu’il répartit selon le classement suivant : Ventilation des coûts de la protection sociale selon le Professeur Chojnicki (en Mds d’euros) Prestations Montants retraite

16,365

logement

2,593

RMI

1,74

chômage

5,047

famille

6,724

santé

11,154

éducation

4,222

Total 47,845

L’écart est toutefois flagrant entre ces chiffres et le nôtre pour le budget santé ce qui s’explique probablement parce que l’équipe Chojnicki s’est appuyée sur des enquêtes... de 1993. On voit mal d’ailleurs comment les immigrés avec leurs familles nombreuses ne représenteraient que 5,7 % des dépenses de santé. La répartition par ailleurs n’est pas la même puisque certains postes (éducation, logement) sont considérés par eux comme des dépenses alors qu’ils relèvent pour nous en partie des investissements. De plus dans leur ouvrage de 2012 apparaissent 20,295 Mds « d’autres dépenses » sur lesquelles l’équipe se contente de mettre comme source « calculs des auteurs » et qui sont probablement ce qu’à un autre endroit on appelle « des dépenses publiques qu’on ne peut pas affecter » et qui sont réparties au prorata des immigrés par rapport aux natifs dans la population. La justification ne manque pas de piquant : « Aucun critère ne permet par exemple, à notre avis, d’attribuer aux immigrés une plus grande part des dépenses de défense nationale qu’aux natifs ». Admettons pour la défense nationale. Mais on a vu qu’en termes de maintien de l’ordre, de fraude, de contrefaçon, de prostitution... la part des immigrés n’est pas proportionnelle à leur nombre dans la population.

On voit mal comment les immigrés avec leurs familles nombreuses ne représenteraient que 5,7 % des dépenses de santé.

On consultera avec profit les sources de cette étude à savoir les coûts de protection sociale de 2007 répertoriés par le n°648 d’Etudes et Résultats d’août 200825 qui considère que les 549,5 Mds d’euros se répartissent selon le schéma du tableau suivant :

25. La nomenclature et les bases de données ayant été modifiées en 2008, cette totalisation se monterait en fait à 553,3 Mds d’euros.

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Coût de la protection sociale en France en 2007 (en Mds d’euros) Prestations Montants Vieillesse-survie

246,9

Pauvreté-exclusion 8,5 Logement

14,2

Emploi

34,3

Famille-Maternité

50,3

Santé

195,3

Total 549,5

Les familles nombreuses sont de l’ordre de 20 % chez les immigrés contre moins de 10 % en France.

Les dépenses imputables aux immigrés sont calculées à partir de l’enquête Budget des Ménages de 2006 qui regroupe 25.000 personnes dont 17.061 adultes et parmi eux 2.114 immigrés soit 12,4 %. Les descendants d’immigrés n’y figurent pas. L’échantillon retenu n’est donc pas extrapolable à l’ensemble des personnes d’origine étrangère. Les auteurs reconnaissent d’ailleurs que les familles nombreuses (5 personnes minimum) sont de l’ordre de 20 % chez les immigrés contre moins de 10 % en France. Le recours aux différents systèmes d’aides sociales selon le lieu de naissance y est récapitulé en pourcentage d’allocataires dans le tableau suivant qu’il faut lire probablement par rapport aux prestations reçues dans l’année de l’enquête et non sur un ensemble d’années : Proportion d’allocataires aux systèmes d’aides sociales en fonction du pays de naissance selon l’équipe Chojnicki (en %) type de prestations

nés nés nés au nés en Afrique en France dans l’UEE Maghreb et autres

Retraites

30,77 36,63 33,38 11,53

Allocations familiales de base

23,52 22,73 26,95 39,94

Prestations familiales / bourses

25,21 24,01 31,63 43,77

Maladie (*)

5,58 8,23 6,46 3,94

Logement

13,66 11,8 34,19 33,8

Chômage

11,69 13,44 18,57 20,09

RMI-exclusion

2,26 2,33 8,48 8,72

* L’analyse des dépenses de santé dans ce tableau récapitule dans un premier temps que sont prises en compte dans l’assurance maladie-invalidité les allocations aux adultes handicapés, les pensions d’invalidité, les pensions d’anciens combattants, les indemnités journalières pour maternité, maladie, accident. L’ensemble des soins de santé n’y figure pas. Dans la seconde partie de l’ouvrage la rectification est faite mais sur l’enquête soins-santé réalisée en 1993.

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Nous utiliserons quant à nous la brochure de la DREES, La protection sociale en France26, publiée en 2012 et qui fait le point sur les comptes de 2010. Les dépenses sociales représentent 654,2 Mds d’euros dont 620,8 Mds de prestations qui se répartissent selon le tableau suivant. Répartition des dépenses sociales en 2010 selon la DREES (en Mds d’euros) Prestations Montants Santé

213,1

Vieillesse-survie

278,5

Maternité-famille 55,5 Emploi

42,6

Logement

16,3

Pauvreté-exclusion

14,8

Total 620,8

Quelle part les immigrés en reçoivent-ils ? B - Les prestations emploi : 6,057 Mds d’euros Notre calcul : Les 42,6 Mds d’euros sont répartis en insertion et réinsertion professionnelle pour 5,4 Mds d’euros et chômage pour 37,2 Mds. Nous poserons comme base que l’insertion professionnelle est ventilée au prorata pour les plus de 18 ans alors que le chômage touche des catégories spécifiques parmi les plus de 18 ans. • La part de l’immigration pour l’insertion professionnelle est donc de 5.400 x 0,128 = 691 M d’euros • La part chômage est sur la base de 15,8 % de chômeurs et d’un différentiel de salaire moyen de 8, 7 % : 37.200 x 0,158 x 0,913 = 5.366 M d’euros ce qui nous fait un total de : 691 + 5.366 = 6,057 Mds d’euros. Ce chiffre est supérieur à celui figurant dans la monographie n°23 (5,230 Mds) du fait de l’augmentation du nombre de chômeurs et d’une prise en compte plus fine de la variable origine chez les chômeurs et les descendants d’immigrés.

C - Les prestations vieillesse survie : 22,814 Mds d’euros Notre calcul : Sur les 278,5 Mds d’euros affectés à ce risque, 241,4 Mds concernent la vieillesse et 37,1 Mds la survie. Elles couvrent les retraites et pensions de reversion, les préretraites, le minimum vieillesse et les allocations aux personnes âgées dépendantes. Du fait des règles fixées par la CNIL, on ignore le nombre exact d’immigrés qui touchent une retraite ou auxquels elle est versée à l’étranger. Nous avons montré que cette population fait valoir tardivement ses droits à la retraite, qu’elle est inférieure à celle de la moyenne française du fait d’un salaire plus faible et d’une carrière incomplète. Dans la monographie n°14, nous avions estimé à 24,7 % 26. Celle-ci ne concerne malheureusement que la métropole. Nous ne méconnaissons pas les biais qu’introduisent les données relatives à l’Outre-Mer mais nous ne les possédons pas. On adoptera donc les ratios concernant la France entière en étant conscient des risques d’erreur (2 à 5%).

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le nombre d’immigrés en âge de prendre leur retraite alors fixée à 60 ans. Cette classe d’âge subit un double mouvement. D’une part l’allongement de l’espérance de vie et le fait que les travailleurs immigrés entrés dans les années 60 aient atteint l’âge de la retraite en augmente le nombre, d’autre part l’arrivée de nouvelles vagues d’immigrants plus jeunes en diminue la proportion. Les analyses de l’INSEE ne concernant sur ce point que la métropole, nous appliquerons à la proportion d’immigrés de plus de 18 ans vivant légalement en métropole (12,8%) une double décote de 20% en fonction du salaire et des annuités de carrière ce qui nous donnera : 278,5 x 0,128 x 0,80 x 0,80 = 22,814 Mds d’euros. Cette totalisation est supérieure de plus d’un tiers à celle faite en 2008 (16,56) mais le nombre d’immigrés et le montant des prestations l’est également, ce qui produit un effet cumulatif.

D - Les prestations santé : 29,948 Mds d’euros Notre calcul : Sur les 213,1 Mds d’euros affectés, 170,8 Mds concernent le risque maladie, 30,9 Mds l’invalidité et 11,4 Mds les accidents du travail. Il faut retirer toutefois l’AME de cet ensemble soit 660 millions d’euros (0,066 Mds). Reste donc 212,4 Mds d’euros. En ce qui concerne l’ensemble des prestations de santé, selon l’INSEE, « malgré leur moins bon état de santé déclaré, les immigrés ont autant, voire un peu moins dans le cas du généraliste, recours au système de santé que les autres ». Corrélativement ils sont plus nombreux en moyenne à toucher la CMU, moins nombreux à travailler mais sur des chantiers plus exposés que les autres et où les accidents du travail sont plus fréquents. On neutralisera donc ces variables pour une approche d’ensemble de : 212,4 x 0,141 = 29,948 Mds d’euros.

E - Les prestations famille : 8,407 Mds d’euros Notre calcul : Sur 55,5 Mds d’euros affectés, 7,9 concernent la maternité et 47,6 la famille. Il nous paraît impossible de déterminer la part revenant à l’immigration compte tenu de la variété des prestations : allocation de base, complément familial, allocation pour jeune enfant, pour parent isolé, pour rentrée scolaire, pour garde d’enfants, allocation parentale d’éducation, soutien familial, assistante maternelle agréée, adoption, prime de naissance ... sans compter les prestations offertes par les mairies et les autres organismes sociaux. Par ailleurs la condition de régularisation ou d’inscription à l’OFII ayant pratiquement disparu, tous les résidents de France, y compris la quasi totalité des migrants irréguliers sont logés à la même enseigne. 
En revanche, les ménages immigrés et mixtes ont plus d’enfants que les ménages autochtones et selon les ratios calculés par l’équipe Chojnicki, si ceux issus de l’Union Européenne ont le même recours aux prestations que les natifs, ceux issus de l’immigration maghrébine ou africaine soit 70 % y recourent en moyenne 1,5 fois plus. Ceci nous donnerait donc un total de : 55,5 x 0,15 x 1,5 x 0,7= 8,74 Mds d’euros. Une autre approche par les ménages nous donnerait, à partir des chiffres INSEE actualisés du nombre de ménages (7,25 % de ménages immigrés + la moitié des 4,5 % de ménages mixtes soit 9,50 %) et le surdimensionnement des familles immigrées et mixtes (30 %) la totalisation suivante :

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55,5 x 0,095 x 1,3 = 7,77 Mds d’euros (100 - 7,25 - 4,5)

Une troisième approche (qui est celle de la monographie n°14) prendrait comme base le principe INSEE que les prestations sociales constituent 14 % des revenus annuels des seuls ménages immigrés actualisés à 22.450 euros soit 3.143 euros alors qu’elles ne représentent que 5 % des revenus annuels des ménages autochtones arrondis à 32.890 euros soit 1.644 euros en ignorant les ménages mixtes. On aurait donc la totalisation suivante :

55.500 x 3.143 x 7,25 = 8,72 Mds d’euros 1.644 x (100 - 7,25 - 4,5)

On croisera ces trois approches pour une estimation, dont nous admettons volontiers qu’elle est grossière, de 8,407 Mds d’euros. On notera que cette estimation est de plus de 50 % supérieure à celle de 2008 (5, 5Mds d’euros) mais les prestations familiales le sont aussi, l’augmentation de la proportion des immigrés,y inclus leurs descendants et la taille des familles également. Ces trois facteurs ont un effet cumulatif sur le montant des prestations familiales.

F - Les prestations pauvreté-exclusion sociale : 2,754 Mds d’euros Notre calcul : La quasi-totalité des 14,8 Mds d’euros de dépenses concernent le RMI, le RSA et le RSO (revenu de solidarité spécifique à l’Outremer) qui sont attribués aux plus de 25 ans. La surreprésentation de la part de l’immigration dans ces prestations a été calculée à partir du département de la Seine-Saint-Denis avec un minimum de 32 %. La part de l’immigration est donc de :

14,8 x 0,141 x 1,32 = 2,754 Mds d’euros

On notera que ces prestations sont moins importantes qu’elle ne l’étaient dans les monographies précédentes mais aujourd’hui la paupérisation d’une partie importante des Français d’origine fait diminuer la part des immigrés dans ces prestations.

Part de l’immigration dans les dépenses de prestations sociales : 69,979 Mds d’euros.

G - Totalisation Part de l’immigration dans les dépenses de prestations sociales (en Mds d’euros) Nature des dépense Montants Emploi-réinsertion

6,057

Santé

29,948

Vieillesse-survie

22,814

Famille

8,406

Pauvreté-exclusion 2,754 Total 69,979

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Ces coûts sont globalement supérieurs d’un peu plus d’un tiers aux chiffres produits dans la monographie de 2008, ce qui correspond à l’augmentation du montant des prestations sociales (+ 24,3 % entre 2006 et 2010) auquel s’ajoute l’augmentation de la population considérée et la meilleure prise en compte de la population des descendants d’immigrés (+ 34 % entre le 1er janvier 2008 et le 1er janvier 2012).

IV.5. Les coûts éducatifs hors investissement

Chaque année plus de 100.000 étudiants originaires d’Afrique sont inscrits en France à l’Université, dans des classes de préparation aux grandes écoles ou dans des structures privées.

Ces coûts ne concernent ni les élèves de l’enseignement primaire, secondaire, ou supérieur dont la très grande majorité ne travaille pas et dont les coûts seront étudiés dans les investissements pour en évaluer la rentabilité, ni les bourses accordées aux étudiants étrangers qui sont comptabilisées dans l’aide publique au développement, d’autant plus que certains restent en France pour travailler ce qui génère des bénéfices. On ne s’intéressera donc ici qu’aux coûts de structure pour l’accueil des étudiants étrangers c’est-à-dire l’amortissement des locaux, du matériel et des salaires des personnels enseignants, administratifs, techniques, ouvriers et de service. Dans la monographie n°14, la statistique portait sur les 263.000 étudiants étrangers accueillis en 2006-2007. La dernière statistique dont nous disposons est celle de Campus France pour l’année scolaire 2010-2011, qui répertorie officiellement 284.659 étudiants étrangers (programme Erasmus inclus) soit 12 % de l’ensemble des étudiants et 41 % des doctorants, de nombreux pays étrangers notamment sur le continent africain ne disposant pas de structure où les étudiants peuvent terminer leur cursus. Chaque année plus de 100.000 étudiants originaires d’Afrique sont inscrits en France à l’Université (pour 77 %), dans des classes de préparation aux grandes écoles ou dans des structures privées. A titre de comparaison, il n’y a que 74.714 étudiants français à l’étranger. Le coût unitaire tel qu’il avait été calculé dans la monographie n°14 était sur la moyenne des dix dernières années de 5.000 euros par étudiant. Coût sous-estimé car, selon le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (MESR), la dépense moyenne par étudiant en 2009 était de 11.260 euros. Ce chiffre peut effectivement être pris comme une moyenne 2007-2012 puisque 44 % des étudiants étrangers inscrits à l’Université sont en Licence, autant en Master et seulement 12 % en Doctorat. Le coût éducatif est donc approximativement de : 11.260 x 284.659 = 3,205 Mds d’euros. La législation française actuelle permet à certains de ces étudiants de travailler dans la limite de 964 heures par an mais l’expérience montre

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que c’est essentiellement pour payer leurs études. En revanche une partie d’entre eux, une fois leurs études terminées ou abandonnées, restent en France où ils contribuent à l’augmentation de la richesse nationale. Ce point sera abordé dans le chapitre investissement/rentabilité.

IV.6. Les prestations logement Comme nous l’avions fait dans les monographies précédentes, les prestations logement soit 16,3 Mds d’euros qui s’intègrent globalement dans la politique de la ville sont rangées non dans les dépenses mais dans les investissements.

IV.7. Total des dépenses dues à l’immigration régulière Dépenses imputables à l’immigration légale (en M euros) Nature des dépenses Montants Coûts de structure

475

Coûts sécuritaires

5 368

Coûts éducatifs (hors investissements) 3 205 Coûts fiscaux et sociétaux

9 894

Coûts sociaux

69 979

88 921 (soit 88,921 Mds d’euros)

TOTAL

Total des dépenses dues à l’immigration régulière : 88,921 Mds d’euros.

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V. L es surcoûts de l’immigration irrégulière Dans ce chapitre nous reprendrons dans ses grandes lignes la monographie n°25 parue en juin 2011 à l’exception des sujets déjà traités globalement dans l’immigration légale (comme la prostitution) et en nous contentant d’actualiser les chiffres quand nous les connaissons. On se reportera donc pour les développements de chacun des paragraphes ci-dessous aux explications fournies dans cette précédente monographie.

V.1. Méthodologie

Dans les coûts des migrations irrégulières, il y a des coûts spécifiques, […] des coûts partagés [...], des coûts proportionnels.

On rappellera que dans les coûts des migrations irrégulières, il y a : • des coûts spécifiques relevant uniquement des particularités françaises comme l’ Aide Médicale d’Etat ; • des coûts partagés qui relèvent à la fois des migrations irrégulières et des migrations régulières comme le coût des Centres d’Accueil des Demandeurs d’Asile puisque certains demandeurs reçoivent un titre de séjour et que d’autres sont déboutés et considérés comme migrants irréguliers. Seule la partie relevant des migrations irrégulières doit être prise en compte ; • des coûts proportionnels qui touchent l’ensemble de la population française et pour lesquels les migrants irréguliers ne comptent qu’au prorata de leur population. • Enfin certains coûts exposés dans le cadre des migrations irrégulières comme les coûts de santé hors AME n’ont pas leur place ici, les migrants n’y ayant théoriquement pas droit. Ce qui est dit des dépenses est valable également pour les recettes puisqu’on trouve : • des recettes spécifiques comme la taxation des entreprises ayant employé des migrants en situation irrégulière ; • des recettes à coût partagé comme les coûts de visa pour lesquels il faut faire le tri entre les migrants légaux et ceux qui ont prolongé indûment leur temps de séjour ; • des recettes à coût proportionnel comme la TVA qui est acquittée aussi bien par les migrants que par le reste de la population.

V.2. Les coûts spécifiques Ils comprennent 
 : • les soins de santé pour les migrants irréguliers
 ; • la scolarisation des élèves et étudiants en situation irrégulière
 ; • les coûts de la coopération transnationale
 ;

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• les coûts de structure de la lutte contre l’immigration irrégulière
 ; • les coûts de reconduite
 ; • les coûts des centres de rétention. A - Les soins de santé pour les migrants irréguliers L’aide médicale d’Etat a été budgétisée pour 588 millions en 2011 mais les dépenses réelles ne sont pas égales aux dépenses programmées. Elle a par exemple explosé dans les COM et notamment en Guyane où les bénéficiaires sont proportionnellement 6 fois plus nombreux qu’en France. Nous ne disposons toutefois que des chiffres réels de 2009 qui sont ventilés comme suit : • aide médicale de droit commun : 540 M d’euros ; • procédures de soins urgents pour les malades non admissibles à l’AME : 84,25 M d’euros ; • aide humanitaire : 6 M d’euros ; • procédure d’étranger malade (prise en charge par la CMU) : 32 M d’euros. Ce qui nous fait un total de : 540 + 84 +6 + 32 = 662 M d’euros. B - La scolarisation d’élèves et d’étudiants en situation irrégulière • Les 10.000 sans-papiers scolarisés dans le primaire et le secondaire coûtent 56,787 M d’euros. • Les 5.800 étudiants en situation irrégulière coûtent 5.800 x 11.260 = 65,308 M d’euros.

Soins de santé pour les migrants irréguliers : 662 M d’euros.

Le coût global de la scolarisation des migrants irréguliers est donc de : 56,787 + 65,308 = 122,095 arrondis à 122 M d’euros. C - La coopération transnationale • La participation de la France au dispositif Frontex coûte 14,8 M d’euros. • Les accords de réadmission avec les pays d’accueil ont été budgétisés pour 28 M d’euros en 2012 (programme 301). Le total se monte donc à : 14,8 + 28 = 42,8 arrondis à 43 M d’euros. D - Les structures de lutte contre l’immigration irrégulière La lutte contre l’immigration irrégulière et le financement des structures qui la combattent figurent dans le programme 303 du Ministère de l’Intérieur pour 85,40 millions arrondis à 85 M d’euros.

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E - Le coût des reconduites Nous avons exposé dans la monographie n°25 l’état des lieux des reconduites (une sur cinq effectuée parmi celles qui ont été prononcées), les estimations contradictoires fournies (entre 232 M pour le Ministère et... 2.030 M d’euros pour le collectif militant « cette France-là ») et la méthodologie adoptée. Les chiffres de 2011 n’étant pas sensiblement différents de ceux de 2009 - à l’exception du cas des Roms - nous récapitulons ci-après les principaux paramètres concernant la partie irrégulière de l’immigration : • Les coûts d’interpellation et de présentation à la justice sont de 34,47 M d’euros ; • les coûts des zones d’attente sont de 75,14 M d’euros ; • les coûts de la rétention sont de 88,77 M d’euros ;
 • le surcoût judiciaire est de 269,78 M d’euros dont 186,78 M imputables aux procédures d’appel devant la CNDA.

Le surcoût judiciaire est de 269,78M d’euros.

Le coût des renvois avait été estimé dans la monographie n°25 à 241 M d’euros sur la base des chiffres de 2009 : 216 pour les expulsions forcées, 10 pour l’aide au retour volontaire, 8 pour l’aide au retour humanitaire (Roms et Bulgares), 7 pour l’aide à l’insertion. Les chiffres de 2011 sont sensiblement différents comme le montre le tableau ci-dessous. Nombre de reconduites et coûts en 2009 et 2011

Aide Aide Aide Retours au retour à au retour TOTAL forcés volontaire l’insertion humanitaire

Nombre de personnes reconduites en 2009

2 913

592

12 323

21 606

37 434

Nombre de personnes reconduites en 2011

3 343

1 383

10 608

17 082

32 416

coût unitaire moyen (en euros)

3 400

12 477

650

10 000

Coût total 2009 (en M d’euros)

9,9 7,4

8,0 216,1 241,4

Coût total 2011 (en M d’euros)

11,4 17,3

6,9 170,8 206,4

Le cas des Roms (et des Bulgares) qui relève de l’aide au retour humanitaire a fait les choux gras de la presse à sensation alors que leur montant est relativement faible. Indésirables dans leur pays d’origine, où ils sont victimes de discriminations, les Roms le sont également en France,

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puisqu’ils représentaient un tiers des reconduites à la frontière en 2009. Une même personne peut être reconduite plusieurs fois dans son pays d’origine (la Roumanie pour 85 % d’entre eux), et cumuler plusieurs aides au retour humanitaire organisé par l’Office Français de l’Immigration et de l’Intégration (300 euros par adulte et 100 euros par enfant, plus le coût du transport). Cette aide est à distinguer de l’aide au retour volontaire, qui offre des prestations pouvant aller jusqu’à 3.500 euros. Les Roumains et les Bulgares, donc les communautés roms qui en font partie, bénéficient de la libre circulation dans l’espace Schengen mais étaient jusqu’à l’été 2012 soumis à des restrictions très limitatives dans l’accès au marché de l’emploi. Au-delà de trois mois de séjour, ils doivent, sous peine d’expulsion, soit disposer d’un emploi, soit prouver qu’ils possèdent des moyens suffisants de subsistance. Par ailleurs, tout ressortissant roumain ou bulgare présent depuis moins de trois mois en France peut être reconduit dans son pays d’origine s’il est à l’origine de troubles graves à l’ordre public, ou s’il pèse de manière « déraisonnable sur le système d’assistance publique ». Le système représente en outre un coût pour l’Etat puisque les aides peuvent souvent être touchées plusieurs fois par la personne à chacun de ses retours successifs. Pour contrer cette dérive, le ministère a mis sur pied un système de traitement automatisé des étrangers bénéficiaires baptisé Oscar, « outil de statistique et de contrôle de l’aide au retour ». Le décret d’application est sorti en octobre 2009 et le système a été légitimé par le Conseil d’Etat le 20 octobre 2010. Il comporte toutefois des effets pervers d’aubaine ou de politique du chiffre et en contrepartie les projets d’insertion de Roms dans leur pays d’origine restent très limités. Ce qui irrite les éditorialistes et une partie de la population c’est que ces Roms, souvent accusés de ne vivre que de l’économie informelle, peuvent revenir par le premier car en France au bout de quelques semaines. Ce qui fait que l’argent de l’Etat a été dépensé en pure perte. Aussi certaines associations dénoncent régulièrement l’absurdité de ces expulsions qui n’alimenteraient que les objectifs chiffrés de reconduites à la frontière.

L’éloignement des étrangers en situation irrégulière doit rester la règle mais la mission est quasiment impossible.

Le coût des reconduites est donc de : 34,5 + 75,1+ 88,8 + 269,8 + 206,4 = 674,6 arrondis à 675 M d’euros. De toute façon le nombre des reconduites et leur coût devraient chuter depuis l’arrêt de la cour de Cassation rendu en 2012 qui proscrit toute possibilité de garde à vue pour un étranger au seul motif qu’il est clandestin. L’éloignement des étrangers en situation irrégulière doit rester la règle mais la mission est quasiment impossible du fait que le délai nécessaire pour vérifier l’identité de l’interpellé et son statut sur le territoire français excède les quatre heures de rétention accordées par le droit administratif.

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On continuera à contrôler, mais on sera obligé de remettre les personnes en liberté, ce dont profiteront les réseaux maffieux d’immigration irrégulière... à moins de faire adopter un nouveau texte législatif pour combler ce vide juridique ce qui semble être dans les projets immédiats du Ministère de l’Intérieur. F - Les coûts des centres de rétention A cette totalisation, il faut ajouter la part concernant l’immigration irrégulière pour l’investissement (construction), le fonctionnement et l’accompagnement des migrants dans les centres de rétention destinés aux migrants en situation irrégulière avant leur reconduite à la frontière même si certains échappent à cette dernière procédure. • La part annuelle des coûts d’investissement avait été estimée à 38,34 M d’euros par an. • Les coûts de fonctionnement et d’accompagnement sont de 40,4 M d’euros.

Coûts spécifiques au bénéfice de l’immigration irrégulière : 1,666 Md d’euros.

Le total est donc de 38,34 + 40,4 = 78,74 M d’euros, arrondi à 79 M d’euros. G - Totalisation Coûts spécifiques au bénéfice de l’immigration irrégulière (en Millions d’euros) Postes budgétaires Montants Soins de santé

662

Scolarisation d’élèves

122

Coopération transnationale

43

Coûts de structure

85

Reconduites

675

Centres de rétention

79

TOTAL

1 666 (soit 1,666 Mds d’euros)

V.3. Les coûts partagés Ils concernent essentiellement la demande d’asile et le travail illégal. a - La demande d’asile Nous ne chiffrerons ici que celles correspondant aux demandeurs finalement déboutés comme nous l’avons fait dans la monographie n°25 à savoir : • le coût de l’hébergement des déboutés du droit d’asile pour 7,59 M d’euros ;

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• le coût d’hébergement des futurs déboutés pour 109,36 M d’euros ; • les coûts d’investissement pour les futurs demandeurs d’asile déboutés soit 6,88 M d’euros ; • le coût partagé des plates-formes d’accueil soit 6,39 M d’euros ; En revanche les coûts de structure de lutte contre les migrations irrégulières du Ministère de l’Intérieur comptés dans le chapitre 5.2, ceux de l’OFPRA et l’incidence des migrants irréguliers sur les coûts de l’OFII intégrés dans le chapitre 4.1. ne sont pas repris ici. Au total, la part revenant à la migration irrégulière dans la demande d’asile est de : 7,59 + 109,36 + 6,88 + 6,39 = 130,22 arrondis à 130 M d’euros. B - Le travail illégal Pour faire simple, nous avons considéré schématiquement, à partir de l’analyse faite au chapitre 4.3.A., que ne seraient décomptés dans les coûts partagés que : • les interpellations d’étrangers sans titre de travail soit 6,32 M d’euros ; • la part des étrangers sans titre de travail dans le travail illégal et la perte pour l’Etat qui en résulte soit 609,6 M d’euros ; • la totalité de perte de cotisations sociales pour l’emploi d’étrangers sans titre de travail soit 1.083 M d’euros ; • les amendes non recouvrées pour l’emploi de ces étrangers (les amendes recouvrées figureront dans les recettes), soit 5,99 M d’euros ; • le coût des structures luttant contre le travail irrégulier (OCRIEST, OCLTI) non pris en compte dans le chapitre 4.3.A. soit 38 M d’euros.

Coûts partagés au bénéfice de l’immigration irrégulière : 1,873 Md d’euros.

Le total se monte à : 6,32+ 609,6 + 1.083 + 5,99 + 38 = 1.742,91 arrondis à 1.743 M d’euros. C - Totalisation Coûts partagés au bénéfice de l’immigration irrégulière (en Millions d’euros) Postes de dépenses Montants Part concernant la demande d’asile

130

Part concernant le travail illégal

1 743

TOTAL

1 873

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V.4. Les coûts proportionnels Ils concernent, à due proportion de leur part dans l’ensemble de la population concernée : • les coûts sécuritaires ; • les coûts fiscaux et sociétaux ; • les coûts sociaux ; • les coûts de solidarité qui relèvent pour nous des investissements, en particulier en ce qui concerne les aides aux associations (transferts d’investissements) et non des dépenses ; Nous appliquerons pour tous ces coûts le ratio nombre de migrants irréguliers / population d’origine étrangère soit 6,84 % (682 / 9.974), sauf dans les cas où la prise en compte des migrants irréguliers entraîne des chiffrages spécifiques.

La fraude fiscale et la fraude sociale ne concernent que marginalement les migrants irréguliers.

a - Les coûts sécuritaires Les coûts concernant les immigrés légaux étaient de 5.368 M d’euros. On peut faire l’hypothèse grossière qu’il s’agit ici d’un coût relativement proportionnel tant sur le plan des frais de personnel que des coûts indirects et de l’extension du domaine carcéral car le coût des condamnations pour séjour indirect des étrangers a déjà été inclus dans le chapitre 5.2.E. D’une part, cette délinquance s’augmente du fait justement que les étrangers d’origine irrégulière sont souvent considérés comme des délinquants, présentés à la justice et parfois emprisonnés. D’autre part pour ne pas se faire repérer, cette population prend soin de ne pas participer directement à la délinquance avec violences et se contente souvent de la petite délinquance de type vols pour survivre. On considérera donc qu’ils s’établissent à : 5.368 x 0,0684 = 367 M d’euros. B - Les coûts fiscaux et sociétaux Le travail illégal ayant déjà été traité dans les chapitres 4.3.B. et 5.3.A. et la prostitution ayant fait l’objet d’une étude globale dans le chapitre 4.3.D., bien qu’elle s’applique majoritairement à des migrants en situation irrégulière, cette étude ne concernera que la fraude et la contrefaçon. La fraude fiscale et la fraude sociale ne concernent que marginalement les migrants irréguliers sauf cas de délinquance caractérisée ou cas de fraude identitaire qui sera étudiée plus loin. En revanche les migrants irréguliers sont présents dans : • la fraude à la TVA qui peut être considérée comme un coût proportionnel, soit pour les migrants irréguliers, un bénéfice de 1.800 x 0,0684 = 123,1 M d’euros. Ce chiffre est très différent de celui de la monographie n°25 (337,5) où nous nous étions fondés

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sur le département de la Seine-Saint-Denis en prenant une base de 150.000 migrants irréguliers sur 800.000 personnes d’origine étrangère. Mais cette situation particulière n’est pas extrapolable au territoire national. • la fraude aux transports en commun peut également être considérée comme un coût proportionnel étant donné que les contrôles sont marginaux et évitent les stations et les lignes sensibles même si les associations conseillent aux migrants irréguliers d’acquitter leur titre de transport pour ne pas se faire repérer. Ce qui nous donne 500 x 0,0684 soit 34,2 M d’euros. Il n’en est pas de même de la fraude documentaire dont le principe est justement de transformer le migrant irrégulier en migrant régulier par vol, obtention frauduleuse, falsification ou contrefaçon d’un document officiel. L’étude approfondie que nous avions faite de ce domaine dans la monographie n°25 conduisait à un montant de 119,4 M d’euros. Nous avions rattaché à ce domaine de la fraude deux activités périphériques : • la prolongation indue de visas et de titres de séjour officiels soit 1,57 M d’euros ; • la contrefaçon des produits et le piratage qui sur nos chiffres actualisés correspondent à 429 x 0,0684 soit 29,3 M d’euros. Au total les coûts sociétaux et fiscaux liés à l’immigration irrégulière représentent : 123,1 + 34,2 + 119,4 + 1,57 + 29,3 = 308 M d’euros.

Total des coûts sociétaux et fiscaux liés à l’immigration irrégulière : 308 M d’euros.

C - Les coûts sociaux Les immigrés en situation irrégulière n’y ont théoriquement pas droit, mais certaines prestations leur sont théoriquement ouvertes comme l’allocation de rentrée scolaire, la prime de naissance (notamment en outremer) et de façon plus générale la quasi totalité des prestations familiales obtenues de façon plus ou moins légale. Le GISTI explicite d’ailleurs sur son site le parcours labyrinthe qui peut permettre à ceux qui n’en auraient pas bénéficié directement d’y accéder. Nous neutraliserons donc ce coût. D - Les coûts de solidarité Nous avons, dans la monographie n°25, longuement détaillé les coûts de la solidarité relevant de la migration irrégulière qui concernent les investissements éducatifs pour 5,28 M, les foyers de travailleurs pour 4,67 M, les aides au logement pour 1,43 M, mais surtout les aides de toute nature aux associations et organisations prenant la défense des migrants irréguliers pour 220 M d’euros. Ceci nous donne un montant total de : 5,28 + 4,67 + 1,43 + 220 = 231 millions d’euros

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E - Totalisation Coûts proportionnels au bénéfice de l’immigration irrégulière (en Millions d’euros) Postes de dépenses Montants Coûts sécuritaires

367

Coûts sociétaux et fiscaux

308

Coûts de solidarité

231

TOTAL 906

V.5. Bilan DES dépenses des migrations irrégulières Au total le surcoût de dépenses imputables aux migrations irrégulières se retrouve dans le tableau ci-dessous (en M d’euros).

Bilan des dépenses des migrations irrégulières : 4,445 Mds d’euros.

Bilan des coûts imputables à l’immigration irrégulière (en M d’euros) Identification des coûts Montants Coûts spécifiques

1 666

Coûts partagés

1 873

Coûts proportionnels TOTAL

906 4 445 (soit 4,445 Mds d’euros)

Ces coûts génèrent en contrepartie des recettes qui sont étudiées ci-dessous.

V.6. Les recettes Nous laisserons de côté ce qu’aurait rapporté l’inscription à l’Aide Médicale d’Etat puisque la cotisation de 30 euros par personne qui devait permettre d’identifier les bénéficiaires et de limiter les fraudes a été supprimée par l’actuel gouvernement. Les recettes sont comme nous l’avons montré dans la monographie n°25 de trois ordres : • les recettes concernant les papiers nécessaires pour l’entrée en France et la demande d’asile qui se montent à 11,4 M d’euros ; • les amendes infligées aux entreprises employant des étrangers sans titre de séjour, et à une partie de celles qui, dans le cadre du travail illégal, relèvent de l’immigration irrégulière, ainsi que celles infligées dans le cadre de l’économie informelle par exemple pour la fraude à l’identité soit 152,58 M d’euros ;

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• les impôts et taxes payés par les migrants en situation irrégulière qui constituent la plus grande partie de ces recettes et que nous actualisons ci-après. Si l’on se fonde sur la TVA et la TIPP (127,4 + 13,54 Mds d’euros), on considérera que les migrants en situation irrégulière ont des désirs de consommation tout aussi impérieux que le reste de la population française. En revanche leurs ressources et leur pouvoir d’achat étant moins important, ils dépensent moins. On adoptera ici un ratio de 70 % ce qui nous donnerait, si l’on rapporte les migrants irréguliers de France à l’ensemble de la population, (environ 1,028 %) l’équation suivante : (127,4 + 13,54) x 0,7 x 0,01028 = 1,014 Md d’euros. Les migrants en situation irrégulière paient parfois des cotisations sociales, par exemple quand ils utilisent de faux papiers pour l’embauche, mais aussi des cotisations fiscales notamment en matière de taxes d’habitation, de redevance audiovisuelle, voire d’impôts directs. Nous avions abouti dans la monographie n°25 à une estimation très approximative de 57,8 M d’euros que nous maintenons, en l’absence d’enquête plus poussée dans ce domaine. Les recettes de la migration irrégulière se montent donc à : 11,4 + 152,58 + 1.014 + 57,8 = 1.235,78 M d’euros arrondis à 1,236 Md d’euros. On notera que les migrants irréguliers ne couvrent que 27,8 % des dépenses qu’ils génèrent.

Les migrants irrégulièrs ne couvrent que 27,8 % des dépenses qu’ils génèrent.

Conclusion : bilan déficitaire de l’immigration irrégulière Le solde de la migration irrégulière est donc négatif de 4,445 1,236 = 3,209 Mds d’euros. Ce surcoût s’ajoute aux dépenses de l’immigration lesquelles sont portées à : 88,921 + 3,209 = 92,130 Mds d’euros Ces 92,130 milliards de dépenses imputables à l’immigration à partir des chiffres de 2010 sont à comparer aux 71,76 M de la monographie de 2008 calée sur les chiffres de 2006 et aux 68,14 de l’équipe Chojnicki qui part des chiffres de 2005. Face à ces dépenses, il faut maintenant faire le tableau des recettes pour l’Etat produites par l’immigration légale.

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VI. L es recettes dues à l’immigration régulière VI.1. Méthodologie Comme nous avons pu le constater dans les monographies n°14 et n°23, les recettes dues à l’immigration sont un domaine très peu exploré et sur lesquelles les estimations sont très contradictoires. Laulan ne fournit pas de chiffres, dans son estimation de 2004, mais les considère comme inférieures aux dépenses avec un déficit évalué par lui à 36 Mds d’euros. Il en est de même pour Gérard Pince qui le décompte pour 50 milliards d’euros alors que Chojnicki trouve 72,03 milliards de recettes qu’il répartit selon le tableau suivant : Répartition des recettes dues à l’immigration selon Chojnicki en 2006 (en Millions d’euros) Source de recettes Montants

Les recettes dues à l’immigration sont un domaine très peu exploré et sur lesquelles les estimations sont très contradictoires.

Impôts sur les revenus du travail

3 414

Impôts sur les revenus du capital

3 350

Taxes sur la consommation

18 335

Impôts locaux

2 541

CSG -CRDS

6 215

Cotisations sociales

26 457

Autres recettes

11 714

TOTAL

72 026 (soit 72,03 Mds d’euros)

Il adopte ainsi la nomenclature de l’enquête « Budget des ménages » de 2006 qu’il croise avec les DADS (Déclaration annuelle des données sociales) et dont nous reprenons les composantes. Par souci de cohérence, nos chiffres de recettes concernent, comme nos chiffres de dépenses l’année 2010. Nous avons montré qu’il était impossible de faire une évaluation proportionnelle de la part des immigrés dans les recettes de l’Etat, compte tenu de leurs participations spécifiques aux cotisations sociales et aux impôts nationaux et locaux et qu’en tout état de cause leur participation réelle était inférieure à la moyenne nationale des Français. Nous ne reprendrons pas dans le détail les calculs des cotisations effectués dans la monographie n°14. En revanche, comme il est précisé dans

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l’avant-propos, nous reviendrons sur l’erreur commise dans le calcul des cotisations salariés / employeurs, celle-ci étant de nature à modifier l’assiette donc le montant de la part immigrés. Nous étions partis de la Monographie n°11 de Contribuables Associés qui considérait que la distinction entre employeurs et salariés « n’est qu’apparente : les unes et les autres sont en fait payées par le salarié ». Ceci aboutit néanmoins à diminuer la part des cotisations salariales acquittées par les immigrés même si l’on considère que pour les salariés du public, l’Etat est son propre employeur. Il faudra donc considérer, dans la part des cotisations patronales, celles que l’employeur non immigré paie pour ses salariés immigrés, laquelle est incontestablement plus forte que celle que l’employeur immigré paie pour ses salariés non-immigrés. La plupart de nos chiffres sont extraits : • de la loi de finances 2012 qui propose un rapport sur les prélèvements obligatoires 2010 et une ventilation par affectation des recettes27. • de la commission des comptes de la sécurité sociale, résultats 2010, prévisions 2011 et 201228.

VI.2. Recettes de cotisations sociales sur les revenus du travail a - Données nationales C’est le plus gros poste de recettes. En 2010, les recettes de cotisations sociales représentent 404,297 Mds d’euros dont 354,278 de cotisations effectives (voir tableau a). Les cotisations imputées sont de l’ordre de 50,018 Mds d’euros et
 les autres ressources (ventilées dans le tableau b) atteignent 366,287 Mds d’euros. a. Ventilation des recettes de cotisations sociales (en Mds d’euros) Source de recettes Montants Cotisations à la charge des employeurs

222,359

Cotisations à la charge des salariés

104,179

Cotisations imputées

50,018

Autres

27,74

Total 404,296

27. Elle est consultable sur http://www.performancepublique.budget.gouv.fr/fileadmin/medias/documents/ ressources/PLF2012/RPO2012.pdf. 28. Consultable sur http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/114000583/0000.pdf.

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b. Ventilation des autres ressources (en Mds d’euros) Source de recettes Montants Les contributions publiques

65,202

Les impôts et taxes (*)

150,214

Les transferts

137,457

Les produits financiers

4,177

Des ressources diverses

9,237

Total 366,287 * dont CSG et CRDS

Le total des ressources est de : 354,278 + 50,018 + 366,287 = 770,583 Mds d’euros. On se reportera en annexe aux taux et plafonds de cotisations de sécurité sociale et de chômage au 1er janvier 2012. On notera : • que la CSG et la CRDS sont également prélevées sur les revenus de remplacement (6,2 % CSG, 0,5 % CRDS). Les titulaires de pensions de retraite sont redevables de la CSG et de la CRDS (6,6 % + 0,5 %) et d’une cotisation de 1 % sur les retraites complémentaires ; • que les employeurs acquittent également des taxes pour la formation professionnelle, pour l’apprentissage, leur participation à la construction et sur les cotisations de prévoyance comprises entre 1,20 et 2,60 %. B - La CSG : 4,237 Mds d’euros et la CRDS : 0,289 Mds Notre calcul : La part acquittée par les immigrés sur la CSG au niveau du travail et au niveau du capital était en 2008 de 4,099 Mds sur un montant de 84,328 Mds d’euros soit 4,86 %. Nous garderons le même ratio pour 2010 en neutralisant l’évolution des taux passés de 7,5 % à 8,2 % ainsi que celle des pensions de retraite. Nous considérerons que la part de la population immigrée et issue de l’immigration augmente en moyenne comme indiqué en 2.4 de 0,15 % par an ce qui fait 0,33% sur 2 ans et 0,5 sur 3 ans. On obtiendra à partir des 84,4 Mds d’euros acquittés pour la CSG en 2010 un montant de : 84,4 x 0,486 x 1,033 = 4,237 Mds d’euros. On peut faire la même péréquation sur la CRDS qui était de 0,273 Mds d’euros pour la part immigrée en 2008 sur un montant acquitté de 5,9 Mds d’euros soit 4,63 %. On obtiendra donc pour 2010 à partir des 6,047 acquittés : 6,047 x 0,463 x 1,033 = 289 M d’euros.

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C - Le prélèvement social et la contribution additionnelle : 0,209 Mds d’euros Notre calcul : Le prélèvement social et la contribution additionnelle sur les revenus du patrimoine (à l’exception des placements de type livret A) ont été en revanche augmentés au premier janvier 2009 d’1,1 point pour financer le RSA, mesure qui prend tout son sens par rapport au budget 2010. Il est pour 2010 de 2,2 % et la contribution additionnelle de 1,4 % soit 3,6 % contre 2,3 % selon la monographie 14. La contribution immigrée augmente significativement et passe de 129 M d’euros à : 129 x 3,6 x 1,033 = 209 M euros. 2, 3 Cette évolution est loin d’être terminée puisqu’on a enregistré au 1er janvier 2011 une hausse du prélèvement social de 0, 2 point pour permettre le financement des retraites ainsi qu’une nouvelle hausse le 1er octobre 2011 pour financer le plan de rigueur. Sans compter celles qui sont susceptibles d’être instaurées pour les prochains budgets.

D - Contribution à la branche maladie et vieillesse : 23,681 Mds d’euros Elle comprend les contributions à la branche maladie et vieillesse déplafonnée, la contribution à la branche maladie et vieillesse-veuvage ainsi que la contribution à la branche vieillesse plafonnée. Le total de la contribution pour cette branche est de : 0,234 + 10.394 + 13.053 = 23,681 Mds d’euros. Détails des calculs pour chaque branche : • Contribution à la branche maladie et vieillesse déplafonnée : 0,234 Mds d’euros Notre calcul : La contribution à la branche maladie et vieillesse déplafonnée de la sécurité sociale des salariés avait été estimée dans la monographie n°14 à 0,817 Mds d’euros (y inclus la contribution à la CSAPAH contribution de solidarité pour l’autonomie des personnes âgées et handicapées) mais on nous avait fait justement remarquer qu’il subsistait une erreur dans nos calculs. Elle concerne les immigrés salariés pour 0,1 % mais aussi les employeurs qui font appel à des salariés immigrés légaux, qui sont donc taxés à 1,6 % du salaire qu’ils versent. La partie déplafonnée ne concerne que 240.000 personnes. Le total représente donc pour les salariés : 240.000 x 0,001 x 4.414 x 12= 13 M d’euros. Et pour leurs employeurs du privé : 220.000 x 0,016 x 4.414 x 12 = 186 M d’euros. On ajoutera la CSAPAH : 220.000 x 0,003 x 4.414 x 12 = 35 M d’euros. soit un total de 13 + 186 + 35 = 234 M euros (soit 0,234 Md d’euros).

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• Contribution à la branche maladie + vieillesse-veuvage : 10,394 Mds d’euros Notre calcul : La contribution à la branche maladie + vieillesse-veuvage est de 0,85 % pour le salarié, elle se monte, pour le non-salarié en fonction du régime auquel il cotise, à environ 3,5 % et pour l’employeur du privé, à 12,8 % ce qui nous donne : • pour les salariés 2.523 x 12 x 2.720.000 x 0,0085 = 700 M d’euros ; • pour les non-salariés 2.523 x 12 x 480.000 x 0,035 = 509 M d’euros ; • pour les employeurs du privé 2.523 x 12 x 2.370.000 x 0,128 = 9.185 Mds d’euros ; soit au total : 700 + 509 + 9.185 = 10,394 Mds d’euros.

• Contribution à la branche vieillesse plafonnée : 13,053 Mds d’euros Notre calcul : La contribution à la branche vieillesse plafonnée est de 6, 65 % pour les salariés et de 8, 3 % pour les employeurs. Pour les non-salariés, compte tenu des régimes très différents, nous adopterons une moyenne de 12 % pour la retraite de base ce qui nous donne : • pour les salariés 2.523 x 12 x 2.720.000 x 0,065 = 5,353 Mds d’euros ; • pour les non-salariés 2.523 x12 x 480.000 x 0, 12 = 1,744 Mds d’euros ; • pour les employeurs du privé 2.523 x 12 x 2.370.000 x 0,083 = 5,956 Mds d’euros ; soit un total de : 5,353 + 1,744 + 5,956 = 13,053 Mds d’euros.

E - Contribution à la prévoyance et aux retraites complémentaires : 6,677 Mds d’euros Notre calcul : Pour les non-cadres de la tranche A (moyenne 2.340 euros) elle est pour les salariés de 3 % et de 4, 5 % pour les employeurs. Pour ceux de la tranche B (moyenne 4.414 euros) les taux sont de 8 % et de 12 %. D’où le calcul suivant29: • pour la tranche A salariés 2.340 x 12 x 2.425.000 x 0,03 = 2,042 Mds d’euros ; • pour la tranche A employeurs du privé 2.340 x 12 x 2.119.500 x 0,045 = 2,678 Mds d’euros ; • pour la tranche B salariés 1.529 (4.414 - 2.885) x 12 x 75.000 x 0,08 = 110 M d’euros ; • pour la tranche B employeurs du privé 1.529 x 12 x 58.500 x 0, 12 = 129 M d’euros. Pour les cadres elle est également pour la tranche A, de 3 % pour les salariés et de 4,5 % pour les employeurs, auxquels s’ajoute une cotisation prévoyance employeurs de 1,5 % soit : • pour la tranche A salariés 2.340 x 12 x 55.000 x 0,03 = 46 M d’euros ; • pour la tranche A employeurs du privé 2.340 x 12 x 34.500 x 0,06 = 58 M d’euros. Elle est pour la tranche B de 7,7 % pour les salariés et de 12,6 % pour les employeurs soit : • part salariés 1529 x 12 x 165.000 x 0,077 = 233 M d’euros.

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29. On se reportera au tableau p. 28 pour le nombre de personnes concernées dans chaque catégorie.


• part employeurs du privé 1529 x 12 x 157.500 x 0,126 = 364 M d’euros. Pour les non-salariés, nous adopterons le taux moyen de 7 % pour l’ensemble retraite complémentaire/invalidité-décès ce qui nous donne : 2.523 x 12 x 480.000 x 0,07 = 1,017 Md d’euros. La contribution totale à cette branche est de : 2.042 + 2.678 + 110 + 129 + 46 + 58 + 233 + 364 + 1.017 = 6.677 M d’euros (soit 6,677 Mds d’euros).

F - Contribution à la branche chômage : 5,280 Mds d’euros Notre calcul : Le taux est de 2,40 % pour les salariés en dessous du plafond de 11.540 (la quasitotalité) et de 4,40 pour les employeurs ce qui nous donne : • pour les salariés 2523 x 12 x 2.720.000 x 0,024 = 1,976 Mds d’euros ; • et pour les employeurs du privé 2523 x 12 x 2.370.000 x 0,044 = 3,157 Mds d’euros. Par ailleurs sur la tranche entre 2.885 et 11.540 les salariés acquittent une cotisation supplémentaire de 0,024 % et les employeurs de 0,036 % ce qui fait : • pour les salariés concernés : 1.529 x 12 x 240.000 x 0,00024 = 1,057 M d’euros ; • et pour les employeurs du privé : 1.529 x 12 x 216.000 (58.500 + 157.500) x 0,00036 = 1,427 M d’euros. Nous arrondirons le total à 2 millions d’euros. En ce qui concerne les non-salariés, dont la plupart n’ont pas droit au chômage et n’y cotisent pas, nous retiendrons néanmoins du fait de la variété des régimes un taux de 1 %, soit : 2.523 x 12 x 480.000 x 0,01 = 145 M d’euros. Au total la contribution sociale se monte donc pour cette branche à : 1.976 + 3.157 + 2 + 145 = 5.280 M d’euros (soit 5,280 Mds d’euros).

G - Contribution à la branche allocations familiales : 4,659 Mds d’euros Notre calcul : La cotisation se monte à 5,40 % pour les employeurs du privé. Elle est sensiblement la même pour les non-salariés. Le total sera donc de : 2.523 x 12 x 2.850.000 x 0,054 = 4,659 Mds d’euros.

H - Taxes sur salaires : 3,050 Mds d’euros Notre calcul : Elles sont redevables par l’employeur sur la base de 4,25 % en dessous du plafond de 7.491 euros mensuels qui concerne donc la totalité des salariés du privé ce qui nous donne un montant de : 2.523 x 12 x 2.370.000 x 0,0425 = 3,050 Mds d’euros.

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I - Autres taxes : 2,009 Mds d’euros Notre calcul : Pour les employeurs, les autres taxes concernent les accidents du travail (dont le taux est variable), les cotisations à l’AGFF (association pour la gestion du fond de financement de l’AGIRC et de l’ARRCO ), au Fonds National d’Aide au Logement, les taxes de transport, la taxe d’apprentissage. Elles représentent environ 2 % du salaire soit : 2.523 x 12 x 2.370.000 x 0,02 = 1,435 Mds d’euros. Les salariés du privé sont touchés par la cotisation AGFF qui a remplacé l’ancienne cotisation pour les ASSEDIC et qui est d’un montant d’environ 0,8 % soit : 2.523 x 12 x 2.370.000 x 0,008 = 574 M d’euros. Les cotisations auxquelles sont astreints les non-salariés (y compris la formation professionnelle) ont déjà été décomptées dans les enveloppes précédentes. Le montant global des autres taxes est donc de : 1.435 + 574 = 2.009 M euros (soit 2,009 Mds d’euros).

J - Totalisation : 50,091 Mds d’euros

Ensemble des cotisations sociales versées par les immigrés et leurs descendants : 50,091 Mds d’euros.

Ensemble des cotisations sociales dues par les immigrés et leurs descendants (en Millions d’euros) Nature de la dépense Montant CSG

4 237

CRDS

289

Prélèvement social et cot. additionnelle

209

Maladie et vieillesse

23 681

Prévoyance et retraites complémentaires

6 677

Chômage

5 280

Allocations familiales

4 659

Taxes sur salaires

3 050

Autres

2 009

TOTAL

50 091 (soit 50,091 Mds d’euros)

VI.3. Recettes de cotisations sociales sur les revenus du capital Ces revenus ont déjà été comptés au titre des prélèvements sociaux30. Mais depuis le 1er juillet 2012, les taux ont été modifiés et les cotisations 30. On pourrait également les faire figurer dans la rubrique impôts mais le montant resterait inchangé.

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sur les revenus de patrimoine ou de placement sont appliqués selon le tableau suivant : Taux de cotisations sociales sur les revenus du capital (en %) CSG

8,2%

CRDS

0,5%

Prélèvement social

5,4%

Contribution additionnelle

1,4%

Total 15,5%

De plus la taxation des revenus du capital devrait être prochainement alignée sur la taxation des revenus du travail. C’est dire que si nous ne pouvons pas en tenir compte dans nos calculs qui reposent sur l’année 2010, les recettes seront significativement augmentées en 2012.

VI.4. Les contributions fiscales au budget de l’état a - Impôt sur le revenu : 3,419 Mds d’euros En 2010, l’impôt sur le revenu au sens strict du terme représente 46,850 Mds d’euros de recettes pour l’Etat. Les diverses méthodes de calcul exposées dans la monographie n°14 et qui portaient sur les prévisions de recettes pour 2007 (57,10 Mds d’euros), avaient abouti à une contribution de 3,81 Mds d’euros pour la part relevant de l’immigration soit 6,7 %. Si l’on conserve ce ratio, il faut aussi tenir compte d’une part que la population immigrée a augmenté entre temps de 0,5 % et d’autre part que la décote du salaire moyen toutes origines confondues n’est plus que de 8,7 % au lieu de 12 %. L’application de ces ratios nous donne un montant de : 46,850 x 0,067 x 1,05 x (100 - 8,7) = 3,419 Mds d’euros. (100 - 12) B - Impôts et contributions sociales sur les bénéfices des sociétés : 2,912 Mds d’euros Ce montant représente, toutes recettes confondues, 32,764 Mds d’euros en 2010 pour l’Etat. Nous avions dans la monographie n°14 à partir des chiffres de l’INSEE pointé le fait qu’il y aurait environ 10,1 % d’employeurs ou d’indépendants passibles de cet impôt. L’augmentation de la proportion d’immigrés joue peu dans ce domaine car si l’on ouvre facilement un commerce ou un atelier d’artisan, il s’agit souvent d’entreprises

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unipersonnelles. On maintiendra donc ce ratio en proposant toutefois une décote de 12 %, les entreprises dirigées par des immigrés réalisant un chiffre d’affaires inférieur à celui des autochtones. Ce qui nous donne : 32,764 x 0,101 x 0,88 = 2,912 Mds d’euros. C - Autres impôts directs par émission de rôles, affectations temporaires, taxes et assimilées : 2,289 Mds d’euros Cette rubrique, dont le montant atteint 25,749 Mds d’euros, comprend notamment les frais de dégrèvements sur impôts locaux pour plus de 2 Mds d’euros mais surtout l’affectation temporaire de 15,287 Mds d’euros sur la valeur ajoutée et la contribution financière des entreprises. Nous reprendrons donc les ratios utilisés pour l’impôt sur les sociétés soit : 25,749 x 0,101 x 0,88 = 2,289 Mds d’euros. D - ISF : 0,089 Md d’euros Nous avions dans la monographie n°14 considéré le montant de l’ISF acquitté par les immigrés comme négligeable. Nous reprendrons le même raisonnement que celui fait sur la fraude en gardant le ratio de 2 % pour l’impact de la fraude sur le montant des recettes de l’ISF. Celles-ci étaient de 4, 461 Mds d’euros en 2010 ce qui nous donne une part immigration de : 4,461 x 0,02 = 89 M d’euros. E - TVA : 17,961 Mds d’euros Les recettes de TVA soit 127,382 Mds d’euros sont fournies par l’ensemble de la population, les immigrés y prenant une part aussi importante que les autres, et les enfants autant que les parents. On prendra donc comme base la proportion globale d’immigrés dans la population légale soit 14,1 % ce qui nous donne une contribution pour les immigrés de : 127,382 x 0,141 = 17,961 Mds d’euros. F - TIPP : 1,706 Md d ‘euros Il en est de même pour la TIPP devenue depuis TICPE dont les recettes sont de 13,540 Mds d’euros à la différence que ce ne sont pas en principe les moins de 18 ans qui conduisent une voiture. La part imputable à l’immigration est de : 13,540 x 0,126 soit 1,706 Md d’euros. On notera qu’une partie de ces recettes a été reversée aux collectivités locales (6,183 Mds aux départements et 3,879 Mds aux régions), dont nous devrons tenir compte dans le calcul des impôts locaux acquittés par les immigrés pour les soustraire des ressources de ces collectivités.

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G - Recettes non fiscales et organismes d’administration centrale Cette dernière rubrique d’un montant de 15,865 Mds d’euros est un fourre-tout qui doit être diminué du montant des transferts et des dettes (11,547 Mds d’euros) et où par ailleurs de nombreux postes relèvent de l’aide au logement ou du Fonds National des Solidarités Actives qui sont des investissements pour un montant total de 5,785 Mds d’euros, ou de la taxe Chirac (534 M d’euros) qui est une aide au développement. Le solde étant ainsi devenu négatif, nous n’en tiendrons pas compte. H - Totalisation Total des recettes de l’immigration dues à la fiscalité nationale (en M d’euros) Nature de la cotisation Montants Impôt sur le revenu

3 419

Impôts et contributions fiscales sur les bénéfices des sociétés

2 912

Autres impôts directs par émissions de rôles, taxes et assimilés

2 289

ISF

89

TVA

17 961

TIPP

1 706

TOTAL RECETTES FISCALES NATIONALES DUE A L’IMMIGRATION

Total des recettes de l’immigration dues à la fiscalité nationale : 28,376 Mds d’euros.

28 376 (soit 28,376 Mds d’euros)

VI.5. Recettes concernant la fiscalité locale a - la fiscalité locale directe : taxe foncière et taxe d’habitation : 2,092 Mds d’euros Le montant de la fiscalité locale directe y inclus les taxes foncières, taxes d’enlèvement des ordures ménagères et taxe d’habitation qui en constituent la quasi-totalité est de 42,995 Mds d’euros. Une partie des immigrés en sont exonérés du fait d’un revenu fiscal plus faible. Beaucoup d’immigrés par ailleurs ne sont pas propriétaires de leur habitation et n’acquittent pas de taxe foncière. Nous avions utilisé dans la monographie n°14 la méthode des Zones Urbaines Sensibles en faisant comme si les seuls à la payer étaient ceux qui n’y habitaient pas. Le ratio était à l’époque de 6,7. Nous garderons

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ce même ratio que nous pondérerons par le fait que le différentiel de salaire moyen entre immigrés et autochtones n’est plus de 12 % mais de 8,7 % et que le surdimensionnement et par contrecoup la sur-occupation des logements occupés par des familles immigrées et mixtes est de 30 % ce qui nous donne : 42,995 x 0,067 x 0,7 (1-0,3) x 0,913 soit 2,092 Mds d’euros. 0,88 La contribution à l’audiovisuel public (nouveau nom de la taxe sur la redevance audiovisuelle) adossée à la taxe d’habitation fait partie des contributions publiques de l’Etat qui par ailleurs assure le bon fonctionnement de cet audiovisuel public par une subvention d’équilibre. Son montant, soit 2,562 Mds d’euros, a été compté dans les recettes de l’Etat.

Beaucoup d’immigrés ne sont pas propriétaires de leur habitation et n’acquittent pas de taxe foncière.

B - La fiscalité locale indirecte : 2,811 Mds d’euros Elle figure dans les comptes pour 39,713 Mds d’euros, dont il faut retrancher les transferts de TIPP cf 6.4.F. pour 10,062 Mds d’euros. Le montant à répartir est donc de : 39,713 - 10,062 = 29,651 Mds d’euros. Une partie de ces taxes, comme celles sur les spectacles ou les transports, représente des taxes à la consommation. Une autre partie comme l’assainissement se rapporte à l’habitation mais le poste le plus important (9,578 Mds d’euros) concerne la taxe sur les droits de mutation qui pèse moins sur la population immigrée que sur la population autochtone. Dans l’impossibilité où nous sommes d’affecter un coefficient spécifique à chacun des postes, nous considérerons grossièrement que le ratio concernant la population immigrée par rapport à la population totale se situe à mi-chemin de celui utilisé pour la fiscalité directe soit 4,87 (0,067 x 0,7 x 0,913/0, 88) et celui retenu pour l’ensemble de la population concernée soit 14,1 % ce qui nous donne une péréquation égale à 0,948 et une part immigration de : 29.651 x 0,0948 = 2,811 Mds d’euros. C - le cas de la taxe professionnelle La taxe professionnelle ayant été supprimée en 2010 et constituant une perte sèche pour les collectivités locales, trois nouvelles impositions applicables aux entreprises ont été créées au 1er janvier 2010 : la cotisation foncière des entreprises (CFE), la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) et l’imposition forfaitaire sur les entreprises de réseau (IFER). L’Etat a donc perçu de façon transitoire l’ensemble de ces taxes et a transféré vers les collectivités locales des fonds compensatoires pour neutraliser l’effet de la réforme. Ces postes ayant déjà été étudiés dans les chapitres 6.4.B et 6.4.C., nous n’en tiendrons donc pas compte.

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D - TOTALISATION Total des recettes de l’immigration dues à la fiscalité locale (en M d’euros) Nature de la cotisation Montants Fiscalité locale directe (taxe foncière et taxe d’habitation)

2 092

Fiscalité locale indirecte

2 811

TOTAL RECETTES FISCALES LOCALES DUE A L’IMMIGRATION

4 903 (soit 4,903 Mds d’euros)

Le montant global des contributions fiscales aux collectivités locales se monte donc pour la part relevant de l’immigration à : 2,092 + 2,811 = 4,903 Mds d’euros.

VI.6. Totalisation des recettes fiscales Ensemble des cotisations fiscales versées par les immigrés et leurs descendants (en Millions d’euros) Nature des recettes Montants RECETTES FISCALES Nationales

28 376

RECETTES FISCALES Locales

4 903

Total

33 279 soit 33,279 Mds d’euros

Les recettes de l’immigration ne couvrent que 90,5 % des dépenses.

Conclusion sur la balance dépenses/recettes de l’immigration Si l’on cumule le montant des recettes sociales et des recettes fiscales, on arrive à un montant global de : 50,091 + 33,279 Mds d’euros = 83,370 Mds d’euros. Par rapport aux dépenses de 92,130 milliards d’euros, le déficit de la balance dépenses /recettes est de : 92,130 - 83,370 = 8,760 Mds d’euros. En d’autres termes on dira que les recettes couvrent 90,5 % des dépenses. Il faut maintenant examiner la seconde balance, faire le compte des dépenses dont nous avons considéré qu’elles étaient un investissement sur l’avenir et mesurer la rentabilité qu’elles ont générée.

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VII. L es investissements de l’état et leur rentabilité VIi.1. L’aide au pays d’origine Chaque migrant qui part alors que son pays d’origine a payé une partie de son éducation, de sa formation, de son logement, de son insertion, représente une perte qui ne peut être comblée que par les transferts d’argent qu’il envoie au pays, les investissements qu’il y engage et l’apport de la communauté internationale pour compenser cette fuite des ressources humaines et des cerveaux.

On sait aujourd’hui que globalement ce ne sont pas les plus pauvres qui émigrent.

Les aides bilatérales et multilatérales des pays du Nord vers les pays du Sud et les opérations de développement solidaire ont été longtemps perçues comme un moyen susceptible de freiner la migration en contribuant au développement des pays d’origine et donc de diminuer le coût de l’immigration. Nous avions nous-mêmes inscrit ces montants au titre des investissements en essayant d’en mesurer la rentabilité, au demeurant faible, entre 10,25 % et 13,9 %. Les recherches récentes menées sur cette question notamment par le Ministère des Affaires Etrangères et Européennes et auxquelles nous avons directement participé incitent à réviser cette conception. On sait aujourd’hui que globalement ce ne sont pas les plus pauvres qui émigrent. Pour avoir une chance de réussir il faut en effet disposer d’un capital : • capital financier pour payer les frais de passage et de première installation ; • capital intellectuel ou technique pour pouvoir « vendre » ses compétences dans le pays d’accueil ; • capital relationnel pour pouvoir s’appuyer sur la diaspora présente sur place, les réseaux qui vont faciliter la recherche de papiers, de logement, de travail, de ressources... Cumuler ces trois capitaux n’est pas une garantie de réussite mais en multiplie les chances. a - Les transferts de fonds Selon la Banque Mondiale, les transferts de fonds des migrants à l’étranger vers leur pays d’origine auraient été de 443 milliards de dollars en 2008, de 416 en 2009, de 464 en 2011, dont les deux tiers destinés aux pays du Sud. Rapportés à la France, selon la même source, ils étaient de 6,452 milliards de dollars en 2008, de 5,413 en 2009, de 5,264 en 2010. Une diminution dans laquelle la Banque Mondiale discerne l’effet de la crise.

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Ces chiffres sont peu différents des nôtres (4,82 Mds d’euros selon le Hors Série de juin 2010 soit au cours actuel 6,02 Mds de dollars), mais l’analyse que nous proposons n’est pas identique. Ces transferts de fonds, comme on l’a vu, sont « davantage des amortisseurs de difficultés pour leurs familles que des moyens d’accroître la compétitivité du pays ». La part de l’investissement selon les différentes études consultées est très variable avec un point moyen entre 10 et 25 %. Sans nier l’effet de crise, nous considérons , au vu de nos contacts avec les diasporas, qu’en raison des règles plus rigoureuses imposées pour le regroupement ou le rapprochement familial, l’immigré préfère aujourd’hui conserver une partie de ses économies pour être en mesure de répondre aux critères de ressources et de logement exigés pour l’accueil de sa famille. Ces transferts de fonds n’ont qu’un effet indirect sur les coûts de l’immigration. Et la tendance actuelle montre qu’ils inciteraient plutôt les familles à rejoindre le migrant parti tenter l’aventure plutôt qu’à attendre qu’il revienne. Nous n’en tiendrons pas compte dans les investissements mais nous les positionnerons comme un des éléments de scénarios de réduction des coûts. B - L’APD et le développement solidaire L’aide publique au développement (bilatérale et multilatérale) qui se montait en 2008 à 7,60 Mds d’euros a atteint un niveau record en 2010 avec 9,751 milliards d’euros dont 5,879 par le canal bilatéral, 2,009 par le canal européen, 1,863 par le canal multilatéral hors Union Européenne, faisant de la France le 4ème contributeur mondial. L’Afrique en est le principal bénéficiaire avec 54 % du volume de cette aide dont 45 % pour la seule Afrique subsaharienne. Les secteurs privilégiés sont ceux de l’éducation (16,8 %), du développement durable, de l’aide à la croissance et de la santé. Toutefois, seule une partie de cette aide sous forme de dons ou de prêts peut être considérée comme une contribution formelle au développement. Le ratio que nous avions laborieusement établi en 2008 à partir de l’analyse des postes de dépenses, soit 54 % de l’aide qui pouvait être considérée comme un investissement, n’était qu’un ordre de grandeur. Près de la moitié de cette aide concerne des annulations de dettes, des appuis aux ONG et organismes humanitaires, des médiations pour le règlement des conflits et l’instauration d’espaces sécurisés et pacifiés, qui, tout en écartant des menaces qui pèsent sur le développement des pays, n’améliorent pas directement la situation des habitants et ne contribuent pas à l’investissement.

Les transferts de fonds n’ont qu’un effet indirect sur les coûts de l’immigration.

Le montant retenu de ces investissements par le seul canal bilatéral est de : 5,079 x 0,54 = 2,743 Mds d’euros à laquelle on peut rattacher la « taxe Chirac » sur les billets d’avion qui rapporte 534 M d’euros soit un montant total de 3,277 Mds d’euros.

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En ce qui concerne les autres canaux, pour 3,872 Mds d’euros, le contrôle sur leur affectation est aléatoire. Il est donc hasardeux de rapporter la part d’investissements à l’évolution des flux migratoires. Mais le plus important est l’absence de rentabilité de cette aide en terme de contraction des flux migratoires. L’évolution du nombre de premiers titres de séjour délivrés qui ne concerne que les pays tiers, puisque cette obligation a été supprimée pour les pays de l’espace européen à partir de 2004, démontre au vu du tableau ci-dessous que cette aide au développement n’a eu aucun impact sur le volume de l’immigration régulière. Nombre de titres de séjours délivrés par an en France Année Nombre de titres de séjour délivrés

On pourrait soutenir au contraire que les aides au développement ont eu des effets contreproductifs.

2005 2006 2007 2008 2009 2010 191 527 186 993 175 391 187 644 195 691 195 337

Au vu des éléments recueillis sur l’immigration irrégulière, on pourrait soutenir au contraire que ces aides ont eu des effets contreproductifs. En témoigne la demande d’asile, souvent en provenance de pays aidés, qui après une chute entre 2005 et 2006 est repartie à la hausse et donne à la France le premier rang dans l’espace européen et le second dans le monde (voir tableau ci-dessus). Nombre de demandeurs d’asile par an en France Année Nombre de premières demandes d’asile enregistrées

2005 2006 2007 2008 2009 2010 59 221 39 332 35 000 42 599 47 686 47 800

L’APD existe depuis longtemps et les effets sur la contraction des flux migratoires ne sont pas plus apparents aujourd’hui qu’hier. Cette politique d’aide qui est liée à la coopération que la France conduit à l’égard notamment des pays de la Zone de solidarité prioritaire (ZSP) vise plutôt à accroître son rayonnement à l’étranger et à restaurer une image de marque parfois passablement écornée. Elle concerne l’assistance technique fournie à ces pays et payée par la France, les mesures de soutien et de garantie en faveur des entreprises françaises opérant à l’étranger, l’aide à la logistique et à la formation des cadres de l’armée et de la gendarmerie, les bourses aux étudiants étrangers, le financement de conférences nationales ou internationales. La réduction des flux migratoires peut être

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considérée comme négligeable. Son effet psychologique en resserrant les liens entre la France et les cadres de ces pays peut au contraire les inciter à rejoindre un hexagone généreux et avec lequel ils ont tissé des liens prometteurs. Au total les 3,277 Mds d’euros d’investissements pour la régulation des flux migratoires semblent dépensés en pure perte, au moins à court terme, puisque les gains de taxes et de productivité pour l’Etat ne viennent que de ceux qui ont choisi de venir et de rester dans le pays qui les a accueillis. C - Un cas particulier : le travail des étudiants étrangers Les bourses, facilités et allocations accordées aux étudiants étrangers pour poursuivre des études en France31 sont très diverses : bourses à taux plein sur critères universitaires pour des troisièmes cycles accordées par le MESR, l’ANDES, le Collège de Médecine des Hôpitaux de Paris ; bourses co-financées par la France et l’Etat partenaire ; bourses de stage ; bourses « de seconde chance » pour les étudiants de moins de 26 ans inscrits dans un établissement d’enseignement supérieur ; bourses de couverture sociale dispensant des frais d’inscription et donnant droit à divers avantages sociaux ; bourses sur critères sociaux accordés aux résidents de l’Union Européenne, à ceux qui résidaient en France avec leur famille deux ans avant la rentrée universitaire, aux titulaires d’une carte de l’OFPRA ; bourses de voyage ; bourses Eiffel, Campus, Major, Charcot ; bourses des programmes européens Socrates, Erasmus et Leonardo ; bourses Alban de l’Amérique Latine ; bourses de l’Agence Universitaire de la Francophonie, de l’UNESCO… Une étude du rapporteur pour la loi de finances de 2006 qui en chiffrait le montant à 127,7 M d’euros avait déjà pointé la difficulté d’un tel recensement :

Au total les 3,277 Mds d’euros d’investissements pour la régulation des flux migratoires semblent dépensés en pure perte.

« Malheureusement, compte tenu de la nouvelle nomenclature budgétaire, il est devenu impossible d’identifier clairement les crédits consacrés aux bourses dans le projet de loi de finances... .» Ajoutons que certains étudiants bénéficiant de bourses de leur Etat auquel la France par ailleurs accorde des subventions, ces bourses sont parfois financées avec l’argent des contribuables français. Les montants sont également très variables depuis des allocations de 2.000 euros annuelles jusqu’à des bourses pluriannuelles de 40.000 euros. Par ailleurs la France autorise aujourd’hui les étudiants étrangers à travailler en France l’équivalent d’un mi-temps annuel (964 heures) mais ces heures sont souvent occupées à des petits boulots alimentaires, servant à payer les études et ne contribuent que marginalement à la richesse du pays. 31. Ces étudiants étant destinés en principe à revenir dans leur pays pour aider à son développement, nous avons considéré que les bourses qui leur étaient accordées faisaient partie de l’APD et que les coûts structurels devaient être rentrés dans les coûts d’une immigration…temporaire en sachant toutefois qu’elle est parfois définitive.

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En revanche il est probable que les étudiants étrangers restés en France après leurs études et ayant trouvé du travail génèrent une augmentation de la productivité nationale. On ne connaît malheureusement pas leur nombre32, faute d’un suivi des étudiants étrangers qui n’est pratiqué ni par le pays d’origine ni par le pays d’accueil, ce que nous avons déploré dans plusieurs rapports officiels. Les forums Internet et les annuaires d’anciens élèves des grandes écoles montrent que ces embauches existent. En tout état de cause, l’efficacité interne du système est prouvée. En effet, les étudiants étrangers qui ne constituent que 12 % des étudiants français, représentent, en fin de parcours, le tiers des doctorants. Il serait étonnant que la totalité de ces étudiants très qualifiés reviennent tous dans leur pays d’origine où ils risquent de ne pas trouver un emploi ni une rémunération correspondant à leurs compétences et à leurs souhaits.

Si l’immigration avait été voulue ou choisie et non en partie subie, les flux migratoires auraient pu être davantage contenus.

Alors que la politique du dernier gouvernement du précédent quinquennat tendait à limiter l’accès des étudiants étrangers à l’enseignement supérieur français, l’enquête annuelle (2011) de l’Institute of International Education (IIE) témoigne de l’importance de la contribution des étudiants étrangers pour l’économie américaine. Celle-ci permet à l’enseignement supérieur de figurer parmi les premiers postes d’exportation de services aux États-Unis et est devenue une priorité pour l’administration. A titre d’exemple, imaginons que 20 % des étudiants étrangers inscrits en doctorat soit 6.800 (34.000 x 0,2) aient trouvé un travail en France. Sur la seule base d’un salaire moyen annuel de première année de 30.000 euros, ils rapporteraient en seuls prélèvements obligatoires et taxes de consommation plus de 110 M à l’Etat français sans compter les gains de productivité que leur présence occasionnerait pour la richesse nationale.

VIi.2. La politique d’intégration Si l’immigration avait été voulue ou choisie et non en partie subie, les flux migratoires auraient pu être davantage contenus, et l’intégration des nouveaux immigrés et de leurs enfants réalisée sans heurts majeurs. Cela n’a pas été le cas. Les flux migratoires ne sont pas vraiment maîtrisés et la tension persistante s’est manifestée de façon visible notamment dans les banlieues, atteignant un pic avec les émeutes de l’automne 2005. Ces politiques non planifiées génèrent des effets de rattrapage eux-mêmes étalés sur une longue durée et confrontés à de nouvelles vagues d’immigration tout aussi peu choisies que les précédentes. D’où ce que Gérard Lafay33

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32. Le rapport de A. Coulon et S. Paivandi sur Les étudiants étrangers en France : l’état des savoirs, pour l’Observatoire de la Vie Etudiante (Un Paris VIII 2003) ne traite la question que sous son aspect philosophique et politique. Les études de l’IRD sur l’attitude des étudiants étrangers concernant leur retour au pays ne préjugent pas de leurs comportements réels. 33. Gérard Lafay : l’intégration : coûts directs et coûts indirects in Immigration/intégration : un essai d’évaluation des coûts économiques et financiers sous la direction de Jacques Dupâquier et d’Yves-Marie Laulan L’Harmattan-IGP 2006.


appelle un effet multiplicateur qui crée des surcoûts aussi bien pour les immigrés qui s’installent que pour les enfants de l’immigration. Pour les combattre, les politiques d’intégration successives ont tenté de mettre en place un filet de protection à l’égard des primo-arrivants et surtout des enfants de l’immigration, considérant qu’ils constituent la force de travail qui permet tout à la fois d’augmenter le PIB, de payer les retraites des inactifs, et d’ouvrir le pays sur d’autres modes de vie et d’autres formes de culture. Ces politiques doivent donc être envisagées comme des investissements dont il faut examiner à partir de quel seuil ils constituent un bénéfice pour le pays d’accueil. Ces investissements peuvent être séparés en deux catégories : • les dépenses spécifiques consenties pour faciliter l’accueil et la vie de ceux qui arrivent ; • les dépenses à engager pour permettre à leurs enfants d’atteindre le niveau des enfants autochtones et favoriser les échanges entre ces catégories. Enfin il existe des dépenses communes qui touchent l’amélioration des conditions sociales et du cadre de vie de la cellule familiale. A - Les investissements concernant les primo-arrivants Les investissements en matière d’accueil, d’aide et d’insertion sont regroupés dans le programme 104 du Ministère de l’intérieur destiné aux primo-arrivants et aux étrangers adultes, analysé au chapitre 4.1.A. et qui représente 71,63 M d’euros de crédits de paiement. Il faut y ajouter la contribution de l’Etat au fonctionnement de l’OFII. L’OFII dispose d’un budget de 150 M annuels dont une partie est payée par les taxes d’employeurs faisant appel à des étrangers, une partie par les taxes payées par les étrangers pour la délivrance, le renouvellement et la régularisation de leurs visas de séjour, le reste par une dotation complémentaire de l’Etat qui avoisine les 50 M d’euros. 13,34 M d’euros ayant été déjà programmés dans le cadre du programme 104, le reste financé par l’Etat selon divers canaux se monte à 36,66 M d’euros.

Accueil et intégration des primo-arrivants : aucune étude n’existe sur son efficacité externe.

Au total les investissements pour les primo-arrivants sont de : 71,63 + 36,66 = 108 M d’euros. En 2011, 102.254 contrats d’accueil et d’intégration avaient été signés. Ce chiffre démontre l’efficacité interne du système. Malheureusement aucune étude n’existe à notre connaissance sur son efficacité externe et notamment sur son impact sur le marché du travail : réduction du chômage, gains de productivité...

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Nous ne retiendrons dans les investissements pour l’intégration aucun coût pour la sécurité.

B - Les investissements concernant la sécurité Lafay propose qu’on y ajoute les investissements en matière de sécurité sous prétexte que la délinquance liée à la concentration des immigrés qui arrivent, non seulement pénalise les populations déjà installées y compris les immigrés eux-mêmes, mais génère des coûts cachés : changement de la structure de l’emploi, exode d’une partie de la population résidente, dégradation par vandalisme des espaces publics, dégradation du patrimoine immobilier des logements, augmentation du surendettement, paiement par les Préfectures des loyers des locataires qu’elles se refusent à expulser. Une partie de ces coûts figure déjà dans les coûts sécuritaires, une autre relève de la politique de la ville. Toutefois la détérioration du coût du patrimoine immobilier est loin d’être prouvée, même dans le cas du parc locatif comme le montrent les chiffres de la FNAIM, qui reposent, il est vrai, sur les logements privés. Les principales zones de concentration de la population immigrée (Les Mureaux-Mantes, la Seine-Saint-Denis, une partie de l’Essonne et du Val d’Oise, le quartier de la Goutte d’Or à Paris, les quartiers Nord de Marseille, Vénissieux et Vaulx-en-Velin dans la banlieue lyonnaise...) ont vu leur patrimoine s’apprécier non seulement en raison de l’effort des pouvoirs publics et des collectivités locales pour le valoriser, mais aussi par le simple effet mécanique de la demande croissante dans la couronne des métropoles, et de la hausse de l’immobilier qu’elle entraîne. Nous ne retiendrons donc, dans les investissements pour l’intégration, aucun coût pour la sécurité. En reprenant une analyse déjà largement esquissée dans la monographie n°23, nous nous centrerons sur l’éducation, le logement, la politique de la ville et l’aide aux associations pour examiner quelle est la rentabilité de ces investissements. C - Les investissements en matière d’éducation Les principaux postes de dépenses sont : • les dépenses spécifiques consenties en matière de carte scolaire, de ZEP, de soutien scolaire vis-à-vis de populations en situation d’échec scolaire ou en difficulté ; • l’augmentation du nombre d’enseignants, l’accroissement du parc des constructions scolaires, la montée en charge des frais de fonctionnement dus à la présence de 20 % de moins de 18 ans issus de l’immigration. On considérera que, puisque nous nous sommes limités aux ZEP alors que des enfants d’immigrés étudient dans toute la France, la totalité des sommes affectées aux ZEP est à porter au crédit des dépenses d’intégration pour enfants d’immigrés.

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Nous disposons sur les ZEP d’une évaluation globale34, depuis les moments où elles ont été décriées pour leur stigmatisation, jusqu’à l’époque actuelle qui les valorise par des moyens supplémentaires et des appellations emphatiques : pôles d’excellence, programmes de réussite éducative, réseaux de réussite scolaire, collèges ambition-réussite… Cette étude critique qui n’analyse toutefois les résultats que jusqu’en 2005, note que le coût est d’environ 927 M d’euros par an, et dénonce l’empilement successif des mesures qui ont abouti à un « résultat incertain » aussi bien dans les résultats scolaires euxmêmes que dans le rapport de l’école avec son environnement. En ce qui concerne l’augmentation des moyens et la taille des classes notre chiffrage antérieur de 819 M d’euros à effectifs constants a été rendu doublement caduque par la politique de non-remplacement d’un poste de fonctionnaire sur deux puis par la réembauche en 2012 de personnel supplémentaire pour l’éducation. Nous nous limiterons donc aux actions de rattrapage et d’intégration (tutorat, bourses, soutien, renforcement de la médecine scolaire) pour un montant de 130 M d’euros. Pour le reste du budget, le Ministère fonctionne en encadrement constant puisque les effectifs scolarisés varient peu depuis quelques années. Quand les effectifs diminuent dans un secteur, il diminue le nombre d’enseignants ; quand ils croissent, il ouvre des classes et crée des postes. Les syndicats et le nouveau gouvernement militent pour valider l’équation : rattrapage scolaire = augmentation du taux d’encadrement. L’hypothèse d’un maintien ou d’un remplacement des 11.000 postes supprimés par an sur 800.000 à partir d’un budget qui était de 60,8 Mds d’euros en 2010 générerait un coût annuel ajouté de : 60,8 Mds x 11.000 = 836 M d’euros. 800.000

Les investissements dans le secteur éducatif génèrent-t-ils des dividendes ? La réponse est ambiguë.

Au total les coûts d’intégration en ce qui concerne le secteur éducatif seraient donc de : • 927 M d’euros pour les ZEP ; • 130 M d’euros pour les opérations de soutien ; • 836 M d’euros pour l’amélioration du taux d’encadrement ; soit un total de : 927 + 130 + 836 = 1.893 soit 1,893 Md d’euros. Cet investissement génère-t-il des dividendes ? La réponse est ambiguë. Les enquêtes de l’INSEE de 2002 concernant la situation des enfants d’immigrés et les souhaits pour leur avenir montrent que, six ans après leur entrée en 6e, les enfants d’immigrés ne sont pas moins nombreux que les autres à poursuivre leurs études secondaires. La situation professionnelle plus modeste des parents n’est pas une variable déterminante.

34. Rapport d’octobre 2006 sur la contribution de l’éducation prioritaire à l’égalité des chances des élèves piloté par Anne Armand et Béatrice Gille avec le concours d’un certain nombre d’inspecteurs de l’éducation nationale.

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Mais ils suivent davantage des cursus techniques et professionnels (57 % contre 43 %) que l’enseignement général (27 % contre 40 %). Confrontés à des attentes parentales élevées en même temps qu’à des résultats scolaires médiocres, ils envisagent dans leur majorité de poursuivre des études supérieures essentiellement dans des cycles courts (BTS, DUT), et d’échapper ainsi à la condition précaire de parents employés, ouvriers ou inactifs.

La proportion d’élèves issus de familles immigrées qui n’ont pas redoublé à l’école élémentaire est de 65,2 % contre 82 % pour les descendants d’autochtones.

Ces choix ne se retrouvent pas dans les comportements. La proportion d’élèves issus de familles immigrées qui n’ont pas redoublé à l’école élémentaire est de 65,2 % contre 82 % pour les descendants d’autochtones. Pour ceux ayant obtenu leur bac sans redoublement, elle est de 22,1 % contre 31,1 % pour les non-immigrés. La politique menée n’a pas réussi à réduire l’écart, elle l’a au contraire augmenté puisque le ratio est descendu de 79,5 % à 71 %. Le désir de réussir a progressé plus vite que la réussite elle-même. Certes, le nombre d’étudiants issus de l’immigration est en progression dans l’enseignement supérieur, mais malgré les success stories des entrées à Sciences-Po, le résultat n’est pas toujours à la hauteur des attentes comme le montre une des rares monographies consacrées aux étudiants issus de l’immigration : « Contrairement à une idée reçue, les étudiants issus de l’immigration ne méconnaissent pas la filière médicale (19 % des inscrits), mais leurs résultats sont mauvais (3 % des reçus). Ils sont majoritairement boursiers, mais les boursiers ont un taux de réussite très faible et dans leur ensemble de très mauvais résultats. Ces étudiants sont aussi manifestement mal orientés (ou n’ont pas voulu entendre les orientations conseillées ? ) car seulement 45 % d’entre eux ont un baccalauréat S, ce fait étant à rapprocher de leurs mauvais résultats. Enfin, le sexe n’apparaît pas comme discriminant dans la représentation et les performances du groupe. »35 L’enquête conduite par l’INSEE et publiée en octobre 201236 ne modifie pas en profondeur ces constats. Si on met de côté la partie déclarative, qui relève du ressenti et parfois de la victimisation, les chiffres avancés par l’INSEE montrent que : • les descendants d’immigrés sont plus souvent diplômés du supérieur que leurs parents (38% contre 33%) ; • leur taux de chômage s’établit à 12% contre 15% pour leurs parents ( mais contre 7% pour les autochtones) ; • leur salaire net mensuel moyen est de 1.600 euros contre 1.500 euros pour leurs parents (mais 1.679 euros pour les autochtones). L’ascenseur social ne progresse donc que lentement. Mais comme ils sont 3 millions à être inscrits sur les listes électorales, auxquels il faut ajouter les 1,1 million d’immigrés inscrits également, leur poids parmi l’ensemble

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35. Infomed - Bulletin d’information de la Faculté de Médecine de Marseille, n° 3, juin 2006. 36. Immigrés et descendants d’immigrés en France - Insee Références - Édition 2012.


des inscrits peut modifier la donne. On l’a d’ailleurs constaté dans la dernière présidentielle où en votant massivement François Hollande au second tour, ils ont permis à celui-ci de l’emporter. Reste à savoir si c’est le statut d’étudiant issu de l’immigration, ou les handicaps en matière de condition sociale et familiale qui génèrent cette stagnation. d - Les investissements en matière d’éducation Dans les comptes de 2010, les prestations logement représentent 16,3 Mds d’euros et se répartissent en allocation de logement familial financée par l’Etat et la Sécurité Sociale, allocation de logement social financée par l’Etat et les employeurs, aide personnalisée au logement financée par le FNAL via un apport de la branche famille de la Sécurité sociale et dont on a noté dans le chapitre 6.2.I. la contribution des employeurs. L’allocation de logement temporaire versée aux associations hébergeant des personnes défavorisées relève davantage de l’aide aux associations. Une péréquation sur un ratio de 14,1 aboutirait à un investissement pour l’immigration de : 16,3 x 0,141 = 2,298 Mds d’euros. Mais les immigrés sont plus nombreux à en bénéficier : • parce qu’ils ont des ressources et des salaires plus faibles que la moyenne nationale ; • parce que 35 % des ménages immigrés ou mixtes sont propriétaires de leur résidence principale, nombre qui tombe à 7 % pour les ménages d’origine subsaharienne alors que la proportion est de 56 % pour les familles autochtones. Nous avions calculé dans l’ouvrage publié chez Larousse que la surreprésentation pour l’allocation logement était de 23 % ce qui nous donnerait une part immigration de : 2,298 x 1,23 = 2,827 Mds d’euros.

La surreprésentation (des immigrés) pour l’allocation logement est de 23 %.

On notera à ce propos que deux politiques s’opposent en matière de résorption du déficit en matière de logement. La politique socialiste vise à imposer aux municipalités riches une obligation de logements sociaux pour ne pas faire porter la charge de la précarité à des municipalités qui concentrent déjà un maximum de familles démunies. C’est l’objet de la loi SRU qui vient d’être renforcée avec une multiplication récente par 5 des pénalités. C’est aussi l’objet de la modernisation de foyers de travailleurs migrants en difficulté financière (loyers non payés) et matérielle (surpeuplement dû à la présence de migrants en situation illégale). La politique libérale au contraire part de l’idée qu’un propriétaire n’accepte pas de voir son bien dégradé, qu’il faut donc diminuer le parc locatif des quartiers déshérités et transformer un maximum de bénéficiaires de logements sociaux en futurs propriétaires. Cette politique se traduit par la démolition de barres

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dans des cités sensibles, les prêts à taux zéro, la réforme des donations, les opérations Borloo de maisons à 80.000 euros et Boutin (logements à 15 euros par jour). Elle vient très récemment d’être détricotée. E - Les investissements concernant la politique de la ville Elle relève de deux formes d’actions volontaristes, celle impulsée par les pouvoirs publics et celle des organismes et associations financés par ces mêmes pouvoirs publics. Le financement des associations

Selon l’Observatoire des Subventions [...] 34 Mds d’euros sont accordés chaque année par l’Etat et les collectivités locales à 250.000 associations.

Il existe près d’un million d’associations en France dont une grande partie bénéficient de l’aide des pouvoirs publics et en particulier des collectivités locales. Selon l’Observatoire des Subventions37, le « jaune budgétaire » nous révèle que 34 Mds d’euros de subventions sont accordés chaque année par l’État et les collectivités locales à 250.000 associations, couvrant la moitié de leur budget. Celles qui se consacrent en tout ou partie à la défense des immigrés ne peuvent être identifiées que par leur nom, leurs objectifs ou leur action quand elle est connue. A partir des chiffres mis en ligne par les collectivités locales, nous avions tenté avec deux collègues spécialistes, un pointage pour la région Bourgogne qui dénombre 25 associations de ce type pour un montant total de 330.470 euros et, pour le département du Bas-Rhin, 54 associations pour un montant de 1,02 M d’euros. L’extrapolation sur 21 régions et 95 départements métropolitains aboutirait à une fourchette de 100 à 120 M d’euros, sommes modestes auxquelles il faut ajouter les subventions communales, celle des organismes extérieurs et celles de l’Etat. On peut prendre comme exemple la CNHI (Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration) qui par sa fonction est directement concernée par les problèmes d’immigration. Son budget 2011 est de 6,665 M d’euros et son plafond d’emplois de 80 ETPT. Cet établissement public culturel bénéficie de financements venant de plusieurs ministères dont le ministère de la culture, chef de file de la tutelle. Les subventions de l’État sont prévues à hauteur de 6.066.750 euros (91 %) et les autres ressources s’élèvent à 598.250 euros (9 %). Le ministère de l’intérieur, de l’outre-mer, des collectivités territoriales et de l’immigration est aussi un important financeur de la CNHI puisque sa subvention représente 42 % de celles de l’État en 2011. Les dépenses de personnel prévues en 2011 sont de 3,78 M d’euros et celles de fonctionnement de 2,88 M, contre 3,28 M de dépenses réalisées en 201038. L’Etat cherche de façon générale à réduire sa participation au financement des

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37. www.observatoiredessubventions.com. 38. L’occupation pendant 4 mois de la CNHI par des sans-papiers avait entraîné des dépenses supplémentaires (gardiennage, entretien...).


associations en les incitant à recourir à des ressources propres. Dans ce cas précis, la prévision de subvention pour charges de service public de la CNHI inscrite au programme 104 pour 2012 est d’un montant de 2,78 M d’euros, contre 2,85 M en 2011. La diminution de cette subvention vise, d’une part à prendre en compte l’augmentation attendue des recettes propres de la CNHI (droits d’entrée, mécénat, locations d’espace, coproductions), d’autre part à faire participer l’établissement à la maîtrise des dépenses publiques. Par ailleurs, le plafond d’emplois de l’opérateur est ramené à 78 ETPT en 2012. De nombreuses associations (MRAP, LDH, GISTI, SOS-Racisme, RESF…), ainsi que des partis et des syndicats, sont engagés dans la défense des immigrés, par exemple pour la régularisation des sans papiers. Elles sont touchées comme beaucoup d’autres organismes par la contraction du bénévolat, la diminution du nombre de leurs militants et la nécessité d’avoir des permanents salariés pour faire face à des tâches toujours plus lourdes, ce qui réduit leurs cotisations et les oblige à dépendre pour leur survie du financement de l’Etat ou du succès des actions en justice qu’elles impulsent. Ainsi le MRAP disposait en 2005 d’un budget de 725.000 euros à 62 % financé par des subventions mais rémunérait 7 permanents équivalents temps plein, alors qu’il avait perdu près de la moitié de ses adhérents. Ces associations ont en général des budgets plus étriqués qu’on ne l’imagine. SOS-Racisme, la LDH, la LICRA vivent avec moins de 2 M d’euros par an39.

La Cour des Comptes [...] pointe une série de dérives.

La Cour des Comptes qui a étudié nombre d’associations subventionnées note que le seuil de 23.000 euros (qui définit la ligne de partage entre un arrêté de subvention et une convention de subvention) est parfois contourné, et que la circulaire du Premier Ministre du 24 décembre 2002 n’est pas respectée. Cette circulaire stipule que « la subvention doit être utilisée conformément à l’objet pour lequel elle a été accordée. L’emploi des fonds reçus doit pouvoir être justifié. A l’issue des contrôles, la subvention non employée ou dont l’emploi n’a pas été conforme à son objet doit être reversée au Trésor Public ». Au contraire elle pointe une série de dérives : salaires versés à des bénévoles, utilisation d’agents ou de locaux publics sans convention, absence de pièces comptables justificatives…Reste qu’on ne peut généraliser et que les moyens de contrôle de l’Etat sont dérisoires. Le système Poliville de déclaration sur Internet est lourd et peu opérationnel. Le dispositif SALSA (Système d’analyse logicielle des subventions aux associations) expérimenté dans 32 départements ne permet que d’apprécier la capacité de 39. Ce montant peut être mis en perspective avec la partie confédérale des budgets des cinq syndicats « représentatifs » dont les cotisations ne couvrent qu’entre 16% (2 M sur 12 pour la CFTC) et 41% du budget (18,8 M sur 41 pour la CFDT).

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pilotage et de gestion des associations postulantes pour des montants dépassant les 50.000 euros. Le réseau est loin d’afficher la transparence même s’il s’est créé un Comité de la charte du don en confiance, auquel ont déjà adhéré près de 60 associations soucieuses de leur transparence financière comme le Comité Perce-neige, la Croix-Rouge française, l’Association Valentin Haüy, les Restos du coeur, le Secours populaire, les Apprentis d’Auteuil. En tout état de cause, le financement par les pouvoirs publics des associations contribuant à l’intégration des immigrés, si l’on retranche celles d’aide aux migrants irréguliers, déjà répertoriées au chapitre 5.4.D. pour 220 M d’euros, ne paraît pas supérieur à 200 M d’euros. Le financement direct par l’Etat

La politique de la ville, même si elle n’est pas totalement destinée à la population immigrée, est une politique de rattrapage social.

La politique de la ville, menée par les pouvoirs publics, même si elle n’est pas totalement destinée à la population immigrée, est une politique de rattrapage social qui couvre à la fois les secteurs du logement, de l’accompagnement des jeunes sans qualification et sans emploi, le développement des services à la personne et la dotation aux communes possédant des zones sensibles. 
Le rapport de la Cour des Comptes40 publié en novembre 2007 et qui reprend un rapport de 2002 dont elle constate qu’il est resté largement sans effet, avait fait un bilan très critique de cette politique, peu lisible, qui s’est traduite par un « empilement de dispositifs », et qui a consommé en 17 ans 19 ministres successifs pour un « résultat médiocre ». Faute d’une estimation précise, il l’avait chiffrée à « environ 4 Mds d’euros par an » pour une trentaine de programmes différents. Approche à la louche que nous avions essayé de préciser en soustrayant l’aide au logement déjà comptée et qui la réduisait à 2,081 M d’euros. Toutefois la totalité de ces fonds ne peut être portée au crédit d’une politique d’intégration. Ces fonds évoluent selon la conjoncture. Les émeutes de l’automne 2005 avaient fait progresser de 71,9 % les dotations affectées à la Seine-SaintDenis et au Rhône. Les violences urbaines seraient-elles d’un bon rapport pour les élus des communes concernées ? 
 Tandis que ces crédits continuent à courir, une politique nouvelle s’est déjà mise en place avec de nouvelles mesures phares. C’était le cas du plan Borloo de cohésion sociale destiné à réduire les inégalités qui porte sur 12,7 Mds d’euros sur 5 ans. Soit environ 2,54 milliards d’euros par an. Ce plan ne couvrait que des mesures d’intégration : augmentation de la construction de logements locatifs, places pour l’accueil et l’hébergement d’urgence, développement des dotations de solidarité urbaine pour les ZUS, contrats d’activité pour les allocataires du RMI et de l’ASS, plan de développement des services à la personne concernant l’aide aux personnes dépendantes, le soutien scolaire, l’aide ménagère dont la mesure clé est le Chèque Emploi

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40. Rapport de la Cour des Comptes sur les coûts de la politique de la ville depuis 2002 rendu public le 7 novembre 2007.


Service Universel. On a vu aussi apparaître le plan Amara pour les banlieues qui se proposait, avec un montant d’un milliard d’euros, de désenclaver 50 quartiers prioritaires avant que budgets et objectifs ne soient revus à la baisse. Le programme 147 « Politique de la ville et Grand Paris » est programmé dans la LOLF 2012 pour 548,4 M d’euros de crédits de paiement finançant un ensemble de mesures et d’organismes concourant à la rénovation des quartiers et du cadre de vie des habitants. Aujourd’hui autour du mot phare « diversité », s’élaborent d’autres plans qui risquent aussi de ne pas survivre à ceux qui les ont lancés. L’Etat, par l’intermédiaire de l’ex- Ministère de la ville, n’est pas le seul dispensateur des coûts d’intégration concernant la politique de la ville. Les crédits de l’illettrisme, les contrats éducatifs locaux, les structures préfectorales déléguées à l’égalité des chances, peuvent entre autres y être rattachés bien que logés dans d’autres ministères ainsi que bon nombre de subventions régionales ou locales, mais aussi le Fonds Social Européen et divers opérateurs étrangers comme on vient de le voir avec l’exemple du Qatar. Si l’on s’en tient à la seule intervention des pouvoirs publics, il semble qu’on puisse conserver provisoirement le montant annuel d’aide à la ville d’environ 2 Mds d’euros par an, hors opérations logement, éducation et financement des associations. On conservera le ratio retenu pour l’aide au logement soit 1,23, ce qui nous donnerait pour la part relevant de l’immigration : 2 x 0,141 x 1,23 = 347 M d’euros. F - Totalisation Total des investissements au titre de la politique d’intégration (en M d’euros)

Total des investissements au titre de la politique d’intégration : 5,375 Mds d’euros.

Nature des investissements Montants Intégration des Primo-arrivants

108

Education

1 893

Logement

2 827

Politique de la ville (associations)

200

Politique de la ville (Etat)

347

Total

5 375 soit 5,375 Mds d’euros

Les investissements pour l’intégration des étrangers et des enfants issus de l’immigration se montent à 5,375 Mds d’euros. Le total des investissements se monte donc à 3,277 + 5,375 = 8,652 Mds d’euros.

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VIi.3. La rentabilité des investissements Aucun indicateur chiffré ne nous permet d’approcher la rentabilité des politiques d’intégration conduites jusqu’à aujourd’hui. Nous ne pouvons aujourd’hui déterminer s’il y a un mieux-être dans les cités, de quel ordre de grandeur est le retour à l’emploi, dans quelle mesure ces enfants d’immigrés financeront nos retraites. On mesure ici les effets d’une politique d’immigration qui ne s’est pas accompagnée à temps des mesures nécessaires pour l’intégration et qui oblige ainsi l’Etat à une forme de rattrapage sans générer des dividendes visibles.

Aucun indicateur chiffré ne nous permet d’approcher la rentabilité des politiques d’intégration.

Lafay l’a chiffré pourtant, à l’époque, à une augmentation du PIB de 0,2 % par an, soit 3,5 Mds d’euros. Que plus de travailleurs créent plus de PIB est naturel. Il faut aussi prouver que les investissements consentis améliorent la condition de vie des résidents, les incitent à poursuivre ou reprendre des études, et que ces derniers trouvent plus facilement, grâce à une meilleure qualification, de la place sur le marché du travail. Bref qu’ils vont donc consommer plus, payer plus à l’Etat et améliorer la productivité de la communauté nationale. Il n’est pas facile de mesurer économiquement cette productivité. Pour déterminer la plus-value apportée par les immigrés au PIB, il faut comparer la contribution à la productivité de ceux qui travaillent à l’ensemble de l’effort de l’Etat pour cette collectivité (salaires, taxes, aides) et en déduire les fonds transférés à l’étranger. On peut raisonner de deux façons, soit en considérant l’ensemble des immigrés (irréguliers compris) par rapport à la communauté nationale, soit en ne considérant que les actifs immigrés et non-immigrés . Sur un PIB de 1.950 Mds d’euros, l’ensemble des immigrés, soit 15 % de 66,660 millions d’habitants devraient contribuer à hauteur de : 1.950 x 0,15 = 292,5 Mds d’euros. Aux immigrés actifs l’Etat, leurs employeurs et leurs clients versent au total : 2.523 x 12 x 3.200.000 = 96,883 Mds d’euros. Les recettes sociales et fiscales encaissées par l’Etat et les collectivités locales représentent 83,370 Mds d’euros. Les dépenses faites par l’Etat pour cette communauté à l’égard des actifs comme des inactifs sont d’un montant de 92,130 Mds d’euros. Les transferts de fonds de ces migrants vers leur pays d’origine se montent à 4,82 Mds d’euros. Le total représente donc : 96,883 + 83,370 + 92,130 + 4,820 = 277,203 Mds d’euros.

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L’ensemble des immigrés dégage donc un solde négatif de 15,3 Mds d’euros par rapport à la communauté nationale. L’autre hypothèse est de prendre les immigrés actifs occupés par rapport à la population française également active occupée. Ces immigrés sont au nombre de 3,2 M sur une population active totale de 29,2 M de personnes. La proportion de personnes occupées est de 29,2 x (100 - 9,4 de chômeurs) = 26,455 M d’habitants. Leur contribution théorique devrait être de : 1.950 x 3,2 = 235,87 Mds d’euros. 26,455 Elle est toujours de 277,203 Mds d’euros. Les immigrés actifs occupés dégagent un solde positif de 41,334 Mds d’euros par rapport à la moyenne nationale. Ceci laisse entendre que la résorption du déficit dû à l’immigration passe notamment par une augmentation des immigrés actifs : • soit en nombre ; • soit en proportion ; • soit en progression de leurs ressources.

VIi.4. Bilan : des balances relativement déséquilibrées Les dépenses occasionnées par l’immigration régulière sont de 92,130 Mds d’euros et les recettes de 83,370 Mds d’euros, soit un déficit de l’immigration de 8,760 Mds d’euros dont 3,209 dues à l’immigration irrégulière. Les recettes couvrent 90,5 % des dépenses.

La résorption du déficit dû à l’immigration passe notamment par une augmentation des immigrés actifs.

À ce déficit, il faut ajouter des dépenses d’investissement de 8,652 Mds d’euros, dont la rentabilité est nulle pour l’aide au développement, et difficilement mesurable pour les politiques d’intégration. Le déficit total se monte donc à : 8,760 + 8,652 = 17,412 Mds d’euros. Ces chiffres sont plus équilibrés que ceux de la monographie n°14 (solde négatif de 26 milliards pour la balance dépenses/recettes et dépenses d’investissements plus conséquentes de 10,81 Mds). L’explication tient au périmètre différent des calculs, à la prise en compte dans l’échantillon de la moitié des enfants d’immigrés de plus de 18 ans et à l’augmentation du chômage et de la précarisation qui diminue l’écart entre le chômage et le salaire des immigrés et celui de la moyenne nationale.

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Conclusion : Comment réduire le déficit de l’immigration ? Chaque année l’immigration coûte à la France 17,412 Mds d’euros, soit 0,9 point de PIB. Ce déficit n’est pas tenable longtemps en temps de crise.

Chaque année l’immigration coûte à la France 17,412 Mds d’euros, soit 0,9 point de PIB.

Plusieurs solutions radicales ont été proposées : politique de quotas, limitation de l’accès à certaines prestations sociales et en particulier à l’AME pour les migrants irréguliers qui représente un cas spécifique dans l’ensemble des politiques européennes, multiplication des contrôles aux frontières et sur les chantiers où sont embauchés des travailleurs non déclarés ou sans titre de travail... ou, à l’inverse, moratoire sur les reconduites, ouverture de la fonction publique aux immigrés, libre circulation des personnes entre pays d’origine et pays d’accueil. Il s’agit dans tous ces exemples de solutions politiques qui impliquent une modification de la législation ou des missions régaliennes de l’Etat. Nous les avons examinées en partie dans la monographie n°23 sur la politique migratoire de la France. Nous n’en discuterons pas le bien-fondé dans le cadre de cette étude, ayant choisi de nous limiter aux aspects techniques des coûts et bénéfices de l’immigration. Nous avons jusqu’ici assis nos calculs sur les stocks en tenant peu compte des flux annuels d’entrée et de sortie. Or la politique de rattrapage de l’Etat est destinée à amener les immigrés au niveau des Français de souche, c’està-dire en euros constants à rapprocher au minimum les 83,37 Mds d’euros qu’ils rapportent des 92,13 Mds qui sont dépensés pour eux. Comment réduire ce déficit de 8,76 Mds d’euros ? Nous allons donc reprendre les hypothèses formulées plus haut pour en tester la viabilité, sans toucher aux dépenses d’investissement notamment en matière d’intégration puisque c’est dans ce domaine qu’on peut attendre une rentabilité à moyen terme. Scénario n°1 : la réduction d’un point par an du taux de chômage des immigrés chiffré ici à 15,8 % de la population active concernée. Si l’on fait abstraction de la TVA et de la TIPP et de la fiscalité indirecte locale, les 3,2 M d’immigrés occupés paient en cotisations sociales et fiscales directes 60,892 Mds d’euros. Chaque réduction d’un point du chômage rapporte 60.892/84,2 (100 - 15,8) soit 723 M d’euros et diminue le coût des prestations emploi de 6.057/15,8 = 383 M d’euros soit au total 1,106 Md d’euros. Mais il faudrait près de 8 ans pour atteindre l’objectif de ramener la balance dépenses/recettes à l’équilibre. Ce qui voudrait dire également que le taux de chômage des immigrés serait inférieur à celui des natifs ce qui est difficilement envisageable.

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Scénario n°2 : l’ augmentation de un point annuel du revenu de la population immigrée dans son ensemble. Les immigrés rapportent à l’Etat 83,4 Mds d’euros. Si le salaire brut mensuel de l’immigré augmentait de 1 % en euros constants, leur contribution aux caisses de l’Etat augmenterait au minimum de 0,834 M d’euros sans compter les répercussions sur la diminution des prestations sociales reçues. Mais il faudrait cette fois 10 ans pour résorber le déficit créé sans compter qu’il se sera augmenté entre temps et qu’au bout du compte le salaire des immigrés serait supérieur à celui des natifs. Hypothèse difficile à valider. Scénario n°3 : accueillir chaque année 100.000 nouveaux immigrés célibataires de plus de 18 ans occupant effectivement un emploi dans les mêmes conditions que précédemment. Ces immigrés s’ajouteraient aux 3,2 M d’immigrés occupés. Les dépenses consenties seraient en matière de santé, de retraite et de logement, si l’on s’en tient à la seule population légale de 9,3 millions d’immigrés et de descendants de (29.948 + 22.814 + 2.827)/ 9,3 = 598 M d’euros et les recettes de 83,4/32 = 2,606 Mds soit une différence de 2,008 Mds d’euros, ce qui équilibrerait la balance dépenses/recettes en moins de cinq années . On peut aussi dans ce quota intégrer des étudiants auxquels un emploi serait offert. Certains crieront immédiatement au triomphe du principe de l’immigration sélective. Il ne faut toutefois pas se cacher que ces célibataires se marieront bien un jour, qu’ils auront des enfants et donc besoin d’aides complémentaires de l’Etat. Scénario n°3 bis : au lieu d’accueillir de nouveaux immigrés, en régulariser chaque année 30.000 ayant déjà un travail. L’hypothèse est séduisante. D’une part, elle diminue dès la première année le déficit annuel de l’immigration irrégulière de (3.209 x 30)/682 soit 141 M et elle augmente les recettes de 2008 x 0,3 = 602 M d’euros, soit un total de 743 M d’euros. Enfin elle est très facile à réaliser. Il faudrait néanmoins plus de 10 ans pour atteindre l’équilibre et ces immigrés régularisés ne manqueront pas eux non plus de faire souche.

Accueillir chaque année 100.000 nouveaux immigrés célibataires occupant un emploi [...] équilibrerait la balance dépenses/recettes en moins de 5 années.

Scénario n°4 : Réduire le stock d’immigration irrégulière de 20 % chaque année en limitant les flux et en multipliant les reconduites. Dès la première année, cela générerait une économie de 3,209 x 0,2 = 642 M d’euros, avec cette fois des difficultés à faire appliquer cette politique et à la faire accepter par l’opinion. Combinatoire : Aucune de ces hypothèses à elle seule n’est suffisante pour résorber le déficit qui creusera d’autant la dette chaque année. Mais si nous les

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combinions, nous constatons que sur une seule année le déficit serait réduit de : 1.106 + 834 + 2.008 + 743 + 642 = 5.333 M d’euros, soit 5,333 Mds d’euros. Il pourrait disparaître en moins de deux ans. Il n’est même pas exclu que la conjonction de ces facteurs puisse augmenter le PIB d’un point, soit 19,50 Mds d’euros en euros constants qui par les seules recettes de TVA et de TIPP (7,23 % du PIB) feraient tomber dans les caisses de l’Etat 1,410 Mds d’euros. Résumons : 1. Un point de chômage de moins par an de la population immigrée 2. Une augmentation de 1 % par an du revenu moyen de la population immigrée

Aucune de ces hypothèses à elle seule n’est suffisante pour résorber le déficit qui creusera d’autant la dette chaque année.

3. 100.000 immigrés actifs, occupés et célibataires de plus par an 4. 30.000 actifs régularisés par an 5. Une diminution du stock de migrants irréguliers de 20 % par an (hors régularisation) La poursuite de cette politique pendant 2 ans : • ramènerait l’écart entre chômage des immigrés et chômage des autochtones à 4,4 points ; • réduirait le différentiel entre salaire des immigrés et salaire des autochtones à 6,7 % ; • équilibrerait les dépenses et recettes de l’immigration ; • augmenterait, à toutes choses égales, le PIB de l’Etat de 2 %. Si ces conditions n’étaient pas toutes simultanément remplies, le coût de l’immigration resterait une charge pour l’Etat et les contribuables. Il s’agit, bien entendu, d’une hypothèse d’école qui doit prendre en compte que pendant ce temps le déficit de l’Etat continue à se creuser… mais de telles propositions nous paraissent utiles à débattre à partir de la plate-forme de données que nous avons établie, sur un sujet qui concerne, qu’on le veuille ou non, tous les résidents sur le sol français, quels qu’ils soient et d’où qu’ils viennent.

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ANNEXE Tableau récapitulatif des taux et plafonds de cotisations de sécurité sociale et de chômage au 1er janvier 2010 Risques Part salariale Part patronale Plafond par Taux Plafond par Taux mois (en euros) (en %) mois (en euros) (en %) Assurance maladie

salaire 0,75 brut total

salaire brut total

12,8

Solidarité autonomie Assurance vieillesse

0,3 2 885 6,65 2 885 8,3 salaire salaire 1,6 Ass vieill/veuvage 0,1 brut total brut total salaire Accident du travail Variable brut total salaire Alloc. familiales 5,4 brut total salaire brut total CSG 7,5 moins 1,75 % salaire brut total CRDS 0,5 moins 1,75 % 11 540 2,4 11 540 4 de 2 885 à de 2 885 à Chômage 0,036 0,024 11 540 11 540 11 540 0,4 Cotisations AGFF 0,80/0,90 1,20/1,30

Retraites complémentaires

Non cadres Tranche A 2 885 3 2 885 de 2 885 à de 2 885 à Tranche B 8 8 655 8 655 Cadres min. prévoyance 2 885 Tr. A (ARRCO) 
 2 885 3 2 885 de 2 885 à de 2 885 à Tr B-C (AGIRC) 7,7 11 540 11 540 moins de 7 491 de 7 491 à taxes sur salaires 14 960 plus de 14 960

4,5 12 1,5 4,5 12,6 4,25 8,5 13,6

Source : Centre des liaisons européennes et internationales de sécurité sociale (Cleiss), et calculs de l’auteur

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LISTE DES ABRéVIATIONS ACO : Action Catholique Ouvrière AGFF : Association pour la Gestion du Fonds de Financement de l’AGIRC et de l’ARRCO AGIRC : Association Générale des Institutions de Retraite des Cadres) AME : Aide Médicale d’Etat ANDES : Association Nationale des Docteurs (organisme finançant des bourses d’enseignement supérieur) APD : Aide Publiq ue au Développement APREF ou APRF : Arrête Préfectoral de Reconduite aux Frontières APRFN/ Arrête Préfectoral de Reconduite aux Frontières Non exécuté APU : Administrations PUbliques ARRCO : Association pour le Régime de Retraite COmplémentaire des salariés ASF : Association pour la Structure Financière (remplacée par l’AGFF) ASS : Allocation de Solidarité Spécifique ASSEDIC : ASSociation pour l’Emploi dans l’Industrie et dans le Commerce BIT : Bureau International du Travail BTS : Brevet de Technicien Supérieur CADA : Centre d’Accueil de Demandeurs d’Asile CCFD : Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement CFDT : Confédération Française Démocratique du Travail CFE : Cotisation Foncière des Entreprises CFTC : Confédération Française des Travailleurs Chrétiens CHRS : Centre d’Hébergement et de Réinsertion Sociale CICI : Comité Interministériel de Contrôle de l’Immigration CIMADE : Comité InterMouvements Auprès Des Evacués CMU : Couverture Maladie Universelle CNAF : Caisse Nationale d’Allocations Familiales CNDA : Cour Nationale du Droit d’Asile CNHI : Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration CNIL : Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés CNRS : Centre National de la Recherche Scientifique COM : Collectivité d’Outre-Mer CRDS : Contribution pour le Remboursement de la Dette Sociale CSAPAH : Contribution de Solidarité pour l’Autonomie des Personnes Agées et Handicapées

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CSG : Contribution Sociale Généralisée CVAE : Cotisation sur la Valeur Ajoutée des Entreprises DADS : Déclaration Annuelle des Données Sociales DICCILEC : Direction Centrale du Contrôle de l’Immigration et de la Lutte contre l’Emploi des Clandestins DOM : Département d’Outre-Mer DREES : Direction de la Recherche, des Etudes, de l’Evaluation et des Statistiques DUT : Diplôme Universitaire de Technologie EEE : Espace Economique Européen ELIPA : Enquête Longitudinale sur l’Intégration des Primo-Arrivants ETPT : Equivalent Temps Plein Travaillé FNAIM : Fédération Nationale des Agents Immobiliers FNAL : Fonds National d’Aide au Logement FNSA : Fonds National des Solidarités Actives GISTI : Groupe d’Information et de Soutien des Immigrés HLM : Habitation à Loyer Modéré IFER : Imposition Forfaitaire sur les Entreprises de Réseau IGP : Institut de Géopolitique des Populations IIE : Institute of International Education IIPE : Institut International de Planification de l’Education IL : Infraction à la Législation INED : Institut National d’Etudes Démographiques INSEE : Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques IRD : Institut de Recherche pour le Développement ISF : Impôt de Solidarité sur la Fortune JDD : Journal du Dimanche LDH : Ligue des Droits de l’Homme LICRA : Ligue Internationale Contre le Racisme et l’Antisémitisme LOLF : Loi Organique relative aux Lois de Finances MESR : Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche MRAP : Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Economique OCLTI : Office Central de la Lutte contre le Travail Illégal OCRIEST : Office Central pour la Répression de l’Immigration irrégulière et de l’emploi d’Etrangers Sans Titre

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OCRTEH : Office Central de Répression de la Traite des Etres Humains OFII : Office Français de l’Immigration et de l’Intégration OFPRA : Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides ONG : Organisation Non Gouvernementale OQTF : Obligation de Quitter le Territoire Français PIB : Produit Intérieur Brut PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement PR : Placements en Rétention PS : Parti Socialiste RATP : Régie Autonome des Transports Parisiens RER : Réseau Express Régional RESF : Réseau Education Sans Frontières RG : Renseignements Généraux RGPP : Révision Générale des Politiques Publiques RMI : Revenu Minimum d’Insertion RSA : Revenu de Solidarité Active RSO : Revenu de Solidarité Outre-mer SALSA : Système d’Analyse Logicielle des Subventions aux Associations SNCF : Société Nationale des Chemins de fer Français SRU : loi relative à la Solidarité et au Renouvellement Urbain STRASS : Syndicat du TRAvail Sexuel TER : Train Express Régional TIPP : Taxe Intérieure sur les Produits Pétroliers a été remplacée en 2011 par la TICPE : Taxe Intérieure sur la Consommation des Produits énergétiques TOM : Territoires d’Outre-Mer TVA : Taxe à la valeur ajoutée UMP : Union pour un Mouvement Populaire UNESCO : Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture UNHCR : Haut Comité des Nations Unies pour l’Accueil des Réfugiés URSSAF : Union pour le Recouvrement des cotisations de Sécurité Sociale et des Allocations Familiales ZEP : Zone d’Education Prioritaire ZSP : Zone de Solidarité prioritaire ZUS : Zone Urbaine Sensible

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Les Monographies de Contribuables Associés n

Monographie n° 1 - septembre 2004 « Pression fiscale : le ratio INSEE contestable »

n Monographie

n

Monographie n° 2 - mars 2005 « Les véritables effectifs de la fonction publique en France »

n Monographie

n

Monographie n° 3 - juin 2005 « Subventions aux associations : qui veut gagner des milliards »

n Monographie

n

Monographie n° 4 - novembre 2005 « L’origine sociologique des parlementaires »

n Monographie

Monographie n° 5 - avril 2006 « Ce que nous coûtent vraiment nos élus »

n Monographie

n

Monographie n° 6 - avril 2006 « L’endettement de l’État : stratégie de croissance ou myopie insouciante ? »

n

Monographie n° 7 - février 2007 « Les droits de mutation en Europe : l’impôt sur la mort est plus lourd en France ! »

n

Monographie n° 8 - mars 2007 « Dépenses hospitalières : pour une vraie convergence tarifaire public/privé »

n

Monographie n° 9 - avril 2007 « Qui est réellement corrompu : l’électeur ou l’homme politique ? »

n

n Monographie

n° 10 - septembre 2007 « Enseignement et recherche : on peut faire mieux pour moins cher »

n° 14 - mars 2008 « Le coût réel de l’immigration en France » n° 15 - juillet 2008 « Ce que nous coûte l’Europe » n° 16 - août 2008 « Subventions aux associations : l’État brouille les cartes » n° 17 - octobre 2008 « Les Conseils économiques et sociaux » n° 18 - octobre 2008 « La flat tax (impôt sur le revenu à taux unique) : simple, attractive, efficace »

n Monographie

n° 19 - décembre 2008 « Indemnités, facilités, avantages...Ce que gagnent vraiment nos élus »

n Monographie

n° 20 - février 2009 « Ce que nous coûte la complication administrative »

n Monographie

n° 21 - avril 2009 « Le coût de l’émigration. Ces français qui quittent la France »

Monographie n° 22 - juin 2009 « Pour un référendum sur une vraie réforme des collectivités locales »

n

Monographie n° 23 – mars 2010 « Le coût de la politique migratoire en France »

n

n Monographie

n° 11 - novembre 2007 « Combien nous coûte, à vous et à moi, la Sécurité sociale ? »

Monographie n° 24 – mars 2011 « Pour sortir de la crise, moins d’impôts et moins de dépenses publiques »

n Monographie

n° 12 - décembre 2007 « Les écotaxes, fausse bonne idée ou vraie mauvaise idée ? »

n

n Monographie

n

n

n° 13 - avril 2008 « La TVA, un impôt discret mais néfaste »

Monographie n° 25 – juin 2011 « Ce que nous coûte l’immigration irrégulière » Monographie n° 26 – octobre 2011 « La crise de la dette souveraine française »


Les Monographies

de Contribuables Associés

L’immigration en France :

Dépenses, recettes, investissements, rentabilité par Jean-Paul Gourévitch, expert international en ressources humaines, spécialiste de l’Afrique et des migrations Peu de sujets de société, en France, sont aussi passionnels que celui de l’immigration. Afin de fournir des éléments factuels et chiffrés pour nourrir le débat, Jean-Paul Gourévitch s’efforce de rassembler les données disponibles récentes (mais souvent disparates) sur la population concernée, les dépenses et recettes imputables à l’immigration mais aussi les investissements consentis par l’Etat pour l’intégration des immigrés et le rattrapage social vers une meilleure égalité des chances pour leurs enfants. Même si l’immigration ne peut se réduire à son impact économique et budgétaire, c’est à l’aune des coûts d’une politique que l’on peut juger de l’efficience de ses résultats. Cette monographie actualise donc la première étude de l’auteur sur ce sujet, publiée par Contribuables Associés en mars 2008. Cette fois, il élargit l’analyse à l’ensemble du territoire de la République française, en prenant en compte les descendants directs d’immigrés ainsi que l’ensemble de l’immigration irrégulière. Abordant successivement les dépenses de cette politique (aides sociales, lutte contre la fraude, violences…) et les recettes liées à l’activité des personnes d’origine immigrée (impôts, charges sociales…), l’auteur calcule le coût net de cette politique. A cette approche, il ajoute un second volet d’analyse reposant sur l’évaluation des investissements consentis pour ces populations (éducation, intégration…), mis au regard de leur rentabilité. Les immigrés rapportant moins, dans l’ensemble, que ce qu’ils ne coûtent à la collectivité, le coût de l’immigration est finalement estimé à 17,4 Milliards d’euros par an. L’auteur conclut son travail par un passage en revue de différents scénarii de réduction des coûts : diminution du différentiel de chômage (et du niveau de vie) entre immigrés et autochtones, appel à une immigration de main d’oeuvre supplémentaire, reconduites à la frontière, voire retours volontaires des immigrés en situation irrégulière ou au contraire régularisation de ceux qui ont déjà un travail… Autant de pistes cherchant à éclairer un sujet où les non-dits et les discours convenus occultent souvent la vérité des chiffres et la réalité des faits.

8e Pour commander des exemplaires supplémentaires des monographies de Contribuables Associés, écrivez à : Contribuables Associés - 42, rue des Jeûneurs, - 75077 Paris Cedex 02, ou téléphonez au 01 42 21 16 24.

Les monographies sont également consultables sur le site www.contribuables.org.


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