Le français dans le monde N°388

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Chaque semaine, suivez l’actualité de la langue française dans le monde. Diffusion sur tous les signaux et sur tv5monde.com/df Réagissez sur twitter #dfrancophonie En partenariat avec l’OIF, l’Institut français, le ministère des Affaires étrangères, la DGLFLF, l’AEFE et la revue "Le Français dans le monde".


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numéro 388 Métier / Pratiques

Les fiches pédagogiques à télécharger Graphe : soleil Tendance : la culture générale Économie : la grande distribution culturelle Clés : la notion de lexique Bande dessinée : Omar Le-Chéri Test et jeux

ÉPOQUE 6. Portrait

Xavier Niel : comment révolutionner l’enseignement

8. Tendance

Sacrée « culture gé »

10. Économie

Évaluer les pratiques professionnelles pour mieux les partager

12. Regard

Dossier

14. Événement

Marseille l’Européenne La Méditerranée pour culture

9. Sport

Un siècle de cycles

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Grande distribution : le livre est-il un produit d’appel ? « Massification scolaire ne signifie pas démocratisation » Vincent, acceptez-vous de prendre pour époux Bruno…

15. Langue

De l’art du langage

fiches pédagogiques à télécharger sur : www.fdlm.org

Horizons marseillais : le renouveau...........................................52 Portfolio : MP 2013 en images....................................................54 Dans la lumière du Midi..............................................................56 Les enjeux de la culture pour Marseille......................................58

16. Cultures

La langue française, sanctuaire des bandes dessinées mondiales

18. 130 ans d’Alliances françaises

Une AF au cœur du Mumbai branché depuis 75 ans

MÉTIER 22. L’actu 24. Mot à mot

Dites-moi Professeur…

26. Reportage

50 34. Savoir-faire

Comment rédiger un texte explicatif

36. Outils

Le non-verbal et l’enseignement-apprentissage d’une langue étrangère

38. Pratiques

À New York, le français n’est plus réservé aux riches

Évaluer les pratiques professionnelles pour mieux les partager

28. Clés

40. Focus

La notion de lexique (2)

30. Zoom

« Prendre en compte les variétés de langues françaises à l’école »

Omar Le-Chéri : une vie d’aventures francophones 42. Expérience Les tribulations d’un Chinois en France

32. Français professionnel Couverture : © miz’enpage - Shutterstock

Un français de spécialité pour les militaires

44. Ressources

Classes, les tablettes !

MÉMO 62. À voir 64. À lire 68. À écouter INTERLUDES 4. Graphe Soleil

FICHES PÉDAGOGIQUES PAGES 73 À 80 RÉCAPITULATIF DE TOUS LES DOCUMENTS SONORES DISPONIBLES SUR WWW.FDLM.ORG PAGES 82-83

20. Poésie

Victor Segalen : « Conseils au bon voyageur »

44. Nouvelle

Colette : « Nonoche »

60. BD

Omar Le-Chéri

70. Test et jeux L’amitié

Le français dans le monde, revue de la Fédération internationale des professeurs de français - www.fipf.org, éditée par CLE International – 9 bis, rue Abel–Hovelacque – 75013 Paris Tél. : 33 (0) 1 72 36 30 67 – Fax. 33 (0) 1 45 87 43 18 – Service abonnements : 33 (0) 1 40 94 22 22 – Fax. 33 (0) 1 40 94 22 32 – Directeur de la publication Jean-Pierre Cuq (FIPF) Rédacteur en chef Sébastien Langevin Conseiller de la rédaction Jacques Pécheur (Institut français) Secrétaire de rédaction Clément Balta – Relations commerciales Sophie Ferrand Conception graphique miz’enpage - www.mizenpage.com – Commission paritaire : 0412T81661. 53e année. Imprimé par IME, Baume-les-Dames (25110). Comité de rédaction Dominique Abry, Isabelle Gruca, Valérie Drake, Pascale de Schuyter Hualpa, Sébastien Langevin, Chantal Parpette, Manuela Pinto, Nathalie Spanghero-Gaillard. Conseil d’orientation sous la présidence d’honneur de M. Abdou Diouf, secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie : Jean-Marc Berthon (MAE), Jean-Pierre Cuq (FIPF), Pascale de Schuyter Hualpa (Alliance française), Raymond Gevaert (FIPF), Michèle Jacobs-Hermès (TV5), Xavier North (DGLFLF), Hary Andriamboavonjy (OIF), Jacques Pécheur (Institut français), Nadine Prost (MEN), F­ abienne Lallement (FIPF), Lidwien Van Dixhoorn (RFI), Jean-Luc Wollensack (CLE International).

Le français dans le monde // n° 388 // juillet-août 2013

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Les reportages audio des mois juillet et août 2013 à télécharger : Micro-trottoir : « soleil » (audio et transcription) Patrimoine : la Nuit des musées (audio et transcription) Francophonie : les enfants des rues de Kinshasa (audio et transcription) Tradition : la baguette de pain (audio et transcription)

Retrouvez le récapitulatif de tous les sons en ligne, classés par thèmes, en pages 82-83

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© minimus - Fotolia.com

« Le lundi au soleil C’est une chose qu’on n’aura jamais Chaque fois c’est pareil C’est quand on est derrière les carreaux Quand on travaille que le ciel est beau Qu’il doit faire beau sur les routes Le lundi au soleil » Claude François, « Le Lundi au soleil »

« Le soleil retroussait ses manches. La journée s’annonçait caniculaire. » Yasmina Khadra, Les Sirènes de Bagdad

« Je suis resté qu’un enfant Qu’aurait grandi trop vite Dans un monde en super plastique Moi j’veux retrouver... maman ! Qu’elle me raconte des histoires De Jane et de Tarzan De princesses et de cerfs-volants J’veux du soleil dans ma mémoire J’veux du soleil… » Au Petit Bonheur, « J’veux du Soleil »

La fiche pédagogique à télécharger sur : www.fdlm.org A1

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« Ce qui a été, c’est ce qui sera ; et ce qui s’est fait, c’est ce qui se fera. Il n’y a rien de nouveau sous le soleil. » L’Ecclésiaste, Ancien Testament

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« Je m’étais demandé ce qui pouvait pousser quelqu’un à garder ses lunettes de soleil après la tombée du jour : était-ce la marque d’une profonde simplicité ou de la connerie à l’état pur ? »

« Certains peintres transforment le soleil en un point jaune ; d’autres transforment un point jaune en soleil. » Pablo Picasso

Philippe Djian, Lent dehors

Soleil

« Sous le soleil exactement Pas à côté, pas n’importe où Sous le soleil, sous le soleil Exactement juste en dessous. » Serge Gainsbourg et Anna Karina, « Sous le soleil exactement »

« Je suis le Ténébreux, – le Veuf, – l’Inconsolé Le Prince d’Aquitaine à la Tour abolie : Ma seule Étoile est morte, – et mon luth constellé Porte le Soleil noir de la Mélancolie. » Gérard de Nerval, « El Desdichado »

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© Laurent Belando

portrait Le fondateur et président de l’école 42, entouré de Florian Bucher, son directeur adjoint, Nicolas Sadirac, directeur général, et Kwame Yamgnane, directeur adjoint (de haut en bas).

L’école 42 de Xavier Niel

Ou comment révoluti N © Laurent Belando

Après avoir bousculé l’Internet et la téléphonie mobile en France, Xavier Niel remet en question l’enseignement français avec sa nouvelle école, 42.

Xavier Niel en cinq dates 1967 : Naissance à Créteil 1999 : Lancement de Free, fournisseur d’accès à Internet 2010 : Investissement dans le groupe de presse Le Monde 2012 : Lancement de Free dans la téléphonie mobile 2013 : Ouverture de l’école 42

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Par Nicolas Dambre

’ayant pu rencontrer Xavier Niel, j’ai rendez-vous au siège d’Iliad, à Paris, avec ses deux partenaires dans l’aventure « 42 », Nicolas Sadirac et Kwame Yamgnane. Ce dernier me montre sur son téléphone un photomontage montrant Xavier Niel déguisé en pape. Le patron de Free n’est pas surnommé pour rien le Steve Jobs français, en référence à feu le patron d’Apple. Xavier Niel joue à la fois les bons samaritains et les rebelles, le patron milliardaire resté simple. Il demeure néanmoins discret, voire secret. Aujourd’hui, il veut révolutionner l’enseignement de l’informatique en lançant une nouvelle école, intitulée 42 (voir encadré). Une sorte de revanche sur sa propre histoire ? Xavier Niel a réussi à bâtir un géant des nouvelles technologies sans diplômes ni appuis. Sur son passé, il reste mystérieux, avouant avoir commis quelques erreurs. À 17 ans (nous sommes en 1984), ce lycéen de bonne famille se lance dans la création de services Minitel, l’ancêtre français d’Internet. Ses erreurs : avoir investi dans des établissements douteux et en avoir dissimulé des bénéfices.

Mais ses activités lucratives, notamment dans le Minitel rose, ont permis au jeune entrepreneur de créer Iliad, son actuel conglomérat, qui lance différents services Minitel puis Internet.

La saga Free En 1999, Iliad décroche une licence d’opérateur de télécommunication et va tirer profit de la libéralisation du secteur pour lancer les premières offres triple play en France : Internet, télévision et téléphonie en un seul abonnement. Free est né et va se développer face à l’opérateur historique, France Télécom/Orange, tout en utilisant son infrastructure. Le fournisseur d’accès à Internet casse les prix d’abonnement et lance de grosses campagnes publicitaires. Free est volontiers présenté par la presse comme un trublion au service des internautes et son patron comme une sorte de Robin des Bois. Pourtant, bien des consommateurs dénoncent

Xavier Niel joue à la fois les bons samaritains et les rebelles, le patron milliardaire resté simple. Il demeure néanmoins discret, voire secret Le français dans le monde // n° 388 // juillet-août 2013


© In&Edit Architecture

L’école 42 Les férus de science-fiction et amateurs d’informatique (les « geeks ») reconnaîtront la réponse à « la grande question sur la vie, l’univers et le reste » (le nombe 42) du Guide du voyageur galactique de Douglas Adams. L’école 42 est financée personnellement par Xavier Niel, qui s’engage sur dix années à hauteur de 60 millions d’euros. « On a en France un ascenseur social qui ne marche pas », expliquait-il sur France Info, ajoutant : « Nous voulons donc aller chercher dans la majorité de la population des talents à qui l’on ne donne aujourd’hui pas la chance d’émerger. » Près de 50 000 personnes ont déjà postulé par Internet pour la rentrée de novembre 2013. Nicolas Sadirac complète : « Le système éducatif français génère des gens disciplinés et normalisés, cela a été un avantage concurrentiel énorme pour la France. Mais

Le Heart of Codeg, bâtiment de 4 242 m2 destiné à accueillir l’école 42, dans le XVIIe arrondissement de Paris.

désormais, nous avons besoin de tout le contraire en matière de numérique : de gens créatifs et capables de créer avec d’autres. Alors que le système éducatif interdit souvent aux élèves de travailler ensemble, l’assimilant à de la triche. » Chaque promotion accueillera 700 à 800 étudiants, recrutés non sur leurs diplômes mais sur leurs capacités et leur motivation. « Avec 42, nous souhaitons développer le travail collaboratif, l’inventivité. Ce sera un système très darwinien d’apprentissage par l’expérience et par l’erreur, en peer to peer et auto-learning. L’équipe pédagogique fera plus office d’animatrice que de profes-

seur », détaille encore Nicolas Sadirac. La formation – totalement gratuite – durera trois ans en moyenne et ne sera pas sanctionnée par un diplôme, que ce dernier juge « trop normatif. Nous quittons l’ère industrielle, qui diplômait des gens qui savaient construire des ponts. Aujourd’hui, c’est un mode de pensée qu’il faut valoriser. » Kwame Yamgnane confie : « Un cabinet de recrutement nous a assuré qu’il trouverait un emploi à 45 000 euros par an aux mille premiers étudiants de 42. » Et d’exhiber sur son téléphone les chiffres de la Conférence des grandes écoles : un quart des diplômés déclare ne pas avoir trouvé d’emploi six mois après la fin de leurs études. n

onner l’enseignement des clauses abusives ou des pratiques commerciales agressives. En mars 2002, Xavier Niel rachète à un très bon prix les parts d’anciens associés dans Iliad, la société mère de Free. Le site Mediapart y voit l’origine de la fortune du self-made-man. Un de ses anciens associés, se sentant floué, l’attaquera en justice. En vain. Mobile à bas prix En 2012, Xavier Niel redonne un coup de pied dans la fourmilière, en s’attaquant cette fois-ci à la téléphonie mobile, face à trois concurrents bien installés, Orange, SFR et Bouygues Télécom. Iliad a décroché la quatrième licence de téléphonie mobile et souhaite généreusement « redonner du pouvoir d’achat aux Français » en proposant deux abonnements à bas prix. Comme pour Internet, le succès est rapide, la presse conquise. Quatre millions de Français souscrivent aux offres de Free Mobile. Ses concurrents annoncent devoir licencier des milliers de leurs salariés, tandis que des abonnés se plaignent d’un mauvais réseau, pour partie loué à Orange. Dans l’Internet comme en téléphonie mobile, Free profite de la dérégulation et des investissements publics dans les infrastructures de télécommunication. Le français dans le monde // n° 388 // juillet-août 2013

Coups de force Lorsque la presse rappelle sa jeunesse tumultueuse ou le contredit un peu trop, Xavier Niel devient procédurier. Le quotidien Libération a été attaqué en justice par six fois, son directeur de la publication arrêté et menotté, sans qu’aucune condamnation ne soit finalement prononcée. En février 2013, le patron d’Iliad attaque en justice un professeur d’économie pour dénigrement, à cause de son étude sur l’impact de Free dans la téléphonie mobile. Là encore, il sera débouté par la justice, qui avait néanmoins demandé la saisie de l’ordinateur de l’économiste. Autre coup de force : lorsque le patron de Free bloque sans prévenir toutes les publicités Internet sur ses réseaux, avant de faire marche arrière. Un fournisseur d’accès à Internet pourrait sinon décider de censurer bientôt autre chose que la publicité. Alors que Libération cherche des investisseurs, Xavier Niel a préféré investir dans Le Monde, en compagnie de Pierre Bergé et Matthieu Pigasse. Expliquant qu’il appréciait que la presse soit libre, le patron d’Iliad a investi dans de nombreux médias (Électron libre, Mediapart, Terra Eco, etc.) et, étrangement, de préférence dans la presse d’opinion… n

Dans l’Internet comme en téléphonie mobile, Free profite de la dérégulation et des investissements publics dans les infrastructures de télécommunication

Le logo de l’école 42

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époque // tendance

Essais, collections, revues… Les titres en lien avec la culture générale font un tabac !

Sacrée « culture gé » C De l’encyclopédie chère à la Révolution en passant par le certificat d’études de la IIIe République, jusqu’au succès de la collection « Pour les Nuls », les Français restent accros à la culture générale.

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La collection « Pour les Nuls », c’est 14 millions d’exemplaires écoulés pour 900 titres publiés.

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Par Jean-Jacques Paubel

’était en avril 2012. Le prestigieux Institut d’études politiques de Paris (Sciences-Po), antichambre des palais de la République, décidait de supprimer l’épreuve de culture générale à son examen d’entrée… Imaginez la suite : Debray, Fumaroli, Sollers, D’Ormesson, il ne manquait pas un bel esprit pour dresser la barricade du crime contre Voltaire, Stendhal ou Cicéron qui allaient disparaître de l’horizon des futurs élites de la nation. Mesure soit disant égalitaire, bien à contre-courant, si l’on y prête garde, d’une demande sociale qui, des rayons de librairie à la web TV en passant par les incontournables sites Internet, plébiscite la culture générale. Une « culture gé » qui a désormais sa revue, trimestrielle – premier numéro

Ce savoir et cette mémoire partagés, ce souci de transmission et ce désir de vouloir apprendre qui cimentent en profondeur la société française

le 24 janvier 2013 –, L’Éléphant, qui en fait rien de moins qu’une question de vie ou de mort pour l’humanité : « La culture générale et l’éducation contribueront à sauver le monde ».

Un savoir commun fondamental Que nos confrères se rassurent, si l’on en juge par le succès des ouvrages de culture générale, le monde n’est pas près de sombrer ! À commencer par les 14 millions d’exemplaires totalisés par les 900 titres de la collection « Pour les Nuls » qui s’est assurée le concours des meilleures plumes, historien (Alain Bergounioux), philosophe (Malek Chebel), sociologue (Michel Fize) ou égyptologue (Florentce Maruéjol), et à laquelle rien n’échappe : du sexe à l’écologie, du tricot à l’informatique, de la Corse à la géopolitique… Sans parler des 600 pages et 200 000 exemplaires vendus de Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises de François Reynaert, des 970 pages et 70 000 exemplaires du Dictionnaire égoïste de la littérature française de Charles Dantzig ou encore du Dernier inventaire avant liquidation de Frédéric Beigbeder, sur les cinquante œuvres littéraires du xx e siècle préférées des Français, auxquels il

convient d’ajouter La Grammaire est une chanson douce et ses suites d’Érik Orsenna, dont on ne compte plus les centaines de milliers d’exemplaires épuisés, l’increvable Métronome du comédien féru d’histoire Lorànt Deutsch, qui a choisi de raconter l’histoire de Paris à partir des stations de métro, ou le tout dernier Kit du xxie siècle, sous-titré Nouveau manuel de culture générale, de Vincent Brocvielle et François Reynaert et dédié à ces maîtres d’école qui remettaient autrefois un memento aux titulaires du précieux certificat d’études. Car à la fin, c’est bien de cela qu’il s’agit, de ce savoir et de cette mémoire partagés, de ce souci de transmission et de ce désir de vouloir apprendre qui cimentent en profondeur la société française. Rien de désuet donc en cela, plutôt, selon les fondateurs de L’Éléphant, « une belle idée, héritée des philosophes des Lumières, ancrée dans l’inconscient français, et qui reste plus que jamais aujourd’hui fondamentale ». Peut-être aussi, au moment où triomphe l’horizontalité nivelante d’Internet, un besoin de hiérarchiser et de faire le tri. Après tout Aristote ne soutenait-il pas : « Savoir, c’est se souvenir. » n

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époque // sport

Un siècle de cycles C Les grilles du jardin du Luxembourg, à Paris, s’ornent depuis mars des images qui ont fait l’histoire du Tour de France.

Chaque début juillet vient l’heure du Tour de France cycliste. Rendezvous incontournable des aficionados du vélo et passion collective qui ne se dément pas avec le temps, la Grande Boucle fête cette année sa centième édition.

en savoir + www.letour.fr

Texte et photo par Clément Balta

oluche le disait déjà : « Le Tour de France, pour arriver le 14 juillet, il faudrait qu’il parte à Noël ! » L’accumulation des révélations de dopage auraient tendance à valider la formule : de « l’affaire Festina » aux tardifs aveux extorqués à Lance Arm-strong, le vélo a quelque peu perdu les pédales. Le Tour de France, l’épreuve phare de ce sport si exigeant, a été le premier touché par ce discrédit. Pourtant, la popularité de la Grande Boucle ne faiblit pas. Chaque été, aficionados et simples quidams se retrouvent sur les routes pour admirer le passage du peloton ou apercevoir le maillot jaune. Le 29 juin, au départ de Porto-Vecchio, en Corse, l’épreuve est devenue une vieille dame centenaire. Créée en 1903 (et amputée depuis de dix éditions, deux guerres mondiales

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obligent) par le journal L’Auto, « la plus grande épreuve cycliste au monde » voulue par son rédacteur en chef, Henri Desgrange, est devenue tout à la fois un grand barnum et une institution qui, « sans être classée au patrimoine mondial de l’Unesco comme les calanques de Piana ou le Mont-Saint-Michel, n’en est pas moins devenue un monument national », comme le proclame Christian Prudhomme, son directeur actuel.

Lieu de mémoire La 100e édition entend ainsi célébrer d’un côté « la Fête du Tour », enjoignant de l’autre à « entrer dans la légende ». Le cirque médiatique qui accompagne ces trois semaines de sport à ciel ouvert trame un inimitable feuilleton qui vient, au gré des éditions, se greffer au grand livre d’histoire de l’épreuve. Celle-ci se nourrit de lignes épiques, tracées parfois par de grandes plumes tels Albert Londres ou Antoine Blondin, où se côtoient les noms mythiques des « forçats de la route » : Coppi, Bobet, Ocaña,

Merckx, Hinault… La mémoire collective exhume à l’envi les plus beaux exploits de cette roue de la fortune : le coude à coude en 1964 entre Anquetil et Poulidor, les huit éternelles secondes séparant Fignon et LeMond en 1989, la montée de l’Alpe d’Huez de Pantani en 1997… MaisleTourdeFranceestaffairetrop importante pour être laissé à des cyclistes. Son véritable héros est une héroïne, qui explique la pérennité de son succès : la France elle-même. Une France polymorphe, à la fois profonde et d’Épinal, avec ses bourgades aux clochers innombrables, mais aussi une France aux contours flous, débordant de ses frontières et à redécouvrir à fleur de bitume. En cela, plus qu’une commémoration, le Tour de France est un « lieu de mémoire », selon l’expression de Pierre Nora, qui le décrit comme « une sorte d’initiation géographique par les pieds et par les muscles », procurant « un sentiment immédiat du rapport au paysage et à l’espace ». De quoi nourrir encore des siècles de cycles. n

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économie

Grande distribution :

Manifestation des salariés de Virgin Megastore contre la fermeture de l’enseigne des Champs-Élysées, à Paris.

le livre est-il un pr Il y a de l’agitation dans le marigot de la grande distribution culturelle ! Virgin y a laissé sa peau début 2013. La Fnac se débat face aux attaques du géant étatsunien Amazon. Entre-temps, les supermarchés, en embuscade, passent à l’offensive…

C

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Par Marie-Christine Simonet

La fiche pédagogique à télécharger sur : www.fdlm.org B2

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’est peu de dire que la distribution culturelle connaît des jours pénibles. Prise entre le commerce en ligne et la dématérialisation des biens culturels, elle bouge, s’agite en tous sens pour continuer à faire surface. Le grand perdant est le secteur de la musique (ce n’est pas la première fois : rappelons-nous que s’il existe encore des librairies, les disquaires ont quasiment tous disparu). Les consommateurs préfèrent désormais acheter ou télécharger, légalement ou non,

des contenus sur la Toile. Le support physique – sous forme de CD – est passé entre 2000 et 2010 de 95 % à 49 %. Les téléchargements de musique se font désormais à 85 % via iTunes, qui appartient au géant informatique Apple. Le manque d’inventivité électronique peut coûter cher. L’enseigne Virgin, venue des États-Unis en 1970, a été placée en redressement judiciaire en janvier 2013. Occupant le même créneau que la Fnac (livres, BD, musique, DVD, etc.), elle n’a pas développé parallèlement une politique de vente en ligne. En 2012, le numérique pesait à peine 4 % de son chiffre d’affaires. De son côté, la Fnac est passée du statut d’« agitateur culturel » à agitateur d’idées pour se sortir d’embarras. Son chiffre d’affaires total s’érode. Entre 2011 et 2012, il a fondu de 2,5 %. Qu’elle dispose d’un site de vente en ligne (depuis 1999, un an avant l’arrivée d’Amazon en France), qui génère 14 % de son chiffre d’affaires, n’a pas empêché le dérapage. En cinq ans, la Fnac a enregistré 50 % de baisse sur son rayon CD et 30 % sur celui des DVD.

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en bref

oduit d’appel ? « Le livre sera la prochaine industrie culturelle à devoir évoluer », pronostiquait en mars 2013 son P.-D.G. Alexandre Bompard dans le magazine Livres Hebdo. Ajoutant : « Ce devrait même être l’un des chantiers prioritaires du prochain ministre de la Culture. » Son inquiétude est fondée : la part de l’enseigne sur le marché français du livre est de 16 % et le livre représente plus de 20 % de son chiffre d’affaires (dont 17 % réalisés sur son site Internet). Or, depuis le début de 2013, les ventes ont dévissé de plus de 7 %. Concurrence déloyale Dans sa ligne de mire, Amazon. Un pure player, pour user d’un anglicisme. Autrement dit, un acteur du marché sans vitrine physique (ni les frais qui vont avec) qui détiendrait déjà 13 % du marché total du livre et 70 % de celui du livre commercialisé en ligne (physique ou en téléchargement). Pour Alexandre Bompart, l’objectif est clair : « Il faut absolument éviter qu’un pure player, pour qui le livre n’est qu’un produit d’appel, ne devienne un acteur hégémonique sur ce marché. »

Comment faire, alors que ce « mauvais joueur » fait des offres de prix imbattables ? Qu’il ne paye pas d’impôts en France, les recettes de ses activités commerciales dans l’Hexagone étant allouées à son siège européen au Luxembourg ? D’ailleurs, le fisc français lui réclame 200 millions d’euros d’impôts impayés entre 2006 et 2010. Apple, pour sa part, a son siège en Irlande. Que faire, alors qu’Amazon, toujours, bénéficie « d’aides publiques conséquentes », comme le souligne le syndicat des libraires ? Conséquentes, en effet : plus de 1 million d’euros, dans le cadre de l’ouverture de son troisième entrepôt en France. « Il serait fort éclairant de donner la liste des distributeurs disparus dans le monde, à cause des pratiques hégémoniques et du dumping fiscal et réglementaire, habituels chez ces entreprises américaines d’e-commerce », enrage M. Bompart. Alors la Fnac agite une nouvelle fois les idées : ouvrir des magasins franchisés, créer des partenariats avec les éditeurs, partager le financement des stocks... Elle s’est même lancée

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dans la vente de produits électroménagers, un domaine jusque-là plutôt du ressort des supermarchés. Au moment où, justement, ces derniers se positionnent sur le livre ! L’enseigne Leclerc, deuxième vendeur de biens culturels derrière la Fnac, compte environ 200 espaces culturels en France et devrait en ouvrir une dizaine de plus cette année. Ses boutiques se trouvent le plus souvent dans les galeries marchandes de ses hypermarchés. Mais c’est bien contre la concurrence déloyale d’Amazon que s’est emportée la ministre française de la Culture, Aurélie Filippetti, en juin 2013, en marge des rencontres nationales de la librairie. « Aujourd’hui, a-t-elle affirmé avec conviction, tout le monde en a assez d’Amazon qui, par des pratiques de dumping, casse les prix pour pénétrer sur les marchés et faire remonter les prix une fois qu’ils sont en situation de quasi-monopole. » C’est pourquoi elle réfléchit « à l’interdiction de cumuler gratuité des frais de port et réduction de 5 % » sur le prix des livres. Cela sera-t-il suffisant ? n

Lesstratégiesd’évitementfiscalde18 grandes entreprises, dont Apple, Nike ou Microsoft, privent le fisc américain deplusde92milliardsdedollars,selon le Citizens for Tax Justice (CTJ) à Washington.

70 Millions

En dix ans, 70 millions de personnes sont sorties de la pauvreté pour intégrer les classes moyennes en Amérique latine. Le Gabon veut investir entre 450 et 500 millions d’euros d’ici à 2020 pour l’agriculture. Il importe l’essentiel de ses produits alimentaires.

La Chine et le Costa Rica ont souscrit le 3 juin des accords de coopération portant sur plus de 2 milliards de dollars, presque 4 % du PIB du pays centre-américain. Le Japon a annoncé fin mai l’octroi de 10,6 milliards d’euros d’aide publique au développement sur cinq ans à l’Afrique, lors de la conférence internationale de Tokyo pour le développement de l’Afrique (Ticad). L’OCDEarevuenbaissesesprévisions decroissancemondialeen2013,avec une récession plus marquée dans la zone euro et un rebond aux Etats-Unis et au Japon. n

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regards

« Massification scolaire

ne signifie pas démocratisation » Plus de deux siècles après la Révolution française, la naissance continue à avoir une influence déterminante sur les trajectoires de vie, nous dit Camille Peugny, auteur du Destin au berceau.

© Camille Peugny

Propos recueillis par Alice Tillier

Spécialiste de la mobilité sociale et des inégalités entre générations, Camille Peugny est maître de conférences en sociologie à l’université Paris-VIII.

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Vous traitez dans votre ouvrage de la question de la reproduction sociale en France. Un thème, dites-vous, insuffisamment abordé et qui a des enjeux essentiels… Camille Peugny : La reproduction sociale est le degré de dépendance du destin des individus par rapport aux ressources de leurs parents, ou pour le dire autrement, le degré de transfert des inégalités. Que les inégalités se transmettent est un constat à la fois banal et dérangeant : banal – oui, le milieu social a une influence – mais dérangeant dans des sociétés comme la nôtre qui glorifient le mérite individuel et où prévaut l’idée que « quand on veut, on peut ». La société française de 2013 est une société dans laquelle la reproduction sociale est très forte.

Cette reproduction n’a donc pas diminué ? C. P. : Sur le long terme, des évolutions ont eu lieu : il y a un siècle, tous les enfants d’ouvriers étaient eux-mêmes ouvriers ; ils sont 70 % à avoir un travail d’exécution aujourd’hui. Mais sur les trente dernières années, la reproduction n’a pas diminué. L’accès au diplôme dépend à l’heure actuelle plus étroitement encore du diplôme des parents qu’auparavant : l’avantage détenu par les enfants de parents diplômés d’un 2e ou 3e cycle universitaire pour obtenir un diplôme équivalent a encore augmenté. Comment la France se situe-telle par rapport aux autres pays occidentaux ? C. P. : Les États-Unis et le RoyaumeUni ont une reproduction sociale encore plus forte. Les études montrent que les enfants ont, dans ces deux pays, 70 à 80 % de chances d’avoir des revenus proches de ceux de leurs parents ! En ce qui concerne

« L’accès au diplôme dépend à l’heure actuelle plus étroitement encore du diplôme des parents qu’auparavant »

l’Europe, on observe un gradient Sud-Nord : c’est dans les pays scandinaves que la reproduction est la plus faible, et dans les pays latins qu’elle est la plus importante. La France, en position intermédiaire, est néanmoins plus proche des pays du Sud. Le développement de la scolarisation ces dernières décennies n’aurait-il pas dû permettre une promotion sociale ? C. P. : On a certes assisté, depuis 50 ans, à une massification scolaire : les effectifs ont augmenté à tous les niveaux – d’abord au collège à partir des années 1960, puis au lycée dans les années 1980 et enfin à l’université. Mais il faut tout de même apporter certaines nuances : contrairement à l’idée selon laquelle le bac serait « donné » à tout le monde, deux enfants sur dix seulement ont aujourd’hui un bac général, et un enfant d’ouvrier sur deux a le bac tout court ! Massification ne veut pas dire démocratisation : le système éducatif est de plus en plus filiarisé, avec des filières prestigieuses où les classes favorisées sont surreprésentées. La clôture sociale des grandes écoles françaises est extrêmement poussée – identique à ce qu’elle était dans les années 1920 : un enfant

Le français dans le monde // n° 388 // juillet-août 2013


En France, un enfant d’ouvrier, pour peu qu’il fasse des études supérieures, a 0,5 % de chance d’intégrer une grande école…

« La France donne très peu de seconde chance à l’heure actuelle. Elle est même l’un des pays où le diplôme initial a le plus d’emprise sur l’ensemble de la carrière »

© WavebreakmediaMicro - Fotolia.com

est scolaire précocement, plus les inégalités sont grandes.

d’ouvrier a 0,5 % de chances d’y entrer ! Que faudrait-il faire, au niveau de l’école française, pour que la reproduction sociale diminue ? C. P. : Il s’agirait de réorienter vers le primaire les moyens alloués à l’éducation. Les évaluations faites à l’école primaire le montrent bien : les enfants arrivent inégaux en CP ; cinq ans plus tard, en CM2, les écarts

ont encore augmenté. C’est donc là, dès le primaire, qu’il faut corriger les inégalités ! Or la France préfère se concentrer sur l’enseignement secondaire : elle dépense par lycéen 20 % de plus que les autres pays de l’OCDE, 10 % de plus par collégien, et… 20 % de moins par élève du primaire. La France aurait sans doute aussi à s’inspirer des pays qui évaluent plus tardivement : différents travaux ont montré que plus l’école

Et, comme vous le dites dans votre ouvrage, la France n’est pas quitte de son devoir d’égalisation à la sortie de l’école… C. P. : La France donne très peu de seconde chance à l’heure actuelle. Elle est même l’un des pays où le diplôme initial a le plus d’emprise sur l’ensemble de la carrière professionnelle. Il faudrait mieux articuler formation initiale et formation continue, pour que ceux qui ont fait des études courtes aient la possibilité de les reprendre plus tard, comme le fait le Danemark en attribuant à chacun un certain nombre de bons mensuels de formation. Cela permettrait de réduire l’enjeu de la formation initiale. Il n’y a pas de raison que l’on ait joué toute sa vie à 20 ans ! n

Compte rendu

Une nécessaire remise en cause Nombreuses avaient été les analyses, dans les années 1960, concluant à la disparition des classes sociales et à la « moyennisation » de la société française et plus largement des sociétés occidentales, devenues de vastes classes moyennes. À rebours de ces théories, Camille Peugny montre la persistance, en France, d’inégalités fortes et leur transmission d’une génération à l’autre au cours des 25 dernières années. En cause, le système éducatif qui, en dépit de sa prétention à être méritocratique, est très élitiste : il favorise la réussite de quelques-uns au détriment du plus grand nombre et s’avère incapable de réduire les inégalités présentes dès l’entrée à l’école. S’appuyant sur la comparaison avec d’autres pays occidentaux, l’ouvrage en appelle à une véritable remise en cause de la vision que la société française a d’elle-même et de son système éducatif – préalable essentiel, nous dit l’auteur, à une véritable démocratisation.

extrait Les limites de l’école française « La recherche d’une fluidité sociale parfaite est probablement illusoire. […] Toutefois, desserrer l’étau de la reproduction sociale constitue un projet de société essentiel, qu’il s’agisse, dans une optique libérale, de récompenser le mérite individuel (et non l’héritage), ou, dans une optique socialiste ou social-démocrate, de favoriser la justice sociale en brisant la reproduction des inégalités. Nos sociétés ont fait de l’école l’institution chargée d’égaliser les chances : en distribuant des titres scolaires censés récompenser le mérite des individus, elle crée de la mobi-

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lité sociale et permet que les conditions de la naissance ne déterminent pas l’ensemble de l’existence. Depuis les années 1960, l’école s’est massifiée, s’ouvrant aux enfants des classes populaires qui accèdent au premier puis au deuxième cycle du secondaire. Le bilan, en termes de déclin de la reproduction sociale, est médiocre eu égard à l’intensité de l’explosion scolaire, tant apparaît limitée la portée de la démocratisation de l’école. » Camille Peugny, Le Destin au berceau. Inégalités et reproduction sociale, Le Seuil, coll. La République des idées, 2013, p. 83-84.

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société

Vincent, acceptez-vous de prendre

pour époux Bruno...

n - Fotolia.com © Pixel & Créatio

18 mai 2013 : promulgation de la loi n° 2010-404 ouvrant le mariage et l’adoption aux couples de même sexe. Quelle histoire !

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J

Par Jacques Pécheur uin 2004 : Noël Mamère, maire de Bègles, croyant s’appuyer sur un vide juridique, tente un coup de force et célèbre dans sa mairie le premier mariage gay, qui sera finalement invalidé par la Cour de cassation. 29 mai 2013 : Hélène Mandroux, très active en matière de lutte contre l’homophobie, maire de Montpellier, ville on ne peut plus « gay friendly », célèbre le premier mariage d’un couple de même sexe en France, celui de Vincent et Bruno, qui ont déposé leur demande, le 24 avril, le lendemain de l’adoption par le Parlement de la loi dite du « mariage pour tous ». Une adoption qui fait de la France le neuvième pays européen à disposer de ce type de législation. Non sans mal et au terme d’un affrontement comme la France les adore, mais que l’on n’avait pas imaginé aussi tendu voire violent.

Un combat tout-terrain En effet, l’affaire semblait entendue depuis le début des années 2000 où, sondage après sondage, l’opinion se dit majoritairement (63 %) favorable au mariage entre deux personnes du même sexe. Mais, en novembre 2012, quand le gouvernement dépose son projet de loi, tout s’emballe : le match séculaire de « la Vendée contre la Bastille » peut reprendre. D’un côté le clan des « pour », le peuple de gauche et des progressistes, le peuple de la « Bastille », qui met en avant la prédominance de la culture sur la nature et la biologie, la pluralité évidente des modèles familiaux, l’extension des droits de la personne jugés plus importants que les préférences sexuelles. De l’autre, le clan des « contres », le peuple « vendéen ou versaillais », un front catholico-traditionnaliste-conservateur qui a l’appui de l’ensemble des autorités religieuses et qui dénonce les bouleversements touchant la filiation, la place des enfants, l’ordre sexué, la famille mais aussi cet objet mal nommé, « mariage pour tous », jusqu’à convoquer Albert Camus pour qui « mal nommer un objet, c’est ajouter au malheur du monde ». Un mouvement qui n’entend pas s’arrêter là… Et la rue de devenir le terrain où chacun compte ses divisions : là, avantage aux « anti ». Certes, le clan progressiste va bien parvenir à faire descendre dans la rue 400 000 partisans, mais c’est sans commune mesure avec les mobilisations à répétition des « anti » qui culminent avec la « Manif pour tous » du 13 janvier, qui rassemble plus de 800 000 per-

Avec ce projet de loi en faveur du « mariage pour tous », le match séculaire de « la Vendée contre la Bastille » peut reprendre  sonnes. Une mobilisation comme rarement on en avait vu, qui étonne politiques et médias, peu dans les habitudes de la France traditionnaliste et conservatrice, la rue étant en général le champ de bataille et d’élection des forces de gauche, notamment syndicales. Idylle et édiles Autre terrain de bataille sensible, celui où en dernier recours va se jouer l’application de la loi : la mairie. En février 2013, un sondage révèle que 52 % des maires sont opposés à la célébration du « mariage pour tous » dans leur mairie ; et ce sont 18 000 élus qui réclament de pouvoir bénéficier d’une clause de conscience : clause un temps envisagée par un président hésitant et finalement refusée. Pendant ce temps-là, Bruno et Vincent peaufinaient leur plan de tables dont chacune porte le nom d’une figure de la discrimination : Harvey Milk, conseiller municipal de San Francisco assassiné, Alice Nkom, avocate camerounaise défenseure des minorités, Rosa Parks, activiste afro-américaine… Une manière de rappeler qu’en matière de discrimination, les victoires sont fragiles et que le combat continue. n

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époque // exposition

De l’art du langage Par Barbara Guicheteau

En partenariat avec le Louvre, le Rockbund Art Museum de Shanghai met en lumière, jusqu’au 11 août, les interactions entre art et littérature, geste et langage.

D

epuis le 27 avril, le langage est au cœur d’une exposition organisée au Rockbund Art Museum (RAM) de Shanghai. Un langage universel, où les notions de sens et de forme se confondent et se répondent à travers l’art et par-delà les frontières. La preuve en une œuvre emblématique : la Magic Carpet (2006) de Xu Bing. L’artiste chinois y déploie, en grand format, des caractères inédits, issus de la fusion de l’alphabet latin et de la calligraphie asiatique. L’en-

semble, ordonné suivant un code couleur, (re)compose des extraits de textes religieux. Le plasticien invite ainsi le public à une réflexion sur l’écriture, en tant que signe artistique et construction sociale. Une double dimension que l’on retrouve dans le travail de l’Américaine Jenny Holzer. Son Purple (2008), installation de 19 leds lumineuses diffusant un message politique, combine force visuelle et pouvoir critique. Dans la même veine, le Réveil (2012-2013) de Martin Salazar confine le visiteur dans une chambre obscure, où trône, seule dans la lumière, une antique machine à écrire, tandis que résonnent dans l’ombre le claquement des doigts sur les touches. Une œuvre inspirée du Procès de Kafka, dont un fragment figure d’ailleurs à l’entrée de la pièce. Référence littéraire encore, avec The Order of Birds (2013) de Xu Bing. Suspendue dans l’espace, sa trame de métal donne corps à un poème

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Le plasticien invite le public à une réflexion sur l’écriture, en tant que signe artistique et construction sociale de Saint-John Perse, lui-même influencé par le cubisme de Georges Braque. Un aller-retour entre art et littérature, relayé par des ateliers et rencontres, proposés en marge de l’exposition, temps fort du festival Croisements 2013(1). Entre autres écrivains invités dans ce cadre : Serge Bramly, auteur d’une biographie de Léonard de Vinci, et Philippe Djian, lauréat 2012 du prix Interallié pour son roman « OH… » « Écrire, c’est lire en soi » Au-delà des convergences entre geste et langage, les commissaires français de l’événement – Larys Frogier, directeur du RAM, et Pascal

© RAM

Purple, de Jenny Holzer (2008).

Torres Guardiola, conservateur au Louvre – ont orchestré une confrontation des époques et des techniques. Illustration avec le singulier Abécédaire d’après le Maître E.S. (15e siècle) de Cécile Reims, daté de 1980 ; ou l’installation vidéo Les Funérailles de Mona Lisa (2013) de Yan Pei-Ming. Plus intime, la fresque I Still Remember (1998-2013) de Yang Jiechang se métamorphose au gré des rencontres de l’artiste, qui y consigne le nom de ses compagnons de route : l’écrit, doublé d’un enregistrement déclinant l’identité de ces amitiés, présentes et passées, prend alors valeur de souvenir. Une démarche introspective qui fait écho à cette citation de Frédéric Beigbeder, convié à Shanghai le 27 juin : « La littérature se souvient de ce que nous avons oublié : écrire, c’est lire en soi » (Un roman français). n 1. Festival français en Chine : http://www. faguowenhua.com/festival-croisements-2013

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La langue française accueille chaque année de plus en plus de bandes dessinées de nationalités différentes. Serait-elle donc en passe de devenir la langue du neuvième art ? Question pertinente, si l’on en croit Voltaire : « Les grands hommes perfectionnent les langues par les bons livres et la première de toutes les langues est celle qui a le plus d’excellents ouvrages. »

1 465 mangas ont été traduits et importés en France pour la simple année 2012.

La langue française,

sanctuaire des

bandes dessinées mondiales Par Stéphane Beaujean et Sébastien Langevin

H Stéphane Beaujean est membre du comité de programmation artistique du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême. Sébastien Langevin est rédacteur en chef du Français dans le monde.

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istoriens et critiques peuvent débattre pour déterminer le pays de naissance du neuvième art, les experts arguer que c’est au Japon, contrée de la lecture par excellence, que la bande dessinée se vend le mieux… Tous s’accordent en revanche pour affirmer qu’aujourd’hui, la terre d’accueil de la bande dessinée, celle sur laquelle une majorité de cultures et de nations prospère en bulles et en cases, c’est le territoire francophone. Pour quelles raisons ? Ce n’est en tous cas pas en réponse à un quelconque « génie de la langue » ou à un mariage poétique tel que pourraient par exemple l’argumenter les écrivains Julia Kristeva ou Emil Michel Cioran. Non, si la langue française pourrait aujourd’hui se targuer d’être la langue de la bande dessinée, c’est sim-

plement parce qu’elle accueille la plus grande variété de livres, de nations et de cultures. Cet état de fait est le fruit d’une double évidence pour tout observateur des mouvements entre les différentes bandes dessinées mondiales. Politique de traduction Une évidence commerciale tout d’abord. Le territoire francophone se place sur la troisième marche du podium des consommateurs de bande dessinée, derrière le Japon et les ÉtatsUnis. Mais elle est première en terme de traduction de livres étrangers. La bande dessinée japonaise reste en effet, à ce jour, identifiée par la proéminence d’une production industrialisée (3 éditeurs occupent à eux seuls 60 % du marché) à visée divertissante. Tous les publics et toutes les tranches d’âges sont concernés, ce qui constitue un lectorat immense, sans commune mesure ailleurs dans le monde (2 milliards d’eu-

ros de chiffre d’affaire pour 5 milliards de volumes vendus en 2012). En revanche, si l’articulation des genres et de sous-genres y est parfaitement maîtrisée, seule la production purement japonaise y trouve grâce. Un protectionnisme industriel, conjugué à une grande réticence du public à s’intéresser à des formes de bande dessinée éloignées de la leur, empêchaient tout succès possible à la bande dessinée étrangère. Si depuis quelques années la situation change, le processus reste lent et les importations peu importantes (quelques dizaines cette année, super héros exceptés). La seconde terre de bande dessinée est américaine (530 millions de dollars en

Le territoire francophone est sur la troisième marche du podium des consommateurs de bande dessinée, mais en première place en terme de traduction de livres étrangers Le français dans le monde // n° 388 // juillet-août 2013

© GREEN BLOOD Masasumi Kakizaki / Kodansha Ltd.

cultures


Les Carnets d’un New-Yorkais, de Peter Kuper.

© Actes Sud

Une planche d’Exit Wounds, de l’Israëlienne Rutu Modan.

2012) et prospère sous trois grandes formes. Tout d’abord, dans les grands quotidiens sous forme de récit humoristique en quelques cases. Ensuite, dans des petits fascicules contant les aventures trépidantes de super-héros costumés, vendus en kiosque et en librairies très spécialisées. Enfin, sous la forme de récits aux ambitions littéraires ou de documents plutôt adultes, souvent appelés romans graphiques, vendus sous forme de livres dans les librairies généralistes. Les États-Unis, certes, traduisent nombre de bandes dessinées étrangères, la quantité reste cependant bien moindre qu’en France. Par exemple, moins d’un millier de manga sont ainsi adaptés en anglais chaque année depuis 2010(1), alors que pour la simple année 2012, la France en a elle importé et traduit 1 465(2). La même année, 448 titres américains ont été adaptés pour le territoire francophone européen(3) (sans compter l’immense majorité de

romans graphiques d’origine étrangère qui n’est pas distinguée des homologues francophones dans les sondages), pour quelques dizaines de titres français publiés aux États-Unis. Le mouvement de traduction massif et régulier qui s’opère en France depuis des décennies dépasse très largement l’intérêt nouveau que développent réciproquement les ÉtatsUnis et le Japon pour la bande dessinée dite « franco-belge ». Ainsi, si le marché de la France n’est pas le plus important (352 millions d’euros de chiffre d’affaires pour 32 millions d’albums vendus en 2012), il reste, et cela depuis plus de trente ans, le plus diversifié et le plus largement ouvert aux ouvrages étrangers avec bien plus d’un tiers de sa production composé de traduction et d’imports ces dix dernières années. Une langue refuge Une évidence éditoriale, ensuite. Que vous soyez un jeune artiste d’Afrique

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du Sud, isolé dans un pays dans lequel la bande dessinée n’a ni tradition ni marché, ou un génie de la scène alternative américaine, vos deux ouvrages trouvent un égal accueil en France. Les petites maisons d’édition y sont plus nombreuses, la concurrence est plus rude et la curiosité éditoriale doublement nécessaire. Pour preuve, les exemples de bandes dessinées américaines, aux formes ou aux sujets difficiles, d’abord publiées en français deviennent de plus en plus nombreux. Ces derniers mois, on peut citer Abaddon, le premier livre de Koren Shadmi, un New-Yorkais d’origine israélienne inspiré par Sartre, mais également Les Carnets d’un New- Yorkais de Peter Kuper, vieux routard de la scène alternative américaine qui peine aujourd’hui à trouver un éditeur dans son propre pays. En Espagne, nombre de dessinateurs apprennent la langue française par manque de scénariste et d’éditeur dans leur pays. Auteurs sud-africains et israéliens émergent en nombre et publient simultanément en français et en anglais afin de rencontrer un lectorat suffisant pour leur permettre de vivre de leur plume. En Chine, certaines bandes dessinées difficiles à publier trouvent d’abord refuge en France, pour mieux revenir ensuite

La langue française offre une grande diversité de bandes dessinées à laquelle participent les « réfugiés culturels » dans leurs pays, auréolées d’un succès à l’étranger. La liste des exemples est longue. Tout comme un grand nombre de dramaturges ou de romanciers qui « trouvèrent refuge » dans la langue française au cours du xxe siècle, des auteurs de BD du monde entier choisissent aujourd’hui le français pour s’exprimer, par opportunisme éditorial, certes, mais aussi afin de rencontrer un lectorat susceptible de s’intéresser à leur création. C’est donc bien en langue française que la plus grande diversité de bandes dessinées est disponible. Une diversité à laquelle participent évidemment, outre les traductions et les « réfugiés culturels », les productions des contrées francophones que sont la France, la Belgique, la Suisse, le Québec ou l’Afrique francophone. Mais c’est là une autre histoire… n 1. Numérologie 2012, une analyse du marché de la bande dessinée, Xavier Guilbert, Éditions H. 2. Bilan 2012, Gilles Ratier, secrétaire général de l’ACBD (Association des critiques et journalistes de bande dessinée). 3. France, Wallonie, Luxembourg, Suisse romande.

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130 ans d’Alliances françaises [3/6]

© AFB

Ciné-concert organisé par l’AFB au cinéma Liberty.

L’Alliance française au cœur du Mumbai branché

depuis 75 ans T

Au cœur de la mégalopole la plus dynamique de l’Inde, la vénérable institution française suit l’air du temps. Petite visite guidée.

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Par Clea Chakraverty

heosophy Hall, en face de l’ancien centre culturel américain, à côté de l’université Nirmala, derrière la gare de Churchgate. Oui, là, juste à côté du vendeur de jus de cannes à sucre… » Pas si simple de trouver l’Alliance française de Bombay, officiellement située au « 40, New Marine Lines ». En effet, à Mumbai, anciennement Bombay1, impossible de trouver un lieu avec son adresse. Les noms des rues ne disent rien à personne, voire n’existent que sur GPS. Mieux vaut donc avoir quelques points de repères... L’Alliance française de Bombay n’est indiquée que d’une jolie mais discrète plaque en pierre à l’entrée de la Société théosophique,

centre de recherches sur les sciences et les religions. Rares sont ceux qui fréquentent encore ce reliquat culturel d’un autre temps, dont le nom pourtant demeure : les visiteurs enthousiastes qui s’attardent sur le perron conversent en français. Située au sud de Mumbai, l’AFB a évolué et grandi avec la ville. Forte de neuf centres disséminés intelligemment à travers la mégalopole, elle

« Nous avions le choix entre le sanskrit, le marathi et le français. J’ai choisi le français, qui me donne une ouverture sur le monde et une possibilité de travailler à l’étranger »

jouit toujours autant de son prestige historique. Pour les fils de bonne famille, apprendre le français était une marque d’élégance et de savoir-vivre. Aujourd’hui, c’est une alternative intéressante à l’enseignement des langues régionales dans un pays fédéral et linguistiquement complexe, où dixhuit langues officielles se partagent le territoire. « Nous avions le choix entre le sanskrit, langue pour moi vétuste, le marathi, régionale, et le français. J’ai choisi le français, qui me donne une ouverture sur le monde et une possibilité de travailler à l’étranger », explique Siddharth, jeune banquier aujourd’hui émigré à Londres. Il fait partie des 3 500 à 4 000 étudiants qui, chaque année, apprennent le français à l’AFB. À la pointe de la culture… Cette dernière voit le jour en 1938, mais il faut attendre 1948 pour que se développe l’aspect culturel de l’institution. Les membres sont alors surtout des cinéphiles, qui apprécient le caractère transgressif et éclectique de la programmation. « Lorsque nous étions jeunes, peu

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Inauguration du centre de Santacruz, en mars 2012.

© AFB

Réunion à l’AFB lors du concours « Les 10 mots de la Francophonie » 2013.

après l’Indépendance de l’Inde (en 1947, ndlr), il y avait beaucoup de censure et nous n’avions pas accès aux films étrangers », se souvient Arun Mehta, 87 ans, doyen assidu des membres de l’AFB. Plus de soixante ans après, le cinéma demeure l’événement le plus sollicité et le mieux suivi dans la politique culturelle mise en place par l’AFB. Tout d’abord projetés au sein de son auditorium, les films, gratuits, sont en plus visibles dans un grand cinéma, souvent à l’occasion de festivals. L’Alliance française accompagne ainsi, depuis sa création en 2010, le festival lesbien, gay, bisexuel et transgenre (LGBT) Kashish qui, cette année, a reçu « une couverture médiatique retentissante et plus de 1 500 spectateurs », selon son cofondateur, Sridhar Rangayan. Un succès phénoménal dans un pays où l’homosexualité n’est dépénalisée que depuis 2009. Afin de solidariser et atteindre un public de plus en plus divers, topographie de Mumbai oblige – 21 millions d’habitants, un émaillage routier et urbain en entonnoir monstrueux où il faut compter en moyenne une à deux heures par trajet –, l’Alliance française a noué au fil des années de solides partenariats avec des acteurs culturels et institutionnels bien ancrés dans la ville. Une vo-

« À chaque fois que je me rends à un événement de l’Alliance française de Bombay, j’ai l’impression de retrouver ma jeunesse » lonté poursuivie par l’équipe d’Anne Dubourg, directrice de l’AFB depuis quatre ans. Vernissages, expositions, concerts, performances artistiques plus confidentielles, tous les rendez-vous sont bons pour dénicher de nouveaux lieux culturels où raffermir les liens déjà très forts existant entre l’AFB et la ville. Ainsi, membres et étudiants peuvent écouter des concerts de musiques actuelles dans une des meilleures salles en Inde, le blueFrog, voir des performances de danse contemporaine ou écouter des concerts de musique classique au théâtre Prithvi et au NCPA, deux lieux emblématiques à Mumbai. Les rendez-vous gastronomiques de l’AFB, organisés avec le Novotel et la grande école hôtelière Dadar Catering College, proposent des approches créatives et artistiques de la cuisine actuelle. Et avec les Journées du Patrimoine (cf. FDLM n° 386), l’AFB réunit chaque année un public d’aficionados indiens et de visiteurs étrangers à la découverte

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des secrets de la cité. Par ailleurs, les quartiers bougent et se transforment. Theosophy Hall, « Theo » comme disent les habitués, bâtiment art déco, terne et un peu snob, est désormais à deux pas d’une multitude de nouveaux lieux branchés comme ces « bistrots » à la française, le dernier chic des quartiers touristiques de Colaba et de Kala Ghoda. Ces lieux accueillent avec plaisir les programmes ponctuels de l’AF, expositions photos, projets étudiants et ateliers dégustation ou artistiques favorisant l’usage de la langue et l’échange. … et de la technologie Toujours stratégiquement localisé, le dernier centre de classes a été aménagé en 2011 dans un centre commercial de Santacruz, banlieue nord facile d’accès, et s’est doté de tableaux blancs interactifs, de salles modernes, bien agencées et conviviales. Pour ceux qui ne peuvent pas toujours se déplacer, l’AFB reste à la pointe des échanges, défiant « Maximum city »2 avec son ensemble d’outils numériques pédagogiques et culturels. Les réseaux sociaux sont extrêmement sollicités pour la communication et la pédagogie, comme le réseau social apprenant Mumbaikar in French qui permet de déve-

lopper l’écriture en langue française des 3 000 étudiants inscrits. « Notre communauté éducative est très active en ligne,résume David Cordina, directeur pédagogique à l’initiative de l’environnement numérique de l’AFB. Dans cette cité en bouillonnement perpétuel, les outils numériques mobiles permettent à nos étudiants de tout niveau de continuer à pratiquer et poursuivre à distance le plaisir qu’ils ont eu en classe. » Et comme l’indique Nadir Godrej, francophile de longue date : « À chaque fois que je me rends à un événement de l’AFB, j’ai l’impression de retrouver ma jeunesse. Nous nous échappions de la routine en fréquentant le ciné-club et en suivant les cours de français, l’AF était alors le point de rassemblement des europhiles de Mumbai. » Cet homme d’affaires de renom en Inde ponctue souvent ses discours d’idiomes et de jeu de mots en français. Il est l’actuel président du comité de l’AFB. « Cette Alliance est toujours aussi fidèle à sa mission. C’est une enclave unique d’échanges à Mumbai, un vrai coin de France. » n 1. Ce sont les Portugais, puis les Britanniques qui la baptisèrent ainsi. La ville a officiellement adopté le nom « indianisé » Mumbai en 1995. 2. Bombay Maximum City est le titre d’un livrereportage de Suketu Mehta qui explore en profondeur et sans concession la vie tumultueuse de la mégalopole indienne.

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documents Récapitulatif des documents sonores du Français dans le monde Reportages audio et transcriptions disponibles pour les abonnés à la revue papier sur www.fdlm.org Actualité

• Le zapping de mai-juin 2012 : le Festival de Cannes ; une surveillance accrue du baccalauréat ; les Jeux olympiques. Juillet 2012 • Le zapping de mai 2012 : spécial présidentielle. Mai 2012. Le zapping de février 2012 : dernière limite pour échanger ses vieux francs ; un appel au secours pour la ville de Homs en Syrie ; le triomphe du film The Artist. Mars 2012 • Le zapping de janvier 2012 : la Légion d’honneur donnée à Aung San Suu Kyi ; deux pandas géants prêtés par la Chine ; le film The Artist. Février 2012 • Le zapping d’octobre-novembre 2011 : une nouvelle forme d’épuisement chez les enseignants ; le rajeunissement des cellules ; le prix Goncourt attribué à Alexis Jenni. Novembre 2011 • Le zapping de septembre-octobre 2011 : la commémoration de l’abolition de la peine de mort ; le TGV au Maroc ; un socialiste à la présidence du Sénat ; la mort de Steve Jobs. Octobre 2011 • Le zapping de l’été 2011 : la sécheresse dans la Corne de l’Afrique ; une « règle d’or » pour la zone euro ; un judoka français à l’honneur. Septembre 2011 • Le zapping d’avril-mai 2011 : hommage à Aimé Césaire ; les derniers travaux de confinement à Tchernobyl ; des quotas dans le football français ; la mort de Ben Laden. Mai 2011 • Le zapping de janvier 2011 : le tremblement de terre en Haïti un an après ; la Révolution tunisienne vue de Paris ; la repentance de la SNCF pour son rôle dans la Shoah. Février 2011 • Le zapping de septembre-octobre 2010 : la mort de Claude Chabrol ; la condamnation de l’ex-trader Jérôme Kerviel ; grève massive contre la réforme des retraites. Novembre 2010 • Le zapping de l’été 2010 : 14 juillet, des troupes africaines défilent sur les Champs-Élysées ; un discours musclé sur la sécurité ; les championnats d’Europe d’athlétisme ; la rentrée scolaire. Septembre 2010 • Le zapping de mai 2010 : l’OM, champion de France de football ; la fin de la retraite à 60 ans ; les Champs-Élysées transformés en champ géant. Juin 2010 • Le zapping de mars-avril 2010 : Simone Veil élue à l’Académie française ; la sécurité à l’école ; la tempête Xynthia. Avril 2010

Chanson

•Dominique A. Janvier 2013 • Un vent de révolte avec le chanteur belge Arno. Novembre 2012 •Québec : le groupe Monogrenade. Juillet 2012 •Catherine Ringer. Juin 2012 •Juliette Gréco : un nouvel album. Avril 2012 •Belgique : Stromae. Octobre 2011 •L, alias Raphaële. Juin 2011 •La chanson francophone sur les radios. Avril 2011 •Florent Marchet. Janvier 2011

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•Zaz. Octobre 2010 •Carmen Maria Vega. Mai 2010 •Hommage à Jean Ferrat. Mars 2010

Écologie, environnement, agriculture

•Québec : le vin de glace. Octobre 2012 •Paroles d’enfants : le manque d’eau. Juin 2012 •Québec : le sirop d’érable. Mai 2012 • Salon de l’agriculture : la plus belle vache du Salon. Avril 2012 •Québec : météo, le facteur vent. Avril 2012 • Des « continents » de déchets plastiques dans les océans. Février 2012 •L’espace poubelle. Octobre 2011 • Une expérience de recyclage des eaux usées. Octobre 2011 •Alerte sécheresse sur la France. Juillet 2011 • Les Amap, associations pour le maintien d’une agriculture paysanne. Mai 2011 •L’histoire du pain. Mai 2011 •Tremblement de terre au Japon. Avril 2011 •Le premier marché aux bovins du web. Mars 2011 •La crise de l’élevage. Février 2011 •Les pommes du Limousin. Décembre 2010 •Les déchets radioactifs. Décembre 2010 • La voiture électrique a-t-elle un avenir ? Novembre 2010 •Les moissons haute technologie. Octobre 2010 •Les néo-ruraux. Juin 2010 •Shanghai Expo 2010. Mai 2010

Économie

•L’exil fiscal expliqué aux enfants. Mars 2013 • Le nombre de chômeurs franchit la barre des 3 millions. Novembre 2012 •Le covoiturage. Juin 2012 •Des boîtiers pour une « éco-conduite ». Avril 2012 •Le Crédit municipal de Paris ou « Ma tante ». Janvier 2012 •Une banderole pour recruter. Décembre 2011 • La politique de vente immobilière des biens de l’État. Juillet 2011 • Les Amap, associations pour le maintien d’une agriculture paysanne. Mai 2011 •Le premier marché aux bovins du web. Mars 2011 •Le mécénat de compétences. Mars 2011 •La crise de l’élevage. Février 2011 •La grogne des routiers. Juillet 2010 • « Ma tante » ne connaît pas la crise, ou les prêts sur gage. Juin 2010 •Shanghai Expo 2010. Mai 2010 •La pénurie de pompiers. Avril 2010 •Les Restos du cœur. Mars 2010 •Le mécénat d’entreprise. Mars 2010

Éducation

• Les élèves « décrocheurs ». Mai 2013 •La fermeture d’une école rurale. Septembre 2012 • Se préparer aux épreuves de français du bac. Juillet 2012

•Des manuels scolaires numériques. Février 2012 •La rentrée à l’école maternelle. Septembre 2011 •La suppression de postes d’enseignants. Avril 2011 • La tête et les jambes, ou une expérience de nouveaux rythmes scolaires. Septembre 2010 •Les rythmes scolaires. Avril 2010

Francophonie

• République démocratique du Congo : les en fants des rues de Kinshasa. Juillet 2013 • Sénégal : La Pirogue, un film de Moussa Touré. Janvier 2013 • Belgique : un vent de révolte avec le chanteur belge Arno. Novembre 2012 •Québec : le vin de glace. Octobre 2012 •Québec : le groupe Monogrenade. Juillet 2012 •Liban : Dominique Eddé : Kamal Jann. Mai 2012 •Québec : le sirop d’érable. Mai 2012 •Québec : météo, le facteur vent. Avril 2012 •Belgique : le chanteur Stromae. Octobre 2011 •Québec : Fred Pellerin, conteur québécois. Décembre 2010 • Sénégal : Fatou Diome : Le visage de l’emploi (texte lu). Septembre 2010

Langue française

•Les insultes. Octobre 2012 • Se préparer aux épreuves de français du bac. Juillet 2012 • Expolangues 2012 : la langue française à l’honneur. Mars 2012 •Proverbes animaliers. Novembre 2011 • Mots en toc et formules en tic, ou nos tics de langage. Juin 2011 • « Eh, va donc, eh, phonard ! » : le néologisme de l’année. Janvier 2011 •Le scrabble a 80 ans. Septembre 2010 •Un tournoi de slam au théâtre de l’Odéon. Avril 2010

Littérature

•Michael Edwards élu à l’Académie française. Mai 2013 •Le prix Femina attribué à Patrick Deville. Janvier 2013 • Poésie : L’Hirondelle de Philippe Delaveau (texte lu). Septembre 2012 •Dominique Eddé : Kamal Jann. Mai 2012 • Au Salon du livre : la Japonaise Ryoko Sekiguchi. Mai 2012 •Le Printemps des poètes. Avril 2012 • Victor Hugo : À ceux qu’on foule aux pieds (texte lu). Avril 2012 • Le prix Goncourt des lycéens attribué à Carole Martinez. Décembre 2011 •Alexis Jenni, dernier prix Goncourt. Novembre 2011 •Brigitte Aubert : Tendres duos (texte lu). Septembre 2011 •Irène Némirovsky : Suite française (texte lu). Avril 2011 • Michel Butor au Printemps des poètes 2011 (textes lus). Mars 2011 •Hommage à Andrée Chedid. Mars 2011 • Fatou Diome : Le visage de l’emploi (texte lu). Septembre 2010 Le français dans le monde // n° 388 // juillet-août 2013


•Les étoiles noires de Lilian Thuram. Juin 2010 •Andrée Chédid : L’escapade des saisons (texte lu). Mai 2010 •Anthony Phelps : Mon pays que voici (texte lu). Mars 2010

Micro-trottoir, points de vue croisés

• « Soleil ». Juillet 2013 •« Demain ». Mai 2013 •« Mariage ». Mars 2013 •« Choisir ». Janvier 2013 •« Visage ». Novembre 2012 •« Gagner ». Septembre 2012 •« Marche ». Juillet 2012 •« Étrange ». Mai 2012 •Le vendredi 13. Mai 2012 •« Parler ». Mars 2012 •« Caprice ». Janvier 2012 •« Blanc ». Novembre 2011 •Tintin et « Le secret de la Licorne » au cinéma. Novembre 2011 •« Séduction ». Septembre 2011 •« Hasard ». Juillet 2011 •« Jeunesse ». Mai 2011 •Le nucléaire. Avril 2011 •Devoir d’ingérence. Avril 2011 •La journée de la femme. Mars 2011 •La vraie vie. Mars 2011 •Les bonnes résolutions pour 2011. Février 2011 •Les journées du patrimoine. Septembre 2010 •« Voyage ». Juin 2010 •« Livre ». Mai 2010 •« Bonheur ». Mars 2010

Patrimoine

•La Nuit des musées. Juillet 2013 •Une tradition : la baguette de pain. Juillet 2013 •Le nouveau Louvre de Lens. Mai 2013 •Le Musée des Arts Forains. Octobre 2012 •Une petite église en Creuse à sauver. Novembre 2011 •Tintin et le cinéma. Novembre 2011 •Le Vieux-château de l’île d’Yeu. Octobre 2011 •La fête de la gastronomie. Octobre 2011 • La politique de vente immobilière des biens de l’État. Juillet 2011 •La 2 CV qui penchait. Juin 2011 •L’histoire du pain. Mai 2011 • Le repas gastronomique français classé au patrimoine immatériel de l’Unesco. Avril 2011 •Le retour du drapeau disparu. Novembre 2010 • Un haut lieu de l’histoire sociale : le Familistère. Septembre 2010 •Micro-trottoir : les journées du patrimoine. Septembre 2010 •Le parc de Versailles dix ans après la tempête. Juillet 2010 •Le phare de Cordouan. Mars 2010

Politique

•L’intervention française au Mali. Mars 2013. •Le zapping de mai 2012 : spécial présidentielle. Mai 2012 •Élection présidentielle : paroles d’enfants. Mai 2012 •Élection présidentielle : métier, garde du corps. Avril 2012 •Élection présidentielle : la course aux parrainages. Mars 2012 • Élections : les limites des sondages d’opinion. Février 2012 Le français dans le monde // n° 388 // juillet-août 2013

• Le droit de vote des étrangers aux élections locales. Janvier 2012 • La politique de vente immobilière des biens de l’État. Juillet 2011 •Micro-trottoir : « devoir d’ingérence ». Avril 2011 •Les harkis. Décembre 2010 •Les élections régionales. Avril 2010

Portraits, hommages

•Neil Armstrong. Octobre 2012 •Roland Moreno, l’inventeur de la carte à puce. Juin 2012 •Raymond Aubrac. Mai 2012 •Andrée Chedid. Mars 2011 •Simone Veil. Avril 2010 •Nelson Mandela. Avril 2010 •Jean Ferrat. Avril 2010

Régions

• Un petit village auvergnat touche le pactole. Janvier 2013 •La fermeture d’une école rurale. Septembre 2012 •Une banderole pour recruter. Décembre 2011 •Une petite église en Creuse à sauver. Novembre 2011 •Les insulaires du Ponant. Octobre 2011 • Une expérience de recyclage des eaux usées. Octobre 2011 •La 2 CV qui penchait. Juin 2011 • Les Amap, associations pour le maintien d’une agriculture paysanne. Mai 2011 •Les pommes du Limousin. Décembre 2010 •Les moissons haute technologie. Octobre 2010 •Les pompiers boulangers. Octobre 2010 •Un nouvel épicier à Saint-Donat. Septembre 2010 •Les néo-ruraux. Juin 2010 •Les élections régionales. Avril 2010 •Internet à la campagne. Avril 2010

Santé, médecine

• Anniversaire : Amandine, le premier bébé éprouvette. Octobre 2012 •Les vaccins. Avril 2012 • Les jeux vidéo et leur impact sur la santé des enfants. Décembre 2011 •Le prix Nobel de médecine. Octobre 2011 •Le manque de pédiatres en France. Avril 2011

•Le scandale du Mediator. Janvier 2011 •Les accidents de la vie courante. Juillet 2010 •Les rythmes scolaires. Avril 2010

Société

•L’exil fiscal expliqué aux enfants. Mars 2013 •Le nombre de chômeurs franchit la barre des 3 millions. Novembre 2012 •Le simulateur d’entretiens d’embauche. Octobre 2012 •Le covoiturage. Juin 2012 • « Ma tante » ou le Crédit municipal de Paris. Janvier 2012 •Le smartphone fil à la patte. Juin 2011 • Une histoire de couleurs ou la force symbolique des couleurs. Février 2011 •Les pompiers boulangers. Octobre 2010 • « Ma tante » ne connaît pas la crise, ou les prêts sur gage. Juin 2010 •Les néo-ruraux. Juin 2010 •La pénurie de pompiers. Avril 2010 •Les Restos du cœur. Mars 2010

Sport

•L’Ultra-Trail du Mont-Blanc. Janvier 2013 •Les Jeux olympiques. Septembre 2012 •Les étoiles noires de Lilian Thuram. Juin 2010

Technologie, sciences

• Les mots de passe ne nous protègent pas assez. Mars 2013 •Invention : l’appareil photo numérique. Janvier 2013 •Invention : l’histoire du GPS. Janvier 2013 • Invention : l’histoire de la télécommande. Novembre 2012 • Montre-moi comment tu tapes, je te dirai qui tu es. Octobre 2012 •L’écoute de la musique en streaming. Octobre 2012 • Hommage à Roland Moreno, l’inventeur de la carte à puce. Juin 2012 •Des boîtiers pour une « éco-conduite ». Avril 2012 •Météo : le facteur vent. Mars 2012 •Des manuels scolaires numériques. Février 2012 • Le robot Curiosity à la découverte de Mars. Janvier 2012 • Les jeux vidéo et leur impact sur la santé des enfants. Décembre 2011 •Des visites virtuelles de magasins. Décembre 2011 • Les pirates du nouveau monde ou le piratage informatique. Novembre 2011 •Les 100 ans d’IBM. Juillet 2011 •Le smartphone fil à la patte. Juin 2011 •La fusée Ariane. Mars 2011 •La loi Hadopi six mois après. Mars 2011 • Cadeaux insolites pour amateurs de haute technologie. Janvier 2011 • La voiture électrique a-t-elle un avenir ? Novembre 2010 •La fin des numéros de téléphone. Novembre 2010 •Le succès de Facebook. Octobre 2010 • Portrait d’un pirate : François le Hacker. Septembre 2010 •À l’école des astronautes. Avril 2010 •La culture sur le mobile. Avril 2010 •Internet à la campagne. Avril 2010

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