Social#1newspaper

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le journal du social club tous les 2 mois – gratuit oct + nov 13 – numéro 01


9 ans


numéro 01

bimestriel gratuit – oct + nov 2013

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sommaire

L’édito de Manu Barron Les brèves d’Anthony Ferrat Fafi : The Carmine Vault Horfée La collection de vikings de Gaspard Augé Le Social vu par… Benjamin Marra : Night Business En travers par David Blot Jonny Negron : Batmon Les voyages de So Me Octobre au Social Club Novembre au Social Club Best of both worlds par Guillaume Berg et Brodinski Herriman : Krazy Kat

Directeur de publication : Arnaud Frisch Rédacteur en chef : Manuel Morin Directeurs artistiques associés : So Me, Manu Barron, Fakepaper Secrétaire de rédaction : Élise Sauvinet Rédacteurs : Guillaume Berg, David Blot, Brodinski, Anthony Ferrat Ont participé à ce numéro : Gaspard Augé, Tim Barron, Arthur Castillon, Fafi, Horfée, Benjamin Marra, Jonny Negron, Arthur Palluy, Marc Voline

Édito

De l’art de faire un magazine en 10 étapes :

1 / Manu. B à So Me Beber, rappelle-moi j’ai une idée de con (as usual…), je sais que tu ne manques pas de projets mais ça peut te faire marrer. 2 / So Me à Manu. B Manu, c’est Bertrand. J’ai eu ton message, ça me branche bien ton truc, là je ne suis pas dispo avant la fin de semaine prochaine, captons-nous vite pour que tu m’en dises plus, mais Charlie Mensuel ça me parle, Pantone de malade mec. 3 / Manu. B à Fafi Fafi, rappelle-moi stp ; on est sur un projet de nouveau mag’ bimestriel et gratos pour le Social avec Beber, Blot, Bergos… et on aimerait vraiment avoir chaque mois quelques pages de The Carmine Vault, mais en noir et blanc. On aura aussi Benjamin Marra qui vient de donner son ok pour Night Business. Allez dis oui ! 3 / Manuel. M à Manu. B Hé Barron rappelle-moi gars, c’est bien ton projet de mag de vendu de limonadier “socdém”. J’ai une idée pour l’invité du mois, je bosse avec Horfée sur un projet qui pourrait coller. Le mec est injoignable et pas easy mais je tente le coup. En tout cas tu peux compter sur moi.

Le journal est édité par La Sociale, SAS au capital de 100 000 euros, 142 rue Montmartre - 75002 Paris, immatriculée au RCS de Paris, n°501 682 082, imprimé par IPPAC (52 000 Chaumont) sur papier recyclé.

5 / Manu. B à David. D David, j’ai eu ton sms. Yes Fafi c’est cool, trop content de l’avoir avec nous dans l’histoire, c’est important pour moi. Sinon je sais pas trop quoi te dire ; moi j’aimais bien l’idée des trois portraits improbables, mais bon si tu veux revenir à un truc plus classique de portrait unique ça me va. Juan Atkins ç’est un bon choix. So Me est chaud pour faire un portrait du mec pour chaque numéro, en plus de la couv’ et de ses deux pages photos.

© La Sociale. Tous droits de reproduction réservés. Date de dépôt légal : à parution. Ne pas jeter sur la voie publique.

6 / Fakepaper à Manu. B Manu, j’arrive pas à joindre Berg, et j’ai vraiment besoin de sa page et celle de Brodi pour fin de semaine. Tu peux

lui mettre un coup de pression stp ? Sinon j’ai récupéré la photo de Mikky Blanco, et j’ai rdv avec Gaspard pour la photo de sa collection de vikings. T’as déjà une idée du prochain artiste à qui on propose de shooter sa collection improbable ? 7 / Manuel. M à Manu. B Oui c’est chouette pour Horfée, c’est du lourd. Sinon j’ai une pure nouvelle : le mec qui édite Krazy Kat en France, serait ok pour nous filer une page à chaque numéro. Fat non ? Dans la série hommage à Charlie Mensuel, la boucle est bouclée mon gars. Par contre ça fait pas un peu name dropping de mettre le nom de Gas sur la page viking ? En même temps je sais déjà que tu vas me répondre que tu t’en branles, et que c’est l’idée de base du mag’ de faire des trucs avec des gens qu’on aime. 8 / Élise. S à Manu. B Bonne nouvelle on n’a pas 32 pages couv inclue, mais 32 + la couv’… Donc on peut publier les 2 planches que Jonny Negron t’a envoyées, rajouter la page brèves d’Anthony et démarrer dès le numéro 1 le projet de dessin de kids. Magique non ? 9 / So Me à Fakepaper Bonjour Chloé. Bravo pour la maquette c’est très beau. Ci-joint mes deux pages photos, je vais partir sur deux nations à chaque numéro. J’aime bien la page de Brodi / Berg on ne rajoute rien graphiquement, c’est bien comme ça. Je passe te voir demain pour finaliser tous les détails / PS : le dessin de Tim est ouf. 10 / Fakepaper à Élise. S Élise, il est 21 : 00 je me casse du bureau, Manu m’a toujours pas envoyé son édito, ça fait c… le mag’ doit partir demain midi chez l’imprimeur sinon on ne tient pas les délais. Même Blot et Berg ont rendu leur truc avant lui !!! Donc là je te laisse faire car moi, je sais plus comment faire… Manu Barron

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Brèves TRONCHE DE CAKE Cakes da Killa

Vous connaissez tous les clichés éculés, mais persistants, du rap game. Grosse cylindrée, bitches carossées à rendre jalouse la plus rutilante des Lexus, bijouterie clinquante et autres poncifs du genre. Dolla dolla bill yo ! En marge de ce rap mainstream, gonflé à la testostérone, voici qu’émerge de l’underground newyorkais une nouvelle scène qualifiée de queer rap, électrisée par le revival voguing et ballroom dont les plus brillants poseurs sont Mykki Blanko, Le1f ou bien encore Zebra Katz. Dernier phénomène en devenir, Cakes da Killa. Look ébouriffant, flow détonnant et personnalité débordante, avec des hits tels que Run This Club, le jeune loup ne restera plus underground très longtemps. Vendredi 04 octobre avec Kélé et Kiddy Smile.

ROOKIE OF THE YEAR Chance The Rapper

Sur la carte du rap game, Chicago fait aujourd’hui figure de hotspot. Son taux de criminalité – Chi-Town se voyant rebaptisée ChiRaq – monte aussi vite que la cote de ses jeunes pousses. La relève des Common, Kanye West, Twista ou Lupe Fiasco s’apprête à décrocher le jackpot. Premier à avoir fait sauter la banque, Chief Keef et sa drill music : 4,5 millions d’euros. Merci Interscope. Son homie King Louie affole lui aussi les bookmakers. La dédicace de Kanye himself sur son remix de Don’t Like n’y est pas pour rien. Dans un autre genre, Tree attise les convoitises avec sa soul trap, mais le plus bankable de ses newcomers est sans aucun doute Chance The Rapper. Hautement inspiré par ses illustres aînés, et notamment Yeezus époque College

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Anthony Ferrat

Dropout, Chano a droppé la mixtape de l’année : l’hallucinante Acid Rap et ses invités tout aussi divers que brillants : Action Bronson, Childish Gambino ou Ab-Soul… Alors qui sortira le plus gros chèque au prochain tour de draft ? En concert le lundi 08 Octobre.

MVP OF THE MPC Araabmuzik

Jimmy. Jamais mieux servi que par soimême, le voici qui lance cette année son propre label : UltraMajic. D’inspiration acid, deep ou garage, c’est un sans faute house. Testé et approuvé par les docteurs ès-dancefloor : Richie Hawtin, Tiga, Damian Lazarus, Erol Alkan ou Gesaffelstein. Ultra-recommandé ! Samedi 16 Novembre pour la soirée Zone avec The Hacker.

TORTUE GÉNIALE

Incroyable talent mais vrai. Oui, AraabMuzik aurait pu se faire repérer par le fameux télé-crochet tant sa dextérité à la MPC est bluffante. Véritable prodige de la boîte à rythmes, c’est pourtant le crew Diplomats (Cam’ron, Juelz Santana) qui le premier mit la main sur le phénomène. Beatmaker attitré du collectif pendant son golden age, Dispet faisait alors régner son Purple rap sur la Big Apple, l’élu vole depuis de ses propres ailes, collaborant avec 50 Cent, Busta Rhymes ou Jadakiss, mais développant surtout sa propre signature, une bande son apocalyptique, entre trap psychotique et horrorcore fantasy. À expérimenter, live & direct, bienvenue en enfer ! Vendredi 1er Novembre pour la soirée F*A*L*D avec Supa!, Twinsmatic et Bambz.

Qui peut bien se cacher derrière ce surnom reptilien ? On ne sait que peu de choses de ce projet si ce n’est que circulent depuis quelques mois une flopée de productions racées destinées à remettre le jersey club sur le devant de la scène, ce son initié par le king DJ Sliink, une ghetto dance hybride entre trap music et B-More. Les connaisseurs reconnaîtront des samples de literie grinçante, de quoi vous mettre sur la piste. Vous donnez votre langue au chat ? Réponse à vos interrogations pour la Pelican Fly. Vendredi 22 Novembre pour la soirée Pelican Fly avec Ryan Hemsworth, Yung Lean, DJ Slow…

GARE À EDGAR

BUONA NOTTE

Edgar, Jimmy de son prénom, incarne à lui tout seul la mondialisation actuelle de la musique électronique. Né au début des années 80 à Detroit – la Motor City étant pour les non-initiés le berceau de la techno, adolescent raveur, il s’expatrie à Berlin se faisant repérer au passage par le label culte anglais Warp, collaborant entre temps avec Machinedrum, Richard Divine ou Heidi, capable du grand écart entre Dance Music Intelligente (IDM) ou machine à danser, un exercice où plus d’un s’est embourbé. Pas pour

Cet été, les doux dingues Pachanga Boys – Superpitcher & Rebolledo – battaient des records à corps avec plus de 25h de mix non stop dans un club réculé du Mexique. Moins hippie mais tout autant dance, Vito De Luca aka Aeroplane se dévoile lui aussi en version longue pour une sélection de dates à travers la planète clubbing. Qui refuserait de passer une nuit avec le maestro du nouveau disco, qui nous promet une sélection de boogie, funk & house groovy ? Aeropop, samedi 25 Novembre.

Jimmy Edgar

Trippy Turtle

Aeroplane


Fafi

THE CARMINE VAULT épisode 1

La bande dessinée est un art autosuffisant. Nombre d’artistes qui ne se revendiquent que de cette pratique n’en tirent pas pour autant un résultat satisfaisant. Cet équilibre entre dessin, composition et narration nécessite une humilité qui tient plus de l’artisanat que de la posture artistique. Dans ce labyrinthe, peu

trouvent la sortie. Les artistes qui comprennent les enjeux de ce medium en tirent un fantasme qui comme tout fantasme n’en reste bien souvent qu’à ce stade. C’est pourquoi quand d’aucun franchit le pas il faut attendre sans a priori de voir, de lire. On peut reconnaître à Fafi cette force de volonté et

surtout d’avoir réussi ce tour de force de ne pas se renier. La projection de l’univers de ses fafinettes dans l’espace des cases et de leurs ellipses semble naturelle. Comme si finalement elles vivaient déjà dans ce monde dont nous n’avions vu que des instantanés. Lorine Muman

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à suivre


HORFÉE Si l’on fantasmait la chose on pourrait croire le patronyme de cet artiste choisi pour de bien nobles raisons. Le chant d’Orphée n’est-il pas plus vibrant encore que celui des sirènes au point d’avoir amadoué Cerbère ? Il n’en est sans doute rien, mais n’en demeure pas

moins qu’en se plaçant sous de tels augures, celui qui est reconnu comme l’un des plus importants graffiteurs de sa génération aurait dû se renseigner. Car de son illustre aîné il aurait pu apprendre que l’on ne revient jamais entier des enfers. Cela n’a finalement aucune

importance et notre Horfée ne regrette rien, il se demande même comment ne pas sortir de cet enfer ou plutôt comment s’échapper du sien qui est le vôtre. Même si de celui-là non plus on ne peut s’affranchir. Manuel Morin

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© Arthur Castillon, Mykki Blanco, Social Club le 26 07 2013

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B. Marra

NIGHT BUSINESS Beaucoup d’entre vous ne connaissent pas Benjamin Marra et vous auriez tort de ne pas vous y arrêter. Comme nombre d’artistes de bande dessinée de sa génération, Benjamin Marra a voulu se lancer dans l’exercice périlleux du graphic novel, il ne s’y est pas attardé pour l’instant, tant mieux. Se tournant

épisode 1

sans complexe vers la culture low brow il nous sert des comics dont l’intensité renoue avec ses aînés de l’underground. Mais il est question ici de NWA et de Miami connection, de Giallo et de Crepax. Il serait stupide de se croire dans l’unique champ du kitch. Lorsque Benjamin Marra utilise les codes de

ces films d’action des 80’s c’est qu’il a cru enfant y voir des explications sur le monde inconnu qui l’entourait. Un monde où règne la violence la plus extrême, le sexe tarifé et la drogue. Adulte, cette croyance est devenue certitude. Numa M’Noriel

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à suivre


EN TRAVERS David Blot

Le 31 octobre 2013 pour l’after show du concert de Rone à l’Olympia, le Social Club recevra Juan Atkins.

Pour faire court, et parce qu’en deux clics vous trouverez toutes les infos sur le bonhomme, Juan est considéré avec Kevin ‘Master Reese’ Saunderson et Derrick May comme le parrain de la techno made in Detroit de la fin des années 80. À la différence, par rapport aux deux autres, plus jeunots, qu’il avait déjà marqué la scène musicale underground en 1981 avec le duo Cybotron

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et l’invention d’un son que l’on qualifia d’électro – soit la matrice de la techno. J’ai deux souvenirs de Juan Atkins. Je l’ai d’abord entendu dans une rave quelque part vers 93, 94, je ne sais plus du tout où – il aurait fallu prendre des notes ou garder tous les flyers. À l’époque, parmi les quelque 5000 Parisiens maximum qui pouvaient à peu près savoir correctement ce qu’était la techno, si vous sortiez, il vous fallait alors régulièrement, chaque semaine, chaque soir du week-end surtout, changer constamment de lieu. Tel bâtiment en fin de vie voué à la destruction, telle friche d’usine abandonnée, un coin d’un palais d’exposition de la Porte de Versailles ou un gymnase d’école désaffecté aux bords de Paris. Oui, désolé de casser le mythe, mais toutes les raves n’avaient pas lieu dans des forêts ou sur des plages, mais plus souvent dans des zones industrielles périphériques. Et les endroits étaient uniques, on y faisait UNE fête, qui se passait, bien ou mal, c’était la loterie, mais pas deux – soit parce qu’on considérait que changer régulièrement de lieu faisait partie de la noblesse de l’art de la rave, soit, plus prosaïquement, parce que la police était venue interrompre les festivités et

embarquer tous ceux qu’elle pouvait parmi les organisateurs (moyennement chauds pour remettre ça la semaine d’après).

La raison d’être de ces quelques centaines de personnes […] était de faire parler le futur, et pas le passé. Vous l’avez compris, il n’y avait pas encore de Social Club, ni aucun club dévolu à cette culture – même le Rex n’avait pas encore fait sa mue cent pour cent clubbing. Juste des fêtes, souvent illégales, à droite à gauche : une adresse différente chaque semaine, une infoline, un point de rendez-vous. Et c’est donc dans un de ces endroits éphémères et oubliés que j’ai entendu Juan Atkins. Le lieu n’était pas trop moche, le son pas complètement sacrifié, et quelques ballons ou éléments de déco au plafond démontraient une légère implication créative. Rien que le fait que les organisateurs aient eu la curiosité de booker un dj américain, et pas juste le dernier Hollandais de passage, prouvait un petit effort qualitatif éloigné de la Trance Goa bas de gamme (vous n’avez pas idée…) qui régnait à l’époque dans les circuits raves.


Si Juan allait, bien sûr, jouer de la techno, et pas du garage ou de la disco, on imaginait bien, on attendait bien, quelques clins d’oeil ou références musicales histoire de démontrer que toute cette saga house n’avait pas démarré avec des Anglais découvrant l’ecstasy à Ibiza – mais qu’elle était un peu plus noire, plus soul et forcément plus américaine que cela. Sauf que, pour la première fois de l’histoire du djing, on n’allait pas en club pour danser sur les morceaux que l’on connaissait déjà, mais on allait – ben pas en club, justement, plutôt en raves, pour écouter des disques que l’on ne connaissait pas et qui n’étaient diffusés nulle part ailleurs. Et de même que les sons étaient encore nouveaux et que l’on arrivait à peine à définir un genre d’un autre, il fallait aussi que les disques joués par le dj soient inconnus. Et ils risqueraient de le rester, inconnus – c’est pas comme si vous aviez Shazam. Alors, si d’aventure vous alliez parler au dj (et il en fallait du courage), ce n’était plus pour lui réclamer un disque (l’ancien monde) mais bien pour lui demander ce qu’il venait de jouer. Nuance. L’idée commune, la raison d’être de ces quelques centaines de personnes à errer chaque week-end de lieu en lieu, était de faire parler le futur, et pas le passé. À partir de là, mettre un disque repère, un classique disco ou new wave, était un exercice rare et excessivement risqué. Il m’a fallu, par exemple, près d’une dizaine d’années de clubbing pour que j’entende un dj oser jouer un morceau aussi basiquement historique que le “ Blue Monday ” de New Order. Depuis j’ai dû l’entendre au moins cent fois par cent djs différents – la mode des djs selectors étant passée par là.

C’est donc dans ce cadre, où tous les sons que l’on voulait entendre étaient futuristes et inédits, que se produisait Juan Atkins. Et Juan de surprendre tout le monde et de terminer son set, techno, par le “ Chase ” de Giorgio Moroder – cavalcade émotionnelle et robotique, thème du film “ Midnight Express ” en 1978 – exactement le type de morceau qui a marqué les jeunes Atkins, Saunderson et May pour inventer le genre une décennie auparavant. Dans cette rave éphémère, on passa alors de sonorités inconnues que seuls deux trois spécialistes arrivaient à identifier, à un thème, un hit, que tout le monde connaissait. Et si nous les danseurs, nous nous regardions d’abord hésitants (“ quoi, un hit ? ”), bien vite nous nous retrouvions tous plongés dans cette madeleine moroderienne. Juan Atkins faisant le lien : notre musique vient de là. Et pourtant, ironie de l’histoire, ce “ Chase ” de Moroder n’est ni noir, ni soul, ni américain. But nobody’s perfect.

Mon obsession de cette année-là, tient en un disque à la pochette rouge […] Écoute ça coco, c’est le futur. Mon deuxième souvenir de Juan Atkins se situe un an ou deux ans après en 1995. Je suis à Radio Nova, l’ancienne adresse, historique, au 33 rue du faubourg Saint-Antoine, et Juan vient faire un mix. Pour nous, c’est la première rencontre avec une légende comme plus tard Frankie Knuckles ou Louie Vega, Lil’ Louis ou François K, ces noms qu’on lit sur les macarons des vinyles, mais qui jouent rarement en France. On ne sait pas grand-chose alors de Juan Atkins, ni d’aucun de ces bonhommes, quelques bouts d’articles dans The

Face ou ID au mieux – et un internet tellement balbutiant qu’il nous serait de toutes façons inutile si on arrivait à s’en servir. Mon obsession de cette année-là, tient en un disque à la pochette rouge. Il est sorti sur Soma, un label de Glasgow, et le groupe est français. “ Da Funk ” fut une évidence dès le premier instant où l’un des deux robots casqués me l’a fait écouter dans une soirée (et sur cassette !). J’ai dû soûler tout le monde avec ce disque, grand-mère comprise : écoute ça coco, c’est le futur. Et comme tout futur qui se respecte, ça a pioché dans le passé. Sauf que là, l’auditeur en question est Juan Atkins. Un type sans qui ce track n’aurait pas été véritablement possible. Notez bien que, faire écouter un morceau français à un étranger, avant la French Touch, c’est un peu comme faire écouter de l’accordéon à un fan de no wave. Sourire en coin de Juan Atkins qui s’isole cinq minutes pour écouter la chose. Dès l’intro et sa rythmique à 100 BPM, son rictus disparaît, on passe à un sourire impressionné, en tous cas amusé. À la fin de l’écoute, Juan reste placide, pas de commentaires. Mais me demande s’il peut garder la copie. Of course, Juan, of course… Résumons : l’Américain Juan Atkins, 30 ans, créateur de la techno mais bébé de la disco et de la new wave, fan de l’Italien Giorgio Moroder, 50 ans, écoute un morceau composé par des Français d’à peine 20 ans et dont la mélodie fait penser à “ Chase ”, 20 ans avant que Giorgio ne raconte sa vie sur “ R.A.M. ”… La boucle est déjà bouclée, et pourtant, ce n’est que le début. Illustration – So Me

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Batmon

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Jonny Negron


Johnny Negron est un dévoyeur de talent, nul n’a son pareil pour rendre son charme à la vulgarité la plus totale. Mais le mauvais goût, tout au bout du chemin, n’est-il pas l’incarnation d’une forme absolue du beau ? Manuel Morin

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Agenda

Toute la programmation sur parissocialclub.com/agenda

octobre 2013 semaine 40

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Mardi 01 Oct. TEALER KUSH LITTLE MIKE TEALER GANG 23h — Free

Lundi 07 Oct. CONCERT CHANCE THE RAPPER 20h — 15 E prévente - 18 E

Mardi 15 Oct. MARDI McFLY THE BOOGIEMAN DVNO LOUISE CHCHCHEN DJ JAMES & MYMY 23h — Free

Lundi 21 Oct. BOILER ROOM 22h — Free

Mercredi 02 Oct. VOLUME EVERYDAYZ BETTY LIFE IS A BANANA DJ’S 23h — Free Jeudi 03 Oct. STEREOTYPE CLOUDS AZF PARFAIT 23h — Free Vendredi 04 Oct. BLOC PARTY KELE DJ SET CAKES DA KILLA KIDDY SMILE 23h — Free Samedi 05 Oct. CONTACT HOT SINCE 82 DANNY DAZE NUMERO6 23h — 13 E prévente - 15 E

Mardi 08 Oct. LITTLE FREAKY THINGS DONOVANS MAI LAN DJ SET 23h — Free Mercredi 09 Oct. A LA FRESH X SODASOUND GLASS FIGURE BANTAAM MARIUS & CESAR 23h — Free Jeudi 10 Oct. ROCHE MUSIQUE TOURIST LIVE CEZAIRE HOLY STRAYS 23h — Free Vendredi 11 Oct. PACIFIC KOLSCH LIVE KOLOMBO THE MEKANISM DACTYLO 23h — 13 E prévente - 15 E Samedi 12 Oct. PHENOMENA OLIVER KOLETZKI KELLERKIND SYNAPSON 23h — 13 E prévente - 15 E

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Mercredi 16 Oct. DA MOVELT POSSE KATEY RED LIVE RUSTIE LAZER BIG DOPE P DA MOVELT POSSE 23h — Free Jeudi 17 Oct. FIREWORKS FORT ROMEAU CEO CHAMPIONS LEAGUE 23h — Free Vendredi 18 Oct. BURN WEEKENDER #3 ECLIPSE AKA AKA MONKEY SAFARI VIKEN ARMAN MISMATCH 23h — 13 E prévente - 15 E Samedi 19 Oct. BURN WEEKENDER #3 ALT-J & FRIENDS ALT-J DJ SET WALTER SOBCEK & FRIENDS 23h — 15 E prévente - 18 E

Mardi 22 Oct. LOVE ON THE BEAT & FRIENDS 23h — Free Mercredi 23 Oct. JOKE LIVE & FRIENDS 23h — 10 E Jeudi 24 Oct. EXPECT NO LESS RANDOMER ORGASMIC JEAN NIPON B2B KOYOTE 23h — Free Vendredi 25 Oct. BROMANCE BRODINSKI PANTEROS666 LIVE ALEJANDRO PAZ ANDRE VII 23h — 15 E prévente - 18 E Samedi 26 Oct. AEROPLANE / ALL NIGHT LONG AEROPLANE 23h — 13 E prévente - 15 E


novembre 2013 semaine 44

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Mardi 29 Oct. ORIGINAL DON FLECHETTE B2B TOMSIZE SIMEON WEARING GLASSES ICESMOKE MADAFAKAAA 23h — Free

Mardi 05 / Mercredi 06 Nov. À VENIR

Mardi 12 / Mercredi 13 Nov. À VENIR

Mardi 19 / Mercredi 20 Nov. À VENIR

Jeudi 07 Nov. VOODOO TIGA MOLECULE 23h — Free

Jeudi 14 Nov. À VENIR

Jeudi 21 Nov. HOUSE OF MODA ZEBRA KATZ LIVE CRAME RENO 23h — Free

Mercredi 30 Oct. LITTLE MIKE CRAZY B 23h — Free Jeudi 31 Oct. YOURS ! RONE JUAN ATKINS & SPECIAL GUESTS 23h — 15 E prévente - 18 E Vendredi 01 Nov. F*A*L*D ARAABMUZIK SUPA! TWINSMATIC BAMBZ 23h — 13 E prévente - 15 E Samedi 02 Nov. HERCULES & LOVE AFFAIR SOUNDSYSTEM 23h — 13 E prévente - 15 E

Vendredi 08 Nov. CONTACT RICHY AHMED HUXLEY NUMERO6 23h — 13 E prévente - 15 E Samedi 09 Nov. STEREOTYPE ELLEN ALLIEN LOUISAHHH!!! AZF & PARFAIT 23h — 15 E prévente - 18 E Dimanche 10 Nov. DAMN SON DILLON FRANCIS DJ SNAKE ALESIA 23h — 13 E prévente - 15 E

Vendredi 15 Nov. FUTURE DISCO SIMIAN MOBILE DISCO THE MEKANISM SEAN BROSNAN 23h — 13 E prévente - 15 E Samedi 16 Nov. ZONE JIMMY EDGAR THE HACKER 23h — 13 E prévente - 15 E

Vendredi 22 Nov. PELICAN FLY RYAN HEMSWORTH TRIPPY TURTLE YUNG LEAN SAM TIBA DJ SLOW 23h — 13 E prévente - 15 E Samedi 23 Nov. VULTURE X ROCHE MUSIQUE FKJ LIVE KARTELL ALAN BRAXE DJ FALCON 23h — 13 E prévente - 15 E 48 Mardi 26 / Mercredi 27 / Jeudi 28 / Vendredi 29 Nov. À VENIR Samedi 30 Nov. YOURS ! DEETRON DETROIT SWINDLE 23h — 13 E prévente - 15 E

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Édité par Les Rêveurs, traduction de Marc Voline



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