Extrait Le guide pratique du jardiner d'aujourd'hui- Éditions Ulmer

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Un jardin vivant / AMIS

Connais tes amis Des centaines, si ce n’est des milliers d’amis vous attendent déjà au jardin et vous ne le saviez pas ? La diversité des animaux que l’on peut croiser au jardin “même dans un jardinet urbain” tient du prodige. Sur le total, 2 % peut-être peuvent poser un problème agronomique, à ceci près que les 98 % ont également pour rôle de les tenir en respect. Partez à la rencontre de ces habitants parfois craintifs, parfois indifférents à votre présence. Vous ne pourrez plus voir votre jardin comme avant !

les papillons, fleurs volantes Ce sont les insectes les plus spectaculaires du jardin et parmi les plus faciles à observer. Pas étonnant que ce soient également les habitants les plus appréciés du jardinier. Or tout papillon a été chenille ! Pour contempler le spectacle de ces « mots doux pliés cherchant l’adresse d’une fleur », comme disait Jules Renard, il faut donc accueillir les chenilles. Ce qui ne veut pas dire voir ses cultures ravagées, car les papillons qu’on aime regarder ne se nourrissent pas des plantes cultivées, sauf quelques exceptions qui de toute façon ne sont pas nuisibles. Les chenilles posant de vrais problèmes en s’attaquant aux cultures, comme les piérides ou les noctuelles, ne sont pas en danger à notre connaissance ! Une lutte ciblée est de toute façon toujours possible. Cultiver un jardin où les papillons abondent et où les feuilles des légumes ne sont pas transformées en dentelle, c’est donc tout à fait possible ! Les chenilles des espèces les plus voyantes se nourrissent de plantes variées qui ont toutes en commun de pousser spontanément au jardin ou dans les environs. Consacrez donc un coin à ces invitées les moins prolifiques. Veillez à n’épandre dessus aucun traitement anti-chenille, même bio, car cela ruinerait vos efforts ! Laissez pousser en priorité les plantes figurant dans la liste p. 18. Contrairement à une idée répandue, la plante hébergeant la plus grande variété de chenilles n’est pas l’ortie (sur

laquelle 5 espèces de papillon pondent tout de même), mais la fétuque, avec pas moins de 15 espèces hébergées. Bien entendu, chaque papillon a des besoins plus ou moins spécifiques et seule une diversité de plantes assurera une diversité de papillons ! Outre ces plantes, il est important de garder des arbres indigènes (aulnes, saules, peupliers, chênes, etc.). Un grand nombre de papillons s’en nourrit, alors que les arbres exotiques (magnolia, araucaria, eucalyptus, etc.) ne leur sont d’aucun secours. Si vous avez la place, gardez quelques taillis : ces arbres supportent d’être rabattus à 2-3 m, moyennant une taille régulière.

Évitez les pièges à papillon

Les fleurs de l’onagre rose (Oenothera speciosa) ont la réputation de piéger les papillons en les coinçant par la trompe. Si le fait ne semble pas courant, il est désolant de voir un araujia (Araujia sericifera), surnommée “plante cruelle” à juste titre, sur lequel pendent des papillons morts sur les fleurs dont ils n’ont pu se dégager. Les papillons de nos régions se font piéger par ces plantes exotiques. Évitez donc de les planter, au profit de plantes mieux adaptées aux papillons indigènes.

L’apollon, un papillon des régions montagneuses


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Un jardin vivant / REFUGES

Quatre refuges utiles à construire

v Les maisons à insectes

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Elles sont jolies et mignonnes, bien que dans les faits elles ne constituent pas un refuge très efficace. Les abeilles solitaires viennent volontiers occuper les cavités aménagées à leur intention. Mais les araignées adorent venir cueillir les autres insectes, en particulier les chrysopes qui y hivernent, les mouches qui s’y posent, etc. Les araignées sont utiles, mais elles n’ont pas besoin qu’on passe des heures à leur fabriquer un abri pareil. À moins de vouloir mener un atelier rigolo avec les enfants, ne faites pas une priorité d’une maison à insectes. De même, ne vous embêtez pas avec des refuges à papillons : ils ne servent à rien. Mieux vaut des refuges spécialisés, disposés en plusieurs points du jardin.

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Le refuge pour belette Il possède un double fond pour isoler la pièce centrale de l’humidité, et une entrée en chicane (diamètre 5 cm), contre les courants d’air. À dissimuler dans un grand tas de brindilles, près d’une cabane ou d’un tas de bois, en le couvrant partiellement.

Le nichoir pour chauve-souris Il ressemble de loin à une boîte aux lettres dont la fente (2 cm de large) se situerait au-dessous ! À peindre de couleur sombre (avec une peinture sans solvants) et à accrocher contre la maison, à au moins 2 m de haut. Ne pas poncer ni raboter le bois, surtout à l’intérieur, afin que les animaux s’y agrippent.

v Le gîte pour hérisson Il s’agit d’une simple caisse en bois munie d’un couloir d’accès plus étroit évitant les courants d’air. À placer dans l’idéal près du tas de compost, au pied d’une haie ou sous les arbustes. Le hérisson le garnira lui-même de feuilles. Il peut très bien ne l’occuper que pendant une partie de l’hiver, avant de déménager.

Ils se font rouler

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Le nichoir pour chouette chevêche

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De nombreux petits animaux utiles se réfugieront dans les anfractuosités du carton ondulé. Les cloportes, les chrysopes, les perce-oreilles en particulier adorent l’abri du carton humide, dans lequel ils passent le plus clair de la journée. Mettez cette affinité à profit pour les attirer et favoriser leur développement aux environs du jardin. Accrochez des rouleaux de carton ondulés maintenus par de la ficelle, à 40 cm au plus de hauteur. Ils ne tarderont pas à être colonisés.

Il reproduit la cavité d’une branche creuse, indispensable à la nidification de ces oiseaux. Il s’agit tout simplement d’une boîte très allongée, sans fioriture (ouverture : diamètre de 7 cm). À accrocher haut (4 à 5 m au moins), à une branche solide, située à l’horizontale.


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Beau et écolo / LES MASSIFS

Les fleurs simples et faciles Si vous appréciez les floraisons généreuses, l’esprit du jardin naturel est fait pour vous ! Dans un jardin conventionnel, on va planter des variétés à grosses fleurs mais assez peu nombreuses, qui demandent de l’entretien (ne serait-ce que couper les fleurs fanées). Les rosiers à grosses fleurs, les clématites et les pivoines en sont un bon exemple… car elles peuvent aussi tomber malades. Il n’est bien sûr pas question de bannir ces fleurs ! Simplement, dans un jardin d’esprit naturel, il convient de ne pas cultiver que ce type de plantes, et de les accompagner de fleurs qui poussent sans soucis. Un rosier sera toujours plus agréable à regarder lorsque d’autres petites fleurs papillonnent autour. Lorsque le rosier a fini de fleurir, le tout garde de l’intérêt car les floraisons se poursuivent.

1 Achillées

2 Ancolies

3 Arum

4 3 Asters XXXXX

Consoudes 8 5 XXXXX

(Phuopsis) 9 6 Crucianelle XXXXX

w 8 Renouée XXXXX bistorte

e 9 Valérianes XXXXX

les plantes très faciles à vivre - Achillées 1 - Agastaches - Ancolies 2 - Anémone du Japon - Arum 3 - Asters 4 - Barbe-de-bouc (Aruncus) 5 - Campanules 6 - Caryoptéris - Centaurées - Coréopsis 7 - Cimicifuga - Consoudes 8 - Crucianelle (Phuopsis) 9 - Échinops - Eupatoire chanvrine - Galéga - Géraniums vivaces 0 - Lysimaques - Mauves - Menthe arbustive (Elsholtzia) - Monardes (bergamotes) = - Nigelles q - Panicauts (Eryngium) - Penstémons - Pied d’alouette - Pigamons - Phlomis - Renouée bistorte w - Sauges vivaces - Scabieusess - Valérianes e - Verveine de Buenos Aires - Véroniques vivaces

0 Géraniums vivaces

5 Barbe-de-bouc (Aruncus)

- Lysimaques

6 Campanules

= Monardes (bergamotes)

7 Coréopsis

q Nigelles


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Pensez la plantation Ce moment doit être particulièrement soigné, car c’est de cela dont dépend la vie future de la plante, quel que soit son type (plante annuelle, plante pérenne, arbuste, arbre). La plantation correspond au moment où un végétal entame une période de stress et d’adaptation à un nouveau milieu.

Pour bien comprendre Lorsque vous sortez une plante de son pot, vous vous apercevrez que les racines occupent le volume entier du pot. Le système racinaire s’est en effet développé pour exploiter au mieux les réserves limitées du contenant. Une fois mise en terre, la plante dispose d’un plus grand volume, mais elle doit reconstituer des racines afin d’exploiter cette ressource. Les premières racines à apparaître sont des poils absorbants, dans les jours qui suivent. À ce stade-là, la plante est autant dépendante des arrosages que lorsqu’elle était en pot. Puis au fur et à mesure des semaines qui

suivent, elle établit des racines dites secondaires, c’est-à-dire des racines qui ne sont pas capables d’exploiter le sol directement, mais qui portent, au bout de leurs nombreuses ramifications, des poils absorbants. Tout l’enjeu de la plantation consiste à conditionner le mieux possible le sujet afin qu’il émette rapidement des racines dans le milieu environnant. C’est à ce prix qu’il s’installe, réclamant moins d’arrosages et moins d’engrais. Une plante mal installée a toutes les chances de vous poser problème. Mal ancrée, elle devient vulnérable à la verse, c’est-à-dire au renversement par les coups de vents, surtout si le sol est détrempé.

Comment planter un arbre ou un arbuste

1 Ameublir un volume beaucoup plus grand que la motte (3 fois)

2 Défaire une partie de la motte (moitié)

3 Ne pas trop enterrer la base 4 Ramener la terre autour des racines

5

3 2

4

5 Aménager une cuvette pour l’arrosage

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Méthodes / PLANTATION

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Au potager / aromatiques

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Des plantes spontanées du jardin à déguster Pour désherber, il suffit parfois de se promener avec un panier à salades et un couteau. Le jardin recèle plus de plantes comestibles que vous n’imaginez ! Voici les meilleures.

v Doucette

Rien que son nom est prometteur. C’est la version sauvage de la mâche, en plus goûteux et moins coriace (on peut la trouver meilleure que la mâche cultivée). Prolifique en sol sableux, elle fournit des salades d’hiver pour gourmet paresseux !

v ail sauvage

Surnommé ail des vignes, on le reconnaît à ses très fines feuilles et son odeur caractéristique. Employé comme la ciboulette, on ne lui trouve que des avantages. D’ailleurs, il n’est pas envahissant et se cantonne aux pelouses bien ensoleillées !

v alliaire

Ses grosses feuilles ne sont pas élégantes mais elles possèdent une saveur mêlant la moutarde et l’ail, qui relève bien des sauces. À essayer absolument !

V cardamine Elle passe inaperçue jusqu’à ce qu’on l’effleure. Le moindre mouvement lui fait projeter ses graines à plus d’1 mètre et on tiendrait bien là la petite peste si on oubliait qu’elle se mangeait comme du cresson, avant de fleurir. La cardamine adore les terres riches et là où elle pousse, il n’y a pas besoin d’engrais.

v Faux-lierre Glechoma

v Flouve odorante

Il ressemble à une plante pas recommandable et pourtant, en lanières, ses feuilles apportent un goût citronné aux vinaigrettes et salades. Autant ne pas se priver de ses feuilles formant un tapis spontané à l’ombre.

Elle ressemble à de l’herbe et en général on fait sa connaissance en l’arrachant. Ses racines émettent alors un parfum sucré, rappelant le foin coupé. On peut en faire des infusions à utiliser en pâtisserie ou faire mûrir les fromages de chèvre dessus.

v ortie

v pissenlit

v Chénopode

Autre plante pionnière, on le reconnaît à la “farine” qu’il produit à l’extrémité de ses épis. Il s’agit plutôt d’une couche qui roule sous les doigts comme de minuscules billes. Le chénopode ne vole pas vraiment de lumière ni de nourriture. On pourrait lui reprocher son air négligé mais c’est parce qu’on s’en préoccupe trop tard. Ses jeunes feuilles peuvent en effet se manger comme des épinards.

v Mouron des oiseaux

Autre bête noire du jardinier, cet incontournable des potagers, à petites feuilles vert clair et minuscules fleurs blanches, se mange en salade. Ce n’est pas la meilleure, mais elle est si abondante ! À ne pas confondre avec le mouron rouge, à fleurs rouges ou bleues.

Star du jardin bio, c’est aussi la plante la plus facile à reconnaître au toucher, puisque ses piqûres se rappellent à nous dès son plus jeune âge. Il existe des pieds femelle et des pieds mâle : un œil expert sait faire la différence entre les pieds qui donnent donc des graines et ceux qui n’en produisent pas. C’est une plante dont on tire bien des usages et qui nourrit beaucoup d’insectes.

Tout le monde connaît ses capitules jaunes. Le pissenlit a une racine profonde qui le fait repousser pratiquement à chaque fois qu’on essaye de l’extraire. Mais on peut en faire une barbe-de-capucin en procédant comme avec les endives (forçage à l’obscurité). Le résultat vaut bien les salades sophistiquées du commerce. Avec lui, la cohabitation devrait être possible, à condition de réguler un peu ses ardeurs.


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