Joe Sacco, Palestine édition anniversaire

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Palestine


P ALESTINE JOE SACCO


ALESTINE RACKHAM


ISBN 978-2-87827-121-8 | Dépôt légal : premier trimestre 2010 | Traduit de l’anglais par Professeur A. | Lettrage : Amandine Boucher et Gurvan Friderich | Palestine, © 1993, 1994, 1995, 2000 Joe Sacco | Hommage à Joe Sacco, © 2001 Edward Said | Quelques réflexions sur Palestine, © 2007 Joe Sacco | Tout droit réservé | © 2010 Rackham pour l’édition française | contact@ editions-rackham.com | www.editions-rackham.com | L’éditeur remercie Alejandra Carrasco Rahal pour sa collaboration | Achevé d’imprimer en janvier 2010 sur les presses de Grafiche Milani à Segrate (Italie)


Hommage à Joe Sacco par Edward Said

La bande dessinée est un phénomène universel lié à l’adolescence. Elle semble exister dans toutes les langues et cultures, de l’Orient à l’Occident. En matière de contenu, elle couvre une gamme complète, du sensationnel et inspiré au sentimental et ridicule...

... elle est néanmoins toujours facile à lire, à oublier, à collectionner ou à jeter. Beaucoup de bandes dessinées sont, comme Astérix et Tintin, des séries d’aventures à suivre destinées à un jeune public qui les lit fidèlement, mois après mois ; au fil du temps, elles semblent, comme les deux que j’ai mentionnées, acquérir une vie autonome, avec des personnages récurrents, des intrigues et tournures spécifiques qui font de leurs lecteurs, qu’ils vivent en Égypte, en Inde ou au Canada, une sorte de club où chaque membre possède et manie tout un ensemble de références communes. Beaucoup d’adultes, me semble-t-il, tendent à associer la bande dessinée au frivole ou à l’éphémère. Il est généralement admis qu’en grandissant, on les laisse de côté pour de plus nobles quêtes, sauf cas très exceptionnels (comme le Maus d’Art Spiegelman), lorsqu’un sujet particulièrement rebutant est traité par un auteur de bande dessinée important. Mais comme nous le verrons bientôt, ces occasions sont rares car elles demandent avant tout un talent de premier plan. Je ne me rappelle plus quand j’ai lu pour la première fois une bande dessinée, mais je me souviens parfaitement quelle exaltation subversive et libératrice en a résulté. Tout, dans cet alléchant livre aux images colorées et notamment son allure négligée et bâclée, l’extravagance révoltée de ses couleurs, la circulation ouverte entre ce que les personnages disaient ou pensaient, les aventures et créatures exotiques, tout aboutissait à un énorme et merveilleux frisson, totalement différent de tout ce que j’avais pu expérimenter jusqu’alors. Au sein de ma déconcertante famille à la fois arabe et protestante, dans le Moyen-Orient colonial de l’après Seconde Guerre mondiale, l’éducation était très portée sur les livres et très exigeante en ce qui concerne les études. Une rigueur inébranlable gouvernait toute chose. Les temps n’étaient certainement ni à la télévision ni aux nombreuses distractions facilement accessibles. La radio était notre lien au monde extérieur et, puisque les productions d’Hollywood étaient à la fois considérées comme inévitables, et d’une certaine manière, moralement dangereuses, nous étions tenus à un régime d’un film par semaine, dûment validé par mes parents et donc, en vertu de critères inconnus (de nous), considéré comme acceptable pour les enfants. Je suis entré au collège peu avant treize ans, juste après la chute de la Palestine en 1948. Comme tous les membres de ma famille, filles et garçons, j’ai fréquenté des écoles britanniques qui semblaient calquées sur leurs homologues littéraires décrits dans les Tom Brown’s Schooldays et autres évocations d’Eton, Harrow ou Rugby que je glanais au fil de

mes lectures omnivores composées presque exclusivement de livres anglais. Sur fond d’empire finissant, dans un monde hautement conflictuel composé d’enfants arabes et levantins, ainsi que de professeurs anglais, dans des pays majoritairement musulmans en proie à de turbulents changements, où l’enseignement s’appuyait sur les programmes de l’Oxford and Cambridge School Certificate (comme s’appelait à l’époque le diplôme de l’ensemble des collèges anglais), l’irruption soudaine de bandes dessinés américaines – instantanément bannies aussi bien par les parents que par les autorités scolaires – fit l’effet dévastateur d’un petit cyclone. En quelques heures, j’étais illicitement noyé dans un flot d’aventures de Superman, Tarzan, Captain Marvel et Wonder Woman qui ont secoué mon esprit et l’ont certainement détourné des questions plus graves et sévères auxquelles il aurait dû s’atteler. Essayer de comprendre le pourquoi d’un bannissement si strict et rigide ne m’a pas mené bien loin auprès de mes inflexibles parents, sauf à l’explication que la bande dessinée était nuisible à la scolarité. J’ai passé des années à essayer de retrouver la logique de ce bannissement et j’ai compris au fur et à mesure que l’interdiction soulignait pertinemment (beaucoup mieux que moi-même à l’époque) ce que les bandes dessinées avaient de si fort et si unique. Il y avait tout d’abord la violence et l’argot qui troublaient le prétendu calme nécessaire au processus d’apprentissage. Ensuite, et sans doute plus crucial, il y avait le soulagement que ces personnages extravagants apportaient à ma sexualité refoulée d’adolescent (certains comme Sheena, reine de la jungle, s’habillaient beaucoup trop légèrement). Ils disaient et faisaient des choses impossibles à admettre en vertu des lois de la probabilité et de la logique ou, d’une manière plus déterminante encore, ils violaient les conventions, les normes comportementales ou de pensée socialement acceptables. Les bandes dessinées brouillaient totalement la logique cartésienne et encourageaient certainement à ne pas penser comme le souhaitaient les professeurs ou comme une discipline telle que l’Histoire peut l’exiger. Le souvenir de l’allégresse avec laquelle je glissais subrepticement un numéro de Captain Marvel dans ma sacoche pour le lire à la dérobée dans le bus ou au fond de la classe, caché dans un de mes livres, est encore vivace dans ma mémoire. De plus, les bandes dessinées offraient une approche directe (l’association attractive et débordante d’images et de textes) qui semblait à la fois irréfutablement vraie et merveilleusement intime, émouvante, familière. Par des artifices que je


trouve toujours fascinant de décoder, les bandes dessinées, loin devant les dessins animés et les comédies qui ne m’ont jamais intéressé, exerçaient une impitoyable hégémonie. Elles disaient ce qui n’aurait pu être dit autrement, ce qu’il n’était peut être pas permis de dire ou d’imaginer, défiant les processus de pensée ordinaires, lesquels sont policés, formatés et re-formatés par toutes sortes de pressions aussi bien pédagogiques qu’idéologiques. Je l’ignorais totalement alors, mais je sentais pourtant que les bandes dessinées me libéraient et me permettaient de penser, imaginer, voir différemment. Transportons-nous maintenant à la dernière décennie du xxe siècle. En tant qu’Américain d’origine palestinienne, je me suis trouvé nécessairement impliqué dans la bataille des Pales­tiniens pour l’auto-détermination et le respect de leurs droits. Éloigné par la distance, la maladie, l’exil, mon rôle aura été de défendre cette cause difficile, la défendre en essayant d’en restituer la complexité, en brisant le silence qui l’étouffait, tant par le biais d’écrits que de conférences publiques, et cela sans perdre le fil du déroulement de notre histoire en tant que peuple, dans des endroits comme Amman, Beyrouth et, enfin, dans l’actuelle Cisjordanie ou à Gaza, quand, en 1992, j’ai pu retourner en Palestine pour la première fois depuis que ma famille et moi l’avions quittée en 1947. Quand je me suis attelé à cette tâche en juin 1967, juste après la guerre des Six Jours, il était presque impossible d’utiliser le terme « Palestine » dans les discours. Je me rappelle les pancartes brandies à cette époque, devant les réunions ou les conférences sur la Palestine, proclamant « Il n’y a pas de Palestine » ou quand, en 1969, Golda Meir faisait sa fameuse déclaration selon laquelle les Palestiniens n’existaient pas. L’essentiel de mon travail d’écrivain et de conférencier consistait à réfuter les représentations erronées et la déshumanisation de notre histoire, en essayant dans le même temps de donner à la cause palestinienne – si largement évacuée par les medias et les légions de polémistes hostiles – une présence et une forme humaine. Il y a une dizaine d’années, sans aucun avertissement ni préambule, mon jeune fils a ramené un jour le premier numéro de la série de Joe Sacco consacrée à la Palestine. Coupé comme je l’étais de la lecture, de l’achat ou de l’échange de bandes dessinées, je ne soupçonnais même pas l’existence de Joe Sacco et de son passionnant travail. J’ai été immédiatement replongé dans l’ambiance de la première grande Intifada (1987-1992) et, avec peut-être encore plus d’intensité, dans le monde animé et envoûtant des bandes dessinées que je lisais des années auparavant. Le choc fut donc double, et plus je lisais compulsivement les comics Palestine de Joe Sacco (qui sont au nombre d’une dizaine, tous réunis maintenant dans un volume qui, je l’espère, les rendra accessibles non seulement aux lecteurs américains mais partout dans le monde), plus s’imposait la conviction qu’il s’agissait là d’une œuvre esthétique et politique d’une extrême originalité, sans doute sans équivalent dans les longs débats, souvent boursouflés et faussés, qui occupaient les Palestiniens, les Israéliens et leurs partisans respectifs. Face à un monde saturé de médias où les actualités internationales nous noient sous les images contrôlées et diffusées par une poignée d’hommes installés dans des villes comme Londres et New York, la bande dessinée offre une remarquable antidote grâce à son flot d’images et de textes, tracés avec assurance, à la fois emphatiques et grotesques pour rendre au mieux le caractère extrême des situations qu’ils

dépeignent. Dans le monde de Joe Sacco, il n’y a pas de speakers ou de présentateurs au phrasé mielleux, pas de récit onctueux des triomphes d’Israël, de la démocratie d’Israël, des réalisations d’Israël, pas de représentations volontairement déconnectées de toute réalité historique ou sociale, de toute expérience vécue, décrivant inlassablement les Palestiniens comme des jeteurs de pierres, révisionnistes et affreux fondamentalistes, dont le but principal est de rendre la vie difficile aux Israéliens, pacifiques et persécutés. Ce qui nous est donné à la place est vu à travers les yeux et la personne d’un jeune Américain à l’allure modeste, les cheveux coupés en brosse et doué d’ubiquité, qui semble avoir déambulé dans un monde hostile et inhospitalier fait d’occupations militaires, d’arrestations arbitraires, de maisons démolies et de terres expropriées, de tortures (« pression physique modérée ») et de force abondamment, sinon cruellement, exercée (par exemple, par cet officier israélien refusant le passage à des personnes, au nom, dit-il en montrant les dents, de « çA », le fusil M16 qu’il brandit) auxquels sont soumis les Palestiniens au jour le jour, ou même heure après heure. Il n’y a pas de clé évidente, pas de ligne idéologique flagrante dans les rencontres, souvent teintées d’ironie, de Joe Sacco avec les Palestiniens sous occupation, pas de tentative d’enjoliver ce qui est pour l’essentiel une piètre existence faite d’insécurité, de malheur collectif, de privations et, tout particulièrement dans l’épisode qui se déroule à Gaza, une vie d’errances sans but entre d’inconfortables baraquements, de déambulations et plus encore d’attentes, d’attentes, d’attentes. À l’exception d’un ou deux romanciers ou poètes, personne n’avait aussi bien rendu ce terrible état de faits. Ses images sont sans conteste plus vivantes que tout ce qu’on peut lire ou regarder à la télévision. Avec son ami, le photographe japonais Saburo (qu’on perd de vue à un moment), Joe est une présence attentive, prévenante, parfois sceptique, parfois agacée, pour l’essentiel sympathique et amusante, quand il note, par exemple, que le thé palestinien est souvent noyé dans le sucre, ou comment, quand les hommes se réunissent pour échanger leurs récits de malheurs et de souffrances, ils le font – sans en avoir conscience – à la manière de pêcheurs confrontant la taille de leurs prises ou de chasseurs comparant les ruses de leurs proies. L’éventail de personnages dans les nombreuses anecdotes collectées ici est incroyablement riche et, grâce à l’extraordinaire capacité de son dessin à attraper le détail marquant, une moustache parfaitement taillée ici, là une dent particulièrement grosse ou un costume rapiécé, Sacco parvient à rendre l’ensemble avec une virtuosité confondante. Le pas tranquille et l’absence de but précis dans ses déambulations soulignent qu’il n’est ni un journaliste en quête d’une histoire, ni un expert tentant de compiler des faits pour préconiser une politique. Joe est là pour être en Palestine, rien de plus, pour pouvoir autant qu’il peut partager et, finalement, vivre la vie que les Palestiniens sont condamnés à vivre. Étant donné les réalités de la domination et l’identification de l’auteur à la cause des dominés, les Israéliens de Sacco sont dépeints avec un scepticisme indéniable, presque toujours avec défiance. Ils sont essentiellement les figures d’un pouvoir injuste et d’une autorité illégitime. Je ne pense pas uniquement aux personnages les plus évidemment déplaisants, comme les nombreux soldats ou colons qui ont à cœur de rendre délibérément la vie difficile et insupportable aux Palestiniens, mais aussi aux fameux pacifistes soutenant les droits des Palestiniens et qui,


lors d’un épisode particulièrement révélateur, semblent si timides, si décalés, et en définitive si inefficaces, qu’ils paraissent aussi inspirer du dédain et de la déception. Joe est là pour comprendre pourquoi la situation est telle qu’elle est et pourquoi elle semble dans l’impasse depuis si longtemps. Il est attiré à cet endroit (nous l’apprenons par son étrange et remarquable bande dessinée précédente, War Junkie [ Journal d’un défaitiste, Rackham, 2004 ] ) d’abord à cause de l’histoire de sa famille maltaise pendant la Seconde Guerre mondiale, puis parce que le monde post-moderne est facilement accessible à l’Américain jeune et curieux, et enfin parce que, comme le Marlow de Joseph Conrad, il est interpellé par les populations et les lieux oubliés, ceux qu’on ne voit pas sur nos écrans de télévision ou que l’on présente systématiquement comme des marginaux sans grande importance. Et seul leur pouvoir de nuisance, dont il semble impossible de se défaire, empêche, comme pour les Palestiniens, de les ignorer totalement. Sans renoncer à la capacité de la bande dessinée à restituer un monde surréel, aussi singulier et violemment saisissant à sa manière que peut l’être la vision d’un poète, Joe Sacco parvient aussi à nous transmettre une grande quantité d’informations, le contexte humain et les événements historiques qui ont réduit les Palestiniens à un sentiment de stagnation impuissante, malgré le processus de paix, en dépit de la cosmétique déployée par d’hypocrites dirigeants, stratèges politiques et pontes médiatiques. Nulle part Sacco n’est plus près de la réalité existentielle du Palestinien moyen que dans sa description de Gaza, l’Enfer national. La vacance du Temps, le dérisoire, pour ne pas dire le sordide de la vie de tous les jours dans les camps de réfugiés, le réseau de travailleurs humanitaires, les mères endeuillées, les jeunes hommes au chômage, les professeurs, la police, les parasites, l’infatigable ronde des thés, le sentiment d’enfermement, la boue et la laideur omniprésentes et emblématiques de l’ensemble de l’expérience palestinienne... Tout cela est rendu avec une terrible acuité et, dans le même temps, paradoxalement, une certaine douceur. Le personnage de Joe est là pour comprendre avec sympathie et essayer de ressentir en quoi Gaza est un endroit si représentatif de la dépossession palestinienne, par ses espaces désespérément surpeuplés et pourtant déracinés. Mais il est là aussi pour affirmer, à travers des séquences narratives capables de toucher n’importe quel lecteur, que cet endroit existe et qu’il est à penser en termes humains. Si vous lisez attentivement, vous remarquerez la restitution scrupuleuse de la réalité des différentes générations, comment les enfants et les adultes font leurs choix et mènent leur piètre existence, comment certains parlent et d’autres gardent le silence, comment ils portent les mornes pull-overs, les chauds keffieh et les vestes dépareillées d’une vie improvisée, sur les ruines de leur pays natal dans lequel ils sont devenus la plus triste, impuissante et improbable des créatures : l’étranger indésirable. Tout cela, vous le voyez pour ainsi dire à travers les yeux de Joe, alors qu’il évolue au milieu d’eux, attentif, pacifique, attentionné, ironique, de sorte que son témoignage visuel se confond avec sa personne, avec lui-même, pour parler comme dans sa bande dessinée, en un acte de profonde solidarité. Plus que tout, sa série sur Gaza ranime et confirme ce que trois autres remarquables travaux, tous signés par des femmes (l’une israélienne, l’autre juive américaine, la troisième américaine sans aucune connexion avec le Moyen-

Orient) ont dépeint de manière inoubliable : Amira Hass, la courageuse correspondante de Ha’aretz qui a écrit sur Gaza où elle a vécu pendant quatre ans, Sarah Roy, qui a réalisé une étude de référence sur la façon dont l’économie de Gaza a été « dé-développée », et Gloria Emerson, la journaliste émérite et écrivain qui a passé un an de sa vie parmi la population de Gaza. Mais, en définitive, si Sacco se démarque en tant que peintre de la vie dans les Territoires palestiniens occupés, c’est parce que ce qui l’intéresse, au fond, c’est l’histoire des victimes. Il ne faut pas oublier que la plupart des bandes dessinées finissent par la sempiternelle victoire de quelqu’un, le triomphe du bien sur le mal, la déroute de l’injuste par le juste ou même le mariage de deux jeunes amants. Les méchants de Superman se font éjecter et l’on n’entend plus parler d’eux. Tarzan déjoue les plans de vilains hommes blancs, lesquels sont expulsés d’Afrique, déshonorés. Dans Palestine, de Joe Sacco, il en va autrement. Les personnes parmi lesquelles il a vécu sont les perdants de l’histoire, bannies dans les marges où elles semblent si désespérément s’enliser, sans horizon ni organisation, excepté leur abso­lue indomp­ta­bilité, leur désir souvent muet de continuer coûte que coûte et leur volonté de s’accrocher à leur histoire, de la redire, de résister à ceux qui tentent de les balayer toutes avec elle. Avec discernement, Sacco semble se défier du militantisme, en particulier sous ses formes collectives consistant à brailler des slogans et se ranger derrière des bannières verbales. Il n’essaie pas non plus de livrer des solutions du même acabit que celles qui ont transformé en parodie le processus de paix d’Oslo. Ses bandes dessinées sur la Palestine offrent au lecteur un séjour raisonnablement long auprès d’un peuple dont la souffrance et le destin injuste ont été beaucoup trop longtemps escamotés, privés d’attention humanitaire et politique. L’art de Sacco a le pouvoir de nous captiver, de nous détourner fermement de l’errance fébrile, avide de phrases accrocheuses ou de récits triomphalistes lamentablement prévisibles. Et c’est là, peutêtre, la plus importante de ses réussites. Edward Said (1935-2003) est un intellectuel palestinien de citoyenneté américaine. Théoricien de la littérature et critique, il a enseigné la littérature anglaise et la littérature comparée à l’université Columbia de New York. Parmi ses ouvrages figurent L’Orientalisme, Culture et Impérialisme, Israël-Palestine : l’égalité ou rien. Il a rédigé ce texte en 2001.


Quelques réflexions sur Palestine par Joe Sacco

On me demande souvent pourquoi je suis allé fourrer mon nez dans le conflit israélo-palestinien. En fait, j’ai répondu tant de fois à la question que ma réponse semble rassie, y compris à mes oreilles, mais je la répéterai ici parce qu’elle est vraie : je me suis rendu dans les Territoires occupés parce que je m’y suis senti obligé. C’est-à-dire, j’ai commencé à prendre conscience de l’oppression des Palestiniens, j’étais consterné, submergé par le besoin presque physique de faire quelque chose. Oui, comme on me l’a dit, il y a de pires injustices dans le monde, et ailleurs des cadavres qui s’amoncellent plus haut. Mais deux choses en particulier m’ont travaillé, au-delà de la vague obligation de m’intéresser à la souffrance de populations lointaines : primo, j’étais un contribuable américain dont l’argent – mon argent – était dépensé pour perpétuer l’Occupation, et deuxio, j’étais diplômé de l’école de journalisme de l’université d’Oregon, atterré de voir la manière minable – dois-je dire détestable ? – dont les journalistes américains traitaient la question. Vous le savez sans doute, Israël est, jusqu’à preuve du contraire, le pays qui reçoit le plus de soutien des États-Unis ; or je n’aimais, et n’aime toujours pas, l’idée de financer directement ou indirectement ses projets d’appropriation, de

colonisation, ou un quelconque aspect de son occupation brutale. Le second point – à propos des journalistes américains – était pour moi d’autant plus exaspérant qu’après m’être difficilement efforcé de rentrer dans leur moule, je cons­tatais à quel point leur travail sur la question était déficient et honteux. Ils ne m’avaient pas du tout informé. Jusqu’à ce que je quitte l’université, malgré ma fréquentation assidue des journaux et des actualités télévisées, je n’avais jamais disposé du moindre élément pour comprendre qui étaient les Palestiniens et quel était le sens de leur combat. En réalité, comme je le détaille dans ce livre, j’associais simplement Palestiniens et terrorisme. Mes archivistes futurs tomberont peut-être sur une bande dessinée que j’avais commencée au collège, titrée Meet The Asshole, avec Yasser Arafat comme invité vedette. Je ne connaissais alors rien de lui, à part ce que j’avais entendu dans les medias dominants, raison pour laquelle j’étais si facilement porté à le diaboliser. La conception que j’avais reçue d’un Israël innocent, victime isolée dans un océan d’Arabes déments, a commencé à se fissurer après le bombardement aérien de Beyrouth (utilisant des bombes fournies par les États-Unis soi-disant à des fins purement « défensives ») et l’invasion massive du Liban au début des années 1980. Les massacres des camps de réfugiés de Sabra et Chatila, où des centaines de Palestiniens


sans défense furent exécutés par une milice chrétienne alliée aux forces d’occupation israéliennes dans une zone contrôlée par les Israéliens, ont éveillé mes premiers soupçons sur la dynamique du pouvoir à l’œuvre dans cette région : elle n’était pas tout à fait celle qu’on avait voulu m’inculquer. J’ai donc commencé à lire autre chose que les journaux américains. Je remercie Blamming the Victims, édité par Christopher Hitchens et Edward Said, La Question palestinienne de Said, Le triangle fatal par Noam Chomsky, d’avoir rapidement fait mon éducation. D’autres livres ont comblé mes lacunes, mais ceux-ci m’ont les premiers ouvert les yeux. Avant de les lire, je pensais être une personne intelligente et relativement bien informée. J’ai été vraiment secoué par ce que j’avais ignoré jusque-là et ce que je ne savais toujours pas. Plus tard, j’ai abandonné la perspective d’une carrière dans la presse écrite traditionnelle, mais pas nécessairement par excès de scepticisme : je n’arrivais tout simplement pas à trouver un travail de journaliste un tant soit peu gratifiant. Je suis retombé dans la bande dessinée – la passion d’une vie – et j’ai essayé de gagner ma vie de cette façon. J’ai déménagé à Berlin où j’ai travaillé sur des bandes dessinées et des affiches pour des groupes de rock. Mon intérêt pour la question palestinienne est resté, et j’ai commencé à caresser l’idée d’utiliser le medium de la bande dessinée pour en parler, peut-être en adaptant des récits de l’occupation. J’ai envisagé d’illustrer des rapports consacrés aux droits de l’homme, mais ils sonnaient comme des témoignages de cour de justice et ça n’aurait probablement donné qu’une suite de mots et d’images aussi atroce (et ennuyeuse) qu’interminable. À un moment, j’ai décidé que je devrais aller moi-même dans les Territoires occupés. Je pourrais ainsi mener des récits à partir de mes propres expériences, une espèce de carnet de route illustré de mon voyage à travers les derniers jours de la première Intifada. Je collecterais des interviews et des faits, tiendrais un journal. Au-delà de ça, je n’avais aucune idée de ce que j’allais faire ou de comment j’allais procéder. Je n’avais pas développé de théorie sur ce que j’appellerais plus tard, sans réflexion plus approfondie, le « journalisme en bande dessinée ». J’ai pris mes dispositions pour voyager en Israël et dans les Territoires occupés pendant à peu près deux mois et demi durant l’hiver 1991-1992. Je suis retourné à Berlin, ai terminé quelques autres projets de bande dessinée et, quelques mois plus tard, suis rentré aux États-Unis. Je pensais que trouver un éditeur pour Palestine serait difficile, mais Fantagraphics Books, qui avait déjà publié l’une de mes séries à faible tirage dénommée Yahoo, s’est engagé sans hésiter dans l’aventure. Palestine a été originellement publié en fascicules de 24 ou 32 pages, publiés tous les quatre mois de début 1993 à fin 1995. Peut-être est-il inévitable que Palestine soit considéré comme mon œuvre la plus importante, le livre qui m’a mis sur la piste du « journalisme en bande dessinée ». En tant qu’auteur de bande dessinée (je déteste utiliser la formule marketing de « romancier graphique »), je pense avoir produit depuis des œuvres de « non-fiction » plus abouties, mais, pour moi, Palestine recèle une sorte d’énergie et de vitalité que je ne reproduirai sans doute jamais. Mon travail est devenu plus conscient. Je suis plus averti de ce que je fais. Je ne suis plus aussi détaché. Mon approche du dessin a évolué sur un point. La première douzaine de pages de Palestine est dessinée dans ce que

nous appelons en jargon bande dessinée le style « gros nez ». Mes représentations n’étaient pas destinées à manquer de respect aux Arabes et aux Juifs que je dessinais ; simplement, à cette époque, je dessinais les personnes de cette manière. Il n’est pas surprenant, par exemple, qu’un dramaturge américain d’origine palestinienne ait, à ce qu’on m’a dit, déchiré en morceaux le premier numéro de Palestine après y avoir jeté un coup d’œil. J’ai réalisé que les dessins devaient refléter la gravité de ce que je présentais. Doucement mais sûrement, je me suis efforcé de tirer plus de réa­lisme de ma plume, bien que je n’aie jamais pu – et jamais voulu – me débarrasser tout à fait du côté « cartoon » de mon trait. La plus sérieuse des critiques que l’on ait pu porter à l’encontre de Pales­tine est qu’il ne restitue qu’un seul point de vue du conflit israélo-palestinien. C’est une description du livre qui me semble exacte, mais cela ne me gêne pas. Ma conviction était et demeure que le point de vue du gouvernement israélien est parfaitement repré­senté dans les médias américains dominants, et que n’importe quelle personne élue à un poste important aux États-Unis se fait fort de le claironner lourdement. Palestine était une tentative de montrer un peu de la réalité de la Palestine sous occupation lors de la première Intifada. Depuis, il y a eu une seconde Intifada au cours de laquelle le conflit a grandement dégénéré, des centaines d’Israéliens et de milliers de Palestiniens y ayant trouvé la mort. Israël a commencé à bâtir une barrière de sécurité, qui est en réalité un mur, pas sur sa frontière de 1967 avec la Cisjordanie mais à l’intérieur de ce que les Palestiniens espèrent être leur futur état. Israël a unilatéralement retiré ses colons et ses forces armées de Gaza, mais continue d’en contrôler les frontières, l’espace aérien et de l’attaquer impunément. En 2007, les querelles intestines et meurtrières, partiellement provoquées par la tentative d’Israël, des États-Unis et des alliés européens d’isoler le gouvernement du Hamas démocratiquement élu, ont conduit à une scission du mouvement palestinien et à deux entités politiques administrées séparément, une à Gaza et l’autre en Cisjordanie. Un cran supplémentaire a été franchi, dans la des­cente aux enfers de l’histoire récente palestinienne. Malheureusement, il se pourrait que le pire reste à venir. Le conflit entre Israéliens et Palestiniens durera tant que durera l’occupation, quelles que soient les formes et les métho­des qu’elle prendra. Ce livre, bien que son contenu puisse paraître tempéré en regard de la violence d’aujourd’hui et de la tournure dramatique des événements, touche à l’essence de cette occu­pation. Ce n’est pas un travail objectif, si on entend par objectivité cette approche américaine qui consiste à laisser s’exprimer chaque camp sans se préoccuper que la réalité soit tronquée. Mon idée n’était pas de faire un livre objectif mais un livre honnête. Joe Sacco, juillet 2007


Travailler « sur le terrain » J’ai recueilli les événements de mon court séjour chez les Palestiniens de deux façons. J’ai fait un certain nombre d’interviews classiques dans le sens journalistique du terme, ce qui en gros consistait à poser des questions et noter les réponses sur un carnet. J’ai aussi religieusement tenu un journal – en écrivant dès que je le pouvais, essentiellement le soir – pour consigner tous les épisodes qui n’étaient pas des interviews, c’est-à-dire les incidents, impressions, rencontres et conversations de fortune. Cette partie, qui inclut des extraits de mon journal, entend éclairer mes méthodes de travail « sur le terrain » et donner le contexte de certaines pages de Palestine. Suit un chapitre supplémentaire, avec des explications plus longues, à l’attention des lecteurs qui souhaiteraient mieux comprendre comment se sont articulées mes impressions immé­diates et leurs restitutions dessinées dans Palestine. Ce que montrent également ces extraits de journal, à mon sens, ce sont mes frustrations et ma naïveté de l’époque. C’était ma première véritable expérience de journalisme dans un milieu inconnu et périlleux, et ça se voit. Lorsque j’ai cité mon journal, j’ai pris la liberté de corriger les fautes d’orthographe et les grosses erreurs grammaticales, mais j’ai pour l’essentiel laissé les extraits tels quels, sous la forme d’une espèce de flux de conscience qui me permettait d’écrire et noter efficacement les points importants, à la fin d’une longue journée ou quand j’étais dans l’urgence. Pour être tout à fait honnête, j’étais tendu. Je n’étais jamais allé au Moyen-Orient. J’avais peur d’aller directement en Israël. J’étais inquiet qu’on m’interroge sur mes intentions à l’aéroport Ben-Gourion, d’avoir à avouer mes projets de bande dessinée et d’être remis dans un avion pour chez

moi. J’ai décidé que j’atterrirais au Caire et que je prendrais ensuite le bus pour Jérusalem, car à cette époque c’était encore possible. Je supposais qu’on me poserait moins de questions à la frontière si j’arrivais par la route. C’était un plan plutôt idiot et tortueux, mais j’imagine que ça m’a aidé à calmer mes angoisses. J’ai pris l’avion de Berlin pour le Caire à la mi-décembre 1991. J’ai été immédiatement détroussé par un changeur à la sauvette à l’aéroport. J’avais demandé du change pour un billet de 25 dollars, il a sorti de sa poche et m’a tendu l’équivalent de 25 dinars, soit quelques centimes, comme j’allais m’en rendre compte peu après en essayant de prendre un taxi... qui lui aussi m’a arnaqué ! Le Caire n’avait pas fini de me malmener, mais je m’y prenais comme un manche et je l’ai bien cherché. Par exemple, deux jours plus tard, j’ai sympathisé avec un gars qui prétendait avoir témoigné pour le National Geographic et qui m’a proposé de me guider. Peu après, nous étions en train de fumer du hasch dans un dédale de ruelles étroites et je me sentais le roi des méchants garçons jusqu’à ce que je réalise que j’étais défoncé et que je ne connaissais pas le chemin de retour à l’hôtel. Je me suis débrouillé pour convaincre mon accompagnateur – qui soudain me paraissait plus inquiétant – de m’y conduire. Il l’a fait, puis, plus tard dans la soirée, il est revenu en me disant que sa soeur était brutalement tombée malade et m’a demandé de l’argent pour une opération d’urgence. J’ai dit que je ne le croyais pas. Il m’a dit qu’il ne voulait pas pleurer, mais qu’il pleurait intérieurement, qu’il était un homme fier, il m’a donné en gage une veste et un stylo à 150 dollars que je n’aurais qu’à « jeter sur le trottoir »


pour trouver un acheteur si nécessaire, j’ai répété que je ne le croyais pas, que depuis que j’étais en Égypte, on m’avait arnaqué sans arrêt, que tout le monde se prétendait mon ami alors que je devais toujours payer à la fin, il m’a demandé de le croire, s’il te plaît, s’il te plaît, et j’ai dit non, il a dit qu’il était mon ami, et j’ai dit comment peux-tu dire que je suis ton ami alors que je viens de dire que je ne te crois pas... Mais j’ai fini par lui donner 50 deutschmarks, dont j’avais besoin, juste pour m’en débarrasser. Je me reproche toujours cette épisode et vous pouvez comprendre pourquoi j’étais un rien agacé quand j’ai croisé les vendeurs de la vieille ville à Jérusalem. L’argent a, hélas, pesé lourdement sur ce séjour car je voyageais à l’économie et la moindre petite pièce dépensée me coûtait. En arrivant à Jérusalem, je me suis installé dans une auberge de jeunesse économique de la vieille ville, où je partageais une chambre à clé avec trois à quatre autres personnes. Le manque d’intimité n’était guère propice à la mise en ordre de mes notes ou à l’écriture de mon journal, mais, d’un autre côté, je n’ai jamais souffert de solitude. Un Australien en particulier, John, a égayé un peu mon séjour. De retour d’une excursion sur un site historique

vénéré, il a décrit le voyage en disant : « Massada ? Tu montes la piste sinueuse, tu regardes les ruines, tu prends tes photos et tu peux passer à autre chose. » Plus tard, il m’a pris à part en montrant deux Anglaises : « Regarde ces deux oiselles, elles disent que je suis sexiste parce que je les ai traitées de dindes. » Je me suis bien entendu avec le propriétaire de l’auberge, Mahmoud. Je suis resté assez longtemps pour qu’il me confie l’accueil de l’hôtel une ou deux fois en échange d’une remise sur ma note. Mahmoud m’a parlé de la situation un an plus tôt, pendant la première guerre du Golfe, quand l’Irak avait lancé des Scuds sur Israël et que les gens se terraient dans des abris scellés au cas où les têtes des missiles auraient renfermé des gaz mortels. Mahmoud, écrivais-je dans mon journal, ...dit que dix missiles ont atteint les environs de Jérusalem... [l’auberge] avait un abri et « un groupe de chrétiens fana­tiques » est resté en espérant que c’était la fin du monde. Ils n’ont pas mis leurs masques à gaz. Quand je suis arrivé à Jérusalem, j’avais en poche quel­ques adresses d’organisations non-gouvernementales et de cen­tres d’information qui travaillaient sur des sujets touchant les Palestiniens. J’en ai fait le tour en espérant que quelqu’un


Allé à Naplouse aujourd’hui sans rien de plus que le nom d’un professeur à l’Université nationale An-Najah. Trouvé le bus là-bas et franchi une porte (ils demandent les cartes d’identité) rien qu’avec ce nom. Emmené ici et là jusqu’à un bureau dans un bâtiment administratif où trois femmes m’ont convaincu que tout le monde pouvait m’aider si ce dont j’avais besoin était d’histoires. « Que pouvons-nous faire pour vous? » m’a demandé l’une d’elles. Mes premières conversations portaient naturellement sur des questions générales, mais certains thèmes, sur lesquels j’allais bâtir mon livre, se sont rapidement dégagés. Par exemple, lors d’une rencontre organisée pour moi à l’université de Bethléem, j’ai été frappé de voir le nombre de jeunes hommes qui mentionnaient des séjours en prison. J’allais bientôt découvrir l’importance des arrestations et de la détention dans l’expérience palesti­nienne. Les histoires de prison émergeaient encore et encore, ce qui se retrouve peut-être trop dans Palestine, jusqu’à ce que des semaines plus tard, dans un taxi entre Gaza et Jérusalem, je m’assoie à côté d’un jeune gars qui ... n’a pas la permission indispensable pour être en Israël, il pourrait être arrêté, il pourrait être emprisonné. Il a déjà été à Ansar III [une prison israélienne pour Palestiniens] deux ans, pour jets de pierre, Ansar III, je ne suis plus vraiment surpris, à peine intéressé. (Voir page 249) La plupart de mes récits sont nés de rencontres fortuites, quand je n’avais ni plan, ni rendez-vous. Je tombais littéralement au milieu de scènes de colons s’emparant des maisons de Silwan, par exemple, ou de femmes palestiniennes manifestant contre la déportation d’un groupe d’hommes arrêtés. J’ai vite appris à laisser venir les choses, me laisser porter par les événements et les personnes, pour voir où ils me menaient.

m’aiderait car j’avais franchement besoin qu’on me tienne la main les deux premières semaines : heureusement, de nombreuses bonnes volontés se sont présentées sur mon chemin et m’ont aiguillé. Une introduction en amenant d’autres, à ma grande surprise, beaucoup de portes se sont ouvertes.

xii


Bien sûr, j’étais novice à ce jeu et sans doute trop précautionneux à certains moments. Quand les choses tournaient au vinaigre, à Ramallah par exemple, mon premier réflexe était la fuite. [B]rutalement un bruit d’explosion, une Jeep militaire qui déboule en annonçant quelque chose en arabe, des gens qui s’enfuient, vite, qui ferment les magasins, tirent les rideaux... Des soldats qui surgissent des Jeeps, M16 au poing... Je demande à un type ce qui se passe, il n’a pas l’air de comprendre, je demande où sont les taxis... J’en trouve un, je lui demande d’aller à Jérusalem et je saute dedans... Oui, monsieur, ma quête d’aventure s’est arrêtée dès que j’ai vu les gens courir, les soldats sur le qui-vive et les bombes qui explosaient. J’ai lâché l’affaire, je suis rentré à Jérusalem et j’ai dévoré un Snickers. Un shekel cinquante. (Voir pages 117-118) Dès que je prenais un taxi pour la Cisjordanie, je savais que je serais immédiatement repéré et abordé. Je comptais entièrement sur l’hospitalité palestinienne afin de trouver des gens pour m’aider. ça ne veut pas dire que tout s’est toujours passé comme je le souhaitais, mais, dans l’ensemble, les choses ont presque toujours plutôt bien tourné. J’ai marché dans le camp [de Kalandia], dans les rues autour du container à ordures des Nations unies, et j’ai rencontré un groupe de chebab [des jeunes], demandé s’ils parlaient anglais, ils semblaient suspicieux, ils m’ont envoyé vers un type à moitié fou qui disait comprendre l’anglais, mais était incapable de dire un mot, il demandait à toutes les personnes autour si elles parlaient hébreux, j’ai essayé de l’interrompre : « Inglesi, inglesi ! »

Eh oui, monsieur, c’est que j’ai pas envie de me faire descendre ici, moi… ça a rendu tout le monde (plus) suspicieux, personne n’a voulu s’en mêler… Mais finalement, le moitié timbré m’a emmené de l’autre côté de la rue… J’ai rencontré une famille qui me demande d’attendre le retour de [leur fils] qui, me pro­met­tent-ils, parle anglais, alors nous nous sommes assis, [ils ont été] très gentils, nous ont offert le thé… Les courses en taxi et les voyages en bus ont souvent offert un terrain fertile à la collecte d’histoires. Une conversation débutée dans un taxi avec un des passagers pouvait aussi bien se prolonger dans un salon de thé et finir par une invitation à dîner. Il y a un épisode qui n’a pas "survécu au montage", même si j’aurais pu facilement en tirer un chapitre : Dans le bus pour Beit Sahour, j’ai parlé avec quelques Palestiniens qui rentraient à Bethléem (à 9h30) après avoir attendu plus ou moins trois heures d’être ramassés pour un travail occasionnel à Jérusalem. Pas de chance aujourd’hui. Ils n’ont pas de permis en règle, de toute façon, ça coûte beaucoup d’argent et « où peut-on trouver de l’argent pour un permis ? » disent-ils. Après tout, ils ne travaillent pas, ils ne peuvent pas se payer l’université non plus, ça a toujours été difficile, mais, maintenant les [immi­grants] russes prennent tous les emplois non qualifiés qu’ils récupéraient avant, les travaux dans le bâtiment. Pas de travail à Bethléem ? Non. L’un d’eux fait partie d’une famille nombreuse et son père doit se débrouiller avec 40 shekels par jour. Ils conchient le processus de paix. Comment Hanan Ashrawi [une notable palestinienne alors impli­quée dans les pourparlers de paix de Madrid] pourrait-elle me représenter ? a dit l’un d’eux. Elle a eu


[ .. . ]


[ .. . ]



chapitre I



apont ’éch  ! d z ens hifi ! e i a r t i g p des t no îne égy les de cha que ve es e e r u i r ? uit e q lé ou mo esp Et le br àc ne r ma voil de té , Je ent, s n ce ille! laxo en pla pem lle v k e s u x Q Le z eu Dé me nt e! che 15 la t million s ê le c te d’u de pou orp s de n côt lets, l’au é, Ent tre r  ! e le béb és p s pyra har mid aon e s, j’ s et le suis s sto ne. Je dé fa ille Ti ! r

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Tu p o o bo ub u is li r er !

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Je la rai retrouve n e t ô t n e bi Europe.

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J de ’ai pa pro s ave blèm c es isr aéli les ens .

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J’écraserais Israël! Houla ! O n Moyen-O est au rient !

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eg in  ?

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Pen  Cha dant ce r ses if fait u temps, rock n ers p e liste d e réfé rés Barc : la  H

ait te ét Sada me très m un ho igent! Il l intel aissait la nn o raël c e d’is dans nc a s puis . mais oque à l’ép 50 ans...?

arv yJ Geo est... Pink ames   rge F Mich loyd... Deep ael.. Purp . le...

te Sada un t i ava n ! pla sur voile e! e l e adat a lèv Tah n de S a l p le out as t ir. p st la a C’e ait c pl . ro nks t àf a s pa es t s i d is sa égie Je rat st

Tu vois ? Il déto ur la conv ne er sation ! Voilà u n sujet d ont il peut parler !

tu bien Com ses en n dépe quins ? bou uis Je s ais je s e re, m livr pauv nse 30 n e e dép r mois  ! pa uins bouq i, Et to 500 s e s n e tu dép pour elle s livre x jours ! en deu Elle m’aime

.

Ell Ell e t’aim sese va q e ? Ha enf uitte  ! ant r s ?!

iens ’obt ire. j , d a r s ta Le C s plu quitte aï, r  ? u o Sin je ent xj e l em Deu visa et t s i c u exa mon z, p nd ue a S u q l de uis nt ana de dep c . n . . e le és sc e. cin ers de ort cal rav s s c t r ur l’es à cha fe de uf avec é a t h ô àc s c et ns , le nde o t s n o as nt sp me le m le u m o is... N e et ed qu tout t é g r e f n j lo re, te vec t élè rrê er a c s c a ’ e ’a e s s ut is j in re... Ma bu disc t e célè s L ur c a e ’ l J po Pa la de J’y suis déjà. in em h c Le


T d il p ’ap m u qu arle proc e de vois pe e je r an her man , ns fa gl  ; il de e d is ais ve e s là, , sa ut on ce vo pa que ir Son ys pays ... je  ? ce

lam  ! a S s e koum Y e l a

Et si je

veux un

thé ?

“La paix soit avec toi”

é oblig Il est ondre : p de ré

koum AleY alam ess oi  “Avec t aix” p la soit

Voilà ! Je le tiens !

Du th é ! Sacrément sucré!

sée

l’hospitalité do à la cuillère !

uis Je s aissant. n n o c re J’adore le thé.

vé é rê e. nvit alestin i ’ L . .. P la r pou


Et pense que de mo z-vous n pay s ?

Mais au cas où il aurait pas com pris... cette affaire d’occupation m’a l’air plutôt moche.

On y re v pas vra ient, i ?

Bien, bien...

! GO

BIN

Les collines !

tenant !

ouillé, main

m Je me suis

i

a qu pas ç C’est esse... r l’inté

les  ! ers iv ol i

r

ourne pas t ! is a v ot Je r du p autou

J’ai bien mis le doigt sur

un point sensible!

Oui... uis je s ur... s i e a ... m charm n u

cent... ... un pur inno

e Mais qu faire ?

Eh

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t

es

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et d’ailleurs, je su services secret is pas des s israéliens.

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Vo ma us sy ave mp z t at ou hie te et  —

les en champs s! se terras


. re re loin pas j’en s de l y a s de nt rop  ? t e ê n e ai i o i p e y, ut- bie ang où arl lin, e d eva eur hos a c p e r l d l e s k O , p pa ça m dir je Be ec ns our que l y v e d e a i , à a n p e a v e t n ok ça thi is qua dia as sti irer it qu a p a u e o e p v e a d l qu ym Je mpl Cl llais Pa ir f te Ju s . e ec a les vo m if La ain r ex av j’y e ou no am p a r , qu , p Le ér ic de is, p ffe ées ais vois de. ain a n s o n ét gh an en , tu mo lin s p x K que r, je eu t le el lle t à ou qu cui éta e t m la un om r c i o e En av pt sa crois m fem ièr o c m ed

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e.. Aprè . Pale s Port-S stin a ï d , e lui a mi le Front s un e ba de libér at lle en plein ion de la e tê te.

... jeté au fond de la Méditerr anée avec sa chaise roulante.

Ah, au j’étai fait, s am re Claud ux de cet oute ia , je r mo des n frein ongeais dep mo du d’am bon mo is, à l’af uis d’un our, dév ment, b fût e rom rû o ance ré par le lant euro d pée ésir nne. Tu dois comprendre que les médias américains veulent de l’humain. Klinghoffer a été tué et on a eu droit au portrait complet, la veuve éplorée, sa maison, ce qu’il mettait dans ses cornflakes... jusqu’à ce qu’il devienne aussi familier que le voisin qui emprunte ton échelle! tu vois à quel point c’est puissant ?


i , i lle le Les américa , ia, qu t qu ù e nt ’OLP pas ins t i o o e l ne se soucie e d e u r , d E n e u t t ront n s o u t n d t a ê i a l . n a PAS du probl C en m inie s t- nt   cas, mo ta s l ème i palestin ie n si Il é dan u, et raki à Da lest nom peu me j’ la des i i o s f u a it a r d ! b e am o ér é m icains sont tu r p e i és dans ta vait oit ’arab éo emi tre, ce ces attaques à l a m m pr ê terroristes. Il suffit d’un se on it à udié n Ro i les eut- ant ul américain s a t o p mort pour éc ét it é sé s parmia a éres lipser tout a ce que les Pa s lestiniens av it lai urait laud d’int peuvent avoir C a g e , i à dire. av e f ser os h r s è c fr c Ya ue Mmm... lq e  av que je n’y dit

conna grand is pas -chos eà tout ça...

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iné e! Une b ise s ur la joue et...

Je suis rentr

é tout seul! é ! ianc un f ien! Ha e n i i st oup pale pe! Gr te! o s Sal rrori te

Injuste ? Sans   blague ! Mais je ne pouvais m’enlever de la bouche que le terrorisme était le bois  sur lequel étaient cloués les Palestiniens,   je me suis dit ça le jour où les avions de ligne  ont explosé dans le désert. Tu te rappelles de Munich? Tu te rappelles les athlètes exécutés, les massacres du bus et de l’aéroport ?


et K le un j’ sa d tê D Mo l a e a av ing s p e p va ng s p te ns i, o ai ho ro a is t is bo m ui t f b tr de él c u a . pr fe lè ie l év in illo o r , m pe a s is e s n b q e r y é d ne ab u s d m es e n t le i m de ue p . B m a s , at ie en n Pa m h n t ge le ais ie s em ai st q po ûr t pr d inie u e u r , u n es n pe té co s f sa a m rn ce ien on fla à t é ke ch s el le ...

Il était demeuré dans ma conscience et voguait aux côtés de l’Achille Lauro.

Pale Les en stinie r n   de somb evanc s, r h p a   ex uis d ient e, bat pulsé es déc s, b tu j’a en ou ie jam s à mo omba nies, u a r ça is r t, s rdés f nv tél aisait isage, etenu ans q , la u mê un ue pa évis pot rlons és  ; le ne de me qu nom pré e de pas. s co s jo and la m senta Cisjo Mais mrnflak urnau e x rda ain tion s n aint s, n de la s , m’int ie veu enan ’en ouf rodu t fa t, m fra o i i nce re, que re les n je s de son e peu rre ple ...

Cette femme, elle a huit enfants. son mari est très vieux, très malade. Le gouvernement ne lui donne rien.


Son Lui. st en mee pèr on. Co s ? p s pri de tem e n r e i t b Qua s ! an

Lui. son fils a été tué par les soldats.

Il s’arrête pas ? Pas grave.

Lui, son fils est en prison.

Lui, deux fils en prison.


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Je vais informer le monde de vos souffrances !

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ça fait drôle d’être s là, au mur de , lamentations n au cŒur de mo héritage.

Vendr fait le edi, j’ai shabb repas du Rabbin at avec ce or origin thodoxe, a New Yo ire de rk. ah, ouais  c’éta ? it bien ?

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Entrons là. Il y a des puits qui descendent jusqu’au niveau d’origine du mur.

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ant

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profond, hein ?

ça descend,

ça descend

Exac offer tement l’ d’en te par la v impressio voir le ille n fond , difficile


“L’année prochaine à Jérusalem !” Partout dans le monde, ce toast est porté pour la Pâque juive et maintenant il y est, un juif à Sion, la Terre promise par Dieu à son peuple élu : Chaque arpent de terre foulé par ton pied, je te le l’ai donné comme je l’ai promis à Moïse. Du désert et du Liban jusqu’à la grande rivière, l’Euphrate, tout le pays des Hittites au, etc...

En 1917, après deux millénaires de diaspora juive, les Britanniques dépoussiérèrent la promesse du Seigneur. Grâce à la puissance de leurs navires de guerre, les signatures et les flots d’encre furent lourds de conséquences. Lord Balfour signa sa déclaration et les Sionistes obtinrent l’engagement des britanniques en faveur d’une patrie pour les Juifs en Palestine. e Une terr e pl sans Peu pour un ans peuple s ! e r r e t

Josué 1:3


Mais les choses n’étaient pas si tranchées que ce fameux slogan sioniste voulait le laisser croire. Beaucoup d’Arabes habitaient la Palestine; en 1917, on comptait 10 habitants arabes pour un juif. Mais les mathématiques, tu sais, ça convient pas toujours à la réalité :

Enc

ore

Lord

Balf our

:

à tort ou à raison, pour le meilleur ou le pire, les besoins et les espoirs du mouvement sioniste, enraciné dans une longue tradition, sont d’une importance plus profonde et capitale que les désirs ou les préjudices des 700 000 arabes qui habitent aujourd’hui cette antique contrée.

Et donc : Nous ne croyons pas qu’il y ait lieu de procéder à une quelconque consultation pour connaître les souhaits des habitants actuels du pays.

Affaire conclue! L’Histoire continue sa marche, et les refugiés suivent... Et, si ce n’était que le début de la dégringolade pour les Palestiniens, qui peut nier que les Israéliens ont pu atteindre les sommets?


r

Va voimême !

toi- e ces Commes : la môm érie r conf ationale n r e t ! in iante étud el en t L’hô empli est r quer : à cra dais, n Holla raliens, s u A tafricains, Sud- nt en ils so pour le e rout utz, à kibbo vie en eux la unauté commueillette et la cnges d’ora le Negev dans ou en e... é Galil

Ce n’est pas que ça. ça m’a aidée à comprendre la culture.

Ceux q u termin i ont é séjour é leur  des his changent t de vom oires   particu i, plus li  les Ang èrement   qui des lais, pour v  ne son acances t des vacanc   conditio es qu’à n  tous le de vomir s   disent soirs, ils q  rien à f u’il n’y a a   ces fer ire dans m  la tom es après bée de nuit à la M   bourre part se r la gue  l’A ais n’ rg Ma à la vodka... ule s’é est ent ry  e c p in A ap st d late as v e, nn, s rè e r, en  bé em s t ret elle ue un né ain roi ou r isr pr vol es d s Tu v aé og at e dir e a eux p l r ien a o t isr vec l ’ llemen a ... mm ur réc élien armée uve te t o e n r e t tim Je n u ns le sen fort es isarélie , n u ys e a j p s r e u d st s le enver entité... C’e se id o ch e leur n ent u vraim rveilleuse. me

e r tan er le  ? s ks  ?

Et t d’où e oi, s tu ?

Israël a besoin d’une armée forte. Il est entouré d’ennemis.

ty doi ... e v i Da léch r réf

ns da il d t en e k- rée r. e we sac sû Un ville plus la est n’

d’Israël et des ÉtatS-Unis.

Bon, en fait je sui s américain . mais je me ici, s chez ens moi.

Je che suis Che z moi! z che moi ! zm oi !

t, il a   Et il l’es leine p la   droit à e r iè t   et en eté n n e y   cito nne   israélie aite, uh  s’il le so i du Lo c’est la un Juif , retour ’il soit d’où qu evenir” r “  peut oldavie, ici... de M de ie, d’Éthiop rch, hu  Christ C eell v  de  Nou . .. e Zéland


nes emai au s s  De tard, giés  plus p de réfu’ai cam abalia, j J un     de contré inien n s    re x Pale t de lé     vieum’a par u’il a q i u r s    q foye 8 aprè     son té en 194 n o    quit clarati nce é   la d épenda d    d’in aël et s r   d’Is sion de bes... ’l inva pes ara trou

C’était un jour sombre, le jour où j’ai quitté mon pays.

Les juifs sont venus, ont occupé le village et arrêté tous ceux qui restaient , comme mon père qui était trop vieux pour marche r... J’ai marché ave c ma femme, qui était enceinte, pend ant quatre jours. .. l’armée ég yptienne refusait de nous prendre da ns ses camions... Les juifs ont bomb nous ardés… même l e mis no s fourus chass pouraient... t s é, en mi . rn rés al… er nes u p p n en to s ... t à nat re née u uraéli il a aza i es age n t , u i n e q l s a a t is il e re e G ob és ét es t. rc nv eu e d se ir so ait orit r h Il y elqu avan v e s nd rav vo Il a aut qu par ue ba u t ur re s q l J’avais p e a au l d ue er Il a l po mené ma q m e ë r itt ra voir u s m I a f ille Po qu ys... a p n o m pu là où étaient ma maison et mon école...

Certains sont restés paralysés ap rès avoir eu la ch ance de revenir et de voir.

Ils

on dét t to ru ut it.

p ne lus r t ie qu émoig n en n o ay us e un ons véc jour ul à.


mée, ville ar e n u t s lem es railleur Jérusa de fusils mit amais vu, j le taux élevé que j’aie éliens a r s le plu moins les Is ins, u m a é f in mais oldats mum pour s s e d m su ont moi. Un i est le ce qu ète comme al reçoit n h un est er internatio st t n t e e c ’e jets ilité, si parer ce ib s s o om la p pour at, de c le mand e choses, et rse u d genre , dans la co ais t r e a u o r ma p té, je j liennes u a e b raé à la mes is iles fem cées... En un la r p e bien ticuli  en par forme, vert olive, elles s ces pull omparables... c in t n so

De t impo emps en emp ssible d temps la ro êcher, je e m’en , reluq ute de J traîne jeun uer que affa po sur histo ettes en lques ur que j ire de m perm,  jus er te e me fais appeller vieux ...

Hou

Et les garçon s

làlà!

e gars! z-moi c

e Regard

Il prend sa pause sur les remparts de la vieille ville...

c

e

e ns

ir

errito

t les t

plan ontem

ou

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We

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e om

s...

nnexé

bes a es ara

to

ro

M

bo arl

e rre mêm J’en se ses! les fes

c

try

n ou

alors ?


Hé !

s t’ e aine? ic mér

a

oui, toi !

un Tu veux de au e c r o m ich ? sandw

hum... s, Et vou es t ê s vou ? d’où

Ou

h, m on

die

u !

Elle est nerveuse ? Ou

déc

éré

bré

e ?

Quoi q ne se u’il en soit laisse , pas dé notre sold a conte nance t r...

L

On dirait que  maman n’a pas inventé l’eau chaude non  plus! amais lle a j e ça ’e u q omm ierais J’par n engin c i color. eu u film Fuj on sur s

On est d’isra ël

.

Pigé, pet ite ?

Allez,

Pas sé sons rie use aux s… cho

viens !

ses

Hello, les gars !

Trop

tard !

L’arrivée de papa/mam an éteint tout espoir...

vez s a e, les us u vo âg  ? Vo s s el qu rçon z pa ga vrie de er. bougez fum

ux ere é. g n da sant un st a C’e ur l quez po s ris cer. Bougez u can pas. vo

pas.

!

he

ac av


in . ple .. y a à bas l I , l Hé ens de g sse e pa Il s elque qu se ? cho

i

c

s

po

ro ep

l ut

o it j’a in : r Ca mat ce

u

vo

Je

is

a dr

r

e nt

..

ir.

n ve

C’est   un villa Silwan,   entièr ge arabe. ement  une se Il y a  des co maine, ont ch lons juifs  plusie assé u propré rs palest taires  ont eminiens,  chez ménagé e   dérou ux, lé le   barbe lé  l’étoile , hissé de David Avec u ... z giroph is et are du “proc génér ureur l’appui al ” à ; pourra qui oh, il y a oppos it s’y er ? toujour

s un truc qu i se passe.

Et

C’ ça est b A po po lo qu ur e j ien p j’ar rt rs e s ou rive v oi e je uis r au rc de d là.. bea e e . s um sc q I u m ilie i e ud m n se e... on ds pa di p ss c ar e… es l a …

moc La dé

U

ne

n!

o ti

a

t es

if

an

ratie !

n !

st

fe

i an

io at

roit … u d oi… d ion s é l s m ê f me re pre un ex nt our r com o e p r c lib sion ble e la e vi ssem c à Un u a o Do se r cr ac de s i  ! su ël je , a s r plu Is De

m

-m

Et

, ça

st

e c’

r

l

es

Te

s

re

oi

rit

..)

n.

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.. és

p

cu

oc

a

is

bo

tie

a cr

o ém ! d ” u t le (o eu rien s i la -O oic n, v ette t “ yen o i s t e rma de c C’ Mo info sions r u u r o d e ns. tp xv t

u pl

o  E deu col   les ire de a aff


s e ce êtr t-ils je t n t, Peu ns o men is o col légale en, ma i agi sais r as la p n’en n’est on. ti ce s e qu C’est une provocation, . c’est évident..

ace e Pe in la d e l e lo de fou   La est d reuse e Now nomb olitiqu i. p id s   plu entail près-m a l’év t cet stants s r u e  offe manif s en b s u e l n L ë t ve sra eur son tout I imer l es de expr avec l r pou darité ns de e l so i stinie tomb Pale an. Je ux... ’e Silw l’un d r su

Juste au moment où les pourparlers de paix commencent...

Bie    t-i n sûr, a    qui l, Israë ffirm e   Ter tter le l doit s r i t    oc oire c   Éta upés, s est t pales et un tini néc une en ess ité. .. e

t n’a si c e rr ive la da prons le pas s an née chai 10 da s, ce nes ns s 30 20 o era ans u D’ ... t ici

o ad us là, c u la lt les om il s cin es ho me se era qua jus mm se rvi ap nt qu’ es an ma r p pel ain à de née ines lusie é po e, co ré da c ur ur de mp ser ns l haq s Ci s m ris ve, ’arm ue sj is p y é t men Com or si ou e da on r conciliez-vous s n ie. en vos opinions politiques fait de servir  avec le dans une armée d’occupation ?

Je c onn ge le s ns qui r ais des e efus r v i en p ent ris ce et bien on, ma qui von i t q s u’i c gen s co l y ait ’est d m e fas sent me moi s l’ar qui mée . les les arab pas terri es da to dr n ma oit à ires n s ’o la j sig is si, ust nt m n qui aler d oi, je ice. p c e act omme s sol eux d tte e s per i nt ats met lléga des les d’amo ux, ça r cho ses cer Le ... c enn peu o de uis, t avo upab ir d le lo l’ar êtr que urde mée.. e exc es . l C de lqu’u punit ’est u fai ion n u q po ne mil re un ui a ita e c déc ur ire ar riè idé . re

ie r rat oc utou m dé ea La tinu .. n co nous. de

n jour C’est u our p parfait ifique c a une p tation s manife e now. c a e P de

D’aille sur u urs, soy ons c n poin lairs t: écoutez, je suis sioniste et je crois en un Israël fort.

c’est parce que nous sommes forts que les arabes ont abandonné l’idée de nous jeter à la mer...

maintena nt ils sont prêts à négocie r.


z oém ie... he d c n i a l ff t d, en . ar sau t r t lus ou nt ion re vis u p st t e p e ts élé Un atie an a t r p i l c ic à rt oir Des ga a p v m s se de la f ins palestie e ns pas oule t L x se ra Peace eu Now et nquille des man nt au milieu récupè ifestan rent le s panc ts de artes.

la ur de aute s crier... h i m d nten uis à Je s quand j’e e collin

Un

em

50 pe

rsonn

ini-

es pe

ma

nif

es

tat

ion

ut-ê

!

tre

es

femm s, des nfant

des e

Ils

ue tq

en rch

ma

s...

tre

mè de s e ain ent c es lqu

...

ête

-t tue

ue

sq te . u . n ... c mi midi. x eu ès n d l’apr e s l t ibe ou éc de t d de us lus tend p t en an lev vais u a o ... s n’en e j

tà rian

Je veux dire , ils criaient comme si leur vie en dépendait !


B ij o u r  ! B’jour !

juif ? juif ? moi ? non, pas juif.

?

toi venir venir?

dre descen là bas ? ne c’est u  ? blague

? joli  ? joli

toi parler juif ?

toi r parle juif ?

!

non

n o n !

oui ! ! venir ! r i n e v

, okay elques qu is a n n , je co s : shalom et. mot tz, kness u kibbo


de qu’il est s le uillard dit Le rondo it que des colons . d e ill Il . m n a a f a ilw s S sés, lui et ont chas Ils sont venus ch toi ? Ils ez ont dit quo i ?

dehors ! dehors ! dégagez!

venir ! venir !

tu habites où, maintenant?

juifs ! Lui.

me om e c appé. g u r Il bo tait f é s’il

maison !

ie.

olon Une c

juif !

hé, c’est x, ueu tout bo i. ic r a p


... lors

Et a

st sûr, mais ils com- ir Gentils petits, c’e revo yer. Je leur dit au mencent à m’ennu et...

bre !

ans l’ar

aux d es oise

D

es.

nt

se mas

s ra

çon

gar Les

! argent

r pier des

argent?

d ix !

la later nt éc iseau. le u e no Ils v lle d’u cerve

kels ?! dix she yais je cro tait é qu’on amis!

Les oisea ux s’envo le garçons ne les ont nt mais les pas vus.

er !

t arrê e les d n e moy Pas

Nouser! r montus o n rer ! t n o m

mais tu n’ava is pas dit que c’était paya nt ! regarde, il ya trois shek els cinquante!

non! non! main ent ma

m s refer yen ! Il Pas mo ièces... p sur les

nt!

ise Ils v

là ! là!

Tirent!

t!

Visen

t !

Tiren

Visent!

!

nt Tire

Visent

!

nt !

Dix! cinq moi ! cinq lui !

mais c’est pas juste...


quelques ’attrape

J

e plus... pièces d

putain de gamins ! surtout cet enfoiré de gros lard! sûr qu’il

Ils me laissent partir...

était même pas de

Silwan ! m’a arnaqué

s s pa Nou s ? bon

là-dessus aussi ! saloperie de merde de petits cons...

s nous pa ? s bon

leur is le is ? a v a e auv ue j es q ont m s n e , s pe dir Tu , qu’ils r e dir leu

Tu

p

ue

q

es

s en

ais

v je

es

àc

p

?

es

ist

r rro

e

st

it et

le

e sc prè

tir

ie ?

ller

i ’art

d

A

lem, je Jérusa ville de alestiniens. le il ie v p la ur dans chands De reto vant des mar e d passe .. nt. ûte o dég me Ils ... ristes yeux t Leurs Leurs po ches vides...

omm

J’ai c

.

pper..

e fra

ie d e env

serrer mains ! serrer mains !

. Ce pote jà n o lé, m la dé  Déso là, on m’ coup u Caire… a fait

tu vois ! il ne veu t pas la paix !


chapitre II



! h a l l h! a m a R alla Ram

Naplouse

e ort la p e... à vu xis e ta ent de d s aiss eur att conn b a e r Où Les amas m D aujourd’hui, de

!

mon ami ? Naplouse ?

Je d’A suis La rab ie... wrence

...Tim

.

Page..

Dan bar Rathe be a r fgh et sa ane … le p blan remie c à r ho Jén mm ine e ... ne, ingsto “Dr. Liv me !” su je pré

uatre s de q bron... lu p s  Pa r Hé llah ls pou   sheke pour Rama s x e    Deu s grenad  et se ussion du r c u   à per di matin. S e f u m ne sa jet à le tra ls vers e   shek use, nous te lo p a comp s N r ons le écout es pourparle d o i u d d a r ren ix à la  de pa nienne, lles   jorda es nouve é u t  quelq at de san he, t de l’é rges Habac es o d de Ge meilleur le m u s i ’O u   p es d t t ix e o s v sa cas oum, nt ou ls a h K apaisa , nous ttristant a s ès nou ie apr colon e après i colon e... i n lo co


ette  J’aime c de é it im t  in présent  l’instant utres a avec les s, les passager es friandis les s, partagée s de e anecdot de t prison e , une ades  bastonn udiant t   fois un é nierie en ingé e a électriqu ur o insisté p les re connaît ux cursus a ... is États-Un

Euh, je ne sais pa s trop, mais je pourrais trouve r. mon père est ingénieur.

oui ! fais tout ce que tu peux ! il faut que je parte d’ici!

i

rt

Pa

? ci

’i rd

de in Lo

je la esse, e r d a e son oche et j fonn p Il grif dans ma ujours... o s t t e r u m lie po l’oub

Le de tax st i a ina rri Je tio ve m n. à e

pa

e.

rle

...

l.

on

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fe

ch

vir

m

èn

la

que

en

n

fa

st i c’e rop, s t t E peu un scène op si la ient tr dev ude, si ac cha estom e mon oue, j s n n a e s te d sau axi... t un

uel

les

’u

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il se pas

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ça ?

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ours qu

ose

...

elque ch

ose...

e

ss

a ec m !   e c t j me ... e là, de

Dans la soirée,  de retour à Jérusalem,   peut-être au club Underground de la nouvelle ville, devant Tom et Jerry qui s’étripent   sur l’écran vidéo, je secoue mon derrière devant des paras en perm et les petites Suédoises de l’hôtel...


Ma a e ! m vachche! va

ent lum . o s t ab lai n ut il ve rir so t E ff m’o Non, merci, vraiment.je n’aime pas le lait.

ma vache! ma vache! vraiment. non merci.

Bienv mon enue! pays !

L’ama attra teur de la i p dans e quelqu’u t la n jeune foule. Un envir de 16 ans on.

une . tiré e d’hab e t a mm e qu ons s av oule. Co e pens u o N ite f ond . pet t le m ponais u a  To uis j   je s oJap s ? nai

Non. Pas japonais.

on lui a tiré dessus cinq fois.

cinq fois ?


elle une b . , le p .. m r exe tique he, pa lle en plas c è m ba sa Sous rice. Une t a cic

Un qui autre sa mrelève Et anch e. Une ça ? v ball raie e.

des plaies

!!

n vous e z e l u vo es ? d’autr

n

e Bi

! ûr

s

s

Ble

es

r su

!

sil

d

u ef

ac

Fr

!

es

r tu

Am

s!

ion

at put

les par urs! s i a e n édit con e je petits u q da res de iv tifa L’In s des l e t o n

it endro oms, l’ ident ! n s le  Avec ate de l’inc et la d

n peut L’Intifada qu’o compter!

A

ù

,o

s lor

s

on

all

?

us

o -n

ita p ô H

l  !


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