J.G. Ballard, Hautes altitudes

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DYSTOPIA introduction par Jérôme Schmidt & Émilie Notéris

Considéré par Anthony Burgess comme «l’une plus importantes et intelligentes voix de la fiction contemporaine» (réponse à Susan Sontag l’ayant présenté comme «l’une plus importantes et intelligentes voix de la science-fiction contemporaine»), James Graham Ballard est publié pour la première fois en 1956 dans le magazine New Worlds. Auteur de S-F, autobiographe et écrivain d’anticipation, il décloisonne les genres, déborde les cadres et met en échec toute tentative taxonomique. Ce chirurgien du réel n’aura cessé de mettre en forme un nouvel agencement du territoire mental, radiographiant les zones d’obscurité de la société capitaliste à l’aube du XXIe siècle, sous forme d’une dystopie prémonitoire et poétique. L’analyse de son œuvre prend aujourd’hui un statut de licorne totémique contemporaine, décrypter Ballard revenant à décrypter le réel. Au-delà de la dislocation corporelle (Crash), c’est l’espace-temps (La Forêt de cristal), l’environnement (Hello l’Amérique !, La Course au paradis) et les schémas de pensée (I.G.H., Que notre règne arrive) qui entrent en torsion dans l’univers de Ballard. Les personnages de ses romans et nouvelles ne sont pas posés dans un paysage imperméabilisé. Extérieur et intérieur interagissent l’un avec l’autre, abolissant les frontières. Les héros sont en interaction avec le territoire, travaillent incessamment l’espace qu’ils modélisent selon leurs désirs de destruction et/ou de construction. L’acharnement des protagonistes à façonner un monde sur le mode du motif indéfiniment répliqué — à la verticale comme à l’horizontale (façades vitrées des immeubles, marquage au sol,

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