La civilisation occidentale

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Louis Lafrenière Lorne Huston Avec la collaboration de David Lessard

La

civilisation

occidentale Des siècles d’histoire

Politique Économie et société Courants de pensée Sciences Arts


Présentation des caractéristiques des chapitres

La situation de l’époque dans le temps Une présentation de la période étudiée figure en début de chapitre, accompagnée d’une ligne du temps soulignant les évènements-clés de cette période.

Une analyse de l’histoire sous plusieurs angles Le premier chapitre constitue une introduction présentant les concepts-clés abordés dans le cours d’Histoire de la civilisation occidentale. À partir du deuxième chapitre, l’histoire est analysée à travers sept thèmes : « Le pouvoir et l’État », « Les rivalités politiques », « L’Occident et le monde* », « L’économie et la société », « Les courants de pensée », « Les sciences et les techniques » et « Les résonances dans le monde des arts ». * Les chapitres 2 et 3, toutefois, explorent respectivement les thèmes « Le monde grec et les autres civilisations » et « Le monde romain et les autres civilisations ».

La visualisation des réalités géopolitiques L’étude d’une période donnée est appuyée par des cartes historiques qui donnent en un coup d’œil une idée des réalités géopolitiques.

IV

Présentation des caractéristiques des chapitres

Des témoignages de contemporains Des documents historiques illustrent les faits exposés et donnent l’occasion d’entrer directement en contact avec des témoins ou des acteurs de la période étudiée.


Des informations complémentaires Diverses rubriques contiennent des informations complémentaires sur des concepts, des réalités historiques, des évènements ou des personnages liés au propos. Des définitions de notions figurent également dans le glossaire à la fin du manuel.

Une représentation visuelle signifiante Une riche iconographie illustre de façon expressive et dynamique chacune des époques tout autant que la section « Les résonances dans le monde des arts ». Toutefois, loin de concevoir les arts visuels uniquement sous l’angle d’un complément esthétique à la civilisation occidentale, cette section montre comment les « résonances » des réalités intellectuelles, politiques et économiques y trouvent écho.

La pratique de l’analyse historique et critique La section « » propose des questions de compréhension et de synthèse.

Le pictogramme dirige l’étudiant vers MaZoneCEC où sont disponibles plus de 600 exercices interactifs, des cartes interactives, du contenu supplémentaire et la version numérique du manuel. La version numérique du manuel, accessible en ligne et hors ligne, permettra entre autres aux enseignants de projeter, d’annoter et de partager des notes avec les étudiants, qui pourront, eux aussi, annoter leur propre version numérique.

Présentation des caractéristiques des chapitres

V


Table des matières Chapitre 1 Histoire, civilisation et Occident Un monde à découvrir. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 L’HISTOIRE L’histoire comme récit. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 L’histoire comme science. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 LA CIVILISATION Les premières civilisations. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 La civilisation comme concept. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 La civilisation comme héritage culturel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 L’OCCIDENT L’Occident comme repère . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 La civilisation occidentale comme réalité historique. . . . . . . . 10 La civilisation occidentale comme espace . . . . . . . . . . . . . . . . 10

Chapitre 2 Du iie millénaire avant notre ère Le monde grec . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 UN REGARD SUR L’HISTOIRE DE LA CIVILISATION GRECQUE 14 14 14 16 18

LE POUVOIR ET L’ÉTAT La politique et le citoyen. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La cité-État (polis). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les formes d’organisation politique . . . . . . . . . . . . . . . . . Deux cas de figure : Athènes et Sparte. . . . . . . . . . . . . . . L’expérience démocratique athénienne . . . . . . . . . . Sparte : l’oligarchie militaire. . . . . . . . . . . . . . . . . . .

19 19 21 22 22 24

LES RIVALITÉS POLITIQUES Le choc des impérialismes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26 La guerre du Péloponnèse (431-404) . . . . . . . . . . . . . . . . 26

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Table des matières

LE MONDE GREC ET LES AUTRES CIVILISATIONS Les Grecs face aux Perses, aux Macédoniens et aux Romains. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les guerres médiques (490-478). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La pérennité du monde grec : mise en place du monde hellénistique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La conquête romaine. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

27 27 29 30

L’ÉCONOMIE ET LA SOCIÉTÉ Une société plurielle baignée d’un idéal autarcique. . . . . . . . L’économie grecque antique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’idéal civique : l’autarcie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’essor commercial. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La société grecque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les citoyens. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les femmes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les étrangers. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les esclaves. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

30 31 31 31 32 32 33 35 36

LES COURANTS DE PENSÉE

au iie siècle avant notre ère

Les origines. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les « siècles obscurs » (xiie-viiie siècle). . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’émergence et l’expansion du monde grec : l’époque archaïque (viiie-vie siècle) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’épanouissement du monde grec : l’époque classique (ve-ive siècle). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le monde hellénistique (ive-iie siècle) . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

La conquête macédonienne de la Grèce (338 avant notre ère). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27

L’affirmation d’un idéal humaniste. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La mythologie et les récits épiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . Déclin du mythe et avènement de la pensée rationnelle. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La rhétorique : savoir argumenter. . . . . . . . . . . . . . . . . . . Rationalisme, logique et dialectique : savoir raisonner . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les débuts de la méthode historique . . . . . . . . . . . . . . . .

36 37 38 39 39 41

LES SCIENCES ET LES TECHNIQUES L’observation de la nature : fondement des sciences. . . . . . . . L’observation de la nature . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’observation des astres. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’observation du corps et la médecine. . . . . . . . . . . . . . . L’équilibre et l’harmonie par les nombres . . . . . . . . . . . .

42 42 43 43 45

LES RÉSONANCES DANS LE MONDE DES ARTS La réalité humaine au centre de l’expression artistique . . . . . La littérature et le théâtre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Un idéal de beauté dans les arts. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Un vocabulaire en héritage. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

46 46 48 49

En résumé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51


Chapitre 3

L’ÉCONOMIE ET LA SOCIÉTÉ

Du viiie siécle avant notre ère au ve siècle de notre ère

Le monde romain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52 UN REGARD SUR L’HISTOIRE DE LA CIVILISATION ROMAINE Les origines. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La République romaine (de 509 à 27 avant notre ère) . . . . . . Patriciens et plébéiens. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’impérialisme romain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’Empire romain (de 27 avant notre ère à 476). . . . . . . . . . . . Une paix durable : la Pax Romana . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les derniers moments d’unité de l’Empire romain. . . . . . Les invasions germaniques et la scission de l’Empire romain. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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LE POUVOIR ET L’ÉTAT De la cité-État à l’Empire : organisation politique et droit romain. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les institutions politiques de la République. . . . . . . . . . . Les magistrats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les assemblées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le Sénat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La crise des institutions républicaines. . . . . . . . . . . . . . . . Les guerres serviles (139-132, 104-100 et 73-71). . . La crise agraire (133-121). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La guerre sociale (91-88) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les guerres civiles (88-31). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les institutions politiques sous l’Empire. . . . . . . . . . . . . . Le droit romain, base du droit occidental. . . . . . . . . . . . .

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LES RIVALITÉS POLITIQUES Constitution et diffusion de la civilisation gréco-romaine. . . . Les apports étrangers à la civilisation romaine. . . . . . . . Les Étrusques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les Grecs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Rome comme modèle : la romanisation. . . . . . . . . . . . . .

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LE MONDE ROMAIN ET LES AUTRES CIVILISATIONS Des rivaux défaits ; des voisins soumis ; des amis assujettis. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Carthage et les guerres puniques (264-146). . . . . . . . . . . La guerre des Gaules (58-51 avant notre ère) . . . . . . . . . L’Égypte devient une province romaine (30 avant notre ère) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

71 71 72 73

Économie et société au service de la nobilitas romaine . . . . . L’économie romaine. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . D’une agriculture de subsistance à l’exploitation intensive. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le grand commerce : une « mondialisation » avant l’heure. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La société romaine. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Des citoyens hiérarchisés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’esclavage dans le monde romain . . . . . . . . . . . . . . Quelle place pour les femmes ?. . . . . . . . . . . . . . . . .

75 75 75 75 76 76 77 78

LES COURANTS DE PENSÉE L’influence orientale : philosophie grecque et christianisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Philosophes romains à l’école des Grecs : stoïcisme et épicurisme. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La rhétorique : l’art de discourir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Une nouvelle religion : le christianisme. . . . . . . . . . . . . . Contexte religieux du monde romain . . . . . . . . . . . . La naissance du christianisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les Églises primitives. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Un tournant décisif pour le christianisme : de culte libre à religion officielle de l’Empire romain. . . . . . .

79 79 80 82 82 83 84 86

LES SCIENCES ET LES TECHNIQUES La science grecque, le génie romain. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88 Médecine et astronomie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88 L’art de construire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89 LES RÉSONANCES DANS LE MONDE DES ARTS Des jeux, des lettres, une langue. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les jeux romains. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La littérature. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le latin : une langue en héritage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . En résumé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

92 93 95 95 97

Chapitre 4 Du ve au xe siècle Émergence de la civilisation occidentale et avènement de l’Europe féodale. . . . . . . . . . . . . . 98 LE POUVOIR ET L’ÉTAT De Clovis à Charlemagne : de la royauté à l’Empire . . . . . . . 100 Les royaumes germaniques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100

Table des matières

VII


L’Empire carolingien. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La fin de l’unité politique de l’Occident . . . . . . . . . . . . . Émergence de l’Europe féodale : les ixe et xe siècles. . . . . . L’emprise de la féodalité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’univers féodal : la vassalité . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’univers féodal : le monde seigneurial. . . . . . . . . . Une société chrétienne divisée en trois ordres . . . . . . . LES RIVALITÉS POLITIQUES Une période incessante de guerres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La conquête au nom de Dieu : les Francs à l’assaut de l’arianisme. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La conquête au nom de Dieu : Charlemagne à l’assaut du paganisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’alliance de l’État et de l’Église . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’OCCIDENT ET LE MONDE La difficile émergence de la civilisation occidentale. . . . . . . L’Empire byzantin, continuateur de la tradition gréco-romaine. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’Occident chrétien confronté à l’islam. . . . . . . . . . . . . . Retour en force des invasions : Vikings, Magyars et Sarrasins . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’ÉCONOMIE ET LA SOCIÉTÉ Un univers socioéconomique anémique et autarcique. . . . . Déclin du grand commerce et des villes. . . . . . . . . . . . . Économie domaniale et servitude. . . . . . . . . . . . . . . . . . L’Église, une puissance économique. . . . . . . . . . . . . . . . LES COURANTS DE PENSÉE Entre paganisme et christianisme. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’Église chrétienne au cœur de la transition . . . . . . . . . L’évêque : un acteur central dans la propagation du christianisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La tradition monastique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Évangélisation des populations païennes et propagation de la foi en Occident. . . . . . . . . . . . . . . . . .

103 106 107 107 108 109 110 110 110 111 112

VIII

Table des matières

Du xe siècle au xive siècle L’époque médiévale : premier élan de la civilisation occidentale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132 Le pouvoir et l’État La création d’États féodaux. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’état féodal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’Église chrétienne, une puissance spirituelle et temporelle. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Des États en construction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le Saint Empire romain germanique. . . . . . . . . . . . Le royaume de France. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le royaume d’Angleterre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

134 134 135 136 137 138 139

Les rivalités politiques 113 113 114 116

Le pouvoir pontifical et les pouvoirs féodaux . . . . . . . . . . . . Le poids de l’Église romaine : la querelle des Investitures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le Grand Schisme d’Occident. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La guerre de Cent Ans . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

141 141 141 142

L’Occident et le monde 117 117 119 119 120 120 121 121 122

LES SCIENCES ET LES TECHNIQUES L’œuvre de transmission. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124 Un déclin du savoir antique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124 La Renaissance carolingienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125 LES RÉSONANCES DANS LE MONDE DES ARTS Les premiers pas identitaires. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Un art ornemental utilitaire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le monde religieux : au cœur de la production culturelle et artistique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Une culture de l’oralité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . En résumé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Chapitre 5

127 127 128 130 131

Un espace occidental défini par rapport aux autres. . . . . . . Le rapport avec le monde orthodoxe : le Grand Schisme de la chrétienté. . . . . . . . . . . . . . . . . . Le rapport avec le monde païen : l’évangélisation des pays avoisinants. . . . . . . . . . . . . . . Le rapport avec le monde des infidèles. . . . . . . . . . . . . . La reconquête de l’Espagne. . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le temps des croisades au Proche-Orient. . . . . . . . Un ailleurs imaginaire richissime : l’Extrême-Orient. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

143 143 145 145 145 146 151

L’économie et la société Une croissance manifeste malgré quelques crises . . . . . . . . Les progrès agricoles et la croissance démographique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le renouveau du commerce. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le monde urbain. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La Peste noire de 1347. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les révoltes populaires en Europe au xive siècle. . . . . .

152 152 153 154 156 156

Les courants de pensée Le moule de la pensée chrétienne. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La scolastique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La mise en pratique de la pensée chrétienne. . . . . . . . . Les opposants à l’enseignement de Rome ou à la foi chrétienne . . . . . . . . . . . . . . . .

157 157 158 159


La volonté de réformer les pratiques chrétiennes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161 L’articulation d’une critique du pouvoir pontifical au xive siècle. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161 Les sciences et les techniques Le savoir, un monde de clercs. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161 La naissance des universités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 163 La transmission des connaissances pratiques. . . . . . . . . 164 Les résonances dans le monde des arts L’image et ses artisans à l’époque médiévale. . . . . . . . . . . . L’image dans la culture chrétienne d’occident . . . . . . . Les artisans d’images. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’art visuel triomphant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La cathédrale médiévale, empreinte de la civilisation occidentale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La cathédrale romane. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La cathédrale gothique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . En résumé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

167 168 168 169 170 170 171 173

L’Occident après la prise de Constantinople. . . . . . . . . . Le Portugal encore seul à poursuivre les explorations. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le rôle de Christophe Colomb . . . . . . . . . . . . . . . . . Les suites immédiates de 1492 pour la Castille et le Portugal. . . . . . . . . . . . . . . . . .

186 186 186 186

L’économie et la société Une société féodale en pleine mutation . . . . . . . . . . . . . . . . L’émergence d’une nouvelle pensée économique : le mercantilisme. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Une bourgeoisie commerçante et industrielle active. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le commerce des épices. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le retour en force du commerce des esclaves. . . . . . . . L’affaiblissement des grandes familles féodales. . . . . . . Une passerelle vers la noblesse : l’université, lieu de promotion sociale . . . . . . . . . . . . . . La mouvance sociale en milieu rural. . . . . . . . . . . . . . . . Le métayage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le fermage. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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Les courants de pensée

Chapitre 6 Le xve siècle L’amorce de la rupture avec l’univers féodal. . 174 Le pouvoir et l’État La lutte pour le pouvoir. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’affirmation de l’autorité monarchique. . . . . . . . . . . . . L’opposition des grands feudataires. . . . . . . . . . . . . . . . Le pouvoir pontifical en quête de raffermissement. . . .

176 176 176 178

Les rivalités politiques L’Europe féodale et les cités italiennes. . . . . . . . . . . . . . . . . L’omniprésence des guerres féodales et dynastiques. . La fin de la guerre de Cent Ans . . . . . . . . . . . . . . . . Le royaume de Naples et les guerres féodales. . . . En marge des États féodaux en guerre, de puissantes cités-Étas italiennes . . . . . . . . . . . . . . . .

180 180 180 181 182

L’Occident et le monde L’élargissement de l’univers occidental : les grandes découvertes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le Portugal à l’origine des grandes découvertes. . . . . . Un novateur, Henri le Navigateur. . . . . . . . . . . . . . . Des moyens techniques permettant d’affronter l’océan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le rôle de l’Église . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La prise de Constantinople par les Ottomans. . . . . . . . .

183 183 183 184 184 185

L’esprit humaniste confronté à la tradition médiévale. . . . . La critique humaniste. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La remise en question des sources d’autorité. . . . . . . . . L’attitude envers les civilisations étrangères . . . . . . . . . Les rapports avec les musulmans. . . . . . . . . . . . . . . Les relations avec les juifs. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La conduite envers les païens. . . . . . . . . . . . . . . . . . La question des Noirs d’Afrique. . . . . . . . . . . . . . .

192 192 194 195 195 195 196 196

Les sciences et les techniques La pensée scientifique en quête de renouveau. . . . . . . . . . . L’étude de la science à l’université. . . . . . . . . . . . . . . . . Les progrès des techniques et la culture scientifique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Un savoir souvent hermétique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

196 196 197 200

Les résonances dans le monde des arts Le renouveau artistique au xve siècle. . . . . . . . . . . . . . . . . . . La Renaissance italienne. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La perspective : « signature » de l’art occidental des Temps modernes. . . . . . . . . La référence gréco-latine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le réalisme flamand et la célébration de la vie quotidienne. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Et l’invention du portrait. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La revalorisation de l’art et des artistes . . . . . . . . . . . . . En résumé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Table des matières

200 200 201 202 204 205 205 207

IX


chapitre 7

Les sciences et les techniques

Le xvie siècle L’Occident déchiré par les guerres de religion . . 208 Le pouvoir et l’État Les monarchies et la scission de la chrétienté occidentale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La réforme protestante, un enjeu politique. . . . . . . . . . La Contre-Réforme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’épanouissement du pouvoir monarchique. . . . . . . . .

210 210 214 215

Les rivalités politiques L’espagne à la tête du monde occidental. . . . . . . . . . . . . . . . Le déclin des villes italiennes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’Espagne conquérante . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’Angleterre résiste. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

217 217 218 219

L’Occident et le monde L’occident à la conquête du monde. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Des grandes découvertes à la colonisation d’exploitation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Choc microbien et développement de l’esclavage. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’europe devant l’hégémonie de l’espagne et du Portugal. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Une église apostolique tournée vers le Nouveau Monde. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

221 221 223 224 225

226 226 227 228 228 229

Les courants de pensée Le monde des idées dans la tourmente religieuse et la question de l’humanité des autres peuples. . . . . . . . . . la défaite de l’humanisme devant le retour du religieux. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Pouvoir spirituel et pouvoir temporel. . . . . . . . . . . . . . . La polémique sur l’unité de la famille humaine. . . . . . .

X

Table des matières

236 237 237 237 238 239

Les résonances dans le monde des arts Le triomphe de la Renaissance dans les cours occidentales. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’apogée de la renaissance italienne. . . . . . . . . . . . . . . La célébration de la culture antique . . . . . . . . . . . . Un classicisme propre à la renaissance italienne. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le classicisme au service des princes. . . . . . . . . . . . La crise de la peinture flamande. . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les catholiques et les protestants : deux conceptions de l’image. . . . . . . . . . . . . . . . . . En résumé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

240 240 240 241 242 243 244 245

chapitre 8 Le xviie siècle À la conquête de la pensée moderne . . . . . . . . . 246

L’économie et la société La mise en place de l’économie mondiale. . . . . . . . . . . . . . . Le Portugal : maitre d’œuvre du grand commerce international . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les Pays-Bas espagnols : plaque tournante du commerce européen. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le développement de l’économie sucrière. . . . . . . . . . . L’agriculture anglaise orientée vers le grand commerce. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La montée de l’inflation en Europe. . . . . . . . . . . . . . . . .

Les sciences à la croisée des chemins. . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’influence encore prégnante du savoir antique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Un renouvellement de l’histoire naturelle. . . . . . . . . . . Les sentiers du renouveau des sciences. . . . . . . . . . . . . Une remise en question du modèle astronomique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La médecine, entre pratique empirique et alchimie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Le pouvoir et l’État L’absolutisme et la naissance du parlementarisme. . . . . . . . La monarchie absolue en France. . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’absolutisme, de Richelieu à Louis XIV. . . . . . . . . . L’absolutisme français confronté à une féodalité persistante. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’Angleterre, de la tentative absolutiste au parlementarisme. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’expérience républicaine. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La Glorieuse Révolution . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Un cas singulier : la république des Provinces-unies. . .

248 249 250 250 251 251 252 254

230

Les rivalités politiques

230 234 235

Le triangle France–Provinces-unies–Angleterre . . . . . . . . . . 254 Des guerres de religion aux guerres hégémoniques : la guerre de Trente Ans. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 255 La France conquérante de Louis XIV. . . . . . . . . . . . . . . . 255


chapitre 9

L’Occident et le monde La colonisation de peuplement. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La colonisation anglaise. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La colonisation hollandaise . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La colonisation française . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . De nouvelles colonies : de nouveaux marchés. . . . . . . .

256 257 258 259 260

L’économie et la société D’un mercantilisme triomphant à la montée du capitalisme. . . Le mercantilisme français : le colbertisme. . . . . . . . . . Le mercantilisme anglais : le commercialisme. . . . . . . . La multiplication des grandes compagnies commerciales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’émergence du capitalisme dans les Provinces-Unies. . . . Une société encore très hiérarchisée . . . . . . . . . . . . . . . L’immuabilité du clergé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Une noblesse en mutation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La roture. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

260 260 261 262 262 262 263 263 264

Les courants de pensée L’affirmation de la pensée moderne. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les fondements d’un argument convaincant. . . . . . . . . La théorie moderne du contrat social. . . . . . . . . . . . . . . Les bases de la théorie politique avec Hobbes. . . . La naissance du libéralisme politique avec Locke. . . . . La question de la tolérance religieuse. . . . . . . . . . . . . . Les codes d’esclavage. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

265 265 266 267 267 268 269

Les sciences et les techniques La révolution scientifique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . De la philosophie naturelle à la science physique. . . . . L’émergence de l’astronomie moderne . . . . . . . . . . . . . Les premiers balbutiements des sciences de la vie . . . . Un premier pas vers la physiologie : la circulation sanguine selon Harvey. . . . . . . . . . . . Les origines de la vie végétale avec Van Helmont. . . .

L’ère des révolutions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 278 Le pouvoir et l’État Les révolutions politiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . De la monarchie de droit divin au despotisme éclairé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La Russie à la rencontre de l’Europe occidentale. . . . . . De l’absolutisme aux régimes parlementaires libéraux . . . La Révolution américaine. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La Révolution française. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’accession des masses à la scène politique . . . . . .

280 280 281 282 283 285 288

Les rivalités politiques La grande-bretagne en marche vers la tête du monde occidental. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La guerre de Succession d’Espagne. . . . . . . . . . . . . . . . . La guerre de Succession d’Autriche. . . . . . . . . . . . . . . . . La guerre de Sept Ans . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

288 289 289 290

L’Occident et le monde Les derniers soubresauts du colonialisme traditionnel. . . . . La poursuite de la colonisation de peuplement. . . . . . . L’Amérique du Nord britannique. . . . . . . . . . . . . . . L’Australie et l’Afrique du Sud. . . . . . . . . . . . . . . . . Les Indes et le début de l’impérialisme colonial. . . . . .

291 292 292 293 294

L’économie et la société 270 270 271 272 272 273

Les résonances dans le monde des arts Trois manières de voir le monde : classicisme, baroque et peinture de genre. . . . . . . . . . . . . . L’esthétique classique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’esthétique baroque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Une caractéristique commune au classicisme et au baroque : des emprunts à l’Antiquité . . . . . . . . . . . . Une valorisation de l’art savant. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . En résumé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Le xviiie siècle

273 274 274 275 276 277

L’amorce de la mutation industrielle. . . . . . . . . . . . . . . . . . . La révolution agricole. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Une explosion démographique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’intensification du commerce mondial . . . . . . . . . . . . . Le commerce accru du sucre et des esclaves. . . . . . . . . Vers le libéralisme économique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La Grande-Bretagne à l’origine de la révolution industrielle. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

296 296 297 298 298 298 299

Les courants de pensée Le siècle des Lumières. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les lumières, point tournant dans l’histoire des idées. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert : « Ose savoir ! ». . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les Lumières et la religion : anticléricalisme, tolérance religieuse et bonheur. . . . . . . . . . . . . . . .

Table des matières

301 301 302 302

XI


Le libéralisme naissant confronté aux idéologies révolutionnaires. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 304 Révolutions, conservatisme et pensée féministe. . . 305 La pensée des Lumières mise à l’épreuve par la pratique de l’esclavage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 306 Les sciences et les techniques La science au cœur du renouveau de la pensée occidentale. . . La révolution technique en Grande-Bretagne. . . . . . . . . Une nouvelle conception de l’ordre naturel : le naturalisme. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Un engouement pour l’étude des réalités naturelles. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le siècle des académies scientifiques . . . . . . . . . . . . . . . Les vecteurs-clés du développement scientifique. . . . . La naissance de la chimie scientifique. . . . . . . . . . . La botanique, indépendante de la médecine . . . . . De l’anatomie à la physiologie. . . . . . . . . . . . . . . . .

307 307 308 308 309 310 310 311 311

Les résonances dans le monde des arts Les arts dans le débat public naissant . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les arts : un lieu d’expression des goûts individuels. . . . . De nouveaux lieux de discussion des arts. . . . . . . . Les arts : objet de réflexion structurée. . . . . . . . . . . . . . En résumé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

311 311 312 313 315

chapitre 10 Le xixe siècle La montée des masses. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 316 Le pouvoir et l’État L’affirmation de l’idéal démocratique et du nationalisme. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’évolution vers l’État libéral et national. . . . . . . . . . . . D’autres quêtes d’indépendance en Amérique . . . . . . . Le nationalisme et le patriotisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les premiers enjeux de l’État libéral. . . . . . . . . . . . . . . . L’obtention du suffrage universel . . . . . . . . . . . . . . Un interventionnisme inévitable . . . . . . . . . . . . . . . L’influence des mouvements révolutionnaires. . . .

318 318 320 320 322 322 323 323

Les rivalités politiques L’hégémonie britannique triomphante. . . . . . . . . . . . . . . . . 324 La France libératrice des peuples européens avec Napoléon Bonaparte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 325

XII

Table des matières

Un statuquo d’un demi-siècle sous la supervision de la Sainte-Alliance. . . . . . . . . . . . . . . . . Un nouvel ordre européen. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La construction de l’Empire britannique. . . . . . . . . La question d’Orient. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les États-Unis, en marge de l’hégémonie britannique.

326 327 327 329 329

L’Occident et le monde La mise en place de l’impérialisme colonial européen. . . . . Les Indes, terroir fertile pour l’impérialisme colonial. . . . . L’impérialisme occidental en Chine : les guerres de l’opium. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le partage de l’Afrique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La concurrence du Japon à l’impérialisme occidental. . . . .

331 332 333 334 335

L’économie et la société Les économies industrielles et la montée des masses . . . . . L’industrialisation de l’Occident. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La première phase d’industrialisation. . . . . . . . . . . La seconde phase d’industrialisation. . . . . . . . . . . . Le capitalisme et les luttes ouvrières . . . . . . . . . . . . . . . L’émergence du capitalisme industriel . . . . . . . . . . La lutte entre le capitalisme et les classes laborieuses. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’essor du monde urbain. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

336 336 336 337 339 339 339 340

Les courants de pensée Le difficile héritage des Lumières. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les prolongements des Lumières . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le combat du libéralisme politique. . . . . . . . . . . . . La question sociale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La lutte émancipationniste pour l’abolition de l’esclavage. . . . . . . . . . . . . . . . . L’émancipation des femmes : la question de l’égalité. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les remises en question des Lumières . . . . . . . . . . . . . . Le retour de la subjectivité et de l’irrationnel. . . . . Le réveil religieux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

341 341 342 343 344 344 345 345 346

Les sciences et les techniques La montée en force des techniques et des sciences. . . . . . . Les innovations technologiques à l’origine d’une civilisation matérielle. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Du fixisme à l’évolutionnisme scientifique. . . . . . . . . . . La conquête des fondements de la nature. . . . . . . . . . . Le déploiement des sciences de la vie. . . . . . . . . . . La maitrise de l’électricité. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Une conception unifiée du monde chimique . . . . . La naissance des sciences sociales. . . . . . . . . . . . . . . . . .

347 347 348 349 349 349 350 351


Les résonances dans le monde des arts Les mutations dans le monde des arts à l’époque contemporaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les arts en liberté. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’artiste romantique et la représentation de la réalité. . . . La figure de l’artiste . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La remise en question de la fonction représentative de l’art. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . En résumé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Les États-Unis et la nouvelle gouvernance internationale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 377 351 352 354 354 355 357

chapitre 11 Le xxe siècle Les remises en question . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 358 Le pouvoir et l’État L’affirmation des démocraties libérales et leur contestation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La progression des démocraties libérales. . . . . . . . . . . . L’État libéral remis en question par l’avènement d’un État communiste. . . . . . . . . . . . . L’État libéral remis en question par le fascisme et le nazisme. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La construction de l’État-providence dans les États libéraux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’implosion de l’URSS et la fin du régime communiste en Europe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’État-providence remis en cause . . . . . . . . . . . . . . . . . .

360 360 362 363 364 365 366

Les rivalités politiques De l’hégémonie européenne à l’hégémonie américaine. . . . . L’Allemagne, un nouveau joueur dans l’équilibre européen . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les horreurs des deux guerres mondiales, des guerres totales. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Une nouvelle dynamique d’affrontement : la guerre froide. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La redéfinition des rapports de force. . . . . . . . . . . . . . . .

367 367 368

Des modes de vie en mutation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Un nouveau modèle socioéconomique : le fordisme. . . . . Les dérèglements du libéralisme économique : la crise des années 1930 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le keynésianisme et l’avènement de la société de consommation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les nouveaux cadres de vie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’essor de la vie en banlieue . . . . . . . . . . . . . . . . . . La crise du modèle familial. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

377 378 378 379 380 380 380

Les courants de pensée Les débats sur le progrès de l’humanité . . . . . . . . . . . . . . . . L’ébranlement du consensus libéral. . . . . . . . . . . . . . . . L’attrait des idéologies totalitaires . . . . . . . . . . . . . . . . . La recherche de nouvelles synthèses entre libertés individuelles et droits sociaux . . . . . . . . . . . . . . Le totalitarisme à l’épreuve de la durée . . . . . . . . . La judiciarisation des revendications sociales dans les démocraties libérales. . . . . . . . . . . . . . . . .

381 381 382 383 383 384

Les sciences et les techniques La conquête de l’infiniment petit et de l’infiniment grand. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’atome et la cellule : d’une idée à son application matérielle. . . . . . . . . . . . . Le développement de la physique nucléaire. . . . . . La conquête de la vie humaine . . . . . . . . . . . . . . . . L’explosion des prouesses scientifiques . . . . . . . . . . . . . Les applications de la maitrise des ondes. . . . . . . . L’exploration spatiale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La maitrise de la vie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

385 386 386 386 387 388 388 389

Les résonances dans le monde des arts 369 370

L’Occident et le monde La décolonisation et le nouvel ordre mondial. . . . . . . . . . . . L’apogée du monde colonial . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le mouvement de décolonisation. . . . . . . . . . . . . . . . . . L’exportation de la guerre froide dans un monde partagé en deux blocs. . . . . . . . . . . . . . Un nouvel ordre mondial. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La régulation des rapports mondiaux : le rôle des organismes internationaux . . . . . . . . . .

L’économie et la société

372 372 373 375 376 376

L’éclatement du monde artistique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’éclatement de la représentation. . . . . . . . . . . . . . . . . . Le passage à l’art abstrait. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les arts dans un contexte totalitaire. . . . . . . . . . . . L’évolution des arts en régime libéral. . . . . . . . . . . L’éclatement du support matériel. . . . . . . . . . . . . . . . . . L’art et l’idée de progrès . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . En résumé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

390 390 390 391 392 392 393 395

Glossaire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 396 Index. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 401

Table des matières

XIII


Chapitre

5

Du xe siècle au xive siècle L’époque médiévale : premier élan de la civilisation occidentale Qu’il s’agisse d’économie, de culture ou de vie politique, la féodalité est un véritable fait de civilisation. Ses modes d’organisation font qu’elle imprègne profondément l’univers occidental de l’époque, dans lequel les germes de la civilisation occidentale sont solidement plantés. L’Occident consolide ses héritages et connait, à partir de la fin du xe siècle, une phase de croissance qui durera jusqu’à la fin du xiiie siècle. Dominé par l’Église chrétienne de Rome, il élargit l’espace dans lequel sa civilisation évoluera. Partout se dressent châteaux forts et cathédrales. L’étalement des campagnes réduit le couvert forestier, les pratiques agricoles se renouvellent et augmentent la richesse grâce à l’expansion du commerce et des villes. Au sein du monde urbain, dans les universités, la scolastique met en avant le savoir antique. La foi reste ardente et provoque la confrontation entre l’Occident et les civilisations avoisinantes. Les crises du xive siècle freinent un temps l’élan de la civilisation occidentale, sans pour autant remettre en question ses acquis.

962 Othon 1er, sacré empereur

1095 Appel à la croisade d’Urbain II

987 Hugues Capet, roi de France

900

950

1000

1054 Grand Schisme de la chrétienté

1088 Bologne, première université en Occident

1050

1100 1075-1122 Querelle des Investitures 1096-1270 Les croisades

132

Chapitre 5 • Du xe siècle au xive siècle


Andrea di Bonaiuto, Le triomphe de saint Thomas d’Aquin et l’allégorie des sciences (1365-1368). Fresque, 1160 cm de largeur, chapelle Guidalotti, Santa Maria Novella, Florence. © akg-images.

1298 Livre des merveilles de Marco Polo

1154 Dynastie anglaise des Plantagenêt

1274 Somme théologique de Thomas d’Aquin 1212 Victoire de Las Navas de Tolosa

1150

1200

1215 Quatrième concile de Latran

1237 Fondation de Berlin

1250

1300

1350 1347-1350 Peste noire

1400 1378-1417 Grand Schisme d’Occident

1337-1453 La guerre de Cent Ans L’époque médiévale : premier élan de la civilisation occidentale

133


LE POUVOIR ET L’ÉTAT LA CRÉATION D’ÉTATS FÉODAUX À la toute fin du xe siècle, les invasions des Magyars, des Vikings et des Sarrasins ont effacé toute possibilité de reconstruire l’Empire carolingien ; l’Occident se retrouve politiquement morcelé et l’État féodal se met en place. L’Église romaine assure son pouvoir sur la société occidentale et tente d’imposer son autorité aux princes laïques. De nouvelles entités politiques émergent : le Saint Empire romain germanique, les royaumes de France et d’Angleterre. La carte politique de l’Europe se transforme (voir carte 5.1). Le parcours de chacun des États féodaux est différent, car la royauté est constamment confrontée aux guerres féodales et à la volonté des grands feudataires d’accroitre leur pouvoir. Dans certains pays, comme la France et l’Angleterre, l’autorité du roi s’accroit et les territoires se consolident au fil des siècles. Et que dire de la papauté, où pouvoir spirituel et temporel se renforcent mutuellement !

L’État féodal Dans l’État féodal, le sentiment d’appartenance des populations occidentales est multiple. Elles se perçoivent d’abord comme membres d’un clan ou d’une lignée, puis comme habitants d’une seigneurie ou d’une ville. À cela, il faut ajouter la culture locale, avec son dialecte, ses coutumes et son seigneur, principale source d’autorité. Finalement, les Occidentaux se définissent aussi comme des chrétiens : qu’ils vivent en Bourgogne, à Londres, à Lisbonne ou carte 5.1 L’Occident chrétien vers 1300 Norvège

Suède TERRITOIRES TEUTONIQUES

Écosse MER DU NORD

Irlande

MER BALTIQUE

Danemark

Lituanie

Angleterre OCÉAN ATLANTIQUE

Pologne Paris

France

PRINCIPAUTÉS RUSSES

SAINT EMPIRE ROMAIN GERMANIQUE

EMPIRE MONGOL Hongrie

Venise

AQUITAINE

Gênes

Navarre Portugal Castille

Aragon

États de l’Église Rome

Sicile Grenade

0

134

305 km

Chapitre 5 • Du xe siècle au xive siècle

M E R

M É D I T E R R A N É E

Serbie

Bulgarie

MER NOIRE

Constantinople

EMPIRE BYZANTIN


dans le Piémontais, Rome et la papauté, phares de la chrétienté occidentale, encadrent leurs modes de représentation. Leur vie est rythmée par le calendrier religieux comme par les pratiques agricoles. Pèlerinages et croisades symbolisent cette appartenance à un tout qui dépasse les frontières locales. La langue de l’Église romaine, le latin, est la langue universelle des lettrés occidentaux. Pas étonnant que le sentiment d’appartenance à un pays et à une royauté s’exprime alors moins fortement. Sur le plan territorial, on est bien loin de la mise en place des États modernes : pas encore d’Italie, de Belgique, d’Allemagne ni même d’Espagne. La marque distinctive de l’État féodal est le pouvoir régionalisé. Dans le cadre de la vassalité, le pouvoir réel du roi découle davantage de sa puissance personnelle que de l’autorité institutionnelle qu’il représente. Le duc ou le comte possède plus de pouvoir sur ses gens que le roi sur ses sujets ! Si l’autorité monarchique veut s’affirmer, elle doit dépasser la personne du roi et la richesse individuelle qu’il tire de ses domaines royaux. Il s’agit là d’un long processus qui, du xe au xve siècle, connait de multiples avancées et reculs. Si les peuples germaniques et la féodalité ont favorisé le morcellement des terres de la couronne, un changement fondamental se produit dans ce domaine sous l’influence de la dynastie des Capétiens de France. Lorsque Hugues Capet prend le pouvoir, il associe immédiatement son fils unique à la gouvernance de l’État. Les rois qui suivent font de même. Implicitement, la règle de succession adoptée par les Francs, tant les Mérovingiens que les Carolingiens, change et la primogéniture masculine est adoptée. Si, selon le droit romain, l’aîné de la famille reçoit la totalité des terres, le fils aîné du roi est reconnu comme le seul héritier du domaine royal. Cette façon de faire sera imitée par les autres rois, bien que la règle de la primogéniture aura différentes variantes : la primogéniture masculine (les femmes n’ayant pas accès à la couronne, comme c’est le cas en France), la primogéniture cognatique avec préférence masculine (les enfants des deux sexes ont accès à la couronne, la fille aînée y ayant accès lorsqu’elle n’a pas ou plus de frère, comme c’est le cas en Angleterre) et la primogéniture cognatique, où l’enfant aîné encore en vie de la famille, peu importe son sexe, accède au trône à la mort de son parent.

L’Église chrétienne, une puissance spirituelle et temporelle Le pape a sous son autorité les États de l’Église, vastes territoires au cœur de la péninsule italienne (voir carte 4.4, page 112). Quant à eux, les abbés et les évêques agissent comme seigneurs de nombreux domaines dans tous les pays d’Europe (l’Église aurait possédé entre le quart et le tiers des terres cultivées). Par ses institutions cléricales dans chacun des royaumes, l’Église romaine joue un rôle prépondérant qui atteint au Moyen Âge son apogée. Une telle puissance suscite la convoitise. L’Église est exposée aux prétentions des grands feudataires, des rois et plus particulièrement à celles de l’empereur du Saint Empire romain germanique. L’instabilité de la fin du haut Moyen Âge amplifie le désir d’autonomie de la noblesse. Au même moment, les mœurs du clergé se relâchent : l’autorité spirituelle et le pouvoir temporel de la papauté se

Le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel Le pouvoir temporel se situe dans le temps. Par opposition, le pouvoir spirituel est éternel. Le pouvoir temporel s’exerce dans la sphère laïque, où les réalités ont un début et une fin. En pratique, il correspond à l’idée que nous nous faisons aujourd’hui du pouvoir de l’État.

L’époque médiévale : premier élan de la civilisation occidentale

135


D

ocument historique La Grande Charte (Magna Carta) de 1215

La Magna Carta est une charte royale anglaise rédigée en latin en 1215 sous le règne de Jean d’Angleterre (11991216). Elle se compose de soixante-trois articles, dont onze sont présentés ici.

Jean, par la grâce de Dieu roi d’Angleterre, seigneur d’Irlande, duc de Normandie et d’Aquitaine et comte d’Anjou, aux archevêques, évêques, abbés, comtes, barons, juges, forestiers, shériffs, prévôts, ministres et à tous ses baillis [huissiers] et fidèles, salut. […] 1. Nous […] avons confirmé, pour nous et pour nos héritiers, à perpétuité, que l’Église d’Angleterre sera libre et jouira de tous ses droits et de ses libertés ; […] nous avons accordé la liberté des élections, réputée la plus grande et la plus nécessaire à l’Église d’Angleterre, […] et ainsi voulons-nous que ce soit confirmé, par cette Charte, à Innocent III […]. 12. Aucun écuage [impôt] ou aide ne sera établi dans notre royaume sans le consentement du commun conseil de notre royaume, à moins que ce ne soit pour le rachat de notre personne, la chevalerie de notre fils aîné et le mariage de notre fille aînée […]. 15. Nous ne concédons à qui que ce soit la permission de lever une aide sur ses hommes libres, sauf pour le rachat de sa personne, la chevalerie de son fils aîné, le mariage de sa fille aînée, une fois seulement ; et, dans ce cas, que ce soit une aide raisonnable. 16. Personne ne sera forcé à faire plus de service qu’il n’en doit à raison de son fief de chevalier ou d’une autre libre tenure. 20. Un homme libre ne sera mis à l’amende pour un petit délit que suivant l’importance du délit ; et pour un grand délit, il sera mis à l’amende suivant la grandeur du délit, sauf son contenement [sans le priver de son gagne-pain] ; et de la même façon pour un marchand, sauf sa

140

Chapitre 5 • Du xe siècle au xive siècle

marchandise ; et pour un vilain [paysan libre], sauf son wainage [ses outils de travail]... 21. Les comtes et les barons ne seront mis à l’amende que par leurs pairs et suivant l’importance du délit. 24. Aucun shériff, constable, coroner ou autre de nos baillis ne tiendra les plaids de notre couronne. 35. Il n’y aura qu’une mesure pour le vin dans tout notre royaume, et une mesure pour la bière, et une mesure pour le blé, à savoir le quarter [pinte] de Londres, et une largeur pour les draps teints […] ; il en sera pour les poids comme pour les mesures. 39. Aucun homme libre ne sera arrêté ou emprisonné, ou dépossédé de ses biens, ou déclaré outlaw [hors-la-loi], ou exilé, ou lésé de quelque manière que ce soit, et nous n’irons pas contre lui et nous n’enverrons personne contre lui, sans un jugement loyal de ses pairs, conformément à la loi du pays. 40. Nous ne vendrons, ni refuserons ou ne différerons le droit ou la justice à personne. 42. Il sera permis, à l’avenir, à toutes les personnes de sortir de notre royaume et d’y revenir, librement et en toute sûreté, par terre et par eau, sauve notre fidélité, excepté en temps de guerre, pour peu de temps, pour le bien commun du royaume […] V incensini , J ean -J acques (1985). Le livre des droits de l’homme, Histoire et textes :De la Grande Charte (1215) aux plus récents pactes internationaux (p. 41-42). Paris, Éditions Robert Laffont.


LES RIVALITÉS POLITIQUES LE POUVOIR PONTIFICAL ET LES POUVOIRS FÉODAUX Dans la féodalité, les rivalités politiques sont surtout d’ordre régional et opposent les feudataires entre eux ou le roi à certains de ceux-ci. Quant à l’Église romaine, sa puissance la place souvent au cœur des enjeux et des rivalités, comme l’illustre la querelle des Investitures. Au xive siècle, de nouvelles sources de tension surgissent : la situation s’embrouille pour l’Église lors du Grand Schisme d’Occident et, au même moment, la guerre de Cent Ans oppose la France à l’Angleterre.

Le poids de l’Église romaine : la querelle des Investitures Alors que l’Église s’affirme sous le pontificat de Grégoire VII, de 1073 à 1085, un conflit important prend forme : la querelle des Investitures, qui durera de 1075 à 1122. La question est de savoir qui possède le droit de nommer les évêques. En effet, en plus de leur charge spirituelle, les évêques gèrent des biens matériels, les fiefs de l’évêché, et ont donc autorité sur les laïcs. Pour l’empereur du Saint Empire, Henri IV, nul doute possible : ce pouvoir lui appartient. Il faut dire que l’enjeu est particulier. Les évêques jouent un rôle crucial comme courroie de transmission de l’autorité impériale, bousculant les régionalismes très puissants qui existent dans le Saint Empire. La querelle éclate en 1075. Henri IV tente de faire destituer le pape ; Grégoire VII riposte en excommuniant l’empereur, sanction catastrophique pour ce dernier, car elle a pour effet de libérer tous ses vassaux de leur serment de fidélité, ce qui les incite à la révolte. Henri IV n’a d’autre choix que de faire pénitence. En janvier 1077, il se rend à Canossa, où réside à ce moment le pape, et implore son pardon pendant trois jours, tête et pieds nus. Cette humiliation marque la victoire du pouvoir spirituel sur le temporel : le pape voit son autorité reconnue comme supérieure à celle des souverains et a la possibilité de les déposer en les excommuniant. Bien que cet épisode ne mette pas fin à la querelle des Investitures, ni aux oppositions des partisans de l’empereur dans la péninsule italienne, l’Église réussira à imposer l’essentiel de ses vues aux souverains jusqu’au Grand Schisme d’Occident.

L’abbé de Cluny, Hugues, à gauche, et Mathilde de Canossa, à droite, tentent de convaincre l’empereur Henri IV de faire pénitence à Canossa devant le pape Grégoire VII. Hugues de Cluny, l’empereur Henri IV et Mathilde de Canossa (1115). Enluminure, dans Vie de Mathilde de Canossa, Bibliothèque du Vatican (Cod. Vat. Lat. 4922), Rome.

Le Grand Schisme d’Occident Si la suprématie du pouvoir pontifical s’affirme tout au long des xie, xiie et xiiie siècles, une crise politico-religieuse secoue l’Europe de 1378 à 1417 : le Grand Schisme d’Occident. Celui-ci affaiblit pour un temps l’autorité de l’Église. Tout commence au xive siècle. La papauté fuit alors les troubles provoqués en Italie par les oppositions entre les partisans de l’Empereur, favorables à l’accroissement de son pouvoir sur les terres italiennes, et ceux soutenant la papauté. Le pape et son administration s’installent durant une longue période (de 1309 à 1376) à Avignon, alors propriété du comte de Provence. Les papes qui s’y succèdent sont tous d’origine française. En 1348, le pape Clément VI

Excommunication L’excommunication a pour effet d’exclure une personne de la communauté des chrétiens et des sacrements donnés par l’Église, tant et aussi longtemps qu’elle n’a pas fait pénitence. L’excommunié n’a pas droit à une sépulture chrétienne.

L’époque médiévale : premier élan de la civilisation occidentale

141


fait l’acquisition du territoire et Avignon devient ainsi une des nombreuses dépendances des États de l’Église. La papauté y fait construire un palais à l’allure d’une véritable forteresse. Cependant, en 1376, le pape Grégoire XI et son administration décident de retourner à Rome.

Le palais des papes d’Avignon. Shutterstock 109584347.

Conclave Un conclave correspond au lieu et, par extension, à l’assemblée des principaux représentants de l’Église, les cardinaux, qui s’y réunissent en vue de choisir un nouveau pape. Anti-pape Seuls les papes élus à Rome sont reconnus par l’Église, les autres étant considérés comme des anti-papes.

Après sa mort, en 1378, un conclave se réunit sans réussir à obtenir un consensus sur la nomination du nouveau pape. Pour la première fois dans l’histoire de l’Église, deux papes sont élus, ce qui provoque un schisme. Après l’élection d’un premier pape, Urbain VI, le concile, réuni de nouveau, en élit un deuxième, Clément VII, l’anti-pape, qui s’installe à Avignon. Le pape d’Avignon est soutenu par le roi de France et ses alliés, dont l’Écosse, la Castille et l’Aragon. Le pape de Rome obtient l’appui de l’Angleterre, du Portugal, du duc de Bourgogne ainsi que d’une grande partie du Saint Empire. L’Italie elle-même reste divisée. Avec le temps, la situation dégénère encore avec la nomination d’un deuxième anti-pape : une Église, mais trois papes ! Il faudra attendre le concile de Constance, en 1414-1415, pour que les papes en place soient destitués et que les cardinaux élisent Martin V, désormais seul pape à la tête de la chrétienté occidentale. Entretemps, le Grand Schisme paralyse l’Église et la papauté en sort perdante.

La guerre de Cent Ans En plus des guerres entre feudataires et des luttes menées par l’Église romaine, la guerre de Cent Ans est le phénomène guerrier majeur de cette époque en raison du nombre de populations touchées. Cette guerre a pour origine l’absence de successeur mâle à la mort du dernier fils de Philippe IV le Bel, Charles IV. Bien que Philippe IV ait eu une fille, Isabelle, les pairs de France et les grands vassaux de la couronne ne veulent pas lui remettre la couronne. Ils s’appuient sur une interprétation de la loi salique pour rendre leur décision. La couronne française passe ainsi de la dynastie des Capétiens à celle des Valois. Toutefois, Isabelle, mariée au roi d’Angleterre Édouard II, a de lui un fils en 1312, Édouard III, qui succède à son père en 1327. Descendant direct de Philippe IV le Bel par sa mère, il peut contester la légiti­mité du nouveau roi de France Philippe VI. Ses possessions personnelles en France, le duché d’Aquitaine (Guyenne), en font en effet un vassal du roi de France, auquel il doit donc prêter hommage. Les conflits d’autorité et les intrigues entre le roi de France et son vassal anglais se multiplient. Accusant Édouard III de La loi salique et l’exclusion des femmes de la succession royale en France La loi salique est celle des populations franques. Sa première rédaction remonte à l’époque de Clovis. Elle contient des règles de droit civil et pénal ainsi que diverses procédures. Afin d’éviter que la couronne française ne revienne à un descendant d’un roi anglais, les juristes cherchent à légitimer l’exclusion à la succession de la fille du roi de France, Isabelle, et de sa progéniture. Mais comment ? Ils invoquent le droit religieux, dans lequel les femmes n’ont pas accès au sacerdoce. La fonction royale s’apparentant à un sacerdoce, la femme ne peut être jugée digne d’y accéder. Ce n’est toutefois pas suffisant. Ils s’appuient aussi sur un article de la loi salique où il est mentionné que les femmes sont écartées de la succession des terres. Confondant accession à la propriété du sol et accession à la couronne, ils rejettent toute prétention des femmes à devenir reine et imposent la primogéniture masculine en France.

142

Chapitre 5 • Du xe siècle au xive siècle


trahison, Philippe VI confisque ses territoires d’Aquitaine en 1337. La guerre éclate entre les deux pays et dure jusqu’en 1453. Cette guerre est propice à plusieurs innovations sur le plan militaire, dont le développement des armes à feu, au xive siècle, est l’élément le plus spectaculaire. Profitant de l’invention chinoise de la poudre à canon, les Européens ont alors mis au point le canon. D’instruments plus primitifs, ils passent graduellement à la bombarde (type de canon), puis à la couleuvrine, terme qui désigne tout canon de forme allongée. À celle-ci s’ajoute le recours accru à certaines armes comme l’arbalète. Les corps spécialisés que sont les arbalétriers, les archers et les bombardiers (qui manœuvrent la bombarde, ancêtre du canon) prennent par conséquent plus d’importance par rapport à la chevalerie traditionnelle. Les coûts humain et économique de ces changements forcent les rois à engager des mercenaires et à se doter de nouvelles ressources financières.

L’OCCIDENT ET LE MONDE UN ESPACE OCCIDENTAL DÉFINI PAR RAPPORT AUX AUTRES En plus des rivalités politiques qui les opposent, les Occidentaux se confrontent à d’autres peuples et civilisations. Les relations qu’ils ont avec ces derniers découlent en grande partie du rapport identitaire que le chrétien occidental entretient avec l’« autre », c’est-à-dire l’orthodoxe, le païen et l’infidèle. Dans ce face-à-face, l’Église romaine joue un rôle-clé, car elle entend être le porte-parole de l’Occident auprès des autres peuples. De plus, comme la papauté est reconnue comme une autorité supérieure, elle se donne le droit d’attribuer des terres non encore possédées par des chrétiens à un roi chrétien ; en retour, ce dernier a le devoir d’évangéliser les populations païennes ou d’en chasser les infidèles. Quant à l’Extrême-Orient, il apparait dans l’esprit des Occidentaux comme un monde imaginaire richissime.

Le rapport avec le monde orthodoxe : le Grand Schisme de la chrétienté La division de l’Empire romain en 395 a déclenché un processus de séparation des Églises d’Occident et d’Orient. En raison des invasions germaniques, l’Empire romain d’Occident n’est plus en mesure de consolider son pouvoir : ce sont les autorités religieuses locales qui prennent le relais, affaiblissant ainsi le pouvoir du pape. En revanche, la résistance de l’Empire byzantin renforce la cohésion de l’Église chrétienne orientale et le pouvoir de son principal dignitaire, le patriarche de Constantinople. En outre, l’appartenance à un fond culturel différent (le monde hellénique plutôt que romain) et l’usage d’une langue différente (le grec plutôt que le latin) ne peuvent qu’éloigner de plus en plus l’Empire byzantin de l’Occident. Des décalages dans les pratiques religieuses et les doctrines surgissent aussi. Tant que les deux Églises ont fonctionné de façon relativement autonome, ces différences n’ont pas posé de problème majeur. Cependant, dès qu’une certaine stabilité est rétablie en Occident, sous les Carolingiens, l’Église de Rome tente d’affirmer son autorité sur l’ensemble de l’Église chrétienne. La résistance L’époque médiévale : premier élan de la civilisation occidentale

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Irlande

de l’Orient chrétien est immédiate. Cette première crise s’estompe lors de la nouvelle vague d’invasions de l’Occident, à la fin du xe siècle, par les Magyars, les Vikings et les Sarrasins. Ces invasions rendent illusoire l’exercice de l’autorité de l’Église de Rome. Pourtant, la stabilité retrouvée à partir du xie siècle donne l’occasion à cette dernière de revenir à la charge. En 1054, le pape Léon IX excommunie Michel Cérulaire, patriarche de Constantinople de 1043 à 1058, qui refuseSCANDINAVIE de lui obéir au sujet d’une question Volga liturgique. Le schisme a ainsi lieu entre PAYS l’Église chrétienne d’Occident et l’Église chrétienne d’Orient car, pour cette derBALTES nière, l’autorité du pape se limite à l’Église chrétienne d’Occident. Elle le consiDanemark SCANDINAVIE Irlande dère simplement comme l’un des cinq patriarches avec ceux de Constantinople, Volga POMÉRANIE PRUSSE Catholique PRINCIPAUTÉS RUSSES PAYS Angleterre d’Alexandrie, d’Antioche et de Jérusalem. À la suite du Grand Schisme de 1054, Dans son sens premier, le BALTES Rhin Pologne qualificatif catholique apposé au l’orthodoxie orientale reconnait uniquement la validité des sept premiers conciles SAINT EMPIRE Danemark SCANDINAVIE ROMAIN Paris OCÉAN à la mot Église fait référence Irlande Volga GERMANIQUE œcuméniques tenus entre le iiie et le viiie siècle. Elle rejette les dogmes et usages Dniepr POMÉRANIE PRUSSE PRINCIPAUTÉS RUSSES ATLANTIQUE PAYS volonté de diffusion universelle Angleterre BALTES France que l’ÉgliseDanube catholique de Rome a introduits par la suite, par exemple tout ce qui Hongrie du message du Christ. Sous Saint-Jacques-deCîteauxPologne Rhin Compostelle concerne le purgatoire et l’Immaculée Conception de Marie. SAINT EMPIRE Danemark saint Augustin, son emploi a Cluny Toulouse

Paris OCÉAN une connotation d’orthodoxie, Espagne PRUSSE POMÉRANIE ATLANTIQUE Angleterre

MER NOIRE

ROMAIN GERMANIQUE RUSSES PRINCIPAUTÉS

Dniepr

Le Grand Schisme de la chrétienté, parfois nommé schisme d’Orient, a pour opposant les chrétiens suivant Danube France Hongrie conséquence de séparerConstantinople définitivement les chrétiens d’Orient du monde occil’enseignement de Rome aux Reconquista Saint-Jacques-deRhin Pologne Cîteaux Rome SAINT EMPIRE Compostelle Las Navas ROMAIN hérétiques. C’est ainsi que,Cluny par Toulouse Paris ÉAN MERDéjà NOIRE éloignés par la langue et les coutumes, tous les dental (voir carte 5.4 ). de Tolosa GERMANIQUE Dniepr Espagne la suite, le mot catholique ren- M E R M É D I T E R R A N É E TIQUE peuples convertis par les Byzantins, notamment les Serbes, les Bulgares, Danube France voie à la reconnaissance de Hongrie Constantinople ues-deCîteaux les Roumains et les Russes, sont entraînés dans cette division entre l’Occident Reconquista PROCHEl’autorité pontificale romaine Rome telle ORIENT Cluny Toulouse MER NOIRE Las Navas au sein dedel’Église et l’Orient. Un Occidental de cette époque est donc, avant tout, défini par son Jérusalem Tolosa chrétienne Espagne Mà E Rse M É D I T E R R A N É E et à sa prétention poser appartenance à une civilisation qui suit l’enseignement de l’Église de Rome. Il Constantinople en autorité universelle sur Reconquista PROCHERome n’existe qu’une seule minorité religieuse dans les territoires chrétiens : les juifs. l’ensemble de la chrétienté. ORIENT Las Navas 0 400 km de Tolosa Ceux-ci comptent pour moins de un pour cent de la population. Jérusalem M E R

M É D I T E R R A N É E

PROCHE-

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Légende Catholiques Orthodoxes Musulmans Païens Croisades Régions converties au catholicisme Grande bataille

Légende Catholiques Croisades Abbayes Régions converties Foyer des cathares Orthodoxes au catholicisme Conquêtes des chevaliers SCANDINAVIE Musulmans Grande bataille teutoniques Païens Croisades Abbayes Régions converties Foyer des cathares Danemark Irlande au catholicisme Conquêtes des chevaliers POMÉRANIE teutoniques Grande bataille Angleterre Abbayes Rhin Foyer des cathares SAINT EMPIRE ROMAIN Paris OCÉAN Conquêtes des chevaliers GERMANIQUE teutoniques ATLANTIQUE France Saint-Jacques-deCompostelle

Toulouse

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Volga

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ORIENT carte 5.4 La progression de la chrétienté occidentale du xie au xiiie siècle

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Chapitre 5 • Du

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siècle au xive siècle

Légende Catholiques Orthodoxes Musulmans Païens

Croisades Régions converties au catholicisme Grande bataille

Abbayes Foyer des cathares Conquêtes des chevaliers teutoniques


Le rapport avec le monde païen : l’évangélisation des pays avoisinants L’identité occidentale repose dorénavant largement sur l’appartenance à la chrétienté de Rome, mais aussi sur le rejet du paganisme, qui s’exprimait déjà dès le ive siècle. Depuis ce temps, l’évangélisation apparait toujours comme un enjeu tout autant politique que religieux aux yeux des chrétientés occidentale et orientale, qui se font une certaine concurrence dans le nord et l’est de l’Europe (voir « L’Empire byzantin, continuateur de la tradition gréco-romaine », page 113). La poursuite des efforts d’évangélisation et, surtout, les enjeux politiques favorisent l’Église romaine à compter de la fin du xe siècle. Ainsi, grâce à l’évangélisation des populations slaves vivant sur les territoires proches de la mer Adriatique, les Croates, les Slovènes et les Dalmates embrassent le catholicisme. Ailleurs, des rois se convertissent afin de renforcer leur autorité sur leurs sujets en s’alliant avec Rome. C’est ainsi que, en 960, le roi du Danemark se convertit, de même que ceux de Bohême et de Pologne, toujours à la fin du xe siècle. Ces rois adhèrent aux rites romains, ce qui ramène définitivement leurs La forteresse où siégeait l’ordre des chevaliers teutoniques à Malbork, en Pologne. populations, déjà partiellement évangélisées, sous l’emprise © Thierry Selva. de Rome. Le roi de Suède et celui de Norvège suivent au xie siècle. La situation est un peu différente dans les terres baltiques, où les chevaliers teutoniques, ordre religieux issu des croisades, cherchent à établir des populations chrétiennes jusque dans l’Estonie actuelle aux xiiie et xive siècles. Ainsi, à l’aube du xive siècle, les frontières de la chrétienté occidentale se sont élargies au point d’englober une grande partie de l’Europe de l’Est.

Le rapport avec le monde des infidèles La principale civilisation étrangère à laquelle l’Occident fait face est toutefois celle des musulmans, que l’Église considère comme des infidèles depuis la naissance de l’islam (voir « L’Occident chrétien confronté à l’islam », page 114). À moins de renier leur foi, les musulmans ne peuvent être convertis et sont perçus comme des ennemis de la chrétienté. Ils n’ont par conséquent aucune personnalité juridique (reconnaissance légale) aux yeux des chrétiens ; il est donc naturel de les chasser des terres chrétiennes. Deux territoires deviennent des enjeux de taille : la péninsule ibérique et la Terre sainte. À l’offensive militaire des musulmans, les chrétiens répondent par la guerre sainte. La reconquête de l’Espagne

À mesure que l’espace chrétien s’élargit, les appels de la papauté pour reconquérir la péninsule ibérique se font de plus en plus nombreux. L’effondrement du califat de Cordoue (voir carte 4.6, page 115), dont le pouvoir politique s’étendait à la presque totalité de la péninsule, et son remplacement par une dizaine de petits États musulmans au début du xie siècle faciliteront la tâche aux Occidentaux. Entretemps, les territoires indépendants du nord de la péninsule Ibérique et ceux de la Marche carolingienne d’Espagne ont donné naissance aux royaumes de Navarre (842), à celui d’Aragon (1035) et à celui de Castille (1037). Les rois

Califat Le califat est un territoire soumis à l’autorité d’un calife, considéré comme un successeur de Mahomet. Après la mort de ce dernier, l’autorité de ses successeurs est contestée, ce qui conduira à la création de trois grands califats : celui d’Orient (dont le siège a d’abord été Damas, puis Bagdad), celui d’Égypte et celui de Cordoue (en Espagne).

L’époque médiévale : premier élan de la civilisation occidentale

145


carte 5.5 La Reconquista France

OCÉAN ATLANTIQUE

EC

VERSION D

AMIQUE YN

eC

M aZon

1000

Catalogne

Castille Aragon

Porto

Barcelone

EC

1000

Tortosa

Portugal Teruel

eC

EXERCICES I

ÉRACTIFS NT

Navarre

Leon

Leon

M aZon

1147

Tolède Valence

Îles Baléares

Calatrava

Lisbonne

Las Navas de Tolosa 1212

1147

M E R

M É D I T E R R A N É E

Cordoue Séville

Grenade

Grenade 1492

1300

1300

0

115 km

EMPIRE ALMOHADE

Légende Royaumes chrétiens en 1300 Étapes de la reconquête États musulmans en 1300

de ces petits royaumes chrétiens du nord de la péninsule, soutenus notamment par la noblesse française, pourront dès lors lancer les premières attaques (voir carte 5.5). Tolède est reprise en 1085, puis Valence en 1094. Au xiie siècle, la Castille et l’Aragon sont en partie libérés. Plus à l’ouest, les seigneurs de Bourgogne appelés en renfort chassent graduellement les musulmans du Portugal, dont ils font un royaume indépendant. Cette présence « étrangère » des Bourguignons traduit bien le fait occidental au Moyen Âge : avant tout, c’est l’adhésion à la chrétienté qui importe, ensuite les liens de parenté et le jeu des alliances. La prise de Lisbonne en 1147 par Alphonse Ier, fils de Henri de Bourgogne, marque l’établissement d’un nouveau royaume chrétien qui cherche vite à se démarquer de ses vis-à-vis, la Castille et l’Aragon. En 1212, la victoire décisive de Las Navas de Tolosa dans le sud contre les Almohades repousse les musulmans aux confins de la péninsule ibérique et ne leur laisse que le petit royaume de Grenade, qui perdurera jusqu’en 1492. Le temps des croisades au Proche-Orient

Peu de temps après le Grand Schisme d’Orient, l’Église romaine passe à l’offensive contre les musulmans. Le contexte s’y prête. Les conquêtes des Turcs Seldjoukides (convertis à l’islam) au Proche-Orient, avec notamment la prise de Nicée, a pour conséquence de menacer directement l’Empire byzantin et d’interrompre les pèlerinages vers Jérusalem. Cette ville est d’ailleurs conquise par les Seldjoukides en 1078. Jusqu’alors, Jérusalem demeurait ouverte aux pèlerins chrétiens, bien que sous domination musulmane depuis 636. L’avancée des Seldjoukides et l’instabilité nouvelle qu’elle cause mettent fin à cette situation. Les empereurs byzantins insistent dès lors auprès du pape pour qu’il appelle à la croisade, car ils espèrent récupérer les territoires perdus. Dans ce

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Chapitre 5 • Du xe siècle au xive siècle


contexte, et mis à part l’intérêt religieux en jeu, la papauté y voit la possibilité d’exercer sa primauté sur l’Église orthodoxe. En 1095, le pape Urbain II prêche une première croisade. Il la définit comme un véritable pèlerinage, quoique militaire, pour la délivrance du tombeau du Christ à Jérusalem. Il accorde à ceux qui y participeront des privilèges spirituels (absolution des péchés) et temporels (droit de conquête). Cet évènement marque de façon éclatante l’élan pris par la civilisation occidentale. La croissance économique (voir « Une croissance manifeste malgré quelques crises », page 152), la paix interne prêchée par l’Église (voir page 135), le désœuvrement des chevaliers et le rôle central joué par la papauté dans la gouvernance de l’Occident (voir « Les rivalités politiques », page 141) expliquent le déclenchement de cette guerre sainte.

D

Appel d’Urbain II à la croisade. Jean Colombe. Le prêche du pape Urbain II au concile de Clermont. Miniature extraite des Passages d’outremer (v. 1474), Bibliothèque nationale de France, Fr5594.

ocument historique Appel à la croisade d’Urbain II (1095)

O fils de Dieu ! Après avoir promis à Dieu de maintenir la paix dans votre pays et d’aider fidèlement l’Église à conserver ses droits […] vous allez pouvoir recevoir votre récompense en appliquant votre vaillance à une autre tâche. C’est une affaire qui concerne Dieu et qui vous regarde vous-même, et qui s’est révélée tout récemment, il importe que, sans tarder, vous vous portiez au secours de vos frères qui habitent les pays d’Orient et qui déjà bien souvent ont réclamé votre aide. En effet, comme la plupart d’entre vous le savent déjà, un peuple venu de Perse, les Turcs, a envahi leur pays. Ils se sont avancés jusqu’à la mer Méditerranée et plus précisément jusqu’à ce qu’on appelle le Bras Saint-Georges [le Bosphore]. Dans le pays de Romanie [Empire byzantin], ils s’étendent continuellement au détriment des terres des chrétiens. Beaucoup sont tombés sous leurs coups ; beaucoup ont été réduits en esclavage. Ces Turcs détruisent les églises ; ils saccagent le royaume de Dieu. Si vous demeuriez encore quelque temps sans rien faire, les fidèles de Dieu seraient encore plus largement victimes de cette invasion. Aussi je vous exhorte et je vous supplie – et ce n’est pas moi qui vous y exhorte, c’est le Seigneur lui-même –, vous, les hérauts du Christ, à persuader à tous, à quelque classe de la société qu’ils appartiennent, chevaliers

ou piétons [hommes de pieds, piétaille], riches ou pauvres, par vos fréquentes prédications, de se rendre à temps au secours des chrétiens et de repousser ce peuple néfaste loin de nos territoires. Je le dis à ceux qui sont ici, je le mande à ceux qui sont absents : le Christ l’ordonne. À tous ceux qui y partiront et qui mourront en route, que ce soit sur terre ou sur mer, ou qui perdront la vie en combattant les païens, la rémission de leurs péchés sera accordée. Et je l’accorde à ceux qui participeront à ce voyage, en vertu de l’autorité que je tiens de Dieu. Quelle honte, si un peuple aussi méprisé, aussi dégradé, esclave des démons, l’emportait sur la nation qui s’adonne au culte de Dieu et qui s’honore du nom de chrétienne ! Quels reproches le Seigneur lui-même vous adresserait si vous ne trouviez pas d’hommes qui soient dignes, comme vous, du nom de chrétiens ! Qu’ils aillent donc au combat contre les infidèles – un combat qui vaut d’être engagé et qui mérite de s’achever en victoire –, ceux-là qui jusqu’ici s’adonnaient à des guerres privées et abusives, au grand dam des fidèles ! Qu’ils soient désormais des chevaliers du Christ, ceux-là qui n’étaient que des brigands ! De Chartes, Foucher (1967). Histoire du pèlerinage des Francs à Jérusalem. Cité dans Recueil des Historiens des Croisades, Historiens occidentaux. Tome III. Paris, Gregg, page 323-324.

L’époque médiévale : premier élan de la civilisation occidentale

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Les huit croisades (1096-1270) Première croisade : 1096-1099 Acteurs-clés : Pape Urbain II, croisade populaire, Godefroi de Bouillon (futur prince de Jérusalem) Faits saillants : Devancés par une masse de chrétiens plus ou moins organisée n’hésitant pas à commettre des exactions contre les juifs et à se livrer au pillage tout au long de leur parcours, des barons de plusieurs pays composent la véritable force militaire de cette croisade. Leurs armées pouvaient compter trente-mille guerriers. Ayant atteint Constantinople, ils passent en Asie mineure, sous domination musulmane, et libèrent Jérusalem en 1099. Dès lors, les territoires conquis sont transformés en royaume (Jérusalem), comtés (Édesse et Tripoli) et principauté (Antioche). Des ordres religieux militaires sont créés pour en assurer la défense (Templiers et Hospitaliers). Deuxième croisade : 1147-1149 Acteurs-clés : Pape Eugène III, empereur Conrad VII, roi de France Louis VII Faits saillants : À la suite des premières défaites, les forces musulmanes s’organisent et reprennent le comté d’Édesse (1144). Une nouvelle croisade est organisée, mais la mésentente gagne l’empereur et le roi, menant à l’échec de cette croisade. Troisième croisade : 1189-1192 Acteurs-clés : Pape Grégoire VIII, empereur Frédéric Barberousse, roi de France Philippe Auguste, roi d’Angleterre Richard Cœur de Lion Faits saillants : Le chef musulman Saladin, maitre de l’Égypte et de la Syrie, reprend Jérusalem (1187). Parti le premier pour la croisade, Frédéric Barberousse meurt en route en Anatolie. Les deux autres rois reprennent Saint-Jean-d’Acre, mais se séparent par la suite et Philippe Auguste regagne la France. Richard Cœur de Lion poursuit seul l’offensive et fortifie les territoires de la bande côtière du royaume de Jérusalem, demeurés aux mains des Occidentaux. Toutefois, il ne peut récupérer Jérusalem devant la supériorité des forces de Saladin. Il obtient quand même de ce dernier l’engagement de renoncer à reprendre les territoires du comté de Tripoli. Quatrième croisade : 1202-1204 Acteurs-clés : Pape Innocent III, Boniface de Montferrat, Baudouin de Flandre, Geoffroi de Villehardouin Faits saillants : Faute de moyens, cette croisade de simples chevaliers est finalement détournée et les chevaliers conquièrent l’Empire byzantin sous prétexte de ramener l’empereur Alexis sur le trône. Sans le soutien de celui-ci, les pillages de l’Empire byzantin se poursuivent. Les croisés n’atteindront jamais la Terre sainte. Cinquième croisade : 1217-1221 Acteurs-clés : Pape Innocent III, puis pape Honorius III, croisade « des enfants », Jean de Brienne (roi titulaire de Jérusalem), duc d’Autriche Léopold VI Faits saillants : Cette croisade populaire se distingue en raison de la participation importante de jeunes hommes sans grands moyens. Prise en charge par deux nobles, elle est dirigée contre l’Égypte au départ dans le but d’atteindre Jérusalem. Elle obtient peu de succès. Sixième croisade : 1228-1229 Acteurs-clés : Pape Grégoire IX, empereur Frédéric II de Hohenstaufen Faits saillants : Excommunié pour ne pas avoir honoré sa promesse de lancer une nouvelle croisade, l’empereur se résout à faire pénitence et part pour la croisade. Contrairement à ses

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Chapitre 5 • Du xe siècle au xive siècle


prédécesseurs, il opte pour la négociation avec les musulmans et reprend ainsi plusieurs villes considérées comme des bastions du christianisme (Bethléem, Nazareth et Sidon) de même que Jérusalem. Cette ville revient ainsi sous le giron occidental jusqu’en 1244, moment où elle sera perdue définitivement. Septième croisade : 1248-1254 Acteurs-clés : Pape Innocent IV, roi de France saint Louis (Louis IX) Faits saillants : Les pertes subies en Palestine relancent le mouvement de la croisade. Le roi de France compte s’imposer en Égypte pour atteindre par la suite la Palestine. Il s’empare de Damiette (Égypte) et gagne Le Caire. Toutefois, la peste ravage bientôt ses armées et le roi lui-même est fait prisonnier. Il est relâché contre une forte rançon. Huitième croisade : 1270 Acteurs-clés : Pape Urbain IV, roi de France saint Louis (Louis IX) Faits saillants : Saint Louis débarque à Tunis dans l’espoir d’en forcer la conversion de l’émir. La croisade est un désastre. Peu de temps après son arrivée, l’armée est décimée par une épidémie et le roi de France meurt. AMIQUE YN

eC

EC

VERSION D

carte 5.6 Les croisades (1096-1270)

Légende PREMIÈRE CROISADE (1096-1099) DEUXIÈME CROISADE (1147-1149) TROISIÈME CROISADE (1189-1192) QUATRIÈME CROISADE (1202-1204) CINQUIÈME CROISADE (1217-1221) SIXIÈME CROISADE (1228-1229) SEPTIÈME CROISADE (1248-1254) HUITIÈME CROISADE (1270)

M aZon

eC

M aZon

Londres

Mayence

Richard 1er Cœur de Lion Metz

OCÉAN ATLANTIQUE

EC

EXERCICES I

ÉRACTIFS NT

Louis VII

Paris

Ratisbonne Vézelay Philippe Auguste

Augsbourg

Godefroi de Bouillon Budapest

Vienne

Frédéric Ier Barberousse

Conrad VII

Lyon Milan

Toulouse

Marseille

Porto

Venise

Gênes

Sofia

Barcelone Rome Lisbonne

M E R N O I R E

Belgrade

Durazzo

Tolède

Andrinople

Nicée

Naples

Séville Grenade

Constantinople

Athènes

Louis IX

Tunis Richard 1er Cœur de Lion M E R

0

270 km

Acre

M É D I T E R R A N É E

Jérusalem

Le Caire

L’époque médiévale : premier élan de la civilisation occidentale

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Les contacts terrestres avec l’Orient se poursuivent jusqu’à la chute de l’Empire mongol au xive siècle. Les frontières se referment alors partiellement, de même que les routes de l’Asie, désormais contrôlées par de nouveaux groupes, dont les mamelouks d’Égypte et les Turcs ottomans. Même s’ils sont très épisodiques, ces contacts commencent à meubler l’imaginaire des Européens. Le cas du marchand vénitien Marco Polo, auteur du célèbre Livre des merveilles, en est un bon exemple. Ce récit connaitra un grand succès auprès de ses contemporains, au point d’être traduit en plusieurs langues, recopié et largement diffusé en Europe. Un doute subsiste cependant sur le fait que Marco Polo ait visité lui-même l’ensemble des lieux décrits. Aussi, son ouvrage a été jugé par plusieurs avant tout comme une œuvre d’imagination, ses descriptions émerveillées des coutumes de l’Asie et de la richesse de ses traditions donnant l’image d’un lointain Orient, particulièrement la Chine (Cathay), plus riche et plus prospère que l’Occident.

L’ÉCONOMIE ET LA SOCIÉTÉ UNE CROISSANCE MANIFESTE MALGRÉ QUELQUES CRISES L’expansion de l’Occident chrétien est aussi liée à la forte croissance économique qui a lieu du xe au xiiie siècle, où progrès agricole et reprise du grand commerce se côtoient. Le monde urbain se présente alors comme un foyer de renouveau. Cet élan est toutefois freiné au xive siècle par la peste noire et les révoltes populaires. Tout au long de cette période, l’empreinte féodale demeure néanmoins omniprésente dans la dynamique économique et sociale. Elle s’exprime pleinement par l’entremise du régime seigneurial.

Les progrès agricoles et la croissance démographique Dès le xe siècle, de nombreuses innovations font faire de grands progrès à l’agriculture. Parmi celles-ci, notons tout d’abord la généralisation de l’assolement triennal, qui réduit l’espace en jachère (terre au repos). La division du champ en trois soles et l’alternance de celles-ci entre une culture d’hiver (blé ou seigle), de printemps (avoine, orge ou pois L’assolement triennal chiches) et la jachère augmentent sensiblement la producAnnée 1 Année 2 tion agricole. De même, les moyens de production sont améliorés. Les techniques d’attelage se perfectionnent graOrge Jachère duellement et permettent de tirer un meilleur profit de la Jachère Blé force du cheval de labour. De l’attelage à joug d’encolure et à joug dorsal utilisés dans l’Antiquité, on passe au Blé Orge collier d’épaule (voir « Les science et les techniques », Année 3 page 162). Quant à lui, le ferrage des chevaux protège les sabots et renforce leur traction sur les terrains rocailleux, lourds et humides. Il accentue ainsi l’intérêt de l’emploi Blé Orge de chevaux de labour, dont l’endurance et la mobilité aux champs sont supérieures à celles du bœuf. L’attelage en file Jachère en multiplie la puissance. Mais, plus important encore, la charrue à roues à versoir, grâce à son soc en métal, permet

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Chapitre 5 • Du xe siècle au xive siècle


de labourer en profondeur les terres grasses, dont celles du nord de l’Europe. Cela donne de meilleures récoltes, notamment de céréales, dont le rendement passe de trois graines récoltées pour une semée à six pour une, voire huit pour une. L’utilisation du métal pour les sabots des chevaux, le versoir de la charrue et les outils agraires favorisent le développement de la métallurgie et de l’artisanat et stimulent d’autant l’économie médiévale. Les nombreux moulins à eau, mais aussi à vent, ajoutent une force motrice utilisable, ce qui libère des bras pour d’autres tâches. L’invention de la scie hydraulique et du rouet, entre autres, témoigne de la vigueur des innovations techniques. Les progrès agricoles ont pour effet, grâce à leur apport alimentaire supplémentaire, d’accroitre de façon exceptionnelle la population occidentale. Bien que l’estimation de celle-ci varie beaucoup d’un auteur à l’autre, l’Europe de l’Ouest serait alors passée d’environ vingt-cinq à trente-millions d’habitants en l’an 1000 à une population allant de cinquante-cinq à soixante-dix-millions en 1300. L’expansion démographique entraîne le recul des forêts, lieu favori de l’imaginaire avec ses druides, sorcières et animaux sauvages. Elle donne aussi naissance au peuplement, par des populations germaniques, de terres situées plus à l’est, entre les fleuves de l’Elbe et l’Oder, moins densément peuplées. Les Germains s’y imposent graduel­lement aux dépens des populations slaves auxquelles ces territoires étaient traditionnellement associés. Enfin, elle stimule le commerce.

La charrue à roues à versoir (lame de métal recourbée qui soulève et retourne la terre) avec son soc (partie tranchante de l’extrémité du versoir qui découpe le sol) et son coutre (lame droite qui défait la terre une fois celle-ci soulevée et retournée). Les frères Limbourg, détail de Mars (v. 1412-1416). Enluminure sur vélin, dans Les très riches heures du duc de Berry, Musée Condé, Chantilly.

L’extension des surfaces cultivées débute au xe ou au xie siècle, selon les régions. Au xiie siècle, l’essor semble généralisé. Il relève d’une véritable entreprise organisée par la noblesse, qui y voit une source directe pour augmenter ses revenus et sa puissance. Il se poursuit encore tout au long du xiiie siècle. Le mouvement est tel que de nouveaux villages apparaissent, comme en témoigne parfois la toponymie (par exemple, Villeneuve-sur-Lot, fondée en 1253). Cette colonisation « de l’intérieur » n’est toutefois pas sans conséquences à long terme, puisque les ressources de la forêt et son importance pour le broutage d’animaux comme les porcs diminuent.

Le renouveau du commerce L’instabilité qui a suivi la chute de l’Empire romain d’Occident en 476 avait mis fin à l’unité économique au sein de l’ancien monde romain, bâti sur les pourtours de la Méditerranée. La régionalisation des pouvoirs et la tendance à l’autarcie ont eu pour effet de limiter les activités commerciales. Cependant, du xe au xiiie siècle, les surplus engendrés grâce aux progrès agricoles ainsi que la hausse démographique relancent la vie commerciale. Les marchés villageois accueillent le blé, les viandes d’élevage et la laine de même que certains matériaux essentiels à la production comme le fer ou le bois. À ces marchés locaux s’ajoutent les foires régionales ; on y vend des produits plus précieux, comme des draps de laine de grande qualité, et des produits de luxe pour la table et le vêtement. Ces foires sont de plus en plus alimentées par les marchands italiens, d’une part, et ceux de la Hanse, d’autre part. Les marchands des villes du nord de l’Italie monopolisent le commerce de produits tels que les soieries, les

Hanse Association de marchands flamands, anglais, allemands et scandinaves qui contrôle le commerce nordique et en assure la réglementation. La puissance de cette association est telle qu’elle négocie avec les souverains de nombreux privilèges au profit des marchands des villes qui y adhèrent.

L’époque médiévale : premier élan de la civilisation occidentale

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La peste noire de 1347

Flagellants Les flagellants sont des croyants qui se fouettent publiquement en signe de repentir.

Le développement économique basé sur le modèle féodal ne tient cependant plus au début du xive siècle. Alors que les mauvaises récoltes se multiplient, l’Occident peine à nourrir une population nombreuse et fragilisée qui offre peu de résistance aux épidémies. En 1347, la peste frappe. Des navires italiens en provenance de la mer Noire, infestés par des puces porteuses du fléau, apportent celui-ci en Occident. La vitesse de propagation est foudroyante : en trois ans, de 1347 à 1350, toute l’Europe est touchée et glisse de l’épidémie à la pandémie. Le choc est brutal : vingt-cinq pour cent de la population meurt, ce qui explique le qualificatif noire dans l’expression peste noire, qui désigne les deux formes de manifestation de cette peste : pulmonaire et bubonique. Bien qu’il ne s’agisse pas de la première épidémie de peste ni de la dernière, jamais la peste n’aura fauché autant de vies dans l’histoire occidentale.

Processions des flagellants de Bruges à Tournai, le jour de l’Assomption en 1349. Miniature. Bibliographisches, Institut, Leipsig.

Les conséquences de la peste noire sont énormes. La chute démographique remet en question les rapports féodaux et secoue les esprits. Cet évènement marque en effet l’imaginaire des Occidentaux. Pour les uns, il faut apaiser la colère divine à la veille du Jugement dernier. Par conséquent, les processions de flagellants se multiplient. D’autres, au contraire, ressentent une plus grande soif de vivre, qu’exprime entre autres Boccace dans Le Décaméron.

Les révoltes populaires en Europe au xive siècle

Wat Tyler a obtenu des concessions du roi Richard II, mais a été tué par le maire de Londres en 1381. La mort de Wat Tyler (xve siècle). Enluminure, dans Chroniques de Jean Froissart, Bibliothèque nationale de France (ms fr. 2644, fo 159v), Paris.

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Chapitre 5 • Du xe siècle au xive siècle

Alors que la peste noire, la guerre de Cent Ans et le Grand Schisme d’Occident ébranlent les cadres traditionnels de la féodalité et affaiblissent l’autorité de l’Église, les mouvements réformateurs au sein de la chrétienté profitent de la division de la papauté pour prêcher leurs idées avec plus de liberté. Des mouvements comme celui des lollards, en Angleterre vers 1380 avec Wyclif, s’en prennent à la hiérarchie de l’Église, ce qui ne manque pas d’alimenter les revendications paysannes contre les seigneurs qui abusent de leur pouvoir. Plusieurs révoltes populaires touchent l’ensemble de l’Europe de 1357 à 1381 : la Jacquerie en France en 1358 ; les révoltes urbaines, comme celle qu’a dirigée Étienne Marcel en France en 1357 ou celle des Ciompi à Florence en 1378 ; la révolte anglaise de 1381. Bien que tous ces mouvements de révolte se soient finalement calmés, ils forcent la royauté à réduire les contraintes féodales qui pèsent tant sur la paysannerie que sur le monde urbain.


Étienne Marcel (entre 1302 et 1310-1358)

Jean Maillard. Assassinat d’Étienne Marcel, 31 juillet 1358 (Chroniques de Froissart, Loyset Liedet, Bibliothèque nationale de France, ms. fr. 2643, f o 230, xve siècle).

Étienne Marcel appartient à la bourgeoisie de Paris et devient un acteur-clé de la révolte populaire parisienne de 1358. Riche drapier, il est élu prévôt des marchands de Paris. Cette fonction lui confère des pouvoirs importants car, à titre de prévôt, il dirige la ville. Le roi ainsi que de nombreux nobles habitent alors à Paris. Le contexte qui prévaut de son accession est trouble. La France, en pleine guerre de Cent Ans, connait une série de défaites importantes. De plus, la peste noire a frappé durement le pays. Les riches roturiers, dans ce contexte, souhaitent obtenir plus de pouvoir. Ils profitent des déboires militaires du roi Jean II le Bon, fait prisonnier par les Anglais en 1356, pour obtenir de son fils, le futur Charles V, dauphin en titre, une réforme de la gouvernance du royaume. Celle-ci institutionna­liserait la convocation des états généraux (composés des représentants de chaque ordre, soit le clergé, la noblesse et les roturiers) et le contrôle des officiers royaux par ceux-ci. Comme le dauphin ne donne pas suite à cette réforme, Étienne Marcel soulève Paris. Le dauphin, qui a pu fuir de Paris entre-temps, riposte et la ville est soumise au blocus. Un groupe de bourgeois, loyal à la royauté, s’en prend alors à Étienne Marcel et il est assassiné.

LES COURANTS DE PENSÉE LE MOULE DE LA PENSÉE CHRÉTIENNE L’essor de la civilisation occidentale, plus particulièrement la domination de l’Église romaine, s’accompagne à partir du début du xie siècle d’un renouveau intellectuel. Le savoir chrétien doit désormais s’intéresser à toutes les disciplines, ce qui exige d’y intégrer le savoir antique païen. La volonté d’assurer la conti­nuité avec l’Antiquité est manifeste dans l’image présentée à la page 133. L’ensemble de la fresque célèbre la vaste synthèse des domaines du savoir réalisée par saint Thomas d’Aquin, un clerc dominicain, qui trône en majesté au centre du tableau (voir l’encadré page 169). Il ne suffit cependant pas aux scolastiques de confronter de façon abstraite la pensée antique et la pensée chrétienne : il leur faut couler le moule dans lequel se dérouleront les pratiques chrétiennes. Cet ambitieux projet ne sera que partiellement concrétisé, car la fin du Moyen Âge marque le début de la remise en question théorique du pouvoir pontifical.

La scolastique À partir du xiie siècle, les maitres de théologie entreprennent la première grande synthèse des savoirs sacrés et profanes depuis la fin de l’Empire romain d’Occident. Les débuts de cette synthèse n’ont rien de révolutionnaire et se prêtent à la compilation de commentaires sur la Bible et le Nouveau Testament. La question du droit ecclésiastique s’impose bientôt et une véritable synthèse du droit canon est produite (rassemblant les ordonnances des conciles et les décrets des papes), départageant ce qui est propre au droit civil et ce qui relève de l’autorité de l’Église. La quête s’élargit encore lorsqu’il est question de concilier les savoirs profane et religieux. L’enjeu devient alors majeur : dans une société chrétienne, de quel savoir un chrétien doit-il disposer en harmonie avec la pratique de sa foi ? Comment associer le savoir de l’Antiquité païenne avec l’enseignement de l’Église ? Plus concrètement, comment concevoir la pensée d’Aristote, telle qu’elle est connue alors, du point de vue de la foi chrétienne ? C’est à cette tâche que la scolastique s’attelle.

Dans ce détail du coin inférieur gauche de la fresque reproduite à la page 133, la figure de la justice est associée au code juridique de l’empereur Justinien. Andrea di Bonaiuto, détail du Triomphe de saint Thomas d’Aquin et l’allégorie des sciences (1365-1368). Fresque, chapelle Guidalotti, Santa Maria Novella, Florence. © akg-images.

L’époque médiévale : premier élan de la civilisation occidentale

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En 1324, Guillaume d’Ockham est convoqué au palais des papes à Avignon pour y expliquer ses thèses. Atelier du Maître de Boucicaut, Palais des papes à Avignon (début xve siècle). Enluminure, Bibliothèque nationale de France (ms 23279, f° 81), Paris.

plan de la doctrine religieuse. S’ils l’accusent parfois de violer leurs privilèges traditionnels ou le dénoncent pour corruption ou fraude, ils ne remettent pas en question sa suprématie spirituelle. Il faut attendre le xive siècle avant que la critique n’arrive. Elle provient d’abord d’un groupe de théologiens qui se réclament d’un courant philosophique appelé nominalisme. Des penseurs comme Guillaume d’Ockham et Marsile de Padoue affirment la différence incommensurable entre le monde divin et le monde matériel. Ils allèguent que l’action de Dieu n’est pas limitée par les lois naturelles et qu’il est inconcevable que Dieu doive se soumettre à une volonté quelconque. Le monde divin n’est donc pas connaissable par les hommes. Du même souffle, les nominalistes soutiennent que le monde matériel, auquel les êtres humains appartiennent, n’est pas une expression des lois divines compte tenu de son imperfection. Ce monde obéit à ses propres lois, qui sont accessibles à l’entendement humain. Très rapidement, les conséquences politiques de ces idées apparaissent, tant pour les partisans de l’empereur que pour les opposants au pouvoir pontifical au sein même de l’Église. Si le monde terrestre n’est pas le reflet d’un ordre divin, cela veut dire que le pape n’est pas nécessairement le représentant de Dieu sur terre. Le gouvernement du monde, tant en matière ecclésiastique que séculière, est l’affaire des hommes dans leur ensemble.

Lors du Grand Schisme d’Occident (voir « Les rivalités politiques », page 141), les partisans de la suprématie de l’autorité des conciles sur celle du pape s’emparent de ces arguments pour prétendre que les conciles, convoqués sur une base régulière, doivent être l’instance suprême du gouvernement de l’Église. L’empereur exploite avec moins de succès les thèses nominalistes pour affirmer son autorité sur l’Église, bien qu’il protège les philosophes excommuniés défendant ces thèses. Toutefois, à plus long terme, les thèses nominalistes annoncent le mouvement des hussites du xve siècle (voir page 194) et la Réforme protestante du xvie siècle.

LES SCIENCES ET LES TECHNIQUES LE SAVOIR, UN MONDE DE CLERCS Au premier regard, les sciences et les techniques, au Moyen Âge classique, doivent beaucoup à l’Antiquité et aux apports extérieurs, tant du monde musulman que du lointain Orient. Ils évoluent peu par rapport à ceux-ci. Pourtant, après une période de forte instabilité, du ve au xe siècle, cette période historique représente un temps de redécouverte, d’appropriation et de synthèse des connaissances passées. Cela est nécessaire à la remise en question ultérieure de celles-ci grâce à l’élaboration d’une pensée critique. Une institution jouera un rôle déterminant en ce sens : l’université. Son dynamisme stimulera, au départ, la réflexion. Sur le plan technique, la croissance soutenue du monde agricole et l’enrichissement qui en découle stimulent le perfectionnement des forces motrices (moulins et attelages) et l’amélioration des méthodes

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d’exploitation des minerais (fer). À cela s’ajoutent quelques innovations témoignant de l’esprit d’innovation de l’époque.

La naissance des universités Si la Renaissance carolingienne permet à l’Occident de conserver un fonds de culture antique, un élan culturel majeur lui est donné par l’avènement des universités, créations propres au monde occidental médiéval. Elles naissent en marge des écoles en place, soit celles associées à un monastère ou celles relevant des diocèses et rattachées aux cathédrales, grâce à l’initiative des élites urbaines, des princes et parfois même du roi ou du pape. Constituée au départ comme une association de maitres et d’élèves ayant des intérêts communs sur le plan intellectuel, l’université prend son élan dans le cadre du développement urbain. Elle se présente comme un corps autonome en matière de gestion et de juridiction. La charte de fondation obtenue du pape ou de l’empereur (pour les territoires de l’Empire) lui octroie des privilèges et garantit sa liberté. Ainsi, dès ses débuts, elle se soustrait à toute autorité locale, régionale et même régalienne, c’est-à-dire tant celle du seigneur, de l’évêque que du roi. Ses membres, professeurs et étudiants, se voient attribuer le statut de clerc et bénéficient des mêmes privilèges que les membres du clergé, même s’ils n’en sont pas membres. Les premières universités (Bologne, Paris, Oxford, Coimbra, Montpellier, Reggio et Salerne) naissent au xiie siècle. Leur nombre augmente par la suite et leurs rapports avec les autorités civiles se complexifient. L’enseignement qui y est offert reprend la tradition antique, mais en y intégrant la scolastique (voir « Les courants de pensée », page 157). Comme elle est indépendante de l’autorité ecclésiastique immédiate (abbé et évêque), il lui est plus facile d’élargir son champ de connaissances et de questionnements. L’essentiel de la formation universitaire vise à faire acquérir à l’étudiant l’art du raisonnement, lequel repose avant tout sur l’étude des auteurs de l’Antiquité, principalement d’Aristote, et des Pères de l’Église. L’enseignement des arts libéraux y est regroupé en deux cycles : le trivium (art des mots et des signes), qui comprend la grammaire, la rhétorique et la dialectique, et le quadrivium (art des nombres et donc des harmonies), composé de la géométrie, de l’arithmétique, de la musique et de l’astronomie. Les études supérieures mettent en valeur la théologie, mais intègrent aussi les disciplines utilitaires que sont le droit (le droit romain [voir page 68] et surtout le droit canonique) et la médecine. La pratique de cette dernière, compte tenu de l’esprit dominant, vise surtout à poser un diagnostic fondé sur un raisonnement philosophique plutôt qu’à traiter le malade. En dehors des connaissances liées à ces disciplines, peu d’éléments scientifiques sont étudiés dans les universités. Tout ce qui relève de l’observation (comme la classification des animaux, des plantes et des pierres) ou de l’expérimentation (comme la combinaison des substances) est dédaigné. Il s’agit donc d’un enseignement de base de plus en plus indispensable aux activités économiques et politiques doublé d’une formation générale propre à assurer la propagation d’une culture savante chrétienne au service de l’Église. Jusqu’au xixe siècle, les arts libéraux constitueront la base de la formation universitaire en Occident.

Droit canonique Ensemble des lois et des règlements adoptés par l’Église romaine quant à sa gouvernance. Il se distingue des dogmes (les articles de foi) bien que ceux-ci inspirent certains de ses lois et règlements.

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Astrolabe Instrument servant à évaluer la hauteur des astres et à calculer l’heure. Gerbert d’Aurillac (voir page 126) en aurait assuré la diffusion en Occident en rapportant un astrolabe d’Espagne. Au xve siècle, l’astrolabe nautique servira à évaluer la latitude du navire.

Attachée à l’univers des connaissances, l’université devient un puissant porte-flambeau de la transmission du savoir antique. Le legs antique est relativement pauvre dans l’univers occidental du xe siècle. Il en va tout autrement dans l’Empire byzantin, au Proche-Orient et, plus près, dans l’Espagne musulmane. Les contacts se multiplient avec les autres civilisations et un renouveau en nait : réintroduction des chiffres arabes et de l’astrolabe, mais aussi traduction de classiques dont les œuvres étaient ignorées ou disparues, en totalité ou en partie, comme Hippocrate, Euclide, Archimède, Héron d’Alexandrie, Ptolémée, Galien et Aristote. C’est ainsi que la physique, l’astronomie, l’algèbre, la géométrie, la botanique, la médecine et même l’architecture de l’Antiquité sont remises à l’honneur. Ces connaissances sont enrichies de travaux plus récents, traduits de l’arabe, comme ceux de Rhazès, Averroès et Avicenne. Porté principalement par la logique d’Aristote, un intérêt éclot au xiiie siècle. Les auteurs de nombreux traités agricoles, dont Walther de Henley, en témoignent à leur façon dans l’univers des arts mécaniques. Ceux-ci sont favorables à l’adoption de l’assolement triennal (voir « L’économie et la société », page 152), qui permet d’augmenter de façon considérable la production agricole.

La transmission des connaissances pratiques Comme à l’époque de la civilisation grecque, les savoirs pratiques sont considérés comme des arts mécaniques. Ils regroupent les connaissances nécessaires à l’exercice d’un métier ou de toute activité impliquant la manipulation, des apothicaires (pharmaciens) aux tailleurs de pierre en passant par les peintres, les orfèvres, les tisserands et les teinturiers. Réalité nouvelle du Moyen Âge, les corporations de métier, nommées guildes, se sont constituées comme de véritables confréries, avec des privilèges et obligations reconnues par les autorités publiques. Chaque corporation a son saint patron (par exemple, saint Crépin pour les cordonniers et saint Honoré pour les boulangers) et son réseau d’entraide, et elle forme elle-même ses membres. Le jeune, placé auprès d’un maitre, parfait son apprentissage du métier au fil de nombreuses années. Sa formation achevée, il réalise, s’il en a les moyens financiers, une œuvre qui est jugée par la corporation. Le jugement de cette dernière lui permet d’être reçu ou non comme maitre-artisan. Si les savoirs liés aux connaissances pratiques ne font pas l’objet d’un enseignement scolaire, ils ne sont pourtant pas négligés, car l’innovation, tant en milieu rural qu’urbain, est loin d’être absente au Moyen Âge. AVICENNE (980-1037) D’origine perse, Avicenne est l’un des plus grands philoso­phes du monde musulman. Son œuvre, encyclopédique, touche tant la logique, les mathématiques, la linguistique, la musique que la médecine, sur laquelle il écrit de nombreux livres, dont le Canon de la médecine. Il y fait état des connaissances médicales de l’époque et propose une multitude de remèdes. Ses écrits servent à transmettre le savoir antique aux savants occidentaux du Moyen Âge. Shutterstock 242818486.

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Les principaux secteurs d’innovation sont associés au perfectionnement des forces motrices. Deux univers retiennent notre attention à cet égard : l’énergie hydraulique et l’énergie chevaline. Bien que le moulin à eau soit déjà utilisé dans le monde romain, la mise au point de l’arbre à cames permet d’élargir son utilisation. Dès le xiiie siècle, le moulin à eau devient un élément commun du paysage rural. Ainsi, le nombre de moulins recensés dans le département de l’Aube (France) passe de quatorze au xie siècle à plus de deux-cents au xiiie siècle. Son utilisation est de plus en plus variée : écraser les grains, tamiser la farine, fouler le drap, tanner les peaux, marteler le fer et même réduire en pâte les chiffons pour la fabrication du papier. À lui seul, le travail opéré par un moulin, selon les estimations de l’époque, équivaut à celui de quarante esclaves !

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L’arbre à cames est connu des Chinois dès le iiie siècle avant notre ère et est utilisé chez les Romains sous l’Empire, bien que ceux-ci ne l’aient guère exploité. Ce système mécanique permet de transformer un mouvement circulaire (celui, par exemple, de l’auge entraînée par l’eau) en mouvement rectiligne de va-et-vient (celui du marteau qui monte et descend). Shutterstock 54290311.

ocument historique Bernard de Clairvaux chante les louanges de la force hydraulique

Un bras de rivière, traversant les nombreux ateliers de l’abbaye, se fait partout bénir par les services qu’il rend […] la rivière s’élance d’abord avec impétuosité dans le moulin, où elle est très affairée et se remue, tant pour broyer le froment sous le poids des meules, que pour agiter le crible fin qui sépare la farine du son […] La rivière ne se tient pas pour quitte. Les foulons établis près du moulin l’appellent à leur tour. Elle était occupée à préparer la nourriture des moines, maintenant elle songe à leur habillement. […] Elle élève ou abaisse alternativement ces lourds pilons, ces maillets ou, pour mieux dire, ces pieds de bois et épargne ainsi aux frères de grandes fatigues […] que de chevaux s’épuiseraient, que d’hommes se fatigueraient, les bras dans ces travaux que fait pour nous la gracieuse rivière […] Quand elle a fait tourner d’un mouvement accéléré tant de roues rapides, elle sort en écumant […] Au sortir de là, elle entre dans la tannerie, où elle prépare le cuir nécessaire à la chaussure des frères […] elle se divise en une foule de petits bras pour visiter les différents services, cherchant diligemment partout ceux qui ont besoin de ses services, qu’il s’agisse de cuire, tamiser, broyer, arroser, laver ou moudre, ne refusant jamais son concours. Enfin, pour compléter son œuvre, elle emporte les immondices et laisse tout propre. De Clairvaux, Bernard. Cité par Jean Gimpel, La révolution industrielle du Moyen Âge. Paris, Seuil, 1975, p. 11-12.

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À l’énergie naturelle du moulin s’ajoute celle du cheval de trait. Jusqu’alors, l’utilisation du bœuf est prédominante dans les campagnes. Le cheval est principalement utilisé comme monture. Il coûte cher et il est nécessaire de l’élever, de le soigner et de le nourrir, donc de cultiver de l’avoine à cette fin plutôt que le fourrage traditionnel. Pourtant, l’utilisation du cheval pour les travaux dans les champs gagne en importance, pour deux raisons : le cheval est à même de tirer la même charge que le bœuf, mais se déplace une fois et demie plus vite et a la capacité de travailler deux heures de plus par jour aux champs. Le gain est notable. Pour y arriver, il fallait toutefois innover : outre le ferrage des sabots, mettre au point un attelage permettant au paysan d’exploiter toute sa force : le collier d’épaule. Outre les moulins à eau et le collier d’épaule, l’Occident connait alors un accroissement important de l’utilisation du fer, que ce soit pour les instruments agricoles (le versoir des charrues et la herse) ou l’armement. Au cœur de ce changement, l’obtention d’une fonte de qualité. Pour y arriver, il fallait augmenter et maintenir considérablement la température dans les fours pour atteindre 1200 degrés. À ce niveau, le fer se transforme en fonte. La puissance hydraulique joue là encore un rôle majeur dès le début du xive siècle, tant pour marteler le métal que pour actionner les premiers soufflets hydrauliques (le premier mentionné date de 1323) haussant la température des fours. La mise au point du collier d’épaule Attelage à joug d’encolure antique

Attelage à joug dorsal antique

Harnais moderne à collier d’épaule

À la suite des travaux historiques effectués par Richard Lefebvre des Noëttes dans les années 1930, l’hypothèse d’un collier de gorge antique étouffant littéralement le cheval sous l’effet d’une traction trop forte a longtemps été retenue par les historiens. Derrière cette hypothèse, l’idée d’un monde antique incapable de dépasser certaines contraintes techniques et limité sur le plan des connaissances scientifiques était entretenue. Le recours systématique à l’esclavage s’en trouvait d’autant expliqué. Ce point de vue était encore largement répandu dans les années 1980. L’étude minutieuse de la documentation et les différentes expérimentations à l’aide de reproduction d’attelages confirment que cette hypothèse était totalement erronée. Le passage des techniques d’attelage antiques vers l’attelage à collier d’épaule découle de la mise au point, graduellement, d’une articulation du jouguet à son sommet qui remplace le jouguet rigide de l’Antiquité.

Un jouguet rigide.

David, Frank (2011). « Les jouguets des attelages gallo-romains », Histoire et Sociétés rurales, vol. 35.

© F. David

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Dans un tout autre domaine, l’invention de l’horloge mécanique et celle du bouton témoignent à leur façon du savoir-faire médiéval dans des domaines s’éloignant, de prime abord, des activités économiques de première nécessité. Pourtant, l’horloge mécanique marque un premier pas vers la standardisation de la production. Par la mesure normalisée et précise du temps qu’elle procure, mais aussi le calcul de l’énergie nécessaire à ordonner les mécanismes qui en donnent le rythme et la mesure, l’horloge mécanique bouleversera profondément les mentalités occidentales. Elle soustraira une lecture naturelle du temps (en fonction de la course du Soleil et des saisons) à une lecture mécanique de celui-ci. Non pas que la mesure du temps n’existait pas avant ! Cadran solaire, sablier et bouts de chandelles sont utilisés depuis l’Antiquité, mais la mesure reste imprécise et relative. De l’horloge à eau, dont le débit reste irrégulier et soumis aux aléas naturels, on passe à l’horloge mécanique à la toute fin du xiiie siècle. La plus ancienne serait celle du prieuré de Dunstable (en Angleterre), en 1283. Elle est composée de trois éléments : un poids suspendu à une corde agissant comme force motrice, un rouage fin composé de pignons et de roues dentelées et l’échappement, mécanisme actionné par les roues et déplaçant l’aiguille sur le cadran. Le gain majeur de l’horloge mécanique tient à l’uniformisation des heures, celle du jour et de la nuit, la journée étant autrefois décomposée en deux cycles égaux de douze heures. La durée des heures variait donc selon les saisons et les pays.

Sur cette miniature d’un manuscrit anglais du xive siècle, Richard Wallingford (1292-1336), abbé du monastère de Saint-Albans (en Angleterre) et reconnu comme un des premiers à avoir mis au point l’horloge mécanique, pointe du doigt son pendule.

Par ailleurs, ce n’est vraisemblablement qu’au début du xiiie siècle que l’utilisation du bouton comme moyen de fixation pour les vêtements est apparu. Il remplace alors la fibule. Sans y voir un objet révolutionnaire, ce petit objet témoigne des changements vestimentaires du temps. Utilisé au départ comme élément de décoration, le bouton de laiton, de cuivre et même de verre devient, à partir de ce moment, un moyen simple de mieux ajuster le vêtement au corps et de mettre en valeur les silhouettes des hommes et des femmes. Permettant d’ouvrir et de refermer facilement les décolletés des vêtements, il est apprécié pour attacher les manches.

LES RÉSONANCES DANS LE MONDE DES ARTS L’IMAGE ET SES ARTISANS À L’ÉPOQUE MÉDIÉVALE La présence de l’image dans l’univers religieux fait l’objet de vifs débats aux viiie et ixe siècles. À partir de la période médiévale, l’image commence à prendre sa place en Occident. Les artisans, qui ne se considèrent pas comme des artistes et qui ne sont pas perçus comme tels, produisent des œuvres spectaculaires. En témoignent de façon éloquente les cathédrales gothiques qui surplombent les échoppes des centres urbains à partir du xiie siècle. À la fin du Moyen Âge, c’est dans les cités du nord de l’Italie, où progrès économique et tensions politiques se conjuguent, que s’annonce la transition artistique vers les Temps modernes.

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La cathédrale médiévale, empreinte de la civilisation occidentale Clé de voûte (voussoir central) Une voûte en plein cintre.

Élevée à la gloire de Dieu, la cathédrale se présente comme une caractéristique matérielle fondamentale de l’Occident. Elle est à la civilisation occidentale médiévale ce qu’est la pyramide à la civilisation égyptienne. Dès le premier regard, les prouesses architecturales dont ont fait preuve ses bâtisseurs impressionnent. Le style évolue, passant dès le xiie siècle de l’art roman à l’art gothique.

La cathédrale romane

Abside

L’architecture romane qui se développe dans la seconde moitié du xe siècle a pour fondement la voûte romaine antique et l’adoption du plan basilical. Elle se caractérise par sa voûte en berceau en plein cintre reposant sur des colonnes cylindriques surmontées de chapiteaux. Selon son plan de base, un portique, parfois sous forme d’abside, précède sa salle centrale (rectangulaire), entourée d’une colonnade intérieure supportant la couverture, et se poursuit vers le cœur pour se terminer sous forme d’abside.

La cathédrale de Spire (Allemagne) est l’une des plus vastes et hautes cathédrales romanes. Par ses dimensions, elle n’est pas très éloignée des cathédrales gothiques et, grâce à la hauteur de sa voûte, la lumière y est présente contrairement à bon nombre d’églises romanes. Cependant, l’ensemble de l’œuvre reste massif, tant par ses imposants piliers que par l’absence de croisées d’ogives.

Transept

© Lokilech (2007), CC-BY 3.0.

Portique Plan d’une basilique.

Voûte d’une cathédrale romane. Cathédrale de Spire, vers 1060. iStockphoto 73585447.

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La cathédrale gothique Si, à l’image des châteaux forts, les églises romanes paraissaient massives et lourdes, les cathédrales gothiques, grâce à la croisée d’ogives et à l’arc-boutant, s’élancent vers les cieux et donnent encore plus de force et de majesté à la chrétienté occidentale. Du xie au xiiie siècle, le nombre de cathédrales augmente en flèche en Europe.

La cathédrale de Notre-Dame de Paris est l’un des joyaux de l’architecture gothique du Moyen Âge. Ses arcs boutants, entre autres, lui permettent d’élever sa nef à 33 mètres.

Schéma d’une croisée d’ogives. GNU FDL, 2004.

Shutterstock 55042534.

La cathédrale gothique Saint-Pierre de Beauvais (France), avec un cœur de 48,5 mètres, fut la plus haute tentative d’élévation au Moyen Âge. Son effondrement en 1284 symbolise alors les limites des prouesses techniques de la civilisation occidentale.

Les croisées d’ogives de la cathédrale de Lincoln (Angleterre), en diminuant les poussées latérales, permettent une élévation plus grande et insufflent une légèreté à celle-ci grâce à la lumière qui envahit l’intérieur du bâtiment.

DAVID ILIFF. CC-BY-SA 3.0 (2015).

Shuttterstock 108818726.

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Réels faits de civilisation, les cathédrales donnent une idée de la création de la richesse qui est en cours en Occident et de la capacité de ses élites religieuses à canaliser les ressources diocésaines – princière, ecclésiastique et corporative – dans un projet commun : toutes sont mobilisées et mises au service de l’édification de la cathédrale, qui établit la réputation de la ville. Chantier qui dure souvent des dizaines d’années, la construction d’une cathédrale donne vie à tout un univers social composé d’artisans, d’ouvriers, de marchands et, bien sûr, du clergé. Les évêchés qui possèdent les cathédrales les plus prestigieuses créent les premières universités, dont Oxford et Paris. Ce qui est vrai pour les cathédrales l’est également, dans une moindre mesure, pour les églises moins importantes : une fois achevées, elles s’intègrent dans le tissu social. Avec leurs portails, leurs vitraux et leurs fresques, elles éduquent l’œil et les consciences et le son des cloches marque le rythme des journées.

Vitrail, Cathédrale Notre-Dame de Paris. iStockphoto 17810838.

conclusion À la fin du xive siècle, l’espace de la civilisation occidentale est résolument l’Europe de l’Ouest. Elle est davantage ancrée dans le Nord qu’autour de la Méditerranée, où elle se heurte depuis le viie siècle au monde musulman. Deux grands faits de civilisation la caractérisent : l’organisation féodale, modelée autour d’une vision tripartite de la société (clergé, noblesse et roture), et l’appartenance à la chrétienté catholique romaine. Morcelé politiquement, le monde occidental n’en connait pas moins un fort dynamisme depuis le xie siècle, que les crises du xive siècle n’ont fait que ralentir. Toutefois, à l’inverse de l’instabilité qui domine du ve au xe siècle, le xive siècle annonce un temps de maturation d’une civilisation ayant déjà affirmé ses caractères propres. D’ailleurs, son expansion européenne, qui atteint presque ses limites, la pousse désormais dans l’aventure atlantique.

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AMIQUE YN

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VERSION D

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EXERCICES I

ERACTIFS NT

M aZon

4. Pourquoi, plus que tout autre épisode de peste, celui de la peste noire est-il associé à un moment historique bien précis ?

Le pouvoir et l’État 1. Qu’est-ce qui caractérise l’État féodal ? 2. Sur quoi repose la puissance de l’Église romaine ?

Les courants de pensée

3. Pourquoi le mariage d’Aliénor d’Aquitaine avec Henri Plantagenêt, duc d’Anjou, présente-t-il un péril majeur pour l’avenir du royaume de France ?

1. À quel besoin répond la scolastique ?

4. Comment expliquer que le roi d’Angleterre passe une grande partie de sa vie hors d’Angleterre ? Qu’est-ce que cela nous apprend sur l’État féodal ? 5. En quoi la réalité du royaume de Majorque illustre-t-elle la fragilité des États féodaux ?

Les rivalités politiques 1. De quel pouvoir suprême le pape Grégoire VII dispose-t-il contre l’empereur Henri IV ? 2. Pourquoi le Grand Schisme d’Occident apparait-il comme un moment charnière dans l’évolution du pouvoir de l’Église ? 3. Pourquoi la guerre de Cent Ans est-elle considérée à la fois comme une guerre féodale et une guerre dynastique ?

L’Occident et le monde 1. L’Église d’Orient est-elle d’allégeance chrétienne ? Justifiez votre réponse. 2. Qu’est-ce qui est à l’origine de la progression de la chrétienté occidentale ? 3. Dans le processus de la Reconquista, en quoi la réalité du Portugal est-elle singulière ? 4. Qu’est-ce qui incite les membres de la noblesse à partir en croisade ? 5. Que représente l’Extrême-Orient pour les Occidentaux ?

2. Quelles sont les limites de l’apport de la scolastique ? 3. Quelle attitude adopte l’Église par rapport aux hérétiques ? 4. À quelles déviances s’attaque l’Église afin de renforcer la pratique chrétienne ? 5. En quoi les thèses nominalistes sont-elles propices à une remise en question de l’autorité du pape ?

Les sciences et les techniques 1. Quels sont les modes de diffusion des connaissances au Moyen Âge classique ? 2. En quoi les universités se distinguent-elles des écoles cathédrales ou des écoles monastiques ? 3. Pourquoi les universités préservent-elles un caractère féodal ? 4. Distinguez les arts libéraux des arts mécaniques. 5. Pourquoi le moulin à eau est-il au cœur du renouveau technique de l’époque ? Arrêtez-vous aux propos de Bernard de Clairvaux. 6. Pourquoi la mise au point du collier d’épaule apparait-elle comme une innovation majeure ? 7. En quoi, avec la mise au point de l’horloge mécanique, la lecture du temps apparait-elle désormais moins naturelle ?

Les résonances dans le monde des arts 1. Quel enjeu biblique pose la représentation des images ? 2. « L’identité chrétienne occidentale s’incarne désormais dans sa culture visuelle. » Commentez cette affirmation.

L’économie et la société 1. Sur quoi repose la « révolution industrielle » de l’époque médiévale ?

3. Est-ce que ceux qui exécutent les travaux artistiques ont une identité reconnue ?

2. À quoi doit-on le renouveau du commerce ?

4. En quoi la cathédrale est à la civilisation occidentale ce que la pyramide est à la civilisation égyptienne ?

3. En quoi la ville est-elle un univers propice au développement et à l’expression de phénomènes civilisationnels ?

5. Où se trouvent les principaux lieux d’expression artistique au Moyen Âge classique ?

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Glossaire A

Acculturation Assimilation partielle ou totale d’éléments culturels étrangers. Alchimie Science occulte qui constitue l’une des origines de la chimie moderne. L’alchimie est un savoir secret, réservé aux initiés, qui combine spéculations mystiques et techniques de manipulation de substances. De nombreux savants de la Renaissance pratiquent l’alchimie et tentent de découvrir les propriétés des différents éléments naturels. On cherche notamment à créer de l’or au moyen de diverses techniques de transmutation des métaux. On imagine aussi produire des philtres d’amour. Alea jacta est ! Expression latine qui signifie « le sort en est jeté ». César aurait prononcé ces paroles en franchissant le Rubicon, fleuve qui marquait la frontière entre la Gaule cisalpine et l’Italie. Le traverser à la tête d’une armée était illégal. Almanach L’almanach est un calendrier qui intègre, en plus des divisions de l’année et des fêtes, des renseignements de différents ordres, dont des observations astronomiques. Utilisés dès l’Antiquité, les almanachs connaissent un regain de faveur avec le développement de l’imprimerie. Y sont alors graduellement intégrés, outre la division traditionnelle du temps, la périodicité des évolutions célestes, le nom du saint quotidien, le portrait du prince, des conseils médicaux, des recettes, etc. Les évènements les plus marquants de l’année passée y occupent une place importante et les prédictions sur l’année à venir sont très populaires. Parmi les almanachs les plus fameux, on trouve celui de Nostradamus, publié en 1550. Anglicanisme Confession protestante anglaise qui maintient une hiérarchie ecclésiastique, comme dans le catholicisme. Le roi ou la reine en est l’autorité suprême. Anti-pape Seuls les papes élus à Rome sont reconnus par l’Église, les autres étant considérés comme des anti-papes. Apostolat Propagation de la foi en continuité avec la mission des apôtres. Argument d’autorité L’argument d’autorité est un procédé qui consiste à justifier un point de vue sur la base de sa conformité avec une source d’autorité comme la Bible ou les textes de l’Antiquité. Ascétisme Pratique et doctrine qui consistent à mener une vie austère et lutter contre les exigences du corps afin de s’élever moralement. Astrolabe Instrument servant à évaluer la hauteur des astres et le calcul de l’heure. Gerbert d’Aurillac en aurait assuré la diffusion en Occident en ramenant un astrolabe

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Glossaire

d’Espagne. Au xve siècle, l’astrolabe nautique servira à évaluer la latitude du navire. Atome L’atome est constitué d’un noyau central lourd et minuscule formé de protons, entouré par un nuage d’électrons en mouvement. Autarcie Suffire à tous ses besoins, vivre de ses propres ressources.

B

Biologie moléculaire Discipline scientifique au croisement de la chimie, de la physique et de la biologie, la biologie moléculaire cherche à décoder à la fois les structures des molécules, les mécanismes en jeu lorsqu’elles se synthétisent ou se dégradent ainsi que les procédés de régulation qu’elles appliquent. Bipartisme Situation où deux partis politiques dominants, au sein des régimes parlementaires, disposent de la majorité absolue et se partagent en alternance le pouvoir (aux ÉtatsUnis, par exemple, le Parti républicain et le Parti démocrate). Boers Les Boers se distinguent par une identité raciale (blanche), une culture (européenne) et une religion (protestante) communes ainsi qu’une langue propre, l’afrikaans, dérivée du néerlandais. Bulle pontificale Une bulle pontificale (que l’on appelle aussi bulle papale ou bulle apos­ tolique) est une lettre officielle du pape qui contient généralement un décret faisant office de loi.

C

Califat Le califat est un territoire soumis à l’autorité d’un calife, considéré comme un successeur de Mahomet. Après la mort de ce dernier, l’autorité de ses successeurs est contestée, ce qui conduira à la création de trois grands califats : celui d’Orient (dont le siège a d’abord été Damas, puis Bagdad), celui d’Égypte et celui de Cordoue (en Espagne). Calvinisme Confession protestante qui a pris naissance à Genève. Elle se singularise par sa croyance en la prédestination, c’est-à-dire que Dieu a déjà choisi ceux qui auront droit à la vie éternelle, un culte sans objet de luxe et le fait que le pasteur est nommé par la communauté des fidèles et peut être révoqué par celle-ci. Canon Le terme canon désigne un ensemble de règles formelles régissant une discipline ou un univers en particulier. Cartel, trust et holding Ces différents concepts font référence à la concentration économique des entreprises. Le cartel désigne l’exercice d’un monopole par un petit groupe d’entreprises d’un même domaine qui s’entendent pour

contrôler le marché. Le trust fait référence à une entreprise qui s’impose dans un domaine particulier (p. ex. : le pétrole avec les Rockefeller) et exerce sur celui-ci, grâce à ses acquisitions, un quasi-monopole. Enfin, un holding consiste en une société mère qui contrôle différentes entreprises, lui permettant d’assurer son indépendance dans son secteur économique (p. ex. : les Krupp, possédant des mines de charbon alimentant leurs aciéries). Catholique Dans son sens premier, le qualificatif catholique apposé au mot Église fait réfé­ rence à la volonté de diffusion universelle du message du Christ. Sous saint Augustin, son emploi a une connotation d’orthodoxie, opposant les chrétiens suivant l’enseignement de Rome aux hérétiques. C’est ainsi que, par la suite, le mot catholique renvoie à la reconnaissance de l’autorité pontificale romaine au sein de l’Église chrétienne et à sa prétention à se poser en autorité universelle sur l’ensemble de la chrétienté. Censitaire Dans le contexte du suffrage censitaire, le mot cens fait référence au niveau d’imposition qui donne le droit de voter. Ainsi, en France, de 1814 à 1830, un citoyen peut voter s’il paie un minimum de trois-cents francs en impôts et se présenter pour être élu si sa contribution est d’au moins mille francs. Changeur Compte tenu de la diversité des monnaies en circulation dans le monde occidental, le changeur agit comme un agent dans une ville qui reçoit des devises « étrangères » d’une personne et en évalue la valeur en monnaie locale, selon leur poids, leur usure et leur possible contrefaçon. Charte coloniale Document qui institue le cadre légal régissant le fonctionnement d’une colonie et qui établit l’autorité de la métropole sur celle-ci. Chartisme Mouvement d’ouvriers et d’arti­ sans du Royaume-Uni dont le nom vient de la Charte du peuple, publiée en mai 1838, qui réclame le suffrage universel pour les hommes, le vote secret, des circonscriptions électorales permettant aux citoyens d’être représentés de façon équitable ainsi que l’indemnisation des parlementaires. Cité-État Une cité-État, la polis grecque, consti­ tue une communauté de citoyens libres associés à un destin politique commun qui occupe un territoire composé d’un centre urbain et de sa campagne avoisinante. Citoyen actif, citoyen passif Dans le contexte du suffrage censitaire, le citoyen actif est celui qui possède des droits politiques, puisqu’il contri­bue par son travail et ses impôts au développement de l’État. Le citoyen passif est celui qui ne possède pas de droits politiques,


car il peine à assurer sa survie et celle des siens parce qu’il est sans travail ou que son travail ne lui procure pas suffisamment de ressources pour qu’il devienne propriétaire. Clergé régulier Clergé qui vit en communauté, cloitrée ou non. Chaque communauté adopte une règle de vie qui précise ses buts, ses missions et le mode d’exercice de son œuvre. Ses membres sont donc désignés par le terme clergé régulier. Tous les ordres religieux (bénédictins, franciscains et dominicains) font partie du clergé régulier. Clergé séculier Clergé qui œuvre « dans le monde ou le siècle ». Le clergé séculier côtoie les laïcs dans les paroisses, les diocèses ou les autres organes ecclésiastiques. Coke Le coke est un charbon fossile naturel qui, une fois purifié, donne un combustible à haut rendement. Colonisation d’exploitation La colonisation d’exploitation ne consiste pas en un peuplement massif des terres conquises par des populations des pays colonisateurs. La petite noblesse qui prend possession des terres entend s’approprier les richesses du pays conquis et exploiter la main-d’œuvre indigène pour s’enrichir en faisant croitre les économies locales à des fins mercantiles. Comput Calcul des jours et des mois pour l’établissement des fêtes religieuses mobiles. De façon plus générale, à cette époque, le mot comput désigne l’acquisition des connaissances de base en arithmétique. Comte Administrateur civil d’une région, le comté, exerçant au nom du roi les pouvoirs fiscal, militaire et judiciaire. Concile Réunion des dirigeants de l’Église chrétienne (pape et évêques). Ceux-ci décident des doctrines et de la discipline ecclésiastique. Un concile est œcuménique lorsqu’il rassemble les dirigeants de l’ensemble de la chrétienté, autrement il est régional ou national. Conclave Un conclave correspond au lieu et, par extension, à l’assemblée des principaux représentants de l’Église, les cardinaux, qui s’y réunissent en vue de choisir un nouveau pape. Concordat Accord entre le pape et un souve­ rain qui fixe les règles s’appliquant aux institutions religieuses sur le territoire soumis à l’autorité de ce souverain. Conquistador Mot d’origine espagnole signi­ fiant « conquérant ». Il désigne habituellement les aventuriers espagnols partis à la conquête de l’Amérique centrale et de l’Amérique du Sud à la suite des voyages de Christophe Colomb. Généralement de petite noblesse, ces individus voient dans le Nouveau Monde un lieu idéal pour assouvir leur quête de prouesses

militaires et d’enrichissement. C’est dans ce contexte aussi que nait le mythe de l’Eldorado, soit l’existence de territoires en Amérique regorgeant d’or. Cosmologie Science qui étudie les règles qui gouvernent l’Univers. Elle est donc en relation étroite avec la physique (science qui étudie les propriétés générales de la matière) et l’astro­ nomie (science des astres, des corps célestes). Elle fait aussi appel à la métaphysique, mais se distingue de la cosmographie, qui s’attache au caractère descriptif des phénomènes célestes. Cosmopolitisme Disposition d’esprit qui aspire à l’universalité, sans pour autant renier ses origines. Pour un individu, se percevoir comme un citoyen du monde. Cursus honorum Ordre d’accès aux magistratures : questeurs, édiles, préteurs et consuls.

D Déisme Le déisme est la croyance en l’exis­ tence d’un être divin sans référence à une religion institutionnalisée. Pour beaucoup de déistes du xviiie siècle, Dieu ne s’exprime qu’à travers la nature. L’étude de la nature, c’est l’étude de l’œuvre divine. Démocratie parlementaire Forme de gouvernement où une assemblée des représentants élus des citoyens, un Parlement, adopte les lois du pays. Ses pouvoirs sont définis par une Constitution, la tradition et la jurisprudence. Dérogeance La dérogeance faisait perdre son statut et ses privilèges au noble qui cessait de mener le mode de vie associé à la noblesse en pratiquant des activités incompatibles avec elle, dont le commerce et l’industrie artisanale. Despotisme éclairé Le despotisme éclairé est un régime monarchique autoritaire qui applique des réformes inspirées des idéaux des Lumières. Ainsi, le despote éclairé idéal est un honnête homme, un intellectuel rationaliste, mécène, amoureux des arts et de la musique qui innove dans les domaines de l’éducation, de la justice, de l’agriculture, de la presse ainsi qu’en matière de tolérance religieuse. Devotio moderna Mouvement de réforme religieuse qui nait dans le nord de l’Europe au xve siècle. Il met moins l’accent sur la pratique rituelle de la religion, privilégiant une piété renouvelée sur le plan individuel. Il préfigure ainsi le renouveau religieux de la Réforme et de la Contre-Réforme au xvie siècle. Dialectique La dialectique est une technique de raisonnement ordonnée autour d’une thèse, à laquelle est opposée son antithèse, pour finalement conclure par une synthèse qui dépasse les contradictions apparentes résultant des premières oppositions.

Dictature du prolétariat L’expression dictature du prolétariat, employée par Marx, signifie que les travailleurs, qui ne possèdent pas leurs moyens de production, doivent se regrouper pour renverser l’ordre capitaliste et s’imposer seuls au pouvoir. Diète Assemblée des princes, des évêques et des députés des villes. Dot Biens ou argent qu’une femme apporte en se mariant. Droit canonique Ensemble des lois et des règlements adoptés par l’Église romaine quant à sa gouvernance. Il se distingue des dogmes (les articles de foi) bien que ceux-ci inspirent certains de ses lois et règlements. Droits seigneuriaux Redevances en argent ou en nature, dont le cens (loyer fixe), le champart (proportion déterminée de la récolte), les droits de mutation (transmission de la tenure à ses descendants) et la corvée (tâches à accomplir pour le seigneur). Dynastie Au sens propre, une dynastie corres­ pond à la succession de souverains d’une même famille dont la descendance est en ligne directe.

E

Électromagnétisme L’électromagnétisme est le domaine de l’électricité qui étudie les interactions entre les courants électriques et les champs magnétiques. Ces derniers sont générés par des charges électriques en mouvement. Électrométallurgie Procédé industriel qui utilise l’électricité comme source première d’énergie pour transformer les minerais et élaborer des métaux et des alliages. Épicurien Qualificatif utilisé aujourd’hui pour qualifier une personne de « bon vivant », qui recherche le plaisir. Épiscopal Dans les mondes catholique et anglican, le terme épiscopat a deux sens : il désigne à la fois la période d’exercice du pouvoir d’un évêque et l’ensemble des évêques d’une région donnée. État moderne L’État moderne est caractérisé par la construction d’un territoire national unifié, une population possédant une culture propre et s’identifiant à des règles de vie communes, elles-mêmes façonnées par des institutions politiques durables (comme une justice royale, une armée permanente, une monnaie royale, etc.). État-nation À l’intérieur d’un territoire donné, le concept d’État-nation fait référence à la vo­lonté souveraine du peuple qui s’exprime par le recours à un Parlement. La vie politique au sein de cette institution favorise l’allégeance

Glossaire

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Un soutien indispensable pour les étudiants, adapté aux besoins des enseignants

La

civilisation

occidentale Des siècles d’histoire

La civilisation occidentale offre une remarquable synthèse de l’histoire de notre civilisation, mettant en lumière ses racines, son évolution et les assises sur lesquelles elle repose. On y présente non seulement les personnages et les évènements qui ont façonné les civilisations grecque, romaine puis occidentale, mais aussi des regards sur diverses réalités de la vie de l’ensemble de ces populations. L’organisation chronologique du manuel et la structure thématique des chapitres facilitent les parcours d’enseignement personnalisés, tout en favorisant la compréhension et l’autonomie des étudiants. La division des chapitres en sept thèmes : « Le pouvoir et l’État », « Les rivalités politiques », « L’Occident et le monde », « L’économie et la société », « Les courants de pensée », « Les sciences et les techniques » et « Les résonances dans le monde des arts » permet donc aux enseignants de faire des choix d’approche et d’approfondissement selon les différentes périodes, de l’Antiquité à aujourd’hui. La civilisation occidentale se démarque par son organisation claire et efficace, son contenu complet et bien vulgarisé, la pertinence des documents historiques présentés, la qualité de ses activités pédagogiques ainsi que par ses nombreuses cartes historiques et sa riche iconographie. Enseignants et étudiants auront aussi accès à du matériel complémentaire riche et varié, dont plus de 600 exercices interactifs, des cartes interactives, une ligne du temps personnalisable, des activités d’analyse et des textes supplémentaires. Versions numériques accessibles avec ou sans connexion Internet L’accès 6 mois à la version numérique sur MaZoneCEC est offert gratuitement avec le manuel papier.

La version de l’enseignant permet : • de projeter, d’annoter et de feuilleter le manuel en entier ; • d’accéder au corrigé et à tout le matériel complémentaire ; • de partager des notes et des documents avec les étudiants ; • d’afficher en haute définition des reproductions d’œuvres d’art pour en faire une meilleure exploitation pédagogique ; • de travailler avec des lignes du temps personnalisables pour chaque chapitre ; • d’accéder à des cartes interactives et à plus de 600 exercices interactifs. La version de l’étudiant permet : • de feuilleter et d’annoter chaque page ; • d’accéder aux cartes interactives et à plus de 600 exercices interactifs. L’accès 1 an à la version numérique uniquement est aussi disponible pour achat en ligne au www. editionscec.com.

Louis Lafrenière est détenteur d’une maitrise en histoire de l’Université Laval et d’un certificat en pédagogie collégiale de l’Université du Québec à Montréal. Il enseigne au Collège ÉdouardMontpetit depuis 1989. Il a contribué activement au site Atlas historique du CCDMD et a participé à la mise en œuvre du programme de sciences humaines aux échelles locale et nationale, comme membre du Comitéconseil de sciences humaines. Louis Lafrenière est lauréat du Prix du ministre de l’Éducation 2004 pour le didacticiel Chronos. Lorne Huston détient un doctorat en histoire et une maitrise en sociologie. Il est professeur à la retraite du Collège ÉdouardMontpetit, où il a enseigné l’histoire et la sociologie de 1976 à 2010. Il a également été chargé de cours et coordonnateur des stages pour le profil « Histoire au collégial » au département d’histoire de l’Université de Montréal de 2010 à 2015. Lorne Huston est lauréat du Prix du ministre de l’Éducation 2004 pour le didacticiel Chronos. David Lessard est détenteur d’une maitrise en histoire de l’Université Rennes 2 en France et d’un certificat en enseignement collégial de l’Université Laval. Il enseigne l’histoire au Cégep de Sainte-Foy depuis 2008. David Lessard a reçu une mention d’honneur de l’AQPC en 2014 pour une contribution particulière à la pédagogie collégiale.


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