JA 2643 du 4 septembre 2011

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STÉPHANE LAGOUTTE/M.Y.O.P.

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LE PAYSAGE AUDIOVISUEL MAURITANIEN devrait considérablement s’ouvrir.

MÉDIAS

Ondes de liberté Cinq radios et cinq télévisions privées pourront bientôt être créées en Mauritanie. Une ouverture qui met fin à 50 ans de monopole d’État.

L

a libéralisation de l’audiovisuel mauritanien est enfin en marche. Le 23 août, Hamdi Ould Mahjoub, le ministre de la Communication, a annoncé que le gouvernement allait autoriser la création, avant fin 2011, de cinq radios et de cinq télévisions privées. Il a remis très officiellement le cahier des charges au président de la Haute Autorité de la presse et de l’audiovisuel (Hapa) du pays. Parmi les mesures phares, la création d’une société de télévision indépendante, qui garantira les mêmes conditions de diffusion aux opérateurs publics et privés. L’annonce n’est pas vraiment une surprise, puisque le projet de loi avait été adopté le 2 juillet 2010 par l’Assemblée nationale mauritanienne. En mars dernier, le chef de l’État, Mohamed Ould Abdelaziz, avait annoncé la libéralisation du secteur et la fin de cinquante ans de monopole d’État sur les ondes. La Mauritanie compte deux chaînes publiques de télévision – la TVM, qui émet aussi par satellite, et TVM Plus – ainsi que deux radios publiques. Les télévisions et les radios privées diffusent pour l’heure uniquement sur internet. « Les JEUNE AFRIQUE

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médias ont été bâillonnés pendant des années, alors comment va se concrétiser cette libéralisation? » s’interroge Moussa Ould Hamed, directeur de publication du journal Biladi. CITOYENNETÉ. Officiellement, la Hapa

télévisions et les radios associatives. Pour le moment, l’autorisation concernant ces médias communautaires a été remise à plustard.«Pourforgerlaculturecitoyenne, on aurait pourtant dû commencer par là, regrette Diagana. Par exemple, la radio Kalima, en Tunisie, a joué un rôle important pendant le Printemps arabe. » Si les professionnels des médias restent prudents, c’est parce que les difficultés ont été nombreuses lorsque la presse écrite a été libéralisée, en 1991. « On pouvait censurer n’importe quel journal, sur la base d’un article de loi fourre-tout, en cas d’atteinte à l’islam, à la sûreté de l’État ou

– instance indépendante du gouvernement – lancera les appels d’offres, étudiera les dossiers et donnera son avis. Si celui-ci est favo« Autrefois, on pouvait censurer rable, le gouvernement n’importe quel journal sur la base signera alors la licence. d’un article de loi fourre-tout. » Abdoulaye Diagana, créaMOUSSA OULD HAMED, directeur de publication de Biladi teur de la webradio généraliste Kassataya il y a deux auxmœurs,prévientMoussaOuldHamed. ans, a reçu un exemplaire du cahier des charges. « Rien n’est encore définitif, mais J’espèrequeleurbatailleseramoinsdifficile nous savons déjà que les radios et téléque la nôtre! » Abdoulaye Diagana, dont la visions vont devoir s’exprimer dans les société est domiciliée en France, envisage quatre langues nationales, explique-t-il. pourtant de rejoindre son équipe installée Et, pour obtenir la licence, nous allons en Mauritanie. D’ici à début septembre, il devoir nous constituer en société de droit va déposer une demande de licence. « On mauritanien, avec plusieurs actionnaires. » ne peut pas continuer à s’asseoir sur notre Les professionnels des médias redoutent envie de s’exprimer. Nous devons rendre la déjà que les ministères n’interviennent en société mauritanienne plus citoyenne. » ● amont sur les dossiers, a fortiori pour les JUSTINE SPIEGEL N o 2643 • DU 4 AU 10 SEPTEMBRE 2011

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