Esprit Club N2

Page 1

Septembre 2015 Semestriel

ESPRIT CLUB

Poitou-Charentes

Magazine 100% sport

N° 2

Gratuit

#Paris2024 REJOIGNEZ L’AVENTURE

DOSSIER LE « SPORT SANTÉ »

INVITÉS RGEON

ages Arrêt sur im Ligues ouard BrEéalisateur d É s e d urnaliste Séminaire o j e OWICZ u R iq O iv C W e ic A v J r e n S ébastie phe S humeurs t e s e v è r B oubertin photogra C e d . P e Colloqu Photo : Emmeline RAGOT par Thomas DUGUET


TRIBUNES Édouard BERGEON rédacteur en chef invité Georges JACOBS, Président du CROS Poitou-Charentes

Jeux Olympiques, développement du Sport-Santé, Service Civique, rôle du sport dans l’éducation, autant de thème développés dans ce nouveau numéro d’Esprit Club, qui mettent en évidence la contribution positive du sport au développement et à l’amélioration de notre société. Des événements récents montrent en revanche que subsistent malheureusement encore, ou pire se développent, des atteintes à l’éthique sportive dont le mouvement sportif doit absolument s’efforcer de se débarrasser. Lorsque la FIFA cautionne ou nourrit des détournements de fonds considérables ou conclut avec un certain dirigeant bien connu des contrats mirobolants (payés 10 ans après la prestation, réelle ou non) on devine la réaction des dirigeants de base à la recherche de quelques euros pour leur club ! Lorsque des soit-disants supporters bombardent l’adversaire de projectiles divers ou profèrent des insultes racistes, comment les éducateurs se sentent-ils devant les jeunes qu’ils forment ? Quand des athlètes de plusieurs disciplines vainqueurs de grandes épreuves ou plusieurs fois médaillés sont convaincus de dopage, comment les dirigeants défendentils l’image d’un sport propre ? La France a organisé de grandes manifestations telles que l’Euro de Basket-ball ou les Championnats du Monde d’Aviron qui ont suscité un grand élan populaire, d’autres s’annoncent très prochainement (Handball, ...) les inscriptions dans les clubs en bénéficient et les éducateurs doivent pouvoir s’appuyer sur ces manifestations internationales en mettant en avant le comportement exemplaire des champions et du public. Les dérives mercantiles génératrices d’excès en tous genres, les contrats mirobolants sur des sportifs « marchandises », suscitent bien trop souvent des comportements dangereux chez les « apprentis champions » : surentraînement, dopage, abandon prématuré d’études, déconnection de la « vrai vie ». C’est le rôle des dirigents, des éducateurs et des parents de ne pas cautionner toutes les pratiques déviantes qui éloignent d’un sport propre, respectueux de l’éthique sportive. L’ objectif n’est pas facile à atteindre quand certains médias voire même certains décideurs s’attachent avant tout au résultat et à ses retombées en fermant les yeux sur les moyens utilisés pour l’obtenir.

Esprit Club N°2 / Septembre 2015

Carrefours de vie Mon métier de journaliste réalisateur et le sport que je pratique, le cyclisme, ont comme moteurs communs la passion et le travail. Derrière la médiatisation, les voyages et tous les apparats, une carrière se construit par des sacrifices et de nombreuses nuits en tournage ou en montage. J'ai pour habitude de me dire que le diable se cache dans les détails. Le petit plus qui fait la différence, au moment du sprint final. Le petit plus qui donne la confiance nécessaire pour "débrancher" avant de se lancer dans une descente infernale à 80 km/h au guidon d'un VTT. Emmeline Ragot venait tout juste de décrocher son premier titre de Championne du Monde de descente, quand je réalisais son portrait pour France 3 Poitou-Charentes. Mes premiers coups de pédale dans le journalisme. Autodidacte mais avec un "bac +10" en agriculture, après avoir grandi dans une ferme, à Jazeneuil. Le charisme d'Emmeline m'avait marqué. Disponible, comme souvent le sont les grands champions. Championne ! devrais-je dire. Treize années sont passées depuis ce tournage sur les pentes du Chambon. Avec mon bâton de paysan, je suis monté à Paris. D'abord la rédaction de France 2 au JT puis freelance pour réaliser des mags d'infos et des documentaires. (Canal +, France 2, France 5...). Dès que je me sens bien quelque part et qu'une certaine forme de confort arrive, je repars, pour me lancer de nouveaux défis. J'ai besoin de me mettre en danger, d'apprendre, de découvrir de nouveaux pays, de rencontrer de nouvelles personnes. J'aime me retrouver face à un carrefour de vie (même si je me l'impose). Car j'ai fait le choix de la liberté. Celle qui n'a pas de prix. Dans le peloton cycliste, je serais le "puncheur". Celui qui attaque pour aller voir ce qui se passe devant. Ces risques, je les prends seul mais toujours, j'ai le soutien d'une équipe, qui derrière, contrôle. Un film ne se réalise pas seul même si le nom du réalisateur est mis en avant. Je choisis des collègues talentueux qui au fil du temps sont tous devenus mes amis. Ensemble, nous vivons notre métier passion, à fond ! Au passage, ils sont tous sportifs et partagent avec moi les mêmes valeurs et le même esprit club. Qu’avez-vous pensé de ce n°2 d’Esprit Club ? Votre avis nous intéresse, écrivez-le SVP à poitoucharentes@franceolympique.com Edition : Comité Régional Olympique et Sportif (CROS) de Poitou-Charentes, Maison des Sports, 6 allée Jean Monnet, Bât C3, 86000 POITIERS, association régie par la loi du 1er juillet 1901 modifiée, représentée par son président Georges Jacobs. Impression : Imprimerie Nouvelle Sté Angevin, 12 rue de Bellune, 79000 NIORT. IMPRIM’VERT depuis 2008. Imprimé avec des encres « végétales » sur du papier issu de forêts gérées durablement. Conditionnement et expédition : ESAT de la Chaume, 131 avenue des Hauts de la Chaume, 86280 SAINT-BENOÎT Directeur de la publication : Georges Jacobs Responsable de la rédaction : équipe du CROS Gratuit Dépôt légal : janvier 2015 Parution : septembre 2015 ISSN 2426-7333

SOMMAIRE Tribunes G. JACOBS et E. BERGEON Brèves et humeurs Développement Service Civique Ils innovent Sport sur ordonnance Enjeu Colloque de Coubertin Je rêve des jeux Regard sur le Sport Santé Haut niveau Emmeline RAGOT Arrêt sur image Seb JAWO Evènement SOF 2015 Séminaire des Ligues

2 3 4

Partenaires principaux du CROS Poitou-Charentes

5 6 11 12 14 15 2


BRÈVES ET HUMEURS MERCATO Aurélien PICHON est le nouveau doyen de la Faculté des sciences du sport. Il succède à Laurent BOSQUET (vice-doyen James MARECOT). Le président de la ligue de Tennis Alain MOREAU est nommé président du CA du CREPS de Poitiers. Patrice BEHAGUE succède à Anne SCHIRRER à la direction. ARTS ET À CORPS

FORMATION Depuis juillet, Uniformation est l’Organisme Paritaire Collecteur Agréé (OPCA) de la branche sport. Dès 2016, tous les employeurs relevant de la Convention Collective Nationale du Sport devront ainsi verser leurs contributions relatives à la formation professionnelle auprès de cet organisme.

BOUGER EN FAMILLE

65 % des enfants font du sport, ils ont souvent tendance à agir par mimétisme. Ainsi, 72 % des enfants qui font du sport ont des parents « sportifs » alors qu’ils ne sont que 56 % lorsque les parents ne font pas d’activité physique ou sportive.

19 % des parents interrogés partagent avec eux des loisirs ou des activités sportives le week-end et 34% se plaignent de l’invasion des écrans, freins à la pratique d’APS. Enquête JournalDesFemmes.com, CCM Benchmark Panel, Famillathlon « Arrivez-vous à concilier travail, famille et sport ? »

RETOUR GAGNANT

« J’ai décidé de réemprunter les sentiers de la compétition mondiale pour prouver qu’à l’approche de la cinquantaine, il est encore possible d’atteindre de grands objectifs, de se réaliser, et pourquoi pas d’entamer une nouvelle vie dans laquelle l’épanouissement de soi et la performance trouvent toujours leur place. » Muriel HERMINE, Championne du Monde Master 2015 de Natation Synchronisée, s’est entrainée cet été dans la tranquille piscine de Sauzé-Vaussais (79). HERMIONE FIRST PITCH CEREMONY

BIEN ENTENDU

Crédit photo : Patrick LAVAUD

sur le Tour International Poitou-Charentes de Cyclisme

Quatre membres de l’Aïkido Poitiers Stade Poitevin ont chorégraphié un kata d’armes pour illustrer la scène « tre enigmi » de l’opéra Turandot, rendez-vous lyrique de l’été 2015 au théâtre gallo-romain de Sanxay (86). « Souvenirs magiques de Sanxay » Fleur, Hasina, Laurence et Lydia

Lors de l’escale de l’Hermione à Boston, Didier CANNIOUX, président du club nouvellement créé des Canonniers de Rochefort a donné le coup d’envoi du match entre deux grands rivaux de la Major league américaine de baseball les Red Sox de Boston et les Yankees de New-York devant 37 000 spectateurs du mythique Fenway Park construit en 1912. SOUVENIR

Tout premier CTR nommé en France en 1966, le châtelleraudais Claude GABARD nous a quitté fin août. Détenteur d’un joli palmarès dans le cyclisme amateur et indépendant (114 victoires), avec notamment une sélection pour Prague-Berlin-Varsovie (Course de la Paix), ses missions auprès du Comité Régional Poitou-Charentes et jusqu’en Equipe de France l’ont amené à s’investir dans la formation des cadres et entraîneurs, tâche dans laquelle son altruisme et son application pédagogique ont fait merveille.

Crédit photo : Loïc BAILLARD Association Hermione - La Fayette

Figure du Tennis de Table Handisport, multiple médaillé Paralympique, le charentais-maritime Jean-Philippe ROBIN s’est éteint en mai des suites de maladie. Il venait de mettre un terme à sa carrière internationale. Le dojo du complexe sportif de la Pépinière à Buxerolles (86) porte depuis septembre le nom de Bernard SAPIN, ardent défenseur du mouvement sportif, dirigeant du CROS dans les années quatre-vingt, décédé en juin 2014 après une longue et riche carrière bénévole au service du sport associatif. 3

Crédit photo : Valérie TOEBAT Association Hermione - La Fayette

Esprit Club N°2 / Septembre 2015


DÉVELOPPEMENT Témoignages « L’accueil d’un jeune en Service Civique a permis au club de créer du lien avec les familles du quartier car nous, nous ne savions pas faire. Son engagement était un appui indispensable à la gestion de ce relationnel et cela a permis de faire venir les parents aux stades. » Jean-Louis AUGRY, Président du Club de Football de St-Eloi « Le Service Civique m’a permis d’obtenir cette 1ére expérience indispensable pour trouver un emploi. A la fin de ma mission, j’ai trouvé directement un emploi dans le domaine qui m’intéressait. » Antoine QUERRIOUX, 24 ans, animateur sportif au Comité de Tennis de Table 86 Définition

« Engagement volontaire au service de l’intérêt général, le Service Civique est ouvert à tous les jeunes de 16 à 25 ans 1, sans conditions de diplôme, dans 9 domaines d’intervention : Culture et loisirs, Développement international et action humanitaire, Education pour tous, Environnement, Intervention d’urgence en cas de crise, Mémoire et citoyenneté, Santé, Solidarité, Sport. Effectué auprès d’associations, de collectivités territoriales (mairies, départements ou régions) ou d’établissements publics (musées, collèges, lycées…), pendant 6 à 12 mois, en France ou à l’étranger, pendant au moins 24h/sem., les missions Service Civique sont indemnisées 573 €/mois et sont compatibles avec une poursuite d’études ou un emploi à temps partiel. » www.service-civique.gouv.fr 1

plutôt 18-25 dans le domaine du sport

ÊTES-VOUS SERVICE CIVIQUE ? Agréé par l’Agence du Service Civique, le réseau CROS-CDOS aide les clubs et comités à définir des missions de Service Civique et à accueillir des jeunes volontaires. Un rôle facilitateur spécifique au domaine du sport. Accueillir un jeune volontaire Pour être agréée, la mission proposée doit relever de l’intérêt général et s’effectuer au contact d’un public, mais sans aller jusqu’à l’encadrement d’activités sportives ou pourvoir au remplacement d’un personnel. Sensibilisation à l’éco-responsabilité, prévention des incivilités, promotion du « sport santé », de nombreux projets à forte plus-value sociétale peuvent être engagés grâce à une mission Service Civique. Agrément direct ou intermédiation ? Le club ou comité qui accueille un jeune en mission Service Civique doit être agréé par la DRJSCS (agrément direct). Il peut aussi s’appuyer sur une structure habilitée (intemédiatrice) à effectuer l’ensemble des démarches de mise en oeuvre de la mission. Cette intermédiation allège et sécurise les démarches administratives pour la structure d’accueil et permet de se concentrer sur l’accueil des volontaires. Avec le soutien de la Région et de l’Agence du Service Civique*, le réseau CROS-CDOS propose un service d’intermédiation adapté aux associations sportives. L’intermédiation Service Civique : comment ça marche ? CLUB, COMITE, LIGUE

JEUNE VOLONTAIRE Rendez-vous au CDOS pour

- valider besoin et conditions d’accueil - définir la mission - identifier un tuteur - publier la mission

- formuler sa candidature - définir ses motivations - être en relation avec des annonceurs - rencontrer les tuteurs

Si besoin le CDOS met en relation jeune volointaire et structure Pour en savoir plus, rendez-vous sur les sites Internet des CDOS et du CROS. *En Poitou-Charentes, le Conseil Régional s’est engagé avec les services de l’Etat et l’Agence du Service Civique pour soutenir la création de 1000 missions par an. En plus de l’indemnisation (ci-contre), la Région Poitou-Charentes verse au jeune une prime de civisme (en fin de mission), une aide à la mobilité ainsi qu’une aide au parrainage aux associations.

ILS INNOVENT Le sport sur ordonnance testé à Poitiers, Saintes et Châteauneuf-sur-Charente. Sous l’impulsion de la Région Poitou-Charentes, trois « coordonnateurs sport sur ordonnance » ont été recrutés en juillet par le Groupement d’Employeur Sport Animation Santé afin de mettre sur les rails la prescription sportive pour les patients atteints de pathologies chroniques. Une organisation en chaine « médecin – coordonnateur – effecteur » inédite : • le médecin établit le niveau de risque du patient (faible, modéré ou élevé) et l’intensité du programme (en METs*) ; • le coordonnateur élabore un programme adapté d’activités (Master Ingénierie de la Rééducation, du Handicap et de la Performance Motrice) ; • l’effecteur met en œuvre les activités avec le patient (Licence 3 Activités Physiques Adaptées et Santé, via club ou groupement d’employeur). Un comité de pilotage composé de représentants de l’Etat (ARS, DRJSCS - dans le cadre du Plan régional sport santé bien-être), de la Région, de l’Université de Poitiers (Médecine, Sciences du Sport), des Médecins (URPS, Conseil de l’Ordre), de la Mutualité Française, de la CRAM, du Mouvement sportif (CROS) et de personnes qualifiées apporte son concours à la marche et à l’évaluation du projet. * Le MET est une unité de mesure d’intensité d’un effort physique. Un MET équivaut à l’intensité « minimale » soit : être assis, au repos. Esprit Club N°2 / Septembre 2015

4


ENJEU

COLLOQUE PIERRE DE COUBERTIN Le sport au service de l’éducation et des connaissances Retenez les dates du 12 et 13 novembre prochain à Poitiers où se déroulera un colloque inédit. Dans un gymnase, des personnalités françaises et étrangères de premier plan, des enseignants, des responsables associatifs*, présenteront leurs travaux et expériences sur : - le sport au service de l’enseignement des sciences, - le sport à l’âge scolaire au service de la santé pour la vie, - le sport au service de l’enseignement moral et civique. Les échanges permettront d’éclairer en quoi le sport peut permettre aux jeunes d’appréhender en confiance des phénomènes jugés complexes, qu’ils soient de nature scientifique ou de société, et in fine, favoriser leur engagement dans une vie active épanouie. Reconnu à la fois comme vecteur d’éducation et comme domaine d’application des avancées scientifiques et technologiques, le sport l’est beaucoup moins comme porteur de connaissances. Le développement des connaissances est un processus de longue durée : le recours au sport peut contribuer à cette nécessaire maturation...

Programme détaillé et inscription

Chronophotographie d’un escrimeur. Anonyme, 1902, Iconothèque de l’INSEP

On peut noter les ondulations du fleuret pendant le mouvement, qui forment une sorte d’entrelacs. Le nombre d’images obtenues est supérieur à celui de la chronophotographie classique. Il permet de suivre, par un enchaînement de tracés et une succession de courbes que le cliché rend très apparents, la trajectoire de chaque partie du corps et le jeu des articulations, depuis le début jusqu’à la fin du mouvement. Laurent VÉRAY, www.histoire-image.org

http://colloquecoubertin2015.critt-sl.eu

* •Jean DURRY, écrivain, historien du sport et de l’olympisme « L’Éducation, ce fil rouge de la vie et de l’œuvre de Pierre de Coubertin » •Roger-François GAUTHIER, inspecteur général EN « Sport en sciences : l’ardente obligation de parler culture » •Alain JUNQUA, président du CRITT SL « Le sport, un média privilégié pour développer le goût des sciences » •Ateliers Sciences et Sport par Patrick LACOUTURE, Pr d’Université •Table Ronde « A travers l’enseignement d’un sport, enseigner plus que le sport » avec Claude PIARD, Dr d’Etat ès lettres et sciences humaines (modérateur), Michel ROUQUETTE, ex DTN de trampoline, Arnaud DECATOIRE, ingénieur de recherches et Nadège BIGOT, IPR de Science physique chimie •Roger LEBLANC, Pr d’université (Moncton - Canada) « Etre physiquement actif à l’école, tout un programme ! » •Georges CAZORLA, Dr en biologie de l’activité musculaire « L’EPS au cœur de la santé » •Dr Alain CALMAT, ancien ministre de la jeunesse et des sports, président du comité français Pierre de Coubertin « Aménagement du temps scolaire, sport et santé » •Table Ronde « Propositions de contenus interdisciplinaires dans le cadre de l’année européenne du sport, de l’école à l’université » avec le Pr Paul MENU, PH-PU (modérateur) •André LECLERCQ, CESE « Le sport a aussi ses humanités » •Didier DELIGNIÈRES, Pr d’université « Quelle est la place de l’EPS dans l’éducation à la citoyenneté ? » •Pauline METAIS, Observatoire de la Laïcité «Quelle est la culture indispensable à la citoyenneté» •Table ronde avec Jean-Paul CALLÈDE, chargé de recherches au CNRS, sociologue des pratiques sportives (modérateur), Noël COUEDEL, journaliste et Robert SALAUN « Projet remise en jeu », Jos FOUQUET, fondateur du CFOSEP, Fanny RIABOFF, coordinatrice insertion par le sport au MJS, Jean BIZET, ANOF, Laurent MARIEN, IPR Histoire-géographie - Education civique Participation exceptionnelle de

•Denis MASSEGLIA, président du CNOSF

et

•Norbert MULLER, président du Comité International Pierre de Coubertin

JE RÊVE DES JEUX 2024 À PARIS « Nous avons un rêve pour le sport français et pour les générations futures : vivre tous

ensemble les Jeux Olympiques et Paralympiques en France. Pour que ce rêve se réalise c’est à vous de jouer. Rejoignez-nous et soutenez la candidature de Paris. » Depuis le 25 septembre à 20h24, et jusqu’à la décision finale du CIO en septembre 2017, les plus grands sportifs tricolores et le CNOSF initient un financement participatif, première du genre, au bénéfice de la candidature de Paris. Si vous aussi vous avez envie que la France accueille, 100 ans après Paris 1924, le plus grand des événements sportifs, manifestez votre engagement et participez à l’aventure ! Rendez-vous sur jerevedesjeux.com

5

Suivez l’aventure avec #Paris2024

Esprit Club N°2 / Septembre 2015


REGARD SUR

LE SPORT SANTÉ Concurrence ou opportunité pour les clubs sportifs ?

Parole au mouvement sportif : 4 soirées débats pour avancer ensemble Entre le 12 et le 24 mars, dirigeants sportifs et experts ont échangé sur la question à La Couronne, Rochefort, Bressuire et Poitiers. Une initiative du réseau CROS-CDOS Poitou-Charentes. Les présentations des intervenants et la richesse des débats des quatre soirées organisées dans chacun des départements picto-charentais ont permis de dégager plusieurs idées fortes sur la place et l’organisation de chacun des acteurs dans le Sport-Santé. En prévention primaire, il semble que le Sport-Santé présente une réelle opportunité pour les clubs sportifs, à condition qu’ils soient à l’écoute et en capacité d’adapter leur offre. En prévention secondaire et tertiaire, la majorité des participants, tant du milieu sportif que médical et paramédical, estime qu’un travail en réseau, au sein duquel les clubs fédéraux ont toute leur place, est indispensable et une approche territoriale nécessaire. Explications…

Les clubs sportifs, acteurs de santé publique

L’activité physique est un facteur de santé publique. Cet énoncé fait consensus… Selon Olivier DUPUY, « Le lien est établi entre les dépenses énergétiques et la santé. A une augmentation de la condition physique correspond une amélioration rapide de la santé. » Paul MENU confirme que « la prévention est efficace », mais il pointe le fait que « seulement 13 % des français pensent que l’activité physique est importante ! ». Elle aide pourtant également « à limiter les effets du vieillissement qui affectent les qualités physiques. Ses bénéfices sont liés à l’intensité » complète Laurent BOSQUET.

Esprit Club N°2 / Septembre 2015

James MARECOT précise : « La finalité d’une activité physique adaptée vise à améliorer la personne dans sa globalité : motricité, physiologie, psychologie, social. » Véritable arme de combat des méfaits de la sédentarité et du vieillissement, l’activité physique a des effets bénéfiques avérés en prévention secondaire et tertiaire : « On a démontré scientifiquement qu’elle entraîne une diminution des événements chez les diabétiques, les hypertendus et les malades chroniques » affirme le Pr MENU. Lionel ROYE précise que « les risques de récidives chez les patientes atteintes d’un cancer du sein diminuent de 50 % lorsqu’elles pratiquent une activité physique adaptée ». Tous s’accordent à dire que seul l’effort dans la durée est utile. Ce qui conduit Laurent BOSQUET à énoncer que « l’enjeu est de trouver une stratégie globale pour changer les comportements et faire adopter un mode de vie durablement actif ». « Une structure communautaire est essentielle à la pérennité et la régularité d’une activité physique » estime le Pr MENU, « sans parler du lien social ». C’est précisément dans ce cadre que les clubs sportifs ont un rôle majeur à tenir, qu’ils remplissent déjà pour ce qui est de la prévention primaire. Toutefois, on adaptant leur offre aux différentes attentes de nombreux sédentaires qui n’ont pas encore franchi la porte d’un club sportif, ils pourraient à la fois contribuer plus largement à l’amélioration de l’état de santé de la population, et consolider leurs activités.

Pr Paul MENU,

Professeur émérite en Chirurgie Cardiaque, Fédération Française de Cardiologie

« Seul l’effort dans la durée est utile. C’est pourquoi se savoir attendu dans un club est capital ».

Frédéric MONTEAU,

Président du Club Cognaçais de Savate Boxe Française

« Avec l’activité savate-forme, on répond à un besoin de bouger autrement. »

Pr Laurent BOSQUET, Faculté des Sciences du Sport, Université de Poitiers.

« L’enjeu est de trouver une stratégie globale pour adopter un mode de vie durablement actif ».

Christelle ARCHER,

Chargée de projet Santé, référente nutrition, Institut Régional d’Education et de Promotion de la Santé PoitouCharentes

« Pour parler santé dans les clubs et mener des actions qui soient éducatives, il faut définir au préalable un projet pédagogique et travailler sur la durée ».

6


Le « Sport-Santé » : concurrence ou opportunité pour les clubs sportifs ? Convertir les sédentaires à une activité physique

Un défi plein de promesses pour les clubs « Passer d’une nation de sportifs à une nation sportive », c’est le slogan du président du CNOSF Denis MASSEGLIA et le défi que lance aux clubs Eric RAUL, Vice-président du CROS Poitou-Charentes. Amener massivement des personnes sédentaires à la pratique d’une activité physique régulière, adaptée, sécurisée et progressive nécessite d’être à l’écoute pour adapter une offre différente des critères auxquels les licenciés actuels sont sensibles. Pour « séduire » de nouveaux licenciés, « un effort d’innovation très fort de la part de nos clubs est nécessaire » prévient-il. Damien MAUDET, rappelle l’importance « de considérer la niche écologique du patient pour favoriser sa mise en mouvement ». Il s’agit d’utiliser tout ce qui tourne autour de la personne à « convertir » comme autant de leviers : lieu de vie, revenus, motivation, aptitudes…

Offrir du plaisir Ce travail doit être centré sur les notions de plaisir et de convivialité. C’est ce qu’a pu constater Virginie BILLAUDEAU dans le cadre du projet « senior et sport » mené par la Mutualité Française Poitou-Charentes en partenariat avec l’Université de Poitiers pour expérimenter le Sport-Santé en prévention. Elle poursuit, « la représentation que les seniors ont des clubs est souvent trop en lien avec la performance. Notre souhait est d’accompagner les associations sportives vers une offre adaptée aux seniors, en complément de l’offre existante. » Le retour d’expérience partagé par Frédéric MONTEAU illustre parfaitement le succès rencontré lorsque l’offre est adaptée. « Le loisir fait vivre le club. Le développement du créneau savate – forme (boxe en musique) a rencontré une forte demande qui répond à un besoin de défoulement, de bien-être et d’ambiance. On a répondu à un besoin et créé du lien social. Notre sport, bien que peu médiatisé, connait un engouement avec 200 licenciés à Cognac, dont 100 femmes. » Une démarche analogue est entreprise du côté de Fouras. Mme MARTIN, Vice-Présidente du club de Tennis de Table raconte que son club « s’adresse aux scolaires, aux baby, aux seniors, à la famille. Nous avons aussi 40 licenciés de sport adapté. Ces publics sont sur des créneaux horaires différents ce qui nous a permis de trouver les ressources pour financer les emplois de nos deux éducateurs. » D’où l’opportunité pour les clubs !

Principal enjeu

Opter durablement pour un mode de vie physiquement actif

Indifférence

Mon père fumait, mangeait beaucoup et buvait. Il a vécu jusqu’à 100 ans, alors pourquoi devrais-je me priver ?

Réflexion

Planification

Je sais que je devrais faire de l’exercice, mais je ne parviens pas à me décider J’ai l’intention de commencer à faire du vélo tous les matins. Je suis en congé la semaine prochaine et je pense que ce serait un bon moment pour débuter

7

Action

Maintien

Je fais du vélo trois fois par semaine . J’ai commencé il y a seulement deux mois et je me sens déjà vraiment bien

J’ai toujours été actif

Cette réponse sur des créneaux horaires complémentaires peut également être complétée par des lieux d’exercice différents pour passer outre le sous-dimensionnement éventuel des équipements sportifs. Pascal BROSSEAU, évoque la possibilité d’intervenir au sein des entreprises le matin pour apporter du bien-être aux équipes. Damien MAUDET parle aussi de la possibilité d’intervention en EHPAD, une population qui de toute façon ne s’orientera pas dans un club si on ne vient pas à elle. Emmanuel DIAS, animateur Centre social AAPIQ évoque son expérience partagée avec le club de Basket de Rochefort, « Ces actions présentent l’intérêt de toucher des populations qui ne sont pas dans les clubs sportifs. »

Mise en garde Olivier DUPUY prévient « La relation entre charge d’entrainement (ou d’activité physique) et niveau de performance n’est pas linéaire. Il est essentiel de quantifier la charge d’entraînement par rapport à la récupération. » Selon lui « 29 % des 9-15 ans sportifs seraient concernés par la suractivité ». Richard NORDLINGER, Président ALJO Cognac Handball rappelle que « l’intégrité physique, notamment des enfants, doit toujours passer avant la recherche de performance. »

« Moins j’en fais, moins j’ai envie d’en faire, moins je peux en faire. Les activités physiques adaptées sont un des moyens de lutter contre le déconditionnement physique, cognitif et social par un travail à moyen et long terme sur des capacités contribuant à maintenir l’état de santé défini par l’OMS » James MARECOT Propos illustré ci-contre par une diapositive de Laurent BOSQUET, extraite de son intervention « L’activité physique est-elle une fontaine de jouvence ? »

Esprit Club N°2 / Septembre 2015


Le « Sport-Santé » : concurrence ou opportunité pour les clubs sportifs ?

Le Sport-Santé, c’est bon aussi pour la sécurité sociale… Olivier DUPUY résume « L’exercice physique est un médicament efficace pour soigner à la fois les maladies cardiovasculaires, l’obésité et le vieillissement, sans creuser le trou de la sécurité sociale. » Pascal BROSSEAU traduit cette affirmation « un sportif coûte chaque année de 250 à 300 € de moins à la société qu’un sédentaire (cf. Cour des Comptes). » Et il calcule « Avec plus de 360 licenciés, le SBAC fait économiser plus de 100 000 € à la société ! ». L’utilité sociétale des clubs est avérée (CQFD).

Maillage territorial ? Une autre solution proposée pour répondre à la fois aux desideratas des personnes actuellement sédentaires et pour sécuriser les emplois dans les clubs est avancée par Cécile MAGRIN, conseillère animation sportive DDCSPP79. Selon elle, « On doit sortir d’une logique de fonctionnement par discipline pour répondre aux besoins de la population. Nous devons mutualiser les emplois et aborder les projets dans une logique de territoire pour diversifier les pratiques. »

Emile BREGEON, Vice-président du Conseil Régional Poitou-Charentes s’inscrit également dans cette approche « pour pérenniser les emplois il est important de travailler sur la mutualisation entre associations sportives de sports différents. Multiplier les groupements d’employeurs pour salarier les éducateurs. » Ce qui fait dire à Eric RAUL « Cela renforce le rôle d’animation du territoire de nos associations ».

Réseau combiné médicalparamédical-activité physique en prévention secondaire Selon lui, « l’approche de spécialistes de l’activité physique adaptée est importante dans le parcours de soins. Il s’agit d’évaluer l’impact d’un programme d’activités physiques sur les paramètres de santé. L’APA doit être envisagée comme un élément intégré à son parcours de soins. »

Apporter une réponse en Lionel ROYE partage son expérience au sein prévention secondaire et de la CAMI 1 Dordogne : « Nous accueillons les patients du début de leur traitement jusqu’à 6 mois tertiaire après. Les patients commencent une APA alors qu’ils

Les clubs partenaires d’un sont malades. 80 % n’ont jamais fait de sport. Nos éducateurs médico-sportifs titulaires d’un DU sport réseau Le « Sport-Santé » en prévention secondaire et tertiaire semble une question relativement nouvelle ; l’APA (activité physique adaptée) est reconnue comme un soin de support par la Haute Autorité de Santé seulement depuis 2011. Les réponses plurielles trouveraient leur place dans un réseau. Mais quel(s) maillage(s) fonctionnel(s) pour s’inscrire à la fois dans une logique de parcours de l’individu et une approche de territoire ? « Le sport est ici utilisé comme un support et non plus comme une discipline » prévient Damien MAUDET. C’est selon lui « ce qui caractérise les différents acteurs susceptibles d’intervenir ».

et cancer collaborent avec les cancérologues. Ils sont formés aux spécificités de la pathologie cancéreuse. Nous tenons compte de l’individu dans sa globalité pour le comprendre. La rééducation motrice s’effectue avec un kinésithérapeute, l’éducation thérapeutique avec des nutritionnistes. Nous nous appuyons sur le Médiété 2 pour permettre au patient de comprendre comment fonctionne le corps et de corriger les " points abimés ". » Sissako BOLANGA adhère elle aussi à cette approche et livre son témoignage personnel empreint de force et de courage : « J’ai 49 ans. Je suis ancienne championne d’Europe. Je viens de remporter mon 3ème combat contre le cancer. Je suis dans un combat contre la maladie depuis 10 ans. Je continue avec 23 kg de muscles en moins. Le sport m’a aidée. L’énergie va à l’énergie. Je suis fière aujourd’hui de pouvoir enchainer 40 mn sur un vélo. Ma force mentale vient du sport. »

Gérald BRAUD Président du Rochefort Basket Club « Nous devons accompagner le pratiquant vers l’autonomie. »

Pascal BROSSEAU, Président du Sèvre Bocage Athletic Club (SBAC) « J’ai constaté depuis 30 ans une diminution des capacités physiques des jeunes liée à leur sédentarisation. 9 enfants sur 10 montaient dans les arbres sans aide à cette époque. Aujourd’hui, c’est plutôt 1 sur 10. » 1 Fédération Sport et Cancer Cancer Arts Martiaux et Informations 2 Le Médiété est une méthode pour préparer le corps à être capable d’exécuter n’importe quel exercice physique de manière efficace et sûre. En prévention tertiaire, l’approche se fait dans la globalité de la personne afin qu’elle se réapproprie la partie de son corps abimée en faisant le geste juste. Esprit Club N°2 / Septembre 2015

8


Le « Sport-Santé » : concurrence ou opportunité pour les clubs sportifs ?

Activités coordonnées en prévention tertiaire Une fois sorti du parcours de soins, que devient le patient ? Pour Lionel ROYE « Notre défi est d’aider le patient à sortir de la CAMI pour continuer à pratiquer dans un club en sécurité. Nous devons sensibiliser les éducateurs et les bénévoles pour les former et faciliter le passage des patients vers des clubs. Le médecin doit également savoir comment travaille l’éducateur. » C’est dans ce cadre que la CAMI a créé une labellisation sport après cancer (de 2 x 2 jours) dont le public final est des personnes en rémission, sans effets secondaires, au plus 2 ans après la fin du traitement. « Cette formation rassure. » Chantal HAY explique que dans le cadre de la séance MAC (Marche Aquatique Côtière) santé pour les personnes ayant besoin de reprendre une activité après une maladie, les personnes en surpoids… « Notre souci est les relations avec le milieu médical et paramédical pour permettre l’identification des personnes et leur proposer un suivi adapté. » Bénédicte LALOYAUX, Nutritionniste en cardiologie, animatrice Rando Santé, complète « C’est également rassurant pour le corps médical d’avoir cette approche. On envoie les patients à l’éducateur formé par des cancérologues en toute confiance. » Selon Damien MAUDET, « Il faut imaginer un parcours de remise en mouvement qui inclut différents acteurs et différentes compétences. L’idée est de rendre le malade autonome afin qu’il n’ait pas toujours besoin d’un accompagnement spécifique. » C’est pourquoi le réseau REPPCO travaille en partenariat avec l’offre sportive du territoire, privée et en fédérations, « pour qu’à sa sortie du dispositif le patient puisse pérenniser une activité physique. » Dans le cadre de l’appel à projet « sport – santé – bien-être » « nous avons travaillé sur la mise en place des cycles de séances dans des clubs pour amorcer une offre nouvelle. » Une autre opportunité pour les clubs… Il estime que « Les professionnels de l’APA ont cette compétence de coordonner les actions d’activités physiques et sportives adaptées pour avoir quelque chose de plus qualitatif. »

sécurisant et sécurisé ». Pour lui, la mise en place par le ministère de la santé et celui de la jeunesse et des sports d’une formation d’éducateur médico-sportif spécialisé en natation propose une approche du patient à la fois psychologique et pathologique satisfaisante. Jean-Pierre BLAQUART, médecin de l’équipe de France de football U16, médecin du sport et généraliste retraité, médecin du CDOS 16 en charge du Sport-Santé propose son interprétation : « Le Sport-Santé pour les personnes qui ont un problème de santé nécessite des gens qui les amènent vers le sport. Selon moi il ne faut pas demander aux clubs de s’en occuper. Quand la personne est remise sur les rails, en prévention tertiaire, il faut des personnes qui connaissent le problème pour qu’il puisse y avoir un échange entre pratiquants et éducateurs. » Dominique GOUYGOU intervient « Une autre solution serait des clubs labellisés pour accueillir ces publics. »

Le terme « Sport-Santé » fait débat Pour beaucoup, le mot « sport » est fortement connoté « dépassement de soi », si ce n’est « compétition ». Il serait alors plus juste de parler d’activité physique, et plus précisément, pour faire le lien avec la santé, d’activité physique adaptée comme le préconise Damien MAUDET. Pour Olivier DUPUY, peu importe le nom que l’on attribue, l’important est la dépense énergétique, quel que soit le cadre dans lequel elle intervient.

Damien MAUDET,

REPPCO Charente - REseau de Prévention et de Prise en Charge de l’Obésité

« Il faut imaginer un parcours de remise en mouvement pérenne, en partenariat avec l’offre sportive du territoire. »

Sissako BOLANGA, Stade Poitevin Basket-ball, ex joueuse de haut niveau, dirigeante et éducatrice sportive

« Mon mental m’aide à combattre la maladie. Il vient du sport. »

Crédit photo : Infi-Eco

Lionel ROYE,

Fédération CAMI Sport et Cancer, Responsable CAMI Dordogne

« Les patients commencent une activité alors qu’ils sont malades. Nos éducateurs médico-sportifs collaborent avec les cancérologues. »

Crédit photo : Sud Ouest

James MARECOT,

Faculté des Sciences du Sport, Université de Poitiers, Responsable du site de La Couronne

« Dans le Sport-Santé la pratique sportive n’est pas un but mais un moyen. »

Chantal HAY, Club Les Foulées Nordiques de La Prée « Pour bien adapter notre activité de Marche aquatique côtière, notre souci est d’établir un dialogue avec le milieu médical et paramédical. »

Du point de vue d’Henrique CATELIN, Comité régional de natation PoitouCharentes, Référent Natation-Santé, il est nécessaire de combiner connaissances et bon sens. « Par exemple, pour un diabétique, l’important est que l’encadrement sache quoi faire en cas d’hypoglycémie. Il faut un environnement 9

Esprit Club N°2 / Septembre 2015


Le « Sport-Santé » : concurrence ou opportunité pour les clubs sportifs ? Quid du sport sur ordonnance ? Jean-Christophe HORTOLAN, Vice-président de la commission Culture et Sport de la Région Poitou-Charentes explique : « Depuis janvier, la Région est engagée dans une expérimentation du sport sur ordonnance en partenariat avec la DRJSCS et l’ARS. Nous déterminons 3 territoires : une des 4 préfectures de département, une agglomération de taille moyenne et un territoire rural. L’objectif est de permettre progressivement aux médecins volontaires de prescrire du sport plutôt que des médicaments. La Région financera les postes de coordinateur par territoire, qui feront le lien entre les médecins et la pratique d’activité physique, y compris en relation avec les clubs volontaires. » [Voir aussi page 4]

Un Plan Régional « Sport Santé Bien-être » pour quoi faire ? L’activité physique a un effet bénéfique sur la santé, qu’elle soit pratiquée dans les déplacements et les activités de la vie quotidienne, ou encadrée dans un club sportif. Elle est aussi un adjuvant thérapeutique auprès des patients en parcours de soins.

Olivier DUPUY,

Maître de Conférences à la Faculté des Sciences du Sport, Université de Poitiers

« Le lien est scientifiquement établi entre dépenses énergétiques et santé ».

Virginie BILLAUDEAU,

Chargée de prévention santé en Deux-Sèvres, Mutualité Française Poitou-Charentes [à propopos du programme Senior et sportif]

« Les seniors, rassurés sur leurs capacités physiques, sont incités à poursuivre une activité de façon pérenne. »

Dans les champs du sport et de la santé, un grand nombre d’initiatives sont menées, mais de nombreuses populations restent encore éloignées de toute pratique, ce qui concourt à renforcer les inégalités sociales de santé. Organisé en groupes de travail thématiques, le Plan Régional Sport Santé Bien-Etre PoitouCharentes coordonné par l’ARS et la DRJSCS s’efforce de créer les synergies nécessaires entre l’un et l’autre des champs pour la réalisation de projets bénéfiques pour le capital santé.

Crédit photo : Mutualité Française, Senior et sportif

SPORT ET SANTÉ : 3 QUESTIONS AU DR ALAIN CALMAT Président de la commission médicale du CNOSF, Vice-champion olympique 1964 et Champion du monde 1965 de patinage artistique, ancien Ministre délégué à la Jeunesse et aux Sports La Commission médicale du CNOSF que vous présidez définit le sport-santé comme « l’activité sportive pratiquée dans des conditions aptes à maintenir ou améliorer la santé dans le cadre de la prévention primaire et tertiaire ».

Transformer la notion de « sport pour tous » en « sport pour chacun », c’est à dire offrir des conditions de pratique aptes à conserver la santé ou l’améliorer.

La santé n’est-elle pas un sujet trop sérieux pour être confiée à des sportifs ? « Paraphraser CLEMENCEAU sur le rôle et la légitimité du mouvement sportif dans le domaine de la santé est plus qu’anecdotique. Il est évident que le mouvement sportif dans son ensemble y joue un rôle prépondérant en relation avec la médecine du sport mais également les spécialistes et les généralistes. Parmi les 17 millions de licenciés dans les clubs français, nombre de personnel de santé sont à la fois pratiquants sportifs et praticiens médicaux ou paramédicaux. Beaucoup d’entre eux appartiennent aux comités sport santé de fédérations, de commissions médicales à tous les niveaux d’organisation du mouvement sportif. Ainsi la commission médicale du CNOSF que je préside depuis 2009 développe son projet sport-santé qui devrait déboucher sur une sorte de « VIDAL », véritable dictionnaire à visée Sport-Santé des disciplines sportives. »

Le mouvement sportif est de plus en plus invité à proposer des activités adaptées aux personnes atteintes de pathologies (prévention tertiaire). N’est-ce pas un peu éloigné de l’objet principal des clubs souvent résumé au « sport pour tous » et à la recherche de performance ? « Le rôle des clubs est double. En ce qui concerne la recherche des performances il y a les règles fédérales. En ce qui concerne le sport santé, même en prévention primaire, leur rôle est d’appliquer les principes des protocoles de bonnes pratiques élaborés notamment par les comités sport santé des fédérations (crées depuis 2011 par le CNOSF et en cours de constitution dans plus de 40 fédérations dont 21 olympiques). En prévention tertiaire, après formation des éducateurs (qu’il s’agira de mettre en conformité avec les connaissances les plus récentes des effets de la discipline et les effets bénéfiques recherchés sur la pathologie) les clubs, après validation par les instances fédérales, sous contrôle du CNOSF, des sociétés savantes et du ministère (via les ARS), seront autorisés à appliquer les prescriptions d’activité sportive dans la discipline. » Maladies cardiovasculaires, métaboliques, cancer, vieillissement : comment sécuriser des pratiques sportives adaptées au sein des clubs ? « Nécessité de mieux encore aider les clubs à se structurer en fonction de ce nouvel objectif (facultatif) ; transformer la notion de « sport pour tous » en « sport pour chacun » : c’est-à-dire offrir des conditions de pratique aptes à conserver la santé ou l’améliorer selon l’état de santé du pratiquant ; toutes ces conditions sont essentielles pour transformer notre pays en véritable pays sportif. Le monde de la santé, les pouvoirs publics de toute importance territoriale, le monde des entreprises, associés au mouvement sportif sont concernés. Les assurances et les mutuelles sont en attente de cette évolution facteur d’économies et d’amélioration de la santé publique récemment affirmée par la loi « modernisation de la santé » votée à l’Assemblée Nationale qui reconnait les activités physiques et sportives comme facteur de santé publique et les élèvent au rang de thérapeutique non médicamenteuse. Le CNOSF, avec les CROS, CDOS et CTOS aidera tous les clubs à réaliser ces objectifs. » Esprit Club N°2 / Septembre 2015

10


HAUT NIVEAU s’organiser. En sport, on s’organise pour gagner et il est tout aussi important de préparer son avenir dans un domaine où on a des chances de s’épanouir après. Quelle vie après le vélo ? Je viens de terminer mes études de kinésithérapeute. En parallèle de mon projet d’installation, j’aimerais intégrer le staff médical d’une équipe peut-être pour 2 ou 3 ans. Je ne me vois pas couper les ponts du jour au lendemain avec ce sport qui m’a tant apporté, et j’ai besoin de rester en contact avec les riders, ma seconde famille. Sur le plan sportif, je continuerai à rouler pour le plaisir et entretenir les sensations.

EMMELINE RAGOT QUITTE LES PISTES

Après 13 ans au niveau international, et une sévère chute début août en coupe du monde au Mont Saint-Anne (Québec - triple fracture de la cheville et écrasement de la tête du radius), la championne charentaise de VTT DH* tire sa révérence. Comment es-tu venue au VTT de descente ? J’étais paraît-il très active... Mes parents m’avaient inscrite à plusieurs activités et un de leurs amis, président du club de Jarnac, pensait que le VTT pourrait me calmer un peu. Ça n’a pas marché (pour cet aspect-là) mais j’ai voulu continuer. On faisait un peu toutes les disciplines du VTT - cross-country, orientation - mais je préférais les descentes et les sauts. Un souvenir de club L’émulation pour me dépasser à mes débuts. Si mes amis du club n’avaient pas été là, je ne crois pas que je serais devenue sportive de

haut niveau. Dans les teams pro, il y a aussi de la convivialité mais l’ambiance est plus sérieuse avec la pression de la compétition. Tes conseils pour les jeunes qui voudraient faire du VTT à haut niveau Je leur dirais d’aimer ce qu’ils font et d’être attentif à leur plaisir. C’est l’idéal pour rester motivé. Mener de front carrière sportive, études puis reconversion professionnelle est possible à condition de

CLIN D’OEIL D’ANNE-CAROLINE CHAUSSON Le goût du risque et de la vitesse, elle connaît aussi * Nos carrières à haut niveau se sont croisées : je terminais la mienne quand Emmeline entamait la sienne. Elle était toute jeune et elle marchait déjà très fort. Il y en avait peu comme elle en équipe de France. Crédit photo : www.olympic.org J’observe le circuit mondial depuis 2005 et ses résultats ne m’ont pas étonnés. A ce niveau-là, plusieurs filles sont capables de performer sur un jour, ou sur un circuit qui leur convient, mais Emmeline a une palette technique qui lui permet d’être régulière partout. A part Rachel ATHERTON, je vois peu de filles à ce niveau technique.

Principaux titres • Elastic heart (Sia) • A Sky Full Of Stars (Coldplay) • Just Give Me a Reason (Pink) Sur la piste • Quadruple Chp du Monde 2002 et 2003 Junior • Quadruple Chp du Monde 2009 et 2011 Elite • Vice-Chp du Monde 2012, 2013 • 60 podiums en Coupe du Monde • Quintuple Championne de France Elite * VTT DH Acronyme franglais issu de « moutain biking downhill » et « vélo tout terrain de descente », le VTT DH est une spécialité du Cyclisme qui consiste à descendre à VTT, jusqu’à plus de 100 km/h, des pistes tracées à travers la montagne, le plus rapidement possible. Engagement, technicité et sens aiguisé du pilotage indispensables pour affronter racines, dévers, bosses, sauts et autres obstacles naturels ou rajoutés. Crédit photo : Thomas DUGUET

Ça peut paraître bête dit comme ça, mais elle sait pédaler et être dynamique sur le vélo. Elle saura ce que je veux dire... C’est dommage pour la discipline qu’elle arrête mais prendre une telle décision est difficile, surtout sur blessure. C’est un choix qui lui appartient. Je me demande si les sponsors donnent actuellement les moyens aux descendeuses d’être professionnelles, c’est-à-dire d’avoir de la visibilité sur leur carrière sportive. Votre regard sur l’évolution de votre sport, vos objectifs Je n’ai jamais arrêté de rouler depuis ma médaille d’or à Pékin. J’ai la chance d’avoir des sponsors qui m’ont encouragé à me tourner vers l’enduro VTT, une discipline récente qui ressemble au rallye auto avec des spéciales de 5 à 10 minutes, à profil descendant. Le pilotage presque « à vue » (peu de temps pour faire des reconnaissances poussées comme en DH), très instinctif, où la technique est indispensable, me correspond et me réussit bien (top 3 mondial).

*12 fois Championne du Monde de VTT DH (1993 à 2005, 3 fois en Junior, 9 fois en Elite), triple Championne du Monde Elite (1987 - 1993) et Championne Olympique de BMX (2008) 11

Esprit Club N°2 / Septembre 2015


ARRÊT SUR IMAGES

Volley-ball – Retrouvailles avec le public « Ayant assuré la remontée en Elite la semaine précédente contre Saint-Quentin, les poitevins ont pris le temps de savourer avec leurs suppor Dynamiques et souriants, comme l’attaquant fétiche du club, smash d’or 1989 dont le temple poitevin du volley porte à jamais le nom. » Basket-ball Evan FOURNIER « Que de chemin parcouru depuis ses 1ers points avec Poitiers ! Médaillé de bronze au dernier Euro, on espère le retrouver à Rio ! »

Football Américain – Dragons de Poitiers « J’aime le côté off, quand l’équipe me fait confiance et me laisse errer. Je vois le match d’un autre oeil après m’être imprégné des coulisses. »

Esprit Club N°2 / Septembre 2015

12


Natation synchronisée – Equipe de France « Margaux CHRETIEN (2ème en haut en partant de la droite) entraine aujourd’hui l’équipe de France Jeunes qui profite chaque été de la piscine du CREPS de Poitiers. »

SÉBASTIEN JAWOROWICZ Handballeur angevin reconverti au water-polo à Poitiers, il perpétue une passion pour la photo transmise par son père pendant les longs moments en labo à attendre la révélation des images. http://www.sebjawo.com

rters ce dernier match de la saison à Lawson-Body à nouveau comble.

Mahyar MONSHIPOUR Dernier combat Poitiers « Un palmarès élogieux et un record de 6000 spectateurs pour une combat mémorable aux Arènes. »

Jade VIGNERON Sous l’oeil de son médaillé olympique de père lors des championnats de France UNSS. Athlétisme – Stade Rébeilleau Youri BOUTINEAU d’Aunis-Saintonge, triple saut, meeting national de Poitiers. 13

Esprit Club N°2 / Septembre 2015


ÉVÈNEMENT

SEMAINE OLYMPIQUE FRANÇAISE

LASER / Laser Radial

La Rochelle : épreuve finale du circuit européen 2015 La Semaine Olympique Française est de retour à La Rochelle du 5 au 10 octobre après 2 ans d’absence et une édition 2013 réussie.

RS:X / Hommes - Femmes

8 séries olympiques et du beau monde sur l’eau Moins d’un un an avant les Jeux de Rio, 30 nations et cinq continents seront représentés avec un plateau relevé et de probables futurs médaillés olympiques. Les meilleurs coureurs d’Europe en profiteront pour disputer la dernière épreuve de la Coupe d’Europe de Voile et les meilleurs français viendront chercher le titre de Champion de France Elite 2015 dans leur série. La Longtze World Event viendra agrémenter cette grande semaine de Voile sportive dont l’organisation a été confiée à la Société des Régates Rochelaises. Des courses passionnantes, des retours à terre animés La particularité des eaux rochelaises est d’offrir des conditions de vent et de courant propices à des compétitions de haut niveau technique et spectaculaire : théâtre des compétitions, le chenal face aux Tours est visible depuis la Digue du Nouveau Monde et les allées du Mail. Avec plus de 120 manifestations nautiques par an, La Rochelle est un site de référence pour l’organisation d’épreuves de rang international. Atouts insuffisants aux yeux du conseil d’administration de l’association Ambition Olympique qui a retenu Marseille pour l’organisation des épreuves de Voile si Paris décroche les JO 2024.

49er / 49er FX

Principaux rendez-vous Du mardi 06/10 au Vendredi 09/10 Course en Flotte Toutes séries A partir de 10h Samedi 10/10 Medal Race Courses finales (10 meilleurs/série) Remise des prix et cérémonie de clôture A partir de 18h

FINN

Dimanche 11/10 Longtze World Event Courses finales et remise des prix

http://sof.ffvoile.fr

NACRA 17

Nos ambassadeurs régionaux Jonathan LOBERT - Finn : Médaillé de bronze aux JO de Londres, 4ème au Chp du Monde 2014 Charline PICON - RS:X : Chp du Monde 2014 et d’Europe en 2014 et 2015, vainqueur Test Event à Rio Mathilde DE KERANGAT - Laser Radial : 8ème au Chp du Monde 2014, qualifie la nation aux JO de Rio Thomas GOYARD - RS:X : 3ème au Championnat du Monde 2014 Sarah STEYAERT - 49er FX : 3ème au Championnat du Monde 2013 Manon AUDINET - Nacra 17 : 10ème au Championnat du Monde 2014

Longtze World Event

©Breschi / FF Voile / SOF 2013

Esprit Club N°2 / Septembre 2015

14


SÉMINAIRE DES LIGUES

UN NOUVEAU MODÈLE ÉCONOMIQUE POUR LES ASSOCIATIONS SPORTIVES ? Après une 1ère édition réussie lors des Championnats de France de Cyclisme 2014 au Futuroscope, le second séminaire des Ligues et Comités régionaux sportifs de Poitou-Charentes se tiendra au Salon National de l’Économie Sociale et Solidaire à Niort, salle de l'Acclameur. Rendez-vous samedi 24 octobre Dans un environnement financier de plus en plus contraint qui impose de diversifier l’offre de pratique, les associations sportives se questionnent. Entre non lucrativité et démarche commerciale, professionnalisme et bénévolat, partenariat public et partenariat privé, bien public et efficience économique, leur coeur balance. L’Économie Sociale et Solidaire peut-elle être un levier d’innovation pour les associations sportives ? Désormais reconnue comme un « mode d’entreprendre spécifique », l’ESS se développe au gré des acteurs qui la composent. Représentant 30% du monde associatif, le mouvement sportif est une composante incontestable de l'ESS, mais il n’en a pas conscience, ou pas suffisamment. Qu’est-ce que l’ESS ? Quel rapport avec le mouvement sportif ? Les associations sportives ont-elles la volonté et les moyens de prendre le virage de l’Économie Sociale et Solidaire ? Vastes questions qui en appellent d’autres et auxquelles les dirigeants sportifs régionaux vont tenter de répondre à travers des échanges qui s’annoncent intenses, et espérons-le fructueux. Informations - Réservations CROS Poitou-Charentes - 05 86 28 00 20 poitoucharentes@franceolympique.com

15

Esprit Club N°2 / Septembre 2015


En faisant un don,

Crédit Photo : Shutterstock

nos victoires deviennent aussi les votres !

Avec Graine de Sport, vos dons sont reversés à des associations sportives de notre région qui développent des projets dans 3 domaines : - le sport pour tous - l’excellence sportive - la santé par le sport.

Fonds de dotation pour le développement du sport Charente - Charente-Maritime Deux-Sèvres - Vienne

www.grainedesport.org


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.